Chapitre 13 : discussions nocturne
Almarica s'extirpa du mur et retint un juron de justesse. Le bureau d'Eric Sutter n'était ni plus ni moins qu'un véritable capharnaüm. Elle admit avec un pincement au cœur qu'Eric s'était fait capturer, certes, mais pas sans se défendre. Le pauvre.
Cela devait bien faire un quart d'heure qu'elle l'avait aperçu entre les mains des Saint Souls. Elle avait en ce moment même très peur pour Helen. Il fallait qu'elle la retrouve au plus vite !
- Pitié, faites qu'elle aille bien ... siffla-t-elle entre ses dents.
Les rapports qu'Almarica entretenait avec Helen Hunter étaient des plus étranges. C'était une forme d'amitié assez particulière. Il faut dire qu'elles se connaissaient depuis des années ... Des dizaines d'années. A l'époque où elles s'étaient rencontrées pour la première fois, Helen n'avait même pas la vingtaine. Et depuis, elles ne s'étaient jamais vraiment perdues de vue. Alors lorsque Helen l'avait reconnue sous le déguisement de Marika, ça ne l'avait guère étonnée. Embêtée, certes, mais pas étonnée. Alors savoir la Directrice actuellement en mauvaise position ... Elle cligna des yeux, chassant la possibilité monstrueuse que pourrait engendrer le pire des scénarios.
- Helen Abigail Hunter. Je te préviens, tu as tout intérêt à être encore en vie, ou je te jure que ...
La frustration allait la tuer. Soudain, elle entendit un bruit fracassant. Ni une, ni deux, elle plongea dans les ombres à moitié, permettant à la fois d'être invisible aux yeux d'intrus et de pouvoir surveiller la situation sans être repérée.
- Bon sang de bois ! grogna une voix familière.
Helen ! C'était Helen ! Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale et Almarica faillit laisser échapper un gémissement de soulagement. Mais alors qu'elle s'apprêtait à se précipiter vers Helen, la présence d'une autre silhouette attira son attention. Helen n'était pas seule.
- Helen Hunter. Directrice de l'académie ! Si l'on m'avait dit un jour que la gamine la plus indisciplinée de l'île allait me voler mon poste, je t'aurais tuée sans hésitation.
Ce petit corps gros et gras. Ces petits yeux vert émeraude scintillant de malveillance. Ce sourire suffisant. MALCOLM. HORACE. Encore et toujours lui. Une vague de rage monta sournoisement en elle, et Almarica serra les poings, prête à lui refaire le portrait. C'est alors qu'elle remarqua l'objet métallique entre les mains de l'affreux bonhomme.
- Oh, mer ...
Un pistolet. Horace pointait un pistolet sur Helen. Le regard d'Almarica dériva sur la Directrice, l'adrénaline commençant à courir dans ses veines. Et c'est avec horreur qu'elle aperçut la tache écarlate qui s'étendait sur son tailleur beige, juste en dessous de ses côtes gauches. Il lui avait tiré dessus.
- Tu ne mérites PAS d'avoir été un ancien directeur ! La Saint Elena Academy se porte bien mieux depuis que tu n'es plus là. Comme tu n'aurais jamais dû y être.
L'homme ventripotent prit une grande inspiration, l'air profondément irrité.
- Sous mon directorat, au moins, les Saint Souls n'ont pas pénétré sur la Saint Elena Academy et n'ont pas tué quatre élèves avant d'envahir l'île deux ans plus tard.
Le coup bas. L'affreux coup bas. Quel monstre ! Pauvre Helen ...
- Sans doute parce que moi, je n'étais pas de mèche avec eux, et ne me faisais pas verser de pot de vin. Et dois-je rappeler lequel de nous deux s'est fait expulser de l'île par l'Inexistante ?
Almarica ne put retenir un grand sourire, ressentant presque de la fierté envers la réplique d'Helen. Elle oubliait parfois que la Directrice était une Hunter ... Et par conséquent, une vraie tête dure. Mais même si faire la fanfaronne ainsi était sans doute bon pour l'ego, c'était très mauvais pour la santé, étant donné la balle qui se trouvait dans son abdomen et l'arme à feu pointée sur elle. Almarica devait tirer Helen de là au plus vite !
- Toujours aussi insolente ! Mais plus pour longtemps ... murmura-t-il.
Il visa Helen qui se raidit, la mâchoire serrée, et fit un rictus des plus immondes.
- Rezher voulait que je te ramène, sans doute pour servir d'appât à ton neveu et ses amis, toujours en liberté quelque part dans le bâtiment, tels de vrais rats.
Almarica faillit ricaner mais se retenu au dernier moment. Ils n'avaient toujours pas compris que les Last Hope n'étaient pas dans le bâtiment. Remarque, vu que les issues étaient condamnées, c'était normal qu'il en ait conclu ça. Mais la réflexion de Rezher avait du bon : si jamais Ash apprenait que sa tante était entre les mains de l'ignoble chef des Saint Souls, il foncerait tête baissé pour l'aider, Last Hope sur les talons. Elle repensa aux jeunes gens, dans le grenier, sans doute morts d'angoisse pour elle ... Elle ne pouvait se permettre de les décevoir. Il fallait qu'elle sauve Helen. Almarica s'accroupit, prête à bondir, attendant le bon moment pour s'abattre.
- Mais ça ne me poserait que trop de problèmes. Et tu n'imagines pas combien je meurs d'envie de coller cette balle dans ton crâne de femmelette.
Lentement, les ombres s'épaissirent autour d'Almarica, étendant l'entrée du Domaine des Ombres, à l'insu des deux adultes. Pupilles rétractées, sueur froide coulant le long de sa nuque, Helen semblait croire sa dernière heure arrivée.
- Adieu, Helen Hunter. Dis bonjour à ton frère de ma part.
Malcolm Horace rit à gorge déployé en appuyant sur la détente. Le coup de feu partit. Et les ombres les engloutirent.
* * * * *
- Sauvé ... la vie ? balbutia Ash, ne pouvant cacher sa surprise.
- Et oui. Est-ce si étonnant ?
Il ne répondit pas. Cette fois-ci, Julian ne se rendit pas compte de sa gêne. Sourire nostalgique plaqué sur ses lèvres, sa queue de cheval blonde reposant sur son épaule droite, ses yeux écarlates reflétant les flammes qui rongeait le bois dans la cheminée, laissant de temps en temps échapper un craquement qui troublait le silence de la pièce, l'homme était définitivement perdu dans ses souvenirs. Ash, malgré sa réticence, relança la conversation : sa curiosité le perdrait.
- Comment ça ... Ils vous ont sauvé la vie ?
- C'est une longue histoire tu sais ...
- J'ai tout mon temps, et peu sommeil.
Son sourire s'agrandit.
- Tu sais, à l'époque, vos parents étaient ... Connus va-t-on dire. Peu de temps avant que je ne les rencontre, il s'était passé un drôle d'événement qui avait fait le tour de l'île.
- Un drôle d'événement ?
- Disons qu'un mauvais gars tournait un peu trop autour de ta mère ... Ça n'a que très, très peu plu à ton père. Il l'a ridiculisé d'une manière spectaculaire au vu et au su de tous, avec l'aide de Céleste et Aïdan.
- ... C'est loin d'être glorieux, ça.
- Détrompe-toi. Cet homme était ... Hum. Disons qu'il avait tendance à jouer sur plusieurs tableaux en même temps. Une sorte de Dom Juan en plus cruel. Il a fait des choses sérieusement ... Répréhensibles. Mais comme il était un « fils de », personne n'osait vraiment lui dire quoique ce soit. Il était une véritable plaie ouverte. Puis ton père est arrivé et a donné un grand coup de pied à la fourmilière. Lui qui pourtant avait tendance à rester dans l'anonymat, n'a pas hésité une seule seconde. Henry a réuni toutes les preuves qu'ils pouvaient trouver contre lui, témoignages à l'appui, et a tout révélé au grand jour. En faisant ça, il a enlevé une sacré épine du pied de beaucoup de personnes, professeurs compris. Aïdan et Gloria étaient déjà bien connus, mais leur côte de popularité a explosé après coup.
Ash en oublia jusqu'au fait qu'il aurait dû être énervé à la mention de sa famille, troublé. Lui aussi s'était fait connaître quelques années auparavant, en rabattant le caquet d'Alexandre qui ne cessait d'embêter les plus jeunes. Bien que l'action venait à l'origine de Sheena, il devait avouer qu'il y avait participé de manière conséquente ... Depuis tout ce temps, il marchait donc dans les traces de son père ... Parfois, il se disait qu'il avait l'impression de vivre dans un livre rocambolesque.
- C'est quelques semaines après toute cette affaire que je les ai rencontrés.
L'homme se gratta derrière l'oreille, apparemment mal à l'aise. Ash le laissa chercher ses mots.
- Hum ... Disons que ... Ça n'a jamais été simple d'être un Blood Element, quelles que soient les époques ... D'autant plus lorsque votre frère jumeau est Jonathan Smith.
- Vous ... Viviez dans son ombre ?
- Dans son dégoût et sa honte, plutôt.
Ash remua légèrement, mal à l'aise. En effet, il avait entendu parler des discriminations faites aux Blood Elements. Nombre d'entre eux avaient été tués au Moyen Age et à la Renaissance, notamment dû à l'inquisition et à ces fichues chasses aux sorcières. Même si la communauté des Elements en avait bien bavé à cette époque, c'était définitivement les Blood Elements et les Reines des Glaces qui en avaient le plus soufferts. Pourtant, les Blood Elements n'auraient pas dû être aussi discriminés. Ils étaient des guérisseurs après tout, non ? Du moins c'est ce qu'il pensait. La mentalité de certaines personnes lui échappait vraiment parfois ... Et tant mieux, en serait-il presque venu à penser.
- J'étais ... Au bout du rouleau. Seul depuis trop longtemps, abandonné par tous ... Je ne me serais donné pas quelques années de plus ... A l'époque.
Julian n'avait pas l'air d'être une mauvaise personne ... C'était désolant qu'il ait pu en arriver là ... Tout ça parce qu'il était né dans la mauvaise famille ...
- Aïdan et Henry furent les premiers à s'approcher de moi. Rapidement, ils sont devenus très proches, et bien que je n'ai jamais eu une grande importance pour eux, j'en suis sûr, ils étaient ... comme des amis pour moi. Je les admirais beaucoup, eux comme Céleste et Gloria. Toujours à venir en aide à ceux qui étaient dans le besoin, toujours à tendre la main, et à distribuer des claques à ceux qui le méritaient, bien trop protégés par Horace ... Ta mère, particulièrement, était championne dans ce domaine. Maria et Helen aussi. Elle s'entendait bien toutes les trois.
« Maria » ? Il n'avait jamais entendu parler d'elle. Helen ne parlait jamais de ses années d'études, mais il avait rencontré au moins à une reprise ses anciennes amies de la S.E.A. Pourtant ... Maria ? Ce nom ne lui disait strictement rien ... Smith du voir son étrange expression, car il secoua la tête et fit un geste vague de la main.
- Oh, c'était une fille qui traînait souvent avec eux. Une Element des ténèbres discrète et très silencieuse. Je ne l'ai jamais vu sans eux ou Helen. Et jamais en dehors du parc de l'académie ... Ou même dans les couloirs de l'école, maintenant que j'y pense. Uh ? Étrange ...
Une Element des ténèbres discrète et silencieuse qui ne sortait jamais du parc de l'académie. Oh non. La photo qu'il avait trouvé dans le Sous-Sol, avec Ciela, où Almarica posait avec leurs parents lui revint en mémoire. Almarica ... Maria. Bon sang de bonsoir. Actuellement, Ash priait pour une coïncidence. Une belle grosse coïncidence. Parce que sinon, ça ferait un peu trop pour lui.
- Vous avez connu Helen ? demanda Ash, changeant volontairement de sujet.
Julian sembla se raidir et il gigota sur son fauteuil, mal à l'aise.
- Hurm. Heu ... Oui. Co ... Comment va-t-elle ?
- ... Elle est la Directrice de la S.E.A.
Il préféra passer sous silence l'actuelle disparition de Helen. Après tout, ils ne l'avaient mentionné nulle part dans leur récit, alors autant rester vague, d'autant plus qu'il ne savait pas quel genre de rapport il avait pu avoir avec sa tante.
- Ça ne m'étonne pas d'elle. Elle s'était toujours promis d'un jour de réussir à bouter hors de l'académie Malcolm Horace. Je suis heureux de savoir qu'elle ait réussi.
Malcolm Horace. Si Ash se souvenait bien, l'homme dont il était question se trouvait être le Directeur qui avait précédé Helen. Et de ce qu'il savait, ce n'était pas un modèle. Profondément raciste, haineux de la jeunesse, et surtout particulièrement cupide, il n'hésitait pas à favoriser ses ''chouchous'', et dénigrer ceux qu'il avait pris en grippe. Au bout d'un moment, les élèves et même certains habitants de l'île avait mis un stop à son règne de terreur, et il s'était carapaté hors de là, la queue entre les jambes. Puis Helen lui avait succédé, et personne n'y avait rien trouvé à redire.
- J'ai passé en leur compagnie des moments en or. Toutes les choses qui se sont passés ... Ils m'ont toujours aidé quand j'en avais besoin, et j'ai toujours tenté de leur apporté mon aide en cas de soucis, aussi.
Soudain, son regard s'assombrit, et il prit une expression peinée.
- Et puis ... Alors que les examens de fin de lycée venaient à peine de finir ... Ils ont disparu. Sans dire un mot à qui que ce soit. Même Helen ne savait pas où ils avaient bien pu passer. Au bout de quelques jours, tout le monde se rendit à l'évidence : personne ne pouvait s'évaporer ainsi. Ils étaient sans doute morts. Immédiatement, nous nous sommes tous mis à soupçonner Malcolm Horace d'en être responsable, lui qui avait des rapports plus que houleux avec eux. C'est à ce moment là que la tension monta entre lui et les élèves. Je suis parti finir mes études à l'étranger alors j'ai perdu contact avec la situation de l'académie, mais la nouvelle de la démission de Malcolm Horace a fait le tour de la communauté ... Et dire qu'en fait ils étaient encore ...
Il se tut à nouveau, avec un grand sourire, les yeux pétillants de joie. Non. Oh non. Il allait demander si ...
- Comment vont-ils ?! Que sont-ils donc devenus ?! Où étaient-ils depuis tout ce temps ? Ah ... Je me demande si je pourrais ...
- Ils sont morts.
Ash aurait voulu le dire de manière plus douce, plus ''soft'' comme disaient les jumeaux parfois ... Mais ça l'avait un peu ... Paniqué. Et il culpabilisa d'autant plus lorsqu'il vu l'immense peine qui ressortit alors sur son visage. Argh.
- Qu-quoi ... Je ... Mon dieu. Oh non mon dieu ... T-toutes mes codon ... Condoléssa ... Condoléances ...
Il cligna des yeux. Ses pupilles brillaient toujours. Mais ce n'était plus dû à la joie. Et mer ...
- Je ... Pardonne mon indiscrétion, mais ... Quand cela s'est-il produit ?
- ... Les parents de Ciela sont morts dans un incendie il y a quatorze ans, je crois. Les miens ... aussi. Il y a sept ans.
Ironique, n'est-ce pas ? Son père, Element de feu, mort dans un incendie ... En effet. Bien trop ironique pour être vrai. BIEN TROP.
- Et dire que ... Pardonne-moi Ash. Je ne voulais pas faire remonter de mauvais souvenirs.
- Vous ne saviez pas ... soupira Ash, résigné.
Du coin de l'œil, il le vit essuyer une larme rapide. Puis une autre.
- Oh ... Je ne devrais pas ... Je ne sais même pas pourquoi je pleure maintenant ... Je les savais ...
- Ils n'étaient que disparus ... Pas officiellement morts, souffla Ash.
Dit ainsi, ça ne pouvait pas signifier grand chose. Mais ... Quand des personnes disparaissaient ... Ne restait-il pas ce petit, ce minuscule espoir, d'un jour les revoir en chair et en os ? D'un jour entendre retentir la sonnette, d'ouvrir la porte d'entrée, et se retrouver face à un souvenir que l'on croyait perdu à jamais ? Combien de fois lui même l'avait-il rêvé, espéré, souhaité ? Différents scénarios, lieux, temps ... Mais avec toujours le même fil rouge. Parfois il a un livre entre les mains, parfois il dort, parfois il est même entrain d'essayer d'échapper à une blague des jumeaux. Puis il lève les yeux. Par hasard, ou parce qu'il a entendu un bruit. Et il le voit là. Debout dans la lueur du soleil. Souvent sale comme un poux. Souvent débraillé. Mais toujours avec ce grand sourire éclatant. Toujours avec ses cheveux en pétard. Et puis là, il lui dit, d'une voix enjoué :
« - Alors ? Ça boome ? »
- Ash ?
Il sursauta. Mince.
- Tu es en train de t'endormir debout.
Ash faillit protester, mais un bâillement l'empêcha de dire quoi que ce soit d'autre. Julian se fendit en un grand sourire.
- Je devrais avoir honte. Tous endormis sur le canapé, ou à même le sol ...
- ... On a vécu pire, vous savez.
- J'en ai peur.
- ... Merci. Merci ... Pour ça.
Ils ne l'avaient même pas remercié. L'homme leur offrait le gîte, et même le couvert, et ils ne lui avaient même pas dit merci.
- Merci à vous. Si vous saviez combien c'est ennuyeux le samedi soir ... répondit-il avec une pointe d'humour.
Ash étouffa un bâillement et alla s'asseoir à côté de Ciela, fixant le feu crépitant dans la cheminée. Il trouvait ça particulièrement beau, le spectacle des flammes. Elles semblaient mues d'une volonté propre, se mouvant imprévisiblement, faisant presque une danse ... hypnotique ...
Julian fit un grand sourire emprunt d'émotions, laissant une larme rouler sur sa joue. Il semblait qu'en plus du physique et de l'élément, Ash ait hérité de la capacité extraordinairement enviable d'Henry à s'endormir n'importe où avec une grande rapidité.
* * * * *
« - ... Comment on a pu en arriver là ? Comment ?
Almarica secoua la tête, paniquée. Elle saisit la main brûlante et tremblante de Svelja, et la serra fort. Allongée sur son lit, terrassée par une violente fièvre, Svelja avait glissé depuis plus d'une heure dans une profonde inconscience. Que s'était-il passé ?!
De l'autre côté du lit, Fenror veillait sur son aimée, miné, le visage creusé de fatigue. Derrière lui, Philios faisait les cent pas, ses cheveux complètement emmêlés, dû au nombre impressionnant de fois où il s'y passait les mains, les mâchoires si sévèrement verrouillées, qu'un muscle tressautait sur sa joue. Depuis ce matin, l'Element de lumière se plaignait de maux de têtes ... De tournis ... Et maintenant, ça. Au nom des quatre dieux, mais qu'allaient-ils bien pouvoir faire ?!
- ... Je suis sûr que c'est à cause de toi.
Interloquée, Almarica releva la tête. Philios la foudroyait du regard.
- C'est toi pas vrai ?! Je suis sûr que tu lui as fait quelque chose !
Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale, et elle eut l'impression de se recevoir un coup de poignard en plein cœur. Comment OSAIT-IL ?!
- Ce n'est pas moi ! De quel droit m'accuses-tu de ...
- J'ai été stupide à l'idée de te faire confiance ! Tu es la sœur de Bellum après tout !
- N'était-ce pas toi qui disais que tu te fichais de nos histoires de famille ?!
- J'avais tort de baisser ma garde apparemment !
C'en était trop. Almarica bondit de son tabouret, les poings serrés.
- Tu penses quoi ? Que j'ai empoisonné Svelja ?! ESPÈCE D'IDIOT ! Si j'avais voulu la tuer à coup de poison, je n'aurais pas utilisé un poison aussi PEU EFFICACE ! rugit-elle.
Ses propos choquèrent Philios qui eut un mouvement de recul.
- Ça suffit vous deux ! Immédiatement ! Philios, calme-toi. Almarica n'a rien à voir avec ça.
Il baissa la tête, mais Almarica lut dans son regard les soupçons qu'il portait sur elle. Ça la révolta jusqu'au plus profond de son âme. C'était lui, le premier qui lui avait fait confiance. Lui qui l'avait conduite jusqu'à son frère et Svelja. Et maintenant, il lui ...
Son regard se posa sur Svelja, et elle constata avec angoisse que la fièvre ne baissait pas. C'est à ce moment là qu'elle aperçut les étranges plaques rouges qu'elle avait sur le bras gauche. Puis sur le bras droit. Et sur son cou.
- Fenror. Qui s'est occupé de préparer la salade de ce matin ?
- Moi, répondit Philios.
- Et c'était quoi ?
- Des racines de Rohka. Je suis allé les cueillir moi même, pourquoi ? répondit Philios.
Rohka. Des racines de Rohka. Sucrées, mais ... Facilement ...
- La fleur était rouge foncée avec des petites taches blanches ?
- En effet, confirma-t-il en fronçant les sourcils.
Elle expira bruyamment, presque soulagée. Mais oui bien sûr !
- Espèce de ... Les Rohka sont écarlates ! Pas rouge et blanches ! C'était des Roïka !
Philios blêmit.
- D-des Roïka ?
- Où est le problème ? intervint Fenror.
- Ces deux plantes sont semblables, au goût, à l'odeur, ou même quasiment à l'apparence, mais la Roïka produit des toxines qui peuvent rendre certaines personnes extrêmement malades, expliqua-t-elle à son frère.
- Svelja est allergique à la poudre de Roïka, murmura Philios d'une voix étranglée, sourde.
Classique. La poudre que l'on obtenait à partir des racines de Roïka était souvent utilisée pour assaisonner certains plats, et leur donner plus de goût. Plus utilisée que le Rohka, car la plante était plus facilement cultivable ... Mais plus dangereuse.
- Elle fait une réaction allergique à cause de ce matin.
Fenror leva un regard brillant d'urgence vers elle.
- Peut-elle en mourir ?
- J'ignore le degré de répulsion qu'elle possède envers la Roïka et étant donné la dose qu'elle a avalé ce matin ... Mais je crois pas qu'elle puisse en mourir. Pas si on agit vite.
- ... C'est moi qui suis allé cueillir les fleurs ... C'est ma faute ... murmura Philios, plus blanc que neige, en titubant presque.
Almarica l'ignora superbement, cherchant à toute allure un antidote ... ALLEZ. Et pourquoi pas ... ?
- Fenror, va me chercher de l'eau, fait la bouillir au plus vite. Philios, va me prendre de l'écorce et de la sève de Calliope, mais pas de la sève sèche.
Il la regardait avec des yeux ronds, quasi bouche bée.
- ... TOUT DE SUITE ! rugit-elle.
Les deux Elements avaient quitté la maison avant même la fin de sa phrase. »
* * * * *
... Que de vieux souvenirs ... Pourquoi cela lui revenait-il maintenant ? Sans doute parce qu'en ce moment même, Helen était en train de mourir dans ses bras.
- S'il te plaît Helen ... Tiens bon ... Tiens bon, Helen ... Ne pars pas. Ne vas pas rejoindre les autres ... Ash a encore besoin de toi ... Helen ... Bats-toi. Si tu survis, je te promets que je te révélerais un secret. D'accord ? Tiens bon, Helen ... Helen ... Helen ... Ne laisse pas Malcolm t'abattre. Tu me l'avais promis à l'époque ... Allez Helen ... Je t'en supplie, Helen ...
Pitié. Que les quatre dieux aient pitié d'elle. Elle ne pouvait pas perdre une autre personne. Pitié. Pitié. Pitié.
* * * * *
« - Tiens ? Encore là toi.
Le regard fixé sur l'immense voûté étoilée qui s'étendait au dessus de lui, Ash ne daigna même pas répondre à Fenror. Bon sang de bonsoir, il voyait même la voie lactée !
- C'est ... Magnifique. C'est magnifique.
- ... Oui. C'est dommage. Vous n'avez pas ce ciel, maintenant. Les étoiles sont moins visibles ... C'est dommage.
- C'est la faute de la pollution.
Fenror éclata de rire, et mâchonna encore une de ses feuilles.
- Bon sang de bonsoir mais tu les choppes où ?!
- Dans mon imagination. On peut faire tout ce qu'on veut dans un rêve lucide, lui dit-il avec un sourire en coin. Comme par exemple, te vêtir d'un costume d'ours en peluche.
- ... Tu as de drôles de délires. Bon sang de bonsoir, je ne veux même pas savoir ce qu'il se passe là haut. Et tu n'as pas intérêt à faire ça !
Il éclata encore une nouvelle fois de rire et avala une nouvelle feuille. Ash leva les yeux au ciel et balaya les alentours de son regard. Les étoiles étaient si brillantes qu'elles pourraient éclairer la clairière sans aucun problème même sans l'aide du grand croissant de lune aussi blanc que la neige qui n'avait rien à envier au soleil. La clairière de la cabane, bien sûr. Il ne se rendait pas autre part depuis la première fois qu'il avait commencé à rêver avec Fenror. Assis non loin de la maison se trouvait Philios et Fenror, débraillé, l'air épuisé, le visage creusé. Uh ? Ce n'était pas normal ça ...
- Fenror ... ?
Ce dernier, la tête toujours dans les étoiles, suivit distraitement la direction pointée par Ash, et se regarda lui même en compagnie de Philios. Soudain, il fronça les sourcils ... Et bondit sur ses pieds.
- Par les ... Oh.
- Tout va bien ?
- Ash, tu te souviens quand je t'avais dit qu'il y avait eu de l'eau dans le gaz entre Philios et Almarica un jour ?
- Oui ... ?
- Et bien c'était aujourd'hui.
Oh. Ash ouvrit de grands yeux.
- Mais qu'est-ce qui a bien pu se passer pour que ces deux-là ... ?
- Tôt dans la matinée, Svelja tomba malade. Presque en un clin d'œil. Et gravement. Au point où on en est venu à douter de ... sa survie future.
Estomaqué, Ash ne put dire un mot.
- Philios a paniqué d'une manière assez hystérique, et a accusé Almarica d'avoir empoisonné Svelja.
- ... Pardon ?
- Surprenant hein ? Comme quoi les gens peuvent changer. A l'époque Philios était très dévoué à Svelja. Il n'aurait pas hésité une seule seconde à sacrifier sa vie pour elle. Alors la voir dans un tel état ... Disons qu'il a ... Comment vous dites déjà ? Ah oui. Il a pété une durite. Au final, tu t'en doutes, Almarica n'avait strictement rien avoir dans cette histoire. C'est même elle qui l'a soignée, et Philios qui lui avait indirectement causé du tort.
- ... Je ne veux pas me mêler de cette affaire, mais c'était très stupide de sa part de l'accuser ainsi sans preuve.
- En effet. C'est la raison pour laquelle il s'est rapidement trouvé très ... bête. Au point qu'il est venu m'en parler. Il s'était excusé, bien sûr, mais Almarica avait tellement été blessée par ses accusations précédentes qu'elle refusait tout bonnement de lui adresser la parole sans lui hurler dessus. Il a fini par venir me demander conseil.
- Et qu'est-ce que tu lui avais dit ?
- Si tu veux savoir, je t'invite à t'approcher, ricana l'Enerien en avalant une nouvelle feuille.
Ash leva les yeux au ciel et s'avança à pas rapide vers le duo, se stoppant à quelques mètres d'eux, un peu gêné. Même si ce n'était qu'un souvenir, ça le mettait mal de s'incruster ainsi dans une conversation qui ne le regardait même pas. Mais encore une fois, sa curiosité avait pris le dessus. Il s'installa en tailleur par terre et tendit l'oreille, ignorant Fenror qui s'assit lourdement à ses côtés.
- ... Dure journée hein ? commença Philios, le regard fixé sur ses mains.
- Presque aussi dure qu'à l'époque où j'étais sous le commandement de Bellum, plaisanta Fenror en retour.
Une poignée de secondes s'écoulèrent dans le silence le plus complet.
- Fenror ?
- Oui ?
- Je suis stupide.
- Je sais.
Philios grimaça. A ses côtés, l'ancien Fenror souriait nonchalamment, profitant de la petite brise nocturne.
- Ta sœur ... Je me suis emporté. Je ne voulais ... tenta de se justifier Philios.
- Tu t'es emporté, c'est vrai. T'avais pas d'intention mauvaises, c'est vrai aussi. Mais tu as dis des choses VRAIMENT moches. Donc, tu assumes tes bêtises.
A travers la pénombre, Ash vit les épaules de Philios s'affaisser.
- Oui ... Je sais ... Mais qu'est-ce que je peux être ...
- Stupide. Emporté. Pas assez réfléchi. Borné. Je continue ?
- Ça ne sera pas nécessaire, merci. Je suis tellement ... désolé ... Dire que j'ai osé l'accuser alors que c'était moi le fautif en plus ...
- ... La connaissant, il va vraiment falloir que tu te fasses très, très, très petit pendant un bon moment. Avec un peu de chance, Svelja réussira peut-être à calmer Almarica, mais d'ici là, évite d'être dans son sillage. Sinon, elle va encore te hurler dessus jusqu'à plus soif.
- ... Argh.
- Bon allez, il se fait tard, je vais dormir. Te couche pas trop tard, surtout.
- Sans problème.
Le Reïsha lui donna une claque dans le dos avant de se lever et rentrer à pas de loup dans la maisonnée sans doute déjà endormie, et Philios, après avoir poussé un soupir proche d'un râle d'agonie, grimpa à l'arbre derrière lui, et alla se coucher dans son Cocon.
Ash pinça les lèvres, retenant un sourire traître. Imaginer Almarica hurler sur le roux déconfit lui paraissait hautement comique. Fenror, qui s'était rassis entre temps, jouait avec sa longue natte d'un air absent, l'enroulant et la déroulant autour de ses doigts. Cet amas de cheveux écarlate rappela à Ash l'étrange désastre capillaire de décembre, et une question un peu saugrenue lui vint à l'esprit.
- Tu n'as jamais songé à les couper ?
Fenror lui jeta un tel regard qu'il eut l'impression d'avoir dit la plus grosse énormité de tous les temps.
- Ça doit être hyper dur à entretenir non ? Enfin je veux dire, ça doit se prendre partout, se salir facilement ...
- ... Ash. S'il te plaît. Réfléchis. Tu crois que je les gardais aussi long pour l'esthétique ?
- ... Je sais pas.
Le guerrier leva les yeux au ciel.
- Je ne sais pas si ça se faisait partout à Eneria, mais dans nos deux royaumes, la longueur des cheveux était une marque de statut.
- Plus ils étaient longs, plus cela voulait dire que le propriétaire était aisé ? interpréta-t-il.
- Exactement.
Incroyable. Tout bonnement incroyable. Ash n'avait jamais entendu parler de cette coutume auparavant ! Certes, les royaumes des Blancs et des Noirs n'étaient pas de petits royaumes, mais la plupart des choses qu'ils savaient de leurs ancêtres relevait plus ou moins de légendes orales. Il venait sans aucun doute d'apprendre une info totalement inédite ... C'est alors qu'une chose le frappa.
- Attends. Si j'ai bien compris, les membres des familles royales avaient les cheveux longs, pas vrai ?
- Oui ... ?
- Alors pourquoi Philios a-t-il les cheveux aussi courts ?
Fenror prit une brève inspiration et lâcha sa natte.
- ... Philios est un cas ... Particulier. Tu es au courant pour ses ailes non ?
- Ouais mais où est le rapport ?
- L'un ne va pas sans l'autre, dirons-nous.
- ... Je ne comprends pas.
- Ses ailes. Ash. Ses ailes. Il ne les a pas de naissance.
Hein ? Mais où voulait-il en venir ?
- Philios est ce que vous appelez maintenant un No Element. Et crois-moi, être un No Element n'a rien d'enviable à Eneria. Alors lorsque sa famille s'est rendue compte de sa ''nature'', ça a été une ... sorte de honte. Tu imagines ? Un No Element pour second prince ? Une risée sans nom. Ses parents l'ont déchu dès ses cinq ans. Bien que Philios soit né Caerris, les seuls personnes à le considérer comme tel se comptent sur les doigts de la main. Au yeux de ses parents, il n'était qu'une sorte de monstre.
- ... Attends ... Qu'ont-ils fait ?
- Quelles sont tes suppositions ?
- On ne lui a tout de même pas ... Greffé la paire d'ailes ?
Le silence qui s'en suivit confirma sa théorie. Et une nausée monstre s'empara de lui.
- Sais-tu d'où lui viennent ses ailes ?
« Je ne veux pas savoir » avait-il presque envie de dire. Mais sa foutue curiosité reprit le dessus.
- Non.
- Ce sont des ailes de Rokh. De bébé Rokh pour être plus précis.
De bébé ... Ash était sans voix. Des Rokh. Des pu ... de Rokh.
- Est-ce qu'on parle de ces oiseaux légendaires qui feraient plusieurs centaines de mètres de hauteur et de largeur ?
Fenror hocha la tête.
- D'où le fait que le mot ''bébé'' est important.
- Tu es en train de me dire que les Rokh ont existé ? demanda Ash d'une voix qu'il trouva soudainement un peu trop aiguë.
- Si mes souvenirs sont bons, une communauté assez grande vivait dans les montagne enneigées du sud du continent.
- Je ... Oh, bon sang de bonsoir.
- Je crois, oui. Bien que nos Rokh soient différents des Rokh des légendes humaines.
- En quoi l'étaient-ils ?
- Pour une raison que personne ne comprenait, et que pas mal d'Elements ont tenté de comprendre : les Rokh avaient la capacité de se rendre invisibles.
Invisibles. Comment ça invisibles ?
- Attends trente secondes. Invisibles, genre ... Transparents ?
- Tu as tout compris.
- Doooooonc ...
- La raison pour laquelle personne ne remarque que Philios a des ailes est parce qu'il les rétracte et les rend invisible.
Ash se retint de justesse d'exploser de rire devant la stupidité et l'irréalité absolue de la chose.
- ... Ça n'a ABSOLUMENT AUCUNE LOGIQUE. Si Philios a vraiment reçu une ... greffe, six mille ans auparavant, alors que même la civilisation égyptienne en était à ses balbutiements, provenant d'un animal qui plus est, comment aurait-il fait pour ... tout simplement survivre ? Je suis désolé, mais peut importe combien Eneria était plus évoluée que les humains de l'époque, je doute qu'elle ait possédé une technologie suffisamment performante et avancée pour permettre une telle chose !
Fenror se mit à le regarder sans mot dire, les bras croisés, pendant de longues secondes. Et Ash réalisa alors.
- ... Bon sang de ...
- Une chance sur mille milliard. Voire même plus. Ça n'aurait dû jamais marcher. Sa survie tient même de l'improbable. Du miracle même. Selon les lois de la nature, une telle chose n'aurait pas pu être possible. Mais il est là. Avec une paire d'ailes invisibles qu'il maîtrise à la perfection. Le seul et l'unique, dans toute l'Histoire de ce monde je suppose.
Choqué, Ash fixa le Philios des souvenirs de Fenror, à quelques dizaines de mètres devant lui, qui dormait paisiblement dans son Cocon, presque recroquevillé sur lui même.
- ... Comment ? Pourquoi ? Quand ? Qui ?
- Dès qu'il a été déchu, la famille Caerris a ''refilé'' Philios à une sorte d'expérience. De ce que j'ai compris, le projet consistait à construire une armée d'Elements ''volants'', ne dépendant pas d'Elements d'air. Bien sûr, en réalité, ça n'était ni plus ni moins qu'une condamnation à mort déguisée.
- Je croyais que ce genre de choses étaient blasphématoires à l'époque.
- Bien sûr. Mais ça ne veut pas dire que l'on ne pouvait pas trouver un détournement. Officiellement, ce n'étaient que des expériences pour le bien du royaume qui échouaient pour le plus grand des malheurs. Mais en vérité, tout le monde savait que ça n'était qu'une boucherie ''propre''. Les Caerris étaient sûrs que Philios allait mourir. Mais il a survécu. Et ce fut le seul. Son père a alors décidé de se servir de lui comme une sorte de super soldat. Et de fil en aiguille, il s'est rapproché de Svelja, qui était à peu près la seule à le traiter comme un être vivant et non pas comme un objet. Sa loyauté est mille fois compréhensible. Son énervement aussi. Mais à l'époque je n'avais qu'assez mal supporté la façon dont il avait traité Almarica. Avec le recul, il a des excuses, mais le problème restait le même.
- Un cobaye. Philios a été un cobaye à cause de ses parents ? Il a servi de cobaye parce qu'il était un No Elements ? Et c'est pour ça qu'il a les cheveux aussi courts ? Parce que ses parents l'ont renié ?
- ... Il ne valait pas mieux qu'un pauvre cafard aux yeux du monde entier.
Il se passa la main dans les cheveux, le cœur au bord des lèvres. Philios devait en avoir bavé ... Et en plus, il allait bientôt devoir fuir pendant six millénaires, en cachant une vérité bien trop grosse pour lui.
- C'est injuste. C'est totalement injuste. Il ne mérite pas ...
- Je sais Ash. Je sais.
- Promets-le moi, Fenror. Promets-moi qu'il finira par être heureux.
- Oh oui, il finira par l'être. Comme toi. Et moi je suppose. Nous tous pour le coup. Et tu veux savoir pourquoi ? Parce que l'Inexistante vous l'a promis.
- Wow. Cette confiance l'honore.
- Ce n'est pas de la confiance.
- C'est quoi alors ?
- Une évidence.
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Julian a soupéééé ~
Philios a morflééé ~
Helen n'a pas de channnnce ~
Yey ! De la souffrance tout partouuuuuuuut ! //SHBAAAAFF//
Bref. Dans ce chapitre, on apprend la raison pour laquelle Almarica ne pouvait supporter Philios au début de leur relation. Oui. À l'époque, Philios était un peu casse-pied.
La voilà, la raison pour laquelle il a des ailes. Ouiiii, j'ai conscience que c'est assez tiré par les cheveux, mais ... J'espère que ça ne vous déplaît pas ? N'hésitez pas à dire si vous trouvez que ça cloche X)
Sinon vous allez bien ? Courage, l'hiver est fini c'est le printemps ! Yeepeeeeeeeee !
P.S : Luke est le plus bel enfoiré de tout les temps, mais c'est pas un maître de l'échiquier. Il va tellement se faire défoncer ... (Ce message est à l'intention de la sale gosse:3)
A la prochaine espèces de bourgeons de romarin !
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