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2.0

Trois jours, c'est long.

C'est 72 heures, 4320 minutes, et 259200 secondes à patienter.

Mais trois jours sans Taehyung ?

C'est l'équivalent d'une éternité. D'autant plus alors que je savais que je ne pourrais pas lui parler, puisque je l'avais bloqué après lui avoir envoyé un simple « J'ai besoin de temps. », et sans même lire tous ses messages le lendemain de son interview.

Ne pas savoir ce qu'il faisait et ce à quoi il pensait en ce moment me rendait fou. J'avais envie de prendre mon téléphone, de composer son numéro, et de l'écouter encore et encore, même si c'était pour me parler de la pluie et du beau temps. Tout plutôt que son silence.

Mais aussi forte cette envie soit-elle, c'était ma rancune, plus puissante, qui prenait le dessus. Je lui en voulais comme je lui en avais rarement voulu ; je me surprenais à lui reprocher ce que je lui avais toujours pardonné, à lui en vouloir pour des trucs parfois complètement cons, jusqu'à même lui reprocher d'être acteur. C'était stupide, pourtant. C'était son métier avant même que je le rencontre. Mais la haine que je vouais à sa célébrité depuis toute cette histoire avec Hayoon n'avait fait que monter en flèche durant ces trois jours à ruminer, et maintenant, je me retrouvais à souhaiter qu'il cesse. Peu importe si ça avait été son rêve. Peu importe si c'était important, plus important que moi.

Plus j'y pensais, et plus je me disais que quelque part, tout était de la faute de son métier.

Roulé en boule sur le canapé-lit de Namjoon dans une seconde couette qu'il avait sorti pour l'occasion et qui accueillait mes larmes depuis l'autre soir, je cachais ma tête dans mon oreiller en sentant mes yeux s'humidifier. Ces derniers jours, je pleurais beaucoup trop. Ça me donnait mal à la tête et ça allait me faire des rides précoces ; il fallait que j'arrête.Ce serait quand même bête de vieillir prématurément et d'être tout moche pour la prochaine fois que je verrai Taehyung.

— Kook, je suis rentré !

Je ne répondis à Namjoon que par un grognement inaudible, et il soupira en déposant son sac et son manteau sur le bord de son lit. Il bossait pendant la journée – évidemment –, et il me laissait donc dans son minuscule appartement durant son absence. De toute façon, ce n'était pas comme si je risquais d'en faire grand-chose : je ne me levais que pour aller aux toilettes ou grignoter quelque chose de temps à autre, et le reste de mon temps, je le passais à déprimer prostré sous la couette.

Voir qu'aujourd'hui encore je n'avais pas bougé ne sembla pas lui faire plaisir, et il demanda d'un ton inquiet :

— Comment ça va ?

— Question bête... maugréai-je, la voix encore étouffée par mon visage à moitié contre le coussin.

— Ok, concéda-t-il. Question bête, excuse moi. Tu as fait quelque chose aujourd'hui ?

Mon absence de réponse confirma ses craintes, et il soupira à nouveau. Je sentis sa main se nicher dans mes cheveux, en même temps que je me décalai légèrement pour pouvoir le voir. Il m'offrit un sourire désolé.

— Tu veux qu'on aille au ciné, ce soir ? Le super film dont tu parlais est enfin sorti.

— Non merci...

— Tu es sûr ? Je-

— Nam, s'il te plaît. Je veux juste rester ici tranquille.

Oublier. Et ne surtout pas poser un pied dans un cinéma, où je risquerai de croiser la tête de Taehyung pour les affiches de son prochain film.

Rien qu'y penser me renoua la gorge et le coeur, et j'inspirai fébrilement.

Taehyung.

Il me manquait tant.

— Bon, ok.

Namjoon m'adressa un nouveau sourire, et se redressa après m'avoir tout décoiffé.

— Mais tu devrais te lever quand même, tu vas finir par fusionner avec le canapé-lit à force.

— C'est pas grave, bougonnai-je. Ça deviendra un canapé-Jungkook. Le premier et le seul en vente sur le marché.

— T'es bête.

Je ne répliquais rien à ça. Surtout que si je l'avais fait, ça aurait été pour répondre « Oui, je suis trop bête, j'aime mon mec et il me manque terriblement mais pourtant je refuse catégoriquement de le débloquer et d'écouter ce qu'il a à me dire. », alors que je savais que sa phrase à lui était affectueuse et pour plaisanter. À la place, je préférais me taire.

De toute manière, il me semblait qu'il n'y avait plus rien de mieux à faire que de me taire.

Si c'était pour parler sans Taehyung, à quoi bon.

Constatant que ma boutade ne signifiait pas pour autant que j'étais sorti de ma morosité, ses épaules s'affaissèrent un peu, mais il ne fit aucune remarque pour autant ; il mit simplement de l'eau à chauffer, et me servit ses fameuses nouilles instantanées au goût étrangement réconfortant, que je connaissais désormais par coeur.


__________


Cinq jours, c'est long.

C'est tellement long que ça devient trop d'heures pour que je n'aie pas la flemme de compter, alors les minutes et les secondes, ce n'est même pas la peine de me poser la question. Taehyung, lui, il était fort en calcul mental. Il aurait trouvé. Peut-être même qu'à cet instant précis, il était avec Hayoon, à briller par ses capacités intellectuelles. Elle rirait à ses blagues. Ses yeux brilleraient d'admiration face à son intelligence. Et elle tomberait sous le charme, comme moi j'y avais succombé.

J'eus une image en tête, et toujours emmêlé dans ma couette, je me mis instantanément à dégager des ondes négatives.

— Jungkook, tu pues.

... Et aussi des ondes odorantes, peut-être.

Assis à côté de moi, Namjoon tourna la tête de mon côté, et rajouta :

— C'est quand la dernière fois que tu t'es douché ?

Mon silence lui répondit une nouvelle fois. Ce n'était pas comme si j'avais eu la force de faire quoi que ce soit depuis que j'étais chez lui, de toute manière. Me lever, aller dans sa salle de bain, me déshabiller, allumer l'eau, me laver et me rincer ? Trop d'efforts. Et encore, c'était sans parler du fait qu'il fallait se rhabiller après. À la limite, je voulais bien prendre sur moi et aller me nettoyer, mais il faudrait qu'il accepte de vivre avec un nudiste. Voilà.

Un sourire menaça de prendre place sur mes lèvres à la bêtise de mes propres pensées, avant de s'évanouir instantanément lorsque je pensais à Taehyung, et aux douches qu'on avait partagées tous les deux.

Ça me manquait, ça aussi.

— Écoute, reprit Namjoon d'une voix précautionneuse. Je sais que t'as pas le moral en ce moment ni l'envie de faire des trucs, et je comprends, mais tu devrais quand même essayer de te bouger un minimum. Tu vas déprimer encore plus si tu restes sur ce canapé à rien faire.

— Mais je l'aime, ton canapé...

Il leva les yeux au ciel.

— Ça j'avais remarqué. Mais tu pues.

Le rapport ? Ma relation passionnelle avec son canapé n'avait rien à voir avec l'odeur de mes aisselles. Je le voyais venir à dix mille kilomètres : il allait me demander d'aller me laver. Seulement, là, à l'instant, sans Taehyung, ce n'était même plus que j'avais la flemme. Le mot était bien trop faible pour désigner la fainéantise colossale qui me frappait à la seule idée de me lever.

Je choisis donc de sortir ma meilleure carte, et posai mon regard de chien battu ( que je n'avais même pas besoin de forcer, pour une fois ) sur lui.

— Je suis malheureux, répliquai-je.

— Et tu pues.

— J'ai besoin de soutien.

— Ça n'empêche que tu pues.

— Namjoon...

— Oui, c'est moi. Et toi, tu pues.

— Mais t'arrêtes de dire que je sens mauvais ? râlai-je.

— Non.

Face à ma mine boudeuse, il rajouta :

— Kook, s'il te plaît. Je dis ça pour toi. Je t'assure que ça ira déjà un peu mieux si tu fais des choses, même si c'est en restant dans cet appart'.

— Tu parles, grommelai-je. Genre en me lavant ça va effacer tout ce qu'il s'est passé avec Tae et cette Hayoon...

— Ça ne va pas effacer, mais ce sera toujours mieux que de moisir dans ta sueur et tes larmes, non ?

— J'sais pas...

Il avait l'air désespéré. Je comprenais, dans le fond. Je me désespérais aussi.

Mais j'avais bien du mal à mettre des mots sur l'espèce de paralysie qui me frappait depuis que j'étais parti de chez Taehyung pour lui permettre de comprendre. À tout ce que je pourrais faire, la même réponse s'imprimait dans mon esprit : Aller me laver ? À quoi bon. Sortir voir des amis ? À quoi bon. Reprendre les recherches de boulot ? À quoi bon. Se préparer un repas digne de ce nom ? À quoi bon. Vivre ?

À quoi bon, s'il n'y avait pas Taehyung...

J'avais rarement eu le moral autant plombé, je crois.

Face à ma mine abattue qui ne laissait de toute évidence aucun doute quant à la nature de mes pensées, Namjoon soupira. Il posa ses deux yeux compatissants dans les miens, et proposa doucement :

— Tu veux un câlin ?

— Voui...

— Alors va te laver. Et après, gros câlin aussi longtemps que tu veux.

Mais il ne lâchait rien ma parole.

— Roh, tu fais chier, râlai-je en me levant.

Je capitulais, parce que la perspective de ses bras réconfortants dans lesquels je me calais tous les soirs depuis que j'étais là était la seule chose qui paraissait avoir un minimum de couleur dans ma vie en ce moment, et je me trainais péniblement jusqu'à sa salle de bain.

— Je te préviens, cette nuit, je m'assurerai de t'empêcher de dormir pour me venger.

— Ça marche.

C'est qu'en plus, il avait l'air satisfait le fourbe. Son regard posé sur moi reflétait presque de la tendresse, et son petit sourire trahissait qu'il était content de lui. Parce qu'il venait de me forcer à me lever et à bouger mon cul alors que je ne demandais qu'à ne rien faire, justement. Quel affreux personnage.

Finalement, je passais une éternité sous la douche, et il fallut que Namjoon vienne me dire timidement à travers la porte que sa facture d'eau n'allait pas se payer toute seule pour qu'enfin j'en sorte. La suite de la soirée, je la passais glué à lui, comme promis, à tenter d'égarer mes pensées moroses dans nos discussions et nos jeux.


_________


Une semaine, c'est long.

Encore plus quand on a un squatteur sur son canapé qui y larve jour et nuit, apparemment.

Ce matin, Namjoon n'avait pas le même regard compatissant et patient que les autres matins. Il se tenait devant moi, les poings sur les hanches, le regard déterminé, et il lança d'une voix inhabituellement forte :

— Bon, ça suffit maintenant.

Il tira sur ma meilleure amie la couette pour me forcer à sortir de mon cocon, ignorant la petite plainte que ce geste cruel m'arracha, et rajouta en me lançant presque un sweat dessus :

— Aujourd'hui, c'est mon jour de congé, et on sort.

Pitié, non. J'avais tout sauf envie de poser un orteil dehors.

Namjoon sembla n'en avoir cure, et il commença à s'agiter en allant me chercher mes chaussures et mon manteau tout en ignorant mes vaines tentatives de plainte. Quand je lui disais que je voulais rester me reposer à la maison, il me rétorquait « C'est ce que tu fais depuis des jours. ». Quand je lui disais que j'étais fatigué, il me répondait « C'est normal, tu fais que dormir. » ( Ceci étant dit, je n'avais jamais compris cette logique, que je trouve complètement stupide : pourquoi on est plus fatigué alors qu'on fait que se reposer, justement ? ). Quand je lui disais que j'avais mal à la tête, il me sortait un doliprane, et me servait un grand verre d'eau. Et quand je tentais de simuler un coma, il me regardait d'un tellement air blasé que je me relevais de moi-même pour échapper à l'humiliation.

Rien à faire. Je n'échapperai pas à cette sortie.

Le pas traînant, je le laissais donc me tirer jusqu'à la sortie de son immeuble, et le soleil qui me tomba dans les yeux m'éblouit comme jamais. L'espace d'un instant, je crus bien que j'allais me consumer dans la lumière et que finito, plus de Jungkook. La vache. Je ne savais pas qu'il était physiquement aussi simple de se transformer en vampire.

Quand mon regard s'habitua un peu à la luminosité et quand je réalisais que j'étais vraiment dehors, une drôle de boule me remonta soudain dans la gorge, sans que je ne sache vraiment d'où elle venait. Une angoisse mêlée de tristesse tentait de se frayer un passage dans mon cerveau et je déglutis en m'arrêtant.

— Nam...

Il se retourna, et sembla capter directement que quelque chose n'allait pas – quelque chose en plus que tout ce qui n'allait déjà pas dans ma vie, je veux dire.

— Eh, Kook.

Il se planta en face de moi et posa ses deux mains sur mes épaules.

— C'est juste une petite sortie tranquille, ok ? No pression. Et si à un moment ça ne va vraiment pas, tu me dis, et on rentre se reposer.

J'eus la gorge trop nouée pour répondre, alors que j'en avais envie, pourtant. Il méritait bien une réponse, avec tout ce qu'il faisait pour moi. J'étais même persuadé qu'il avait pris ce jour de congé exprès : de ce que je savais, il n'en avait pas prévu avant les vacances d'hiver.

— Mais je pense que c'est important de te changer un peu les idées, rajouta-t-il face à mon court silence. Sincèrement.

Je hochai lentement la tête. Sûrement n'avait-il pas tort, au fond... Probablement même. Alors j'inspirai, et mis mon mal-être de côté du mieux que je pus, avant d'acquiescer :

— Ok... On va où ?

Un petit sourire prit place sur ses lèvres à ma question.

— Ça, c'est une surprise.

Quelques minutes plus tard, j'étais planté dans une salle de karaoké avec Mina et lui, un micro à la main et de quoi grignoter en face de nous. Il avait contacté mon amie de la fac dans mon dos pour lui proposer une sortie, et je ne pus m'empêcher de m'en sentir particulièrement touché : Namjoon était un grand timide, et il ne connaissait pas bien mes autres amis. Il ne les avait vus qu'à de rares occasions, durant lesquelles il n'avait pas eu le temps de nouer de réels liens avec eux, alors voir qu'il avait pris sur lui et qu'il était de lui même allé lui parler pour moi me réchauffait le cœur bien plus que je ne voulais l'admettre.

Lui, en revanche, s'était excusé à notre arrivée :

— Je voulais proposer à Minhyunk et Seojoon aussi, mais j'ai pas réussi à trouver leurs numéros, et si je te demandais directement ça aurait gâché la surprise. Et puis bon, j'ai invité Yeonjun, mais tu le connais, il était pas dispo... Donc on est que trois, désolé. Je me dis que c'est déjà ça ?

— C'est parfait, Namjoon.

Parfait. Ou presque, s'il y avait eu Taehyung.

Mais je n'avais pas envie de penser à lui pour le moment. Pas du tout, même. Namjoon avait organisé tout ça pour me changer les idées ; je voulais qu'il sache qu'il ne l'avait pas fait pour rien.

Cela faisait un moment que je n'avais pas fait de vraie sortie avec Mina, alors je profitais de la revoir. Je savourais l'ambiance de notre petite salle de karaoké, remerciant mentalement mon ami d'avoir choisi une activité où on pouvait bénéficier d'un minimum d'intimité. Je me sentais plus à l'aise, ainsi. Et puis, ça sembla être bénéfique pour Namjoon et Mina aussi, car en petit comité, ils purent plus parler et ils s'entendirent très bien.

Ça ne m'étonnait pas.

Dans le fond, Namjoon et Mina se ressemblaient : ils étaient tous les deux plutôt réservés à la première approche, mais avec un monde intérieur plein de bienveillance et d'idéalisme.

Les voir rire ensemble me réchauffait doucement la poitrine.

— Kook, ramène ta fraise ! me lança Namjoon depuis la machine de sélection des chansons, le regard pétillant. Faut qu'on interprète à Mina notre superbe duo sur Rolling in the deep !

Oula, répliquai-je pour toute réponse.

La pauvre Mina ne se doutant de rien, elle me poussa gentiment l'épaule, avant de lancer avec enthousiasme :

— Allez-y, j'ai hâte de vous entendre chanter !

Si elle savait... Ce duo suivait Namjoon et moi depuis le lycée : nous l'avions interprété pour la première fois dans une autre salle de karaoké, et le résultat avait été si affreux que Jimin nous avait supplié de nous taire avant la fin. Par la suite, c'était devenu un gag : quand Jimin nous embêtait et ne nous donnait pas ce qu'on voulait, on le chantait, et il craquait invariablement avant qu'on se mette à rire tous les trois.

Un sourire un peu triste naquit sur mes lèvres à ces pensées. C'était le bon temps.

Putain.

Et voilà que je me mettais à parler comme un vieux.

Ça n'allait plus.

Bien déterminé à mettre de côté cette morosité, je me levai et rejoignis Namjoon. On s'envoya un regard complice avant de lancer la musique ; et c'était parti pour le carnage.

Au début, j'avais du mal à chanter. Mon cœur était encore trop lourd dans ma poitrine et semblait peser sur ma voix, l'empêchant de la sortir comme je le voudrais. Et puis, au bruit des rires de Mina et des high-notes de Namjoon, le poids s'envola peu à peu. Je me mis à chanter les paroles avec moins de retenue. Bientôt, mes fausses notes se joignirent aux aigus discutables de mon ami, et je mis toute mon énergie à finir cette chanson.

J'avais l'impression qu'à travers ma voix, c'était mon mal-être qui sortait aussi. Comme si en me privant de souffle à enchaîner les paroles sans respirer, je le retrouvais paradoxalement ; mes épaules s'allégeaient, mon cœur s'échauffait, et pendant quelques instants, j'en oubliais totalement Taehyung et ses mensonges.

La chanson se termina sur une énième note hideuse, et j'échangeai un regard fier avec Namjoon. On se retourna vers Mina : elle était pliée de rire à en pleurer ( ou alors, peut-être pleurait-elle parce que ça avait été trop hideux pour ses oreilles, possible aussi. ). Il lui fallut une bonne minute pour se calmer :

— Mon Dieu, rappelez-moi de ne plus vous amener dans un karaoké. Mes oreilles saignent.

Je lui tirai la langue en réponse.

— Essaye de faire mieux, pour voir.

— Je n'oserai pas passer après une telle performance, voyons.

Namjoon rigola doucement en revenant s'asseoir à côté d'elle, et lui tendit le micro.

— T'es sûre que tu veux pas essayer ?

— Après. Kook louche sur l'écran, je crois qu'il a encore envie de nous partager ses prouesses vocales.

Je feignis un regard innocent, mais Mina avait vu insolemment juste :

J'avais envie de chanter. Encore. De retrouver la sensation que j'avais ressentie en détruisant la chanson avec Namjoon.

Chanter, encore et encore, à ne plus penser.

Ça m'avait procuré un bien dont je n'avais aucune fichue idée que je pouvais le ressentir via le chant avant aujourd'hui, et là, la seule chose que je voulais faire, c'était faire sortir ma voix jusqu'à en avoir mal à la gorge.

Alors, pour toute réponse, je lui souris, et gardais le deuxième micro sans même prendre la peine de reposer mes fesses.

Le temps passa, les chansons s'enchaînèrent, et je ne quittais quasiment jamais la piste. Parfois, Namjoon ou Mina venaient se joindre à moi, et on riait aux fausses notes et applaudissions à nos réussites.

Je me sentais si léger.

Ça faisait tellement du bien de m'exprimer ainsi.

C'était agréable.

Et puis, après je ne sais combien de temps à faire le zouave, la fatigue l'emporta. Mon euphorie se dissipa, et l'éclaircie laissa à nouveau place aux nuages de l'absence de Taehyung, et à toutes les pensées désagréables qui allaient avec. Je m'assis à côté de mon amie sur la petite banquette et me saisis d'un verre avant de le reposer en grimaçant.

— Qui est le fou qui a commandé du café dans un karaoké ?

Ça se commandait, même, du café dans un karaoké ? J'avais toujours été persuadé que c'était le genre de lieu réservé uniquement aux sodas et aux boissons alcoolisées.

— Je plaide coupable, répondit Namjoon en s'asseyant à son tour, avant de rajouter face à mon regard suspicieux : C'est pour rester éveillé.

— C'est dégueu.

— Mais ça réveille.

Je n'aimais pas le café. Taehyung, lui, ne faisait qu'en boire : à croire qu'il ne fonctionnait qu'à ça.

Subitement, ma langue se mit à me démanger. J'avais envie de parler de lui. De notre situation actuelle. Je n'avais pas osé aborder le sujet en profondeur depuis que j'étais chez mon ami, mais cette fois-ci, j'en ressentais le besoin comme si c'était vital. J'avais besoin de leur soutien. De leurs conseils.

Que quelqu'un m'éclaire un peu sur le bordel que c'était dans mon cerveau.

— Je peux pourrir l'ambiance et me plaindre de ma vie ? demandai-je alors de but en blanc.

Namjoon m'adressa un petit sourire contrit, et leva son verre.

— On est là pour ça, Kook. Je t'en prie.

Ma gorge se noua, mon cœur se serra, et mes yeux s'humidifièrent. Sans réfléchir, je laissais échapper ce qui me dévorait la poitrine depuis sept longs jours :

— Il me manque.

Délicatement, la main de Mina vint attraper la mienne, tandis qu'elle se penchait vers moi, attentive. Je ne savais pas ce qu'elle savait exactement sur la situation, ce que Namjoon lui avait dit ou ce qu'elle avait compris. En tout cas, elle ne sembla pas surprise de ma phrase, et ne me demanda pas de qui je parlais. Elle devait être au courant, alors.

— Vous avez pu en discuter ?

Je secouai la tête à sa question.

— Non. Je l'ai bloqué, alors je ne reçois même plus ses messages...

— Mais tu as envie de lui parler ?

Oui.

Oui, j'avais envie de lui parler. Cruellement envie.

J'avais besoin d'entendre sa voix.

Ça me brûlait les entrailles et me déchirait le cœur à m'en donner le tournis.

Je hochai la tête dans l'autre sens pour toute réponse, la gorge nouée. La main de mon amie contre la mienne me faisait du bien. Heureusement qu'elle était là, elle me donnait la force nécessaire pour ne pas me renfermer dans mon mutisme de mal-être.

Mina s'enquerra d'une voix douce :

— Pourquoi tu ne le débloques pas, alors ?

— Parce que j'ai peur.

Plus que ça, même. J'étais terrifié. Et s'il m'apprenait que pendant cette semaine, il avait considéré mon silence comme une rupture, et qu'il avait décidé de se mettre avec Hayoon à la place ? Et s'il s'était rendu compte qu'il n'avait pas tant besoin que ça de moi, en fait ? Et si je ne lui manquait pas ? Et s'il était plus heureux maintenant que je n'étais plus là ?

Ces angoisses me bouffaient le cerveau depuis trop longtemps, et chaque jour de plus qui s'écoulait sans que je ne lui parle ne faisait que les aggraver. Maintenant que mon couple avec lui me semblait si incertain, c'était tout mon avenir que je voyais se casser la gueule. Sans Taehyung, je n'en avais plus ; et le constater me terrifiait.

Je l'aimais.

Je l'aimais tant.

Et je ne voulais pas d'une existence sans lui.

Sans m'en rendre compte, mes pensées m'avaient fait relâcher l'eau que contenaient mes yeux, et je surpris du liquide en touchant ma joue du bout des doigts. Les larmes roulant lentement le long de mon visage, je reniflai.

— Peur de quoi ? me demanda délicatement mon amie.

Alors je leur confiais. Je leur racontais à voix haute les pensées qui me bouffaient l'esprit de l'intérieur, et je leur partageais mes peurs. Namjoon soupira en secouant la tête de droite à gauche à la fin de ma tirade angoissée.

— Je crois que tu te sous-estimes sérieusement, Jungkook. Tu vaux tellement plus que ça, et tu n'as pas besoin de Taehyung pour exister.

Pour toute réponse, je reniflai en soufflant :

— Si... Si, j'ai besoin de lui. Et ça me tue de me dire que ce n'est sûrement pas son cas.

Mon ami échangea un regard avec Mina, l'air embêté, puis finit par lâcher :

— Taehyung ne s'est pas mis avec Hayoon.

— Et qu'est ce que t'en sais, hein... ? marmonnai-je en me laissant glisser contre le siège, complètement déprimé.

— Il m'a parlé.

Quoi ?

Je me redressai directement, posant un regard confus sur Namjoon. Il avait vu Taehyung ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi il ne me l'avait pas dit ?

Devant mon regard débordant de questions, mon ami rajouta :

— Enfin, par téléphone. Comme tu ne lui répondais pas, il a cherché mon numéro, et il m'a contacté.

— Il t'a dit quoi ? demandai-je précipitamment, les lèvres tremblantes.

Il haussa les épaules, une expression embêtée et triste sur le visage.

— Il m'a demandé de prendre soin de toi. Et de lui donner de tes nouvelles régulièrement.

Un pli soucieux prit place entre mes sourcils, et je me rembrunis légèrement. C'était tout ? Il lui avait juste demandé de prendre de mes nouvelles, et basta ? Pas de me supplier pour que je le débloque, de nous organiser une sortie sans m'en parler, de trouver n'importe quel moyen de me voir ?

Alors que c'était justement moi qui lui avais demandé de me laisser du temps et qu'il avait l'air de vouloir respecter ma volonté, je m'en sentais tout d'un coup absurdement vexé. Blessé. C'était comme si ça confirmait toutes les peurs qui me grignotaient l'estomac à l'idée qu'il m'aime moins ; moi, j'étais en PLS dans le canapé de Namjoon à subir son absence à chaque seconde, et lui, il ne remuait même pas ciel et terre pour me revoir et se faire pardonner.

Le pincement dans mon cœur prenait une teinte un peu amère, désormais.

— Et tu lui as répondu quoi ?

— Bah...

Il se passa une main gênée dans la nuque.

— Je lui donne de tes nouvelles. Il a l'air de se sentir mal aussi, alors...

— Se sentir mal, mon cul, oui ! m'emportai-je. S'il se sentait vraiment mal, il aurait bougé ses fesses jusqu'à chez toi pour venir s'excuser en face !

— Je-

— Il n'aurait pas juste demandé de mes nouvelles uniquement histoire d'avoir bonne conscience !

— Kook, s'il te plaît. Je sais que tu es blessé et en colère contre lui, mais tu n'en sais rien. Ne te fais pas du mal inutilement en te disant qu'il s'en fiche de toi, alors que c'est loin d'être la vérité.

Je me tus, la gorge soudain trop nouée pour parler.

Autrefois, je n'en aurais jamais douté. Il me faisait sentir que j'étais important en un regard. Il me disait « je t'aime », et tout s'évaporait. Et puis, au bout d'un moment, j'avais commencé à avoir l'impression que si, il s'en fichait un peu de moi. Il priorisait toujours son travail. Il voyait Hayoon alors qu'il savait que ça me blessait. Il l'embrassait sous le regard de la Corée entière.

Maintenant... Je ne savais pas.

Je n'avais plus assez confiance en lui comme en moi pour y croire.

J'aurais pu en vouloir à Namjoon de ne pas aller totalement dans mon sens et d'avoir échangé quelques messages avec Taehyung dans mon dos, mais je n'en fis rien, parce que mon ami était comme ça et que je le savais bien ; il était trop gentil, et il s'inquiétait pour tout le monde. C'était presque si à sa rupture avec Jimin, il ne s'était pas préoccupé uniquement des états d'âmes de notre ami plutôt que des siens.

À côté de moi, Mina reposa son verre, et commença d'un précautionneux :

— Tu sais, Kook, je pense que le plus important n'est pas là...

J'étais trop fatigué pour protester et répondre que si, il n'y avait rien de plus important que l'amour que Taehyung me portait ( ou qu'il ne me portait pas, du coup ), et je lui fis signe de continuer.

— Ce qui m'embête vraiment, c'est que j'ai l'impression que tu manques sérieusement de confiance en toi. À chaque fois qu'on parle de Taehyung, tu me dis que tu serais incapable de vivre sans lui, et je ne te dis pas nécessairement de le faire ; mais tu le peux, Kook. Tu en es capable. Peut-être...

Elle m'adressa un sourire triste et plein de bienveillance.

— Peut-être que tu pourrais « profiter » de ce moment compliqué avec ton copain pour essayer de réapprendre à vivre pour toi.

Vivre pour moi.

Ces trois mots tournèrent dans ma tête quelques instants, et sans que je ne sache réellement pourquoi, je les sentis résonner fort avec quelque chose en moi.

Vivre pour moi.

N'était-ce pas déjà ce que je faisais ? Tout le monde vivait d'abord pour soi, non ? Alors pourquoi ces quelques petits mots sonnaient aussi fort ? Un drôle de vertige me prit. Je repensais à mes dernières actions, essayant d'y trouver une preuve que c'était déjà ce que je faisais. J'y vis tout l'inverse. Pour chaque chose que je réalisais, ma première pensée allait d'abord vers Taehyung. Depuis combien de temps n'avait-il pas été absent dans l'une de mes décisions ?

Vivre pour moi.

Je ne savais plus faire.

Je plantai mon regard dans celui de Mina, et demandai d'une voix qui peina à sortir :

— Comment ?

— Je ne sais pas. Peut-être que vous devriez faire une vraie pause, pour te laisser le temps de penser, et de voir si tu acceptes vraiment de le pardonner pour ce qu'il a fait.

Un frisson glacial me remonta le long du dos rien qu'à l'idée de me confronter à Taehyung et de faire une pause officielle dans notre couple.

Je n'avais pas envie de ça.

Je détestais avoir à prendre des décisions, et encore plus si c'était pour devoir en prendre une de ce genre ;

Mais au fond de moi, je le savais bien.

Je ne pourrais pas fuir éternellement.

Et il allait bien falloir que je lui parle un jour ou l'autre.








____oOo____

Voici la suite ! \⁠(⁠・⁠◡⁠・⁠)⁠/

Bon, Jungkook a encore du chemin à parcourir, mais c'est un début, et les choses vont pouvoir évoluer 👀

J'espère que ce chapitre vous aura plu, même si je n'en suis pas totalement satisfaite :') Hésitez pas à me donner votre avis !

Et, désolée pour le retard, mais du coup j'avais du mal à faire en sorte qu'il me satisfasse ( ce qui n'est toujours pas le cas lol mais chut  ) et en plus j'avais des auditions ces dernières semaines, ce qui faisait que je n'avais vraiment pas le temps ni la tête à écrire ;-; J'ai fais au mieux

Au passage, j'en profite pour faire une petite note d'un truc dont j'ai rapidement parlé sur insta mais pas encore ici :

Je comprends à 100% que mes retard réguliers soient chiants, et que quand on suit une histoire c'est désagréables quand les updates sont un peu espacées, et j'en suis la première désolée. Mais juste, s'il vous plait, gardez à l'esprit que je fais comme je peux avec ma vie à côté : j'écris dans mon temps libre, et ça prend du temps, beaucoup de temps. C'est pas toujours facile non plus, écrire peut être dur parfois. Je le fais par passion et pour partager avec vous mais de temps en temps c'est plus compliqué. D'autant plus qu'en ce moment j'ai très peu confiance en moi dans ce que j'écris, donc ça peut également me freiner, bref

Tout ça pour dire : il n'y a aucun soucis à demander la suite, et au contraire ça fait même plaisir de voir que quelqu'un pense à son histoire, et je comprends totalement que vous ayez envie que la suite sorte. En revanche, faites attention à votre manière de le faire svp. Certaines peuvent blesser et faire le contraire de motiver. Pour un auteur, juste un petit "hâte de voir la suite" et un compliment si ça vous a plu est 1000 fois plus motivant qu'un juste "la suite" sans rien ou ce genre de messages qui personnellement, me dépriment plus qu'autre chose, d'autant plus quand c'est le seul retour :') Dites vous bien que la première emmerdée quand je n'arrive pas à tenir mes échéances, c'est moi :/

Bref bref bref

J'espère ne pas avoir été maladroite dans cette note, mais je tenais quand même à le dire car ça m'arrive de recevoir des messages ou des commentaires pas très agréables, et probablement que ceux qui l'écrivent ne s'en rendent pas forcément compte et ne pensent vraiment pas à mal

Encore une fois, un immense merci de me lire, et d'attendre la suite, ça me touche énormément 

N'hésitez pas à laisser votre avis et à très bientôt pour le prochain chapitre ! \⁠(⁠・⁠◡⁠・⁠)⁠/

( Un grand merci à @Anevy_de_Girondif pour la correction de ce chapitre ! )

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