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1.0

— Salut !

— Ça fait un bail, comment tu vas ?

Yeonjun s'assit en face de moi, un sourire rayonnant aux lèvres. Ses cheveux noirs étaient coupés proprement et tombaient élégamment sur son visage, et si c'était la première chose que je remarquais, c'était pour une bonne raison : depuis le lycée, mon cadet enchaînait les folies capillaires douteuses.

— Ça va, lui souris-je en retour, sincèrement heureux de le revoir. Pas de cheveux roses pétant cette fois ?

Il rit, retirant sa veste en cuir pour la poser sur le dossier.

— Pas cette fois. J'ai décroché un contrat avec Celine, et ils ont des exigences très précises quant à mon physique.

— Celine ? C'est une grosse marque ça, non ? Taehyung en porte plein.

Yeonjun haussa les épaules, comme si ça ne changeait pas grand-chose avec les petites marques pour lesquelles il faisait du mannequinat habituellement. Vraisemblablement, son tempérament « je m'en foutiste » lui collait à la peau.

— En tout cas, dès que le shooting est passé, je me fais du orange carotte. Je me suis toujours demandé ce que ça rendrait sur moi.

Irrécupérable. Ce gosse était irrécupérable. Que ce soit la seule chose qu'il trouve à dire sur son partenariat avec une aussi grosse marque qui faisait office de figure de la mode me sidérait. Je ne savais pas si j'avais envie de rire, parce que c'était quand même un peu marrant de voir un type comme lui employé par une entreprise de luxe, ou de pleurer, parce qu'il avait beau avoir deux ans de moins que moi, il réussissait insolemment dans tout.

Au final, je préférais m'inquiéter pour ses cheveux, que j'avais successivement vu passer de rouge, à blond, à bleu et à vert durant les deux derniers mois, via ses posts Instagram. Ils devaient être au bout de leur vie, bien qu'en apparence ils paraissaient étonnamment soyeux.

— Tes cheveux tiennent le coup ?

— Franchement ouais, t'façon je leur laisse pas le choix. Touche si tu veux.

Comme il tendait sa tête, je passai ma main dans une de ses mèches, et revint m'adosser contre mon dossier en faisant la moue.

— Il va sérieusement falloir que tu me files la référence de ton shampoing. Même les miens ne sont pas aussi doux.

— Habituellement, je prends le premier venu dans les super-marchés.

Devant ma mine atterrée, il rajouta néanmoins :

— Enfin, là, je me suis fait un masque d'une super marque qui coûte la peau du cul que m'a envoyé mon manager de chez Celine. Ça fait illusion.

Ah, quand même, je me disais. Quand bien même ce type était un mystère sur bien des points – par exemple, comment faisait-il pour avoir du charisme en posant dans un sac poubelle ( histoire vraie, un de ses nombreux shootings obscurs pour des marques tout aussi obscures ) –, ça m'aurait scandalisé qu'il ait des cheveux aussi doux sans rien faire avec toutes les teintures qu'il enchaînait. Je crois que je l'aurais signalé à la Nasa comme extra-terrestre.

Un serveur arriva alors prendre notre commande, et nous mîmes fin à notre parenthèse capillaire pour lui répondre. En réalité, c'était un peu une tradition, entre nous. À chaque fois que Namjoon et moi ( et Jimin, aussi, même si bon, vous connaissez la situation ) le croisions, la première chose qu'on faisait, c'était de parler cheveux. Il faut dire qu'avec un mec comme lui, le sujet était inépuisable.

— Bon, alors, commença-t-il en posant ses coudes contre la table. Quoi de neuf depuis tout ce temps ?

Je lui fis un petit sourire.

— Pas grand-chose, malheureusement. J'ai loupé mon année de fac et je ne fais qu'essuyer des refus d'emploi à chaque boîte à laquelle je demande, mais bon, à part ça...

— Tu veux être photographe, c'est ça ?

— Hm.

— Tu pourrais faire un ou deux shootings avec moi si tu veux. Bon, tu seras payé au lance pierre, désolé hein, mais ça te rajoutera un truc à mettre sur ton CV.

— C'est gentil.

Le serveur revint avec nos boissons, posant un délicieux chocolat chaud devant moi et un cocktail aux mélanges discutables face à lui. Je touillai un peu ma tasse, et rajoutai :

— Mais tu vas être un peu occupé avec ton nouveau contrat, non ?

— Ah, ouais.

Il haussa à nouveau les épaules.

— Ben après alors.

— Pourquoi pas. Ce serait avec plaisir.

Il m'adressa un beau sourire, et je me surpris à être particulièrement détendu, là, dans ce petit café face à lui. Ça faisait un moment que je n'avais pas eu les épaules aussi déliées avec tout ce qui s'était passé ces derniers temps. C'était un effet qui me surprenait à chaque fois que je revoyais le plus jeune : Yeonjun avait beau être assurément plus un « bon pote » qu'un ami, et j'avais beau le voir très ( ou trop ) peu souvent, il arrivait toujours à me mettre à l'aise en quelques secondes. Je ne sais pas à quoi c'était dû, si c'était son comportement, sa manière d'être ou tout simplement le courant qui passait bien entre nous, mais c'était agréable. Franchement agréable.

Face à lui, je ne me sentais pas jugé. Et même si ça pouvait paraître pas grand-chose, c'était en réalité beaucoup : depuis que des photos de moi avaient commencé à fuiter dans les médias à cause de ma relation avec Taehyung, j'avais toujours la désagréable sensation d'être critiqué. D'être analysé de la tête au pied et dévisagé comme un simple objet. D'être observé d'un regard plein de jugement.

Je me souvenais encore très bien des premiers commentaires sur moi sur lesquels j'étais tombé, au début, quand j'accordais énormément d'importance à ces choses là et que j'allais traîner sur les réseaux à chaque photo de nous qui sortait. Si la majorité des utilisateurs se contentaient de parler de Taehyung, variant entre « Il est troooop beau » et « J'adore ses vêtements » à « Je me demande où il va », il y avait également les autres. « Qui est le mec à côté de lui ? Ça fait plusieurs fois qu'on le voit, non ? »

« Il est plutôt mignon. »

« Ses cheveux sont mal coiffés haha, ça fait des épis de partout »

« Il ne sait pas s'habiller. »

« Il pourrait être un peu plus discret, quand même. On dirait qu'il se vante. »

« Il ne mérite pas d'être à côté de Taehyung, il n'est même pas si beau... »

Rien qu'y repenser me noua légèrement la gorge. Je savais qu'il ne fallait pas que j'y accorde de l'attention. Que ces gens là n'étaient que des inconnus jaloux de me voir proche de leur acteur préféré, et qu'en soit, ça n'était en rien contre moi.

Mais c'était tout de même blessant.

Et depuis, je me traînais cette désagréable sensation que chaque personne que je croisais et à qui je parlais allait me juger et donner son avis sur ma personne et mon apparence.

Sensation que Yeonjun envoyait balader d'un revers de main à chaque fois avec ses goûts incongrus et son assurance à toute épreuve.

— Et ton Taehyung ? lança-t-il alors. T'es toujours avec lui ?

— Oui, bien sûr.

— Les médias disent qu'il est avec Lee Hayoon.

— C'est pour de faux.

— Communication ? suggéra-t-il, et j'acquiesçai.

— Communication.

Il hocha la tête, avant de porter la paille de son cocktail verdâtre à ses lèvres. Sa gorgée sembla le ravir si j'en croyais son expression, puis il rajouta simplement :

— Et ça se passe bien, avec lui ?

— Oui...

Je me figeais soudain un instant. Ça se passe bien avec lui ? Oui, non... À vrai dire, je n'étais pas si sûr de ma réponse et je crois que c'est ce qui m'ébranlait le plus dans cette histoire.

Oui, ça se passait bien : je l'aimais, il m'aimait, et j'étais l'homme le plus chanceux d'être à ses côtés.

Non, ça ne se passait pas bien. Il n'était jamais là. Il avait annoncé au pays entier qu'il était amoureux d'une autre et ça me blessait plus que je ne voulais le montrer. Il était tellement obnubilé par les médias que souvent, ça me donnait l'impression que je ne comptais pas vraiment à côté de son métier. Et je me sentais affreusement délaissé.

Alors oui, non...

Je n'en savais rien.

Yeonjun du lire le trouble dans mon regard, puisqu'il rajouta avec un petit sourire compréhensif :

— Pas toujours top top, hein ?

— Non, pas toujours...

Je soupirai. Ma vie aux côtés de Taehyung ressemblerait pourtant à une idylle pour la plupart des gens, alors je ne me sentais pas vraiment légitime de m'en plaindre. Pourtant, la présence de Yeonjun et l'atmosphère de confiance dans laquelle il me mettait me donnait envie de parler, et je me surpris à développer :

— En fait, c'est un peu compliqué en ce moment... Il bosse beaucoup parce qu'il est sur le rush d'un tournage, et moi, j'enchaîne les échecs dans ma vie.

— Tu veux parler des refus d'emplois ?

— Tu n'as pas idée de combien j'ai essayé, Jun'. Et même, il y a la fac aussi... J'ai juste l'impression de tout foirer, et ça me les brise.

Il acquiesça légèrement, l'air compréhensif.

— Et quel est le rapport avec Taehyung ?

Sa question me troubla à nouveau. Elle était anodine, pourtant, et il l'avait prononcé d'un ton doux et pas du tout insistant. Mais elle me mettait face à une question que je m'efforçais d'ignorer en permanence : pourquoi, quand je parlais de Taehyung et de ma relation avec lui, je dérivais sur mes échecs personnels ?

Je n'avais pas besoin de chercher la réponse, en réalité. Je la connaissais. Je m'efforçais juste de ne pas y penser, parce que c'était désagréable, et qu'il était tellement plus facile de me persuader que tout allait bien dans ma vie.

— ... Le truc, commençai-je à demi-mots, c'est que je me sens totalement dépendant de lui. Financièrement parlant, j'entends. Il paye tout alors que moi, je ne gagne rien. Je ne peux pas me faire des vacances sans lui demander de l'argent. Les repas, les fringues, le moindre matériel, c'est lui qui le paye. Et même quand j'essaye de lui faire un cadeau, je me sens ridicule, parce que je sais très bien qu'il aurait pu se l'offrir tout seul comme un grand. Je ne peux pas...

Je baissai mes yeux sur mon chocolat chaud fumant, et avouai du bout des lèvres :

— J'ai l'impression que je ne peux rien faire, sans lui...

Yeonjun me lança un regard compatissant. Il reposa son verre, dans un geste qui voulait dire qu'il m'accordait toute son attention, et lança face à mon aveu :

— Je comprends. Pour être honnête, à ta place, je n'aurais pas supporté. Tu lui en as parlé ?

— Plusieurs fois... Il me dit que je suis jeune, que je n'ai pas encore à bosser, et que je ferais mieux de profiter de ça.

Face à moi, le mannequin leva les yeux au ciel.

— Ton Taehyung, là, il faut lui expliquer la différence entre être un parent et un copain. Ok, les parents donnent souvent de l'argent à leurs enfants quand ils rentrent dans le supérieur pour les aider, certains te diront même que c'est leur rôle... Mais dans un couple, franchement. C'est mieux d'avoir chacun son indépendance financière. Imagine vous vous séparez-

— Parle pas de malheurs.

— Bah quoi ? insista Yeonjun. Ça pourrait arriver, non ?

— Non.

J'étais sérieux. J'aimais Taehyung, et pour rien au monde je ne le quitterai. Sans lui, ma vie perdrait tout son sens. Il était pour moi le premier et le dernier, et je ne nous imaginait pas autrement qu'ensemble, à 30ans, 40ans, 60ans... C'était avec lui que j'avais décidé de construire mon avenir et l'idée même de me séparer de lui me donnait des sueurs froides.

En face de moi, Yeonjun fit une petite moue, vraisemblablement peu satisfait de ma réponse.

— Ne sois pas si catégorique. On ne sait jamais de quoi sera fait l'avenir.

— Et bien, pour l'instant, je n'ai aucune envie de le quitter.

— J'entends.

— Et demain non plus, l'année prochaine non plus, dans dix ans non plus...

Yeonjun lâcha un petit rire, se réadossant dans son dossier :

— La vache, t'es vraiment piqué toi.

— Et toi, t'es juste jaloux parce que t'es célib et que t'arrives pas à garder une copine plus de deux semaines.

— Ah, balle perdue pour ma poire. J'admets, j'admets.

Son ton léger m'arracha un sourire à mon tour, et je me détendais sur le sujet qu'on venait d'aborder, plus à l'aise, et étonné de constater à quel point le simple fait qu'il évoque une potentielle rupture entre Taehyung et moi m'avait crispé. C'était presque... trop.

Un instant, rien qu'une petite seconde, je m'autorisais à songer à quoi ressemblerait ma vie si son scénario – catastrophe – venait à arriver, et ce que j'y entre-aperçu me donna le vertige. Je n'aurais plus de logement, et je retournerai probablement vivre chez mon père, n'ayant aucune source de revenu. J'arrêterai probablement la fac, comme je comptais même déjà le faire. Et après ? Je ne ferai rien. Je cesserai sûrement de voir Yoongi et Minjee. Je me retrouverai seul face à mes échecs et ma recherche d'emploi. Seul face au monde. Face à cette vie d'adulte qui m'était tombée dessus sans que je ne la demande vraiment.

Et, plus que tout, il me semblait soudain que je serais affreusement vide.

Je réalisais avec une certaine forme de malaise que quelque part, je n'existais qu'à travers Taehyung. Du côté matériel, certes, mais pas que. En tant que personne aussi. À part mes amis, personne ne me voyait simplement comme Jeon Jungkook ; la grande majorité me voyait comme l'ami ou le copain de Kim Taehyung. À leurs yeux, je ne valais rien de plus. Il n'y avait qu'à voir comment s'était déroulé mon dernier entretien d'embauche désastreux.

Cette prise de conscience me noua désagréablement l'estomac, et je m'empressai de faire taire ces pensées et de les mettre dans un coin bien fermé de ma tête, comme d'habitude. Il fallait que je me concentre sur l'important. L'essentiel. Mon couple avec Taehyung, et ma recherche d'emploi, qui d'un coup, me semblait plus urgente que jamais.

Je crois que j'avais besoin de m'émanciper. D'exister par moi-même pour une fois, et non par l'intermédiaire de sa personne.

— ... Tu fais une drôle de tête, fit remarquer Yeonjun face à mon nouveau silence.

Je sortais une seconde fois de mes pensées, et les balayai d'un geste de main.

— Je pensais à des trucs.

— Quoi comme trucs ?

— Ma recherche d'emploi, tout ça tout ça... Rien d'important. Je ne vais pas t'embêter avec davantage.

— Tu ne m'embêtes pas, hyung.

Évidemment. Rien n'embêtait Choi Yeonjun. Ce gamin paraissait aussi inébranlable qu'une montagne, et ce, depuis le lycée. Il avait essuyé un nombre ahurissant de moqueries pour son style sans que jamais aucune ne semble heurter son ego. Pour bien des points, dont celui-ci, je devais avouer que je l'admirais.

Il parut soudain avoir une idée, et il sortit son téléphone de sa poche en me lançant un petit « attends ». Je l'observais faire, curieux, tandis qu'il ouvrait Instagram en cherchant je ne sais quoi dans la barre de recherche. Il me le tendit finalement sous le nez, et expliqua devant ma mine dubitative face au compte d'une créatrice de mode qui était affiché :

— Je connais cette fille là, c'est une bonne pote à moi ! L'autre jour elle m'a envoyé un message pour me demander si je pouvais poser pour sa nouvelle collection, mais avec mon contrat avec Celine, j'ai dû refuser. Je peux te proposer si tu veux. Elle paye bien.

Je le regardais, confus. Je n'étais pas sûr de comprendre où il voulait en venir.

— Me proposer... Moi ?

— Ouais !

— En tant que mannequin... ?

— Pourquoi pas ?

— Mais tu m'as regardé ?

Il posa deux yeux blasés sur moi, et redescendit son téléphone de mon visage.

— Sérieusement ? demanda-t-il en arquant un sourcil.

— Quoi... ?

— T'as déjà croisé un miroir dans ta vie ouuuu ?

Je lui flanquai un petit coup de pied dans le mollet sous la table. Son ton dérisoire allait finir par me vexer s'il commençait à parler de mon apparence, alors je lui fis remarquer en fronçant les sourcils :

— Je suis sérieux.

— Mais moi aussi ! Franchement mec, t'es plutôt mignon comme gars. Pour ne pas dire carrément bg. J'aurais probablement tenté de te pécho si j'avais voulu tenter une expérience avec un mec et si c'était pas trop chelou parce que t'es sur ma liste de potes. Je suis sûr que mon amie serait ravie d'avoir un modèle comme toi.

Le rouge me monta aux joues sans que je ne puisse rien y faire, et je tentais de fuir la conversation en prenant une gorgée de mon chocolat chaud – désormais tiède.

— Arrête de dire des conneries...

— Je dis pas des conneries. Je te donne mon avis de professionnel du milieu.

— C'qui faut pas entendre... ricanai-je en levant les yeux au ciel.

— Mais vraiment. C'est pas parce que tu vis à côté d'un des hommes les plus convoités de toute la Corée que ça t'enlève ton charme personnel, tu sais.

Je haussai les épaules, un peu gêné. Je n'avais pas spécialement l'habitude des compliments venant d'autres personnes que Taehyung, et disons que Yeonjun avait une manière de le dire assez... Frontale.

Avalant une nouvelle gorgée de ma boisson pour gagner un peu de temps, je la reposais finalement en éludant le sujet :

— De toute manière, que je sois beau ou non, c'est pas la question. Je veux faire de la photo, moi, pas du mannequinat.

— Sauf qu'en attendant, ça te permet d'avoir un boulot rapide et de faire un premier pas dans ce milieu.

— Ouais, mais... Je sais pas. Exposer mon image, tout ça, ça me met mal à l'aise. Ce n'est pas ce que je veux.

À vrai dire, c'était même un peu plus que ça : ça me terrifiait presque. Vivre avec Taehyung, dont le visage était exploité et analysé dans le moindre des magazines people ou sur chaque post de réseau sociaux, m'avait bien montré à quel point il y avait plus d'inconvénients que d'avantages à se faire connaître. On le reconnaissait dans la rue, on l'embêtait quand il voulait simplement promener Yeontan, on le mitraillait de photos dans ses moments de vie privée... Je ne voulais pas de ça.

Et bien que c'était clairement très peu probable que ça m'arrive en posant simplement pour cette amie de Yeonjun, la seule idée d'exposer mon apparence ainsi me donnait une désagréable sensation d'inconfort. J'avais trop de personnes dans mon entourage, entre Taehyung, Jimin, et même le plus jeune en face de moi qui subissaient ça au quotidien pour savoir de quoi il relevait, et j'y avais suffisamment assisté pour ne pas avoir envie que ça m'arrive à mon tour.

— C'est pas pour moi, tout ça, concluais-je à mon cadet.

Yeonjun haussa les épaules, et rangea son téléphone dans sa poche.

— Comme tu veux, lança-t-il simplement. Réfléchis-y quand même, et dis moi si tu changes d'avis. Je te mettrai en contact avec elle.

— Hm. Merci.

— C'est normal.

Il m'adressa un beau sourire, puis dériva la conversation sur un sujet lunaire d'une théorie stupide qu'il avait inventé comme quoi le monde entier tournait autour du chiffre 12, et que chaque chose y était reliée. Très appliqué dans ses conneries, il s'appliqua même à me le démontrer en prenant les chiffres sur les plaques d'immatriculation des voitures garées non loin de là pour les arranger, les additionner, le soustraire, les diviser et les multiplier de façon à ce qu'ils aient 12 comme résultat. Et le pire, c'est qu'il y arrivait le con. Je devrais rajouter « génie de calcul mental sur des sujets très bêtes » à toutes les choses improbables qu'était le plus jeune.

Mais au final, ça me fit bien rire, et on recommanda une nouvelle boisson et deux viennoiseries pour faire en sorte que l'addition nous revienne à 12 euros et des poussières, avant de régler le tout très fiers de nous.

Je le quittai sur cette note absurde, de bonne humeur, content de l'avoir revu.

Sur le trajet qui me séparait de notre appartement à Taehyung et moi, je laissais glisser mon regard sur toutes les plaques d'immatriculation, et tentais à mon tour de me prêter à son jeu ; sans grande réussite. Soit il était vraiment un génie du calcul, soit sa théorie bancale ne tenait pas la route. Mais c'était amusant, et surtout, ça m'empêchait de penser.

Parce que si cette entrevue avait été globalement agréable et positive, j'en ressortais malgré moi avec des nouvelles pensées intrusives qui ne se gêneraient pas pour venir gambader dans mon cerveau...


__________



En arrivant à l'appartement, je me retrouvais pris d'une soudaine volonté de tirer une bonne fois pour toute un trait sur les légères tensions qui planaient entre Taehyung et moi depuis notre week-end. J'avais envie que les choses se passent bien, et j'étais prêt à mettre tout en œuvre pour que ça arrive.

Ainsi, dès que l'heure du repas approcha, je m'affairais à préparer un bon plat plus compliqué que les classiques nouilles, pâtes et riz que je servais tous les soirs à mon copain, me tournant cette fois-ci vers une recette de kimchi que j'avais déniché sur internet. Et ce ne fut pas tâche aisée. Entre ma maladresse habituelle qui manqua une bonne dizaine de fois de tout faire tomber par terre et Yeontan qui trainait dans mes pattes en me faisant des croches pieds parce que je lui avais manqué, c'était presque un miracle que j'arrive à aboutir à un plat.

Mais il était là, et j'étais fier de moi. Ça avait même l'air pas trop dégueu.

Taehyung rentra pile à temps pour déguster le met encore chaud, et – tradition oblige –, on se posa tous les deux sur le canapé, le bol brulant entre nos mains, et une série quelconque sous les yeux. Je ne pus m'empêcher d'être particulièrement content de voir qu'il avait tout dévoré. Il me félicita même plusieurs fois pour ma préparation, ce qui m'arracha un sourire particulièrement niais.

L'ambiance agréable de nos soirées était de retour, pour mon plus grand bonheur ; elle éclipsait toutes mes mauvaises pensées et mes désagréables interrogations.

Malheureusement, cette fois encore, elle ne dura pas.

Alors que j'étais pourtant résolu à lui pardonner son comportement des deux derniers jours et à passer à autre chose, il me lança quelques mots en rangeant ses affaires dans le lave vaisselle qui suffirent à anéantir toute ma bonne volonté d'un coup :

— Je ne serai pas là, cette semaine. Avec l'équipe de tournage, on part demain pour Jeju, et on y reste jusqu'à dimanche.

Je me retournai vers lui, interrompant mes papouilles à Yeontan.

— Comment ça, tu pars demain ? demandai-je un peu sur le cul qu'il me l'annonce comme ça, la veille, alors que c'était clairement le genre de chose qui se prévoyait à l'avance.

— Je t'en avais parlé, je-

— Non, tu ne m'en avais pas parlé. C'est la première fois que j'entends cette histoire d'aller tourner à Jeju.

Ma voix s'était faite plus sèche que je ne l'avais réellement voulu. Mais cette simple annonce, pourtant pas si grave, faisait remonter en moi une colère que je ne comprenais pas. C'était venu d'un coup. Et je ne parvenais pas à le contrôler.

Je me sentais comme un con, mis devant le fait accompli, qui serait à nouveau abandonné dans cet appartement trop grand pour moi. Peut-être que la mention de Jeju jouait un peu aussi dans ma soudaine rancoeur ; c'était là-bas que les photos les plus compromettantes de nous avaient fuitées, et à cause desquelles mon copain avait mit en place toute cette stratégie avec son amie actrice.

En réalité, tout ceci n'avait pas grande importance. Sa simple phrase avait suffi à me mettre à fleur de peau, et je me sentais à deux doigts d'exploser.

Taehyung soupira devant mon ton qui annonçait souvent le début d'une dispute, et s'excusa simplement :

— J'ai dû oublier alors, pardon. Je te le dis maintenant.

Il se foutait de ma gueule. Vraiment, il se fichait de moi. Je ne voyais pas d'autre option.

Et la colère qui me crispait la mâchoire n'était cette fois-ci pas dirigée sur un sujet précis, ou sur un évènement précis ; non, elle était dirigée envers lui. Lui et toutes les putains d'histoires qu'il faisait à chaque fois que la presse prenait la parole sur nous, au point de pourrir les seuls jours où on avait l'occasion de se voir. Lui qui préférait se montrer aux bras d'une autre, comme si je lui faisais honte. Qui semblait me porter si peu de considération qu'il omettait de me préciser qu'il serait absent une semaine.

Mes pensées s'emballaient, et je ne cherchais même pas à les retenir.

Probablement que j'exagérais tout, qu'importe. Là, à l'instant, j'avais juste envie de lui foutre une tarte pour le secouer un peu.

— Maintenant ? répétai-je en haussant le ton, incrédule. Même pas 24h avant ton départ ? Sérieusement ?

— Qu'est-ce que tu veux que je te dise, Kook... soupira-t-il. J'y ai pas pensé.

Il s'approcha de moi, et lança en m'adressant ce qui se voulait être un petit sourire réconfortant :

— Ce n'est que une semaine. Ça va passer vite.

— Que une semaine, mais bien sûr ! Comme si c'était rien !

Un drôle de rire amer m'échappa, et je rajoutai :

— Quoique, en fait, t'as raison, ça change pas grand-chose. T'es jamais là de toute façon. Je verrai même pas la différence.

— Jungkook... grogna-t-il devant mon ton qui puait le sarcasme.

— Tu sais quoi, tu peux même y rester jusqu'à ce que t'aies terminé le tournage de ce putain de film ! J'en ai ras le cul de te voir en coup de vent et d'essayer de profiter un maximum de ces instants, alors que pour toi, ça vaut vraisemblablement pas grand-chose. Va plutôt te faire photographier aux côtés de ton amie actrice, là, tu seras plus heureux !

Je perdais les pédales. Les mots sortaient de ma bouche avant que j'aie eu le temps de les penser, et dans mon cœur, il n'y avait qu'une colère mêlée de douleur. J'étais blessé. Excessivement blessé face à la situation, sûrement. Mais je n'avais aucunement l'énergie de prendre le recul nécessaire pour me calmer.

Lui, il me regardait d'un air un peu confus, les sourcils froncés et les lèvres pincées. Cette simple expression m'agaça encore plus.

— T'emportes pas comme ça, commença-t-il d'une voix de reproche. Et arrête de tout exagérer à ce point, c'est ridicule. Tu sais très bien que c'est toi que j'aime, et pas elle.

— Ouais, ben tu ne le montres pas. Parfois j'ai juste l'impression de te faire chier et d'être un élément qui te gêne dans ta vie, cinglai-je, amer.

— Mais ça va pas de dire ce genre de choses ?

Ah, ça y est, il haussait le ton lui aussi. Il me suffit d'un regard à sa mâchoire crispée et à ses poings serrés pour savoir qu'il était énervé à son tour, et que la discussion allait encore monter dans la voix, jusqu'à devenir une grosse dispute.

Je n'étais pas sûr d'en avoir la force. J'avais envie de tout lui balancer à la gueule, oui, mais l'idée même de devoir supporter un nouveau conflit avec lui me vidait de toute mon énergie. Ironique, quand on prenait en compte que c'était moi qui avait commencé à lui prendre la tête.

Face à ça, j'inspirais donc profondément, et maugréai en me redressant :

— Tu sais quoi, j'ai pas envie de parler ce soir. Je monte dormir.

Sur ces mots, je me dirigeais vers les escaliers sans attendre, sourd à ses protestations et à ses nombreuses appellations dans lesquelles l'irritation grandissait de plus en plus. Il me suivit devant mon ignorance, et gueula d'en bas de l'escalier, cette fois-ci vraiment énervé :

— Jungkook, je suis sérieux ! Redescends !

— Fous moi la paix !

Je claquai très fort la porte de la chambre, espérant qu'il l'entende. Après ça, ses jurons retentirent dans l'appartement, mais il ne monta pas ; il me laissa seul, comme je lui avais demandé. 

Seul, une nouvelle fois.

Je laissai échapper un long soupir épuisé, et me roulai en boule sur le lit sans attendre. Ça n'allait pas. Je ne me comprenais plus. Je n'arrivais pas à saisir d'où venaient ces émotions qui sortaient parfois d'un coup ces derniers temps, et j'avais du mal à assimiler comment j'étais censé les gérer.

J'avais envie de pleurer, de m'énerver, de l'insulter, de le serrer fort dans mes bras.

Tout ça et plus encore à la fois. Et c'était désagréable, très désagréable. Je sentais que quelque chose dérapait, sans savoir quoi exactement, et sans pouvoir trouver comment régler le problème.

Je me sentais impuissant.

Inutile.

Épuisé.

Abandonné.

Et toutes ces émotions qui vivaient en moi commençaient à me pourrir les pensées.

Je ne su pas combien de temps je restai là, allongé dans le lit en serrant rageusement un oreiller contre moi, les larmes aux yeux et le cœur rempli de haine. Mais quand Taehyung finit par ouvrir la porte, ma colère avait eu le temps de retomber, et je ne me retournais pas vers lui pour lui sommer de me foutre la paix. Je me contentais de l'ignorer.

Lui tournant obstinément le dos, je l'entendis éteindre la lumière, avancer jusqu'au lit, et s'asseoir dessus après avoir tâtonné à la recherche de l'interrupteur de notre lampe de chevet, qu'il alluma rapidement. Son regard me brûla le dos un moment, mais je ne me retournais toujours pas. Si ma colère était partie, mon amertume, elle, était encore bien présente.

Il soupira, puis sa voix que j'aimais tant s'éleva doucement, venant choyer mes oreilles.

— Kook, je suis désolé.

Je ne répondis rien.

— J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit, tu sais. Je ne savais pas que tu te sentais aussi seul. Je ne veux pas que tu penses que tu ne me manques pas aussi, parce que ce n'est pas vrai. Je suis toujours sincèrement heureux de te voir en rentrant le soir.

Je sentis des doigts se glisser dans mes cheveux, s'enroulant délicatement autour de mes mèches. Ma gorge se noua à nouveau, sensible. Lui, il continua du même ton doux :

— Je te promets que c'est bientôt fini. Le tournage du film devrait être bouclé avant la fin du mois, et après, on profite rien que tous les deux. Ok ?

— Mh.

Ses caresses dans mes cheveux continuèrent quelques secondes, puis sa main glissa sur ma joue, avant de me faire tourner le visage vers lui. Je l'observais alors. Et les larmes me montèrent aux yeux.

Il n'avait pas changé. Il avait toujours cette mâchoire que j'aimais tant embrasser, toujours ce petit grain de beauté sur le bout du nez que j'adorais effleurer du bout des doigts, toujours ce regard dans lequel j'aimais me perdre des heures entières. Sans que je ne comprenne pourquoi, cette vision me fit mal.

Le cœur serré douloureusement dans ma poitrine, je le laissais venir m'embrasser, et me retourner doucement sur le dos. Je laissais sa main venir choyer ma joue, glisser contre mon cou, atterrir autour de ma taille. Je laissais chacun de ses contacts venir me réchauffer la peau, comme j'aimais tant qu'il le fasse.

Puis ses lèvres se firent plus insistantes, et la passion vint se mêler à la douceur. Elles dérivèrent sur ma mâchoire, tandis que ses doigts s'aventuraient sous mon tee-shirt, et je posai ma main contre son épaule pour le repousser.

— Pas ce soir, Tae.

Il me jeta un regard confus, mais n'insista pas. La chaleur de ses paumes laissa place à l'air frais de la pièce, et je réprimais un frisson de froid.

— Ok. Tu veux qu'on fasse un truc avant de se coucher ? proposa-t-il doucement.

— Non. Je veux juste dormir.

Il hocha lentement la tête, l'air de ne pas trop savoir comment réagir, hésitant sûrement à me prendre dans ses bras comme on en avait l'habitude ou non. Pour toute réponse, je lui lançai un petit « bonne nuit », et retournai m'enrouler dans les draps.

Il y eut un court silence. Puis, il me rendit mon bonne nuit, et je le sentis se coucher à côté de moi, sans un mot de plus.

Cette nuit-là, pour la première fois depuis des mois, je m'endormis en lui tournant le dos, sans avoir son bras autour de ma taille, ni ses cheveux qui venaient me chatouiller doucement la nuque. Mon cœur me faisait mal.


__________


Le lendemain matin, je trouvais le lit vide. En repensant à notre dispute, je me sentis particulièrement con, et mal pour Taehyung, que j'avais repoussé et ignoré toute la soirée. J'avais exagéré. Ma réaction avait été excessive, et maintenant, je m'en voulais ; cette fois-ci, c'était moi qui avais pourri le temps qu'on avait ensemble, pas lui.

Rapidement, j'enfilai un nouveau tee-shirt et un jogging, et descendis dans la cuisine où Taehyung était en train de se faire cuire un œuf, le regard dans le vague. Il sursauta quand je passais délicatement mes bras autour de sa taille pour venir me coller à lui, et je murmurai du bout des lèvres, honteux :

— Pardon pour hier soir...

La surprise passée, sa main vint recouvrir doucement la sienne contre son ventre.

— C'est rien.

— Non, vraiment. Je sais que ce n'est pas ta faute si tu dois partir une semaine à Jeju. C'est ton travail. Excuse moi. Je suis un peu tendu, en ce moment...

Il ne répondit pas tout de suite. Il se contenta de me décoller un peu pour pouvoir se retourner, et me prit dans ses bras pour m'attirer dans une étreinte dans laquelle je me perdais volontiers. Je prenais le temps de savourer la sensation de sa poitrine qui se soulevait au rythme de sa respiration contre la mienne, de ses bras autour de ma taille, de la chaleur de ses paumes contre ma peau...

Tout ce que je n'aurais pas cette semaine, et qui, je le savais déjà, me manquerai terriblement.








_____oOo_____

Voilà déjà la suite, comme promis ! 〜⁠(⁠꒪⁠꒳⁠꒪⁠)⁠〜

On se retrouve avec un chapitre un peu plus long, et un peu riche en émotion pour Jungkook... :/ Et ce n'est que le début haha, les choses ne vont pas forcément aller en s'arrangeant T^T

J'espère que ça vous a plu quand même, et n'hésitez pas à donner votre avis, c'est toujours motivant pour quelqu'un qui écrit ! ᕦ⁠ʕ⁠ ⁠•⁠ᴥ⁠•⁠ʔ⁠ᕤ

Au passage, je suis curieuse : vous en avez pensé quoi, de Yeonjun ? 👀

Et vous avez des idées pour la suite ou pas ? 👀

Bref, voilà voilà, je vous dis à bientôt pour la suite !

Un grand merci de me lire ♡♡

( Et merci à __un_cafe_ et Anevy_de_Girondif pour la correction de ce chapitre ♡ )

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