Les premiers à revenir à la maison furent Chan et Félix. Ils furent accueillis avec une maison propre comme un sou neuf, les salles de bains rangées, un plat cuisiné sur la table.

Et Jisung épinglé contre un mur entrain d'être embrassé par Minho. Ils n'avaient pas vu l'heure passer.

« Je n'ose même pas imaginer ce que vous avez fait ici pendant un mois entier » lança Chan en se mettant à rire, pendant que le couple rafistolait leurs vêtements de l'air le plus digne qu'ils pouvaient.

« Heureusement que c'est nous et pas Jeongin, on en aurait entendu parler pendant des mois ! » reprit Félix, traînant sa grosse valise derrière lui.

Le couple s'avança pour les aider et les saluer à renfort de grands sourires. Les deux australiens semblaient plutôt surpris en voyant l'air si jovial de Minho, mais ne firent aucun commentaire. Les deux nouveaux (re)venus racontèrent avec joie leurs vacances dans leur ville natale. Ils avaient passé pas mal de temps ensemble, les deux familles ayant fait connaissance et sortant régulièrement ensemble. Félix avait même un petit frère et Chan une petite sœur qui s'étaient plus ou moins dragué pendant le temps passé ensemble et les deux garçons avaient commencé à rire à ce sujet en disant qu'ils allaient peut être un jour appartenir à la même famille.

Rien qu'en entendant ses amis, Jisung se mit à rêvasser. Il espérait aussi un jour aller à Sydney, pourquoi pas avec tout le groupe. Ça aurait été une incroyable expérience, et vivre ça aux côtés de Minho était tout ce à quoi il aspirait. Le couple raconta également leur petit quotidien, ponctué de leur travail respectif qu'ils venaient de finir ainsi que des moments (chastes) qu'ils passaient tous les deux. Ils passèrent le reste de la soirée à regarder un film tous les quatre avant d'aller se coucher, Jisung et Minho se blottissant l'un contre l'autre dans un seul lit.

Les suivants à revenir furent Changbin et Seungmin. Le premier leur sauta dans les bras en annonçant avec joie qu'il avait trouvé un programme sportif révolutionnaire, promettant des heures de torture intense pour chaque personne l'accompagnant à la salle de sport. Jisung avait déjà envie de s'enfuir pour retourner dans les bras de son petit ami en entendant une chose pareille. Le second quant à lui fut ravi de montrer un appareil photo argentique offert par ses parents à Jisung, qui n'en croyait pas ses yeux. Étrangement, le jeune homme s'était intéressé à la photographie sous l'impulsion de son ami et avait eu envie de se lancer aussi. Seungmin était très doué dans ce domaine, bien plus que lui à ses yeux. Il avait une capacité incroyable à capturer les moments avec un naturel déconcertant.

Les deux derniers à revenir furent donc Hyunjin et Jeongin. L'aîné des deux avait voulu rester le plus possible avec sa mère, qui était veuve depuis de nombreuses années, afin de passer du temps avec elle. Jisung avait appris, étonnamment depuis peu, que son ami avait un chien. Il fallait vraiment revoir les règles de la maison : tous autant qu'ils étaient, ils avaient très envie d'avoir des animaux. Jeongin n'avait pas réussi à revenir avant à cause de ses parents, encore très protecteurs vis à vis de leur petit bout de chou en prise avec sept garçons dans une gigantesque colocation. Ce n'était pas faute de leur avoir montré les photos que Jisung prenait pour les rassurer et leur montrer à quel point il se sentait bien parmi eux.

La famille était enfin réunie pour le plaisir de tous.

Ils reprirent leur rythme, mangeant, regardant des films, riant et s'énervant ensemble. Jisung se sentait d'autant plus joyeux en voyant Minho s'investir dans la vie de la colocation, bien plus qu'auparavant. Il ne pouvait pas s'empêcher de se dire que leur famille de substitution était une des meilleures choses qui lui soit arrivée dans sa vie, avec son compagnon. Le seul petit point noir du tableau était le bruit à faire. Si quand ils étaient seuls, Jisung ne se gênait pas de jouer de la voix lorsqu'ils faisaient l'amour avec Minho, c'était beaucoup plus compliqué avec tous les garçons autour d'eux. Parfois des gémissements lui échappaient, à lui ou à son aîné, et c'était difficile de faire comme si de rien n'était au petit déjeuner le lendemain lorsque Félix parlait fort de la météo ou que Seungmin expliquait la différence de grain de photographie avant tant de précision que c'était gênant.

Mais c'était leur vie, et elle lui convenait plus que jamais.

—

La date de la convocation arriva. Le couple avait prévenu la veille qu'ils allaient partir tôt pour une grande journée de promenade en amoureux. Minho avait la tête plus renfrognée que d'habitude, même lorsque Hyunjin tenta une blague graveleuse disant qu'ils allaient surtout finir dans un motel pour assouvir leurs bas instincts.

En vrai, c'était une idée que Jisung réserva dans le coin de sa tête, mais pas aujourd'hui.

Minho avait passé une nuit affreuse. La veille au soir, il avait passé sa soirée blotti dans les bras de Jisung qui le berçait avec amour, sans cesser de lui caresser les cheveux. Ils n'avaient presque pas parlé. Le cadet avait fini par s'endormir à une heure avancée de la nuit, et il s'était réveillé dans la position inverse à son réveil : lui blotti dans les bras de Minho qui lui caressait les cheveux. Le jeune homme n'était pas certain que son compagnon ait dormi de toute la nuit.

Ils quittèrent la maison très tôt, descendant en ville et rejoignant le tribunal dans lequel Minho devait passer en convocation. C'était Jisung qui portait toutes leurs affaires dans son sac à dos, leurs papiers d'identité, la convocation de Minho, la copie de son dossier judiciaire ainsi que les comptes rendus photocopiés que la police lui avait fournis. Son dossier était en béton, Jisung savait très bien que Minho ne risquait rien mais il comprenait tout à fait son appréhension. C'était la dernière chose qui le retenait de son passé tortueux.

Le trajet en métro n'était absolument pas aussi détendu que d'habitude. Il n'était pas rare que les garçons papotent ensemble, se chamaillent ou parfois s'embrassent lorsque la rame était vide. Minho restait désespérément immobile, à regarder par la fenêtre. Alors, avec toute la tendresse possible en public, Jisung avait glissé son visage dans son cou pour rester tout contre lui. Il sentait la main moite de son aîné dans la sienne, ça lui fendait le cœur.

Ce fut avec une demi heure d'avance qu'ils arrivèrent au bâtiment administratif. Gigantesque, froid, déshumanisé, ils montèrent les marches jusqu'à un petit poste de contrôle. Les employés eux même semblaient presque vide de toute émotion lorsqu'ils passèrent la fouille et qu'ils examinèrent la convocation de Minho. Jisung dû s'enregistrer comme accompagnateur et déposa sa signature ainsi que ses papiers d'identité à l'accueil, avec ceux de son petit ami. Une fois à l'intérieur du bâtiment, le jeune homme y détailla vaguement l'architecture.

Tout était trop glacial. Dans des nuances de gris et de blanc, le bâtiment aurait pu sentir la javel qu'il se serait cru dans un hôpital. Jisung chercha la main de son petit ami, et lorsqu'il l'a prit dans la sienne, il se rendit compte qu'il tremblait. Inquiet, le garçon tourna son regard vers lui et fut choqué de voir Minho avec la même expression que lorsqu'il l'avait connu.

Vide.

Il était sans émotion, blême, les joues dénuées de toute couleur. C'était comme si le moindre signe de vie ou de joie avait été drainé hors de son corps pour s'échapper dans la nature. Jisung aurait aimé pouvoir lui remonter le moral, il aurait aimé pouvoir calmer ses angoisses. Il ne voulait pas avoir le syndrome du sauveur, il n'était pas là pour ça. Il voulait juste que son compagnon se sente apaisé.

« Mon amour, je suis là... » murmura t-il doucement en pressant la main de son aîné dans la sienne. Ce dernier sembla se reconnecter à la réalité en laissant son regard se croiser à celui de Jisung. Un flot d'émotion passa dans ses yeux, alors que ses lèvres se mirent à trembler légèrement à leur tour. Il semblait sur le point de s'effondrer. Si l'intimité de leur chambre leur permettait d'afficher leurs émotions sans filtre, le cadet était bien conscient que son petit ami détestait s'afficher en public.

« Tout va bien se passer Minho d'accord ? » reprit Jisung en appuyant légèrement son épaule contre son compagnon. Il entrecroisa ses doigts aux siens. Qu'importe le regard des gens qui pouvaient passer autour d'eux, il s'en moquait pas mal. Il voulait juste apporter tout son soutien à Minho et il allait le faire.

Son aîné hocha péniblement la tête et ils prirent ensemble la direction de la salle d'audience où il devait passer. Jisung se laissa guider, sentant qu'hélas son petit ami n'était pas à sa première fois dans cet endroit gigantesque.

Ils arrivèrent dans un couloir où de nombreux bancs étaient alignés. Il y avait déjà quelques prévenus, de jeunes garçons pour la plupart, avec leurs avocats ou leurs parents qui fixaient d'un air désintéressé leur téléphone. Les garçons marchèrent jusqu'à un banc, où une seule femme était assise et lisait un livre. Alors que Jisung allait s'asseoir, il se rendit compte que son compagnon s'était arrêté et dévisageait la femme à côté d'eux. Le cadet plongea son regard sur elle et comprit.

Portant une robe noire et un foulard bleu autour du cou, elle avait manifestement de jolis yeux en amande derrière une paire de lunette, des cheveux noirs de jais, clairsemés de traits argentés, une petite bouche pincée ainsi qu'un nez droit. Un nez terriblement droit, gracieux et aussi fin que ceux des statues grecques.

« Maman ? »

La femme releva la tête de son livre et eu une expression surprise en voyant Minho à côté d'elle. Elle eu une légère moue avant de se lever. Par pur instinct, Jisung lâcha la main de son petit ami lorsque la femme s'approcha de lui.

La mère de Minho.

Le jeune homme ne s'était pas attendu à voir cette personne là, ici. Mais elle était bien là. Il ne s'était pas attendu non plus à ce que Minho reprenne sa main dans la sienne avec force. Il ne voulait pas le lâcher.

« Minho... Oh ça fait tellement longtemps... »

Malgré son air sérieux et un peu sec, on sentait l'émotion dans sa voix. Elle était jolie, même avec ses rides qui plissaient le coin de ses yeux et la douleur présente dans le fond de ses yeux. Elle semblait surprise que son fils ne s'approche pas plus d'elle et elle se rendit enfin compte de la présence de Jisung. Ce dernier sentit ses joues s'enflammer en voyant le regard peser sur lui. Il ne savait pas bien quoi dire alors il jeta un coup d'œil à son petit ami pour guetter sa réaction. Son menton était crispé. Il n'aimait pas ce qu'il vivait, clairement.

« Comment tu as su... ? » demanda t-il d'un air confus

« J'ai reçu la convocation aussi... » répondit elle en pinçant des lèvres d'un air peiné. Jisung ne pouvait pas s'empêcher d'avoir de la peine pour cette femme. Elle avait eu une vie horrible et Minho ne savait pas comment réagir vis à vis d'elle. Il savait pourtant qu'il l'aimait, il l'aimait profondément mais ne savait pas comment lui montrer. « Il... Il est censé être là aussi normalement, mais je ne savais pas si... »

Jisung sentait clairement la main de son compagnon trembler dans la sienne. Il se mordit la lèvre. Si le père de Minho était là... Il avait bien du mal à relever les yeux, c'était très dur. Il pensait sincèrement que son père n'allait pas faire le chemin. De toute façon il était techniquement en prison à l'heure actuelle. Jisung laissa son regard naviguer rapidement dans le couloir, il espérait sincèrement que rien de grave n'allait arriver. L'angoisse de son compagnon se répercutait en lui, il devait faire un effort colossal pour ne pas secouer Minho et lui dire que tout allait bien se passer.

« Tu me présentes ton... ami ? » demanda alors la femme en face d'eux d'une voix douce. Le cadet releva la tête, il n'était pas certain de ce que voulait dire Minho, il n'avait aucune idée de ce que son compagnon avait en tête. Alors qu'il allait se présenter, son petit ami prit les devants :

« On... On est ensemble. » les mots sortaient de la bouche de Minho comme s'il ne savait même pas lui même ce qu'il disait « C'est mon copain. Jisung. »

La mère de Minho semblait vraiment surprise par l'annonce de son fils. Son regard perçant se posa sur Jisung qui ne savait que la regarder dans les yeux. Il aurait aimé lui serrer la main, mais son aîné tenait la sienne si fort qu'il ne pouvait pas le lâcher. Pour palier à ce soucis, il s'inclina légèrement en avant. Il ne savait même pas si cette femme connaissait si bien son fils que ça.

« Enchanté madame » dit il alors d'une voix qu'il voulait assurée, mais légèrement étranglée. Il toussota un peu avant de reprendre « Je... »

« Est ce qu'il sait ? »

La mère de Minho s'était totalement désintéressé de lui. Il aurait pu se sentir blessé. Il aurait du se sentir blessé. Mais il ne voyait qu'en cette femme une personne brisée et seule, qui devait se sentir coupable de ne pas avoir sorti son fils plus rapidement du cercle de violence dans lequel elle s'était enfermé à cause de la manipulation. Elle devait déjà s'en vouloir assez comme ça sans que quiconque le lui rappelle. Une personne extérieure aurait pu trouver ça injuste de la part de Minho d'être aussi froid envers sa mère. Jisung savait que son petit ami s'en voulait pour ne pas avoir agit plus tôt, mais peut être inconsciemment en voulait il aussi à sa propre mère de ne pas avoir réussi à partir avant.

Ce genre de situation était trop compliquée pour émettre le moindre jugement ou avis. Ça ne regardait personne, sauf eux.

« Oui il sait tout. » répondit Minho simplement, il tira légèrement sur la main de son compagnon pour l'approcher de lui, Jisung posa donc sa joue sur l'épaule de son aîné sans rien dire « Il sait tout et il est là. C'est quelqu'un de bien maman, j'arrive à avancer grâce à lui. »

Elle semblait toujours aussi surprise, mais elle finit par hocher la tête. La femme tourna son regard vers Jisung, qui ne savait pas où se mettre, si ce n'était encore et toujours caresser les doigts de son compagnon dans les siens.

« Je ne pensais pas que... Enfin que tu aimais les garçons... » reprit elle en observant Jisung du coin de l'œil. Minho lui ressemblait beaucoup physiquement. Ce dernier haussa une épaule d'un air distrait avant de tirer son petit ami par la main pour venir s'asseoir sur le banc. Sa mère vint prendre place à côté de lui sans un mot, alors que Jisung collait sa cuisse contre celle de son aîné lorsqu'ils prirent place.

Ils n'échangèrent aucun mot. Jisung continuait avec patience à caresser la main de son aîné dans la sienne, guettant la moindre de ses réactions. Le jeune homme regardait droit devant lui, le regard luisant et la boule dans la gorge. Le cadet aurait donné cher pour aider son petit ami à se sentir mieux. Il ne pouvait qu'être là. Avec douceur, il tira la main de Minho sur sa cuisse et du bout des doigts dessinait les mots « Je t'aime », « Mon trésor », « Merveilleux », « Magnifique » sur le dos de sa main. Il le fit en boucle, pendant de longues minutes, avant que son petit ami ne s'en rende compte. Ce dernier l'observait avec un air surpris, avant qu'un sourire ne se dessine sur ses lèvres. Il avait réussit à lui faire penser à autre chose.

« T'es bête » murmura t-il en souriant un peu plus

« Peut être mais ça te plaît » reprit Jisung sur le même ton en continuant son petit manège. Il ajouta quelques mots. « Je te veux », « Je suis à toi », « Pour toujours ». Le sourire de Minho se mua en léger rire et lorsque les yeux de Jisung tombèrent sur la mère de son petit ami en arrière plan, elle semblait bouleversée par ce qu'elle entendait.

Ils attendirent longtemps. Il était presque midi lorsque le nom de Minho fut appelé. Jisung lui confia son sac à dos avec tous les papiers à l'intérieur et se leva en même temps que son aîné. Il n'avait pas le droit de le suivre dans la salle d'audience, mais sa mère s'était déjà levée et prête à l'accompagner. Jisung ne savait pas quoi faire, alors il lâcha la main de son petit ami pour qu'il s'éloigne.

« Je t'attends Minho » dit il en observant son aîné, livide, qui s'apprêtait à se détourner de lui « Tout va bien se passer, je suis avec toi. »

Minho finit par hocher la tête et , après un bref baiser sur les lèvres de son petit ami, rejoignit sa mère dans la salle. Lorsque les portes se refermèrent, Jisung sentait ses jambes trembler un peu. Il avait terriblement hâte de rentrer chez eux.

Si l'attente de l'appel avait été long, le jeune homme avait la terrible sensation que les minutes se transformaient en heure. Il faisait un peu froid dans le couloir, les gens étaient moroses, et il n'avait aucune envie de rester ici. Il n'était là que pour Minho, pour lui apporter tout son soutien, et il ne pouvait même pas l'accompagner plus loin que la porte. Jisung s'en voulait de vérifier l'heure toutes les minutes mais il ne pouvait pas s'en empêcher.

Minho avait déjà purgé sa peine. Il n'était sous contrôle que pour vérifier que ce qui s'était passé lorsqu'il était adolescent tenait de l'anecdote plus que d'un réel comportement criminel. La vie avait été injuste avec lui. Jisung voulait simplement qu'il puisse vivre enfin comme il l'entendait. Fièrement, sans un regret pour le passé.

Certes, il n'avait nullement le droit de porter jugement. Il ne pouvait pourtant pas s'empêcher de détester le père de Minho. C'était trop dur pour lui d'encaisser tout ça. Les enfants étaient les premières victimes dans ce genre de situation, avec la personne battue. Parfois, même s'il se plaignait de sa famille, Jisung s'estimait heureux de les avoir eu. Ce n'était en rien comparable avec l'atroce histoire qu'avait traversé la famille Lee.

Il avait l'impression d'être un véritable lion en cage lorsque la porte de la salle d'audience s'ouvrit de nouveau. Minho et sa mère en sortit, le même air impassible sur le visage. Et ça rendait Jisung complètement fou. Il se serait rué sur son petit ami pour savoir ce qu'il en était, mais se souvenant où ils étaient, il dû se retenir de courir vers lui.

« Alors ? » demanda t-il d'une voix tremblante. Il sentait une profonde angoisse dans ses tripes, qui s'allégea aussitôt lorsque Minho hocha la tête avec un sourire en coin.

« On va en parler dehors. » dit l'aîné aussitôt. Les deux garçons marchèrent d'un bon pas vers la sortie, la mère de Minho les suivant juste après. Ils récupérèrent leurs papiers d'identité, dévalèrent les marches devant le tribunal avant que Jisung ne sautille presque sur place.

« Alors alors alors ?? »

« C'est fini. Je suis tranquille maintenant. » répondit simplement Minho en lui souriant franchement. Il avait les larmes qui montaient à ses yeux, et Jisung hurla de joie avant de lui sauter dessus. Automatiquement, les bras de son aîné enserrèrent sa taille et il le souleva tout contre lui. Jisung en oubliait où ils étaient, devant qui ils se trouvaient, car à travers les larmes de soulagement, il embrassa son compagnon avec tout l'amour dont il était capable.

Une vague de joie l'envahissait à tel point qu'il était persuadé d'en perdre la raison. Minho était libre. La dernière chaîne qu'il traînait au pied venait d'être coupée par cinq ans de conduite exemplaire aux yeux de la loi, et désormais il était libre. Il pouvait faire ce qu'il voulait.

Les mains de son compagnon se serrait dans son dos alors qu'il le reposait au sol sans cesser de l'embrasser. Minho le dévorait entièrement, laissant son cadet à bout de souffle lorsqu'ils se séparèrent. Jamais il n'avait trouvé son aîné si rayonnant, même si des larmes coulaient sans cesse de ses yeux. Il le trouvait magnifique.

Après de longues minutes où ils se serrèrent fort l'un contre l'autre, Minho trouva le temps de se décoller de lui pour aller voir sa mère. Cette dernière était restée à quelques mètres d'eux, attendant que leur effusion de joie ne se calme. Elle avait le regard détourné, gêné par tant de démonstration en public surtout devant elle. Jisung ne savait pas si elle était homophobe, ou bien qu'elle n'avait jamais considéré l'idée que son fils puisse aimer les hommes. Mais elle était mise au pied du mur. Elle avait l'air soulagée et aussi terriblement triste. Jisung ne pouvait pas s'empêcher d'être peiné pour elle.

Il décida de s'éloigner un peu pour permettre à la mère et au fils de parler ensemble. Le garçon était tellement joyeux qu'il sautillait presque sur place. Minho était libre. C'était tout de qui comptait à ses yeux. Jamais il n'aurait pu être aussi heureux pour lui. Au bout de plusieurs minutes, il se mit à observer le paysage pour passer le temps. Il avait oublié son appareil photo, pensa t-il amèrement. Il aurait aimé immortaliser cette seconde.

« Jisung ? »

La voix féminine de la mère de Minho le sortit de sa rêverie. Il se tourna vers elle et son compagnon vint aussitôt reprendre sa main dans la sienne. Il ne pleurait plus, il était juste là, fièrement souriant, alors que sa mère les observait en soupirant un peu.

« Excuse moi de ne pas avoir été très correcte avec toi, je ne m'attendais pas à ce que mon fils ait quelqu'un dans sa vie. Mais il m'a expliqué jusqu'à quel point tu es important pour lui, et c'est important pour moi aussi. »

Elle était sincère. S'il y avait bien une chose dont Minho avait hérité en plus de son visage de la part de sa mère, c'était la facilité avec laquelle leurs émotions étaient visibles sur leurs visages. Jisung trouvait ça adorable. Il préférait mille fois ces expressions à la tristesse dont ils faisaient preuve jusque là.

« Non, ne vous excusez pas... » commença t-il avant de se faire couper la parole

« J'insiste. Minho m'a expliqué que tu étais un excellent dessinateur. Si jamais l'envie vous en dit à tous les deux... Venez à la maison, apparemment tu dois dessiner Soonie pour lui, et ça me ferait plaisir que tu viennes à la maison. »

Cette femme était d'une douceur infinie avec un peu de recul. Jisung la remercia à de nombreuses reprises. Avant de se séparer, Minho et elle se prirent dans leurs bras pour se dire au revoir. Le cadet se sentait terriblement apaisé par cette vision.

Lorsqu'ils prirent le chemin de la maison, les deux garçons se tenaient la main. Jisung trouvait qu'ils étaient juste bien tous les deux. Sans rien dire, juste eux et rien d'autre. Minho avait le cœur si léger que ça se sentait sur son visage.

« Jisung. »

L'interpelé s'arrêta en même temps que Minho, qui venait de l'appeler. Ce dernier l'observait avec un air si tendre que son cœur se mit à fondre dans sa poitrine. Jisung eu un sourire avant de pencher la tête sur le côté d'un air inquisiteur. Il n'avait aucune idée de ce que voulait son petit ami, mais il comptait bien attendre. Sans prévenir, l'aîné glissa sa main libre sur la joue de Jisung et s'approcha de lui en souriant.

« Je sais qu'on est jeune. Mais je veux faire ma vie avec toi. » dit il en caressant la joue de son petit ami tendrement. Oh oui ils étaient terriblement jeunes. C'était risible. Mais Jisung le sentait au plus profond de lui. Jamais il ne pouvait aimer une personne aussi fort que Minho dans le reste de sa vie. C'était sa muse, son tout. Et jamais il n'aimerait personne d'autre. « Je voulais te le dire, c'est important pour moi et... »

« Je veux aussi Minho. » répondit il en souriant. Il posa à son tour sa main libre sur celle de son aîné pour la tenir contre sa joue. « Je t'aime plus que tout. »

Ignorant la foule autour d'eux, ignorant les regards inquisiteurs ou scandalisés, Minho plongea sur lui pour l'embrasser. C'était tout ce dont il avait besoin. Il avait lui, sa seconde famille, leurs vies à construire. Et s'il était certain d'une chose à cette seconde, c'était ceci.

Jisung était heureux du plus profond de son être.