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2.4

Je pensais qu'à l'instant où je quitterais Taehyung, mon monde s'effondrerait. Que l'air deviendrait soudain toxique et que je me mettrai à suffoquer, que le soleil me brûlerait jusqu'à me consumer, et que le temps cesserait d'avancer en me laissant étouffer là, seul et paralysé.

J'étais étonné de voir que la vie continuait.

Que le Soleil continuait de se lever chaque matin, que les rues de Séoul s'éveillaient encore, et que son flux de passages incessant n'avait pas pris de pause.

Le temps suivait toujours son cours, indifférent à mes douleurs.

Et au final, pas grand-chose n'avait changé. Je dormais toujours chez Namjoon, me partageant avec lui son petit canapé lit ; je voyais un peu plus régulièrement Mina, et Seojoon et Minhyunk, qui s'appliquaient à ne pas me laisser déprimer ; je passais encore des heures entières sous la couette, à regarder des mauvaises séries romantiques en pleurnichant sur ma propre vie amoureuse.

Le plus gros changement avait eu lieu le soir de l'interview de Taehyung et Hayoon, en réalité. Après, ça n'avait été qu'une chute sur laquelle il avait fallu poser un mot.

Mais depuis que Taehyung et moi étions officiellement en pause, mon cerveau ne savait plus où se mettre ; si le monde continuait de tourner autour de moi, moi, j'avais l'impression de tourner en rond dans mes pensées. Elles ne cessaient de revenir sur lui, tout le temps, en permanence. Taehyung refusait de les quitter, et quand bien même cela faisait déjà plusieurs semaines que nous ne nous voyions quasiment plus, maintenant qu'il y avait une raison nommée à cela, c'était comme si je ne pensais plus qu'à ça.

Namjoon me disait que c'était normal, et que ça allait passer. Minhyunk que j'allais m'habituer. Seojoon me répétait que j'avais pris la bonne décision et que ce n'était qu'un moment compliqué à passer.

J'avais sincèrement envie de les croire.

Sauf qu'en attendant, Taehyung refusait de me quitter. Son regard blessé quand je l'avais laissé au café me revenait dès que j'avais le malheur de fermer les yeux et ne manquait jamais de me comprimer horriblement le cœur dans ma poitrine. C'était douloureux, et épuisant.

— Kook.

Qu'il était étrange, d'être loin de lui ainsi. Après quatre ans passés à ses côtés, j'en avais presque oublié qu'il n'avait pas toujours été là.

— Eh oh, Jungkook, allô la terre.

Je sursautai lorsque Yeonjun claqua ses doigts devant mon visage, et remontai mon regard vers lui, hagard. Il me jaugeait d'un air amusé.

— Ben dis donc, t'es pas réveillé, toi.

— Scuse... Mal dormi.

— Insomnie ?

— Hm...

— Je t'avais dit de pas stresser.

— T'es marrant, comme si c'était aussi simple.

Il haussa les épaules, l'air de dire que si, ce n'était pas si compliqué. La bonne blague. Déjà que Taehyung avait tendance à hanter mes rêves à m'en priver de sommeil, alors cette nuit, avec l'angoisse de ma première journée de boulot en plus, je n'avais quasiment pas fermé l'oeil.

Et j'y étais.

Mon premier jour dans la vie professionnelle.

— Tu disais quoi ? demandai-je à mon ami qui avait eu la gentillesse de venir me soutenir.

— Ça va bientôt commencer. Katia t'attend pour la première tenue.

Le stress revint me nouer la gorge immédiatement, et Yeonjun me tendit alors un gobelet fumant. Je le saisis en haussant un sourcil circonspect – connaissant mon cadet, ça pouvait être absolument tout et n'importe quoi comme boisson –, avant que l'odeur familière d'un bon chocolat chaud ne vienne me caresser le nez. Je me détendis un peu, et lui sourit d'un air reconnaissant :

— J'ai le droit de boire ?

— Bien sûr, on va pas te dessécher dès ton premier shooting, répondit Yeonjun. Allez, ramène toi.

La boisson réconfortante entre mes mains, je hochai la tête et me relevais de la petite chaise inconfortable sur laquelle j'étais en train de phaser depuis je ne sais combien de temps. Ce chocolat chaud tombait à pic, vu comment j'étais angoissé depuis ce matin. J'étais bien heureux de ne pas avoir à dealer avec des interdictions stupides de manger ou de boire.

C'était Yeonjun, qui m'avait raconté ça : pour certains de ses shootings, on lui interdisait d'ingérer quoi que ce soit avant, même de l'eau. Apparemment, c'était « pour paraître plus mince ». Quelle connerie. Si vous voulez mon avis, c'était surtout de la torture gratuite. Un burger, à la limite, je voulais bien, mais je ne voyais pas en quoi un peu d'eau allait faire gonfler le ventre, le visage, ou je ne sais quoi.

Enfin bref.

Heureusement pour moi, je n'en étais clairement pas là, et je comptais bien arrêter ma carrière de mannequin avant que j'en arrive à poser pour des gens comme ça ; ce n'était que temporaire.

Ce n'était que temporaire, et je pouvais le faire, me répétai-je à nouveau pour m'auto-encourager.

Je suivis Yeonjun jusque dans la pièce d'à côté, où Katia – son amie styliste, une femme à l'accent russe marqué et aux cheveux roses pétants – m'y accueillit avec un grand sourire. Elle était le contraire de timide, à un tel point que c'en était presque angoissant ; l'avantage, c'est que comme ça au moins, je n'avais pas à faire la discussion. Elle s'en chargeait très bien toute seule et s'écoutait parler sans que ça semble la gêner. Malgré une première approche plutôt brute, elle était néanmoins en réalité franchement cool. Elle avait mis un point d'honneur à ce que je me sente à l'aise lors de l'étape du make-up, et là encore, elle lâcha un sifflement appréciateur dès que j'eus enfilé sa première tenue.

— Tu la portes bien. Ça va rendre super, tu vas voir, rajouta-t-elle en me faisant un petit clin d'oeil.

Décidément.

Je ne m'habituerai jamais à être complimenté ainsi par des quasi-inconnus.

Entre elle et Yeonjun, il fallait croire que l'extravagance, c'était dans le métier. Ou alors, peut-être que c'était simplement dans l'entourage de Yeonjun, tout compte fait, quand on regardait le phénomène.

Elle me fit quitter la loge et m'indiqua de m'installer devant le fond blanc qui avait été tendu dans le petit hangar, juste en face d'un nombre de matériel qui me faisait franchement peur, et je m'exécutais avec les jambes tremblantes. La photographe de la séance arriva quelques secondes plus tard de sa pause clope, et je fis tous les efforts du monde pour ne pas partir en courant.

Dans cette veste en cuir customisée au possible qui descendait de façon asymétrique dans mon dos, la demi-jupe qui couvrait l'autre côté et l'épais jean oversize aux motifs aléatoires, j'avais l'impression d'être tout, sauf moi. Ça me provoquait un malaise que j'avais bien du mal à faire taire.

Et puis crotte, mais qu'est-ce que je fichais de ce côté de la caméra ? me lamentai-je mentalement. Je n'en avais ni le physique ni l'assurance.

— Kook, on t'a encore perdu.

La voix de Yeonjun me tira de mes angoisses une nouvelle fois, et je déglutis difficilement.

— Oh, excuse'...

— T'excuses pas.

Mon ami fit signe à la photographe de patienter quelques secondes avant de venir se poster en face de moi. Il posa ses deux mains sur mes épaules, le regard droit dans mes yeux, puis lâcha :

— Respire, ok ? C'est juste des photos, c'est l'appareil qui va faire tout le travail. Toi, t'as rien d'autre à faire que d'exister.

Ça semblait tout con, dis comme ça. Si seulement il savait à quel point ça avait été si dur ces derniers mois...

— J'ai l'impression d'être un imposteur, lui chuchotai-je de nervosité.

— Y a aucune raison, si t'es là c'est que tu le mérites.

— Non, mais je veux dire... C'est pas moi, ça.

Il haussa un sourcil, puis rétorqua :

— Parfait ! Et bien ne soit pas toi, alors. Joue un rôle, m'encouragea-t-il, avant d'imiter ses dires de façon ridicule : Imagine, genre, là, t'es le mec le plus beau de la Terre. Tellement beau que les fleurs baissent honteusement leur tête sur ton passage et que tout le monde te regarde dès que tu mets un pied quelque part.

Je pouffai doucement en le voyant prendre un air de beau-gosse cringe.

— Ce serait terriblement angoissant, répliquai-je.

— Oui, mais on s'en fiche, puisque c'est pas toi. Ça, c'est le type qui va poser devant les caméras, et qui va tout déchirer.

Il me sourit, reprenant un air normal – qui n'enlevait pas le fait qu'il restait insolemment beau gosse –, et rajouta :

— Allez, Roger. Montre moi de quoi tu es capable !

— Roger ?

— C'est le nom de ton alter-ego super confiant qui vit pour les caméras.

— T'es con.

Je levai les yeux au ciel devant ses conneries, lorsque Katia nous demanda d'un geste si c'était ok pour commencer, et, malgré l'angoisse dans ma gorge, j'hochais légèrement la tête. Yeonjun me quitta sur une tape encourageante sur l'épaule, puis la photographe commença alors, après avoir relevé ses cheveux dans un chignon brouillon :

— Ok, débutons. Tourne toi un peu vers moi, et regarde l'objectif. Voilà, comme ça. Tu peux mettre tes mains dans les poches. Top.

Je m'appliquais à suivre chacune de ses instructions, avec la désagréable impression d'avoir un balai dans le cul. Au début, c'était probablement le cas : elle ne cessait de m'aiguiller et de me répéter gentiment de me détendre, sans pour autant me brusquer d'une quelconque manière, et je lui en étais reconnaissant. Elle avait dû comprendre que c'était ma première fois, car chacun de ses conseils était prononcé avec patience et sans aucun jugement.

Et puis, au fur et à mesure, je me pris doucement au jeu.

Au lieu de penser à chaque flash que je n'avais rien à faire là et que je n'étais assurément pas assez beau pour prétendre rendre honneur à ces vêtements, je me mis dans un rôle, comme Yeonjun m'avait dit de le faire, et épaulé par ses compliments qui fusaient dans le hangar de temps en temps. Je passais outre tous les objectifs pointés sur moi pour me concentrer uniquement sur mon attitude. J'oubliais le Jungkook peu sûr de lui et incertain pour m'autoriser à être confiant. Je ne pensais plus à Taehyung, ni à combien il serait mille fois meilleur que moi ici ; j'occupais simplement l'espace, moi, enchaînant les tenues les unes après les autres.

Au final, entre deux essayages, je m'autorisai à aller voir les photos, et je fus agréablement surpris du résultat. Je n'avais pas l'air aussi clampin que je l'aurais pensé.

Un bras qui vint s'accrocher brutalement autour de ma nuque manqua soudain de me faire basculer en avant, et je tournai la tête vers Yeonjun, qui venait littéralement de me sauter dessus.

— Alors, Roger ? Tu vois, tu déchires !

— Arrête de m'appeler comme ça, pouffai-je en le poussant légèrement.

— Pourquoi, t'aimes pas ? C'est très french, et Paris, la France, oui oui baguette, tout ça, c'est le pays de la mode !

— Tu me fatigues.

Malgré mes mots, le fin sourire qui avait pris place sur mes lèvres refusait de les quitter. J'eus un drôle de sentiment de fierté, qui remonta dans mon esprit jusqu'à l'éclaircir de toute angoisse : c'était loin d'être la catastrophe que j'avais anticipée. J'étais en train de faire quelque chose, de travailler par moi-même, et je ne m'en sortais pas trop mal.

Si je n'avais pas été à la place du mannequin mais à celle de la photographe, ça aurait été tout simplement formidable.

Un peu de patience, me rappelai-je. Chaque chose en son temps.

Avec ce métier, aussi improbable soit-il, je mettais un premier pas dans le milieu. C'était mille fois mieux que rien.

Yeonjun me lâcha pour s'étirer, puis lança alors, faisant dégringoler toute la confiance que j'étais en train de construire :

— Bon, maintenant que je suis rassuré de voir que tu t'en sors, je vais devoir y aller, moi. J'ai des trucs à faire.

— Hein ?

Je le regardais, soudain rattrapé par mon angoisse. Je n'étais pas sûr de pouvoir continuer à faire bien sans lui, et uniquement entouré d'inconnus qui jugeraient et se moqueraient de la moindre de mes erreurs, ou à qui je ferais perdre leur temps. En captant mes yeux tout d'un coup excessivement inquiets, mon cadet soupira :

— Respire, Jungkook, c'est pas parce que je serais plus là que tu ne vas plus y arriver.

— Mais...

— T'en es capable. Pense Roger.

Il me fit un petit clin d'oeil, et je déglutis, ravalant mon anxiété. Après tout, je n'allais tout de même pas lui demander de rester toute la journée ; j'étais un adulte, et si j'étais un minimum professionnel, je devrais pouvoir bosser ici seul. Et puis, le connaissant, il devait assurément avoir des tas de choses à faire, et c'était déjà un miracle qu'il ait pu se libérer pour m'accompagner.

Mais sa présence me rassurait.

Et l'idée qu'il s'en aille faisait l'inverse.

Je hochai néanmoins lentement la tête, et il me fit un petit signe encourageant :

— Fighting. Y a plus énormément de tenues, en plus, ça ne devrait pas être long.

Finalement, je le saluai, et après quelques derniers encouragements, il disparut dans Séoul. Je ne savais pas quand est-ce que serait la prochaine fois que je le verrais, mon cadet étant toujours un coup de vent, mais je ne pouvais m'empêcher d'espérer que ça ne soit pas trop tard.

Depuis que Taehyung n'était plus là, la solitude me terrifiait d'autant plus.

Parce que je savais maintenant qu'il ne me rejoindrait plus, là, ce soir, à s'allonger dans notre lit pour m'enlacer dans ses bras à la nuit tombée.

Je réprimai un frisson désagréable, puis inspirai un grand coup, et me remit à la tâche. Yeonjun n'avait pas tort : il ne restait plus grand nombre de tenues, et la fin du shooting arriva plus vite que je ne le pensais. Katia s'appliqua à prendre la relève de mon ami lorsque je doutais trop, et au final, je crois que je ne m'en étais pas trop mal sorti. En tout cas, elle avait l'air satisfaite.

Quand elle me libéra finalement, c'était avec un beau sourire, et un visage détendu :

— Merci beaucoup pour aujourd'hui, Jungkook, me salua-t-elle avec son accent russe qui me forçait à me concentrer pour la comprendre. Je te tiendrai au courant des photos gardées et je t'enverrai ta paye dans la semaine. Au plaisir de rebosser avec toi.

Ma paye.

Le mot me fit bizarre.

Après l'avoir salué à mon tour et m'être incliné bas pour la remercier, elle quitta les lieux, et je me retrouvais seul dans la grande loge, avec la photographe qui finissait de ranger le matériel. Je renfilais ma tenue habituelle sans pouvoir retenir une sensation de soulagement, heureux de retrouver mon style. Pas que les vêtements que j'aie enchaînés toute la journée soient moches, loin de là : ils étaient simplement... Trop. Trop stylés, trop voyants, et trop nombreux, aussi – je n'avais jamais porté autant de vêtements différents dans la même journée –. Je n'avais assurément pas le charisme de porter ça dans la vie de tous les jours. Leur côté streetwear et baggy était confortable, mais définitivement trop voyant pour moi.

Dans mon tee-shirt blanc et mon vieux jogging ( bon, ok, j'aurais pu faire un effort, mais je m'étais levé ce matin en panique après une nuit quasiment blanche ), je me sentais tout de même mieux.

Au lieu de partir tout de suite, moi aussi, je m'autorisais à flâner dans les lieux. Le hangar n'avait rien de très intéressant, en réalité : il était gris, de taille moyenne, et sale aux endroits qui n'avaient pas été nettoyés pour le shooting. Ça n'avait pas dû être très cher à louer, et ça ne m'étonnait pas, Katia était une petite créatrice de mode indépendante. Clairement pas du Celine.

En revanche, si je trainais autant, c'est bien que quelque chose m'intéressait.

Le superbe appareil photo, au centre de la pièce, qui avait dû coûter la peau du cul et qui me narguait depuis mon arrivée. La photographe dû me voir loucher dessus, puisqu'elle lança alors, me faisant sursauter furieusement :

— C'est un Canon RF 24-105 millimètres.

— Quoi ?

— L'appareil. Pas besoin de le zieuter comme ça de loin, tu peux t'approcher.

Cramé.

Gêné, j'avançais jusqu'à elle, qui me regardait à peine, occupée à ranger des câbles avec une clope éteinte à la bouche. Elle se releva quand je fus à son niveau, et demanda :

— Ça t'intéresse ?

— Hm.

J'hésitais, puis avouai :

— J'aimerais bien faire de la photographie, en fait.

— T'es du mauvais côté de l'objectif mon grand.

Je lui jetai un drôle de regard au « mon grand ». Elle parlait avec une nonchalance et un vocabulaire qui n'était franchement pas polie sauf si elle était mon ainée, ce dont je doutais sérieusement à la vue de ses traits jeunes. Elle avait même l'air plus jeune que moi, mais je ne m'en étonnais pas. L'entourage de Yeonjun était décidément aussi excentrique que lui...

— Je sais, marmonnai-je en fourrant les mains dans mes poches. C'est temporaire.

— Dur de trouver du taf' en photo, hein ?

— À qui le dis-tu...

Elle m'adressa un sourire, puis haussa les épaules en récupérant l'appareil photo du trépied. Sa clope coincée entre ses lèvres me stressait. J'avais l'impression qu'elle pouvait tomber d'un moment à l'autre.

— Enfin, te plains pas trop, reprit-elle. T'as déjà de la chance d'être mignon, ça te fait une ouverture dans le milieu.

Je me raclai discrètement la gorge, gênée. Je n'étais toujours pas habitué à ce genre de compliments qui venaient de partout. Taehyung me le disait souvent, ok : mais Taehyung, ce n'était pas pareil. Taehyung, c'était l'homme qui partageait ma vie, et qui... enfin, qui l'avait partagé. C'était différent. Venant de totales inconnues comme Katia ou cette femme, c'était étrange.

— Oui, mais ce n'est pas ce que je veux...

— Patience. Ça viendra.

— Hm.

Je ne renchéris rien, l'observant poser l'appareil et s'affairer à ranger le trépied, les mèches de son chignon mal noué venant tomber sur sa nuque de façon désordonnée. Face à mon silence gêné, elle rajouta alors, sans me lancer un regard :

— Tu peux l'essayer, si tu veux.

— Hein ?

— L'appareil. Doit y avoir une belle lumière dehors à c't'heure-ci, tu peux faire deux trois tests.

Je clignais des yeux un instant, confus qu'elle me propose une telle chose. Mais franchement, elle n'allait pas me le faire répéter deux fois.

— Par contre, tu l'abîmes, j'te nique. Ça coute deux mille balles ce truc.

... Ah.

Bizarrement, malgré sa carrure de crevette et le fait qu'elle devait probablement être plus jeune que moi d'un ou deux ans, je ne doutais pas un instant de la véracité de sa menace. Je grimaçai en songeant au prix. Même le super appareil photo que m'avait acheté Taehyung à mon anniversaire l'année dernière n'avait pas dû coûter aussi cher...

Et merde.

Il fallait vraiment que j'arrête de penser à lui.

Le plus précautionneusement du monde, je saisis l'appareil entre mes doigts, et l'observai sous tous ses angles. La qualité était incroyable, et je ne pus retenir un frisson d'excitation en songeant à toutes les photos que je pourrais faire avec. Il ne fallait pas que je m'emballe, il ne m'appartenait pas...

— T'es sûre que je peux... ?

— Bouge avant que j'aie terminé de tout ranger.

Bon, bon...

Sans plus attendre, et en le tenant comme s'il s'agissait de ma propre vie, je dépassais les portes battantes du hangar pour aller me poser juste devant, et essayer de capter quelques photographies des alentours. La photographe avait raison, et la lumière était juste magnifique : c'était l'heure où le Soleil commençait à peine à effleurer l'horizon, projetant une lumière dorée sur toute la ville.

Les quelques essais que je fis me ravirent plus les uns que les autres, et je songeais même à partir en courant pour garder le précieux appareil. Malheureusement, y avait aussi les photos d'aujourd'hui dedans, et je n'étais pas un bandit.

Mais c'était tentant.

Très tentant.

— Alors ?

Je me retournai vers la photographe, qui venait d'arriver. Elle avait détaché ses cheveux et cette fois-ci, la cigarette entre ses lèvres était allumée.

— Il est super, soufflai-je en lui tendant à contre-coeur. J'ai pas pu tout explorer, mais il y a une quantité de réglages impressionnante.

Elle haussa un sourcil, puis le saisit pour regarder rapidement les quelques photos que j'avais prises, et je crus mourir de gêne lorsqu'elle le fit. J'aurais dû les supprimer avant qu'elle n'arrive.

Mais lorsqu'elle releva enfin la tête, elle abordait un air appréciateur, et elle le rangea dans sa pochette avec soin.

— Tu t'y connais, commenta-t-elle finalement. Les compositions de plan sont jolies.

— Oh, euh...

— Si t'aimes photographier l'extérieur, j'te conseille pas forcément celui-là, par contre, il est plus utilisé pour la mode. T'en trouveras des plus adaptés, j'te filerai des refs si tu veux.

Je sentis mon coeur accélérer dans ma poitrine, et mes mains se faire de plus en plus moites. C'était étrange, de vibrer pour autre chose que de l'amour ; ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Mais la passion qui vibrait dans ma poitrine en l'écoutant parler et en ayant fait ces simples quelques photos ne mentaient pas. J'étais piqué, et pas seulement par Taehyung cette fois-ci. Je le savais déjà, mais je l'avais presque oublié. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas simplement photographié pour le plaisir...

L'espace d'un instant, je me demandais ce que j'avais foutu, exactement, tout ce temps.

J'avais la désagréable impression d'avoir loupé plein de choses.

— Je ne pense pas avoir l'argent pour m'en acheter un... répondis-je, gêné.

— Dommage.

Dommage.

Elle réarrangea son gros sac plein de matériel sur ses épaules, l'appareil en bandoulière, puis tira sur sa cigarette.

— C'était un plaisir de papoter un peu avec toi en tout cas, m'sieur le mannequin-photographe.

Sans prendre en compte son attitude désinvolte et son absence de marques de respects, je bafouillai un « moi de même », puis la regardait s'éloigner après un dernier geste de main. Dans ma poitrine, mon coeur était serré d'une drôle de façon : un étrange mélange de déception, de peine et d'espoir, qui venaient le comprimer et me faire vivre.

J'enviais un peu cette fille. Elle semblait plus jeune que moi, et pourtant, elle arrivait déjà à faire au moins des petits boulots dans la photographie, et elle paraissait si sûre d'elle...

Un discret soupir m'échappa.

Je relevai le regard vers l'horizon, qui avait commencé à dévorer le Soleil, et pris un instant pour savourer l'air frais de la soirée.

Quelle journée...

Je me sentais lessivé.

Entre la peur bleue de ce matin, l'angoisse traînante de la préparation du shooting, le shooting en lui-même, Roger, et maintenant cette photographe qui m'avait agité mon rêve sous le nez, j'étais épuisé. Je n'avais qu'une hâte : rentrer m'affaler sur le canapé lit de Namjoon.

Mais, pour une fois, j'avais l'impression d'avoir réussi à faire quelque chose sans Taehyung.








_____oOo_____

Sans trop d'attente, voici la suite ! \⁠(⁠・⁠◡⁠・⁠)⁠/

Jungkook débute son nouveau travail, et c'est pas forcément évident, mais ça fait du bien :D

C'est un petit chapitre, mais n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, que ce soit au niveau des personnages qu'on y croise ou de ce qu'il s'y passe :3

On se retrouve dès dimanche pour la suite et j'ai hâte ! 〜⁠(⁠꒪⁠꒳⁠꒪⁠)⁠〜

Petite question : je crois que j'en avais déjà parlé à un moment, mais si je fais une FAQ pour Rumors, est ce que vous pensez poser des questions ? J'ai envie, mais comme je sais pas si des gens participeront, j'ose pas :')

( Pour ceux qui connaîtraient pas, une FAQ c'est en gros que vous pouvez poser des questions directement à chaque personnage de l'œuvre, qui y répondra ensuite, un peu comme une interview )

Au passage, les updates vont être bien plus rapprochées dans les jours à venir ;D Je fais un calendrier de l'avent sur insta, avec des petits jeux en story, et surtout, des posts de textes plus régulièrement ! J'ai d'ailleurs sorti un petit test pour le fun pour savoir "quel personnage es-tu dans Rumors", si ça vous amuse de le faire vous pouvez le retrouver en story à la une ;D

Mon insta c'est : 0akayah0

Bref, voilà voilà, et à dimanche avec le chapitre 25 qui est déjà intégralement rédigé ;D

( Vous avez vu, j'ai de l'avance, mais où va le monde mdrrr )

( Et un grand merci à Anevy_de_Girondif pour la correction de ce chapitre ! )

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