"Un cavalier. Par Merlin, où allait-elle dénicher cette espèce ? Finalement, ce bal n'était peut-être pas une très bonne idée, pensa-t-elle en s'allongeant sur le lit, les bras en croix."

Elle ne pouvait pas inviter Ron, ce serait vraiment déplacé. Et puis, elle n'était même pas sûre d'accepter son invitation, si tant est qu'il le fasse. Harry inviterait sûrement Ginny... Neville ? Un des jumeaux ? Elle n'était pas assez proche d'eux pour franchir le pas.

Elle respira profondément et tourna la tête vers sa robe. Sa main effleura l'étoffe, puis elle se releva, les mains posées à plat sur le lit. Elle avait tout le temps de réfléchir à cela ce soir. De toute manière, pensa-t-elle, avait-elle besoin d'un cavalier pour s'amuser ? Evidemment que non.

Le rangement de son armoire était autrement plus important.

- Hermione ! On dîne !

- J'arrive !

La jeune fille referma rapidement la porte de l'armoire et descendit vers la salle à manger où Ginny et Harry finissaient de mettre la table. Elle ne savait pas vraiment où se mettre, il n'y avait que des couples désormais, hormis Ron et elle. Sirius et Ariane étant dans la cuisine, elle alla s'asseoir près de Ron.

- Tu rangeais tes affaires ?

- Oui, répondit-elle.

- Ah.

L'atmosphère était lourde entre eux deux, même si à Poudlard, ils ne laissaient rien transparaître. Mais dans une maison investie par deux couples, tout était différent.

- Tes parents viendront ? Pour Noël je veux dire.

- Je ne sais pas. Ils ont envie de se retrouver un peu seuls. C'est aussi pour ça que Ginny est là.

Un silence gêné s'installa, et Hermione remercia silencieusement Harry quand il leur demanda de venir à table.

Une dizaine de minutes plus tard, ils mangeaient dans la bonne humeur, lançant parfois des sujets de conversation.

- Pour ce qui est du réveillon, dit Ariane, j'espère que vous avez tous une cavalière. Je ne m'inquiète pas pour Sirius et Harry, mais toi Ron ?

Le jeune homme rougit d'une façon prononcée.

- Oh... J'ai invité Parvati.

Le professeur de divination eut un sourire ravi.

- C'est parfait ! Cette jeune fille est divine, très bon choix Ron. Et toi Hermione ?

La jeune fille leva la tête et rencontra son regard plein d'ironie.

- Et bien, je... Je n'ai pas encore réfléchi à cela.

- Le contraire m'aurait franchement étonnée, répliqua Ariane avec un petit sourire.

Les deux femmes se toisaient, et Hermione ne savait pas pourquoi elle ne baissait pas les yeux. Elle aurait du pourtant, il s'agissait de son professeur. Mais elle ne pouvait s'empêcher de soutenir son regard.

- Evidemment. Je n'ai pas votre capacité à embobiner les hommes, Ariane.

Cette dernière resta figée sous l'insulte, et Harry donna un coup de coude à Hermione.

- Qu'est ce qui te prend ?, souffla-t-il.

- Rien. Excusez-moi.

Elle se leva précipitamment et monta les escaliers quatre à quatre avant de claquer la porte de sa chambre.

Le lendemain matin, l'ambiance au manoir était des plus tendues. Hermione s'était réveillée la première, vers 6 heures du matin, mais n'osait pas sortir de sa chambre. Elle restait prostrée dans son lit, les yeux fixés au plafond. Elle avait sa salle de bain personnelle, ce qui ne l'obligeait pas à croiser certaines personnes qu'elle ne voulait pas voir. Mais l'idée même de faire du bruit, et ainsi, de réveiller Ariane ne lui plaisait guère.

Soudain, un bruit se fit entendre dans le couloir. La jeune fille se redressa, prenant appui sur ses coudes, et tendit l'oreille.

Plus rien.

Hermione poussa un soupir et se réadossa contre les oreillers. Encore une fois, un bruit lui parvint, plus fort que les précédents. On aurait dit que quelqu'un cognait à sa porte.

- Hermione ?

La voix fluette de Ginny traversa la porte, et Hermione se leva afin de lui ouvrir. La jeune rousse eut un mouvement de recul quand elle se trouva en face d'elle.

- Oh. Je ne te réveille pas ?

- Je suis réveillée depuis bien longtemps. Tu entres ?

Alors que Ginny se dirigeait vers la chaise de bureau afin de s'y asseoir, Hermione referma la porte et se dirigea vers l'armoire afin d'y chercher un vêtement pour la matinée.

- Hermione.

- Oui, Ginny ?

- Qu'est ce qui s'est passé hier soir ?

Hermione se mordit la lèvre inférieure. C'était exactement ce dont elle n'avait pas envie de parler.

- Je ne sais pas.

- Tu ne sais pas, releva ironiquement Ginny. Pourtant, j'ai cru comprendre que tu étais au centre de l'action. C'est un peu léger comme explication, tu ne crois pas ?

Un pull à la main, Hermione se retourna vers Ginny.

- Ecoute, je n'ai pas très envie de parler de ça aujourd'hui. Ce qui s'est passé hier, c'est... Passé ! Et puis, oublions ça.

- Tu ne comptes même pas demander pardon à Ariane ?

Hermione avait toujours le pull à la main, et Ginny se rendit compte qu'elle le serrait de toutes ses forces.

- C'est elle qui t'envoie ?

- Je... Enfin... Ce n'est pas réellement ça.

- Ginny Weasley ! Répond !

La rousse avala difficilement sa salive. Elle évitait le regard incendiaire de son amie quand elle répondit.

- On s'est parlées, c'est vrai. Et j'ai pensé qu'il était mieux que tu ailles lui demander pardon. Franchement, je ne comprends pas ce qui te déplaît chez elle. Elle est vraiment sympa, Hermione. Et Sirius l'aime.

Sans répondre, Hermione se retourna, et entreprit de se chercher un pantalon. Au bout d'une minute, Ginny commençait à s'impatienter.

- Hermione...

- Sors d'ici. S'il te plaît Ginny.

Cette dernière s'avança vers son amie, avant de se raviser et de se diriger vers la porte.

- J'aimerais juste savoir pourquoi tu ne la supportes pas. Mais si tu ne veux pas... Tant pis.

Hermione avait décidé de rester cloîtrée dans sa chambre toute la journée. Mais lorsque la grosse aiguille de l'horloge magique suspendue sur le mur en face de la porte se posa sur le chiffre 8, elle pensa qu'il serait franchement mal poli de ne pas descendre. Son côté respecteux avait repris le dessus, et elle enfila sans grand enthousiasme ses vêtements. Après avoir brossé ses cheveux qu'elle avait ensuite maintenu en chignon, elle ouvrit doucement la porte, afin de ne pas faire de bruit.

Arrivée près des escaliers, elle se pencha légérement pour voir où étaient les autres. Elle entr'aperçut les cheveux roux de Ginny qui se dirigeait vers la salle à manger. L'heure du petit-déjeuner donc.

En poussant un soupir, Hermione descendit les escaliers, sans parvenir à estomper le bruit de ses pas.

- Hermione ?

Sirius se dirigeait vers elle. Ne sachant trop que dire, Hermione décida de se taire.

- Heureux de te voir. J'allais dire à Harry de venir te chercher pour le petit-déjeuner. Tu as bien dormi ?

Elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui parle de cette façon. Elle avait quand même insulté - même si le mot était un peu fort - sa fiançée le soir précédent !

- Oui, ça allait.

- Parfait. Allez ! File dans la salle à manger !

Hermione le suivit, et quand elle arriva dans ladite salle, son regard se posa instinctivement sur Ariane. Cette dernière lui adressait son plus beau sourire.

- Hermione ! Nous t'attendions ! Que prends-tu le matin ? Bacon ? Oeufs ? Quelque chose de sucré peut-être.

- Je... Bacon et omelette s'il-vous-plaît.

La fiançée de Sirius fit glisser les deux assiettes vers Hermione qui avait dû s'asseoir à côté d'elle.

- Tu peux me tutoyer tu sais. Nous ne sommes pas à Poudlard ici.

- Très bien.

Le repas fut somme toute assez tendu, Hermione remarquant très bien tous les regards tournés vers Ariane et elle, comme si elles allaient se sauter à la gorge la minute suivante. Même si cette idée la faisait rire désormais, étant donné que tout semblait être oublié, elle avait pensé à la même chose en se réveillant.

Mais les mots de Ginny restaient dans sa tête, et elle pensa qu'il serait mieux si, après le repas, elle parlait à Ariane. Malgré tout, elle ne comptait pas s'excuser. Ses paroles étaient, certes, déplacées, mais la provocation de la jeune femme n'était pas des plus élégantes.

Au bout d'une demie heure, les assiettes furent vidées. Ariane se leva, s'excusa, et demanda à Hermione si elle voulait bien venir avec elle. "Pour parler", ajouta-t-elle. Troublée, cette dernière acquiesça et la suivit dans le bureau adjacent à la salle à manger. Là, Ariane lui proposa de s'asseoir en face d'elle.

Hermione n'avait jamais posé les pieds dans ce bureau. Elle n'avait même jamais remarqué la porte qui était entièrement tapissée. Des bibliothèques remplies de livres anciens accaparaient la majeure partie de la pièce, tandis qu'une grande toile d'un peintre moldu lui faisait face. Le tout était charmant, quoique légèrement déstabilisant.

La jeune fille reporta son attention sur la Ariane qui la fixait.

- J'imagine que cette pièce soit intéressante pour une personne qui n'a jamais mis les pieds ici, mais ce n'est pas pour cela que je t'ai demandé de venir, Hermione.

- Désolée.

Ariane esquissa un sourire dénué de gentille.

- Ne t'excuse donc pas. Je voulais te parler, mais je pense que tu l'avais compris. Ce qui s'est passé hier à table ne m'a pas franchement plu, si tu veux mon avis.

Hermione ne savait que répondre. Devait-elle la tutoyer ? La vouvoyer ? Elle ne la connaissait pas assez bien pour choisir la première alternative, et la seconde était prohibée par la personne en question. Elle choisit donc un terrain neutre : se taire.

- J'ai trouvé ça d'une arrogance incroyable, Hermione. Je te pensais plus... Comment dire ? Intelligente et respectueuse. Sirius a été également très déçu pour tout te dire.

- Oh...

- C'est tout ce que tu trouves à dire ? Pourtant, à Poudlard, tu es autrement plus bavarde.

- Je suis désolée que vous ayez mal pris mes propos.

- Mal pris ? Je n'ai pas mal pris ce que tu as dit Hermione. Il serait peut-être temps que tu te rendes compte que ce que tu as dit était déplacé, tu ne trouves pas ?

- Non. Je n'ai à m'excuser de rien.

La confrontation avait repris de plus belle. Ariane plissa les yeux, puis sourit.

- Je crois que nous ne nous comprenons pas, jeune fille. Je ne suis peut-être pas ton professeur de divination dans ces lieux. Mais tu me dois au moins une chose : le respect. J'ai été très patiente jusqu'à aujourd'hui. J'ai accepté que Sirius te donne ces cours que je trouve inutiles. J'ai accepté ton affront d'hier. J'accepte tous les jours votre complicité. Sais-tu pourquoi j'accepte tout cela ? Parce qu'au fond, je sais ce que tu vaux. Tu n'es qu'une pimbêche de la trempe des Patil. Malheureusement, aucun de tes amis ne l'a encore compris. Ils continuent de t'aduler, toi et ton intelligence qu'ils pensent hors-du-commun. Mais il serait temps que tu comprennes qu'ils ne te côtoient que par intérêt. J'imagine que tu fais encore leurs parchemins, est-ce que je me trompe ? Alors, Hermione, j'attends de ta part du respect, et j'espère que ces quelques mots te feront descendre de ton petit nuage. Est-ce clair ?

Pendant son discours, Hermione n'avait pas bronché. Des larmes qu'elle n'arrivait pas à réprimer envahissaient ses yeux, elle ne distinguait plus très bien la femme qui était en face d'elle. Elle n'avait qu'une envie, c'était de fuir, mais elle savait qu'elle n'aurait pas l'autorisation de sortir tant qu'elle n'aurait pas dit un mot. Alors, elle essuya ses larmes, renifla, et releva la tête.

- C'est très clair.

- C'est parfait dans ce cas. Tu peux disposer. Et, j'oubliai. Ce petit entretien reste entre nous, évidemment.

Sans demander son reste, Hermione quitta la pièce. Elle aperçut le regard des autres sur elle, mais se rendit directement dans sa chambre. A croire que ça devenait une habitude.

Arrivée près de la porte, elle entendit des pas dans les escaliers, et se retourna.

- Hermione, attends.

Sirius. Il mit sa main sur la sienne afin de l'empêcher d'ouvrir la porte.

- Qu'est ce qui s'est passé ?

Elle leva des yeux rougis vers lui et dégagea sa main. Avant de refermer la porte, elle murmura :

- Demande à ta fiancée, elle t'en parlera bien mieux que moi.

La porte se referma sur un Sirius plein de questions. Qu'avait donc fait Ariane pour que la jeune fille soit dans un tel état ?