Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 16

Ashton

Cette chieuse vient de me bouffer la lèvre, putain !

Elle se fait la malle et me laisse avec une trique d'enfer. Dites-moi qu'elle se fout de ma gueule. Que c'est une blague merdique et qu'elle va faire demi-tour. Je vais péter un câble.

Je la suis des yeux, tandis qu'elle disparaît dans la foule et je vois rouge. Si je reste là, je vais faire un malheur. Je grogne de frustration et sans attendre une seconde de plus slalome entre les danseurs. Bougez-vous, sinon y'en a un qui pourrait bien passer par la fenêtre.

Comme s'ils lisaient dans mes pensées, ils s'écartent sur mon passage. Ou bien je tire cette gueule que je connais par cœur. Celle qui fait penser à tout le monde que je suis sur le point de tuer quelqu'un. Ça doit être ça. Tant mieux, dans ces cas-là, il vaut mieux éviter de me faire chier. De m'approcher tout court, en fait.

Lorsque je vois la Diablesse qui discute avec un type et se marre, mon sang ne fait qu'un tour.

En quelques pas, je me fige dans son dos et l'autre gus face à elle m'imite. Aussitôt, elle devine que quelque chose cloche et se tourne. Je lâche un rire amer et baisse mon regard noir de colère sur elle.

— T'aurais jamais dû faire ça, grondé-je.

Elle ouvre la bouche, mais je ne lui laisse pas le temps d'en placer une. Je la contourne et trace vers la sortie. Une fois dehors, je prends une bouffée d'air frais et tire une clope de mon paquet. Mon briquet décide de me prendre la tête lui aussi et je m'acharne dessus comme un enragé. Lorsque la flamme embrase le tabac, j'inspire à plein poumon.

Elle va s'en mordre les doigts. Je vais la rendre tellement folle qu'elle va rien comprendre.

Jamais aucune nana n'avait osé se comporter comme elle vient de le faire. Elle m'a carrément allumé pour ensuite, en un claquement de doigts, tout arrêter. Elle s'est vengée. Je la cherche depuis le début et elle me rend la monnaie de ma pièce. Un rire nerveux m'échappe et deux gars qui passent au même moment me regardent bizarrement. Ils sont comme des couillons à me fixer et je suis sur le point d'entrer en éruption.

— Putain, cassez-vous ou je vous déglingue !

Ils se raidissent, se jettent un coup d'œil et disparaissent. C'est ça, bougez, bande de guignols. Merde, me voilà bien en rogne, elle a réussi son coup.

Je tire sur ma tige de nicotine comme si j'étais en manque et tourne comme un lion en cage. Une seconde, j'envisage de me casser, mais ma raison me rappelle à l'ordre. Je peux pas, putain.

Je savais que j'aurais pas dû venir. Quelle connerie de dire à l'autre que je prenais le relais. Il s'est tiré et je me retrouve comme un con. Je soupire, tente de redescendre en pression, mais ça va être compliqué. J'ai jamais été doué pour gérer ma colère. Je l'ai toujours laissée s'exprimer, c'était plus facile. Ça l'est encore, même si dans le centre j'ai pu apprendre à canaliser un minimum. Selon Jeff, j'ai fait des progrès. Bah, putain je sais pas où ils sont. Là tout de suite j'en vois pas la couleur.

En plein dans mes réflexions, je distingue du coin de l'œil Pitt qui apparaît. Un joint au coin des lèvres, il m'observe faire les cents pas et passe une main embêtée sur sa nuque.

— J'ai vu son petit manège.

Je me fige et lâche un rire sombre avant de reprendre mes allées et venues.

— Cette... elle m'a pris pour un pigeon.

Il grimace et se pose sur l'une des marches devant la porte d'entrée.

— Vous vous tirez dans les pattes mutuellement depuis le début. Mais ouais, elle aurait pas dû.

Je recrache un nuage de fumée et grogne. C'est vrai, il n'a pas tort. Depuis le premier jour, on se renvoie la balle. C'est à qui la lancera plus fort. Assez pour que l'autre n'arrive pas à la rattraper. Cette fois, elle n'a pas fait les choses à moitié.

J'aime pas perdre. Seulement, je suis un joueur. Et si on suit la logique, c'est mon tour. C'est à moi de mettre le paquet.

— Tu devrais rentrer, me suggère-t-il.

Je lève un sourcil et esquisse un sourire en coin. Il a deviné. Il sait que déjà dans ma tête, ça tourne. Et franchement, quoi de mieux qu'une soirée pour faire enrager une fille qui elle-même tente de vous faire perdre les pédales ?

— Plutôt crever, grogné-je.

Il souffle bruyamment et hausse les épaules tout en tirant sur son spliff.

— Au moins, j'aurais essayé.

Je l'ai cerné. Il fait partie de ces mecs qui, quand une situation est sur le point de déraper, préfère prévenir. Tenter le coup, pour ne rien avoir à se reprocher. Si ça part en couille, il pourra se contenter de me dire : « Je t'avais prévenu ». C'est vrai, il l'aura fait. Le truc, c'est que je suis pas du genre à écouter les mises en garde. Ça m'a joué plusieurs fois de sales tours par le passé. Il faut croire que ça m'a pas servi de leçon. Je remets ça dès que je peux. Foutu caractère de merde.

— Tu vas faire quoi ? tente-t-il.

Je glisse un regard sur la porte et sourit.

— Je l'ai prévenue. Elle aurait jamais dû faire ça. Je compte bien faire en sorte qu'elle s'en morde les doigts.

— Cool, mais ça me dit pas ce que tu comptes faire.

Je réfléchis tout en finissant ma clope et un éclair de génie traverse mon esprit. Putain, oui ! Je savais que le fait que mon coloc' soit au courant de tous les potins me servirait. Décidé, j'écrase mon mégot, pose mon cul à côté de lui et passe mon bras sur ses épaules tout en lui lançant un regard entendu.

— Nan ! Oublie ! C'est mort, lâche-t-il lorsqu'il devine que je vais faire appel à ses services.

— Bro', si tu m'aides, j'te jure que la prochaine fois, je jette un coup d'œil à ta caisse.

Il arque un sourcil et se marre pendant que je lui pique son joint pour tirer une latte. Ça me détendra peut-être un peu. Osef, si de base j'ai pas le droit.

— Ou alors je pourrais aussi la déposer au garage, ils s'en chargeront.

Je secoue la tête. Sacrilège !

— Pas une voiture de collection comme celle-là. Ils vont te la massacrer. Non, il faut quelqu'un qui s'y connaisse vraiment.

— Et ce quelqu'un, c'est toi.

— Grave ! Les caisses m'aiment. Je sais les bichonner comme personne.

Il passe une main sur son visage et plisse les lèvres. C'est dans la poche.

— Ok, vas-y, annonce.

J'le savais, il peut rien me refuser.

Je souris comme un abruti et lui rends son pétard. Il l'attrape et pour se préparer à ce que je vais lui balancer, pompe dessus comme un camé. Je me marre et il me donne un coup de coude.

— Toi qui sais tout. Y'a pas une gonzesse ici qu'Ellyn ne peut pas saquer ?

Il s'étouffe à moitié avec la bouffée qu'il vient de prendre et tousse comme un malade tout en levant un doigt pour que j'attende que ça passe.

— T'es un enfoiré. Si elle apprend que ça vient de moi elle va vouloir me butter.

— Elle le saura pas, assuré-je.

Il se frotte la nuque à nouveau et grogne.

— Putain, dans quelle merde tu me fous. Ouais, y'en a une. Britany.

Je lui donne une tape sur le dos et saute sur mes pieds.

— Ok ! Alors mettons la main sur Britany.

Déterminé à la rendre complètement barge, je retourne à l'intérieur et rejoins le grand salon, là où la fête bat son plein. Pitt m'emboite le pas et tente de me faire changer d'avis, mais je ne l'écoute déjà plus. Je scanne la pièce et repère rapidement la Diablesse. À première vue, elle s'est lancée dans un concours de bière pong et enchaîne les verres. Elle va encore se mettre misère.

Je me penche vers mon coloc' sans la lâcher des yeux. Elle ne m'a pas encore vu.

— Elle est où ?

Hésitant, il me désigne une blonde qui danse sur la table de billard. J'esquisse un sourire. Elle ne sera pas réticente pour une danse, ça crève les yeux. Plus les mecs la reluquent, plus elle est contente. De base, je suis pas attiré par ce genre de go, mais c'est pour la bonne cause.

Sous le regard désespéré de mon coloc' je fends la foule et attrape une bouteille de sky au passage, qui traîne sur un meuble. J'en avale une rasade et la refourgue au premier type que je croise. C'est cadeau.

Volontairement, je frôle Ellyn pour attirer son attention et bingo, elle me suit des yeux. J'approche du billard, pose mes paumes à plat sur le rebord et tente de capter le regard de Britany. Ça ne loupe pas, ses iris tombent dans les miens, pendant que je détaille ses hanches qui ondulent. Mes pupilles s'arriment aux siennes et elle bouge rien que pour moi. Les types autour sont dégoûtés, mais je m'en branle.

J'entends des commentaires comme quoi je me fais pas chier, qu'il me les faut toutes et je me retiens de me marrer. Les gars, en même temps quand on veut quelque chose, il faut se bouger le cul. C'est pas en restant avec leur verre à la regarder qu'ils atteindront leur but.

Lorsqu'elle semble intéressée, je lui tends la main et elle l'attrape sans même réfléchir. Une fois au bord, je la saisis par la taille, la soulève et l'aide à descendre. Au moment où ses pieds touchent le sol, j'approche mes lèvres de son oreille.

— On danse ?

Elle me sourit et sans surprise, accepte. Ses doigts trouvent les miens, puis elle me tire vers la piste. La Diablesse me fusille de ses billes ténébreuses et intérieurement, je jubile. T'as voulu jouer, Chérie !

Dès qu'on se trouve une place, Britany se tourne vers moi et sans rien avoir à faire elle commence son petit numéro. Tout en se déhanchant, ses mains baladeuses filent sur mon torse, puis sur mes cuisses et elle se frotte contre moi sans retenue. Je ne bouge quasiment pas et la laisse faire. Dans mon esprit, j'imagine une autre personne à sa place. J'essaye de réduire à néant ces images, mais rien n'y fait. Ellyn est dans ma tête. Putain, elle m'a poussé à bout. Je devrais pas la désirer à ce point.

Je décortique chacun des mouvements de Blondie et pour penser à autre chose la rapproche de moi sans qu'elle s'y attende. Surprise, elle rit et enroule ses bras autour de mon cou. Elle ne perd pas de temps. Elle sait ce qu'elle veut. Mais je ne le lui donnerai pas. De base, elle ne m'aurait déjà pas intéressée. À la rigueur pour une danse, mais rien de plus. Seulement, là, il y a encore une autre raison pour laquelle je ne céderai pas à ses avances. Ellyn. C'est à elle que je m'imagine faire tout un tas de trucs décadents. Elle a allumé ce feu en moi. Ce désir. C'est comme avoir enflammé la mèche d'un bâton de dynamite. À un moment, elle devra faire face à ce qu'elle a déclenché. Ce jour-là, lorsqu'elle y aura goûté, elle ne voudra plus qu'une seule chose. Recommencer. Je lui ferai tellement prendre son pied qu'elle ne verra plus que par ça. Plus que tout, elle désirera un moment à se laisser aller comme elle se sera permise de le faire avec moi.

Discrètement, je la cherche pendant que cette fille semble taper son meilleur déhanché. Adossée au bar, elle nous fixe. Seulement, au moment où cette connexion a lieu, son regard se voile. Une lueur différente le traverse et ses traits se durcissent. Je ne lui avais jamais vu cette expression jusque-là. Elle finit sa boisson d'une traite et se taille. Sa démarche est mal assurée. Elle a trop bu. Bordel, qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez elle !

Je repousse doucement Blondie et baisse les yeux sur elle.

— J'dois bouger.

Elle fronce les sourcils, blasée.

— Déjà ? Mais on a à peine...

Je n'entends pas le reste et me faufile déjà pour tenter de retrouver celle qui me fait perdre la boule un peu plus chaque minute qui passe. Seulement, je ne la vois nulle part. Aucune trace de Pitt non plus. Il a dû s'éclipser pour ne pas être spectateur du désastre.

Un coup d'œil vers les escaliers et je me dis qu'elle pourrait être à l'étage. Ce serait bien son genre de vouloir me faire regretter ce que je viens de faire sans attendre. Je monte les marches quatre à quatre et ouvre une première porte. Ce que j'y trouve ne m'étonne pas. Une gonzesse et deux types. Une partie à trois. Pourquoi pas. Je referme sans même m'excuser et vérifie les autres chambres. Dans chacune, le lit est pris, mais aucune trace d'Ellyn.

Sur les nerfs, je redescends et au moment de surgir dehors, je la percute. Je lâche un juron et la rattrape de justesse alors qu'elle manque de dévaler les escaliers en pierres. Elle grogne, lève un regard embrumé sur moi et je comprends qu'elle a aussi fumé de la beuh.

— Dégage, Atkins.

Je serre les dents, mais refuse de la lâcher. Elle tient à peine debout.

— J'vais te ramener.

Un éclair de panique traverse ses iris et elle secoue la tête.

— Pas chez moi, me supplie-t-elle.

Je soupire et jette un coup d'œil à l'entrée. Mia sa meilleure pote est là, mais pas dans un meilleur état. Pas la peine de lui demander quoi que ce soit. Affalée dans un des fauteuils sur les genoux d'un mec, elle tient un joint. Ok, va falloir que je me démerde.

J'envisage toutes les options et élimine d'office les chambres au premier. Dans son état , elle serait incapable de se défendre au cas où. J'observe de nouveau la Diablesse qui tangue sur ses jambes et soupire.

— Où est-ce que je peux te déposer ?

Elle hausse les épaules et reste silencieuse. Ça m'aide pas. Je scanne le parking et me fige en distinguant dans la nuit un lascar qui tourne autour de la voiture d'Ellyn. Au moment où il s'aperçoit que je l'ai grillé, il remet sa capuche sur sa tête et trace. Putain, c'est qui lui ?

J'envisage de lui courir après, mais me ravise. Je ne peux pas la laisser là toute seule. Merde, si ça se trouve, c'est celui qui en veut aux Reeves. Je viens peut-être de rater une occasion de lui mettre la main dessus.

— Chez toi, souffle-t-elle.

Je bugue et baisse les yeux sur elle. Elle est malade ou quoi ?

— Pas chez moi, répète-t-elle.

Sérieux, elle veut ma mort ou quoi ?

— S'il te plaît Atkins.

Je souffle bruyamment et me résigne. Ça reste la meilleure solution. Elle sera en sécurité et quelque chose me dit que si elle ne veut pas rentrer chez elle, c'est qu'il y a une raison. Je passe mon bras sous ses épaules pour l'aider à descendre et à marcher vers ma caisse, puis glisse un regard en biais sur elle.

Je suis vraiment en train de faire cette connerie ?

Je l'installe sur le siège passager, boucle sa ceinture pendant qu'elle râle parce que je la colle de trop près en me penchant pour le faire et je soupire. Elle va squatter chez moi et ça promet. On va se bouffer la gueule, c'est obligé.

Je claque la portière, fais le tour de la voiture et me glisse derrière le volant. Elle me lance un regard de travers et je mets le contact avant de pousser le volume de la musique.

— Merde, Atkins, baisse-moi ça.

Je lève un sourcil et saisis sa main au moment où elle la tend pour baisser le son.

— On est dans ma caisse, je joue les chauffeurs et les gentleman. C'est moi qui décide. Et pour le moment j'ai envie d'écouter ma musique à fond.

Elle marmonne quelque chose que je n'entends pas, bascule sa tête en arrière sur l'appuie tête et ferme les yeux. Je lui jette un coup d'œil puis me mets en route. Qu'elle dorme le long du trajet est une bonne option. Ça évitera qu'on s'engueule.

Concentré sur la route, le regard que je lui ai surpris un peu plus tôt surgit dans mon esprit. Pourquoi j'ai l'impression qu'elle cache la façon dont elle se sent vraiment ? C'est comme si elle cherchait à dissimuler aux yeux de tous une part d'elle. Quelque chose qui lui pèse.

Merde, je suis pas là pour jouer le psy. Elle a des potes pour se confier et je vais pas la forcer à parler si elle en a pas envie. J'aimerais pas qu'on le fasse avec moi. Ça me foutrait en rogne.

Tout en roulant, je bats la mesure sur le volant et ignore la Diablesse à côté de moi. Même si mon esprit tente de me jouer des tours.

Soudain, je prends un virage et elle bascule contre moi, endormie. Son visage calé sur mon épaule, ses bras encerclent le mien. Elle soupire d'aise en le serrant doucement et je me crispe. Wow ! Qu'est-ce qu'elle fout ? Même en roupillant, elle cherche à me faire perdre la boule. Elle, ça ne semble pas la déranger. Elle pionce comme jamais et ne bouge plus.

J'appuie un peu moins fort sur l'accélérateur et adopte une conduite plus calme. On sait jamais, si elle se réveille, elle serait capable de dire que j'ai fait exprès. Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter ? En même temps, qu'est-ce que je pouvais faire ?

Je soupire, ralenti devant le portail qui coulisse puis avance sur l'allée avant de couper le contact. Elle bouge, ouvre un œil et je me raidis.

— Pourquoi tu t'arrêtes ? s'agace-t-elle.

Je lève un sourcil tandis qu'elle libère mon bras comme si tout à coup il la brûlait.

— Parce qu'on est arrivés.

Elle se penche pour observer la maison à travers le pare-brise et esquisse une moue admirative. Puis, elle tente de siffler, sans y parvenir. Ok, elle est un peu plus pétée que ce que je pensais.

Son expression se transforme en grimace et elle commence à paniquer.

— J'ai envie de vomir.

J'écarquille les yeux, bondis hors de l'habitacle et cours pour faire le tour de la bagnole afin d'ouvrir sa portière.

— Pas dans ma caisse !

Elle manque de se ramasser en sortant et je la retiens in extremis. La seconde d'après, elle trace vers le parterre de fleurs, se penche et j'évite de m'approcher. Si j'y vais, c'est sûr, je dégueule avec. À la place, je me sors une clope pour penser à autre chose et l'observe de loin. Le jardinier va être ravi.

— Ça va ? osé-je.

Elle lève le pouce, toujours à moitié dans les rosiers et je me marre. Cette nana est à la masse.

Une fois fini, elle se redresse et le pas traînant reviens vers moi. Je la suis des yeux, jette ma cigarette et comme sur le parking devant le manoir, je l'aide à marcher. Manquerait plus qu'elle se casse le cou dans les escaliers. Je me demande comment elle fait pour tenir debout. Elle a dû faire un sacré mélange pour se retrouver comme ça.

À l'intérieur, je la laisse contre le mur le temps d'entrer le code de l'alarme, puis la soutien pour traverser la pièce.

— Brosse à dent, lâche-t-elle à moitié dans les vapes.

Elle m'a pris pour l'épicerie du coin ou quoi ?

Je souffle, l'aide à s'asseoir sur la dernière marche et passe une main sur mon visage.

— Bouge pas, je reviens.

Nouveau pouce en l'air. Au moins, elle a compris.

Je file jusqu'à la salle de bain du bas, en récupère une qui ne sert pas et retourne dans le salon. Je me fige en remarquant qu'elle pionce à moitié dans les escaliers et secoue la tête, exaspéré.

— C'est bon, j'ai.

Elle acquiesce, puis alors que je tente de la remettre sur ses pieds, proteste en me désignant les marches.

— Ouais, bah quoi ? grogné-je.

— C'est haut.

— C'est le but, c'est un étage.

— Trop haut.

Bordel, elle aura ma peau.

— Ok !

Je coince le manche de la brosse à dents entre mes lèvres puis sans lui demander son avis, je la soulève. Elle râle pour la forme, mais passe quand même ses bras autour de mon cou, tandis que sa tête roule sur mon épaule. Première fois de ma vie que je fais ça.

Je glisse un regard sur elle tout en montant et constate qu'elle dort de nouveau. Arrivé au premier, j'avance vers l'une des chambres inoccupées et l'emmène dans la salle de bain attenante. Je l'assois sur le bord de la baignoire, attrape le dentifrice, en mets un peu sur la brosse à dents et la lui tend. Les yeux à moitié ouverts, elle l'attrape et marmonne un merci.

— T'as besoin d'aide pour autre chose ?

Je me surprends moi-même. Pourquoi je lui demande ça ? Je sais pas prendre soin des autres. Je sais même pas m'occuper de moi-même, alors.

Elle secoue la tête et je sors de la pièce pour m'asseoir sur le bord du lit et attendre. On sait jamais qu'elle se casse la figure. Puis, je réalise. La gonzesse qui me rend complètement fou est là, chez moi. Je passe ma main dans mes cheveux et me lève pour aller à la fenêtre. Je l'ouvre, me pose sur le rebord et me jette sur une tige de nicotine.

Merde, mais qu'est-ce que je fous ?

Je suis pas censé faire ça. Quand je vais faire mon rapport à Jeff, il va me péter une durite. J'aurais qu'à lui expliquer ce qui s'est passé. Après tout, j'y suis pour rien. Enfin si, si je l'avais pas provoquée comme ça en retour, elle aurait pas autant bu. Quoique. En y réfléchissant, je suis sûr qu'autre chose la pousse à se mettre dans des états minables comme celui-là. Elle avait déjà bien attaqué la soirée quand je me suis pointé.

Perdu dans mes réflexions, je reviens à moi en entendant la porte s'ouvrir. Elle traverse la chambre en sous-vêtement sous mon nez. J'en lâche ma clope et me crame au passage. Les dents serrées, je crache un juron, récupère le mégot, l'écrase sur le bord de la fenêtre et le jette. Je referme et elle sursaute.

— Putain, je croyais que t'étais parti.

Je secoue la tête comme un couillon qui aurait perdu l'usage de la parole et elle me fixe tout en se glissant dans les draps toujours dans le même état. J'approche pour l'aider à mettre la couette sur elle tout en me demandant d'où sort cette bienveillance tout à coup et elle s'installe pour se mettre à l'aise.

— Je serai dans la chambre à côté au cas où.

Je tourne les talons, prêt à mettre les voiles, quand ses doigts s'enroulent autour de mon poignet.

— Reste, j'aime pas dormir seule.

Pour la énième fois de la soirée, mon cerveau se met sur pause et analyse ce qu'elle dit. Interdit, je lui jette un coup d'œil et son air suppliant a raison de moi. Je me résigne, vire mon t-shirt, garde mon jean pour ne pas la mettre mal à l'aise et m'allonge à côté d'elle au-dessus de la couverture.

Rapidement, elle sombre et je me retrouve comme un con. Moi, dormir avec une fille. Juste dormir. Ça n'était jamais arrivé. Je tente un regard sur elle, mais fixe de nouveau le plafond. No problem, mec, tu peux le faire.

Pour m'aider, je me focalise sur la soirée, repense à ce type qui rôdait autour de sa voiture et à la façon dont il a pris la fuite. Je percute alors que je me suis laissé bouffer par cette sensation de liberté retrouvée au lieu de me concentrer sur ce pour quoi je suis là. Il faut que je reconsidère mes priorités. C'est urgent. Si je dérape, je vais manger cher. Et sa vie à elle est en danger. Je ne dois plus l'oublier.

Je passe un bras sous ma tête, le sien glisse sur moi. Lentement, elle se met sur le côté et cale sa tête sur mon torse. Respire, mec.

Putain, la nuit va être longue.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro