L'inépuisable disparue
« Drago. »
La voix de Theodore lui fit l'effet d'un électrochoc.
D'un coup sec, il se releva, fit volte-face et, assuré que son ami était seul, se passa une main dans les cheveux pour rabattre en arrière les quelques mèches qui sombraient sur son front dans sa détresse.
« C'est Dennis, c'est ça ? C'est Dennis qui...
- Non, ce n'est pas Dennis. C'est Astoria. Elle l'a rejoint, Drago. »
Un « Tu mens ! » manqua de franchir ses lèvres, brulant de vérité. Fut avalé par le désespoir et le doute. Astoria aurait-elle pu faire ça ? Aurait-elle pu le quitter ? Non...
« Je t'assure, Drago. Je suis désolé. C'était trop pour elle.
- Elle n'aime pas Dennis.
- Et elle t'aimerait, toi ? »
Le « oui » se coinça dans sa gorge. Qu'en savait-il ? Elle ne lui avait jamais dit et...
« C'est faux. »
Sa voix trembla. Aucune sincérité. Il n'y croyait même pas.
Theodore pinça les lèvres, désolé, et Drago sentit une pluie de sable recouvrir et étouffer la flamme d'espoir qui brulait en lui.
« Tout ça, c'était trop pour elle. Elle ne pouvait pas quitter tous ceux qu'elle aimait pour une stupide amourette avec toi. Déjà parce que tu es un Malefoy et qu'elle sait ce que ce simple fait représente comme inconvénient mais surtout, elle est mariée, Drago... Depuis quand vises-tu les femmes mariées ? »
Il se retourna face à la fenêtre pour cacher son trouble, droit comme un piquet, les mains jointes dans le dos. Il n'en croyait pas un mot, mais Theodore était son ami depuis plus de douze ans. C'était un homme intègre, droit, prêt à tout pour honorer le nom des Nott que son père avait bafoué.
Prêt à tout pour honorer le nom des Nott que son père avait bafoué.
Prêt à tout.
Une colère froide glaça ses traits et figea le lien qui le reliait à Theodore. Il ne croyait pas un mot de ce qu'il disait, il ne laisserait plus le doute et la lâcheté mettre en danger Astoria.
« Depuis combien de temps se connait-on, Theo ?
- Je n'en sais rien... Tu es mon plus vieil ami.
- Me suis-je déjà montré idiot ? »
Il saisit le froncement de sourcil. Theodore était étonné, mais il était surtout angoissé.
« Où est Astoria ?
- Je te le dis, elle...
- Où est Astoria, Theo ?
- Avec Dennis.
- Je ne te crois pas.
- Je comprends que ce soit difficile pour toi de croire qu'elle t'a quitté mais...
- Ce qu'il m'est difficile de croire, c'est pourquoi tu protèges un homme aussi répugnant que ce Fawley et pourquoi tu refuses de m'aider à tirer Astoria de là. Tu viens d'être père pour la première fois. Il l'a battu pendant des jours jusqu'à provoquer une fausse-couche.
- Dennis nous a tout expliqué. Astoria a perdu le bébé naturellement.
- Que t'offre-t-il pour que tu te voiles ainsi la face ?
- M'offrir... Enfin, pour qui me prends-tu ?!
- Et toi, pour qui me prends-tu ? »
Les joues de son ami s'étaient teintées d'une teinte rose légère. Suffisante pour que Drago comprenne qu'il tapait dans le mille.
« Je te laisse une minute pour me dire où est Astoria et me conduire à elle. C'est l'unique espoir qu'il nous reste, Theodore. »
Une minute. Une minute de duel. Œil gris contre œil brun.
Une minute où Drago tentait d'apaiser la déception et la tristesse qui s'emparait de lui.
Les secondes claquaient dans sa tête, rythmées, décisives, et Theodore ne broncha pas.
45. 46. Sa mâchoire se crispa. 48. 49. Sa paupière tressaillit. 51. 52.
« Je ne sais pas où Astoria se trouve. »
Un choc. Un choc qui se transforme en un rire nerveux. Un rire soulagé.
Theodore avait tenté un réel coup de poker, digne du plus rusé des Serpentards. Mais s'il ne savait pas où était Astoria...
« Je pense que tu fais une erreur, Drago. Je pense qu'Astoria et toi n'avez rien à faire ensemble.
- Ton avis et tes conseils ont perdus toute légitimité lorsque tu as décidé de me tromper. »
Puis sans un regard, il ramassa les quelques sacs qui gisait sur le sol et sorti de l'appartement.
Il savait où se trouvait Astoria.
>>o<<
« Potter.
- Malefoy.
- Drago ? »
En quittant Theodore, plus touché qu'il ne l'aurait voulu, il s'était senti stupide de ne pas avoir vu les détails plus tôt. Si Astoria avait été victime d'un enlèvement de la part de sa famille, pourquoi l'amie de la jeune femme ne se trouvait plus dans son propre appartement ? Et Potter, et Weasley ? Les Greengrass et les Fawley avaient tout à perdre à toucher au héros national. Il n'avait pu l'emmener et après un rapide tour à leur hôtel, il avait rapidement compris.
Lorsque Potter avait hérité du Square Grimmaurd, sa mère avait juré une semaine entière de racheter l'honneur de sa famille. Lorsque Potter s'était définitivement installé dans cette maison quelques années plus tôt, sa mère s'était murée dans un silence blessé, incapable de protéger son héritage. Drago, lui, n'en avait cure. Cette maison n'avait jamais porté son nom, elle venait des Black, une branche de sa famille dont il ne connaissait que sa tristement célèbre tante Bellatrix et le vieil elfe Kreattur, et il n'y était aucunement attaché.
Cependant, Potter restait Potter et Drago, Drago. Et il était hors de question que ce dernier fasse preuve de sentimentalisme devant son ancien camarade.
Bonne résolution qui vola en éclat à l'entente de la voix d'Astoria.
Sans gêne, il bouscula le maitre de la demeure et réceptionna le corps frêle de son amante dans les bras, se sentant trembler au chatouillement de ses cheveux dans sa nuque. Son rire cristallin vibra et, enivré du parfum de sa peau, il se jura de ne plus jamais, au grand jamais la laisser de nouveau seule.
« J'ai cru que tu...
- Excuse-moi... Dennis et mon père sont entrés de force chez Lisa et... Ginny et Harry m'ont emmené ici. Je n'avais pas de baguette alors...
- Il faut qu'on parte. Il est temps.
- Je suis d'accord. »
>>o<<
« Détends-toi...
- Toi aussi.
- Ce n'est pas moi qui broie cet accoudoir. »
Sous le regard noir de son amant, Astoria lui saisit la main pour lier ses doigts aux siens et posa ceux-ci sur sa cuisse. Ce qui ne calma pas Drago, loin de là.
Cette robe moldue que la Weasley avait donné à Astoria pour que cette dernière se fonde plus facilement au milieu de moldus était définitivement trop courte. Beaucoup, beaucoup trop courte.
Potter lui avait bien proposé – sans doute suite à des menaces secrètes de la part de sa « colocataire » - des vêtements moldus confortables mais Drago bénéficiait déjà d'une garde-robe suffisante en la matière. Les Malefoy étaient nobles. Ils se devaient d'être toujours impeccables et par ce fait, son père lui avait acheté un costume noir très classe qu'il portait habituellement lorsque se fondre chez les moldus était une nécessité.
Cependant, il étouffait quelque peu. Peut être était-ce dû à la chemise ceintrée. Peut être était-ce dû à l'angoisse de faire confiance à cette machine du diable.
Incapable de faire bonne figure, se sentant proche de la mort, il se penchait bêtement par le hublot pour observer les mouvements de l'avion sur les pistes d'atterrissage.
« Lisa m'a raconté qu'il y a quelques semaines, l'un des moteurs d'un avion – que tu vois juste ici – a explosé en plein vol. Un débris a traversé le hublot et tuer la femme qui se trouvait juste devant sur le coup. »
Dans un hoquet minable, Drago se plaqua contre son siège alors qu'Astoria étouffait des éclats de rire dans sa main.
« Je veux sortir. Tant pis, on prendra un portoloin.
- C'est trop tard...
- Tu vas voir si c'est trop tard... »
Il se penchait vers son sac pour attraper sa baguette et effectuer quelques sorts de confusion lorsqu'elle retint son geste et se pencha à son oreille.
« Il n'en est pas question Malefoy ! Tu es bloqué avec moi pour au moins 14 heures !
- 14 heures ! C'est complètement stupide ! 14 heures à ne rien faire et à risquer sa vie alors qu'avec un portoloin, on en aurait pour un quart d'heure max !
- Mais tu risques ta vie avec moi...
- Je préfèrerais protéger ta vie que la risquer. » Drago avait grogné, de mauvaise humeur et terriblement angoissé, et avait senti Astoria se lover contre son bras, le souffle court. Surpris, il avait tourné le regard vers elle et analyser les joues roses et les yeux brillants de la jeune femme. « Quoi ?
- Je crois que c'est ce qui m'a fait tomber amoureuse de toi la première fois... Le fait que tu me protèges sans cesse. »
Son cœur loupa un battement et l'idée que tout ceci était quand même très mièvre traversa son esprit. Mais peu importe, Drago se pencha vers elle pour l'embrasser.
Juste avant d'être collé à son siège de force par le décollage de l'avion, avec un gémissement des moins virils qui soient.
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