Chapitre 7 (TW: Mature content)
Si Jisung pensait qu'il n'était pas quelqu'un de très raisonnable sur plein de points de vue, c'était probablement encore pire quand il s'agissait de Minho.
Malgré le fait qu'ils s'étaient mis d'accord tous les deux pour ne rien tenter de plus explicite entre eux, la tentation était grande. Ils se comportaient « comme avant », passant tout leur temps libre ensemble, ne parlant absolument pas de leur précédente conversation, regardant des films, se promenant etc. Parfois, ils ne parlaient juste pas et se serraient dans leurs bras sans échanger un mot.
Et parfois, Jisung le savait, ils allaient trop loin par rapport à ce qu'ils s'étaient fixés.
Surtout ce soir pensa t-il vaguement, le dos plaqué contre la porte de la salle de bain alors que Minho l'embrassait à en perdre haleine en se collant contre lui.
C'était le soir du nouvel An, ils avaient tous un peu bu et s'étaient tous arrêté lorsque Hyunjin eu une nausée qui le poussa à vomir dans le jardin. Jisung aussi avait bien bu, mais il était très conscient de ce qu'il faisait. Après avoir dansé toute la soirée, hurlé, mangé et ris tous ensemble, il s'était éclipsé pour passer aux toilettes dans la salle de bain du rez de chaussé. Il s'était lavé les mains et à la sortie, avant croisé Minho sur le palier.
Au début, il l'avait contourné pour le laisser entrer à sa suite, mais le jeune homme lui avait empoigné les mains pour le repousser dans la salle de bain et les y enfermer tous les deux.
Et les voilà haletant, entrain de s'embrasser à ne plus en pouvoir, les lèvres trempées de salive et les bassins douloureux plaqués l'un contre autre alors que leurs mains paniquaient sur leur peau. Jisung avait la réelle sensation d'être une proie face à un prédateur tant son aîné le dévorait et le faisait se consumer sur place. S'il n'était pas très honnête à ne pas repousser Minho pour respecter leur engagement, ce dernier ne faisait pas beaucoup d'effort pour le respecter non plus. Ça le faisait déculpabiliser.
Lorsque la main brûlante de son aîné passa sur son ventre, sous le tee-shirt qu'il portait ce soir là, un gémissement rauque s'échappa des lèvres de Jisung. Il était si avide de contact qu'il aurait supplié à Minho de le toucher, encore et encore. D'instinct, il écartait les cuisses et le plus naturellement du monde, son aîné vint y glisser sa jambe. Heureusement que la musique était forte dans le salon, car Jisung eu honte de la plainte pornographique qui franchissait ses lèvres à cette seconde.
« J'y arrive plus... » marmonna Minho en détachant ses lèvres des siennes. De sa main libre, il vint entrecroiser ses doigts à ceux de Jisung, qui tremblait de désir tout contre lui « Tu t'es vu danser ce soir ? Je peux pas lutter... »
Jisung avait un peu dansé avec Changbin, beaucoup avec Félix, encore plus avec Hyunjin quand ce dernier s'était senti mieux. Minho n'avait pas l'air d'avoir voulu participer, mais le jeune homme s'était senti d'humeur taquine et espérait sincèrement l'avoir un peu provoqué. Il n'espérait pas une réaction à ce point volcanique. Le jeune homme rejeta sa tête en arrière en sentant les lèvres de Minho y descendre pour déposer des baisers humides le long de sa gorge. Jisung n'arrivait vraiment plus à réfléchir. Et si on remarquait leur absence ? Il s'en foutait. Franchement, il s'en foutait.
La main de son aîné remonta le long de son ventre, jusqu'à venir enfermer un de ses tétons entre deux doigts. Ses jambes se serrèrent d'office, se frottant involontairement contre la cuisse de Minho qui se trouvait entre. Jisung avait tellement chaud qu'il n'était pas certain de réussir à aligner plus de quelques mots à la suite.
« M-Minho... oh merde, c'est AAH ! » gémit il sans pouvoir se contrôler lorsque son aîné roula doucement ses doigts sur son téton, lui provoquant une vague de plaisir jusque dans son dos. Toutes les bonnes résolutions, si on pouvait les qualifier comme telles, de Minho volaient en éclat. Le cadet sentit ses lèvres du jeune homme dans son cou sucer sa peau si fort, qu'un bruit obscène se fit entendre lorsqu'il s'écarta de lui. Minho ne perdit pas de temps et recommença à quelques centimètres, suçant sa peau avec ardeur.
« Minho, je vais avoir des marques... » susurra t-il d'une voix faible, ce n'était pas une protestation, juste une constatation
« C'est le but » répondit Minho après quelques secondes en se décollant de lui. Il plongea son regard dans le sien, et de nouveau frôla sa chair si sensible de ses doigts, provoquant une plainte de la part de Jisung. Ce dernier se sentait si vulnérable à cette seconde, il aurait donné sa vie pour que son aîné le touche plus « J'ai tellement envie de toi... » murmura t-il en observant les lèvres de son cadet
Les mots et le comportement de son aîné fit gémir Jisung. C'était impossible, il se prenait beaucoup trop la tête pour des histoires anciennes, et maintenant ils étaient là, avec des érections douloureuses dans leurs pantalons et un désir à réchauffer la plus froide des pièces. Le cadet déposa ses mains sur les hanches de l'homme en face de lui, il le voulait plus que tout au monde. Pourquoi s'entêtait-il à ne pas aller plus loin à cause de son passé ? Jisung voulait respecter le choix de son ami, sincèrement. Mais...
« Moi aussi j'ai envie de toi... » répondit il en déglutissant. Il n'avait jamais fait quoi que ce soit avec un homme, mais quand il s'agissait de Minho il avait envie de le dévorer, et de se faire dévorer. Il le désirait entièrement. Jisung osa picorer un baiser sur les lèvres du jeune homme et plaqua un peu plus son entrejambe sur la cuisse de ce dernier. Aucun des deux n'ignorait l'état de l'autre.
« Je ne veux pas te perdre. »
La voix de Minho se fit plus sérieuse, alors qu'il arrêtait de caresser son cadet. Il replaça ses bras de part et d'autre de la tête de Jisung, s'appuyant sur ses coudes pour venir l'embrasser de nouveau, plus tendrement cette fois. Leurs bassins se décollèrent légèrement l'un de l'autre, pour se donner de l'espace. Si le plus jeune des deux était frustré par la situation, il avait beaucoup trop de respect envers Minho pour lui forcer la main. Il accueillit donc le baiser sur ses lèvres avec plaisir tout de même, serrant doucement les hanches de son aîné entre ses doigts.
« Tu ne me perdras pas... » reprit Jisung pendant que Minho posa son front contre le sien, leurs regards plongés mutuellement l'un dans l'autre. Leurs souffles se mêlaient délicatement, ça n'avait rien à voir avec la passion qu'ils dégageaient quelques minutes auparavant. « Jamais je ne te laisserais, tant que tu veux de moi je... »
« Je t'aime. »
Jisung sentit ses yeux devenir plus larges en entendant la confession de Minho. Tout le désir qui l'écrasait appuyait encore plus sur sa poitrine à ces simples mots. C'était si court, si bref, et pourtant, il avait vraiment la sensation de se faire heurter par un train. Ses doigts se crispèrent sur les hanches du jeune homme, alors qu'il ne pouvait détourner les yeux. Dans ceux de Minho, il y lisait le désir, l'envie, l'amour en effet, mais aussi la crainte. La crainte effrayante et profonde d'être rejeté. Jisung se décolla à peine de la porte pour venir déposer un nouveau baiser sur ses lèvres, chaste et doux. C'était un moment hors du temps, et s'ils avaient chauds, ils ne s'en rendaient plus compte maintenant.
« J'aurais pas dû dire ça... » commença Minho en fermant les yeux après le baiser de son cadet
« Je t'aime aussi. » répondit Jisung, arrêtant toutes les spéculations de son ami contre lui. Ce dernier semblait à peine croire ses mots, alors qu'il rougissait à ne plus en pouvoir. Le jeune homme avait son cœur qui battait une chamade folle dans sa poitrine. Il était sérieux. Jamais il n'aurait espérer que ces mots sortent de la bouche de Minho, pourtant c'était le cas. Et lui aussi ressentait cet amour pour lui. Jamais il n'avait aimé si fort, si vite « Crois moi, je t'aime. » répéta t-il en cherchant à croiser le regard de son aîné.
Ils s'embrassèrent de nouveau, plus doucement encore. Ils s'aimaient et c'était tout de qui comptait à cette seconde. Minho le prit dans ses bras tendrement, pour le bercer tout contre lui. Leur excitation était retombée, pour aller sur un sentiment plus suave, plus doux.
« Je te dirais tout. » finit par murmurer l'aîné en caressant les cheveux du jeune homme contre lui, qui y croyait à peine « Demain. Pas ce soir. On doit fêter le nouvel An ce soir. » reprit il en se séparant du garçon contre lui pour sourire. C'était son sourire mélancolique, que Jisung aimait autant que tous les autres.
Il arrivait à peine à y croire. Trop de chose se bousculait dans sa tête. Déjà, Minho l'aimait. Et il y croyait dur comme fer. Il l'aimait assez en tout cas pour s'assumer et se révéler entièrement à lui. Il lui faisait confiance, et rien que savoir qu'il le faisait lui donnait envie de s'envoler. Jisung savait que c'était dur pour son aîné, il l'avait compris. Mais il voulait surtout qu'il le croit. Il était sincère, son amour pour lui était réel.
Et c'était réciproque.
Après s'être observés dans le miroir, pour se recoiffer notamment et passer un peu d'eau sur leurs visages, les garçons sortirent de la salle de bain. Minho s'arrêta dans la cuisine pour ramener des choses à grignoter dans le salon, et Jisung y fila directement pour retrouver tout le monde. Il espérait sincèrement avoir été assez discret, mais ce n'était pas vraiment le cas bien entendu. Et surtout difficile à nier quand Changbin s'étouffa avec un petit four en désignant la gorge du jeune homme tant il riait.
« Minho t'a confondu avec l'apéritif ou quoi ?? » s'exclama t-il pendant que le jeune homme s'installait sur un des canapés, rougissant jusqu'aux oreilles
« De quoi tu parles ?! » répondit il avec un air confus, passant sa main dans son cou. Il y sentit vaguement des marques humides et légèrement douloureuses.
Ah.
« Je crois que Changbin évoque les énormes suçons que tu as dans le cou. » reprit Chan avec un air clairement amusé, qu'il n'arrivait pas à cacher lorsque le principal intéressé entra dans le salon avec deux nouveaux bols de chips. Il ne réagissait absolument pas lorsque tous les visages se tournèrent vers lui. Minho se contenta de poser le ravitaillement sur la table et alla s'asseoir à côté de Jisung. Néanmoins, il noua aussitôt un de ses bras autour de la taille de son cadet pour le rapprocher de lui et déposer un baiser sur sa joue avant de se caler.
Sa réaction provoqua une surprise générale, même chez Jisung. Ce dernier ne savait pas quoi faire, restant tout blotti contre son aîné alors que les garçons les regardaient d'un air amusé.
« C'est bon, c'est officiel ? » demanda Seungmin en riant un peu
« On va vraiment pouvoir tomber sur vous sans avoir l'impression de déranger l'instant clef de la confession ou... ? » continuait Changbin, plus taquin que son cadet
« Mais de... De quoi ?! » s'exclama Jisung en observant ses amis avec un air scandalisé. Ses yeux se tournèrent vers Félix, qui leva les mains d'un air innocent
« C'est pas moi ! » se défendit il en se mettant à rire « C'est Chan qui tenait à ouvrir des paris, ça fait quoi, un mois ? » l'aîné du groupe eu les jours écarlates en se faisant désigner comme coupable, même Minho semblait surpris par la nouvelle
« En l'occurrence les paris quand vous alliez craquer, du coup Jeongin se fait discret parce qu'il me doit un restaurant vu qu'il a perdu ! »
« J'avais parié après le nouvel An, franchement les gars ! » cria presque le plus jeune du groupe d'un air complètement dépité
Jisung tourna les yeux vers celui qui le gardait blotti contre lui, et à sa grande surprise, Minho souriait. Il avait un petit air satisfait, et lorsqu'il glissa sa main sous le tee-shirt de son cadet pour la poser sur sa taille, ce dernier eu un frisson tout le long de son dos.
« Comment vous avez pu douter une seconde de moi ? »
—
Lors du décompte pour la nouvelle année, Jisung et Minho s'embrassèrent sans se poser de question à la vue de tous, sous l'acclamation générale. Ils burent encore un peu d'alcool, mangèrent des sucreries, et après un karaoké endiablé au cours duquel Jeongin montra ses talents à chanter du trot, les garçons se préparèrent à aller dormir. La nuit était déjà bien avancée et tout le monde était épuisé.
Après une douche rapide, Jisung retrouva son aîné installé dans son propre lit, allongé à côté de Sunshine son chat en peluche. Comme à son habitude, il lisait un livre mais s'arrêta rapidement en le voyant entrer. Le jeune homme ferma soigneusement la porte derrière lui et trotta jusque dans son lit pour se glisser dans les draps avec Minho. Ce dernier jeta son livre sur la table de chevet avant d'ouvrir les bras pour que le garçon s'y glisse.
Soupirant d'aise, le jeune homme eu un léger rire en sentant son aîné frissonner de la tête aux pieds en le sentant s'installer à ses côtés.
« Désolé, mes pieds sont toujours froids le soir... » murmura t-il en cherchant les pieds de Minho pour les réchauffer.
« C'est rien, c'est mignon. » répondit son aîné en riant un peu. Il était plus détendu que tout à l'heure, ça se sentait. Avec tendresse, il passa une main le long sur visage de Jisung pour redessiner ses traits. Au début, le cadet l'observait glisser ses doigts sur ses joues, sur l'arrête de son nez, ses sourcils, avant qu'il ne se plante sur le bout de son nez. Jisung laissa un rire lui échapper avant d'essayer de lui croquer le doigt, mais Minho s'enfuit bien rapidement. A la place, il piqua un baiser sur son front en riant autant que lui.
« Je ne savais pas que ça mordait les écureuils ! »
« Plus que tu n'imagines ! » lui lança t-il en cherchant à attraper ses mains pour le taquiner. Jisung décida de ne pas se laisser faire, en essayant de chatouiller son aîné, ce qui fut un échec cuisant. Le jeune homme tenta de rouler sur le côté, mais Minho lui sauta presque dessus pour le faire revenir, sans cesser de rire. Ils tournèrent un moment ensemble, avant que Minho ne gagne définitivement la bataille en tenant les mains de Jisung dans les siennes, plaquées sur le matelas, en se tenant au dessus de lui.
« J'ai gagné » reprit il avait un petit air triomphant, à peine essoufflé, alors que son cadet sous lui avait clairement la sensation d'avoir couru un sprint par 40 degrés. Au moins il n'avait plus froid aux pieds.
« Je te l'accorde ! » Jisung lui tira la langue d'un air mauvais joueur avant de se mettre à rire. Minho vint lui voler un léger baiser avant de le relâcher pour s'allonger de nouveau à côté de lui.
« Sa Majesté est bonne perdante, c'est honorable de ta part... »
« ça dépend pour quoi, il y a des choses pour lesquelles je suis têtu. »
Pour sa prise d'indépendance par exemple.
« Comme pour moi ? » demanda Minho en souriant légèrement sans le quitter des yeux. Jisung sentit aussitôt ses joues s'embraser
« Comme pour toi. » lui assura t-il en s'agrippant à lui doucement.
Ils échangèrent un sourire et Minho semblait de nouveau anxieux. Le jeune homme le vit tout de suite, car il leva le bras pour éteindre l'applique murale et vint prendre son aîné dans ses bras.
« Tout ira bien Minho, je suis là » murmura t-il en caressant tendrement ses cheveux « Tu le sais ça hein ? »
« Oui. Je te fais confiance Jisung. » malgré ce qu'il disait, la voix de Minho n'était pas si assuré que ça. Il craignait le lendemain. Mais son cadet lui, avait terriblement hâte et voulait tout savoir.
—
Minho était né dans une famille plutôt heureuse.
Sa mère et son père s'aimaient à la folie, et l'arrivée du petit garçon avait été béni pour le couple. Ils l'attendaient avec impatience et l'aimèrent à la seconde où il vint au monde. Avec toute la patience du monde, ils avaient décoré sa chambre, ils lui avaient appris à parler, il avait découvert le monde à leurs côtés.
Sa grand-mère, du côté de son père, était une femme terriblement douce et aimante. Elle avait la santé fragile, elle habitait donc juste au bas de la rue de ses parents. Minho se souvenait, quand il avait environ 6 ans, il allait la voir tous les jours après l'école. Elle lui avait apprit à faire des gâteaux de sésame une fois. Tout content, le garçon avait ramené le paquet de confiseries chez lui en sautillant.
Il n'avait pas compris pourquoi son père criait si fort lorsqu'il poussa la porte de l'entrée pour rentrer chez lui. Et il n'avait pas compris pourquoi sa mère avait la joue si rouge non plus ce soir là.
Ils avaient mangé dans un silence relatif, Minho racontant sa journée à l'école comme si de rien n'était. Pour une fois, il ne détourna pas la tête d'un air dégoûté lorsque ses parents s'embrassaient, car son père n'embrassa pas sa mère sous ses yeux.
Quand il eu 8 ans, il se présenta à la maison avec un petit chat roux et blanc qu'il avait trouvé sur le chemin du retour de l'école. Sa mère eu l'air très peinée en voyant la pauvre bête, affamée et maigre, qui miaulait à la mort dans les mains de son fils. Elle lui expliqua qu'ils ne pouvaient pas le garder. Ils n'avaient pas assez d'argent pour ça. Depuis quelques temps, Minho n'aurait pas su dire quand exactement, mais sa mère achetait moins de bonnes choses à manger. Elle travaillait plus. Elle avait l'air plus fatiguée et triste.
Et son père rentrait toujours tard, en sentant quelque chose qui brûlait les narines de Minho. Plus tard, il apprit que c'était l'alcool et le cigare.
Alors, il amena le chaton chez sa grand-mère. Celle ci accepta de garder Soonie. C'était un petit chat très joueur, et Minho passait de plus en plus de temps chez sa grand-mère. Pour l'animal.
Mais aussi pour ne pas entendre son père crier.
Un jour, sa mère lui dit qu'il devait commencer à dormir chez sa grand-mère plus souvent.
Minho estimait qu'il avait une dizaine d'années, tout au plus. Le garçon était maigre, il mangeait moins bien chez ses parents et clairement, sa mère n'allait pas bien. Au début, il refusa. Il n'avait pas envie de laisser sa mère toute seule quand son père rentrait tard le soir, en criant d'une voix pâteuse que tout était de la faute de sa mère. Que si elle avait un meilleur travail, peut être qu'il pourrait investir plus dans des jeux pour gagner le « jackpot » comme il disait.
Il accepta de dormir au début un soir par semaine, puis deux, puis trois chez sa grand-mère.
Il finit par y rester du lundi au vendredi lorsque sa grand-mère adopta Doongie, un autre chat roux et blanc qu'il avait trouvé dans le quartier. Minho était persuadé que c'était le frère de Soonie, ils se ressemblaient beaucoup tous les deux.
C'était des années presque paisibles.
Il reçu un autre chaton pour ses 13 ans. Dori. Un mois plus tard sa grand-mère tomba malade.
Elle avait un soucis avec ses poumons. Rien de très alarmant au début, mais les médecins n'avaient pas bien identifié l'origine de la maladie. Si bien qu'ils perdirent énormément de temps sur le diagnostic. Lorsqu'ils découvrirent ce qu'elle avait vraiment, des mois plus tard, les soins qu'il fallait mettre en œuvre coûtaient une réelle fortune. Sa grand-mère n'avait pas beaucoup d'économie. Et son fils ne pouvait rien lui donner. Ce fut à ce moment là que Minho comprit que son père dépensait beaucoup d'argent dans des jeux et des paris, sans se soucier des besoins de sa famille.
Ils vendirent la maison de sa grand-mère, et Minho emménagea avec elle chez ses parents. Son père n'était pas souvent là, comme d'habitude, et le garçon commençait à développer de la rancœur à son égard. Une rancœur tenace, viscérale. C'était encore pire quand il entendait sa mère prendre une gifle alors qu'il était enfermé dans sa chambre, les mains plaquées sur ses oreilles pour ne pas entendre les hurlements. Sa grand-mère était alitée, elle ne pouvait plus parler à cause de la maladie.
Personne ne fut surpris de voir l'argent de la vente de la maison partir en fumée dans des paris douteux. Personne non plus ne fut surpris de voir la grand-mère décéder un matin de décembre, dans une chambre froide, sans chauffage car la facture d'électricité n'avait pas été payée.
Minho avait 14 ans.
Le soir, des créanciers passaient régulièrement pour réclamer de l'argent. Mais c'était sa mère qui répondait. Son père n'était pas là, ou s'il était là, il se cachait comme un misérable dans un placard de la maison pour ne pas se faire prendre. Minho méprisait son père, il le haïssait vraiment. Il le trouvait pathétique à boire et à maltraiter sa mère.
Mais il ne luttait pas contre lui. Il le laissait faire.
Au fond, il en avait peur. Il avait laissé mourir sa propre mère, il pouvait très bien le laisser mourir lui. Ou même sa mère.
L'année de ses 16 ans, Minho comprit qu'il devait faire quelque chose. Il devait aider sa mère. Il s'en fichait pas mal d'être moqué à l'école car son uniforme était parfois troué ou sale. Mais il voulait clairement aider sa mère à supporter son quotidien. Plus d'une fois, il lui avait demandé de partir. Mais elle refusait. Elle n'avait personne. Personne chez lui aller ou chez qui se rendre.
Personne pour la sauver.
Minho commença les petits larcins. Au début, c'était de la nourriture. Une conserve. Du riz. Un peu de viande. Puis, il essayait de piquer des portefeuilles dans des sacs à main. Il avait déjà regardé des vidéos, sur le téléphone d'un camarade au lycée. Il avait appris comment faire. Il gardait tout le liquide et jetait le reste dans la chaussée. Dans le métro c'était facile, les gens étaient tellement comprimés que personne ne faisait attention à lui.
Il a commencé à traîner avec des garçons de son âge, qui avaient arrêté d'aller en cours. Ils fumaient dans les parcs, buvaient parfois quand ils arrivaient à acheter de la bière. Parfois ils se battaient. Minho était bon. Il n'était plus l'enfant maigre, il était un adolescent et il avait la rage au ventre. Quand il portait un coup, il imaginait toujours la tête de son père sous son poing. Ça lui faisait du bien. Il rentrait moins chez lui. Passant parfois ses soirées chez un gars de son groupe, ou bien sous un pont où se trouvait leur repaire. Ils commencèrent à vandaliser des voitures. Minho prenait toujours le risque de fouiller les habitacles pour vérifier s'il y avait de l'argent qui traînait. Une fois il avait trouvé assez pour permettre à sa mère de faire des courses pour une semaine.
Elle ne lui demandait jamais d'où venait l'argent. Ni même d'où venaient les bleus qui égrainait le visage de son fils.
Minho était seul. Personne ne se souciait de lui. Ses « amis » n'en étaient pas vraiment. Son seul réconfort, c'était ses chats. Ils passaient tout leur temps dans sa chambre. C'était les seuls à être là pour lui. Il faisait de son mieux pour les nourrir et les cacher de son père. Plus d'une fois il avait menacé de les abandonner en hurlant que c'était de leur faute s'ils n'avaient pas assez d'argent.
Puis, vint le soir où tout bascula.
Minho était rentré tard. Il avait réussi à voler un peu de monnaie dans le portefeuille d'une dame âgée qui l'avait insulté alors qu'il courait avec son sac à main. Rien de bien grandiose, ça allait lui payer ses cigarettes pour la semaine. Lorsqu'il poussa la porte d'entrée, il y avait des cris dans la cuisine, et des pleurs. C'était habituel, c'était le quotidien. Alors qu'il enlevait ses chaussures sans sourciller, il entendit un bruit mat.
Un bruit métallique.
Il l'aurait reconnu entre mille. C'était souvent ce bruit là que faisait ses compagnons d'infortune quand ils faisaient tomber leur canif au sol.
« Arrête de chialer salope putain j'en peux plus de toi !! Tout ça c'est TA FAUTE !! »
Minho laissa ses pas le guider vers la cuisine. Son sang battait dans ses tempes sans pouvoir réfléchir. Lorsqu'il poussa la porte, il ne cligna même pas des yeux en observant ce qu'il se passait.
Sa mère était recroquevillée dans un coin de la pièce, les bras entourant sa tête pour se protéger. Elle avait des bleus où sa peau était visible, et elle pleurait. Elle pleurait.
Elle n'avait personne pour la sauver.
Le regard de Minho se planta sur son père, qui se tourna vers lui. Il faisait peu ou proue sa taille. Dans ses souvenirs, l'adolescent le voyait plus grand. Dans sa main, il tenait un des couteaux de sa mère avait utilisé pour faire le repas du soir.
« Toi, va dans ta chambre et ferme ta gueule. Petite merde, j'suis sûr que t'es même pas mon fils, cette chienne est incapable de se tenir... »
Il puait un mélange immonde d'alcool et de cigarette de mauvaise manufacture. Ses vêtements étaient sales, des traces de brûlures ornaient ses manchettes et il était mal rasé. Minho l'observait avec dégoût. Il le répugnait. Il aurait aimé ne pas être le fils de ce déchet.
« C'est de ta faute aussi... » commença l'homme devant lui en brandissant son couteau d'un air sérieux « On était bien avant que tu débarques... »
« Minho, va t'en... » la voix suppliante de sa mère donna une décharge dans la colonne de Minho. Son regard tomba sur elle.
Elle pleurait.
Mais elle avait quelqu'un pour la sauver.
Le garçon ne se souvenait pas de ce qui s'était passé en détail. Il se revoyait saisir un autre couteau qui traînait sur le plan de travail. Il se souvenait de la résistance de la lame lorsqu'il l'avait planté dans le bras de son père tout en enfonçant ses doigts dans ses yeux de toutes ses forces. Il se remémorait parfaitement le hurlement que sa mère poussa lorsque lui même sentit une lame froide s'enfoncer dans son ventre.
La douleur. Les cris. Le noir.
L'hôpital.
Il s'était réveillé plusieurs jours après. Sa mère était à côté de lui, elle était épuisée.
Le médecin lui avait expliqué que « par miracle », le couteau avec lequel son père l'avait poignardé n'avait touché aucun organe vital et qu'il s'en était tiré de peu, car il s'était presque vidé de son sang le temps que les secours n'arrivent. Heureusement que sa mère avait comprimé sa plaie de toutes ses forces, laissant son mari hurlant de douleur quand il se tenait le visage sur le sol de la cuisine.
Minho lui avait crevé un œil et sectionné profondément les nerfs de son bras droit. Il n'en retrouverait jamais un usage complet. Il était déjà soigné et emmené au poste de police.
Dès que le jeune homme fut remis sur pied, ce fut son cas également.
Étant donné qu'il était mineur au moment des faits, et à la vue des circonstances atténuantes, il fut condamné à rester en maison de correction jusqu'à sa majorité et à vivre sous surveillance pendant cinq ans pour vérifier s'il n'y avait pas de récidive de violence.
Jamais il n'a revu son père.
Parfois, il allait voir sa mère. Elle vivait seule, dans une autre maison. Avec Soonie, Doongie et Dori comme compagnie.
Minho s'était senti coupable. Pas pour son père. Il l'avait mérité. Mais pour sa mère. Il aurait du agir plus tôt. Il aurait dû chasser son père avant que tout ça n'arrive.
Et maintenant, il avait cette cicatrice qui lui barrait le ventre pour le lui rappeler dès qu'il se regardait dans une glace.
—
Jisung pleurait.
En ce premier jour de l'année, il s'était réveillé dans les bras de Minho. C'était plutôt rare, d'habitude son aîné sortait du lit pour aller boire son café noir tranquillement dans la cuisine. Mais ce matin il l'avait attendu.
Et il lui avait tout raconté.
Le jeune homme arrivait à peine à croire ce que Minho avait vécu. Il savait qu'il était brisé, il savait qu'il avait probablement eu une enfance difficile. L'espace d'un instant, il songea à la photo accrochée au dessus du lit de son aîné. Tout était brisé autour de lui. Il n'avait pas de réelle famille, la culpabilité le rongeait au plus profond de lui. C'était douloureux, alors que son aîné racontait cette histoire d'une voix monotone en fixant le plafond.
En effet, jamais il n'aurait pu imaginer tout ça. C'était il y a si peu de temps. Tout ça était difficile à entendre, à comprendre. Jisung en avait le cœur brisé.
« ça veut dire que... Tu es encore... ? » demanda t-il d'une voix mal assurée après avoir séché ses larmes. Le silence s'était installé depuis quelques minutes, mais il n'avait pas envie de brusquer Minho. C'était la dernière chose qu'il voulait faire.
« Sous contrôle judiciaire ? Oui. » répondit son aîné sans tourner la tête « ça s'est passé en avril, j'ai encore plusieurs mois à tenir. C'est pour ça que je rentre tard parfois la semaine, je dois me présenter à un poste de police régulièrement pour mettre à jour mon dossier. »
Minho avait un casier. Il avait tout de même été accusé de tentative de meurtre sur son propre père. Ce dernier était d'ailleurs encore en prison de ce que Jisung avait compris. Mais il allait peut être sortir bientôt.
Ça expliquait tellement de choses.
Pourquoi Minho était terrifié à l'idée de s'approcher des gens. Pourquoi il avait peur d'aimer quelqu'un. Pourquoi il craignait que ses proches, des amis, pouvaient découvrir la vérité sur ce qu'il avait traversé. Toute cette souffrance qu'il cachait sous son air impassible et froid. Alors qu'il en avait envie, il ne voulait que ça. Il espérait sincèrement trouver quelqu'un pour le comprendre et ne pas le juger.
Jisung ne le jugeait pas.
Ses actes étaient affreux, certes. Tout aurait pu se passer différemment. Les faits étaient que personne ne pouvait retourner dans le passé pour réécrire l'histoire, alors il fallait faire avec. Le jeune homme n'était pas certain qu'il aurait réussi ce soir là à protéger sa mère si jamais son père était comme celui de Minho. Il était définitivement plus faible que son aîné.
Jisung l'admirait pour son courage.
Le garçon observa son aîné tourner la tête vers lui. Il était inquiet, son histoire ne le touchait plus, mais il était profondément inquiet en plongeant son regard dans celui de Jisung. Il semblait chercher ses mots et le jeune homme lui laissa le temps. Il voulait lui laisser tout le temps possible et imaginable.
« Jisung... » commença t-il d'une voix étranglée « Est ce que... Est ce que tu crois que j'ai le droit de t'aimer malgré tout ? »
A ces mots, le garçon était prêt à de nouveau fondre en larmes. Il se mordit fort les lèvres pour ne pas pleurer de nouveau. Il aimait cet homme plus que tout à cette seconde et jamais il n'aurait pu le repousser.
« Bien sûr que oui » répondit Jisung en cherchant doucement à prendre les mains de son aîné dans les siennes, sous la couette de son lit
« Tu mérites mieux pourtant... » murmura Minho, se laissant faire lorsque son cadet se rapprocha de lui. Il semblait si triste. « Je voudrais te donner mieux... »
« Minho, c'est toi que je veux, c'est toi je t'aime. » reprit le jeune homme d'une voix plus franche « Tu es incroyable et ce que tu as traversé, tu ne le méritais pas. Ce n'était pas de ta faute. »
Minho eu un frisson à ses mots. Il l'observait de ses yeux implorants et Jisung lui aurait donné le monde pour qu'il se sente un peu mieux. Trop de sentiments oppressaient son aîné, il croulait sous tant de sensations négatives qu'il oubliait lui même qu'il avait le droit à vivre.
« J'aurais dû... » commença Minho d'une voix faible
Jisung l'arrêta aussitôt, relâcha ses mains pour venir prendre son visage entre. Il le força à le regarder dans les yeux, caressant ses pommettes de ses pouces. Il était si beau, si mélancolique, il aurait tout fait pour se souvenir de cet instant à jamais.
« Ce n'est pas de ta faute. » dit Jisung d'un ton ferme et sérieux. Lorsque Minho hocha à peine la tête et ferma les yeux, le jeune homme s'approcha encore de lui pour capturer ses lèvres entre les siennes. Il voulait lui faire comprendre que tout était fini désormais, qu'il avait le droit de vivre sa propre vie et d'aller de l'avant.
Son aîné se laissa couler contre ses lèvres. Il ferma les yeux à son tour et lui retourna son baiser avec tendresse. Jisung senti un frisson parcourir son échine lorsqu'un bras de Minho entoura sa taille pour le serrer tout contre lui. Lentement, le cadet se détacha de lui pour contempler son visage. Pour une fois, il vit un nouveau sentiment dans les yeux de l'homme contre lui.
Du soulagement.
Lorsque Minho baissait sa garde, c'était terriblement facile de lire ses émotions.
L'aîné laissa enfin un sourire franchir ses lèvres, alors qu'il venait picorer un nouveau baiser à Jisung. Ce dernier se mit à rire, soudain plus détendu.
« Bon, faisons les choses bien. » reprit Jisung en toussotant un peu. Son aîné était attentif, ouvrant grand les yeux pour observer ce visage taquin. « Lee Minho, votre Grâce, me feriez vous l'honneur d'accepter mes avances afin que notre relation soit officiellement romantique aux yeux du monde ? »
« Tu es sérieusement entrain de me demander d'être ton copain... Comme ça ? » demanda Minho en essayant de se retenir de rire en voyant cette proposition aussi ridicule qu'adorable
« Techniquement, j'aurais dû t'inviter à un rencard avant, on aurait dû se balader main dans la main et tout, mais si tu veux on peut se marier tout de suite, on sera débarrassé comme ça » continuait Jisung d'un air faussement sérieux « Je crois qu'il reste assez d'alcool en bas pour faire un vin d'honneur et on a déjà nos témoins sur place. Tu crois que Hyunjin va pleurer quand on va lui annoncer nos fiançailles ? »
Les garçons éclatèrent de rire après s'être observé quelques instants avec des airs scandalisés. C'était comme si la chape de plomb sur les épaules de Minho s'était complètement envolée, et Jisung en était ravi. Peut être qu'avec le temps, il prendra ses dispositions pour tout expliquer à leurs amis.
S'il lui fallait le temps, il allait en avoir.
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