Un bruissement de feuilles tinta à ses oreilles, le réveillant doucement. Encore ensuqué par le sommeil, Ash s'étira pour se réveiller, et bailla à s'en décrocher la mâchoire. Mais ce fut sa perte d'équilibre et la frousse monstre qu'il ressentit par la suite à l'idée de tomber qui acheva de le réveiller en ''douceur''. La branche d'arbre sur laquelle il s'était endormi n'était pas très large, et l'oubli du lieu où il avait décidé de piquer un petit somme avait failli lui coûter une chute et une honte monumentale. Il vociféra bon nombre de jurons anglais avant de descendre de l'arbre sans grande difficulté, et d'épousseter les nombreuses feuilles qui lui étaient tombées dessus durant sa petite sieste. Cette habitude d'aller dormir dans les arbres lui collait décidément à la peau ... Il aimait bien ça. C'était, selon lui, bien plus ... reposant. Il y avait bien plus de calme que dans sa chambre, et surtout, ici au moins, personne ne venait le réveiller à coup de tarte à la chantilly. Ash leva la tête vers le soleil éblouissant qui ornait le ciel bleu azur en se demandant quelle heure il pouvait bien être. Soudain il sentit son téléphone vibrer dans la poche de sa veste, et reconnu à la petite musique un message de Ciela :

« De : Cielama ~ <3 (FUTURE WAIFU)

Hey Ash ! On est en ville avec Nancy, tu veux venir ? »

Ash fronça les sourcils haussa les sourcils : comment ça, « Cielama ~ <3 (FUTURE WAIFU) » ?! Les jumeaux avaient ENCORE joué avec son portable ! Bon sang de bonsoir, il était encore bon pour changer de mot de passe ...

- C'est la quatrième fois en deux mois bande de carottes écervelées ! marmonna-t-il en tapant une réponse à sa petite amie.

Puis, il regarda autour de lui, tentant de se repérer dans le labyrinthe forestier qu'était le parc. Où s'était-il endormi déjà ?

* * * * *

- Hum ... En Colombie peut-être ? Non, trop humide, comme le Paraguay.

Avec un grognement ressemblant plus à un soupir d'exaspération, Marika railla le pays d'Amérique du Sud de sa liste. Elle leva la tête. Son coin de chambre était devenu ni plus ni moins qu'un bric à brac son nom. Son lit et son bureau étaient recouverts d'Atlas et de cartes, et des multiples morceaux de papier où étaient marqués des noms de différents lieux potentiels tapissaient le sol de la chambre. Nancy avait eu l'extrême gentillesse de ne pas s'en formaliser. Elle lui avait même proposé de l'aide à deux reprises, mais la fausse japonaise avait toujours refusé. Ceci était sa quête à elle. Marika se laissa tomber sur un coin de son lit vide de cartes et de livres géographiques, avant de fermer les yeux, lessivé. Elle en avait assez. Un peu de repos lui ferait du bien. Elle qui d'habitude n'aimait pas forcément la géographie, voilà qu'elle en soupait depuis presque plus de sept jours. La raison ? Un sourire timide et une paire d'yeux émeraudes passa en un éclair dans son esprit. La voilà, la raison. Son fiancé, Philios Caerris. Marika se recroquevilla sur elle même, un peu mélancolique. Aux yeux de la plupart des gens, elle était Marika Haru, une japonaise Element de ténèbres de quinze ans en première année de lycée, un peu étrange sur les bords. Mais elle était en réalité Almarica Reïsha, dite l'Alchimiste, petite sœur de Fenror Reïsha, et membre des Huit Guerriers Légendaires. Les Huit Guerriers Légendaires n'étaient ni plus ni moins que huit Elements surpuissants qui avaient, durant la Dernière Guerre d'Eneria, repoussé l'armée de Bellum le Sanglant, roi despote et meurtrier, ainsi que légèrement ''toqué'' et accessoirement, son frère aîné. Philios était lui aussi un de ces fameux guerriers, mais il avait perdu tout honneur et gloire le jour où il avait assassiné son futur beau frère et meilleur ami, Fenror. Le second frère d'Almarica. C'était d'une ironie mille fois cruelle. Sauf que contrairement à ce que stipulaient les légendes, Philios n'avait en aucun cas tué son frère. Il le lui avait confirmé lui-même il y a de cela six mois, la nuit du 26 décembre. Mais cela n'avait rien changé au fait que, à l'époque, elle avait été anéantie en apprenant que son tendre frère adoré avait été assassiné par celui qui aurait dû devenir son mari. En l'espace de quelques heures, elle avait perdu les deux hommes les plus importants de sa vie. Alors, cherchant des réponses à ses questions, et en apprenant que Philios n'était même plus sur le continent d'Eneria, elle avait volé de l'eau de jouvence, en avait bu, s'assurant une immortalité certaine, avant de s'en aller, tout en se jurant de ne revenir dans son pays natal que le jour où elle aurait mis la main sur celui qui aurait dû partager sa vie. Certaines légendes lui prêtaient une fin désespérée, d'autres disaient qu'elle avait fini par se reconstruire une vie ailleurs, mais toutes s'accordaient pour dire que Almarica l'Alchimiste avait fini par disparaître dans les limbes de l'Histoire. En réalité, elle n'avait pas arrêté de chercher Philios durant plusieurs centaines d'années. Mais alors qu'elle l'avait enfin retrouvé, celui-ci s'était enfui, en l'ayant même attaquée. Mortifiée, ce jour là, elle avait tout arrêté. Elle avait cessé de courir après des chimères. Lentement elle avait reprit le chemin de chez elle ... mais avait constaté avec horreur que son chez elle n'était plus. Il ne lui restait plus rien. Rien du tout. Anéantie, réduite en un automate de chaire sans âme ni émotion, Almarica s'était jetée d'une falaise ... Avant de se réveiller sur une plage, quelques temps plus tard. Les eaux l'avaient transportée sur une île. Ahurie à l'idée d'avoir survécu, Almarica prit cela pour un signe des Dieux, et décida de rester sur l'île. C'est en l'explorant qu'elle trouva la grotte des Portes, qui faillit lui causer une crise cardiaque. Depuis, elle s'était juré de protéger l'île et ce lieu sacré, dont elle comprit le sens en lisant les marques qui recouvraient la porte. Puis, les jours se succédèrent aux nuits, et de très nombreuses années passèrent ... Almarica les passa en autarcie, dans la grotte. Elle aurait pu, et dû, devenir folle, à rester seule aussi longtemps, mais elle ne l'était pas réellement. Beaucoup d'animaux résidaient sur l'île, et elle passait son temps à s'occuper d'eux. Ceux-ci l'avaient d'ailleurs, assez étrangement, pleinement acceptée. L'Enerienne avait toujours eu un bon feeling avec les animaux, mais cet élan d'affection général lui avait semblé être un cadeau des dieux. Puis, un jour, alors qu'elle se baladait sur la plage, elle trouva une petite fille, allongée sur le sable, le corps à moitié dans la marée montante. Affolée, l'Element des ténèbres l'avait tirée de l'eau, et ramenée en catastrophe dans la grotte, avant de s'occuper d'elle, priant pour sa survie. Et lorsque celle-ci s'était éveillée ...

Marika se retourna en grommelant, exténuée. Elle n'en pouvait plus. Si seulement ... si seulement elle pouvait ... dormir ...

Sans demander son reste, l'Element des ténèbres ferma les yeux et s'endormit.

* * * * *

- On y est.

Almarica ouvrit de grands yeux, un peu étonnée. Ça alors. Elle s'imaginait la maison ... autrement. Vu d'ici, ce n'était qu'une très modeste maison en bois, dont les murs extérieurs étaient quasi recouvert de lierre, et la porte d'entrée semblait bien abîmée. Elle constata également avec surprise qu'une multitude de fleurs poussaient tout autour de la cabane, telles une barrière protectrice.

- Et ... Vous dormez ... dedans ?

Son interlocuteur secoua la tête et pointa une sorte de couchette ronde et fermée aménagée à travers les branches de deux arbres côte à côte.

- Moi, je dors là haut. C'est mon Cocon. Une sorte de cabine faite d'écorces et de lierre. L'intérieur n'est pas très grand, mais il est pile à ma taille. Je l'ai rempli de feuille pour plus de confort.

- Tu l'as fait tout seul ?! s'exclama Almarica, impressionnée.

- Avec l'aide de Fenror, oui, lui répondit-il avec un sourire en coin, amusé par la réaction de la demoiselle.

- PHILIOS !

Almarica sursauta, surprise par l'éclat de voix. Les mains sur les hanches, le regard courroucé, une belle et grande femme blonde le fixait de ses yeux doré, l'air exaspéré.

- Mais où étais-tu passé ?! Je me suis faite un sang d'en ...

C'est en s'avançant vers le roux que la blonde remarqua Almarica, qui était caché par la stature de Philios, avec un hoquet de surprise. Embarrassée, la petite Element de ténèbres la salua d'un signe de la main.

- Q-qui es-tu ... ? balbutia la grande blonde en se penchant vers elle.

- Almarica. C'est la sœur de Fenror, répondit rapidement Philios.

- LA SOEUR DE ... Par les Dieux. Pauvre enfant ! Mais dans quel état es-tu donc ?! s'écria alors la belle jeune femme en inspectant les coupures et ecchymoses dont était couverte la Reïsha.

- Je l'ai sauvée in-extremis d'une petite bande de brigands qui était sur le point de s'en prendre à elle, déclara le roux pendant que son amie faisait l'inspection de la petite demoiselle, justifiant à la fois son retard et l'oubli des baies rouges.

- Bravo Philios. Tu as très bien fait !

L'archer ne put retenir un sourire rayonnant de fierté, heureux de s'être fait complimenter par son amie.

- Tu n'as rien, tant mieux. Tu es la petite sœur de Fenror, pas vrai ? Je me présente, je suis Svelja Astrium, Element de lumière, lui dit-elle d'un ton doux, bienveillante.

Svelja Astrium ?! La fille dont son frère n'avait cessé de lui parler ?! Alors comme Almarica le soupçonnait, son frère était bel et bien parti rejoindre son ''étoile''. Et Almarica pouvait maintenant bel et bien comprendre pourquoi. Elle était mille fois plus belle que toutes les filles qui lui avait été donné de rencontrer jusqu'à présent. Une beauté sans nom. Ses longs cheveux presque plus blancs que blonds qui descendaient en cascade dans son dos jusqu'à ses hanches lui paraissaient plus légers qu'une brise, et ses yeux aussi dorés que le soleil illuminaient son visage d'une manière quasi-mystique. Son sourire plein de bonté et d'altruisme achevait de lui donner une aura presque divine. Cette femme était une véritable déesse parmi les croyants. Déglutissant avec difficulté, Almarica esquissa une révérence maladroite, et balbutia quelques mots, en fixant ses pieds nus et couverts de coupures.

- J-je ... Je suis venue retrouver mon frère. Excusez mon irruption soudaine ...

Svelja secoua la tête et se releva avant d'émettre une révérence parfaite.

- Ce n'est rien. Allez, viens avec moi. Tu dois être affamée. Tu nous raconteras ce qui t'est arrivé, après un bon repas, d'accord ?

La perspective d'enfin pouvoir avaler quelque chose après tous ces jours de jeûne la fit saliver au plus au point, et elle se mit en marche vers la cabane tout en s'appuyant sur l'Element de lumière qui lui offrait son aide.

- Où est Fenror ? demanda Philios.

- Parti chercher les baies rouges que tu ne ramenais pas, déclara Svelja avec un regard en coin.

Philios leva les yeux au ciel en grommelant que ce n'était pas de sa faute, quand un éclat rouge attira l'attention de la Reïsha. Son frère, les bras chargés d'un panier rempli de baies rougeâtres se dirigeait vers la cabane, depuis l'autre extrémité de la clairière dans laquelle la modeste habitation était construite.

- Ah ! Philios ! Tu es rentré espèce de tire au fla ... A-Almari ... ca ? ALMARICA !

Le hurlement de soulagement de son frère donna des ailes à la petite demoiselle qui s'élança vers Fenror, le cœur battant à tout rompre, le cœur et la gorge serrés, douleurs et faiblesses oubliés. Ce dernier laissa tomber par terre le panier et attrapa sa tendre sœur au vol, qui explosa en sanglots dans les bras de celui-ci, plus soulagée qu'elle ne l'avait jamais été. Elle avait enfin, enfin, retrouvé son frère. Et maintenant, elle ne comptait plus le quitter.

* * * * *

« De : Cinderell-Ash

Okay, j'arrive. On se retrouve devant Cassegrain ? »

- « Cinderell-Ash » ?! s'exclama Nancy en pouffant.

Ciela ne put retenir un petit sourire niais en voyant la réponse de son copain, et donna un léger coup de coude à son amie.

- Un fois, j'ai rêvé qu'il devenait une Cendrillon des temps modernes, affreusement affligée par ses sœurs Crìs et Romy et sa belle mère. Devine qui était la belle mère.

L'anglaise ne put retenir un grand éclat de rire, amusée par la scène.

- Il est au courant, au moins ?

- Bien sûr que non. Sinon, il me demanderait de changer. Mais je ne le ferai pour rien au monde !

- Vous faites la paire tous les deux décidément.

La jeune fille aux cheveux bicolores se tourna vers Nancy, et lui tira la langue. La jeune anglaise recula faisant mine d'être offensée, regardant Ciela écrire une la confirmation à son petit copain. C'est alors que la londonienne réalisa quelque chose d'étonnant.

- Attends ... Tes SMS sont en anglais, non ?!

- Exact ! Pour que ce soit plus simple pour lui de nous comprendre. Mais lorsqu'il a remarqué ça, il s'est fâché, et a déclamé qu'il me répondrait en français. Au début, il galérait complètement, mais maintenant il se débrouille pas trop mal. Au moins, ça lui fait travailler ses langues ! déclara Ciela en se retenant d'éclater de rire.

- Vous êtes vraiment pas croyables tous les deux ! Bon, c'est pas tout ça, mais moi, je rentre. Il faut que ... je finisse le livre que Marika m'a passé.

Ciela regarda bouche bée son amie s'éloigner, qui lui faisait des signes d'au revoir, un sourire en coin.

- LACHEUSE ! lui cria Ciela en la voyant disparaître au détour d'une rue. Tss ... Merci quand même !

L'Element de lumière continua son morceau de chemin vers la pâtisserie de sa mère, en chantonnant, heureuse à l'idée de passer un peu de temps avec son petit ami. Bien qu'elle le voyait tous les jours, elle était rarement seule avec lui, malheureusement. Ils étaient tout le temps occupés à faire telle ou telle chose, ou étaient avec telle ou telle personne. Alors ces moments-là étaient mille fois privilégiés.

- Ash ! s'écria joyeusement Ciela en le voyant, le cœur en fête.

Elle courut vers lui et les deux s'étreignirent avant de s'embrasser, en guise de salutation.

- Bien dormi ?

- Ouaip'. Un quota de douze heures de sommeil par nuit, c'est pas si mal finalement.

Ciela éclata de rire en entendant la réponse de l'écossais et lui prit la main avant d'entrer dans la pâtisserie.

- Ciela ! Ash ! Bonjour mes trésors ! Comment allez-vous ? s'exclama la mère de l'Element de lumière en contournant le comptoir pour venir les voir, heureuse.

Lorsque Ciela avait fait part de la nouvelle tournure que sa relation avait pris avec Ash, le lendemain de leur mise en couple, son père n'avait cessé de lever les yeux au ciel et de grommeler que les petits copains n'étaient pas de son âge, tandis que sa mère avait laissé exploser sa joie, souhaitant revoir ''ce charmant jeune homme'' le plus rapidement possible. Lorsque Ciela, cédant sous la pression de sa mère avait demandé à Ash de venir dîner à la maison, le pauvre garçon avait failli avoir une crise cardiaque, n'étant ABSOLUMENT pas à l'aise avec les adultes. Pourtant, il avait fait un effort, et avait accepté l'invitation dînatoire avec réticence. C'est un Ash encore plus pâle que d'habitude que ses parents avaient accueilli à table avec beaucoup de méfiance de la part de Stéphane Page. Pourtant, au fur et à mesure du dîner, le comportement du policier à l'égard du jeune homme changea radicalement, notamment en apprenant que celui-ci était orphelin. Stéphane et Cléa avaient passé la totalité de leur adolescence et enfance dans l'orphelinat Saint-Constant de leur ville natale, alors ils savaient ce que c'était de se retrouver sans famille. Cet étrange point commun avait adouci le comportement du père de Ciela par rapport au jeune homme. Stéphane se révéla bien plus aimable et chaleureux envers Ash, allant même jusqu'à avouer qu'il le trouvait « fort sympathique ». Au final, les deux hommes avaient fini par plutôt bien s'entendre, allant jusqu'à converser d'une manière quasi normale, chose complètement insensée pour Ash qui souffrait d'une profonde aversion pour les adultes. Cléa, quant à elle, avait immédiatement pris Ash sous son aile et le considérait comme le fils qu'elle n'avait jamais eu. La femme trouvait toujours un mot gentil à dire à ce dernier, et lui préparait toujours une pâtisserie au chocolat noir ou un chocolat chaud quand il passait à la maison. Elle trouvait ce dernier adorable, poli, et surtout, parfait pour sa fille. Ce sentiment s'était d'autant plus renforcé depuis qu'elle avait appris que l'écossais avait protégé sa fille durant l'attaque des Saint Souls. Bien que Ciela ne leur ait jamais raconté toute l'histoire de la Porte, du Sous-Sol ou de la Possession, ses parents avaient très rapidement compris que la présence d'Ash auprès de Ciela avait évité le pire. Si avant les Page démontraient envers Ash une affection sûre et certaine, maintenant, ils l'acceptaient comme un membre à part entière de la famille. Du côté de Ash, il appréciait lui aussi grandement la famille Page, et avait commencé à voir les adultes d'un autre angle. En bref, la relation que le brun entretenait avec les parents de sa petite amie était au beau fixe.

- Bonjour madame Page ! Heureux de vous voir en forme !

- De même Ash ! Allez vous asseoir au fond comme d'habitude, je vous apporte vos commandes habituelles.

Puis Cléa embrassa sa fille sur la joue avant de filer en cuisine. Les deux Elements allèrent s'asseoir à leur places habituelles, à une table de quatre peu utilisée par les clients, dans le fond à gauche, à côté de la grande baie vitrée qui éclairait la pièce.

- Alors comme ça tu as fait douze heures de sommeil ?! C'est un miracle !

- Cumul Ciela, Cumul ! lui répondit-il en riant. J'ai dû dormir environ dix heures et je viens tout juste de me réveiller d'une bonne sieste. Au fait, Nancy n'est pas là ?

La jeune fille se fendit d'un grand sourire. Ash était réellement heureux, ainsi. Depuis le 26 décembre, plus aucun cauchemar n'était venu le hanter, et cela valait aussi pour Ciela. Pour lui qui avait vécu ça presque toutes les nuits, durant toute son enfance et une petite partie de son adolescence, il se sentait délivré.

- Non, elle a voulu nous laisser tous les deux. Cette fille est une perle, au final. Et je suis vraiment contente de te voir dormir à ta faim ! Juste ... J'aurais préféré ...

- Que l'Inexistante ne disparaisse pas ? lui répondit Ash d'une voix douce.

Ciela fixa la table, et hocha la tête. Oui. Elle aurait préféré que l'Inexistante ne disparaisse pas. Depuis le 26 décembre, pas une seule fois, ils n'avaient revu son visage de lutin mesquin. Pas une seule fois ils n'avaient revu cette troublante fillette, immortelle, aux connaissances et aux pouvoirs aussi mystérieux que sa véritable identité. Ne se faisant connaître que par d'étranges pseudonymes tels que Brunette, Boucles-Brunes ou bien l'Inexistante, elle veillait sur eux, depuis leur arrivée respective sur l'île. Elle les protégeait, indirectement la plupart du temps, et leur envoyait des rêves. C'était ce qui avait permis leur rapprochement, d'ailleurs. Cette dernière ne leur avait jamais vraiment dit la raison de cela, et ils ne s'en préoccupaient pas, mais lorsqu'elle avait disparu sans ne serait-ce que laisser une trace, arrêtant par la même occasion de leur envoyer des rêves, les deux adolescents s'étaient rudement inquiétés de la disparition soudaine de la fillette, et de l'arrêt soudain de ces si étranges songes. Avec leurs amis, ils avaient tenté de retrouver la fillette, mais celle-ci n'était nulle part. Pas même dans la cabane de Philios, ou l'ancienne tour d'astronomie. Au bout de deux mois de recherches, ils avaient conclu qu'elle s'était peut-être réfugiée dans le Sous-Sol, le seul et unique endroit où les huit amis se refusaient à aller. Et vaille que vaille, ils avaient continué leurs vies, attendant que Brunette revienne vers eux. Presque six mois s'étaient écoulés. Et ils se faisaient tous les deux un sang d'encre.

- Hé là ! C'est de l'Inexistante dont on parle Ci'. Elle a au moins l'âge de la Terre, et de ce qu'on a vu, elle sait se débrouiller seule. Il n'y a pas de soucis à se faire à ce sujet là, lui dit-il en la voyant si mélancolique à ce sujet en lui prenant la main.

La demoiselle esquissa un sourire et prit une grande inspiration, tout en caressant du pouce la main de son petit ami.

- Ouais, je sais ... Tu as raison, cette gamine reviendra quand elle voudra, et ce sera reparti pour de nouvelles aventures !

- Tiens ! En parlant d'aventures ... Devine qui est venu me rendre une visite onirique pas plus tard qu'il y a une heure ?

Ciela ouvrit cligna des yeux, surprise.

- Non ?!

- Eeeeeh si.

Puis Ash lui raconta son rêve dans les moindres détails, dépeignant précisément le dessin attribué à Philios, et surtout, répétant bien la dernière phrase de Fenror. Ciela sentit son cœur se mettre à battre à tout rompre, et faillit sauter sur place, jubilante.

- ENFIN ! On a la confirmation sûre et certaine ! Philios n'a bel et bien pas tué Fenror !

- Oui, c'est un soulagement. On va pouvoir le dire à Marika ! Mais ... Toujours est-il, si ce n'est pas lui qui a tué Fenror, pourquoi s'obstine-t-il à dire le contraire ... ?

- Et surtout, Ash, qu'a donc bien pu faire Fenror avec Zelphis ?! Qu'a-t-il donc fait ... ? Raah ! Toutes ces questions, ça me frustre bon sang de bonsoir !

- C'est MON expression ça, demoiselle ! s'exclama Ash en haussant un sourcil, avec un petit sourire en coin.

Ciela lui tira la langue avant de lui rendre son sourire, mesquine. Pour se venger, l'écossais n'hésita pas à lui ébouriffer les cheveux, provoquant des petits cris aigus de la part de sa ''tendre moitié''.

- Un peu de calme ou je vous jette dehors les chenapans ! s'exclama la mère de Ciela sur un ton plaisantin en leur apportant leurs commandes habituelles : une belle île flottante et un chocolat chaud fumant.

Les deux adolescents remercièrent la pâtissière et commencèrent à manger, et boire tout en ne cessant de se charrier l'un l'autre.

- Un chocolat chaud au mois de Mai ?! L'hiver est déjà fini au cas où tu ne serais pas au courant, le retardataire !

- Oh shut up please !

Les deux adolescents s'amusaient comme des petits fous, savourant chaque seconde passée ensemble. Ils étaient vraiment, vraiment heureux ainsi ... Au plus profond d'eux même, ils souhaitaient que ces moments d'insouciance absolue deviennent leur quotidien. Mais alors que Ciela vociférait sur une des insultes que l'écossais venait de lui lancer sans méchanceté, ce dernier, mort de rire, leva les yeux et se figea avant de devenir blanc comme un linge, cessant de rire. Puis une expression de dégoût mêlé à de la colère vint déformer son visage.

- Oh non. Qu'est-ce qu'elle vient foutre ici elle ?! siffla-t-il, hargneux.

Surprise et choqué par le ton et le vocabulaire employé par l'écossais, Ciela se retourna vers la porte d'entrée où une cliente pianotait un message sur son téléphone. Pourquoi un tel déchaînement de haine ? Cette femme ne semblait pourtant pas le mériter ! D'un regard critique, Ciela l'étudia le plus discrètement possible : elle était tirée à quatre épingles, comme jamais la demoiselle n'en avait vu, habillée de vêtements dont la qualité se révélaient, rien qu'au premier coup d'œil, parfaitement impeccable. Ses cheveux bruns étaient coupés en un strict carré qui touchait à peine ses épaules, d'une régularité tellement parfaite que la jeune fille aux yeux dorés alla se demander si elle sortait de chez le coiffeur. Ses chaussures à talon aiguilles et son sac à mains valaient à eux trois la quasi totalité de toutes les affaires de Ciela, à n'en pas douter. On aurait dit une riche femme d'affaire en déplacement important ... Mais pourquoi tant de ressentiments envers elle ? La francophone se retourna vers le jeune Hunter, anxieuse. Ce dernier ne lâchait pas la femme du regard, la mâchoire contractée, les poings serrés comme jamais. La dernière fois qu'elle l'avait vu ainsi, c'était à cause de Smith. Mais qui pouvait-elle bien être ?!

- Ash ... Que se passe-t-il ?

- Cette ... personne est la mère d'Amélia.

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MOUAHAHAHAHA ! ET BIIIIIIIIIIIIIIIM ! SUSPENS LES GENS ! //SHBAAAFF//

Pourquoi Ash ne supporte-t-il pas la mère d'Amélia ? Qu'a-t-elle bien pu faire ? Et bah tout ça, c'est dans le prochain chapitre ! ^^

Si le chapitre est légèrement plus court que d'habitude, c'est parce que il y aura bien plus de trucs à caser dans le prochain ~ Voilà voilà !

Sur ce les gens, moi je vous dis meuh fait la vache, et

A LA PROCHAINE BANDE DE VACANCIERS DES VACANCES D'ÉTÉ !!!!

(Courte NDA. Zut alors.)