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Chapitre 27 : doux rayon de soleil

- Vous êtes prêt ?

- Oui, madame. Le train arrive dans quelque minutes. Mais ... Est-ce vraiment nécessaire que vous vous soyez déplacée ? La situation est sous contrôle, ricana l'homme en la toisant de haut.

Judith l'ignora promptement, et balaya de son visage les mèches que le vent matinal envoyait dans sa figure. Le soleil venait à peine de poindre le bout de son nez, illuminant doucement la gare quasi déserte à cette heure-ci de la matinée. Judith avait, grâce à ses pions et assistants, passé plusieurs heures à surveiller les achats de tickets de toutes les gares de New York, la veille. Et voilà qu'à force d'acharnement, un de ses agents lui avait dit qu'un homme du nom de Julian Smith venait d'acheter sept tickets à son nom, vers un état voisin. Il était l'homme qui avait hébergé les jeunes adolescents durant leur début de fuite, en plus d'être un Blood Element et le frère jumeau d'un de leurs agents. Pourtant, selon leurs dossiers, celui-ci était porté disparu depuis plus de treize ans. Quelle drôle de coïncidence que de le revoir ressurgir à ce moment-là, alors que les cibles de Rezher leur glissaient entre les doigts ... Ceux-ci s'enfuyaient hors de l'état, en avait-elle déduit instantanément. Ni une, ni deux, Judith avait dépêché une équipe dans la première gare où le train allait faire arrêt, avant de décider de les rejoindre. Rezher avait été suffisamment menaçant pour qu'aucun échec ne soit toléré, de nouveau. Judith ne reviendrait pas au QG sans rien, et elle s'assurerait que ce soit le cas.

- Tout ira bien. Ce n'est qu'une poignée de gosses, renchérit son agent, avec un sourire confiant.

- Une poignée de gosses qui a échappé à pourtant plus compétent que vous. Et il faut se faire discret qui plus est. Nous sommes recherchés. Alors pas question de jouer les gros bras sans faire attention.

En effet, depuis l'évasion de Rezher hors du Siège du Conseil, l'entièreté de la communauté des Elements avaient été grandement secouée. Nombre de critiques s'était alors élevé, que ce soit contre le Conseil lui même, et ses règles arriérées, ou le flagrant manque de sécurité qui avait coûté au Conseil l'un des Elements les plus recherchés au monde, y comprit certains de ses collaborateurs, et la soudaine disparition d'Eric Sutter, le président du Conseil. Ceux-ci avaient alors promulgué moult discours, et tenté d'apaiser les tensions. Mais jusqu'à quel point ces vieux barbons se doutaient-ils qu'ils avait été infiltrés par leur troupe ?

- Je ... Pardon ? balbutia son ''partenaire'', estomaqué.

- Notre coup d'éclat à New York, bien qu'impressionnant et ''bon'' pour le moral, a été à peine plus utile qu'un coup d'épée dans l'eau. Nous sommes encore là, et c'est tout ce que nous avons montré. Maintenant, si nous voulons que tout aille bien, nous allons devoir faire profil bas ... murmura Judith, plus pour elle même que l'homme qui se tenait à ses côtés.

Il leva les yeux au ciel, et croisa les bras, passablement énervé.

- Alors dites-moi ! Pourquoi ces enfants doivent-ils être appréhendés ?

- Vous n'avez pas à la savoir, répondit-elle d'un ton sec.

- Sauf votre respect madame, pour qui vous prenez-vous ? lui cracha-t-il.

Elle se tourna vers lui, peu impressionnée.

- Pour votre supérieure hiérarchique.

Elle lui cloua le bec. L'intérêt avec les anciens militaires, c'était que certains réflexes comme l'obéissance à l'autorité supérieure était encore ancrée dans leur caboche.

- ... Bien, madame.

Plus le réel objectif de la mission restait caché, mieux cela serait. Les erreurs de ces derniers temps leur avaient tous coûté très cher. Soudain, elle remarqua qu'à ses côtés, l'homme gigotait, clairement plus mal à l'aise qu'il ne l'était quelques minutes auparavant.

- Madame ... l'on raconte que ... Quelques uns de vos proches ... Auraient trahi la cause ?

Judith se raidit, mais se dépêcha de détendre ses muscles, avant de serrer les dents.

- Les rumeurs sont monnaies courantes. N'y portez aucun crédit.

- Certaines rumeurs sont porteuses de vérité ... persifla-t-il.

- Bien sûr. Comme pour tout. Mais croyez-vous qu'une rumeur aussi stupide pourrait être vraie ?

Cette fois-ci, l'ancien militaire ne trouva plus rien à redire. Il fit demi-tour et partit rejoindre sa petite troupe. Judith souffla violemment, et consulta le panneau d'affichage. Plus que quelques minutes avant l'arrivée du train. Elle y arriverait. Elle les attraperait tous. Et elle les ramènerait à Rezher. Et tout serait gagné.

Dans sa poche, son portable vibra. Elle le sortit d'un geste vif. Un message sur la ligne sécurisée du groupe. Jonas.

- Le train est là ?

- Presque.

- Attrape-les, Judith. Attrape-les. J'ai entendu dire qu'il y avait une Reine des Glaces parmi eux ! J'ai toujours rêvé d'en avoir une sous les doigts ! Dis, tu pourras me la donner ? Et il n'y en a pas une qui est aussi Element de lumière ? Tu crois que Rezher m'autorisera à faire des expériences avec elles ?

- Probablement.

Devant elle, les rails vibrèrent. Le train arrivait. Elle rangea son portable dans sa poche, et regarda le train passer devant elle, scrutant les fenêtre avec attention.

- Le train est là, madame, lui dit-il l'homme.

- Merci, je n'avais pas remarqué.

Puis, elle s'avança vers les portes ouvertes, et monta dans le wagon. La gare était bouclée par leur troupe, par prétexte de sécurité suite à une rumeur d'alerte à la bombe. Pas une souris ne pourrait sortir de là. Tandis que ses subordonnés fouillaient le train de fond en comble à la recherche des adolescents, les bagages étaient descendus un à un du train, et examinés minutieusement. La première valise étiquetée comme étant une des leurs seraient immédiatement mise de côté, et inspectée. Sur les tickets, elle avait pu trouver le wagon des adolescents. Elle l'inspecta, avec un sourire factice, rassurant les passagers normaux en leur stipulant qu'une mauvaise rumeur avait couru, et que ce n'était qu'une inspection de formalité. Du coin de l'œil, elle constata que huit sièges étaient inoccupés, deux îlots près des fenêtres. Elle questionna un passager, non loin d'elle :

- Où sont les occupants des sièges ?

- Nulle part, madame. Ils ont été vides durant tout le voyage.

Elle fronça les sourcils. Comment ça ?

- Madame ! Les sept bagages ont été trouvé ! lui cria l'un de ses gars.

Judith fit volte face et sortit en trombe du train, son subordonné sur les talons. Quelques uns des membres de sa troupe étaient réunis autour d'un assortiment de grands sacs bigarrés.

- Mais qu'est-ce que ...

- Madame, je ne comprends VRAIMENT pas ... souffla l'un d'entre eux, en sortant d'un des sacs une demi-douzaine de serviette à l'effigie de personnages de dessins animés.

Elle se jeta sur un autre sac, étiqueté Crìs Altafuente et l'ouvrit en grand. Des chaussettes. Par dizaines, avec des tee-shirts d'enfants. Le tout surplombé d'un petit morceau de papier, plié en quatre. Elle l'ouvrit.

« Dîtes bonjour à papa et maman de notre part ! ;) »

Elle reposa le papier. Un leurre. Ils s'étaient de nouveau fait avoir. Finalement, Julian Smith et les jeunes adolescents étaient bien moins stupides qu'elle ne pensait.

- Roh, ça faisait longtemps que j'avais pas vu du merchandising Hello Kitty ! Ma nièce adorerait, s'exclama l'une des membres de sa troupe, avec un grand sourire.

Judith songeait fortement à lui extirper tout l'air contenu dans ses frêles petits poumons quand son portable vibra de nouveau.

- Alors, alors, tu les as ?

Judith serra les dents à se les faire grincer. Qu'importe. La chasse n'était pas terminée.

* * * * *

« - Et donc ?!

Elle prit une grande inspiration, amusée par son engouement.

- Et donc ...

Le suspens qu'elle laissait flotter entre eux le fit presque bondir. Il frémissait d'impatience, comme un enfant à qui l'on promettait une friandise s'il se tenait tranquille. Son corps était plus tendu que la corde de son arc.

- Et donc la statue de pierre se brisa. Le petit forgeron avait répondu correctement à l'énigme.

Philios envoya son poing en l'air, heureux de la victoire du héros de son petit récit.

- Le petit forgeron avait réussi à répondre à l'énigme de la statue maudite, et par conséquent à gagner toutes les richesses du Roi Démon. Dès lors, le petit forgeron et toute sa famille n'eurent plus jamais à craindre la faim, la soif, le froid ou la peur.

L'archer rit joyeusement en frappant vivement dans ses mains.

- J'adore tes histoires ! Mêmes les plus tristes amènent tellement de joie ... ! Il y a toujours une petite morale sur laquelle j'aime réfléchir ... Tu es vraiment douée, pour raconter des histoires, petite Ishtar !

Elle rit, amusée par les propos de son ami. Cette après-midi était belle. La saison pluvieuse était enfin finie depuis maintenant quelques jours, et la forêt désengorgée de toute son eau. La saison douce était sur le point de commencer. Cette saison, qui était à la fois la plus courte et la plus appréciée de bien des peuples de leurs Terres était une saison emplie de festivités et de cérémonies religieuses. À son insu, elle pinça les lèvres. Si elle était restée dans le royaume de son frère ... À l'heure qu'il était, elle serait peut-être sur le point de donner naissance à son premier enfant. Cette pensée la révulsa, la faisant violemment frissonner.

- Almarica ? Tout va bien ?

Philios s'inquiétait pour elle. Elle secoua la tête, avec un petit sourire.

- Je vais bien ! Je vais bien.

C'était du passé maintenant tout ça. Du passé. Elle n'avait plus à y penser.

- On rentre ? Les autres vont finir par se demander où nous sommes passés, proposa-t-elle, avec un petit sourire.

- Je n'aurai qu'à dire que tu t'es soudainement prise d'intérêt pour les pommes !

Ce fut à son tour d'éclater de rire. Soudain, un cri déchirant et suraigu la stoppa net. Il ne fallut qu'un court instant et un regard échangé pour qu'ils se jettent en direction du cri entendu, slalomant avec vivacité envers les végétaux maintenant si familier. Lors de sa première arrivée dans la forêt, elle avait passé son temps à tomber, trébucher, s'égratigner contre les racines ou les ronces ... Maintenant, elle sautait avec habileté les buissons, s'accrochait aux branches pour se projeter au-delà d'un obstacle, bondissait d'une pierre à une autre ... Le temps passé dans la forêt l'avait changée. Même sa peau blafarde avait prise une teinte bien plus proche de celle de son frère, sans être aussi bronzée. Finalement, le jour où elle avait décidé de fuir le royaume de son frère avait été probablement la meilleure décision de toute sa vie.

Un autre cri suivit de piaillements et de vociférations lui confirma qu'elle était proche de ce qu'elle pensait fortement être une attaque. Ces fichus bandits étaient encore là ... ? Et elle déboucha dans une autre clairière ... Y trouvant Guemnir, qui tenait à bras le corps une petite forme toute gesticulante.

- Guemnir ? l'appela Almarica, surprise.

Philios, qui avait sans doute décidé d'emprunter la voie des arbres se laissa tomber à côté d'elle, sans un mot, son arc à la main.

- LÂCHEZ-MOI, RUSTRE ! hurla d'une voix suraiguë la petite silhouette.

- MAIS POUR LA DERNIÈRE FOIS, CALME-TOI ! répliqua leur ami sur le même ton.

Les deux étaient plongés dans un tel capharnaüm que ni l'une ni l'autre ne les avait entendus arriver.

- Lâchez-moi ! Espèce de ... fripouille ! BANDIT !

- Mais je ne suis pas un bandit ! Je te retiens simplement de te jeter dans la gueule d'un clan tout entier ! Qu'est-ce qu'il t'faut pour me croire, petite ? s'époumonait l'ancien voleur avec force.

Kryos et Guemnir n'étaient censés rester que quelques jours chez eux. Mais les quelques jours s'étaient prolongés jusqu'à la fin de la saison des pluies, pour finalement durer bien plus longtemps. Sans vraiment que personne ne s'en rende compte, les deux voyageurs s'étaient intégrés dans leur petite bande. Elle avait d'ailleurs entendu la veille Svelja et Fenror parler d'un possible agrandissement de la cabane, devenue maintenant bien trop étroite pour eux six. Elle aimait beaucoup Guemnir, qui était un bon vivant très indolent. Guemnir le souriant, l'avait-elle surnommé avec affection. Un peu insolent et parfois mal élevé, Guemnir restait un bon exemple et quelqu'un de très bon. Toutefois, sa dégaine pas toujours soignée pouvait faire peur. Plusieurs habitants du village voisin avaient même cru au premier abord qu'il s'agissait d'un des malfrats du clan de la forêt, avant qu'ils n'apprennent que c'était un de leurs alliés. Pas étonnant que la pauvre demoiselle ait eu peur. D'ailleurs, qu'est-ce qu'une demoiselle aussi petite venait faire en plein milieu de la forêt au sortir de la saison des pluies ?

- Libérez-moi ou vous me verrez contrainte d'user ma force !

- Ma p'tite dame, j'doute que vous arriviez à quoi qu'ce soit ! Et au nom des quat' dieux, arrêtez de vous débattre ainsi, vous m'faites mal au dos !

- ALORS LÂCHEZ-MOI ! hurla encore la silhouette, clairement effrayée.

Bon sang mais quel casse tête ! Il fallait qu'elle cesse tout cela avant que l'agitation n'ameute les bandits !

- Cessez immédiatement de ... commença-t-elle.

Mais elle fut interrompue par un bruit des plus étonnant. Un puissant claquement résonna dans toute la clairière, faisant cesser toute agitation. Même les oiseaux perchés sur les arbres cessèrent tous piaillements. À ses côtés, Philios avait dégainé son arc, avant de faire violemment claquer la corde, comme s'il avait tiré une flèche. Plusieurs fois, il lui avait stipulé que faire ça avec un arc était très mauvais, mais en tout cas, ça faisait suffisamment de bruit pour faire distraction. Guemnir lâcha la « petite dame » et la fit rapidement passer derrière lui, en se tournant fluidement vers eux, le regard sombre ... Puis il leur fit un grand sourire joyeux en les reconnaissant.

- Almi ! Phili ! Vous m'avez fait peur !

- Désolée mais ... il se passe quoi ?

Tétanisée, la petite silhouette s'était accrochée à Guemnir qui la dépassait d'une bonne trentaine de centimètres. Ses yeux ocre grands ouvert, ses cheveux couleur sable balayant ses épaules, elle les regardait, à la fois craintive et effarée.

- J'ai trouvé la petite demoiselle en me baladant et elle allait droit vers la planque des bandits du nord, alors j'ai voulu l'en empêcher mais elle a hurlé avant de se jeter droit vers ...

- Zelmaria ? Zelmaria, c'est toi ? l'interrompit l'archer.

Philios s'avança, sourcils froncés, l'air sincèrement secoué. La petite demoiselle se décolla légèrement de Guemnir, confuse ... puis poussa un autre cri avant de se jeter vers l'archer roux, le soulagement illuminant son être entier. Il l'attrapa entre ses bras, et la serra très fort contre lui, comme si sa vie en dépendait.

Guemnir lui jeta un regard surpris, et elle lui rendit. Que se passait-il ?

- Philios, oh Philios ! J'ai eu vraiment, vraiment peur, sanglotait-elle, à s'en déchirer la gorge.

- Chut, chut, ça va, je suis là maintenant ... lui répondit le roux, clairement ému.

Il se décolla d'elle, son regard émeraude presque aussi scintillant qu'une vraie pierre précieuse, un sourire qu'elle n'avait vu auparavant qu'adressé à elle accroché sur le visage. Il dégagea avec une tendresse étrange une mèche de sa figure, et la coinça derrière son oreille, d'un geste un peu trop familier.

- Qu'est-ce que tu fais ici, comment as-tu fait pour t'enfuir ? Je ... Oh, Svelja va hurler de joie.

- SVELJA EST VIVANTE ?! hurla la dénommée Zelmaria en lâchant un autre sanglot, quasiment hystérique.

Philios la reprit dans ses bras, et elle constata avec un drôle de pincement au cœur que son ami était sur le point de pleurer de joie. »

* * * * *

Ce qui lui fit ouvrir les yeux fut un rayon de soleil. Et un éclat blanc l'aveuglant, en plus d'une odeur assez acre, qui lui donna une nausée monstrueuse. Urgh. Sa gueule de bois était violente. La bouche pâteuse, il se redressa sur ses coudes, puis trouva le moyen de se rasseoir lentement. Il tourna la tête tout doucement, à droite, puis à gauche. Ah, ouf. Il avait une cloche dans la tête, mais heureusement ça ne lui faisait pas si mal. Quelque chose de doux lui effleura la main. Il tressaillit. Et pencha la tête. Des fleurs. Des pensées blanches. La veille lui revint en mémoire, et il grogna longuement. Comme d'habitude, l'alcool lui avait fait faire n'importe quoi. Lui qui à l'origine voulait simplement embêter la petite Nancy, il avait vraiment fait n'importe quoi.

- Mais tuez-moi ... grogna-t-il en se relevant, à moitié titubant, se demandant comment il allait arriver à retrouver son chemin.

La cloche dans son crâne tinta avec force quand il fit le premier pas. Oh, par le ciel. Retourner à l'école allait être une vraie sinécure. Heureusement, le soleil était loin d'être aussi aveuglant qu'il aurait dû l'être en cette milieu de mois de Mai.

Mai ... il plissa les lèvres. Il haïssait ce mois. Du plus profond de son cœur. Merde. Les prochains jours allaient être ... Il préférait ne même pas y penser. Il fit un autre pas. Tant pis s'il écrasait les précieuses fleurs de la petite fille au passage. Il y avait plus important dans la vie que ces foutus végétaux.

Le 11 Mai, hein ?

- Je déteste avoir la gueule de bois, putain ... Plus jamais, plus jamais ...

Un haut le cœur le força à s'arrêter. La journée allait être bien mouvementée ... Rien que d'y penser, il vomit tout ce qu'il avait dans l'estomac.

* * * * *

- Hé les jeunes. Les jeunes ?

Ash se réveilla en sursaut, désorienté. Il serra les poings par réflexe et voulut bondir sur ses pieds avant de se prendre la table devant lui dans les genoux. Il lâcha un fort juron en retombant sur son siège, maladroitement. Le boucan qu'il fit réveilla la totalité du wagon, et ses amis avec.

- Wow ! Désolé, j'aurais dû y aller plus doucement ! rit l'adulte à ses côtés.

Ash se tourna vers l'homme en uniforme et paniqua en se rendant compte qu'il était un membre du personnel du train.

- B-bonjour, bafouilla-t-il, tandis qu'à ses côtés, Ciela baillait à s'en décrocher la mâchoire.

- Puis-je voir vos billets ? finit par demander le jeune homme avec un sourire amusé, qui devait sans aucun doute être un contrôleur.

Affolé, Ash tâtonna sa veste, son pantalon, fouilla dans les poches de son sweat favori ... Et se piqua le doigt une nouvelle fois avec sa broche. Nouveau juron. Mais il était maudit, c'était pas possible autrement ...

Surtout qu'en plus, il l'avait oublié, mais c'était Leedna qui avait conservé les billets sur elle. Calmement, elle se leva, et fit un beau sourire au contrôleur qui inspecta les billets avant de les lui rendre, toujours aussi jovial.

- Désolé du dérangement, mais les fraudeurs, ça met en rage ceux de là-haut.

- C'est compréhensible, acquiesça Leedna.

La voix d'Amélia, ordinairement forte et énergique devenait plus grave et suave quand Leedna s'exprimait. C'était toujours très surprenant. Parfois, il se demandait quelle était sa voix, lorsque Fenror prenait contrôle de lui.

- Vous faites route vers où ?

- Windy Hill.

- Oh, et bien je vous ai réveillé à temps ! C'est notre prochain arrêt !

Un violent frisson le traversa. Oh. Bon sang de bonsoir ... Enfin. Enfin ! Windy Hill ... Ils y étaient enfin. À côté de lui, Marika, qui devait avoir bu sa potion à un moment de la soirée où il formait, souleva le store, laissant filer un petit rayon de soleil. Elle lui jeta un regard brillant d'excitation, qui devait être le reflet du sien.

- Merci bien pour cette coïncidence, le remercia Leedna d'un hochement de tête que Ciela avec son regard de fille romantique aurait certainement qualifié de gracieux et princier.

Le contrôleur, apparemment charmé, lui renvoya un sourire accentué appuyé d'un clin d'œil, avant de repartir tranquillement sous le regard dérouté de Leedna. S'il savait que la fille à qui il avait fait du charme avait au minimum une décennie de moins que lui ... Et que l'esprit qui occupait son corps avait plusieurs millénaire, il en perdrait probablement son sourire.

- Bastardo ... l'insulta Romy entre ses dents, son regard noir visé dans le dos du contrôleur.

Ash dut prendre sur lui pour se retenir d'exploser de rire.

- J'ai faim ... grommela le second roux du groupe en se tenant le ventre.

- Moi aussi, soupira Sheena. J'ai des pommes, qui en veut ?

- T'as un souci avec les pommes, toi, lui souffla Crìs, un peu consterné.

De son côté, Ash regarda son index, un peu ennuyé. Il avait encore trouvé le moyen de se piquer jusqu'au sang. Il était vraiment pas doué ... Discrètement, il sortit la broche de sa poche, et essuya de l'autre main le peu de sang qui avait perlé sur son précieux souvenir, content de n'avoir entaché que l'épingle d'attache. Il pinça les lèvres, et la fit de nouveau tourner entre ses doigts. Erick ... Le lendemain allait être terrible. Et il ne serait même pas chez lui pour aller rendre visite à la tombe de son frère et de ses amis. Pour la première fois depuis la mort de ces derniers. Ash sentit une boule de chagrin enfler dans sa gorge. Les Saint Souls ... Il n'avait rien de bon chez eux. Il ferma les yeux, refoulant ses larmes du mieux qu'il le pouvait, sentant que s'il n'en laissait s'en échapper qu'une seule, il ne pourrait plus s'arrêter. Il fourra le papillon dans sa poche, le raccrochant à la doublure de celle-ci pour qu'elle ne s'échappe pas. Il aurait le temps de pleurer plus tard.

- Vous pensez que le plan de Julian a marché ? demanda Ciela d'une petite voix.

Marika ferma les yeux avant des les rouvrir.

- Il est huit heures. Le train leurre arrivait en gare vers sept heures. Je pense que si les Saint Souls nous surveillaient comme le pensait Leedna, alors ils se sont bien fait avoir.

- Je me demande s'ils ont trouvé mon mot ... ricana l'Element de foudre.

Leedna, la veille, en plus de dissuader Julian de venir, avait émise l'idée d'un leurre, au cas où. Des billets réservés à son nom vers la direction opposée à la leur, avec de fausses valises. Le Blood Element, qui avait trouvé l'idée brillante, avait même pensé a user les vêtements qu'il était allé rechercher à l'orphelinat, avant de réserver les vrais billets au nom de Liz, son amie. Résultat, ils avaient été doublement couverts, et avaient même prévu un plan d'évasion grâce à leur amie Element des ténèbres qui avait proposé de les amener dans le domaine des ombres, avant de les évacuer ailleurs, quitte à ce que ça l'épuise de nouveau. Ils avaient le nécessaire dans leurs sacs, de toute manière. Pas besoin de récupérer les valises, en extrême besoin.

- À votre avis, pourquoi l'Inexistante veut nous envoyer à Windy Hill ? Tu ne sais vraiment pas ce qui se trouve là-bas, Almarica ? demanda Leedna, en démêlant les cheveux d'Amélia, avec douceur.

Ash pinça les lèvres. En l'espace de six mois, aucun des guerriers n'avait ''possédé'' leurs corps plus de vingt-quatre heures. Ce que Leedna faisait, c'était une grande première. Et il n'aimait pas ça du tout. Ça voulait dire que soit Leedna refusait de laisser la place à Amélia ... Soit Amélia était dans l'incapacité de revenir à la normale.

« - Où alors elle refuse de reprendre le contrôle. »

L'intervention de Fenror le fit tiquer. Ça aussi, c'était une possibilité. Mais c'était tout aussi inquiétant.

- Non, elle ne m'a rien dit du tout, grogna Marika. Quand je lui ai demandé, elle a refusé. Catégoriquement. « Tu comprendras quand tu y seras. »

- Mouais, normal de sa part quoi, persifla Romy en croisant les bras.

- En parlant de Brunette, Marika, t'es revenue à l'académie pour Helen non ?

- Il me semble.

- Tu y es restée combien de temps ? On a pas eu le temps de te le demander ...

Elle plissa les yeux, et ses poings se crispèrent sur la table. Puis, elle se pencha lentement en avant et enfouit ses fines mains dans ses cheveux.

- C'est vrai ... murmura-t-elle. Je n'ai pas eu le temps de vous en parler.

Elle prit une grande inspiration et souffla longuement.

- Je ... C'était précipité, et je ne me souciais que de Helen, qui était dans un état critique. En plus j'étais vraiment épuisée et ... Je pense avoir même halluciné. J'ai vu des choses que j'aurais jamais dû voir. En tout cas, quand on va revenir à l'Académie ... Euh ... Je ... Je pense qu'il faudra qu'on parle. Un peu. Voire même beaucoup.

- Pourquoi ?

- Et bien ... L'Inexistante et moi même avons dû faire des choix très difficiles dans la précipitation ... Et euh ... Elle a brisé ses propres règles. C'est une longue histoire.

Ash se redressa intrigué. Que voulait-elle dire ?

- J'ai vu des choses dont je ne peux vous faire part quand j'ai ramené Helen, car je suis persuadée que plus de la moitié sont fausses. Mais l'Inexistante m'a attrapée avant que je ne reparte, et m'a confirmé l'adresse de Windy Hill. Elle a vraiment insisté pour qu'on s'y rende. En plus, elle m'a dit, et même suppliée de communiquer un message.

- À qui ?

- Aux habitants du manoir de Windy-Hill.

Sheena poussa une exclamation de surprise. Et elle se retint de se taper le front. Mais oui bien sûr ! Quelle idiote ! Bien sûr que l'endroit où ils allaient n'était pas vide.

- Tu penses ... Que Philios est là-bas ? demanda doucement Leedna.

Ash vit Marika tressaillir. Elle se releva lentement, et il vit à son visage qu'elle ne préférait même pas y penser.

- Aucune idée, souffla-t-elle. Je ne sais pas. Je ne sais rien.

« Mais il me manque » semblait-elle presque hurler. Le doux sourire de Leedna exprimait leur sentiment à tous, quant à ce sujet.

- Bon ! C'est pas tout ça, mais je m'ennuie, et je refuse de me tourner les pouces pendant le reste du voyage. Qui veut faire un Uno ? s'exclama Crìs en tirant son paquet de carte de son sac.

- Moi, mais tu enlèves les trois +4 en trop que tu as rajouté ... l'accusa Ciela, avec un sourire rusé.

Un petit rire les secoua, et Ash plongea inconsciemment sa main dans la poche où était accrochée la broche, qu'il caressa du pouce. Windy Hill ... La colline venteuse. Malgré lui, ses pensées dérivèrent vers un lieu auquel elles ne se rendaient plus depuis longtemps. Là-bas aussi, il y avait beaucoup de vent. Toujours. Son frère pestait tout le temps là-dessus. Il détestait voir ses cheveux blonds complètement dérangés par le vent glacial qui soufflait souvent par temps d'hiver. Ash n'arrivait pas à croire qu'il arrivait à se souvenir de choses aussi ... Aussi anciennes. Il osa s'aventurer un peu plus loin dans sa mémoire, et soudainement, le goût du chocolat chaud de sa mère revint flotter sur sa langue, et durant une fraction de seconde, il crut entendre le rire de cette dernière, le jour où son frère, trop pressé pour attendre que la boisson refroidisse un peu, s'était brûlé les lèvres. Depuis la veille, ses souvenirs étaient bien moins douloureux. La théorie qui avait émergée dans son esprit quant à la catastrophe qui avait ravagée sa vie de petit garçon avait remis tellement de choses en perspective ... Et il n'osait vraiment se remémorer cette affreuse soirée dans son intégralité. Simplement de léger morceaux, des sensations, des odeurs, des couleurs ... Son esprit de jeune enfant avait refusé de revenir sur cette catastrophe, et il avait assumé que ce que lui et son frère avaient vu était la vérité. Mais sept ans avaient passé, presque huit en octobre. Et grâce à tout ce qu'il avait vécu durant ces six derniers mois, il avait appris que les choses pouvaient être bien plus différentes que ce que l'on croyait être. Et ... Rien ne collait. Rien du tout. Il y avait une raison derrière tout ça. Peut-être ne le découvrirait-il jamais ... Mais au fond de lui, il avait envie d'y croire. Une petite voix lui hurlait de ne pas se faire d'idées, mais plus les heures passaient, plus cette voix se faisait faible. Une fois retourné à l'académie, une fois les examens passés, et l'été arrivé ... il irait en parler à Helen. Erick avait toujours refusé de lui dire quoi que ce soit, et il avait vivement conseillé à Ash de faire de même ... Mais par respect envers la femme qui les avait élevés avec autant d'amour, Ash se dit qu'elle devait savoir la vérité. Et peut-être même pourrait-elle l'aider à faire la lumière sur cette horrible affaire ... Oui, une solution était peut-être là. Et alors, il pourrait faire correctement le deuil de toute sa famille, brisée depuis bien trop longtemps maintenant.

- Ash, tu veux jouer ?

- T'as retiré les +4, Romy ?

Nouveau grognement, nouveaux rires.

Il passèrent une bonne heure à jouer, et Ash n'avait jamais vu une aussi bonne joueuse que Leedna. À un moment, il crut que Crìs allait se jeter sur elle, au bord de la crise de nerfs, suite à une combinaison très efficace de quelques +2 et +4. Ce n'est qu'au moment où son frère déclara la fin de la partie qu'Ash remarqua les +4 en trop qui dépassait de la manche du manteau de la demoiselle. Le sourire qu'elle lui adressa d'ailleurs était bluffant d'innocence. Alors que Romy et Crìs rouspétaient, mauvais perdants, le haut parleur s'alluma, et une douce voix de femme déclara avec un fort accent l'arrivée du train dans une nouvelle gare. Marika se jeta contre la fenêtre le regard agrandi. Ciela fit de même.

- Bienvenue à Windy Hill ... souffla-t-elle.

* * * * * *

Le ciel était d'un bleu limpide aujourd'hui. Pas même un nuage blanc à l'horizon. Un tel paysage lui rappelait de bon souvenirs. Avec un sourire apaisé, il laissa les doux rayons de l'astre lui chauffer le visage, et les ailes. Il poussa un soupir de soulagement. Ces derniers temps, il était tellement apaisé. Pour la première fois depuis longtemps, il se levait le matin sans ne rien trouver de négatif dans sa vie. Seul l'éloignement qu'il ressentait envers ses amis et Almarica le minait un peu, mais c'était bien minime, par rapport à la paix intérieure qu'il expérimentait enfin. Même quand il était à l'académie, la peur de se faire découvrir par des étudiants ou des professeurs le gardait en alerte. Là, il pouvait baisser sa garde sans problèmes, et se prélasser au soleil des heures durant. Il n'y avait rien à y redire. Au fond de lui parfois, un semblant de culpabilité pointait le bout de son nez, et la nostalgie avec, mais ça ne durait jamais longtemps, à sa surprise. Il avait traversé l'enfer, pendant beaucoup trop longtemps. Maintenant, il avait le droit de profiter du soleil en toute impunité, sans ne plus rien avoir sur le cœur. La seule chose dont il avait à se préoccuper, c'était de surveiller les humains. Chose qu'il faisait depuis bien longtemps maintenant. Il se contentait de continuer de faire ce qu'il avait toujours fait. Protéger ce qui lui était cher, avec en prime, de belles petites vacances, une paix intérieure profondément radieuse. Une seule chose manquait. Une paire d'yeux améthyste, et une belle voix qui, des millénaires auparavant, avait ravi son âme.

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Eh oh, ne criez pas que Philios est égoïste pour prendre du bon temps alors qu'Al se fait du souci pour lui, sa pause, il l'a pas volée, le pauvre chou.

JE SAIS JE SAIS ME FRAPPEZ PAS

WINDY HILL C'EST LE CHAPITRE 28, CETTE FOIS-CI C'EST SÛR ET CERTAIN, CE SERA MÊME LE TITRE.

Et pis j'ai pas trente-six mille mains, je peux pas écrire plus de deux chapitres par mois (N'EST-CE PAS ROSETTE HUM HUUUUUUUUUUUUUUUUUM)

Ash et le mystère de son passé revient sur la table ... On va entamer un nouvel arc narratif ! Youpi youpi !

Et Julian ? Vous pensez qu'on va l'oublier ? Joke's on you, nope.

Je vous aime vous êtes adorable <3

À la prochaine mes petits béliers de l'ouest de Fiore (la vieille référence sortie de derrière les fagots ... Ça me rajeunit pas tout ça.) !


(Petite parenthèse : veuillez m'excusez du retard de publication ^^' Ceci est du à de légères complications quant à Wattpad, Rosette qui était beaucoup trop débordé.e, paix à son âme, et mon wifi lent ... Désolée à royal_bird de t'avoir fait peur, ce chapitre est d'ailleurs pour toi, que ce soit à toi ou à d'autres XD Je terminerai S.E.A, sauf cas de force majeur.)

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