Chapitre 75 : Réveil mouvementé et vérité dévoilée.
En comprenant l'intention de la petite immortelle d'envoyer au combat les Last Hope, Almarica resta sans voix. Elle cessa immédiatement de faire tourner sa faux, et ne put s'empêcher d'intervenir. Il était absolument hors de question qu'elle laisse une telle abomination se produire : ce n'était pas la guerre. La guerrière revoyait encore les corps de ces pauvres Elements, qu'ils soient Noir ou Blanc, gisant dans une flaque de sang, alors qu'ils n'avaient même pas encore accomplis leur cérémonie de passage à l'âge adulte ... Non. Elle ne pouvait pas laisser une telle horreur se produire pour les Last Hope ! Ils avaient déjà perdu Violet et Kylian, ainsi qu'Alexandre ... Une autre perte serait intolérable !
- Attendez Inexistante ! Ne les envoyez pas ! Laissez-moi faire voyons ! Je ne ... commença Almarica, avant de se figer sous le regard intransigeant de Brunette.
- Almarica, tais toi. Je sais ce que je fais.
L'interpellée se recroquevilla, mourant d'envie de contredire l'Inexistante, mais ... Elle n'osait pas. L'Inexistante semblait plus que déterminée. Mais ô combien même la petite immortelle pouvait les envoyer se battre, à quoi cela servirait-il ?! Les Last Hope ne savaient pas se battre ! Faire une telle manœuvre stratégique relèverait d'une attaque suicide. Et Almarica savait parfaitement que les talents de stratège de l'Inexistante valaient bien mieux que cela ... mais qu'avait-elle derrière la tête ?
- Mais ... tenta Ash.
- Ash Hunter. Est-ce qu'une fois, dans ta très brève existence, t'ai-je jamais trahie ? Prends ce que je te donne. Et fais moi confiance.
Almarica ne put s'empêcher de serrer sa faux le plus fort possible. Tous avaient le regard fixé sur Ash, attendant avec angoisse sa réponse et réaction. Celui-ci fixait l'Inexistante droit dans les yeux, et elle le lui rendait bien. De longues secondes s'écoulèrent, dans un silence impartial ... et plus le temps défilait, plus l'impression de « déjà-vu » et l'angoisse gagnaient l'Enerienne. Et elle se souvint. Son réveil après la dernière bataille. Le regard fuyant de Katherina et Zelphis qui lui annonçaient la mort de son frère et de ses amis, la traîtrise de Philios, et la cerise sur le gâteau, que malgré tous ces sacrifices, Bellum était encore en vie, très affaibli, certes, mais opérationnel ... Ça l'avait détruite ... et maintenant, tout se rejouait ... Mais cette fois-ci, elle pouvait agir. Et Almarica n'allait certainement pas laisser d'autres innocents mourir par la faute de désirs égoïstes d'autrui. Plus jamais. Mais au moment où l'ex-japonaise allait de nouveau interférer, un soupir profond brisa le silence, et Ash baissa la tête.
- Je te fais confiance.
Le cœur de l'Element de ténèbres rata un battement. Et Ash s'empara de l'épée cassée. C'est alors qu'une gigantesque boule de lumière aveuglante entoura le groupe des six amis, obligeant Almarica et Brunette à se couvrir le visage puis se détourner.
- Q-qu'avez-vous fait ?! cria Almarica à l'Inexistante, terrifiée.
- Je n'en aie pas la moindre idée ! lui répondit-elle.
Mortifiée par cette réponse, Almarica finit bouche bée. Soudain, la vive lumière s'évapora, et Almarica se retourna vivement ... avant d'étouffer de justesse un hoquet de stupeur. Les armes. Les armes décrépies que ses amis tenaient quelques secondes auparavant entre leurs mains s'étaient transformées. Et Almarica ne put que reconnaître LEURS armes. Les armes des six Guerriers Légendaires décédés au combat. Le fouet de Leedna, le spectre de Zelmaria, la lance de Guemnir, le trident de Kryos, la dague de Svelja ... et l'épée de Fenror, son frère. Sept des huit armes ancestrales, forgées par sa défunte mère, Eïnhéria Reïsha, surnommée la Forgeronne Divine, présentent dans un même endroit, depuis plus de six millénaires ... une puissance incommensurable envahissait les lieux, et sa faux vibrait de pouvoir. Almarica déglutit avec difficulté. Mais comment une telle chose pouvait-elle être possible ?! Comment ces armes si précieuses avaient-elles put atterrir entre les mains de l'Inexistante !? Zelphis lui avait assuré qu'elles avaient étaient brûlées avec les corps de ses anciens compagnons lors de leur Cérémonie du Repos Éternel ... Alors comment ?
Inconsciente de la tempête de questions qui bouillonnait sous le crâne de son amie, Brunette regardait ce qui se déroulait sous ses yeux avec un sourire dément et incrédule. Ce qui venait de se produire pouvait dépasser ses espérances les plus folles ... et changer toute la donne.
Les Last Hope semblaient complètement sonnés. Les jumeaux se regardaient comme si ils se voyaient pour la première fois, et Amélia ne cessait de jeter des coups d'œil autour d'elle, tandis que Sheena inspectait le spectre minutieusement comme si elle cherchait la moindre égratignure qui pouvait s'y trouver. Ciela, elle, s'était accroupie par terre, et touchait lentement ses chaussures, d'un air étrange. Quand à Ash ... il fixait la paume de sa main, pensif.
Almarica fronçait les sourcils. La réaction bien étrange des Last Hope la déstabilisait, bien sûr, mais ... quelque chose clochait ... une chose qui semblait à la fois indéfinissable et évidente ... et Almarica n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Mais soudain, Ash referma le poing, et prit une grande inspiration avant de se retourner vivement vers les Last Hope, et de déclamer d'une voix grave en tendant son bras gauche vers eux, d'un air autoritaire.
- Écoutez moi ! Les explications viendront plus tard ! Pour l'instant, nous devons protéger cet endroit. Une seule règle est à imposer : pas de mort, dans quelques camps que ce soit !
Tous acquiescèrent d'un seul geste, comme unis par un lien mystérieux ...
- Alors ... ALLONS-Y !
Et sur le rugissement du jeune homme, Amélia, Sheena et les jumeaux sautèrent de l'autel avant de repartir vers la sortie du Sous-Sol ... mais alors que Ash s'apprêtait à les suivre, il fut stopper par Ciela, qui lui attrapa l'épaule.
- Attends s'il te plaît !
Le jeune homme posa sa main sur celle de la francophone, et il leva un regard doux vers elle, en lui faisant un sourire chaleureux.
- Après ... après, je te le promet, lui murmura-t-il d'un souffle.
Un sourire ému vint fleurir sur les lèvres de Ciela, et en guise de réponse, elle lui donna un rapide baiser avant de s'élancer à son tour sur les pas de ses amis. Puis Ash se tourna vers Almarica, et il la fixa d'un air bien plus mature et autoritaire que d'habitude.
- Almarica, cet ordre te concerne également. Nous devons mettre en sécurité ce lieu le plus rapidement possible.
- C-compris ! s'écria l'ex-Rainers en ne pouvant retenir une pose militaire.
Il lui sourit à son tour, et il reprit son chemin en courant.
Almarica tremblait. De tout son corps. Elle avait peur, très peur d'avoir comprit la situation actuelle.
- I-Inexistante ... Pour l'amour du ciel, que se passe-t-il ? bredouilla-t-elle.
La brune se tourna vers l'Element de ténèbres, et lui fit un grand sourire mystérieux.
- Il se passe, ma chère Almarica Reïsha, que mon plan a marché bien mieux que ce que je ne l'aurai cru. J'ignore ce que Zelphis a magouillé, mais c'est du pur génie.
- Mais que voulez vous dire ?! lui cria-t-elle, excédée.
- En gros, nous venons d'assister à une sorte de résurrection des Huit Gardiens Légendaire. Et si je ne me trompe pas, ton frère vient de t'ordonner de te joindre à la bataille.
Étrangement, ce ne fut qu'à ce moment là que Almarica comprit ce qui l'avait gênée depuis la dissipation de cette aveuglante lumière. La couleur d'yeux et de cheveux de ses amis avaient radicalement changées. Maintenant, l'Enerienne comprenait pourquoi Ash était passé d'un garçon un peu bougon aux cheveux noir de jais, et aux prunelles rouges, à un jeune homme autoritaire, doté de cheveux rouge sang et d'iris doré comme le soleil. Pour la première fois depuis six millénaires, Almarica eut envie de tomber dans les pommes.
* * * * *
Mask retenait sa respiration, et armait son arc le plus discrètement possible, sans aucun bruit. Si jamais il ne faisait ne serait-ce qu'un tout petit son, il y avait de grandes chances qu'il se fasse repérer. Lorsque l'Inexistante l'avait lâché quelques heures plus tôt, il s'était défoulé sans retenue, et avait abattu plus d'une centaine de cibles. Il était redevenu pendant un temps la machine à tuer qu'il était auparavant. Enfin presque. La consigne de Brunette l'avait tout de même bien limité : « Ce soir, pas de morts ! ». Pendant près d'une heure, tout s'était passé comme sur des roulettes, puis les renforts étaient arrivés, et lui avait sérieusement compliqué la tache, l'obligeant à changer de stratégie. Maintenant, il se contentait de sauter d'arbre en arbre, abattant le plus silencieusement possible les S.S. qui entraient dans son champ de visions. Et plus Mask en abattait, plus il en arrivait. Si il aurait pu, l'immortel aurait grincé des dents : c'était sans fin. A ce rythme, il ne pourrait plus les contenir très longtemps. L'Inexistante lui avait demandé de gagner un peu de temps, lui promettant qu'elle lui enverrait des renforts le moment venu. Et bien le masqué priait que ce moment vienne le plus rapidement possible ! Toutefois, il mit ses pensées de côté et se concentra.
- J'invoque le second élément, ignis laba.
Sa flèche s'entoura d'un halo rouge, et il décocha. La flèche alla se ficher dans la cape d'une de ces cibles, qui s'enflamma comme un feu de cheminée. Le Saint Soul se mit à hurler comme un cochon qu'on égorge, et ses trois partenaires se précipitèrent pour éteindre ce qui restait de la cape de leur camarade. Mask en profita, et rapide comme l'éclair, il les assomma tout les quatre à l'aide de ses poings, pieds et ailes. Une fois ceux-ci plongés dans l'inconscience, il changea immédiatement de secteur, et atterrit dans une nouvelle clairière, le souffle court. Faire ça commençait vraiment à le crever.
- Faites vite ... grommela-t-il à l'intention de l'Inexistante.
Mask leva la tête, cherchant un arbre encore suffisamment feuillu malgré l'hiver déjà bien entamé. Une fois son ''bonheur'' trouvé, il y grimpa comme une araignée, et inspecta les alentours. Pas d'ennemis pour l'instant. Il poussa une grande expiration et se massa l'épaule en grimaçant. Les courbatures commençaient déjà à se faire sentir ...
- Flûte. J'aurais dû convaincre l'Inexistante de la laisser m'entraîner. Je suis totalement rouillé ...
Il s'étira, faisant allègrement craquer ses épaules et ses doigts. L'immortel jeta un coup d'œil au bâtiment d'administration. Les flammes qui le ravageaient quelques temps plutôt s'étaient éteintes depuis un moment, le laissant totalement fumant. Mask espérait de tout son cœur qu'il n'y avait pas eut de victime ...
Soudain, un bruit dans les buissons voisins le fit presque sursauter. Des Saint Souls arrivaient !
Il soupira et arma une nouvelle flèche en retenant sa respiration. Mask avait intérêt à ne pas se rater.
- Rhalala ... on vient à peine de réveiller qu'on doit se battre ! Quelle ironie quand même ...
Mask sentit un frisson remonter le long de son échine. Nom de ... ! La voix ressemblait à celle d'un des amis de Ciela ! Catastrophé, il détendit sa corde et fit disparaître sa flèche le plus rapidement possible. A la seconde d'après, deux jeunes hommes arrivèrent dans la clairière, transportant ... des armes ?! Ici, à la S.E.A !? En plissant les yeux, Mask arriva à distinguer une lance et un trident. Tous deux rutilaient comme si ils venaient tout juste de sortir de la fabrique, et les dépassaient de plusieurs pieds. C'est alors que Mask percuta.
- Ces ... armes ... non, non ... C'est tout bonnement impossible ! souffla-t-il en tremblant.
- Ne va pas dire que ça ne te fais pas plaisir Guemnir, le réprimanda l'autre jeune homme d'une voix bien plus grave qu'accoutumé.
Mask faillit tomber de son arbre, et se raccrocha au tronc de toutes ses forces, prit d'hyperventilation et de vertiges. « Guemnir » ... cela voulait dire que l'autre ... ? Mais dans ce cas, pourquoi un tel miracle aurait-il été possible ?! Et surtout : comment ?!? Mask réprima une nausée puissante, et se baissa légèrement, dans l'espoir de mieux détailler les deux jeunes hommes. C'était bel et bien les deux jumeaux espagnols, amis de Ciela, mais leur apparence était bien différente ... le dénommé Crìs jouait à lancer et rattraper la lance jaune qu'il maintenait facilement dans une seule main alors que ça n'aurait pas été possible à moins que cette lance pèse seulement quelques grammes. Impossible donc. De plus, les cheveux roux du jeune homme s'était changé en un caramel bien plus sobre, et ses yeux argentés pétillait maintenant d'une lueur bien plus sauvage qu'auparavant. Romy se tenait plus droit qu'un ''I'' et toutes traces de joie ainsi que de malice avaient désertés son visage si expressif d'habitude. L'éclat dur et froid présent dans ses yeux semblait le défigurer. Ses cheveux avait viré en un aubrun profond, rendant son apparence austère au possible. Et ses deux apparences, Mask les connaissaient bien. Trop bien même. Il plaqua une main sur sa bouche pour s'empêcher de hurler, mais ne put retenir les larmes qui bientôt dévalèrent ses joues par dizaines sous son masque. Un jour, l'Inexistante lui avait dit que les miracles n'existaient pas. Et bien en cet instant même, et pour la première fois de sa vie, il ne put s'empêcher de penser qu'elle avait mille fois tort.
- Au fait Kryos, tu n'as pas l'impression d'entendre quelque chose ? demanda « Guemnir », les sourcils froncés en regardant en l'air, la main gauche en visière.
- Le bruit du vent dans les arbres, répondit laconiquement le concerné.
En effet, l'arbre que Guemnir fixait semblait secoué par une brusque rafale de vent ... alors qu'il n'y avait même pas une brise. Pourtant, il ne releva pas, et s'en alla, l'arbre étant parfaitement vide. Mais si le guerrier avait levé la tête, il aurait sans doute aperçu une silhouette flottant dans le ciel, filant à toutes allures dans le sens contraire de leur direction ...
- Guemnir, voilà les hommes en noir dont Fenror nous a parlé, le rappela à l'ordre son camarade.
- Mais qu'est-ce que ... balbutia une des cinq capes noirs qui se tenaient devant eux.
Guemnir ne put retenir un sourire carnassier, et sa lance émit soudainement quelques étincelles.
- C'est l'heure de faire le ménage Kryos !
* * * * *
Mask était prit de vertiges et de sacrés nausées. Ce à quoi il assistait semblait sortir tout droit d'un rêve. Amélia et Sheena se battaient dos à dos, face à une vingtaine de capes noires, et les géraient sans le moindre problèmes. Les cheveux de Amélia avait viré en un gris profond, et ses yeux flamboyaient d'une lueur orangée. Chaque Saint Souls passant sous son fouet se voyait expédié au pays des songes ou contre un arbre. Elle le maniait avec une dextérité qu'il ne croyait possible que pour une seule personne. Mais une personne actuellement morte, et ce depuis plusieurs millénaires ... la jeune Sheena ne flânait pas pour autant : son sceptre scintillait des jets de glace qu'elle envoyait sur ses ennemis, gelant certaines parties de leur corps, ou les enfermant dans des blocs de glace que Amélia ne manquait pas de briser avec son fouet. Ses cheveux de couleur sable volaient à chaque mouvement effectué, et ses yeux, maintenant quasi-doré, brûlaient de détermination.
- Quelle travail d'équipe époustouflant ... murmura-t-il pour lui même, refoulant une désagréable impression de déjà-vu.
Mask les appelaient Amélia et Sheena, mais il savait au fond de lui même que ce n'était pas elles. Tout comme pour les jumeaux, c'étaient d'autres personnes. Des personnes qu'il n'était censé jamais revoir. Des personnes dont il s'était interdit de prononcer le nom. Pourtant, elles se mouvaient sous ses yeux, tel un ballet mortel, irréel.
- Leedna, derrière toi ! rugit la jeune fille au sceptre.
D'un habile mouvement de poignet, ''Sheena'' congela l'adversaire de sa partenaire, tandis que la jeune femme au fouet l'envoya claquer sur la poitrine d'un S.S qui s'apprêtait à envoyer une boule de feu sur son amie. En moins de temps qu'il en fallut pour dire « anticonstitutionnellement », toutes les Capes Noires présente autour d'elles étaient à terre. Les deux jeunes femmes, hors d'haleine, reprenaient lentement leur souffle.
- Merci Zelmaria. Tout va bien ? Ce doit être dur de faire avec l'élément de glace de cette enfant.
- Oui ... son corps a de bons réflexe, mais une mauvaise endurance ... par contre, son élément est bien plus efficace que le sable que j'avais l'habitude de manipuler à l'époque, ça contrebalance. Pfouu ...
- Tant mieux alors. Mais on pourrait être encore plus efficace si on les tuaient.
- Non Leedna ! Fenror a stipulé que nous devions les laisser en vie. Je crois que c'est pour que ces pauvres enfants n'aient pas leurs morts sur la conscience.
Aux propos de « Zelmaria », « Leedna » grimaça, et fixa sa paume de main, apparemment pensive.
- Je ... je me demande ... pourquoi je suis là ... je me revoie encore, mourant sous le coup d'une hache ... et puis ...
La blonde au sceptre se hissa sur la pointe des pieds, et posa une main apaisante sur le bras de son amie. La blanchette sourit brièvement avant de se passer la langue sur les lèvres.
- Je ... Si nous sommes tous là ... tu penses que Philios et Almarica le sont aussi ... ? J'espère qu'ils ne sont pas ...
- Fenror a juré qu'il nous expliquerait absolument tout. Faisons lui confiance, et protégeons cet endroit, tout en ménageant ces corps.
« Leedna » hocha la tête en signe d'approbation, et rangea son fouet, avant de poursuivre sa route, derrière son amie.
Une fois les deux guerrières parties, Mask descendit maladroitement de l'arbre et inspecta chaque S.S tombés au sol. Ils étaient tous, absolument tous, encore entrain de respirer. Certains avaient des membres cassés, certes, mais ils étaient tous en vie. Il jeta un coup d'œil derrière lui, et ne put se retenir de déglutir. Si il ne voulait pas s'attirer d'ennuis, il avait tout intérêt à décamper d'ici le plus rapidement possible. Mais plus question de voler. Tout en veillant à rester sous l'ombre des arbres, Mask s'enfonça plus profondément dans la forêt, abattant chaque Saint Soul passant à sa portée, le plus discrètement possible.
- Dès que tout sera finit, je m'en irais. Le plus vite et le plus loin possible.
Tel un leitmotiv, Mask ne cessait de se répéter ces deux phrases en boucle, déterminé à partir d'ici le plus rapidement possible. Lentement, le plus lentement possible, il remontait vers le pêcher éternel persuadé que là-bas, il pourrait souffler un peu, et remettre de l'ordre dans ses pensées, et peut-être demander à l'Inexistante la signification de tout cet énorme fatras. Lorsqu'il aperçut au loin l'immense cime du pêcher, il soupira de soulagement et grimpa à un arbre, prêt à s'envoler vers sa destination.
- VOUS N'APPROCHEREZ PAS !
Le sang de Mask se figea. Cette voix. Il l'aurait reconnu entre mille. Une chair de poule incommensurable l'envahit, et il se mit à trembler de tous ses membres. Vite, vite ! Faire demi-tour, et ne pas, surtout pas se retourner. Pourtant, aucun de ses membres ne bougea. A la place, son regard se fixa sur la jeune fille en armure, encerclée par une dizaine d'homme en face de lui, à seulement quelques mètres de lui. Son immense faux était la seule chose qui lui permettait de tenir loin d'elle les dix capes noires autour d'elle. A bout de souffle, la mine renfermée témoignant de sa concentration, Almarica tenait en joue chaque Saint Souls autour d'elle.
- Impossible ... Cette faux ... Elle ressemble à s'y méprendre celle des livres d'histoire ! La faux d'Almarica l'Alchimiste ! cria l'un des hommes en pointant l'arme.
Un murmura inquiet parcourut la petite foule, qui commençait sérieusement à paniquer.
- Mais arrêtez vos bêtises ! Qu'est-ce qu'une grande guerrière comme Almarica l'Alchimiste viendrait faire ici ?! Allez gamine ... pose cette faux et rends to ... commença celui qui semblait être le chef.
Mais personne ne connu la fin de la phrase du Saint Soul. D'un grand mouvement circulaire, elle en envoya voler plusieurs contre des arbres.
- Je ne le répéterai qu'une seule fois : VOUS . N'APPROCHEREZ . PAS ! siffla-t-elle, haineuse.
- Nom de ... cette gamine commence à franchement me mettre en boule ! QUI ES TU POUR OSER NOUS TENIR TÊTE ?! reprit un autre S.S.
- JE SERAI CELLE QUI VOUS HORS D'ICI ! hurla-t-elle.
Le sang de Mask battait à ses tempes, et il peinait beaucoup à admettre ce à quoi il venait d'assister. Il était arrivé ici début novembre. Décembre touchait à sa fin. Un mois. Il était resté plus d'un mois ici, en ne sachant pas que la personne qu'il voulait le moins voir au monde était présente dans ce même lieu. En ce moment même, il n'avait qu'une envie, s'envoler le plus vite et le plus loin possible de ce lieu, au pôle nord si il le fallait. Mais ... il ne pouvait pas. Mask avait promit à Brunette qu'il resterait ici pour protéger cet endroit et les Last Hope, même si il devait y laisser la peau. L'immortel avait beau se considérer comme une pourriture et un moins que rien, il tenait ses promesses. Surtout que ... lorsqu'on faisait une promesse à l'Inexistante, on se devait de la tenir. Sinon ... il y avait de très grandes chances pour que tout se finisse très mal. Mais ... en cet instant, Mask était réellement tenté de tout laisser tomber. Car ELLE était là. Devant ses yeux. Sa plus grande frayeur, son plus grand cauchemar, et à la fois son plus beau rêve, son bonheur absolu, n'était qu'à quelques mètres de lui. Une torture, un dilemme ... Mask serrait son arc tellement fort que ses jointures étaient quasiment devenues transparente. Il se mordit la lèvre inférieure tellement fort qu'il saignait. Que faire ... Que faire ... QUE FAIRE ?! Partir, pour ne plus revenir ? Rester, et la laisser à son sort ? Ou ... Aller l'aider, et tout lui révéler ? La vérité. Son secret le mieux gardé, le plus honteux, le plus affreux qu'il n'ait jamais eut à supporter. Il s'était juré de l'emporter avec lui dans l'au-delà, mais ... et ... si ? Mask secoua vivement la tête. Non. Il ne devait rien lui dire. Il ne devait rien lui raconter, rien du tout. Jamais. Sous aucun prétexte.
Mettant ses sentiments de côté, Mask s'apprêtait à décoller, quand un cri aigu lui empêcha tout envol.
- JE L'AI EUT ! jubila un Saint Soul, un poing levé en guise de victoire.
Almarica avait un genou à terre, le bras gauche sanguinolent.
- PFOUAHAHAHAHAHA ! Une simple lame d'eau et elle saigne à ce point ?! Mais quelle rigolade ! Jean-Charles avait raison ! Cette gamine ne peut pas être Almarica l'Alchimiste ! éclata de rire l'un de ses adversaires.
Mask retenu de justesse le réflexe de se pencher en avant, incrédule. Almarica était bien plus puissante que ces guignols ! Pourquoi n'utilisait-t-elle son potentiel ... ? C'est alors qu'il réalisa. Elle avait sans doute eut elle aussi les mêmes consignes que lui : pas de morts. Il retenu de justesse un juron, frustré par son impuissance face à cette situation.
- J'ai dit ... que vous ne passerez pas ... vous n'êtes pas les premiers que j'abattrais ce soir ! Par delà cette clairière se trouve le seul endroit ou je ne laisserais aucun d'entre vous poser les pieds, quitte à en mourir ! JE NE FUIRAIS PAS !
« Fuir » ...
« Fuir. Fuir, toujours fuir. Tu t'défiles man. T'en a pas marre à force ? Arrête tes conne ... bêtises, et affronte tes erreurs, sérieux ! »
Il ne put retenir un ricanement. Ce jeune garçon n'avait pas tort ... Mais ce n'était pas aussi simple que ça ... rien n'était simple. Rien. Pas même cet espèce d'impression de déjà-vu qu'il ressentait depuis qu'il avait découvert ... Déjà-Vu ? Ce n'est qu'à ce moment là, qu'un déclic s'opéra en lui, faisant remonter un souvenir ancien ... très, très ancien ...
« - Alors ... des baies rouge ... des baies rouge ... Svelja m'a dit qu'elles se trouvaient dans le coin ... marmonna-t-il.
Accompagné de son fidèle arc, le jeune homme était partit à la cueillette. Pour le repas de ce midi, Svelja et Fenror lui avait demandé de lui ramener des baies rouges, sortes de petits fruit à la fois amer et salé, choses pouvant parfaitement assaisonner la salade de l'Element de lumière. Malgré la nature tranquille de cette chasse, il avait tenu à emmener son arc, par mesure de précaution. Un accident était vite arrivé ... De plus, dans cette zone de la forêt, tomber nez à nez avec des brigands n'étaient pas impossible ... autant prendre un maximum de précautions possible.
Exaspéré par cette recherche infructueuse, il s'envola, espérant avoir une meilleure vue, et pouvoir repérer bien plus facilement l'objet de sa « quête » ... mais c'est alors que, portés par le vent qui secouait les arbres de la forêt, des éclats de voix lui parvinrent.
- Des bandits ... ? se demanda-t-il les sourcils froncés.
Suivant le vent à contre sens, le jeune homme finit par repérer la source des voix, et se posa le plus discrètement possible dans un des arbres qui bordait la petite clairière d'où venait les voix qui lui parvenait ... Une bonne dizaine de crapules encerclaient une frêle demoiselle d'un air mauvais.
- N'APPROCHEZ PAS ! hurlait-elle, tournant sur elle même, aux aguets.
- Pff ! Tu penses faire quoi face à nous gamine ?! s'exclama l'un des bandits.
- Allez ! Laisse tomber et file nous ta bourse ! reprit un autre.
- J'en ai pas ! J'ai fuguée. Et j'ai rien pris en partant ! grommela-t-elle.
- Et moi je suis le roi Zelphis ! répondit le hors la loi en hurlant de rire.
Il soupira. Mais dans quel pétrin cette gamine s'était-elle fourrée ? Sa robe était littéralement couverte de boue, et ses cheveux noir de jais, qui apparemment semblaient avoir été coiffé d'une manière sophistiquée, partaient dans tous les sens. Ses yeux améthystes brillaient d'un mélange d'inquiétude et de tension.
- Une Element de ténèbres ? Elle est pas née avec une cuillère en argent dans la bouche elle ... marmonna-t-il, un peu sarcastique.
Mais que cette demoiselle soit une fille de bonne famille ou une simple paysanne, il se devait de l'aider. Il ne pouvait pas décemment laisser une pauvre fille ainsi, entre les mains de ces brigands.
- Bon. Un peu de chasse s'impose ...
Il prit une grande goulée d'air, et se mit en apnée. Lentement, il piocha deux flèches dans son carquois, et encocha tout aussi lentement, avant de bander la corde ... et de lâcher le tout. Avec un sifflement bref, l'une d'elle alla se ficher dans l'épaule du chef, et l'autre dans la cheville d'un de ses acolytes. Débandade générale. Les bandits regardaient autour d'eux, affolés par cette attaque venant de nulle part, tandis que les deux blessés hurlaient à la mort, et que la « demoiselle en détresse » ... fonçait dans le tas. En effet, en se rendant compte de la situation que lui offrait la distraction, la jeune fille n'avait pas hésité à en profiter, et à jouer du poing ainsi que des pieds, faisant croche-patte à tout va, et balançant son poing dans la bedaine de qui avait le malheur de passer près d'elle.
De haut de son arbre, il ne put retenir un sifflement. Elle savait assez bien improviser une défense la gamine.
- C'est pas tout ça, mais moi aussi j'ai envie de me défouler ...
Il se mit debout sur sa branche, ignorant l'équilibre précaire de cette dernière, et vida son carquois sur ses « cibles », qui tombèrent comme des mouches une à une. Une fois son travail finit, il sauta de la branche et alla finir le travail, avec une certaine aide de l'ex-menacée. Cinq minutes plus tard, ses adversaires mangeaient presque tous les pissenlits par la racine. Il souffla un bon coup, et inspecta chacun des corps, récupérant les flèches qui lui semblait encore en bon état. Derrière lui, la demoiselle peinait à reprendre son souffle, hors d'haleine.
- Q-QUI ES TU ? lui hurla-t-elle.
- Qui es-TU ? répliqua-t-il en la fixant, une flèche dégoulinante de sang dans sa main.
- Je l'ai dit en première ! s'indigna-t-elle.
- Et moi en second, répondit-il du tac au tac, posément, avant de se baisser pour arracher une nouvelle flèche.
Elle souffla exaspérée, et se pinça l'arrête du nez.
- Je suis Almarica Reïsha !
Il se figea et leva un regard étonné vers elle.
- Oui, je suis la sœur de Bellum le San ...
- Tu ne serais pas la sœur de Fenror par hasard ? l'interrompit-il.
Elle resta bouche bée, les yeux écarquillés.
- T-tu ... connais mon frère ?!
- Ferme ta bouche ou tu vas gober un insecte volant.
Elle la referma dans un claquement sec, sérieusement irritée.
- Mais qui es-tu à la fin !?
Tout en inspectant la flèche qu'il venait de réussir à extraire d'un des bandits à terre, il lui répondit évasivement.
- Philios Caerris. Tout simplement.
Malgré elle, la bouche d'Almarica s'ouvrit à nouveau en grand.
- P-Philios Caerris ? Tu ne serais pas de la famille de Zelphis Caerris, le ... le ... balbutia la jeune fille, perdant ses moyens.
- Si. Sa Majesté Zelphis Caerris, Grrrand Roi des Blancs et, aux dernières nouvelles, mon bien-aimé grand frère.
Un silence gêné accueillit la déclaration ironique de Philios. La famille des Reïsha et des Caerris étaient connues pour se haïr depuis la nuit des temps, et la guerre n'avait rien arrangée. Ils se trouvaient chacun en face de son pire ennemi.
- ... E-écoute, moi je me fiche de mes affaires familiales, ou de la guerre. Je cherche juste mon frère, Fenror. Tu le connais, n'est-ce pas ? Sais tu où habite-t-il ? J'ai besoin de le retrouver ...
Philios se tourna vers la demoiselle. Les poings serrés, ses yeux scintillaient de larmes et elle tremblait presque. La fatigue et la tension marquaient son visage de porcelaine, et des dizaines de griffures parsemaient ses bras et ses pieds nus. La jeune Element en avait vu des vertes et des pas mûres ... Elle lui faisait un peu pitié cette pauvre gamine ... Philios poussa un long soupir.
- Oui, je sais où ton frère habite. Et franchement, la guerre ou les tensions familiales entre nos deux familles, j'en ai strictement rien à cirer. Je cherche juste à protéger mes amis et ce qui me tiens à cœur. Je ... peux t'y mener si tu veux. A la maison de ton frère.
Le regard de la jeune fille se mit à briller de mille éclat, et un sourire faisant trois fois le tour de son visage fleurit sur ses lèvres.
- MERCI ! Merci infiniment !
- Pas la peine d'hurler.
Et sur ce, il reprit la route inverse, la jeune fille sur ses talons, oubliant totalement les baies rouge. »
Mask cligna des yeux, se forçant à revenir dans la réalité. Oui ... tout était pareil. La situation était la même que ce jour là. Mais ils avaient changés, du tout au tout. Son instinct lui hurlait de partir, mais il crevait d'envie de la secourir ... Puis il se souvient d'Ash qui avait résisté à Bellum. De Ciela qui s'était enfuie de prison, presque toute seule. De ses anciens compagnons qui étaient entrain de se battre face à cette armée de S.S. Et il comprit. L'heure n'était plus aux tergiversations. Ils étaient en guerre. Ils devaient tous mettre leur problèmes de côté, quels qu'ils soient, et se serrer les coudes. Qu'importe ce qu'il avait fait à l'époque. Qu'importe le fait qu'Almarica allait le tuer si elle le verrait. Parce qu'en cet instant, il s'était décidé à la sauver. Il la protégerait, tout comme il l'avait toujours fait. D'un claquement de doigt, il fit apparaître une flèche, avant de l'encocher et de viser attentivement l'homme qui venait de blesser sa fiancée.
- Dis, Almarica. Tu te souviens de notre première rencontre ? Tu étais un peu dans la même situation. Moi, maintenant je m'en souviens. Et je ne compte plus fuir avant de t'avoir sauvé. J'invoque le premier élément, fulgur astraë.
Et il décocha.
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J'AI FINIS MON CHAPITREUUUUUUUUUUUUUUH !
Héhé ... On apprends pleiiiin de choses n'est-ce pas ?
Pour Mask = Philios ... vous vous en doutiez hein ? :3
Alors ! Avez vous appréciez la relation qu'on ces deux là ?
Perso, écrire leur histoire et leur relation de couple m'éclate et me plait réellement ... XD Ces deux là ... Quand je pense qu'à l'origine, ça aurait dû être les antagonistes de S.E.A ... Comme quoi, tout change ! ^^
Le chapitre 75 comme cadeau de Noël ! Cool non ? //SHBAAAAAFF// Mais il n'y a pas que ça ... je vous ai réserver une petite surprise ... UN CROSSOVER ! En effet, moi et Loup_Watta, une super écrivaine travaillons sur un Crossover depuis quelques temps entre mon histoire et la sienne (l'Abandonnée de la famille, qui en passant est une histoire ultra cool que je vous encourage à aller lire au plus vite !) , et j'ai le plaisir de vous annoncer que le prologue est bientôt en ligne ! Le compte commun au nous publions notre histoire se nomme : Baka_Nekomi_OFFICIAL !
VALA, VALA ~ ! (^O^)/
Allez, je vous laisse, et surtout, JOYEUX NOËL !
A LA PROCHAINE MES COOKIES EN FORME DE LUTIN DU PÈRE NOËL !
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