Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 20 : vents glacials

Lorsque Romy arriva à l'étage, il s'attendait à tout. Absolument tout, sauf à déraper sur le plancher couvert de givre. Il se rattrapa au mur de justesse, patinant comme il le pouvait sur le sol glacé, abasourdi. Ash et Ciela qui s'apprêtaient à débouler dans le couloir se rendirent compte de la galère dans laquelle il se trouvait et se stoppèrent net, bouche bée. Ash leva la tête et grimaça.

- Tu avais raison Ci' ... L'ampoule a pété.

Romy hocha la tête. Et remarqua alors un petit corps recroquevillé sur lui-même, contre le mur à sa droite, à quelques pas de lui. Il comprit immédiatement d'où venait le givre. Sheena. De l'autre côté, non loin de la porte de la salle de bain, Crìs s'était évanoui lui aussi, son corps recouvert de petites rainures de givre.

- Mais qu'est-ce qui a bien pu se passer ? souffla Ciela, en plaquant sa main sur sa bouche.

Romy se décrocha du mur, et amorça un pas. Le givre craquela. Il fondait déjà. Avec précaution, il se dirigea vers son frère, tandis que les deux tourtereaux se rapprochèrent comme ils le pouvaient de la petite Sheena. Il se laissa tomber maladroitement à ses côtés et le prit dans ses bras, en frissonnant. Le corps de Crìs était congelé. Enfin, pas dans le sens propre du terme, heureusement. Il frotta vigoureusement la peau de son jumeau, faisant tomber les cristaux glacials qui s'y étaient accrochés avec soulagement et passa sa main dans les cheveux de Crìs, qui étaient devenus de vraies stalactites, avec un grognement. Ils s'étaient disputés ou quoi ? Pourquoi Sheena était-elle passée en mode ère glacière ? Qu'est-ce qui avait bien pu provoquer la colère de leur amie ? La colère ... ou la perte de contrôle ? Sheena était très émotive, et tout le monde savait qu'un contrôle bancal et un état mental fragile pouvait être très dangereux pour un Element en proie à un vif chamboulement émotionnel. Combien de catastrophes dites ''naturelles'' s'étaient révélées être provoquées accidentellement par des Elements ? Sheena n'avait heureusement jamais provoqué de grands dégâts. Un couloir glacé par-ci, par-là, une statue de glace de temps en temps, mais la plupart du temps, c'était très stable. Le pouvoir des Reines Des Glaces était extrêmement redouté, mais Sheena était trop gentille pour pouvoir faire du mal à qui que ce soit consciemment, sauf quand elle était sous l'emprise d'une émotion beaucoup trop intense ... Et au vu des dégâts dans le couloir et sur son frère, l'émotion avait été particulièrement violente.

- Hé, Crìs. Crìs, ouvre les yeux, je t'en prie ... Crìs, allez ! le siffla-t-il en le secouant.

Aucune réponse. Soudain, Romy sursauta en entendant les deux cris étouffés qui avaient retenti derrière lui. Il se dévissa la nuque vers les deux jeunes gens, en haussant les sourcils. En guise de réponse, Ciela brandit bien haut une espèce de photo jaunâtre étrangement familière.

- Ils savent.

Oh. Crìs claqua de la langue. Il reconnut le cliché que Sheena conservait sur son bureau, en une version plus « âgée » toutefois. Il ne fallut que quelques secondes pour faire la liaison entre le photographe et Julian. Il avait dû en garder une copie, et donner l'originale à sa femme, qui à son tour s'en était débarrassée en le refilant à ses fille ... Bon. Au moins, ils savaient pourquoi Sheena était entrée en mode Ère Glacière. Point positif, Crìs et Sheena savaient, ils n'auraient pas à leur cacher quoi que ce soit. Point négatif, Crìs et Sheena savaient, Julian n'avait plus qu'à courir pour sauver sa peau. Quand son frère serait réveillé, du moins.

- Ash, va allumer un feu, on va s'occuper de les dé-frigérer.

- J'suis même pas sûr que ce mot existe ... grogna l'Element de feu en laissant Sheena aux bon soins de Ciela avant de descendre les marches quatre à quatre.

Ciela agita devant le nez de Sheena une petite orbe dorée, et il lui fallut une seconde pour comprendre qu'il s'agissait d'une de ses petites boules de lumière, tentant probablement de la réveiller. Si c'était Crìs qui avait été à sa place et lui à la sienne, son frère n'aurait probablement pas hésité à l'électrocuter pour le réveiller. Lui ... C'était un peu plus compliqué. Que pourrait-il faire ? Lui souffler dans les bronches ? Il secoua la tête, recommençant à démêler le sac de nœuds qui leur servait de tignasse.

- Le feu ronfle ! leur annonça Ash en remonta l'escalier.

Il s'avança d'abord vers Ciela, ayant sans doute l'intention de l'aider avec Sheena, mais elle lui fit comprendre qu'elle pouvait se débrouiller seule en prenant le petit corps de poupée de la New-yorkaise dans les bras. Ash se tourna ensuite vers Romy qui ne cracherait certainement pas sur l'aide de l'écossais, et qui l'accueillit même avec un sourire. Ok, il était Romy Altafuente, élu du courage, Element d'air et Super-Anti-Saint-Souls, mais il avait aussi une force de moineau rachitique.

- Merci, Ceniza.

Ash lui retourna un demi-sourire, et à eux deux, il réussirent tant bien que mal à amener Crìs au rez-de-chaussé. Ciela frictionnait Sheena en face du feu crépitant de la cheminée, inquiète, la photo dans la main gauche. Romy laissa Crìs entre les mains de l'Element de feu et alla voir Ciela avant de lui prendre la photo des mains. Romy grimaça. Il ne s'était pas trompé. C'était bel et bien le cliché que leur amie gardait sur son bureau. Il la lui rendit et alla reprendre sa place à côté de son frère, le traînant lui aussi devant la cheminée, laissant Ash souffler un peu.

- Avec un peu de chance, quand Crìs se réveillera, il oubliera que Julian est le père de Sheena ? osa Ciela.

- Ouais ! Et j'ai une maison de vacances sur la lune, railla Ash en levant les yeux au plafond.

- Ça suffit, tous les deux. Advienne qu'adviendra et prions pour que la maison ne parte pas en fumée.

- Comme si on avait déjà pas assez de problèmes comme ça ... gronda Ash.

- ... Vous pensez que ... Brunette savait ? Que Julian était le père de Sheena ?

La question de Ciela jeta un froid dans la pièce et Romy retint un ricanement amer. Il ne supportait pas cette gamine qui était une vraie manipulatrice. Qui était-elle pour oser jouer avec leurs vies ainsi ? Elle disait se soucier d'eux, mais elle avait osé laisser mourir Alexandre, Kiwi, et Violet, en disant que c'était « regrettable ». REGRETTABLE. Si vraiment elle savait tout de cette histoire, et qu'en plus elle l'avait fait exprès, Inexistante ou non, il lui collerait la baffe du siècle.

- Ça ne m'étonnerait pas ... se contenta de répondre l'écossais.

C'est alors qu'un violent éternuement les fit tous sursauter. Crìs venait de se réveiller.

- Arrrrrrgh ... J'ai mal à la gorge ... murmura-t-il d'une voix très grave et très éraillée.

- Il ne manquerait plus que tu aies choppé la crève, se moqua gentiment Romy, en le calant plus confortablement sur son torse, le frictionnant aussi fort qu'il le pouvait.

Crìs avait tellement froid qu'il tremblait comme un ressort, ses dents claquant plus vite qu'une paire de castagnettes.

- J-je vais tuer J-Julian ... réussi-t-il à articuler, le regard fixé sur les flammes.

Ash leva les yeux au plafond et fit signe qu'il allait chercher des couvertures.

- Ouais, ouais, c'est ça, répondit Romy en lui tapotant le dos.

- Juli-ian est le père de ...

- De Sheena, on sait, Amy vient de m'appeler.

Crìs leva un regard interloqué vers lui, ses sourcils encore imprégnés de cristaux de glace. Romy ricana et les enleva sans tenir compte des protestations de son jumeau.

- Apparemment Julian vient tout juste de piger qu'il est le padre de Shee-shee. Il avait pas réalisé avant.

- C-comment ça ?

- Longue histoire mais j'ai bien peur que Julian et Sheena soient les victimes de l'histoire. Encore.

Crìs fronça ses sourcils enfin déneigés.

- Le père de Sheena est un ... homme affreux q-qui a laissé sa mère élever seule ses deux filles pour p-partir avec une autre ! gronda-t-il d'une voix si grave que Romy peina à reconnaître la voix de son frère.

- Bah tu vois coco, là est toute la subtilité de ce qui nous attend. Parce que de ce que j'ai pu voir, et de ce qu'Amy m'a raconté, Julian est loin d'être le saaaaaaaaaal ... saligaud dont Sheena et Shana nous avait peint un portrait. Je pense qu'on devrait attendre d'avoir une sacrée bonne discussion avant de tirer les conclusions, tu crois pas ? Surtout que si tu veux mon avis, tu viens de te prendre l'équivalent d'un joli moins vingt degrés dans la face, et que c'est un miracle que tu ne sois pas en hypothermie. Alors vas-y mollo, tu veux ?

Crìs le fixa dans les yeux quelques secondes avant de grogner et de croiser les bras comme un enfant, avachi sur le torse de Romy. C'était sa façon à lui de dire qu'il capitulait.

- J'ai les couvertures !

- Et Crìs ne tuera pas Julian !

- C'est déjà ça. Et pour Sheena ? On fait quoi ?

- On attend qu'elle se réveille et on lui dit la même chose.

- Ouais bah bon courage. Toute Sheena qu'elle soit, je doute qu'elle soit réceptive à tes arguments. Toute sa vie elle a cru que son père était un monstre et puis il s'avère que c'est ce bon vieux Julian. Pauvre pitchoune quand même ... murmura Ciela en lui démêlant sa frange, ses yeux dorés brillant d'inquiétude.

Crìs s'était complètement démonté le cou pour avoir un petit aperçu de sa « chère et tendre » qu'il couvait du regard avec un mélange d'impuissance, de colère mal contenue et d'affection profonde. Parfois, Romy se disait que si Crìs et Sheena n'étaient pas amoureux, ils feraient les parfaits frères et sœurs.

- Qu'est-ce qu'Amy t'a dit exactement ?

- Qu'en gros Julian avait eu l'équivalent d'une révélation en plein milieu de la rue après qu'elle lui ait parlé de trucs perso et c'est parti en miettes. Julian était prostré sur un banc et avait apparemment énormément de mal à digérer tout ce bazar. J'ai compris entre deux « JULIAN EST LE PÈRE DE SHEENA » qu'il avait l'air complètement abattu.

Crìs reporta son regard sur le feu, apparemment pris dans ses réflexions. Ouais. La situation allait être simple à gérer, tiens.

- Du coup on fait quoi ?

- On attend Ciela, on attend.

L'Element de lumière poussa un long soupir et se passa la main dans les cheveux - geste qu'elle avait dû leur piquer à son insu - avant de se frotter les yeux comme une enfant.

- Plus vite ils seront revenus, mieux ça sera ...

* * * * *

Julian hochait la tête de temps temps, apportant qu'une attention minime au babillage de Liz, son attention focalisée sur Amélia qui venait à peine de s'endormir sur le canapé. La pauvre jeune fille. Ce qu'elle avait vécu était ... Affreux. Les Saint-Souls étaient donc bel et bien à la poursuite de ces pauvres gosses. Eux qui cherchaient simplement un abri ... Malgré lui il pensa au reste de la troupe, restés dans sa maison. Immédiatement, une image fugace de la petite fille aux cheveux blancs lui vint à l'esprit et il resserra son emprise sur la tasse avant de déglutir. Sheena était sa fille. Sa fille. Et ... Et ... Hannah et Shana étaient mortes. Ses deux lumières, ses deux trésors, mortes deux ans auparavant. Et il n'en avait rien su. Il était resté dans l'ignorance, tandis qu'il distribuait des cookies aux enfants démunis, alors que son ... autre fille dont il n'avait même pas conscience de l'existence, avait pleuré sa sœur et sa mère, toute seule. Il était le père d'une inconnue. Une petite inconnue. Julian repensa à ces espèces de téléfilms diffusés à Noël, finis à l'eau de rose, où des enfants perdus retrouvaient leurs parents à l'aide d'un miracle quelconque. Il avait l'impression d'être en plein dedans. Il se rendit alors compte que Liz s'était tue, attendant sans doute quelque chose. Il secoua vivement la tête et posa sa tasse sur le bord de la petite table ronde.

- Merci Liz. Désolé du dérangement.

- Ce n'est rien. Pauvre enfant ... New York n'est décidément pas une ville sûre ...

Julian hocha la tête, fixant la fumée qui s'évaporait de la tasse de la jeune française.

- Julian, je vois bien que tu es secoué. Et mon petit doigt me dit que ce n'est pas uniquement en rapport avec elle ... Je suis ton amie, Julian. Nous nous sommes serrés les coudes, tous ensemble. Tu te souviens ? Toi, pauvre salary-man désabusé, et moi, femme répudiée.

Il acquiesça de nouveau. A l'époque où il n'était encore qu'un habitant des rues, c'était Liz qui, la première, lui avait tendu la main. Elle lui avait indiqué de qui se méfier, quel coin il fallait éviter, quel refuge servait les meilleures soupes, quel restaurant rejetait les meilleurs restes ... Elle lui avait présenté, « ses doigts ». Cinq autres personnes, dont la plus jeune, Dodo, n'avait que dix-sept ans. L'aîné, Ernesto, avait dépassé la soixantaine. Ensemble, ils avaient tous roulé leur bosse pendant un moment, jusqu'à ce que Julian les quitte, un mois avant de rencontrer l'étrange petite fille. Il ... Il avait ... Il ne voulait pas que les autres assistent à son ''départ''. Mais il ne trouvait jamais vraiment le courage de mettre fin à ses jours. Ce ne fut que quelques semaines après l'inestimable cadeau de la petite fille qu'il avait osé retourner voir ses amis. Au départ, ils ne l'avaient pas reconnu. Fini, le grand dadais maigrichon aux cheveux gras et gris, emmitouflé dans un anorak trois fois trop grand pour lui. Il avait des vêtements neuf, avait pris quelques kilos, et s'était même payé un tour chez le coiffeur. C'est Liz, qui avait fini par comprendre qui il était la première. Elle lui avait sauté dans les bras en lui claquant des bises sonores sur les joues, remerciant Dieu pour ce miracle tout en pleurant de joie. Tout le monde le croyait mort. Et le voilà qu'il revenait vers eux, avec un compte en banque aussi rempli qu'une baleine à bosse ! Ils l'avaient alors appelé leur « petit miracle des rues ». Au final, Julian leur tricota l'histoire d'une vieille tante perdue dont il était le seul et unique héritier. Personne n'en crut un mot, mais personne ne s'en offusqua (je suis sûr.e qu'ils se sont tous dit qu'il était devenu gigolo mdrr) <-- Appréciez les sublimes commentaires que Rosette me laisse parfois). Julian leur était revenu en pleine forme et en parfaite santé. C'était tout ce qui comptait. Mais il ne voulut pas s'arrêter là. Et il les tira des rues. Il racheta la maison d'Ernesto, dont il avait été expulsé par des créanciers malhonnêtes, la rénova, et leur en fit cadeau. Il paya à Dodo l'orpheline des cours de rattrapage et lui avait promis de financer ses études supérieures, elle qui disait toujours qu'enfant, elle rêvait de devenir archéologue. Il dégota à Liz un boulot de serveuse dans le bar du coin, et offrit à Roy et Yuan, le petit couple en fuite, le mariage dont ils avaient toujours rêvé. Quand au jeune Samir, chassé de sa famille à vingt ans à cause de son désintérêt pour la gente féminine, il avait financé sa start-up, maintenant devenue si lucrative qu'elle suffisait à elle seule à rembourser les frais et les dépenses de chacun des habitants de la maison, même ceux de Carlotta, la petite fille de dix ans de Roy et Yuan. Leur bonheur faisait plaisir à voir, et Julian passait les voir chaque fois qu'il en avait l'occasion. Et à chaque fois, chacun savait ce qui n'allait pas chez l'autre. L'ambiance de cette maison lui faisait toujours chaud au cœur. Ces gens étaient devenus sa nouvelle famille. Le seul secret qu'il leur avait toujours dissimulé, c'était la raison pour laquelle ses iris étaient aussi rouges que le fruit préféré de Liz.

- C'est ... C'est compliqué, Liz.

Elle lui fit un beau sourire maternel et posa sa main sur la sienne.

- Peut-être, mais je suis là pour écouter, Julian. C'est au sujet de ta femme, pas vrai ? lui dit elle d'une voix douce.

Julian hocha la tête de nouveau, sans mot dire. Liz savait toujours quand il y avait un problème, et avait un don quant à savoir son origine. Elle avait un sixième sens pour ça.

- Oui ... Elle ... Elle est morte. Hannah et Shana sont mortes.

Le sourire de Liz disparut aussi vite qu'il était apparu, et elle baissa la tête, murmurant une prière rapide dans sa langue maternelle.

- Je ... Toutes mes condoléances, Julian. Je ... Nous savions tous à quel point tu tenais à elles.

- Merci, Liz.

Il hésita à lui parler de Sheena, mais comment lui expliquer une situation qu'il avait lui-même du mal à appréhender ?

- Ce n'est pas tout ? demanda Liz, lisant l'hésitation qui devait être marquée sur son visage.

- ... A-au moment de partir ... Quand je suis allé à Londres il y a treize ans ... Hannah ... Elle était enceinte de moi. J-j'ai ... J'ai ... une seconde fille.

L'incrédulité et la stupeur qui se peignit sur le visage de Liz refléta son état intérieur. Puis, lentement. Il aperçut une larme déborder de son œil droit et rouler le long de sa joue. Elle porta la main à sa bouche, et posa son autre main sur le bras de Julian.

- C'est un vrai miracle, Julian. C'est une chance unique, un cadeau de Dieu. Ne laisse pas passer cette seconde chance, qui t'est offerte.

Julian secoua vivement la tête. Que voulait-elle qu'il fasse ? Qu'il l'adopte ? Qu'il fasse revendiquer ses droits de père biologique ?

- Je ne peux pas, Liz ! Elle a ... Elle a quatorze ans et ... Elle pense que je suis un monstre. Un homme qui a lâchement abandonné sa femme pour partir avec une autre ... Comment lui prouver le contraire ? Je ne peux pas me ramener à elle, la bouche en cœur ... Cette pauvre petite a déjà trop souffert.

Le regard de Liz se déporta sur Amélia, qu'elle fixa pendant quelques secondes. Comprenant sa question silencieuse, Julian s'empressa de la démentir.

- Non, Amélia est sa meilleure amie.

- Sa meilleure amie ?

- Ma ... Ma fille est à New York en ce moment même avec un groupe d'amis. Chez moi. Par un concours de circonstances, ils ... Je les héberge pour quelques jours.

Liz laissa échapper une exclamation de joie, suivi d'un vigoureux signe de croix.

- Julian Smith ! Je n'arrive pas à croire ce que tu viens de me dire ! Ce n'est même plus un coup de chance ! C'est un vrai cadeau du ciel. Ne laisse pas passer ça, sous aucun prétexte !

- Mais que veux-tu que je fasse ? explosa-t-il en levant les bras au ciel. Que puis-je faire ?

- Je ne suis pas à ta place, je ne l'ai jamais été, et je doute très fort de l'être un jour, mais je pense que la meilleure des choses pour le moment, c'est d'avoir une discussion avec elle, tu ne crois pas ? Je pense qu'elle a le droit de savoir que son père est loin d'être le monstre qu'elle imaginait qu'il était.

Et sur ce, Liz se leva, remporta les tasses de thé froid en rouspétant à voix basse. Quelques secondes plus tard, il l'entendit prendre le combiné fixe et paria qu'elle allait sans doute appeler Yuan pour lui faire part de ce qu'elle venait d'apprendre. l'ombre d'un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'il comprit que dans la demi-heure qui suivrait, tout le monde rentrerait. Yuan et Roy, qui devaient être au match de base-ball Carlotta, rentreraient sans doute bien plus tôt que prévu, comme Dodo qui pour une fois laisserait ses vieux fossiles de côté, passant sans doute prendre Samir au travail, tandis qu'Ernesto se réveillerait de sa sieste en entendant tout ce beau monde arriver. Julian soupira. Il aurait bien aimé revoir tout le monde mais ... Entre les Saint-Souls qui étaient au dehors, les enfants seuls à la maison, sa fille tout juste découverte, et Amélia ... Julian ne pouvait se permettre de batifoler.

Il se leva pour étirer ses longs bras et marcha jusqu'à la fenêtre du salon, espérant à la fois s'éclaircir les idées, chasser son stress et surtout ... trouver un moyen de parler correctement à la petite Sheena ... Amélia lui avait dit que Romy, le frère du ... petit ami de Sheena, était au courant. Elle avait aussi assuré que la concernée ne serait pas mise au courant. Ou du moins qu'elle ne l'était pas encore. Mais quand elle le serait, mise au courant ... Que se passera-t-il ? Une question qui restera sans réponse jusqu'au moment fatidique. Ah ... Il se gratta son menton mal rasé, son regard fixé à l'extérieur dans le vide ... Il ne regardait ni les voitures, ni les oiseaux, ni le soleil de midi, ni le ciel dégagé, ni le trottoir, ni la maison d'en face, ni les flâneurs, ni les deux hommes qui passèrent devant la maison, d'un air hargneux ... Julian se figea. Et siffla tout bas. Les deux hommes ... Les Saint-Souls. Ils les avaient retrouvés.

* * * * *

Brunette secoua sa longue chevelure en tirant distraitement sur ses longues boucles brunes, les yeux mi-clos, profitant des hurlements du vent de l'ancienne tour d'astronomie ... Le mois de mai arrivait à son milieu. Et bien, et bien, et bien. Le temps était passé vite. Et avec lui, de nouvelles épreuves. Mais cette fois-ci, Brunette était prête. Et surtout, en colère. Ça suffisait. Par sa faute, à cause de son arrogance, des innocents étaient morts. Elle avait du sang sur les mains. Encore. Tout était de sa faute. Mais elle n'avait pas le droit de s'apitoyer sur son sort. Elle devait tenir bon. Elle ne pouvait tout bonnement pas abandonner. Si jamais elle le faisait ... Qu'adviendrait-il de l'île, de ses protégés, et du reste ? Elle ouvrit distraitement son livre à une page quelconque, effleurant les lignes écrites il y a bien longtemps, sans les lire. Elle avait perdu son livre une fois. Il était tombé entre les mains de Bellum, et Bellum avait compris son plus grand secret. Ce qu'elle était. Elle avait récupéré son livre, et avait juré de ne plus jamais s'en séparer. Puis, des centaines et des centaines d'années plus tard, elle avait atterri ici, à la suite d'un naufrage. Et elle avait trouvé Almarica, qui l'avait recueillie et avait pris soin d'elle, l'Element de ténèbres pensant qu'elle n'était qu'une pauvre enfant. Brunette était consciente qu'Almarica avait survécu. Comme elle savait que Philios se trouvait quelque part sur cette planète. Mais elle n'aurait pas espéré lui reparler un jour, en face à face. Puis elle avait compris qu'elle était cette île. Cette île si mystique et extraordinaire. Elle avait compris l'usage de la grotte aux portes, qu'Almarica n'avait jamais découverte avant. Et Almarica avait compris à son tour que l'Inexistante n'était pas qu'une simple petite fille. Alors elles s'étaient mises à elles deux à surveiller ce lieu. Puis un jour ... Gilbert était arrivé sur l'île, le fondateur de la Saint Elena Academy, et du village de l'île. Brunette avait alors caché son livre, et son plus grand secret. Almarica avait fait de même. Puis elles s'étaient mêlées aux habitants. Mais les Elements et les humains, combien même clamaient-ils leurs différences, avaient en commun une chose on ne peut plus naturelle. La curiosité. Et ce ne fut qu'une question de mois avant que quelqu'un ne découvre la grotte. Almarica avait tenté de s'opposer au fait que quelqu'un s'y rende. Mais Brunette n'était pas de cet avis. Le monde avançait. Et elle ne pouvait se permettre qu'il avance sans elles. Alors Brunette était allé voir Gilbert, l'avait amené à la grotte, et lui en avait révélé son secret. Les Portes d'Eneria. Puis ils avaient ensemble fondé la Saint-Elena Academy à la mort d'Elena, planté le pêcher, arbre préféré de sa défunte femme, et le Sous-Sol fut créé, servant d'accord tacite entre elle et le reste du monde des Elements. Elle garderait le silence, leurs secrets les plus honteux, leur servirait de coffre fort, à condition qu'ils ne cherchent jamais à savoir qui elle était, ni d'accéder aux portes, et qu'à tout jamais l'île reste un lieu neutre, un refuge, et un oasis. Et pendant des années, c'était resté ainsi. L'île n'était pas à elle. Elle n'en était que sa protectrice. Sous ses doigts, la page se froissa légèrement. Elle s'était crispée. Bien sûr qu'elle s'était crispée. Tout était de sa faute. De sa faute à lui. A Malcolm Horace. Dès qu'elle l'avait rencontré, Brunette avait vu dans le regard de cet homme qu'il n'avait rien à faire à la S.E.A. Et elle avait raison. Malcolm avait corrompu l'île, avait pourri son précieux paradis, avait tenté de saccager sa maison. Il voulait les Portes. Il voulait l'île. Et plus que tout, il voulait la clé des Portes. L'Élue de Lumière. Et pour ça, il s'en était pris à Céleste Gray. La mère de Ciela, unique Element de lumière de l'île à cette époque. Et ça l'avait sortie de ses gongs. Alors, pour la première fois depuis des lustres, elles étaient entrées en contact avec des ''citoyens de l'île'', elle et Almarica. Elles avaient protégé Céleste et ses amis du mieux qu'elles pouvaient, avant de les envoyer au loin, à l'abri des manigances du Conseil, de Malcolm, et de Rezher. Et elle s'était mit à déraciner le mal qui avait souillé son île, sa précieuse maison. Mais toute attelée à la tâche qu'elle l'était, elle n'avait pas vu, ne s'était pas rendue compte que Céleste et ses amis n'étaient en vérité, pas en sécurité. Elle qui croyait Malcolm Horace responsable de tous les maux, elle avait en réalité bien tort. Ce n'était jamais de celui qui cri le plus fort dont on devait se méfier à tout prix. C'était de celui qui reste dans l'ombre. Rezher avait été cet homme de l'ombre, dont elle ne s'était pas méfiée. Et par sa bourde, ses protégés étaient morts. Et elle s'en était toujours voulue. Toujours. Alors ... Alors lorsque Helen était partie en Écosse pour ramener les deux enfants des Hunter ... Brunette, malgré l'avis négatif d'Almarica, ne résista pas à l'envie de les rencontrer. Elle ne put tout simplement pas. Elle ferma les yeux, tentant de se remémorer la première rencontre qu'elle avait faite avec les deux jeunes frères ...

« Il devait être midi. La lueur de l'astre solaire qui était filtrée par les feuilles vertes des arbres était des plus plaisante. Malgré ce mois d'Octobre bien entamé, il faisait bon vivre, sur la Saint Elena Island. Les enfants flânaient encore insouciamment à l'extérieur, les contrôles et les examens étant encore loin ... Et apparemment, ils perdaient des choses, aussi. A ses pieds, elle venait de heurter sans le vouloir une peluche noire, de taille moyenne. Intriguée, elle la prit entre ses doigts. Un lapin. Un lapin en peluche noir. Voilà qui était intriguant. Il était tout neuf, en plus. Un enfant pleurerait probablement à chaudes larmes ce soir ...

- Il faut que tu fasses attention ! Ici, on pourrait te voler tes affaires, si tu les perdais. Personne ne viendrait te les rendre ! Je doute que tu puisses un jour retrouver Mister Sweety ! gronda une voix enfantine.

Des pleurs à moitié étouffés suivirent. Puis un soupir résigné.

- Bon, c'était ici, non ?

- Vi.

- T'es nul, Ash. Combien de fois t'ai-je dis de ne pas t'éloigner des chemins blancs ? Madame Helen, elle a dit qu'il fallait pas s'éloigner des chemins blancs.

- Vi.

- Alors pourquoi tu l'as fait ?

Nouveau reniflement.

- Parce que.

- T'es qu'un sale gosse.

Puis apparurent à quelques mètre d'elle deux jeunes garçons. L'un, qui devait être le plus âgé, avait de courts cheveux blonds, bien domestiqués. Ses yeux argentés scintillaient de résignation. Sa bouille de petit diable était empêtrée dans une moue d'exaspération. A sa jambe était accroché un autre petit garçon, bien plus chétif et petit que son aîné, ses yeux écarlates mouillés de larmes. Si son frère semblait être une graine de guerrier, lui paraissait être un futur érudit, avec son teint de neige et sa démarche timide et mal assuré. Ses cheveux noir charbon paraissaient ne pas avoir vu le peigne depuis des jours, et son nez rouge gouttait. Il ne faisait que renifler. Pendant un instant, Brunette eut l'impression de faire un bon de deux décennies auparavant. Son cœur rata un battement. Enfin. Les voilà. Les deux petits Hunter. Malgré elle, elle les étudia. Et sourit. Cette fois-ci, elle ne perdrait plus personne. D'un pas feutré, elle s'approcha d'eux, et les appela d'une voix douce.

- C'est cela, que vous cherchez ?

Le plus petit poussa un cri et se réfugia derrière son frère. L'autre sursauta, passa un bras derrière lui, et se mit bien droit, la foudroyant du regard. Ils étaient sur la défensive. Le sourire de Brunette se fit plus chaleureux. Elle s'arrêta, et s'accroupit à terre, puis leur tendit la peluche.

- C'est à vous, non ?

Le regard du plus petit brilla. Il leva vivement la tête vers son frère qui la secoua vigoureusement.

- Tante Helen m'a dit ... nous a dit de ne pas parler aux inconnus.

Elle hocha la tête.

- Je sais. Mais je ne suis pas une menace, pour aucun de vous deux. Je suis juste quelqu'un qui veut vous rendre service. Comment vous appelez vous ?

- Moi, c'est Ash Hunter ! Et lui c'est Frederi ... Erick Hunter !

- Ash, tais-toi bon sang de vache ! rouspéta son aîné.

Bon sang de vache ? Elle sourit franchement. Ils étaient bel et bien des Hunter.

- Ce n'est pas grave.

Elle posa la peluche devant elle, délicatement, bien droite. Puis elle se releva, et fit demi-tour.

- Z'êtes qui vous d'abord ? cria le petit blond.

Elle se retourna vers lui. Ash venait de courir vers sa tendre peluche, et la serra tout contre son cœur, avec un sourire béat. Erick, lui, se tenait toujours en position défensive, ses petits poings serrés.

- Quelqu'un qui vous aidera toujours.

Puis, sous le regard ahuri du petit blond, elle s'était éloigné dans la forêt avant de disparaître. »

Brunette sourit en ouvrant les yeux. Quelle coïncidence. La page sur laquelle elle s'était arrêtée était celle où elle avait rapporté cette fameuse journée, avec les deux enfants.

- Tu as une drôle d'écriture tout de même. Très belle, très ancienne. Très fille.

Elle leva les yeux au ciel. Plongé dans ses pensées, elle ne l'avait pas entendu arriver.

- Et toi, tu n'es jamais là où tu devrais être.

Il lui sourit franchement, et leva les mains.

- Hé ! Ça va. Je n'ai rien fait de mal.

Elle referma son livre et le fit disparaître.

- Me cherchais-tu ?

- Nancy se fait un sang d'encre pour les autres ... Et ... Bah moi aussi en fait. On tourne en rond. Quand est-ce que ...

Brunette l'interrompit d'un geste de la main.

- Personne n'interviendra tout de suite. Et patiente. Leur retour ... Et bien si les choses se déroulent comme je le craignais, ils ne reviendront pas avant au maximum juin.

- ... Juin, c'est dans longtemps.

- Je sais. Mais fais-moi confiance.

Il s'avança et s'accouda aux remparts avant de se tourner vers elle.

- J'espère que vous avez conscience que tout ça, absolument tout, c'est parce que j'ai confiance en vous ?

Elle se tourna à son tour vers lui, et répondit à son regard accusateur.

- Et j'espère ne jamais te donner tort.

__________________________________________________

Bon. C'était pas prévu mais alors comment expliquer le pourquoi du comment du qu'est-ce.

En gros, dans ce chapitre, j'avais initialement prévu de l'action, mais c'était trop gros pour juste un chapitre, si j'avais voulu mettre ça dedans. Alors à la place, j'ai laissé ça comme ça. Désolée pour ceux qui voulaient Chemise Brûlée et Monsieur Baffe ! A la place, vous avez Brunette et Julian.

Bonne nouvelle du coup ! Sûr et certain, vous aurez deux chapitres en Août.

Et ... j'ai quelque chose à vous demander. Je suis en parallèle sur une autre histoire, que j'hésite franchement à publier. La liriez-vous ? Je dois toutefois prévenir. Elle n'a absolument zéro rapport avec S.E.A, genre zéro de chez zéro, et est un peu plus ... Comment dire. Sombre et mature que S.E.A. Le registre sera toujours dans le fantastique, mais le sujet ne sera pas le même. Ça sera pas du trash, bien sûr, mais cela traitera d'un sujet qui peut paraître choquant ou dur. Cela vous plairait-il de lire une histoire de ce genre ? Je vous laisse donner votre avis. (conseil de l'admirable et patiente personne qui corrige : lisez la nouvelle histoire dont Pignoufette parle, parce qu'elle est vraiment trop cool [et ce sera toujours moi qui la corrigerai, donc il n'y aura pas trop de fautes mdrr] non sérieux je vous promets que vous ne le regretterez pas.)

Sinon ! Revenons à S.E.A. Brunette a révélé quelques infos intéressantes, vous ne trouvez pas ? Héhé. Julian ... COURAGE MON POTE !

Ouaiiiis ! Crìs trucidera pas Julian.

MAIS LES MÉCHANTS BONHOMMES ONT RETROUVÉ JULIAN ET AMELIAAAAAAAAA ! COUREZ PLUS VITE QUE LE DOCTEUR, MES AMIS ! (Ceux qui pigent la référence, vous avez ma plus grande amicalité [Ça se dit pas Rosette, je sais, chut.] !)

A la prochaine mes bigorneaux de Bretagne !


Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro