1.8
nda : pardon pour le retard ;^;
nda bis : un jour promis j'arriverais à poster à l'heure
nda bis bis : peut-être à partir d'aujourd'hui qui sait ? ¯\_(ツ)_/¯
nda bis bis bis : anyway, trop contente d'être de retour ( ꈍᴗꈍ)
nda bis bis bis bis : y a une petite question dans la note de fin de chapitre, hésitez pas à aller y répondre !
nda bis bis bis bis bis : et sur ce, bonne lecture, parce que ça fait beaucoup trop de "nda bis" mdrrr (~ ̄³ ̄)~
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Ce ne fut ni la caresse d'une main dans mes cheveux ni un baiser de Taehyung qui me tira du sommeil le lendemain matin ; mais le son désagréable du téléphone qui sonne, et qui vient nous arracher à notre tranquillité.
À côté de moi, Taehyung grommela un truc incompréhensible, avant de cacher sa tête dans son oreiller en le laissant sonner.
— Tae... marmonnai-je.
— Mmh...
— C'est ton téléphone...
Le silence me répondit. Enfin, un silence tout à fait relatif, si on prenait en compte que son portable continuait de lâcher sa sonnerie criarde en vibrant contre sa table de chevet. Il avait volontairement choisi une sonnerie hideuse pour s'inciter à décrocher le plus vite possible ; quelle blague. Ça ne fonctionnait pas le moins du monde. La seule chose que ça parvenait à faire, c'était me détruire les oreilles de bon matin.
Voyant qu'il semblait bien décidé à ne pas bouger, je râlai silencieusement, et me redressai finalement pour saisir de moi même cet engin de satan. Je n'eus qu'à tendre le bras pour l'attraper. Et ce que j'y lus ne me fit pas plaisir. Pas du tout, même.
Je ravalai ma jalousie, déglutissant difficilement, et lançai :
— C'est Hayoon.
Le sommeil sembla alors quitter son corps immédiatement. Il se redressa, vif, les yeux parfaitement ouverts, la trace de l'oreiller imprimée contre sa joue étant la seule chose qui permettait de savoir qu'il venait à peine d'émerger. Il me prit le téléphone, et marmonna simplement :
— Je vais répondre.
Quelques secondes plus tard, j'étais seul dans mon lit d'adolescence. Je laissais mon regard se porter sur les murs et les posters qui les recouvraient, le cœur lourd, l'estomac noué. Je n'avais plus sommeil, moi non plus. Pas quand je savais avec qui il était en train de parler en ce moment même. J'avais beau tenter de les contenir un maximum, une flopée de questions et d'angoisses me submergeaient juste à cause de cet appel. Qu'est-ce qu'elle lui voulait ? Est-ce qu'elle l'appelait souvent, sur son téléphone ? Est-ce qu'ils s'écrivaient ? Pourquoi il avait paru si pressé de répondre ? Pire, pourquoi il avait quitté la pièce pour répondre ? S'il n'y avait rien entre eux, il ne devrait rien avoir à me cacher, non ?
Un grognement de frustration m'échappa. Je me roulai pour cacher ma tête dans l'oreiller, et inspirai un grand coup. Je manquai de m'étouffer plus que je me détendis, mais l'intention était là. Il fallait que j'arrête de penser à tout ça. De me pourrir la tête. Encore moins alors que j'étais chez ma mère, avec mon copain.
Il me restait encore une journée entière, et si en plus des réticences de ma famille à accepter mon couple je rajoutais mes propres angoisses, je n'allais pas m'en sortir.
Au bout de cinq bonnes minutes sans que Taehyung ne pointe le bout de son nez, je me décidais finalement à me lever, et enfilai un short par dessus mon boxer en réprimant un bâillement. Je ne pris pas la peine de tenter d'arranger ma coupe : de toute manière, vu la courte durée de ma nuit, je n'allais pas pouvoir faire grand chose contre ma tête de déterré. Je me contentais donc de me donner deux bonnes claques avant d'affronter l'extérieur de ma chambre.
En bas, Kiwon et Junghyun discutaient dans la cuisine, tartines à la main. Pas de Taehyung en vue.
— Si tu cherches ton mec, il est parti téléphoner dehors, me lança Junghyun en guise de salutation quand il me vit arriver dans la cuisine.
— Je le cherchais pas...
C'était à moitié un mensonge.
J'avançai comme un mort vivant jusqu'à la bouilloire, où je mis de l'eau à chauffer sous le regard incommodant de mon beau-père. J'imaginais que pour lui aussi, l'idée que j'aie un copain lui semblait « chelou », pour reprendre l'adjectif de mon frère... S'ils n'avaient pas été juste à côté, j'aurais bien soupiré. En attendant, je préférais me faire discret.
— Tu veux un café ? me proposa alors Kiwon.
— Non merci, j'aime pas ça.
— Toujours pas ?
— Cherche pas, c'est encore un gamin, intervint mon frère. Il est pas prêt de changer là dessus.
Mais je t'ai rien demandé, en fait ?
Je lui lançai un regard de travers, agacé, et son sourire m'agaça encore plus. Il avait beau ne pas le dire méchamment, je n'étais pas d'humeur. On dit se lever du pied gauche, la vérité c'est que je m'étais couché du pied gauche. Bien trop tard, sans le moral, ni l'envie. Ma trop courte nuit me tendait.
Et, peut-être aussi, le fait que Taehyung soit en train de parler à son ex non loin.
Peut-être.
Kiwon se racla la gorge devant l'ambiance pourrie que j'amenais avec moi, et lança avant de nous laisser partir dans une énième chamaillerie fraternelle :
— Bon, je vous laisse, il faut que j'aille bosser. Profitez bien de la journée visite.
Visite avec ma mère, homophobe, et Taehyung, mon copain. Youhou. Ça s'annonçait bien. Et c'était sans parler de la présence de Junghyun qui allait vite me gonfler s'il continuait avec ses petits sourires amusés. Ce matin, je n'avais qu'une envie ; les lui faire bouffer.
« Chelou. »
Mon couple était « chelou », qu'il avait dit.
Si je l'avais légèrement mal pris la veille, ce matin, c'était mille fois pire.
« Chelou. »
Mais qu'ils aillent se faire foutre.
— D'ailleurs, elle est où maman ? demandai-je en m'efforçant de calmer mon aigreur, sous peine d'être insupportable toute la journée.
— Elle est allée déposer Jieun chez sa nounou, elle ne devrait pas tarder à rentrer.
Ah, donc en plus, je ne pourrais même pas passer du temps avec ma petite sœur aujourd'hui. Formidable.
Taehyung termina de ruiner mon humeur lorsqu'il rentra comme une fleur dans le salon, et Kiwon s'éclipsa rapidement pour aller travailler. Seul avec mon frère et mon copain, j'étais affreusement irrité. Hier, j'aurais probablement été horriblement gêné. Là, je n'avais même pas l'énergie pour.
— Bien dormi ? demanda Taehyung à mon frère.
— Super.
Moi non, j'ai fais une grosse insomnie, et en plus tu prenais les trois quarts de la couette, et quasiment toute la place sur le matelas, merci de demander.
Évidemment, il ne demanda pas, et alla se faire un café.
Comme si de rien était.
Comme s'il ne venait pas de parler à la femme qui me foutait mal depuis des jours.
La colère se mit à gronder dans mon ventre, et je me détournai pour faire mon chocolat chaud, et penser à autre chose qu'à cette Hayoon ou tout ce qui me pourrissait la tête. Ce n'est qu'à ce moment là que je sentis des doigts que je connaissais par cœur caresser doucement ma nuque, et que Taehyung daigna enfin se rappeler que j'existais.
— Ça va, Kook ? Tu fais une drôle de tête.
— Ça va.
Je me dégageai, mal à l'aise qu'il me témoigne ce genre de marques d'affection devant mon frère, surtout après notre discussion d'hier soir. Il n'insista pas. Son regard se posa sur moi, incompréhensif, et je dû me retenir de lui demander de but en blanc ce que lui voulait son ex de si important pour qu'il quitte non seulement la pièce mais aussi la maison pour discuter sans être dérangé. Si déjà je n'avais pas envie que Junghyun assiste à trop de gestes tendres, alors une dispute entre nous, encore moins. Qui sait comment il s'en servirait ensuite.
Je m'assis à la table avec mon chocolat chaud et mes tartines, et inspirai un bon coup, dans une énième tentative d'apaiser mes pensées. Quand Taehyung se posa à côté de moi et glissa sa main contre ma cuisse sous la table pour y exercer une pression rassurante, je le laissais cette fois-ci faire. Ça eut le mérite de réussir à dénouer un peu ma mâchoire crispée et de me calmer un peu.
Après tout, l'essentiel était là.
Il était là.
Et il ne fallait pas que je l'oublie.
____________
— C'est une blague, j'espère ?
— Quoi ? Ne me regarde pas comme ça, je ne vois pas où est le problème.
L'accalmie fut de courte durée.
Nous étions de retour dans ma chambre, pour nous changer et nous préparer pour la journée, et je n'avais pu m'empêcher de lui demander ce que lui voulait Hayoon. Après tout, si je l'avais pas fait, ça me serait resté dans la tête, et ça aurait tourné en boucle et en boucle à m'en gâcher la journée. J'avais confiance en Taehyung, alors la réponse ne pouvait que me soulager ; ça avait été tout l'inverse.
Ma colère ne se camouflait même plus sous de l'agacement ou de l'irritation : elle était là, bien visible, bien réelle. Bien vivante.
— Oh pitié, Kook, tu ne vas pas me refaire tout un cake, râla Taehyung devant ma mine butée.
— T'aurais pas pu me le dire plus tôt, que t'avais une interview en duo avec ton faux date dans une semaine ?
— Je viens de l'apprendre. Donc, non, je n'aurais pas pu te le dire plus tôt.
Son ton ironique fit gronder la colère en moi. Je serrais le tee-shirt que je venais de sortir de l'armoire à m'en blanchir les jointures, et le dardai d'un regard noir.
— Bah bien sûr, grinçai-je. Ils te tiennent informées de tes apparitions télé seulement sept petits jours à l'avance. Comme pour le voyage à Jeju, j'imagine ?
— Tu sous-entends quoi, là ?
Taehyung se retourna à son tour vers moi, délaissant le miroir dans lequel il s'arrangeait les cheveux depuis le début de notre discussion. Je soutins son regard sans ciller.
Cette histoire d'interview de couple avec Hayoon avait eu raison de mes vaines tentatives d'améliorer mon humeur. Ça n'était probablement pas grand-chose ; mais qu'est ce que j'en avais à faire.
C'était encore un truc avec son boulot.
Encore une soirée où il ne serait pas là.
Encore un moment où il se pavanerait aux bras d'une autre pour être sûr que tout le monde ai bien oublié mon existence.
Et après ? Ce sera quoi ? Il devra partir faire le tour des festivals de Corée ? Pourquoi pas faire des avant-premières à l'international, pendant qu'il y était ?
C'était sans fin.
Et vraisemblablement, ma patience, elle, ne l'était pas.
— Bordel Jungkook, s'irrita-t-il, toute trace d'ironie ayant disparu pour ne laisser place plus qu'à de l'agacement pur, c'est juste une interview pour le boulot. Tu crois que la promo du film elle va se faire toute seule ?
— Juste une interview avec ton ex.
— Oui, juste une interview avec mon ex. Mon ex, putain. Tu ne vas pas me faire une crise jalousie à deux balles alors que c'est pour le travail. Fais preuve d'un minimum de maturité, merde.
Je le regardai, effaré. Quelque chose craqua en moi. Se brisa, peut-être. En l'entendant me dire ça, avec ce ton colérique, son air de « j'ai raison » qu'il prenait invariablement quand on se disputait, et ces mots vulgaires qui sortaient de sa bouche, la colère ne se contenta pas de monter. Elle explosa.
J'explosais.
— Mais tu te fous de ma gueule ? Parce que ton soi-disant couple avec elle, c'est pour le boulot aussi ?! demandai-je en haussant le ton. C'est Seokjin qui te l'a demandé pour la promo du film ? Ou Yoongi ? Non ! C'est TA décision, parce que TU t'es pissé dessus quand les journalistes se sont emballés à propos de nous, et parce que TU as préféré t'inventer une autre vie plutôt que de nier simplement et de supporter les spéculations sur nous ! Parce que TU l'as voulu, toi et seulement toi !
Sa mâchoire se crispa, et je lus dans son regard qu'il n'avait pas aimé ce que je venais de lui dire. Je le regretterai peut-être plus tard. Pour l'heure, je laissais tout sortir, sans filtre, sans tenter d'adoucir les angles, sans tenter de fuir le conflit parce que je l'aimais.
Car oui, je l'aimais.
Mais il me blessait.
Il me faisait du mal.
Et peut-être bien que c'en était assez.
— Mais tu crois que je fais tout ça par gaieté de cœur ? répliqua-t-il, offusqué. Tu crois que ça me fait plaisir, qu'on soit obligés d'en arriver là pour pouvoir vivre tranquilles sans que la presse ne vienne foutre son nez dans notre vie ?
— Tu n'es pas obligé de te créer un couple fictif, arrête avec ça.
— Ah non ? Et s'ils découvraient que j'étais en couple avec un homme, tu penses que mon métier se porterait bien ? T'es bien placé pour savoir combien les gens peuvent être homophobes !
Je crus déceler dans sa dernière phrase une pique sur ma mère, et ma poitrine se comprima douloureusement. Je n'avais pas besoin de ça, et qu'on me rappelle que même chez moi, je n'étais pas pleinement accepté pour qui j'étais. Ça aurait pu apaiser ma colère, attirer ma compassion ; mais ça n'en fit rien. Ça ne fit qu'ajouter un peu de braises à l'incendie qui crépitait déjà en moi.
— Mais les gens ne le découvriront pas, merde ! Ils n'ont aucune preuve ! Tu n'as qu'à nier ! Dire que tu es célibataire si ça te chante, ou je ne sais quoi, mais bordel, ce ne sont que des rumeurs ! Ta carrière ne va pas se casser la gueule pour ça !
— Ça se voit que tu ne connais pas le monde de la célébrité, toi, ironisa-t-il en prenant son ton que je détestais tant.
— Commence pas à me parler comme à un gamin.
— Je te parle comme ça parce que c'est ce que tu es !
Sa voix tonna dans ma chambre, plus grave que d'habitude, et j'eus presque l'impression qu'elle fit trembler les murs tant elle était forte. En tout cas, elle fit trembler mon cœur. Pas d'amour, pas de frétillements, pas d'excitation, ni de bien être ; ces mots me blessèrent. Et je n'eus rien le temps de répondre qu'il enchaînait déjà :
— Je ne te demande pas la lune, merde, juste de vivre ta vie en me laissant gérer les problèmes ! Je t'offre déjà quasiment tout, un toit, de quoi bouffer, t'amuser si tu veux, mais tu n'es jamais satisfait de rien !
Je voulais lui répondre que je n'en avais rien à faire, de son argent, et que ce que je voulais, c'était lui. C'était pouvoir le voir plus souvent, le serrer dans mes bras, l'embrasser à chaque instant. J'avais envie de lui répondre que je ne voulais pas vivre ma vie. Je voulais vivre notre vie. Que cette distinction qu'il venait de faire m'avait fait l'effet d'un coup de poing en plein ventre.
Mais les mots ne sortirent pas. Ils restèrent prisonniers, enfermés dans ma gorge si nouée que c'en était presque douloureux.
Il ne comprenait rien.
— Tu crois que c'est si facile ? Tu penses que je pourrais continuer à le payer, ce foutu appart, si je perds mon métier parce que je ne sais qui décide de révéler notre couple au grand jour ? Et si ça se passe mal, hein ? Si mon public me tourne le dos ? C'est toi qui va t'occuper du loyer ? Je ne crois pas, non. Même alors qu'enfin t'allais avoir un diplôme et pouvoir trouver un métier, tu décides de tout abandonner pour 0,25 malheureux points ! T'appelles ça de la maturité, toi ? Tu crois quoi, que tout va te tomber dans les bras comme ça pendant que tu te tournes les pouces chez nous ?!
Il dérapait. Il s'égarait. Ça n'avait plus aucun rapport avec ce pourquoi nous avions élevé la voix de base. Qu'est ce que ma fac revenait faire dans cette discussion ? Et d'ailleurs, pourquoi est-ce qu'on avait commencé à se disputer, déjà ?
Tout me paraissait soudain bien flou, englouti par tout ce qu'il m'envoyait à la figure.
Cette engueulade n'avait plus aucun sens.
— Je fais de mon mieux, merde, je fais de mon mieux ! enchaîna-t-il en faisant les cents pas, ses mains se perdant dans ses ondulations rebelles que j'aimais tant parcourir de mes doigts. Alors par pitié, arrête de me prendre la tête pour des conneries ! J'en ai déjà eu assez comme ça avec ce putain de film, ces paparazzis à deux balles et tout le reste !
Vraisemblablement, il en avait gros sur le cœur, lui aussi. Je me demandais fugacement depuis combien de temps il était comme ça. Pourquoi je n'avais rien vu. Ce n'était pas son genre, les grands monologues. Pas aussi fort. Pas aussi longtemps. Pas comme ça. Le voir s'énerver ainsi me fit l'effet d'un électro-choc, et je tentais de l'interrompre, de mettre fin à cette discussion sans que ni tête qui ne faisait que nous blesser l'un l'autre :
— Tae...
— Et même quand je rentre, je ne peux pas me reposer ! Il faut sans cesse te rassurer, te réconforter, et, merde, je ne sais plus quoi faire avec toi ! C'est trop de demander d'essayer de me comprendre, au lieu de tout prendre personnellement et de me faire sentir que je fais mal les choses ? Dezoome un peu, mets toi à ma place, je sais pas. Mais arrête d'être si égoïste !
Et peut-être bien que pour la première fois, je regardais en face la vérité que je m'étais efforcé d'ignorer depuis si longtemps : nous manquions d'équilibre. Peut-être même qu'il n'y en avait plus du tout.
J'ignorais depuis quand, à quel moment ça avait commencé à vaciller, et à quel moment nous avions commencé à nous faire du mal ainsi ; et je n'avais pas la tête à y penser plus.
De toute sa tirade, je ne retins qu'une chose :
Je ne sais plus quoi faire avec toi.
Mon cœur se cassa la gueule dans ma poitrine, et je vis le dernier pilier de ma vie se fissurer, marqué d'une fêlure qui ne guérirait probablement jamais.
Il menaçait de s'effondrer à tout moment.
___________
Taehyung s'était excusé. Moi, ma colère avait cédé la place à une terreur bleue.
Je lui en voulais pour certains des mots qu'il avait laissé échapper, mais cette rancune était recouverte par un voile de peur qui s'accrochait à mon estomac et m'empêchait de respirer. J'avais réalisé combien ce que nous avions était fragile. C'était comme si, tout à coup, tout était devenu plus concret, plus réel, comme si à tout instant Taehyung pouvait disparaître, me quitter, et me laisser seul.
Après tout, il ne savait plus quoi faire avec moi ; peut-être qu'il préférerait aller avec Hayoon.
Elle, qui était acceptée. Elle, qu'il avait le droit d'aimer. Elle, qui n'était pas moi.
Depuis qu'il avait élevé la voix à son tour, qu'il avait craqué comme j'avais craqué, quelque chose s'était cassé, et ma confiance s'était effondrée.
Confiance en qui, je l'ignorais.
En moi, peut-être. En lui.
En nous.
Je me sentais comme un funambulisme au-dessus du vide, à marcher sur un équilibre précaire qui ne tenait qu'à un fil. En dessous, c'était le vide. Et ce vide me terrifiait plus que tout.
Notre séjour à Busan se termina sans que ce sentiment ne me laisse respirer une seule seconde. Quand nous étions sortis de ma chambre après notre dispute, pour rejoindre les autres et faire la journée visite prévue par ma mère, le regard que cette dernière et Junghyun nous avaient adressé me signifiaient clairement qu'ils avaient entendu nos éclats de voix.
Mon frère n'avait pas fait de commentaire – dieu merci –, et ma mère s'était contenté de nous donner le programme de la journée, mais je n'avais su empêcher les pensées désagréables de se frayer un chemin jusqu'à moi. Ils nous jugeaient. Nous jaugeaient. Peut-être même que ma mère avait été heureuse d'entendre notre dispute, et qu'elle espérait de tout son cœur que nous nous séparions pour que je redevienne « normal » selon ses critères.
Si elle savait à quel point cette simple idée me donnait le vertige.
Pour la suite, ça avait été la journée la plus longue de ma vie. Je n'avais quasiment pas parlé, et j'avais laissé Taehyung le faire pour deux. Il avait discuté avec mon frère, beaucoup. Avec ma mère, étonnement énormément. Si j'aurais dû me réjouir de la voir se détendre au fur et à mesure de la journée et de voir son regard d'adoucir, j'en avais été tout simplement incapable : la terreur surpassait tout.
Ce n'était pas cette angoisse traînante qui m'accompagnait depuis la fausse mise en couple de mon copain et qui entravait mes pas, restant en sous texte à chacun de mes actes. C'était bien plus fort. Bien plus vivant. Ça s'agitait, en moi, ça me grignotait le ventre, me remontait le long de la gorge. C'était de la peur à l'état pur. Si entêtante que j'en regrettais déjà la colère de ce matin.
Finalement, quand vint le soir et le moment pour nous de partir, j'en avais rien avalé de la journée.
Même quand ma mère se posta devant moi, juste avant le départ, et qu'elle me prit dans ses bras en me murmurant que Taehyung était un bon garçon, et qu'elle voulait simplement que je sois heureux, me donnant à demi-mots l'acceptation que j'étais venu chercher, je ne parvins pas à me réjouir. Je l'étreignais juste en retour, la serrant comme un enfant sert sa peluche un soir d'orage ou après un mauvais cauchemar, m'accrochant à elle comme si elle avait le pouvoir d'arranger tout ce qui se cassait la gueule dans mon couple, et qui me hantait l'esprit.
Ce n'était pas le cas, bien sûr. Seul Taehyung et moi en avions les clés.
Mais vraisemblablement, ni l'un ni l'autre ne savions comment nous en servir.
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Ma peur me suivit jusqu'à Séoul.
Nous avions beau être rentrés chez nous, et Taehyung avait beau m'avoir réaffirmé qu'il m'aimait et qu'il regrettait de s'être emporté de la sorte, elle restait vicieusement immiscée dans mon cerveau, à me pourrir l'esprit et à se manifester sous différentes formes. Si j'avais naïvement pensé que le fait qu'il soit maintenant plus présent apaisait mes angoisses, il n'en était rien.
Je prenais conscience de quelque chose que j'avais refoulé avec application ces derniers jours :
Je n'avais plus du tout confiance en Taehyung.
Quand il écrivait un message, je ne pouvais m'empêcher de regarder par dessus son épaule pour vérifier de qui il s'agissait. Quand il allait se doucher, je devais résister pour ne pas zieuter son téléphone, dévoré par l'envie de fouiller et de vérifier qu'il ne me mentait pas quand il disait qu'il n'y avait rien entre Hayoon et lui. Quand, deux jours après notre retour, il m'annonça qu'il allait chez Yoongi, je ne parvins pas à le croire.
Je me voyais petit à petit me transformer en un de ces petits copains super jaloux qui surveillent le moindre fait et geste de l'autre, et je me détestais pour ça. Je n'avais pas envie de devenir comme ces gens là. De l'étouffer de la sorte.
Mais c'était plus fort que moi, et c'était un des seuls moyens qui arrivait à faire taire ma peur.
Même ses « je t'aime » n'y parvenaient plus. Ces quelques mots qui avaient auparavant l'apparence d'un mot magique entre ses lèvres sonnaient désormais creux, amers, et j'avais beau les réclamer, il ne me comblaient plus. Rien ne me comblait plus.
Il n'y avait plus que la nuit, plus que nos étreintes passionnées et la chaleur de nos corps qui parvenaient à me faire oublier totalement ; dans ses bras, je n'étais plus. Mes angoisses, mes peurs et mes terreurs disparaissaient alors avec moi. Il n'y avait plus que lui, lui que j'aimais tant, lui qui représentait tellement, lui qui était tout. Lui, et mon amour brûlant. Désespéré.
Je m'abandonnais à ses bras comme on s'abandonne à la mer, se laissant porter par le courant en cessant de lutter.
Et le jour, elles revenaient. Mes angoisses m'attendaient de pied ferme, me rappelant ce qu'il m'avait caché, cet appel avec Hayoon qu'il avait prit en sortant de la pièce, l'expression de son visage quand il s'était énervé à son tour, et qu'il ne savait plus quoi faire avec moi.
Moi, je ne saurais plus quoi faire sans lui.
Alors je tentais de recoller les morceaux. De réparer le pilier, en vain. Je cessais de l'embêter avec mes remarques, je ne lui parlais plus de son travail, et encore moins de Hayoon. Je me contentais de surveiller de loin en faisant comme si de rien était à ses côtés. J'étais souriant. Riant. Amoureux. Une belle façade que j'affichais à l'extérieur pour camoufler la peur qui me bouffait l'estomac de l'intérieur à l'idée qu'il s'en aille.
Je mettais tous les efforts à être le plus agréable possible, et je lui affirmai même que finalement, j'allais les passer, ces rattrapages, et que même s'ils n'étaient maintenant que dans trois jours et que le temps de réviser me manquerait affreusement, je tenterai.
Mais ça ne suffit pas.
Et, le soir de son interview, le pilier s'effondra.
___________
— Enchanté, Kim Taehyung, et Lee Hayoon ! Quel honneur de recevoir un couple d'acteur aussi talentueux que vous sur mon plateau !
Rires gênés. Sourires polis. Sur l'écran, Taehyung s'incline devant le présentateur, sa main tenant celle d'Hayoon.
— Tout le plaisir est pour nous. Je regardais énormément votre show à la télévision, quand j'étais plus jeune.
— Ah, vraiment ? Vous êtes un véritable passionné de cinéma, dites moi.
— En effet.
Nouveaux rires. L'hypocrisie de la télé fait sa magie. Et puis, les deux acteurs prennent place sur le petit canapé jaune qui a accueilli tant de célébrités avant eux.
— C'est votre première apparition depuis que vous avez révélé être en couple. Ça ne vous stresse pas ?
— Je ne dirais pas que ça nous stresse, mais je dois admettre que c'est étrange.
Cette fois-ci, c'est Hayoon qui a répondu. Sa voix est douce. Son rire aussi. Elle est belle, dans sa robe blanche qui souligne élégamment ses traits.
— Haha, c'est normal ! Vous m'autoriseriez bien quelques petites questions sur vous, avant que nous ne parlions plus en profondeur du film que vous venez nous présenter ? Les internautes sont curieux.
Clin d'œil. Exclamations enthousiastes du public. C'est une fausse question, et ils ne peuvent refuser ; ils hochent donc la tête et la torture commence.
— Alors, racontez nous tout. Comment vous êtes vous rencontrés ?
— À vrai dire, on se connaît depuis très longtemps. Taehyung et moi avons fait nous études dans la même école de cinéma.
— Oh, vraiment ? C'est étonnant que l'on ne vous ait pas vu sur des films ensemble plus tôt, dites moi !
— C'est parce que nous nous étions un peu perdus de vue, après nos études. Et puis, nous avons tous les deux étés sélectionnés pour le nouveau film de Min Yoongi, alors je l'ai retrouvée sur le tournage.
Regard tendre.
— Et je suis tombé sous son charme.
Exclamations émues du public. Hayoon lui sourit, elle aussi. Ils sont beau.
— Que c'est romantique, vous vous êtes retrouvés grâce à votre passion ! C'est un signe, vous étiez fait l'un pour l'autre.
— Peut-être bien.
Taehyung rit doucement. C'est un bon acteur. Il glisse sa main autour des épaules d'Hayoon.
— On s'est mis en couple seulement une semaine après le début du tournage. On peut dire que ça a été le coup de foudre.
— Des deux côtes ?
— Des deux côtés.
Hayoon hoche la tête. Ils s'échangent un regard. Ils ont l'air amoureux.
Et puis, moment de respiration.
L'interview se recentre sur son sujet principal.
— Qui jouez vous, dans le film que vous venez nous présenter ? Les personnages que vous incarnez sont-ils en couple dans lui aussi ?
— Oh, non, malheureusement.
Malheureusement.
— Hayoon joue simplement le rôle d'une amie.
— Pouvez vous nous en dire plus sur le résumé ?
— Avec plaisir. Come back to me raconte l'histoire d'un jeune père divorcé, qui...
Les questions s'enchaînent. De temps en temps, le public s'exclame pour réagir. De temps en temps, les deux stars du jour se regardent et montrent qu'ils s'aiment en un regard. De temps en temps, un cœur se fracasse dans sa poitrine.
C'est comme une longue apnée.
Un long moment où on retient son souffle tandis que les paillettes de la télévision font briller l'écran.
— Avant de partir, les internautes ont une réclamation !
Et puis, alors qu'on croit qu'on peut enfin à nouveau respirer, que la torture est enfin terminée, on se trompe.
— Pardonnez leur indiscrétion, haha, mais ils se demandent si ça serait possible de vous voir vous embrasser, puisque vous ne le ferez pas dans le film.
On reprend sa respiration un temps trop tôt.
— Maintenant ? Je ne suis pas sûre que...
L'eau est toujours là.
— On peut le faire.
Elle s'infiltre dans la bouche, glisse dans nos poumons, nous brûle le corps et le cœur.
— Pas vrai, ma chérie ?
L'eau nous noie.
Le plateau retient son souffle. Moi, je n'en avais déjà plus.
Et leurs lèvres se scellent, rien qu'un instant, rien que quelques infimes secondes ;
Mais un monde est brisé.
_____oOo_____
Coucou tout le monde !
Vous n'imaginez pas à quel point je suis heureuse d'être de retour \(・◡・)/
Tout d'abord désolé pour ce nouveau retard, mais j'avoue qu'avec les partiels, certains éléments dans ma vie perso et ma confiance en moi bancale j'ai eu du mal à trouver du temps pour écrire Rumors :/
Désolée (╥﹏╥)
Mais me revoici, et plus hypée que jamais ! 〜(꒪꒳꒪)〜
J'ai revu mon plan pour la fin de l'histoire ( parce qu'on va rentrer dans la dernière partie ), et j'ai trop hâte hehe :3 Notamment pour le chapitre 2.0, qui arrive bientôt, et qui sera du pdv de Taehyung 👀
J'espère qu'il vous plaira et que la suite aussi !
En attendant, qu'avez vous pensé de ce chapitre ? Et que va-t-il entraîner, selon vous ?
Sans mentir, ça fait deux semaines que ce chapitre est écrit, mais j'ai aussi mis beaucoup de temps à le poster parce que j'avais peur que le changement de style de narration dans la dernière scène de l'interview vous dérange :') Pour expliquer rapidement pourquoi j'ai écris comme ça et au présent : je voulais reprendre certains codes du théâtre, avec les didascalies qui sont généralement très courtes et peu détaillées, parce que quelque part, cette interview est un peu une scène de théâtre, une comédie où les acteurs jouent un rôle ( du moins, normalement :D ) Bref, je m'étale, pardon, mais j'espère que ça vous a plu ʕ'•ᴥ•'ʔ
J'avais une petite question également : est ce que une FAQ bientôt comme celles que j'avais fait sur Actor ça vous tenterait ? Ca fait longtemps que j'en ai pas fait, et ça m'amuse haha :')
Re re bref
Si vous êtes encore là, un immense merci de me lire ♡♡♡
Ceux qui me suivent sur instagram ont peut-être vu passer mes storys sur cette histoire où je me demandais si ce n'était pas mieux que je l'abandonne parce je manque de confiance en moi, alors ça me fait vraiment chaud au coeur que vous soyez là ♡ Au passage, si des personnes qui ont répondus à mes storys sur instagram passent par là, encore un énorme merci ಥ‿ಥ♡
C'est en grande partie grâce à vous que j'ai pu trouver la confiance nécessaire pour continuer
Breeeeeeeeeeeeeef
J'arrête de m'étaler mdrrr
Pardon pour cette note de fin longue, j'avais envie de parler :')
Sur ce, dites moi si une FAQ vous plairait, j'espère que ce chapitre vous aura plu, encore vraiment désolée pour le retard, et à bientôt pour la suite ! ᕦʕ •ᴥ•ʔᕤ
( Promis, cette fois j'essayerai de ne pas avoir de retard :') )
Prenez soin de vous ♡♡
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