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Chapitre 43

Ashton

Sans pression, j'avance vers le groupe tandis qu'ils braquent leurs yeux sur moi. Ils ne m'ont jamais vu dans les parages et se méfient. Rien d'étonnant.

Celui qui a conduit le type qui vient de se faire descendre dans l'entrepôt, n'attend pas et avance vers moi en fourrant sa main dans la poche de son sweat. J'ai une idée de ce qu'il y cache. Il prend les devants au cas où, afin de riposter si je venais à faire partie d'un gang rival. Pour lui montrer qu'il n'a rien à craindre, je sors les mains de mes poches et continue d'avancer. Je sais pas trop si ça fonctionne comme chez moi, mais on laissait le bénéfice du doute aux lascars qui se pointaient comme je suis en train de le faire. Parfois, ils étaient juste paumés et cherchaient à intégrer un gang. Vaut mieux ça que traîner seul. Quand on rejoint ce genre de groupe, on sait qu'en cas d'emmerdes, du monde est derrière. Solo, tu te débrouilles et généralement, tu survis pas très longtemps.

Je m'arrête, les paumes toujours en vue et il parcourt les derniers mètres qui nous séparent pour se planter devant moi.

— Qu'est-ce que tu veux ?

Il est direct, comme la plupart de ceux qui gèrent la sécurité de leur gang.

Mes yeux tombent sur ses avant-bras couverts de tatouages que ses manches relevées jusqu'aux coudes me permettent de distinguer dans la pénombre. Sur l'un, des arbres partent de ses poignets et s'élèvent jusqu'à ce que leur cimes s'évaporent en une nuée d'oiseaux qui s'envolent. Sur l'autre, la silhouette d'un homme qui déambule à travers des horloges et semble se diriger vers une tête de mort. Ils ont une signification, comme les miens, c'est certain.

Il va pas falloir que je tourne autour du pot et encore moins avouer que je sais déjà qui il est. Il se poserait des questions.

— Je cherche un certain X.

Il me fixe et ses pupilles transpercent les miennes. Ce mec à quelque chose que les autres n'ont pas. C'est comme s'il n'avait plus rien à perdre. Je connais ce sentiment.

— C'est moi. Qu'est-ce que tu me veux ?

— Des infos sur Red. Je veux savoir où le trouver.

Il ricane et secoue la tête, amusé.

— Et tu peux me dire pour quelles raisons j'irais te balancer ça, alors qu'il fait partie d'un des gangs rivaux au mien et qu'on risquerait des représailles ?

Il va falloir que je lui déballe des arguments solides. Je m'y attendais. Le mieux à faire reste de jouer la carte de l'honnêteté. Si je mens, il risque de s'en apercevoir.

— Ma copine à des ennuis. Je cherche juste à la tirer de là.

Pendant une fraction de seconde, son regard s'assombrit et il sonde le mien. Silencieux, il m'analyse et je ne baisse pas les yeux. Si je le faisais, il pourrait douter.

Lorsqu'il rompt le contact, c'est pour vérifier que personne ne peut nous entendre. Une fois fait, il m'observe de nouveau et ses iris laissent transparaître à eux seuls, que comme moi, il n'a jamais demandé à côtoyer cet univers.

— Continue par là, souffle-t-il en m'indiquant la direction. Ensuite, prends la ruelle sur la droite. Y'a un entrepôt dans un renfoncement, l'insigne de leur gang est tagué en rouge sur la façade. Tu pourras pas passer à côté.

Sans me laisser le temps de quoi que ce soit, il me tourne le dos et s'éloigne, pendant que je jette un coup d'œil vers l'endroit qu'il m'a désigné. Sans surprise, c'est plus glauque encore que le reste de ce que j'ai vu des Docks jusque-là.

Je me remets en route à la recherche de cette ruelle, tandis que j'entends siffler derrière moi.

— Fais gaffe, ça craint un max !

Tout en continuant de marcher, je lève la main juste assez haut pour qu'il la voie au-dessus de mon épaule afin de le remercier. C'est la moindre des choses.

Plus je m'enfonce sur les quais, plus il fait sombre et plus l'ambiance devient lourde. J'ai l'habitude de cette sensation qui donne presque l'impression d'être pris à la gorge. D'être encerclé et pris au piège. Je ne l'avais plus ressentie depuis un bail et c'est un peu comme la découvrir pour la première fois. Certains penseraient que je suis barge si j'avouais que ça m'avait manqué. Pourtant, c'est le cas. Ça fait partie de moi, quoi que je fasse et où que j'aille. J'étais un de ces paumés qui savait que la vie n'avait rien d'autre en réserve pour lui.

Sans difficulté, je trouve la ruelle et le renfoncement dont il m'a parlé. Quelques mètres plus loin, le bâtiment se dresse face à moi. Le graffiti rouge juste à côté de l'entrée, représentant une tête de mort encadrée par deux flingues ne trompe pas. C'est bien là. Ça annonce la couleur, pourtant, c'est pas ce qui va m'arrêter, ni me faire peur.

En quelques pas, je suis au pied de l'entrepôt et heurte plusieurs fois la porte métallique avec mon poing. Le bruit résonne autour de moi, puis je patiente tranquillement.

Après quelques secondes, une petite trappe coulisse et le regard d'un type me dévisage un instant à travers l'encadrement, sans que je bronche.

— Ouais ?

Le truc typique du lascar qui veut te foutre la trouille. Si tu savais ce que je m'en branle de tes conneries.

— Je viens voir Red.

Encore une fois, mieux vaut que je sois direct.

Il fronce les sourcils, sceptique. Il se demande certainement comment j'ai eu l'info. S'il me le demande, il ira gentiment se faire mettre. Je balancerai pas de nom. Ce mec, X, était pas obligé d'ouvrir sa gueule. Il l'a fait, je fermerai la mienne. J'ai toujours fonctionné comme ça.

— Qui t'envoie ?

— Personne.

— Qu'est-ce que tu lui veux ?

— Discuter.

Son rire gras s'élève et je serre les dents. Je m'attendais pas à ce qu'il m'ouvre directement. Ça aurait été trop facile.

— Tu veux pas non plus du thé et des p'tits gâteaux ?

Il se fout de ma gueule. Pas de souci, je sais ce qu'il cherche. Il attend de voir si je perds patience. C'est déjà à deux doigts, mais je cèderai pas. Dans un coin de ma tête, je me répète en boucle que je fais ça pour elle. Ça me suffit pour tenir bon. Enfin, jusque-là.

— Qui c'est ?

La voix qui surgit derrière lui, le ramène instantanément au calme.

— Un mec qui veut parler à Red.

Un autre visage remplace celui qui était en train de me faire monter dans les tours et il me scrute à travers le trou.

— Tu veux lui parler de quoi au Boss ?

— Ma copine a des emmerdes, j'ai besoin d'infos.

Je me dis que ça pourrait aussi fonctionner avec lui. Je rêve certainement, mais qui ne tente rien n'a rien. De toute façon, je ne partirai pas de là sans en savoir plus.

— Et qui te dit qu'il en a.

— J'le sais de source sûre.

Il acquiesce tandis que je tire sur ma clope tout en essayant de dissimuler l'impatience qui commence à monter.

— Attends là.

Il est con ou quoi ? Il a pas compris que de toute façon, je bougerai pas ?

Il referme la petite trappe et je suis à la limite de coller une balle dans la serrure pour la faire sauter. Sur les nerfs, je fais les cents pas en tirant comme un malade sur ma cigarette dans l'espoir que ça me calme, quand mon oreillette se met à grésiller. Qu'est-ce qu'il fout ce con ?

— T'en est où ? Tout va bien ?

La voix de mon pote me fait légèrement redescendre. Je pourrais presque lui demander de me chanter une berceuse, putain.

Je ricane nerveusement.

— J'attends.

— T'attends quoi ?

— Qu'on m'ouvre.

Il ne répond pas et je m'imagine un instant qu'il vient de se faire griller par les filles.

— T'as eu des infos ? reprend-il.

— J'ai trouvé la planque de Red. Et toi, ça donne quoi ?

Il souffle et je lève un sourcil. Pourquoi j'ai l'impression qu'il est au bout de sa vie ?

— Ta copine me cuisine sur l'endroit où t'es vraiment parti. Elle a pas cru un mot de c'que tu lui as servi.

Je grimace et passe ma main sur mon visage. Manquait plus que ça.

— J'ai dit que j'en savais rien. Elle me croit pas non plus.

Il est dépité et j'ai presque envie de me marrer. Je devrais pas, mais j'y peux rien, je paierais cher pour voir la tête qu'il tire.

— J'ai mis les voiles, j'ai dit que je descendais faire un peu de sport.

— Elles font quoi ?

C'est plus fort que moi. J'aime pas l'idée qu'elle se retrouve seule. Même si en réalité elle ne l'est pas.

— Elles matent une série. Les chroniques de Bri...je-sais-plus-quoi. Elles sont passées en mode commères. Faut que tu reviennes, ça devient vital.

Cette fois, je me marre franchement. Plus le temps passe, plus j'ai l'impression de déteindre sur lui.

— Respire, ça va l'faire.

— Facile à dire.

Le bruit des verrous de la porte retentissent, faisant tinter le métal et je me fige.

— Faut que j'te laisse.

Il semble capter l'info puisqu'il ne réplique pas. Je fais mine de rien, tandis que le battant s'ouvre dans un couinement strident qui me pète les tympans. Pitt doit tirer la gueule.

Un lascar à la carrure d'un gorille sous stéroïde se poste devant moi et croise les bras. Deux options : un, il va m'en coller une pour le dérangement. Deux, il tente de m'impressionner pour voir si je vais partir en courant. Tu rêves.

— Red t'attend. Suis-moi.

Sur le coup, j'hésite. Ça paraît trop facile. Un chef de gang, s'il s'agit bien de ça, ne reçoit pas sans de bonnes raisons. Là, ils m'ont à peine questionné. C'est louche. Pourtant, c'est la seule piste que j'aie et je compte bien entrer dans la brèche qui se profile devant moi.

J'acquiesce, il me tourne le dos et je lui emboite le pas.

— Fais gaffe, m'avertit mon coloc'.

Je ne réponds pas et me contente de marcher derrière lui sous les regards de ceux qui composent le gang. Si ça ne tenait qu'à eux, je serais déjà allongé sur le sol en béton, une balle entre les deux yeux.

Comme on me l'a appris, la première chose que je tente de repérer sont les points de sorties. Si ça part en vrille, il faut que j'en mémorise au moins trois à différents endroits. On me suit des yeux, arme au poing, prêt à riposter et le second réflexe que j'ai est d'évaluer le nombre de lascars qui pourraient se mettre à tirer si je faisais trop le malin. Une dizaine ici, plus celui derrière qui je marche, l'autre encore posté à l'entrée. Sans compter Red et ceux que je vois pas. De toute façon, j'ai su au moment où je suis entré, que si ça venait à dégénérer, j'aurai du mal à me tirer de là.

Le gorille ouvre une porte et se décale pour me laisser entrer. Je m'exécute, passe devant lui, scanne rapidement la pièce, puis mes pupilles tombent sur un gars affalé dans un canapé miteux. Bière à la main, il lève le nez sur moi sans bouger son cul et fait signe à celui qui m'a accompagné de nous laisser.

Il disparaît et referme derrière lui, tandis que je reste à distance.

— T'es armé ?

J'acquiesce d'un bref mouvement de tête. À quoi bon mentir ? Il se doute que c'est le cas. Je suis même étonné qu'on ne m'ait pas fouillé à l'entrée. Entre mon sac à dos et l'arme planquée dans mon dos, ils auraient eu de quoi me refouler.

Il finit sa bière, satisfait de mon honnêteté et se redresse.

— Je sais qui t'es, m'informe-t-il.

Je retiens un rictus. Ne pas faire le malin. C'est quand même jouissif. Même si on me colle certainement pas le même blase que dans mon quartier.

— Par contre, je sais pas c'que tu veux.

Moi non plus, ça tombe bien. Enfin, si, mais le truc, c'est que j'ai aucune idée des ficelles qu'il tire dans ce putain de plan qui vise Ellyn.

— Je sais d'où tu viens. Qui t'es devenu. Et je parie que t'es là pour me demander qui est à l'origine de tout ça.

Sans rien dire, je m'adosse contre le mur pour l'écouter blablater. J'ai horreur des types dans son genre qui pensent connaître tout sur tout. Il affirme savoir qui je suis, mais je doute qu'il le sache vraiment.

Je détaille ses tatouages qui partent de ses avant-bras et remontent jusque sur les côtés de son cou. Je comprends mieux pourquoi on lui colle le surnom de Red. Il a l'air de kiffer cette couleur. L'encre de ses dessins sur sa peau, la couleur de son t-shirt et de ses pompes. Il n'y a que le jean qui ne s'accorde pas. À l'intérieur de son poignet figure l'emblème de son gang. Est-ce qu'il est vraiment le chef ?

— Pourquoi t'es venu si c'est pour la fermer ?

Je hausse les épaules, conscient que je prends le risque de le mettre en rogne. Je m'en cogne. De toute façon, je doute qu'il compte me balancer quoi que ce soit. Son attitude, sa posture, son regard. Tout indique qu'il ne lâchera rien. Le truc, c'est que je voulais tenter le tout pour le tout. C'est la seule piste solide que j'ai depuis le début. La question que je me pose maintenant, c'est comment je vais sortir de ce trou.

— J'attendais que tu finisses ton speech. Si tu sais d'où je viens, tu dois te douter que t'es pas le premier à me faire ce petit numéro.

Il ricane, ses pupilles se rétractent et ses muscles se contractent. Je viens de faire monter d'un cran sa colère. En réalité, il ne voulait pas me voir là et s'il m'a fait entrer, ce n'est que dans un seul but : m'éliminer du tableau.

— C'est toi qui tire les ficelles ? tenté-je.

De mon côté, je donne au maximum l'illusion d'être calme. Plus je le serais, plus lui perdra ses moyens.

Il secoue la tête en s'approchant d'un pas et je ne bouge toujours pas.

— On m'a proposé un deal que j'ai pas pu refuser. Tu sais ce genre de marché où au final, tu te fais un bon pactole.

Je fronce les sourcils. Donc, ce n'est pas lui qui dirige tout ça.

— Tu sais pas c'qui t'attend gamin, ni ce qui pend au nez de ta nana.

En moins de deux, la rage qui sommeillait en moi explose. J'anéantis l'espace qui nous sépare, l'attrape par la gorge et pivote sans le lâcher pour le coller au mur contre lequel j'étais appuyé. Instinctivement, je saisis mon flingue et lui colle sous le menton. Il a à peine eu le temps de réagir. Il grogne, tente de se dégager, mais je le maîtrise comme on me l'a enseigné. Lorsqu'il ouvre la bouche pour tenter d'appeler ses chiens de garde, j'appuie plus fort le canon sur sa mâchoire.

— N'essaye même pas, grondé-je. Donne-moi un nom.

Un rictus étire malgré tout ses lèvres et je me sens perdre les pédales.

Soudain, alors que je ne m'y attends pas, je sens quelque chose appuyer sur mes côtes juste au niveau du cœur.

— Si tu fais ça, mon gars, t'y passe avec moi.

Je réalise au même instant qu'il a réussi à choper son calibre qu'il devait lui aussi porter sur lui et qu'il me tient en joue.

Dans mon esprit, j'évalue rapidement la situation. Si je le relâche, il me butera. Si je bouge pas, ça se jouera entre lui et moi. J'ai pas pour habitude paniquer. S'il veut jouer à ça, il a trouvé son adversaire. Le seul truc qui me perturbe, c'est le visage de ma Diablesse qui s'impose à moi. Je veux la revoir.

Avec un peu de chance, s'il tire, il ratera son coup. Je serai peut-être juste blessé. Mon cul, oui. Je sens bien que son gun est positionné comme il faut. Il n'a pas fait les choses au hasard. Il est sûr de lui, son regard ne ment pas.

Mes yeux braqués dans les siens, je ne laisse rien paraître. Dans sa tête, ça tourne aussi à plein régime. Je serre les dents. De toute façon, foutu pour foutu, autant tenter. Si je crève ici, mais qu'il passe à table, Pitt entendra et fera remonter l'info.

— J'veux juste un putain de nom.

Il se marre avant de tousser, mes doigts serrés sur sa gorge l'empêchant de respirer correctement.

— Si j'te dis quoi que ce soit, on va me descendre.

Je resserre ma prise, il grogne et appuie plus fort le canon sur mes côtes.

— Si tu balances rien, c'est moi qui te collerai une balle, craché-je.

Que je bluffe ou pas, ça il n'en sait rien. Il se tend un peu plus et je devine que ça fait son petit effet.

— J'ai pas de nom. Que des intermédiaires.

On avance. Finalement, il jouera peut-être pas au con jusqu'au bout.

— À qui tu rends des comptes ?

Il ouvre la bouche, sur le point de parler et je croise les doigts pour que mon pote note le nom qui va tomber.

Au même moment, un bordel monstre surgit d'à côté et des coups de feu retentissent. Nous jetons un coup d'œil vers la porte, puis il reporte son attention sur moi, le regard noir.

— T'es v'nu avec les flics ?

Sérieux ? Il me prend vraiment pour un vendu ?

— Plutôt crever. Je joue solo.

Des voix s'élèvent et la panique commence à gagner tous ses hommes. Pourtant, je le lâche pas. Je veux ce putain de nom.

Les bruits se rapprochent, des pas résonnent dans le couloir et la porte s'ouvre. Le gorille de tout à l'heure surgit et nous regarde tour à tour sans même avoir le réflexe de prêter main forte à son boss.

— Faut qu'on bouge, Red.

Sans attendre, il fait demi-tour et s'écroule à peine l'encadrement passé. Du sang se répand sur le béton et je m'écarte en entendant les balles siffler.

Tout en gardant le chef de gang dans ma ligne de mire, je recule et il m'imite tandis que les cris et coups de feu redoublent. Ça va se jouer maintenant. Soit on décide tous les deux de laisser tomber, soit on en finit. Si j'abandonne, je peux faire une croix sur ce que je suis venu chercher.

— Laisse tomber, dégage de là, s'affole Pitt.

Je grogne de frustration, puis tout en continuant de le viser, lui fais signe de se tailler.

— Casse-toi, putain.

Il ne se fait pas prier et enjambe le corps à terre pour disparaître avant de se mettre à tirer dans le couloir.

J'ai la rage. J'étais sur le point d'obtenir ce que je voulais et il a fallu que Pitt l'ouvre pour me ramener à la raison. Ou bien, c'est l'idée de ne plus pouvoir parcourir le corps d'Ellyn de mes doigts qui m'a fait changer d'avis.

— Fais chier !

— Bouge, Ash ! Magne-toi !

J'avise la porte qui se trouve au fond de la pièce. Une chance sur deux de tomber nez à nez avec ceux qui ont envahi les lieux. À tous les coups, c'est un règlement de compte.

J'ouvre, sur mes gardes et atterris dans une réserve. Tout leur stock d'armes est entreposé ici. Rangée sur des étagères, classées par calibre, elles attendent sagement. Ma main à couper que c'est ce qui intéresse les lascars qui ont fait irruption.

Les coups de feu se font plus proches et mes yeux tombent sur la seule issue de cette foutue pièce.

— Hé merde.

— Quoi ?

— Y'a une fenêtre. Elle est scellée et même si je pète le carreau, je suis pas sûr de passer.

Mon pote souffle bruyamment et je le vois de là, tourner en rond comme un lion en cage.

Je jette un œil derrière moi, attrape une chaise qui traîne, puis la cale sous la poignée de la porte pour la bloquer. Si ça peut les retarder, je prends.

— Si je sors pas d'là, j'te lègue ma Porsche et ma bécane.

— Elles sont pas à toi.

Je soupire et donne un coup de coude dans la vitre sécurisée qui se fissure.

— Laisse-moi rêver, putain.

J'arrive à lui tirer un léger rire et ça me suffit.

Je cogne une deuxième fois, le carreau explose et des éclats de voix me parviennent de la pièce où je me trouvais. Je grimace, vire mon sac, ma veste que j'enroule autour de mon bras, puis me grouille d'enlever ce qui reste du verre. Intérieurement, je prie pour que mes deux années intensives de muscu' ne soient pas ce qui finira par avoir ma peau. À l'époque, le gringalet de dix-huit ans que j'étais serait passé sans problème.

Je balance mes affaires dehors et me faufile dans l'ouverture tandis que les types tentent d'enfoncer la porte. Le mur m'arrache la peau, les bris de verres m'entaillent et tant bien que mal, j'arrive à me tirer vers l'extérieur. Une fois sur mes pieds, je ramasse mes affaires et trace comme un malade.

Dans l'encadrement de la fenêtre, des gars apparaissent et ne perdent pas une seconde pour me viser et me tirer dessus. J'accélère, retiens un grognement quand une douleur irradie mon bras gauche, puis tourne à l'angle de la ruelle.

Tout en courant, j'attrape les clés de la moto, puis une fois devant, remet ma veste et mon sac sur mon dos. Le souffle court, j'enfonce mon casque sur ma tête et mets le contact en jetant un coup d'œil par-dessus mon épaule pour être certain qu'on ne m'a pas suivi.

— T'as rien ? s'inquiète Pitt tout à coup, comme s'il avait retenu sa respiration jusque-là.

Je baisse les yeux sur le sang qui coule sur ma main et serre les dents.

— Nan, ça va. J'vais pas tarder.

Rassuré, il souffle et je mets les gaz.

— Ok, je retourne voir les filles.

Je fais hurler le moteur, la rage au ventre. Tout a foiré. J'ai failli y passer et je ressors sans aucune info. Retour à la case départ. J'ai envie de tout péter.

Dans la ligne droite, je laisse exprimer toute ma colère en lançant le monstre à pleine vitesse. Je double des voitures, me fait klaxonner, ignore mon bras qui gueule de douleur sous mes fringues et lorsque j'arrive devant chez moi, tente de retrouver mon calme.

Quand j'entre dans le sous-sol, Pitt est là et ses yeux s'arrêtent sur ma main ensanglantée. Il blêmit et dans son regard, je devine que ça le renvoie à une souffrance plus profonde.

— La balle m'a juste éraflée.

Il acquiesce sans un mot, pendant que je range mon flingue dans le coffre.

— Les filles ?

— Mia est partie se coucher et Ellyn s'est endormie sur le canapé.

Le fait que ma Diablesse dorme me rassure. J'aurais bien eu besoin d'autre chose, mais ça évitera qu'elle me demande des comptes. Je suis bien trop sur les nerfs pour ça.

— Tu peux rejoindre Mia, j'vais désinfecter ça et monter.

Il opine, soucieux, puis après avoir hésité tourne les talons. Je l'observe disparaître et me demande ce qui m'a pris de l'embarquer là-dedans en sachant ce qu'il a vécu. On ressort rarement de ce genre de mission sans bobos. C'est une des choses qu'on nous apprend et on est bien obligé de l'accepter.

Je vire mon t-shirt, nettoie la plaie et le sang, puis termine en posant une compresse avec du sparadrap. Ça fera l'affaire, même si deux ou trois points n'auraient pas été de trop.

J'enfile un sweat propre, éteins la lumière puis regagne le salon. En m'approchant du canapé, je distingue Ellyn dans la pénombre et l'observe quelques secondes alors qu'elle est endormie. La voir comme ça m'apaise, même si je comprends pas comment c'est possible.

Sans faire de bruit, je vire mes pompes, me glisse à côté d'elle et remonte le plaid sur ses épaules. Comme si elle avait senti ma présence, elle se blottit contre moi et je referme mes bras sur elle.

— T'es rentré, marmonne-t-elle somnolente.

Je pose un baiser sur son front en resserrant mon étreinte pour la sentir un peu plus contre moi.

— Ouais, tout va bien, rendors-toi, soufflé-je.

Elle acquiesce faiblement, puis je ferme les yeux tout en caressant son épaule, pas sûr de trouver le sommeil. Si j'y étais passé, je n'aurais de toute façon pas pu continuer à traquer ses fils de putes.

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