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Chapitre 58 (Fin)

Ashton

Planqué derrière la caisse qui me sert de bouclier, je réplique. Les balles fusent. Ricochent sur la carrosserie. Perforent la tôle. Les muscles tendus à l'extrême, je ne lâche rien. La mâchoire crispée, je le sais. Ce seront eux ou moi. Pas d'autre choix possible.

Sans que je lui demande quoi que ce soit, mon cerveau lance une sorte de bilan. C'est pas le moment, mais il en a rien à branler. Il me renvoie à ce premier jour où mes pieds ont foulé le sol du campus. Au premier regard échangé avec Ellyn. À nos affrontements, à nos jeux, à nos corps qui luttent pour atteindre le plaisir. Dans mon esprit son regard s'imprime, ces baisers semblent sur mes lèvres, sa peau contre la mienne. Ses prunelles me cherchent et me font plier. Cet enfoiré me balance la moindre parcelle de souvenir qui m'a bouleversé. Ses danses captivantes, son rire et nos délires. Mes sentiments. Cet amour que jamais je n'aurais imaginé connaître. Ce truc pour lequel je ne suis pas fait, mais qui est là et qui quoi que je fasse restera gravé en moi, comme l'encre sur ma peau. Comme une blessure à vif. Parce que je sais. Je sais que tout ça ne peut pas bien se terminer.

Une balle siffle à mes oreilles et me ramène sur terre. C'est pas passé loin.

Ma conscience m'envoie les images de ce mec en train de monter mon lit sans pression. À ses frites qu'il me balançait parfois sans raison à la cafèt'. À mes clopes qu'il me tirait sans me demander. À mon langage qu'il a fini par adopter. À nos fous rires. À ses questions et à ses plans sur la comète quand il s'agissait de moi et de ma Diablesse. Aux clés de sa caisse qu'il m'a balancé et que je me remercie de ne pas avoir pris aujourd'hui. À sa confiance, à son soutien, à toutes les choses complètement barrées qu'il aurait pu être capable de faire pour m'aider. Au fait qu'il ne m'ait jamais jugé. À ce pote, à ce frère que Pitt est devenu et qu'il restera même si tout s'arrête là.

Alors c'est vrai ? Quand notre vie ne tient plus qu'à un fil, elle défile devant nos yeux ? C'est pas qu'un foutu mythe ?

Peu importe où je finis. Que ce soit ici, étendu sous la pluie à me vider de mon sang, en enfer, en taule où ailleurs, ils seront à jamais là. Avec moi, c'est comme ça, on marche ou crève, mais on le fait ensemble. Pour la première fois de ma chienne de vie, je vais faire passer quelqu'un d'autre avant mon frangin. Jusque-là, il n'y avait que lui qui avait le droit à cette place. Il n'y avait que pour lui que j'étais capable de tout.

Mon chargeur est presque à court de munition et ma respiration complètement dingue. Je tire, ignore les râles de douleur en face. Les trombes d'eau sont contre moi. Je vois rien, je suis trempé et la crosse de mon gun glisse. Mais je m'accroche, je n'abandonnerai pas. Ce seront eux, ou moi.

Poussé par un élan de courage, de connerie, ou d'envie de tirer de là les personnes que j'aime, je tente le tout pour le tout. Arme au poing, je surgis de ma cachette et appuie sur la détente encore et encore. Et je crie. Je gueule la douleur de l'orphelinat. L'idée d'avoir des parents qui n'ont pas voulu de moi. Je hurle après mon frère et cet amour qu'il n'a jamais eu pour moi, alors que je demandais que ça. Je dégueule la drogue et l'argent sale qu'on m'a obligé à passer. À m'en faire péter les cordes vocales, je rugis pour me donner la hargne dont j'ai besoin. Je déverse sur eux toute la rage que je retiens depuis toutes ces années. Ils font les frais de cette vie pourrie que ne m'a laissé aucune chance.

Le silence retombe. Lourd comme une enclume lâchée du haut d'un immeuble de chez moi. Mon flingue percute le bitume en même temps que j'ai l'impression que dans mon esprit l'enclume touche le trottoir.

Ma poitrine se soulève et s'abaisse à un rythme infernal. Mon cœur bat jusque dans mes oreilles. La flotte s'abat sur moi et fait écho à mon état d'esprit. C'est froid, violent. Je reste figé. Paralysé par l'angoisse. En face de moi, cinq silhouettes sont étendues sur le sol. Aucun mouvement, aucune plainte.

Je baisse les yeux sur moi. Mon cœur heurte ma cage thoracique comme un fou furieux. Comme une bête enragée qui ne demande qu'à être libérée. Du sang s'écoulent le long de mon bras et des gouttes empruntent le même chemin que celle de la pluie. Le reste de ma carcasse va bien. Je suis en vie.

Mon instinct reprend le dessus et j'avance vers leur bagnole où les corps sont éparpillés. Je dégage du pied l'arme qui se trouve à côté du premier gars, vérifie s'il a un pouls. Mort. Je réitère l'opération avec les trois suivants. Mes doigts sur leur carotide ne trouvent aucun signe qu'ils sont encore là.

Devant le dernier, je me paralyse. Le visage de mon frangin se superpose au sien. Je secoue la tête. C'est quoi ces conneries ? Mon esprit me joue des tours.

Il entrouvre les yeux, remue légèrement.

— Bro'...

Comme si je recevais une balle en plein torse, je m'écroule. Mes genoux heurtent violemment le bitume et je le fixe. Lui, ses traits, son regard. Le sang qui s'étend autour de lui et se mêle à la flotte. Non, c'est pas possible.

Dans un dernier effort, il lève le bras et attrape le col de mon t-shirt pour m'attirer à lui. Son souffle près de mon oreille rend les choses encore plus réelles et je percute. C'est lui. C'est mon frère. Il est là, son corps troué de deux balles. Les miennes.

— Désolé, frangin. J'ai pas été à la hauteur.

Son bras retombe mollement. J'écarquille les yeux, incapable de bouger.

Mon cerveau qui n'en a pas fini avec moi me balance le seul souvenir sympa que j'ai de lui. Ce jour où il m'attendait devant ce foutu orphelinat. Ce jour où il m'a sorti de là. Cette seconde où il a ébouriffé mes cheveux en m'assurant que maintenant, c'était lui et moi.

Sans m'en rendre compte, mes larmes se mêlent à la pluie. Je chiale comme ce gosse qui n'a jamais vraiment trouvé ni la force, ni le droit de le faire. Je le secoue en l'implorant de se réveiller, d'ouvrir les yeux. Et je l'insulte. Je lui dis qu'il n'a pas le droit de me faire ça. Que c'est un enfoiré. Qu'il ne peut pas me laisser avec cette culpabilité qui me fera crever à petit feu.

— C'est toi et moi, le supplié-je.

Mon poing frappe sa poitrine.

— Allez debout ! On en a pas fini !

Mes bras soulèvent son buste pour le serrer contre moi.

— Me fait pas ça !

Je le berce, mais il ne réagit pas. Il n'est plus là.

Un cri déchire le silence. Le mien.

Cette fois, je hurle mon désespoir. Ma tristesse. Le mal qui s'infiltre en moi et se diffuse dans mes veines. Comme un poison, il se répand. Le cul par terre, je continue de hocher d'avant en arrière en le tenant contre moi. Lui, mon frère, celui que j'ai aimé autant que j'ai détesté. Mon sang, ma famille. Il n'est plus là. Il est mort et c'est moi qui l'ai tué.

— Ash' ?

Sa voix, comme un électrochoc, me tire de ma tétanie. Sans le lâcher, je glisse un regard sur elle. Lointain. J'ai l'impression de me trouver à des kilomètres de là. Je tombe déjà. Je me casse la gueule bien comme il faut. Les larmes ravagent mes joues et se mêlent à la pluie. Les siennes se font discrètes et son regard perdu. Elle ne comprend pas ce qui se passe.

Avec précaution, comme si je pouvais encore lui faire mal, je repose le corps inerte de Joey. Comme un automate, complètement déconnecté de la réalité, je me redresse, baisse les yeux sur lui quelques secondes, puis avance vers elle. Elle me fixe sans bouger et je me fige juste devant elle, sans oser la toucher. Elle va bien. Non, c'est peut-être une illusion. Si ça se trouve, je l'ai tuée, elle aussi, avec toutes mes conneries. Je sais plus. Je pige pas. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Des tonnes de questions tourbillonnent sous mon crâne et me donnent le vertige.

Son corps frais percute le mien. Ses bras s'enroulent autour de ma taille et instinctivement, je l'imite. J'encercle ses épaules. Je la serre comme si la lâcher me conduirait à m'écrouler. Je ne dis rien, je respire à peine. Le faire est douloureux. Penser fait mal.

Avec bienveillance, elle pose sa main sur ma joue. Ses iris sondent les miens. Elle n'a aucune idée de ce qui vient de se passer. Pourtant, elle partage ma peine. Comme si elle ressentait chaque infime cellule de mon corps foutre le camp.

— Brad ? prononce-t-elle dans un souffle.

Je me crispe et mes yeux tombent sur notre voiture. Deuxième électrochoc. Pitt n'est pas là.

Sans attendre, je l'abandonne et cours. Je trace comme un malade, glisse et manque de me casser la gueule lorsque j'atteins la bagnole. Le souffle court et la gorge sèche, l'angoisse me guette.

Au moment où je me penche afin de pouvoir l'apercevoir, il tourne la tête vers moi.

— J'ai failli attendre, se plaint-il avant de tousser.

— J'te sors de là.

Aussitôt, je contourne la caisse et comme un dératé, m'acharne sur le pare-brise avant à coups de pied. Je tire sur le verre qui a déjà pris cher, me coupe les mains, ignore la douleur. Elle n'est rien comparée au reste. À ce que je viens de mettre en sommeil pour tenir le coup. Au moins le temps d'être sûr qu'ils vont bien. Pour le reste, je verrai après.

À mes côtés, ma Diablesse m'observe faire et me demande plusieurs fois d'arrêter en voyant que je m'entaille. Je l'écoute pas. Je suis à moitié là.

Lorsque la vitre cède, je m'engouffre dans l'habitacle pour le rejoindre. En un rien de temps, je suis à ses côtés, détache sa ceinture et tente de vérifier s'il va bien dans la pénombre.

Avec pour seul objectif de le sortir de là, je le tire, tandis qu'il étouffe des grognements de douleur.

— Doucement, mon pote, je crois que j'ai dérouillé.

Je m'exécute et mes bras sous ses épaules, je le traîne avec précaution. Sans un mot. Ils sont coincés dans ma gorge.

Une fois à l'extérieur, les lames glacées qui tombent de ce foutu ciel s'abattent sur mon dos. À genoux à côté de mon pote, penché au-dessus de lui, je sais pas où donner de la tête. Du sang. Il y en a partout. Sa main posée sur son ventre m'indique que c'est de là que ça vient. Doucement, je l'écarte et remonte son haut. Ma gorge se noue et je lève les yeux sur Ellyn qui n'a pas bougé. Elle est tétanisée.

— Les secours ! Appelle les secours !

Aussitôt, elle se jette dans ce qui reste de la voiture et fouille. Je l'entends tout retourner en me criant qu'elle ne trouve pas de téléphone.

Je vire mon t-shirt, complètement paniqué et le pose sur son abdomen afin d'exercer une pression sur les deux blessures par balles qui lui troue le bide. Comment c'est possible ? Rapidement, je jette un coup d'œil à la voiture et remarque que l'arrière est complètement défoncé. Les tires croisés défilent sous mon crâne et je déglutis péniblement. Ces enfoirés l'ont eu. J'ai pas réussi à le protéger. Bon à rien. Je suis un bon à rien.

Il ferme les yeux par intermittence et je lui donne quelques claques sur la joue.

— Brad ! Hey ! Reste avec moi, ok ?

Son regard voilé trouve le mien et il sourit.

— C'est la première fois que tu balances mon prénom, se marre-t-il. C'est si grave que ça ?

Il tousse, crache du sang et des larmes brouillent de nouveau ma vue. Je les efface d'un revers de main, rageur, mais elles reviennent aussitôt. J'ai pas le droit de pleurer. Tout ça, c'est ma putain de faute. Je l'ai laissé venir. Je l'ai laissé poser son cul dans cette caisse.

— Faut qu'tu t'accroches !

Le sang imbibe mon t-shirt et tout en comprimant ses plaies, je lui parle. J'essaye de le tenir éveillé. J'entends ma Diablesse à quelques mètres, mais ne distingue pas ce qu'elle dit.

Le regard de Pitt se fait de plus en plus lointain, puis soudain, il ferme les yeux. Sa tête bascule sur le côté et mon palpitant me donne l'impression qu'il s'arrête en même temps. Les doigts tremblants, je vérifie son poul. Rien. Il ne respire plus non plus.

Non, non, non.

— Pas question. Putain, pas question.

Ignorant la douleur qui paralyse presque mon bras, j'amorce un massage cardiaque. Dans un coin de ma tête, je remercie ma bonne conscience qui m'a poussé à suivre scrupuleusement les cours de premier secours du centre.

Un, deux, trois...

— Allez, Pitt, Allez !

Vingt-huit, vingt-neuf, trente.

J'insuffle une fois. Deux fois. Il ne réagit pas.

Au loin, j'entends les sirènes, puis les gyrophares ne tarde pas à donner une autre dimension à la situation. Et je continue. Je masse, encore et encore. Je reste focalisé sur ce que je fais. À aucun moment je quitte son visage des yeux. La moindre seconde est précieuse. Si je le fais alors je pourrais louper quelque chose. Une micro-réaction de sa part qui me prouverait qu'il est encore là.

— Allez, mon pote.

La voix cassée, je m'acharne. Je ne lâche rien.

Ellyn pose une main sur mon épaule. Comme pour me préparer à ce qui va suivre. À ce qui paraît inévitable. Je la dégage brusquement et secoue la tête.

— Non, pas question. Je l'abandonne pas.

J'entends ses sanglots, j'entends les pas rapides qui se rapprochent. Et des voix. Elles m'ordonnent de leur faire de la place, mais je percute pas. Des lascars munis de sacs et de tout un tas de matériel déboulent et me poussent. Je me retrouve le cul par terre, le souffle court et je le fixe. Lui, son visage éteint. Mes mains couvertes de sang. Son sang.

Ma Diablesse approche, effondrée, s'accroupit à côté de moi et je reste là, sans bouger. Les secondes s'écoulent au ralenti. On m'empoigne les bras pour me relever, on me parle et ça ne m'atteint pas. Le film de tout ce qui vient de se passer se déroule encore et encore sous mon crâne.

Ils sont là, avec leur désinfectant et leur bande à vouloir me soigner, ma fureur se pointe.

— Lâchez-moi, putain, je vais bien ! Laissez-moi !

Et j'entame les cent pas. Je marche. Je tourne en rond pendant ce qui me semble être une éternité. Ellyn se plante devant moi, je me fige. Sa paume sur ma joue, elle sonde mon regard et moi, je ne vois plus rien. Je ne la vois plus. Je ne vois que ce chaos.

Instinctivement, je pose un baiser sur son front. Parce que ouais, putain, je l'aime. Oui, mes sentiments sont toujours là. Seulement, pour le moment, le feu qui me consumait s'est éteint.

Au même moment, un métal froid se referme sur mes poignets et lorsque je jette un regard par-dessus mon épaule, je comprends. C'est ici que ça s'arrête. Jeff est là, trois flics l'encadrent et les menottes qu'on vient de me passer me privent déjà de ma liberté.

J'ai envie de me débattre. De leur hurler de me laisser. Juste le temps de voir si Pitt va bien. J'en trouve pas la force.

Sans brutalité, on me tire vers la bagnole de police. De toute façon, je ne résiste pas. Par réflexe, je jette un dernier regard derrière moi en même temps qu'un des agents pose sa main sur mon crâne pour me faire baisser et asseoir sur la banquette arrière.

Et je vois Ellyn qui s'écroule à moitié. Je vois le drap blanc qu'on remonte sur mon frère. Il est mort. Mon cœur explose lorsque mes pupilles tombent sur les secouristes toujours en train de tenter de réanimer mon pote. Je veux tout envoyer bouler. Courir pour aller les retrouver. Mon corps ne répond plus. Laissez-moi être avec eux.

La voiture démarre et je ne les quitte pas des yeux. La scène se rétrécit, mon âme toute entière hurle sa douleur. J'ai perdu mon frère. J'ai perdu Pitt. Je la perds. Tout fout le camp. Le rêve que j'ai touché du doigt s'évapore. En un claquement de doigt, plus rien n'est là.

— Ça va aller, gamin.

La voix de Jeff me parvient sans vraiment le faire. Je m'en fous. Comment ça pourrait aller ?

Je savais que ça arriverait. Je savais à quoi m'attendre. Que tout prendrait fin. Que tout se casserait la gueule.

Ma tête bascule mollement en avant et le môme que j'ai été chiale. Il laisse échapper toute la souffrance qui commençait à disparaître.

J'étais prêt, je savais. Je suis pas fait pour cette vie. Pour le bonheur. Pour les liens. Pour les sentiments. Pour l'amour. Je le savais, putain. Alors, pourquoi ça fait un mal de chien ? Pourquoi ça me terrasse de cette façon ?

Ils disparaissent. Je les vois plus. Seulement la lumière des gyrophares qui s'élèvent au loin dans la nuit. Et moi, en même temps, je meurs. Ouais, j'ai envie de crever.

FIN DU TOME 1

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