L'employé du Ministère
En cette journée radieuse, Drago transplana de chez lui le cœur en fête. Ce qui était complétement stupide puisqu'il risquait de perdre son travail, et donc son indépendance.
Mais voir la tête de ces deux gros porcs de Belby affichés en première page de la gazette le matin même, trainés dans la boue, humiliés... C'était pervers d'en tirer autant de plaisir mais terriblement trippant !
Au siège de Belby & Cie, il régnait une ambiance morose. Damoclès Belby avait fermé les stores de son bureau qui donnait sur le hall. Il n'eut donc pas le plaisir de recevoir de la part de son neveu une remarque cinglante, comme il se faisait un plaisir de le faire tous les matins. La grosse horloge indiquait 8h45. Il avait encore le temps de descendre prendre un café.
Non, aujourd'hui, il ne prendrait pas seulement un café. Aujourd'hui, ce serait caramel macchiato au lait de soja, avec de la chantilly sur le dessus et des petites noisettes torréfiées. Aujourd'hui, c'était un jour de fête !
Dans la cafétéria, il manqua de perdre la bonne humeur avec laquelle il s'était éveillé. Elle avait été installée au sein du siège un an et demi plus tôt. En effet, l'insupportable Granger – ou peut-être Weasley, à présent ? il ne suivait pas les tabloïds – avait milité pour une loi en faveur de l'embauche des elfes de maison et toutes sociétés sorcières de plus de 50 salariés recevaient à présent une subvention si elles recrutaient l'un de ces petits êtres magiques dégoutants. En bon rapiats qu'ils étaient les Belby avaient bien entendu sauté sur l'occasion pour recruter une toute petite pleurnicheuse et installer un service de vente de boisson chaude au sein de l'office « pour le bien-être des collaborateurs ». Mais oui bien sûr.
En attendant son caramel macchiato au lait de soja, avec de la chantilly sur le dessus et des petites noisettes torréfiées – il avait dû répéter plusieurs fois sa commande pour que la serveuse comprenne clairement ce qu'il souhaitait, l'incapable – il jeta un coup d'œil à une dame d'une quarantaine d'années à sa gauche qui pleurait à chaudes larmes la possible perte future de son emploi, un exemplaire de la Gazette à la main, alors que deux personnes à ses côtés tentaient vainement de la réconforter. D'autres étaient assis à une table, les yeux braqués dans le vide. D'autres avaient déjà les yeux rivés sur les petites annonces et entouraient frénétiquement les offres d'emploi intéressantes.
Drago haussa des épaules, désabusé. Il n'allait pas gâcher cette si belle journée à se demander ce qu'il devrait faire si Belby & Cie mettaient les clefs sous la porte. De toute manière, il préférait finir à la rue que de retourner vivre au riche Manoir de ses parents.
Sifflotant gaiement entre deux cuillérées de chantilly, il descendait tranquillement les escaliers qui menant à son antre sous-terrain lorsque des conversations formelles retentirent dans le couloir des archives. Que faisait-il dans SON couloir ?
Méfiant, il rabattit le couvercle de son café, tourna à l'angle du couloir et...
Se retrouva nez à nez avec les grands yeux verts des Greengrass.
« Monsieur Malefoy ! » chantonna gaiement Marcus. « Juste à temps, nous vous attendions ! »
Drago retint un vomissement lorsque son chef lui mit une tape – amicale ? – sur l'épaule.
« Nous vous présentons Madame Astoria Fawley qui travaille pour l'Organisation Internationale du Commerce Magique ! Nous recevrons son expertise ces deux prochaines semaines afin qu'elle prouve que les fausses rumeurs de fraudes fiscales et commerciales chez Belby & Cie sont infondées. Je vous laisserais lui remettre tous les livres de compte et documents classés aux archives qu'elle vous demandera. Nous serons d'une parfaite transparence avec Madame Fawley ici présente !
- Monsieur Malefoy, le salua Astoria avec un grand sourire, main tendue devant elle. Je suis heureuse d'avoir l'occasion de collaborer avec vous pour la durée de cette expertise. J'espère que nous serons nous entendre pour arriver à une conclusion qui conviendra à toutes les parties.
- Madame Fawley. »
Drago haussa un sourcil étonné alors que Damoclès conduisait la jeune femme jusqu'à la salle des archives. Marcus, quant à lui, resserra sa prise sur son épaule et pointa vers lui un doigt menaçant.
« J'espère pour toi que toutes nos petites affaires sont bien rangées au bon endroit, comme je te l'avais demandé. Et si tu tiens à ton emploi, elles n'ont pas intérêt à réapparaitre. Je pense que tu en es conscient. »
Sur ces mots, les deux Belby s'engouffrèrent dans la cage d'escalier, et après une gorgée de son café, Drago rejoint Astoria qui balayait la salle miteuse des archives d'un regard amusé.
« Si le grand Lucius Malefoy voyait où son fils travaille...
- Ce sera toujours mieux que la pauvre cellule dans laquelle il croupit. » grogna-t-il en refermant la porte derrière lui. « De quoi as-tu besoin, Astoria ?
- Mais quelle froideur ! »
La vérité, c'est que ce travail lui convenait parce qu'il était le seul à en connaitre les détails. La famille Malefoy était suffisamment déshonorée pour qu'il en rajoute une couche.
« Lorsque les Belby ont parlé de toi, j'étais contente de travailler avec mon ancien camarade, mais si tu passes tes journées à ronchonner ici, ça ne va pas être joyeux !
- Ce n'est pas glorieux comme emploi. C'est loin de toutes les ambitions que mes parents avaient pour moi et de ce que j'aimerais réellement faire, mais au moins c'est un emploi, avec un salaire, et mon indépendance en prime.
- Généralement, quand je passe dans une entreprise, je veux dire... quand l'inspection de l'IOCM passe, des salariés perdent leur emploi. Que feras-tu si tu perds cet emploi ? »
Drago la fixa silencieux. Elle avait réussi à gâcher sa journée.
« Même si c'est miteux, j'aimerais bien le garder aussi longtemps que possible, mon emploi. »
Astoria s'appuya dos à une des bibliothèque, bras croisé et un sourire conspirateur étalé sur le visage.
« J'imagine qu'avec ton poste, tu es au courant de tout ce qui se passe sous couverture ici. Tu es loin d'être un idiot, Drago. Je suis certaine que tu sais exactement ce qui peux incriminer les Belby et que tu sais où les trouver. Cette expertise ne pourrait durer qu'une seule journée.
- Je ne vois pas de quoi tu veux parler.
- Oh, n'essaie pas de me faire croire que tu n'es au courant de rien. Les archivistes savent toujours tout. Mais je vais te proposer un marché. Je te donne... du temps. Autant qu'il t'en faudra. Je fais durer l'expertise le temps que tu trouves quelque chose. En échange, tu me donne tout ce que tu sais sur les Belby. »
Il l'observa du coin de l'œil, suspicieux.
« Qu'est ce que tu as à y gagner, toi ?
- Ça, ça me regarde Malefoy. »
C'était bien vrai.
« Je marche. »
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