Chapitre 1
Ashton
Deux ans plus tard...
Après mon arrestation, il y a maintenant deux ans, j'ai eu un choix à faire. Autant dire que je ne suis pas vraiment du genre à aimer ça. Les ultimatums, c'est pas mon truc.
Je me suis donc retrouvé dans un programme spécial, qui avait pour but de former des ados comme moi, avec des capacités évidentes pour le combat et les armes à feu. Tout ça, dans le but d'être opérationnel afin d'assurer la sécurité de gosses de riches. D'anciens délinquants, censés veiller sur des jeunes pleins aux as. Sur le coup, je me suis foutu de la gueule de mon formateur. Le truc, c'est que ça ne l'a pas fait rire et je me suis retrouvé à faire des tours de terrain sous la flotte.
Pendant ces deux années, j'ai donc suivi ce putain de programme à la con. J'ai enchaîné des formations de combats rapprochés, manipulations d'armes à feu, d'observations et j'en passe. Tout ça, dans un établissement sécurisé, où les sorties en extérieur étaient interdites. J'avais seulement le droit de prendre l'air deux fois par jour, dans cette cour, qui, soyons clair, ressemble à celle d'une prison. Des palissades hautes d'au moins trois mètres et juste au-dessus, du fil barbelé. Tout ce que je hais.
En dehors des cours qu'on me donnait, la musculation rythmait mes journées. C'est la seule chose que j'ai trouvée qui me plaisait vraiment et qui réussissait à faire passer le temps un peu plus vite. Autant préciser que les formateurs en ont chiés avec moi et mon caractère de merde. Les ordres, c'est pas non plus ma came. Alors, lorsqu'à six heures du mat' ils entraient dans les dortoirs, pour nous réveiller en gueulant et nous ordonnaient de nous fringuer tous du même jogging, pour directement aller courir, je leur faisais comprendre d'aller se faire mettre. Les premiers jours, j'ai tenté de me rebeller, c'était dans mes gènes. Mais, j'ai vite compris qu'il valait mieux que je la ferme, lorsque je me suis retrouvé à devoir faire des heures sup', le soir, alors que tous les autres squattaient la salle de détente.
Point positif, je suis devenu balaise et j'ai passé mes permis, ce qui était inclus dans la formation, et qui, selon eux, est indispensable.
C'est comme ça, que moi, Ashton Atkins, vingt-et-un ans, me retrouve à attendre, assis dans un bureau, où ma première mission va m'être confiée. Mon référent entre et s'assoit, face à moi. Il sort un dossier du tiroir, le consulte un instant, puis esquisse un sourire amusé. Putain, j'le sens mal.
Il me tend la pochette contenant les documents et m'incite d'un signe du menton à le consulter. Je survole les pages, fronçant les sourcils un peu plus au fur et à mesure que je les tourne, pour ensuite le balancer sur le bureau devant moi, blasé.
— Sérieusement ?
Mon formateur hausse les épaules et son sourire ne le quitte pas une seconde. Il prend son pied. Je lui mettrais bien mon poing dans la gueule, mais j'ai pas envie de finir de rassembler tous les sacs-poubelle des dortoirs. En plus, parfois, il est cool et pendant ces deux ans, il a été ce qui se rapproche le plus d'un père.
— C'est pas moi qui décide, les ordres viennent d'en haut.
— Bordel, une université pour gosses de riches ?
Il acquiesce, emballé par l'idée.
— Rien qu'avec ma gueule et mon corps couvert de tatouages, c'est pas crédible ! me moqué-je.
— Va falloir t'y faire, gamin, et tu ne seras pas le seul gosse de riche à sortir du lot, ils ne se trimballent pas tous avec une coupe de premier de la classe.
Ouais, fin, le truc, c'est que je suis pas l'un d'entre eux et que j'peux pas les encadrer. Mon référent, Jeff, c'est amusé à m'appeler « gamin » pendant tout mon séjour, histoire de me foutre en rogne à chaque fois et malgré tout ce temps passer ici, ça me fait toujours aussi chier.
— Départ demain matin à sept heures, prend le dossier et étudie-le de long en large, m'ordonne-t-il, en me faisant signe de sortir pour regagner mon dortoir.
Je me redresse en faisant grincer la chaise sur le sol, approche de la porte le pas traînant et l'ouvre.
— Ashton, pas de conneries, sinon c'est retour à la case départ !
Je ne prends pas la peine de répondre et grimace, les yeux fixés sur le long couloir, avant de refermer derrière moi. Une fois dans la piaule, je m'affale sur mon lit et relis les pages sous le regard curieux des mecs qui partagent la chambre avec moi.
— Alors ? me demande Stan, le seul dans ce foutu établissement, avec qui je m'entends bien.
— T'imagines même pas, c'est la merde !
Il pouffe de rire, s'approche de moi et se penche sur le dossier pour jeter un œil. Lorsqu'il aperçoit la photo de la fille que je suis chargé de protéger, il écarquille les yeux et l'attrape avant de siffler comme un malade.
— Putain, mec ! Elle est grave bonne ! lâche-t-il, alors que nos deux autres camarades de chambre courent vers lui pour constater par eux-mêmes.
C'est vrai qu'elle est pas mal du tout, mais apparemment Stan a zappé l'une des règles qu'on nous impose pour chaque contrat sur lesquels on nous envoie : Règle numéro 1 : Ne jamais perdre de vue le client. Règle numéro 2 : Être prêt à donner sa vie pour lui. Règle numéro 3 : Ne pas griller sa couverture. Règle numéro 4 : Ne pas s'attacher au client.
Les formateurs ont été clairs, nous ne devons créer aucun lien avec eux et ils nous ont fait répéter ce code de conduite tous les jours, pour nous le faire rentrer dans le crâne. Stan aura du mal à respecter la quatrième. Quant à moi, retourner à la case départ ne me dit rien. Donc si l'envie me prend de penser à la sauter, où si je me surprends à la reluquer, il faudra vite que je trouve une solution de repli. J'entends par là mettre une autre fille qu'elle dans mon pieu. Ce qui risque d'être compliqué, parce que d'après ce que je lis, sur le campus, le dortoir des gonzesses est un bâtiment complètement à l'opposé de celui des mecs. Ça ne facilitera pas non plus la règle numéro une. Comment je suis censé garder un œil sur elle alors que la nuit elle ne sera pas à côté de moi ? Non, ça en fait, c'est qu'un putain de prétexte. Je suis déjà juste en train de trouver une solution pour passer la nuit avec elle. Quand je dis que je suis dans la merde, c'est pas des conneries !
Il est vingt-et-une heures trente et c'est l'extinction des feux. Jamais je ne me suis couché aussi tôt que tous les jours de ces deux putains d'années écoulées. Pendant que mes colocataires tentent de trouver le sommeil, je continue de lire le dossier en me servant de ma petite lampe de poche.
La nana que je dois protéger, s'appelle Ellyn Reeves. Elle vient d'avoir vingt ans et ces lignes m'en apprennent pas mal sur sa vie et ses habitudes. Sa meilleure amie, qui est aussi celle qui partage sa chambre universitaire, s'appelle Mia. Apparemment, elle avait un mec, jusqu'à il y a encore trois semaines du nom de Tyler, lui aussi étudiant là.
Ses parents ont fait appel à nos services parce qu'ils sont tellement blindés de tune, qu'ils reçoivent des lettres de menaces. Leur baraque a l'air immense et ça pue le blé à plein nez. Le délinquant que j'étais et qui sommeille toujours aurait été tenté d'aller y faire un tour.
J'attrape la brochure de l'établissement et écarquille les yeux. Ils portent tous un uniforme. Bordel, hors de question que je me sape comme ça ! Ils veulent ma mort ou quoi sérieux ? Je soupire, puis saute du lit superposé, pour aller faire un tour. À la base, après l'extinction des feux, il est interdit de sortir des dortoirs, mais parfois, j'en ai besoin. On va dire que c'est aussi une façon pour moi de garder un certain contrôle, hors des codes du centre.
J'entrouvre la porte, vérifie que le gardien ne traîne pas dans le couloir et cours vers l'issue de secours qui donne sur le toit. J'ai réussi à crocheter la serrure deux semaines après mon arrivée et m'y rends parfois pour fumer. Je m'assois sur le muret, à une vingtaine de mètres au-dessus de la cour et allume une clope. Avec le rythme et la rigueur qu'on nous impose ici, j'ai pas mal diminué ma consommation journalière de nicotine. Je m'en grille une à chaque pause, puis une certains soirs comme celui-là, où je sais que je vais avoir du mal à trouver le sommeil.
Je réfléchis déjà à la façon dont je vais pouvoir me fondre dans la masse. Avec mon look, ma gueule et mon langage, ça risque d'être vraiment compliqué. J'imagine déjà les regards se tourner vers moi. Ça va vite me gonfler.
Après une bonne demi-heure, je redescends et passe la tête dans l'encadrement pour jeter un œil au couloir. Le surveillant doit se trouver de l'autre côté. Je m'élance sans perdre une seconde et me fige en entendant son trousseau de clés s'agiter au rythme de ses pas. Je me ratatine dans un coin où il ne me verra pas et me fais tout petit. Le bruit s'éloigne et je penche discrètement la tête.
La voie est libre.
Comme si j'avais le feu au cul, je regagne ma chambre. C'était moins une. Je remonte sur mon lit ce qui fait râler Stan qui dort juste en dessous, reste assis sur le bord un moment, puis attrape la photo d'Ellyn. Je soupire et me laisse tomber sur le matelas, mon avant-bras posé sur mes yeux. Bordel, le pire, c'est qu'ils ont raison, elle est carrément de bandante !
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