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Chapitre 15 : « Merci. »

Dès le départ, ils savaient que quelque chose clochait, dans leur famille. Mais ils étaient trop petits pour s'y opposer, ou pour protester. Ils se contentaient de suivre le mouvement. Ils se contentaient de faire tout ce qu'il fallait pour faire plaisir à Père et Mère. Si Père et Mère se fâchaient tout rouge, ils avaient très très peur. Ils n'avaient pas envie de voir Père et Mère se fâcher. Le cas échéant, ça n'allait jamais bien. Ils avaient peur des autres, aussi. Peur des Grands. Les ''amis'' de Père et Mère.

« - Oh, quels braves petits. Qu'ils sont grands pour leur âge ! Leurs capacités sont vraiment exceptionnelles ! Vous en avez de la chance. Nul doute qu'ils auront de l'avenir !»

« - Elements d'air et de foudre ? Hum ! Efficace. Ils seront utile pour le futur ! »

« - S'ils suivent la même voie que leurs parents, ils deviendront précieux ! Aha ! Ils seront faire briller notre cause. »

Leur dix ans révolus, ils avaient compris que quelque chose d'anormal se passait. Que ça n'allait pas. Que c'était mauvais, malsain. Mais ils n'osaient rien faire. Ils avaient trop peur pour ça, étaient trop couards. Tous les soirs dans leur lit, ils s'endormaient presque en larmes, en pianotant le dos l'un l'autre, retenant leurs sanglots à grande peine. Puis un jour, Fernando, le majordome familial, les avaient trouvé ainsi. Le cœur brisé, le vieil homme les avaient amené à sa femme, Maria, qui eut autant de peine que son mari en les voyant ainsi. La vieille femme leur avait alors raconté une histoire. Une belle histoire, transmise de génération en génération dans sa famille.

Il était une fois, un voleur et un prince. Oppressés par leurs familles respectives qui les forçaient à faire des choses qu'ils ne voulaient pas, à devenir ce qu'ils ne voulaient pas, les deux jeunes gens se sentaient détruit petit à petit ... jusqu'au jour de leur rencontre. Rapidement, un lien d'amitié très fort s'était noué entre eux, ayant pour racine fondatrice leur besoin irrépressible de liberté. Se donnant mutuellement force et courage, les deux amis trouvèrent le moyen de s'opposer à leurs si effrayantes familles, et à s'en affranchir. C'est ainsi que le voleur et le prince prirent la tangente ensemble, loin de ceux qui les avaient tant fait souffrir, sachant qu'à eux deux, rien ni personne ne pourrait les arrêter.

Le prince et le voleur les avaient profondément impressionné. Ils étaient si fort et braves ! Contrairement à eux ... C'est alors que Maria les avaient démentis. Séparés, ils avaient été faible et immensément peu hardis. Ce n'était qu'en unissant leurs forces qu'ils avaient été capable d'un tel acte. Et même s'ils n'étaient pas physiquement présent l'un avec l'autre, ils l'étaient tout de même, de part le cœur. Et c'est avec cette splendide histoire en tête, et une tisane à la camomille dans le ventre, qu'ils étaient parti se coucher. Le lendemain, ils s'étaient tout deux éveillés avec la même impression, la même volonté, la même intuition. Ils allaient être le voleur et le prince. Fini les cauchemars. Ils deviendraient plus forts que tout : ils étaient ensemble.

A douze ans, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase pour leurs parents. Un énième refus, une énième rébellion, malgré une énième menace, malgré une énième punition. Père et Mère avaient tout fait pour les faire obéir. Absolument tout. Ils avaient été jusqu'à renvoyer le majordome et sa femme, qu'ils considéraient comme des parents adoptifs. Jusqu'à les séparer physiquement l'un de l'autre. Jusqu'à transformer leur vie en véritable enfer. Mais malgré tout, ils n'avaient plus obéis à aucun de leurs ordres insensés. Ils étaient le voleur et le prince, plus déterminés que ne l'avaient été les deux personnages. D'un commun accord, Père et Mère décidèrent de les envoyer à la S.E.A. S'ils ne voulaient pas les suivre, alors ils n'avaient rien à faire au sein de la maison.

Ils avaient gagné. Ils avaient gagné leur liberté. Mais à quel prix ? Ils se retrouvaient seuls, livrés à eux-même. Mais au moins, se répétaient-ils, ils étaient ensemble. Tout les deux. A jamais. « Quand les deux Altafuente sont décidés rien ne peut nous résister ! » devint le mantra, leur leitmotiv. Le monde pouvait bien exploser. Ils réussiraient à s'en sortir.

Au départ, les autres étudiants les évitaient. Des jumeaux ? C'était rare. Des jumeaux à l'air de fantômes démoniaques ? Non merci. Ils faisaient peur à tout le monde. A absolument tout le monde. Les enfants étaient cruels entre eux. Infiniment cruels. En Espagne, déjà, ils n'osaient s'approcher de personne, et repoussaient quiconque voulait s'y risquer, effrayés par l'inconnu. Petit à petit, par méchanceté pure et sans doute par vengeance, les autres élèves s'étaient moqués d'eux, en disant qu'ils n'étaient que des duplicatas l'un de l'autre, des copycats, et qu'un jour, ils finiraient par fusionner et disparaître. Ils avaient tant pleuré de désespoir, de terreur. Ils ne voulaient pas disparaître. Ils ne voulaient pas fusionner. Ils étaient deux. Pas un. Ils étaient le prince et le voleur. Ils étaient Crìstobal et Romeo Altafuente.

Ils étaient à l'Académie depuis seulement quelques semaines, quand ils étaient entrés en collision - littéralement - avec un adolescent plus grand qu'eux. Il les avaient littéralement insulté, les traitant d'escargots handicapés moteur sans cervelle, avant de s'en aller, tête haute, en leur ordonnant de ne plus se trouver sur sa route. Ils en avaient été bouche bée. Quel culot ! D'habitude, les gens les ignoraient, ou les insultaient de dos. Mais depuis qu'ils étaient à l'Académie, personne n'avait osé les prendre de haut ainsi. Vert de rage, ils avaient décidé de se venger. Mais ils étaient trop petits, trop jeune. Alors ils décidèrent de s'en prendre à son jeune frère, un gars d'à peine un an de moins qu'eux, tête en l'air, insouciant et naïf, pas réfléchi pour deux sous. Et qui surtout, dormait encore avec son doudou, le gros bébé. Ils lui avaient chippé, en le narguant et l'insultant à leur tour. Le petit garçon avait explosé en larmes, et était parti se réfugier dans les jupes de son frère. Qui leur avait mit la raclée du siècle.

La guerre était déclarée. Les coups bas et les droites se succédèrent pendant six mois consécutifs, les uns faisant subir un véritable enfer à l'autre. Mais un soir, leur tantième farce dérapa. Et la tarte à la crème destinée à leur pire ennemi atterri sur Federico Kant : une des pires brutes du coin. Emmenés de forces par Federico, son cousin, et le reste de la bande, les deux garçons furent passés à tabac, et laissés dans un coin quelconque de l'académie. Très sérieusement amochés, les deux garçons ne pouvaient même plus se relever. C'est alors qu'était arrivé le petit frère de leur pire ennemi, qui sans doute passait dans le coin. Effrayé, il s'était enfui, les laissant seuls.

A l'époque, ils étaient mélodramatiques. Très. Alors, ils s'étaient dits, d'une voix chevrotante, que ce n'était pas grave, de mourir ainsi : ils avaient été digne du prince et du voleur. Et ils avaient attendus de rendre leur dernier souffle, main dans la main, comme dans les films.

Sauf qu'ils n'en avaient pas vraiment eu le temps. Même pas quinze minutes plus tard, le petit frère était revenu, accompagné du grand et de ses amis, ainsi que d'un très vieux monsieur. Ils avaient été transporté à l'infirmerie en catastrophe. Le très vieux monsieur, qui était en fait un des infirmier de l'Académie, leur appris que le petit garçon, en les voyant ainsi, était parti toute berzingue à la recherche de son frère, en hurlant à l'aide à qui mieux mieux. Ce dernier avait rappliqué aussi vite qu'il avait pu, en apprenant l'identité les victimes. Pendant qu'ils faisaient semblant de dormir, ils avaient entendu leur pire ennemi fulminer, en disant à ses copains et à son frère qu'il retrouverait les « sales morpions qui avaient osé blesser ses petits emmerdeurs favoris » pour leur faire payer la monnaie de leur pièce.

Au final, il n'était pas si méchant que ça, Erick Hunter.

Le lendemain matin, ils avaient trouvé Ash Hunter, le petit frère de leur ex-pire ennemi, roulé en boule au pied de leurs lits respectifs, empêtrés dans une grosse couverture, le vieil infirmier ronflant la bouche ouverte sur sa chaise non loin de là. Dès qu'ils les avaient vu réveillé, le garçonnet avait bondi sur ses pieds, avec un sourire dément, en débitant tout d'une traite qu'il était content de les voir éveillés, qu'il était désolé de ne pouvoir avoir pu ramener de l'aide aussi vite qu'il ne l'aurait voulu, qu'Erick était parti savonner la tête des Kant et de sa bande, et qu'il était décidément très, très, très content de les voir réveillés. Oh, et accessoirement, il leur avait demandé s'ils ne voulaient pas devenir amis. Complètement abasourdis par cette boule d'énergie charbonnée, qui ne les avait pas lâché de la journée, ils finirent par se laisser porter par le flot, faisant la connaissance de deux amis d'Ash, Kylian - A.K.A Kiwi - Jackson et Violet Chase, ainsi que les trois autres amis d'Erick. Dans l'intervalle, ils apprirent aussi que le blond, qu'ils considéraient pourtant comme le dernier des crétins, les tenaient pourtant en - presque - haute estime. En fait, leurs chamailleries quotidiennes l'amusait beaucoup, leur avait dit Séraphina Smith, une fille qu'ils trouvaient décidément très, très, très jolie.

Au final, sans qu'ils ne le veuillent vraiment ni s'en défendent, ils finirent par rentrer dans les habitudes du groupe, notamment poussé par Ash, qui se révéla être une victime bien plus conciliante et facile à piéger que son frère ou n'importe qui d'autre, et devint leur cible favorite. Et petit à petit, Romeo et Crìstobal laissèrent place à Romy et Crìs, les espagnols complètement barrés qui enchaînaient farce sur bêtise dans la joie et l'insouciance la plus totale. Tout ça, parce qu'un grand blond dégingandé les avaient un jour insulté, et parce qu'un petit brun surexcité les avaient appelés « amis ». Plus les années passèrent, plus ils crurent leur passé enterré, leur happy end arrivée. Malheureusement, ils apprirent rapidement que ce n'était pas le cas ... D'une manière des plus brutale.

Ce jour là, ils jouaient à chat avec Amy, Kiwi et Ash, tandis que Sheena et Violet lisaient tranquillement près d'eux. Puis ils avaient entendu comme une explosion gigantesque provenir de la ville, et une odeur écœurante de bacon grillée leur parvint. Puis ... La tragédie. Le 12 Mai allait rester gravé dans leurs mémoires à vie.

Ce jour là, ils perdirent des amis précieux. Mais ils perdirent leur illusion de paix et de bonheur. Le voleur et le prince n'en avaient pas fini, avec leur combat. Ils n'avaient fait qu'une trêve, qui venait de se terminer. Alors, plus par esprit de vengeance qu'autre chose, ils étaient retournés à Barcelone. Et recommencés un combat indéfinissable avec leurs parents. Certes, ceux-ci n'avaient pas été responsable de la mort des Mult'Up, du moins directement, mais ils avaient compris qu'ils n'avait fait que fuir. Fuir leur famille, leur responsabilités. Ils ne devaient pas fuir. Ils devaient vaincre. Et ce fut long, et ardu. Mais ils en ressortirent vainqueurs. Vainqueurs, mais brisés. Brisés, mais à deux. Brisés, mais plus tout seuls. Ils avaient perdu une famille. Ils en avaient trouvés une autre.

Les Last Hope et les Rainer étaient devenu leur îlot d'espoir et de lumière dans cet océan de ténèbres et d'horreur qu'avaient été leurs vies. Alors pour rien au monde, pour strictement rien au monde, ils n'auraient voulu les perdre. Peut-être qu'un jour, ils seraient forcés de dire qu'ils appartenaient à la famille qui avaient une place importante au sein de l'organisation qui avaient tués leurs frères et sœurs. Et ils s'en sentaient rongés par la culpabilité. Cette organisation monstrueuse qui avait tué les morts et les vivants. Cette organisation qui en plus de leurs avoir prit quatre êtres chers leur avait aussi volé la joie de vivre d'Ash.

Le repos paisible de Ash ... Ils en avaient rêvés. Ils ne comptaient plus le nombre de nuits où ils ne dormirent qu'à moitié, surveillant les faits et gestes de leur meilleur ami, craignant le pire. Ash Hunter, joyeux gamin qui fonçaient dans le tas pour un oui ou pour un non, plus sociable que n'importe qui, avait radicalement changé après la disparition de son frère. Une autre personne semblait l'avoir remplacé. Taciturne, lunatique, haineux, sarcastique, et par dessus tout obsédé par cette fichu quête du Sous-Sol ... C'est comme si en partant, Erick avait emmené tous les bons côtés de son petit frère avec lui. Et ça les avaient rendus fous. Ils en avaient même finis par calmer Ash de force, le jour où il en était venu par crier sur cette pauvre Sheena. Ça l'avait calmé, le môme. Et il était devenu moins insupportable, moins infect. Simplement bien plus calme et silencieux. Tout le monde s'en était plus ou moins réjouis, heureux de voir le jeune adolescent enfin mieux dans ses baskets.

Mais ce que les autres ne savaient pas, c'était que toutes les nuits, Ash se réveillait en hurlant, en proie à de fulgurantes terreurs nocturnes, pleurant comme un bébé, balbutiant des choses sans queue ni tête. Durant plus de six mois, les jumeaux n'avaient dormis que d'une oreille, se réveillant à chaque cri ou bruit suspect, quasi instinctivement, ne comprenant que trop bien ce que traversait l'Element de feu. Ils avaient eu tellement peur pour Ash. Tellement peur qu'il finisse par y laisser sa santé mentale. Mais le dicton qui dit que le temps guérit les blessures ne s'était pas révélé faux, et les terreurs avaient cessées. Du moins, c'est ce que Ash disait. Mais ils savaient parfaitement que ça n'avait jamais été le cas. Combien de fois s'étaient-ils réveillés en même temps que l'écossais, l'apercevant trembler dans son lit, prit de sueurs froides ? Ash pensaient qu'ils ne s'en étaient jamais rendu compte, mais comment auraient-ils pu ne pas le voir ? Ils ne dormaient jamais vraiment. La vraie raison pour laquelle ils dormaient en cours, ce n'était pas à cause de jeux vidéo, ou quoi, mais bel et bien à cause de Ash.

Et puis ... Ciela Page était arrivée. Element de lumière en bonne et due forme, qui en l'espace de six mois avait littéralement tout bouleversé. Non seulement cette dernière avait amené joie de vivre et innocence à eux tous, mais grâce à elle, Ash avait enfin cessé de cauchemarder. Ils se souvenaient encore de leur première vraie nuit de sommeil depuis deux longues années. Ils se souvenaient encore de la stupeur qu'ils avaient eu à leur réveil. Ils se souvenaient encore de l'émotion ressentie quand ils constatèrent que l'ancien Ash revenait petit à petit. Tout ça, grâce à Ciela. Et bon Dieu, qu'ils lui en étaient reconnaissant. Mais malheureusement, la jeune française avait aussi amené quelques soucis avec elle ... En l'espace de six mois, ils avaient trouvé le journal de Shana, trouvé le Sous-Sol, ''vaincu'' Rezher, étaient devenus les hôtes de deux fantômes de six mille ans d'âge, qui en plus étaient vachement sympa, et avaient accessoirement fait la connaissance d'une gamine exécrable et égoïste possédant - apparemment - une force suffisante pour rebooter l'univers. Et éliminer des Dinosaures.

Immanquablement, le sentiment de culpabilité avait refait surface. Et ce sentiment n'avait fait qu'enfler, encore et encore, pour exploser la veille de leur départ pour New York et le conseil. Ils avaient peur. Ils étaient terrorisés. Ils redoutaient tant de revoir leurs parents. Ils redoutaient tant de revoir ceux qui n'avaient jamais vraiment cessé de les hanter. Ils avaient besoin, maintenant plus que jamais, de croire au prince et au voleur.

Et ils avaient tenu la route, le secret, leur immonde secret, jusqu'à ce matin là. Jusqu'à ce que Crìs ait l'idée de se balader sur le net. Jusqu'à ce que Crìs tombe sur cet article. Jusqu'à ce que la télé s'allume. Jusqu'à ce que Julian Smith comprenne. Jusqu'à ce moment là.

Ils avaient cru que tout était fini. Au fond d'eux même, ils espéraient que les autres ne les rejetteraient pas pour ça. Ils espéraient qu'ils ne leur en voudrait pas. Mais ... Ils avaient fait tant de mauvaises choses ... Ils ne seraient certainement pas pardonnés ainsi. Si nécessaire, ils pourraient s'en aller ... Ils pourraient couper les ponts, et disparaître. Mais ils n'espéraient ne pas en arriver là. Tout, tout plutôt que de les perdre. Mais c'est alors que ... Bah ... Ash. Ash qui leur avait littéralement remonté les bretelles en leur collant deux paires de claques chacun et un bon coup de pied au derrière. De nouveau, ils eurent honte. Mais cette fois-ci, ils eurent honte à l'idée d'avoir pensé que leur famille, leur vraie famille, les abandonneraient. Et pour la première fois, ils cédèrent devant les autres. A la tristesse, au soulagement, à la gratitude, à l'émotion.

* * * * *

Si un jour on lui avait dit qu'elle verrait Ash crier sur des jumeaux en larmes, Ciela ne l'aurait pas cru. Et étrangement, la scène avait un je-ne-sais-quoi comique des plus ... étrange. Non seulement Ash semblait sur le point d'étrangler quelqu'un (ou de s'étrangler lui même, la chose restait à débattre) mais les jumeaux sanglotaient comme de grands enfants, sans bruit, la goutte au nez, avec des mimiques ... presque ingénues, innocentes. Amélia avait l'air complètement dépassée, et Julian ne semblait pas vouloir quitter l'espace vital de la cafetière, s'obstinant à faire profil bas. Quand à Sheena ... Honnêtement, Ciela se serait attendue à la voir fondre en larmes. Oh, elle était fragile, Sheena. Émotionnellement, du moins ... Alors la voir aussi stoïque face à se qui venait de se passer alors qu'elle même avait la gorge compressée par l'émotion l'étonnait fortement. Que se passait-il ?

C'est alors que Sheena prit une grande inspiration, et s'avança vers les jumeaux, en sortant un mouchoir en tissu de sa poche. Avec douceur, elle essuya les larmes des deux garçons, et leur fit un sourire des plus éblouissant de bienveillance.

- Je vous aime comme vous êtes. Vous seriez les fils de Rezher qu'à mes yeux ça ne ferait aucune différence. Les garçons, vous vous déshonorez en ne vous réduisant qu'aux fils de deux Saint Souls. Vous êtes tellement, tellement plus que ça ... Vous êtes de vrais héros. Vous nous avez toujours épaulé sans mot dire, malgré tout ce qu'on a pu faire. Vous êtes des personnes incroyable et ô combien précieuses à nos yeux ... A mes yeux. Vous êtes les meilleurs jumeaux du monde. Et c'est bien pour ça que j'ai l'intention d'en épouser un et de devenir la belle sœur de l'autre.

La déclaration de Sheena les laissa tous comme deux ronds de flanc. Derrière elle, Ciela cru entendre Julian s'étouffer avec son café froid, et Ash faillit partir en arrière, et atterrir dans les flammes de la cheminée. Il se retint au linteau au dernier moment. Quand aux deux concernés ... Disons que les carottes avaient pris la couleur d'une tomate bien mûre. Surtout Crìs en fait.

Ciela cligna des yeux, et se retint de se pincer. Sheena venait-elle de littéralement demander Crìs en mariage ?

- ... Y'avait quoi dans les pancakes ... ? marmonna Amélia, les yeux révulsés.

Trop émus pour dire quoi que ce soit, les deux garçons enlacèrent la petite demoiselle, les larmes coulant de plus belle. Et malgré elle, quelques gouttes d'eau salée perlèrent sur ses joues. Au final, c'était elle qui pleurait comme une madeleine.

* * * * *

- Mademoiselle Judith ?

- Oui ? dit la Demoiselle en relevant la tête de sa paperasse.

- Monsieur et Madame Altafuente sont ici. Avec ... Votre invitée spéciale.

- Faites les entrer.

La jeune secrétaire hocha la tête et s'écarta, laissant entrer le couple et son invitée en même temps. Les trois adultes bavardaient gaiement, ayant l'air de bien s'entendre. Rien de surprenant. Les Altafuente étaient un atout très précieux pour eux. Leur sociabilité et leur charisme exceptionnel avait pu ravir absolument tout le monde, et rallier bon nombre de personnes à leur cause. Quel dommage que leurs enfants n'aient pas suivi leur exemple ... A l'époque, de ce que Rezher lui avait dit, ils auraient pourtant fait de très bon soldats. Qui sait peut-être F se serait-il acoquiné avec eux ? Apparemment, ils avaient approximativement le même âge ... Elle baissa son regard vers son dossier. F. Qui était-il réellement ? Qui était le protégé de Loria et Rezher ? Qui était donc le petit génie du combat, qu'aucun adulte ne pouvait égaler sur le plan physique ? Qui était celui que Rezher avait entraîné comme une machine de guerre, deux ans durant ? Qui était le jeune homme qui du jour au lendemain avait débarqué au QG, obtenant une place au conseil sans la moindre difficulté, elle qui avait durement travaillé pendant huit longues années pour l'obtenir ? Quels étaient les liens qu'il possédait avec Loria ? Autant de questions qui lui trottaient dans la tête ... Et qu'elle n'espérait pas laisser sans réponse.

- Je vous remercie infiniment de nous recevoir, Dame Judith.

- Ce n'est rien. Vous nous êtes toujours d'un grand soutien, dit-elle chaleureusement au couple.

Elle se tourna vers son invitée, qui la regardait, les yeux pétillants, un grand sourire sublimant son visage parfaitement maquillé. D'une main qui se voulait professionnelle, elle lissa sa jupe formelle, se tenant bien droite sur ses talons aiguilles.

- Je vous remercie à vous aussi, d'être venue, lui déclara Judith avec un grand sourire. Je suis profondément navrée que notre Directeur n'ait plus vous accueillir. Il a eu ... Quelques petits contretemps.

- Ce n'est pas grave.

Judith se leva, contourna son bureau et alla lui serrer la main.

- Vous êtes une de nos plus grande donatrice. Vos dons sont une véritable bénédiction pour notre organisation.

- Pensez vous ! Votre but ... il est des plus extraordinaire. Quand j'ai assisté à votre conférence ... Ce fut une véritable révélation ! Pourtant, Dieu sait que je ne suis pas attirée par les vieilles choses. Mais ... La recherche de l'Atlantide ... Quel grand projet !

Judith acquiesça avec un faux sourire. Il y a quelques années, Rezher avait fondé un faux projet ayant pour but de financer ses explorations pour l'Atlantide. Tout était faux, bien sûr. L'argent finançait les Saint Souls. Fort heureusement, il se trouvait que beaucoup d'humains étaient d'une naïveté affligeante.

- Merci beaucoup. Vos propos me touche profondément, madame Sailor.

* * * * *

Julian poussa un long soupir et avala sa dernière lampée de café froid, pensif. Encore une fois, il avait trouvé le moyen de tout gâcher avec son inattention légendaire ... Dire que les pauvres garçons avaient été ... Il avait le don de tout foutre en l'air ... Absolument tout. Il posa la tasse sur le plan de travail devant lui, et attrapa un torchon et une éponge, se retournant vers le lavabo pour rincer cafetière et tasse quand ...

- Tout va bien Julian ?

Il sursauta si fort que tout faillit partir rejoindre le sol.

- Argh ! Mais vous avez le chic pour me faire peur ! grommela-t-il, la main posée sur son cœur, son muscle cardiaque frôlant des records de vitesse.

- Désolé. Juste ... As-tu besoin d'aide ? demanda l'écossais, une main dans la poche de son sweat écarlate, l'autre dans ses cheveux.

- Pour la vaisselle ?

- O-ouais ...

Julian secoua la tête.

- Non, c'est bon. Tout est dans la machine et pour ma tasse ... Disons que ça me détends. Tu as ... besoin de t'occuper, pas vrai ?

Ash hocha vigoureusement la tête, le regard presque voilé. La matinée avait été forte en émotion, en effet.

- Désolé, je n'ai rien à te donner. Mais ... Une douche ferait du bien non ?

- ... Merci, Julian.

- Tu m'as déjà dis ça hier.

Le jeune homme lui fit un bref sourire et sorti du salon en quatrième vitesse. Tout en triturant son torchon, Julian se retourna vers les jeunes gens, en se mordillant la lèvre inférieure. Les deux espagnols étaient toujours dans les bras de la petite Reine des Glaces, le nez morveux. En le voyant, Ciela lui fit un petit signe de la main. Il retourna bien vite à sa vaisselle.

Raaaah ... Il aimerait tellement ne pas avoir fait cette stupide erreur. Pourquoi n'y avait-il pas pensé ? Pourquoi ne pas y avoir ... Songé ? Que tout cela pouvait faire de la peine aux deux enfants ? Il était censé être un adulte responsable ! Il avait quarante-six ans, nom de Dieu ! Il n'était qu'une horrible personne ... Il poussa un énième soupir en se frottant le front de son pouce, et malgré lui, sa main se posa de nouveau sur son porte-feuille. Il l'ôta de sa poche arrière, et l'ouvrit de nouveau, contemplant encore une fois le cliché jauni par les années.

- Je suis désolé ... murmura-t-il en dessous de son souffle, plongé dans ses souvenirs.

Si seulement il avait su ce qui se serait passé ... Si seulement ... Il ne serait jamais parti. Jamais. Il avait tout gâché ... Absolument tout.

- Julian ?

- Oh, Ash ! Oui, pardon ?

- Hum ... Je peux te demander une serviette ? Parce que ... bah euh ...

Oh. Zut. Oui, peu de chance qu'il aille loin avec sa vieille éponge.

- Attends, il faut que j'aille quelque part ... Je reviens vite.

* * * * *

Amélia souffla distraitement sur les feuille de lierre qui grimpait sur la fenêtre, contemplant en dessous d'elle la rue quasi déserte de chez Julian. Le bruit de la circulation lui parvenait de très loin, accompagné de klaxon et de cris lointain. Une école devait peut-être se trouver non loin d'ici ? Sans y porter plus d'attention, elle posa son doigt sur la feuille de lierre et lui fit décrire plusieurs arabesque dans les airs avec un sourire pâle. Mais quel début de journée complètement foireux. Entre le fait que les S.S aient au final fait n'importe quoi, ce que les jumeaux leur avait balancé, et la gueulante d'Ash, ça avait été houleux. Ils avaient pleuré comme des gosses pendant un bon moment dans les bras de Sheena, qui l'avait hautement impressionnée, tandis qu'elle s'était pathétiquement tenue à l'écart, les bras ballants, quasiment fantomatique, sur le canapé. Les jumeaux avaient été au plus bas, et tout ce qu'elle avait trouvé à faire, c'était jouer la potiche. Bien joué, Amélia Loiseau. Qu'elle était pathétique. Au final, elle avait simplement attrapé ses affaires, celle de Sheena, et avait bredouillé un truc comme : « Je vais nous dégotter une chambre mercibeaucoupaurevoir » avant de se carapater aussi vite que l'avait fait Ash une fois que Julian s'était éclipsé pour faire des courses. Purée, que c'était dérangeant de les avoir vu ainsi ! Eux, les ados le plus joyeux qu'elle connaisse, s'étaient trimbalés ça pendant ... seize ans ? Nom d'un hibiscus ... Malgré elle, dans son coin, elle avait énormément réfléchit. Et emboîté certaines pièces du puzzle Altafuente. La raison pour laquelle ils n'aimaient pas leur parents, la raison pour laquelle ils avaient disparu l'été d'il y a deux ans, l'émancipation, leur soudain tracas à l'idée de venir ici, pourquoi ils étaient sur les dents, sur la défensive, à deux doigts de la crise de nerfs ... Tout ça, parce que pendant des années, le fantôme de leur famille avait plané sur eux. Et ça ... Amélia pouvait le comprendre, d'une certaine manière. Elle aurait voulu pouvoir faire quelque chose ... Quelle andouille.

- Amélia ?

- Sheena, lui répondit-elle en se tournant vers elle. Ça va ?

- Bien, merci.

Avec un joli sourire, Sheena la rejoignit sur le bord de la fenêtre, ses beaux cheveux brillant sous le soleil matinal.

- ... Tu as été extraordinaire tout à l'heure.

- Tu trouve ?

- Ça nous a tous scotché.

- J'ai pas réfléchi ... avoua-t-elle en enroulant une mèche autour de son index, en se tortillant un peu.

- Ciela n'est pas un mauvais exemple alors.

Sheena éclata d'un petit rire qui la fit sourire.

- Zelmaria ... Zelmaria m'a dit un peu la même chose. Par contre pour le coup du mariage ... j'ai peut-être un peu abusé.

- Oh non, c'était parfait. Tu m'enverras un faire part ?

- Amélia ! gronda Sheena en lui enfonçant un petit poing dans les côtes, un peu rouge.

Ce fut au tour d'Amélia de rire. Une légère brise secoua ses boucles brunes et lui apporta une odeur de soleil assez ... agréable. Une image de la Saint Elena Academy lui parvint, baignée sous les rayons du soleil de Mai, les pétales du Pêcher Éternel voletant doucement dans le vent ... Son cœur se pinça un peu. Et immédiatement, son inquiétude pour Helen et Almarica revint. Faites qu'elles aillent bien toutes les deux ... Ils n'avaient aucun moyen de contacter ni l'une ni l'autre et ... Amélia frappa du poing sur la chambranle de la fenêtre, frustrée. Son impuissance la tuait. Elle aimerait tant pouvoir faire quelque chose ! Elle se disait responsable de tout le monde, et pourtant elle restait une parfaite incapable, les bras ballants. C'est elle qui avait du être consolée par Romy, et elle n'avait été capable de ne strictement rien faire ! Mais qu'elle cruche elle pouvait être ! Une potiche ! Voilà ce qu'elle était. Des larmes de rage et de douleur lui montèrent aux yeux.

- Amy ? l'appela Sheena, d'une voix inquiète.

- Mannequin un jour, mannequin toujours ...

Elle ne valait pas mieux que la poupée de chair et de sang que sa mère voulait qu'elle soit. Elle prit une inspiration saccadée, et se frotta les yeux sous le regard inquiet de Sheena.

- Comment vont les garçons ? finit-elle par demander, ignorant volontairement le regard perçant de Sheena.

- On va bien, merci.

Amélia sursauta. Et se retourna. Romy venait d'entrer, les yeux encore un peu rouge, le visage bouffi à cause de ses larmes, ses mèches rousses encore plus indisciplinées que d'habitude. Il toussa légèrement, et se passa la main dans les cheveux.

- Julian vient de revenir ... avec des serviettes neuves. Et ... Des trucs. Des tonnes de trucs.

- Quoi ? Mais ... Quoi ? balbutia Sheena.

- Franchement, vous devriez venir voir.

Sheena se faufila derrière Romy, et appela Ash qui s'était réfugié au grenier avant de dévaler les escaliers, se précipitant vers le salon, la laissant elle et Romy tout seuls.

* * * * *

- Mais Julian ! s'écria Ciela. Ce n'était absolument pas nécessaire ! Merci mais ... Ce n'était pas nécessaire.

Sheena déboula dans le salon, ahurie, Ash sur les talons.

- Bon sang de bonsoir.

Sur la table du salon s'empilait un assortiment de serviettes colorées accompagnés de courses alimentaires et ... De bien d'autre trucs. Des sucreries, des biscuits, des ... choses pas très bonne pour la santé. Et des vêtements aussi. Avec des produits de douche, des chaussures, des chaussettes ... Il y avait même une paire Hello Kitty !

- Julian. C'est quoi ça ? demanda Ash interdit. Me dis pas que tu nous a acheté tout ça ?

- Hein ? Non. Ce sont des restes.

- Des restes ? répéta l'écossais en croisant les bras, apparemment profondément sceptique.

- Je travaille dans une association bénévole. Je suis allé chercher des dons. Il y en a toujours beaucoup, parfois trop même. Alors j'en ai pris. C'est neuf en grande partie. Je ... Je pensais que ça pourrait être utile. En aurais-je fait trop ... ? répondit le Blood Element en se grattant derrière la nuque.

Crìs, qui s'était approché de la table, semblait compter le tout, inspectant le tas versatile de ''cadeaux'', les yeux ronds.

- ... Hep. Il y a douze serviettes, soit deux serviettes chacun. Je prends la Spider-Man, et la Bob l'Éponge ! plaisanta-t-il avec un grand sourire.

Sheena sourit à son tour. Enfin. Un vrai grand sourire. Celui qu'elle cherchait à voir depuis maintenant trois jours. Pleurer leur avaient fait du bien. Une fois que Julian, Ash et Amélia étaient partis en vadrouille, elle et Ciela avaient tenté de consoler les jumeaux. Au final, ils s'étaient confondu en excuses, mais les filles y avaient coupé court avec un grand sourire. De un, ils étaient tous trop fatigués pour ça, et de deux, ils pourraient toujours parler de ça plus tard. Ils avaient donc passés la dernière demi-heure penchés sur les smartphone des jumeaux qui exploraient les profils Facebook et Twitter de leur connaissance à l'académie, tachant de grappiller quelques nouvelles de l'académie, mais hormis les selfies adorable de Luis et Steve, et les plaintes des révisions du reste, il n'y avait rien. Pas de nouvelles bonne nouvelles, hein ? Au final, elle était partie se dégourdir les jambes et avait trouvé une Amélia assez mélancolique ... Peut-être qu'elle avait du mal à digérer ce qu'il s'était passé avec les jumeaux ? Pauvre Amélia ... Toujours était-il que pour l'instant, elle avait d'autres chats à fouetter ... Ou bazar à trier.

- ... Les gens du coin sont ... généreux, dites donc, commenta Ash, l'air sincèrement impressionné.

- On a un orphelinat au coin de la rue. Les dons affluent beaucoup, notamment des gens du coin. Je suppose qu'on se sent tous concernés, par des enfants sans famille.

Ash le regarda d'un drôle d'air. Julian avait ... une espèce de candeur ... Presque enfantine. C'était vraiment adorable. Mais étrange, compte tenu de son âge. Malgré elle, Sheena sourit à nouveau. Il n'y avait pas d'âge pour être innocent !

- C'est magnifique ! L'orphelinat de mes parents devaient recevoir cinq fois moins de dons comme ça par an, s'écria Ciela, des étoiles dans les yeux.

- Les Page ... ont été orphelins ? balbutia Crìs.

- Oui. Dans un orphelinat à Namur, près de Bruxelles. Ils se sont rencontrés là bas. Ils avaient cinq ans je crois !

- Attends ... Tu es Belge ?

- Bah oui ! Ash, tu savais pas ?

Il secoua la tête. Tiens ? Réflexion faite ... Sheena non plus, ne savait pas que Ciela était Belge. Tout comme le groupe entier, à voir la tête de Crìs et Ash.

- Bon ... Du coup, on va faire quoi de tout ça ? reprit l'écossais.

- On tri. Et après on va prendre une douche, proposa Ciela.

- ¡ Vendido ! s'écria Crìs en remontant ses manches. Au fait, où sont Amélia et Romy ?

- Ils sont à l'étage. Tout les deux, rajouta Sheena, d'un ton appuyé et entendeur.

Ils se regardèrent tout les quatre. Puis se mirent au travail sous le regard un peu perdu de Julian, qui n'avait pas suivi leur échange silencieux.

Avec un peu de chance, Naomi cesserait peut-être de hanter sa meilleure amie ? Elle préférait voir mille fois un certain roux occuper toutes les pensées de sa sœur de cœur que cette affreuse demoiselle ...

* * * * *

Romy regarda Ash descendre à la suite de Sheena, et les entendit entrer dans le salon avec brusquerie. La voix de Ciela lui parvint de manière étouffée, et il devina que Julian allait sans doute se prendre une sacrée leçon ...

- ... Julian a fait quoi ?

Il se retourna vers Amy, et eut le cœur serré au possible. Elle semblait minée, et ses beaux cheveux bruns étaient emmêlés. Zut ... Était-elle contrariée ? Avait-elle ... eut peur de leur déclaration ? Il ne voulait pas. Il ne voulait pas qu'elle se mette à le haïr. Tout, absolument tout mais pas ça. Romy refoula son angoisse en déglutissant et fixa le sol.

- Des courses abusées, apparemment.

- Hum hum ...

Elle se retourna vers la fenêtre, s'amusant avec le lierre qui se mit à grimper jusque dans la chambre. Avec un petit sourire, et avec l'aide d'une petite brise, il renvoya le lierre dehors, à l'insu d'Amy.

- R-Romy ... Je ...

- Non, non. Ça va Amélia. Je me doute que ça doit pas être facile à digérer cette histoire. Tu ... Ouais, je pense que je devrai m'en aller ... Je vais voir les autres en bas, rejoins nous quand tu vou ...

- NON !

Son cri le fit presque bondir. Quand la française le voulait, elle avait un de ses coffres ... ! Elle avait pivoté vers lui, le regard pressant, la bouche pincée.

- Euh ... Je ne voulais pas crier. Euh ... Non, non, je ne voulais pas. Juste ... Tu peux rester s'il te plaît ?

- Ouais, ouais. Pas de problèmes, dit-il d'une voix qu'il espérait de tout cœur neutre, compte tenu du rythme effréné de ses battements de cœur.

Un peu plus et il allait bondir de sa poitrine, l'affreux garnement.

- Regarde comme le paysage est bizarre. J'ai jamais vu ça, même à Paris.

Il s'avança vers la fenêtre et prit place à côté d'elle, s'accoudant à la fenêtre de la même manière d'Amélia. Devant lui s'étalait le quartier du coin. La diversité de ce dernier l'étonna. Autour d'eux, des immeubles de briques rouge, tapissés de graffitis ou d'affiches quelconque, des mini balcons chargés d'affaires ... Des cris d'enfants et des rires lui parvint du coin de la rue, et une brise souffla, véhiculant différentes odeurs. Une boulangerie devait pas être loin ... avec un jardin ou un fleuriste s'il en jugeait l'entêtant parfum de rose. Il leva la tête. Le ciel était d'un bleu éclatant, sans un morceau de coton blanc à l'horizon. Le soleil brillait avec force, le faisant cligner des eux. L'été envahissait petit à petit l'atmosphère du coin, que ce soit dans l'esprit des habitants ou dans l'air environnant. L'été arrivait ... Alors qu'ils étaient encore au mois de Mai. Alors qu'ils étaient ...

- Au fait, Amy ?

- Moui ?

- Joyeux anniversaire, la flora.

Elle le regarda, interloquée ... Avant de soudainement comprendre.

- Nom d'un cactus. On est déjà le 10 Mai ? murmura-t-elle dans un souffle.

- Ouais. Désolé, mon cadeau est resté à l'Académie, lui dit-il avec un sourire désolé.

Amélia se redressa lentement, le regard étincelant d'une émotion indéchiffrable.

- Le 10 ... Mai. J'avais ... Complètement oublié. Et dans deux jours ce sera ...

- Dans deux jours, ce sera dans deux jours. Aujourd'hui, c'est de toi dont il s'agit, chère baguette.

- « Baguette » ?

- Bah quoi ? Tu préfère la grenouille ? Le béret ? Le foulard ? L'escargot ? Et pourquoi pas la marinière ?

Les coins de ses lèvres frémirent, et elle commença à sourire. Lentement, doucement.

- J'aurais pu dire vin rouge, mais tu n'aime pas l'alcool, et j'ai pas envie de me faire tuer à coup de lierre.

Cette fois-ci, elle éclata de rire. Un vrai, grand rire, qui s'envola dans les airs telle la plus douce des mélodies à ses oreilles. Elle ne le détestait pas. Elle ne le détestait pas. Elle ne le détestait pas. Romy se passa cette phrase en boucle dans sa tête en savourant chaque mot, en se délectant de son sens. Tout n'était pas perdu.

- Ouuuuuuuuu ... Le lys ! Le lys blanc. C'est un symbole français ça non ? lui dit-il en se tournant vers elle, mesquin au possible.

- Le lys blanc c'est la royauté française avec tous les Louis et tous les François mon cher Flamenco ! C'est dépassé. Maintenant, nous ce qui nous botte, c'est la démocratie républicaine !

- Le Flamenco, c'est andalou, pas catalan ! répliqua-t-il du tact au tact en se penchant vers elle. Et qu'as-tu contre notre chère royauté ?

- On lui a coupé la tête en 1793, lui souffla-t-elle en se rapprochant de lui, avec un sourire en coin.

- En même temps, vous, les révolutionnaire, vous ne savez même pas faire la part des choses.

Elle haussa un sourcil, et son sourire se mua en rictus diabolique. Puis, elle se pencha vers lui, plus, encore plus ... un peu trop. Beaucoup trop.

- Peut-être, mais on a eu Olympe de Gouges. La fondatrice des Droits de la femme. On a eu aussi de sacrés féministe, mon cher. Alors ne cherche pas à me provoquer, sinon, ça finira mal. Pouvoir aux femmes, la zanahoria.

Il resta sans voix. Bon dieu, mais qu'elle recule ! Ou il allait ... faire un truc qu'il regretterait très probablement, la joue en feu d'une claque qu'il recevrait très certainement. Qu'elle recule, qu'elle recule, qu'elle recule, qu'elle recule ...

- Wow, tu fais une drôle de tête Romy ! J'ai gagné ! Échec et mat, le carpaccio.

Ouais. Échec et mat. Et touché coulé tant qu'à faire. C'était pas passé loin.

- Merci du cadeau.

- Ton cadeau il est aille ...

- Merci de t'être confié, avec Crìs.

- De m'être ... ?

- Ash a mille fois raison. Vous êtes des imbéciles, les gars. Sérieusement, vous pensiez qu'on vous jetterait la pierre ? Nous aurions été les pires hypocrites de la planète terre ce faisant. Et puis ...

Elle pinça les lèvres.

- Ça aurait été cruel. Mille fois cruel. Et injuste. Vous avez tant fait pour nous ... Et puis au fond, nous savons que vous n'êtes pas d'affreux Saint Souls. Vous êtes des Altafuente, oui. Mais vous êtes aussi Crìs et Romy, Romy et Crìs. Crìsomy ou Romìs !

- « Crìsomy » ? pouffa-t-il, d'une voix étranglée.

- Chut, laisse moi finir. Je ... Je suis désolée d'être restée totalement stoïque tout à l'heure. C'était parfaitement stupide de ma part. Juste ... Vous voir pleurer ça m'a fait bizarre et ... J'avoue que je ne me doutais pas que vous aviez de telles marmites.

- Amélia, c'est casseroles, pas marmites.

- C'est pareil ! Et arrête de m'interrompre ! T-tout ça pour dire ... je suis désolée d'avoir réagie aussi nullement.

- T'as rien fait de mal, Amy. Rien du tout.

- C'est ça le problème. J'aurais du faire quelque chose.

- Amy, t'es trop dure avec toi même. Tout va bien. Hé, t'es pas un monstre, tu sais. Au contraire ! Tu es une des personnes les plus ... Bon, je dirais pas gentille parce que je suis honnête, mais tu es une des personnes les plus extraordinaire que je connaisse. Une formidable fleur de lys.

Son regard émeraude s'illumina, comme son visage entier, et elle devint pendant un instant l'incarnation même de la surprise. Bon Dieu, qu'elle était belle. Elle détourna la tête, un sourire ému fleurissant sur ses lèvres.

- Oh, Romeo ...

- « Pourquoi es-tu Romeo ? » la taquina-t-il.

Elle lui fila un coup de coude, avec un petit rire, et il se laissa faire.

- Non mais regarde toi. Au final, c'est toi qui me remonte le moral alors que ça devrait être l'inverse.

- C'est dans ma nature, petite fleur.

- Tu ne me dépasse que de dix centimètres !

- Bien ce que je dis, tu es petite. Même Ciela t'a rattrapé !

- Espèce de ... grommela-t-elle en bourrant son épaule de petits coups de poings.

Puis, n'y tenant plus, il s'écarta soudainement, déséquilibrant Amélia, et la prit dans ses bras, l'enserrant de toutes ses forces.

- R-Romyyyyyyyyyyyy ? l'appela-t-elle, d'une voix étouffée, d'où transparaissait une surprise plus que certaine.

- Merci, Amélia. Merci d'être là, de ne pas nous haïr, de ... De ... D'exister. Merci, merci, merci. On ... On peut rester comme ça encore un peu ... ?

Il avait juste envie d'enfouir sa tête dans ses cheveux, y passer ses doigts, la garder là, dans ses bras, pour toujours. Il l'aimait. Il l'aimait tellement. Tellement qu'il aurait pu envoyer balader le monde pour elle. Et elle, elle était là. Se plaignant qu'elle n'a rien pu faire pour les aider. Elle était si incroyable, si extraordinaire ... Et elle se souciait d'eux. De lui. Et qu'il l'aimait.

Honnêtement, il pensait qu'Amélia le repousserait. En lui collant une baffe ou deux, peut-être. Mais il ne s'attendait pas à sentir deux bras fins l'enserrer à leur tour, lui frottant doucement le dos. Elle ne le rejetait pas en bloc. Amélia était un cadeau. Une bénédiction. Sa bénédiction. Et il ne laisserait jamais personne la le lui prendre.

* * * * *

Elle soupira plus fort que jamais, son visage enfoui dans ses mains, fébrile. Allez encore. Encore un petit effort. Elle y était presque. Titubant presque, elle se releva et continua à avancer, presque aveugle, les mains tendues devant elle, l'esprit embrumé par la douleur. Elle devait y arriver. Elle devait y arriver. Elle devait y arriver. Un visage chaleureux et souriant lui traversa l'esprit.

« - Je t'aime. Tu m'entends ? Je t'aime. Et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu puisse être heureuse. »

Sa voix tournait dans sa tête, et agissait sur elle comme un baume. Malgré elle, elle sourit de toutes ses forces, et avança, encore, encore, et encore, puisant sa force en ses souvenirs, sa nostalgies, ses rêves, ses espoirs. Elle y était.

Avec un râle digne d'un mort vivant, elle se matérialisa. Sur une table. Sous les yeux médusés de ses amis, et ... De Julian ?

- ... Almarica ? balbutia Ash.

Elle hocha lourdement la tête. Et s'évanouit.

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BABABABABAAAAAAAAM ! CLIFF-CLIFF MAGGLE ! Vive le suspens //SHBAAAFF//

Les jumeaux ... Z'en pensez quoi ? J'aime bien leur background. C'est stupide mais ... Nyeh. J'aime mes personnages. Sauf Rezher. Personne n'aime Rezher.

(Avouez, vous ne vous attendiez pas à ce que Shee-Shee fasse ça, hein ?)

Bonjour Maman d'Amélia ! Ça faisait longtemps, pas vrai ? J'en ai pas fini avec elle.

Sortez les violons, ce chapitre était à l'eau de rose. Mais c'est bien l'eau de rose. Et en guimauve. MAIS VIOLETTE OU FUCHSIA LA GUIMAUVE ?

ET CIELA EST BEEEEEEEEEEELcGE ! Enfin. J'attendais le bon moment pour le dire. (*tousse*ouiparcequejevoulaissurtoutpaslafairefrançaiseparcequeAmyl'estdéjàetqueçamedérangeaitunpeu*tousse*)

Merci beaucoup ! Vous avez été nombreux à me répondre quant à votre nationalité, et c'est incroyable le nombre de personnes diversifiées qu'il y a sur Wattpad ! On est tous là, avec des origines et des nationalités différentes, mais reliés ici par notre amour des bouquins. C'est extraordinaire. Vive la littérature.

Bref, fini le mélo, passons aux choses sérieuses. LE BAC EST DANS QUELQUES JOUUUUUUURS ! BON COURAGE, JE CROISE LES DOIGTS ET JE CROIS EN VOUS ! ON VA TOUS Y ARRIVER LES GENS ! Que ce soit pour le Bac, le Brevet, les exams' de fin d'année, on vaincra. DERNIÈRE LIGNE DROITE ! Quand à ceux qui ont que dalle, allez vous faire voir chez Bellum. Mais je vous aime quand même.

A la prochaine bande de requins pleins de caries !

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