Ce que je craignais a eu lieu, et maintenant, je pouvais clairement le dire : les paparazzis avaient complètement gâché notre voyage. La journée que nous aurions dû passer à visiter le musée de Donghwasa joyeusement avait été remplacé par une journée à marcher d'un air crispé dans les rues à la recherche d'un musée plus petit où il y aurait moins de monde – d'après les dires de Taehyung –, mais finalement, nous n'étions même pas allés à ce dernier. Il avait préféré rebrousser chemin et rentrer dans notre petit Airbnb quand une jeune femme, bien qu'adorable, était venue lui demander timidement un autographe.

Depuis, il était assis sur le canapé à pianoter sur son téléphone avec je ne sais qui, tirant une gueule de 42km de long, et regardant par la fenêtre à chaque fois que j'avais le malheur d'amorcer un geste d'affection comme s'il y allait y avoir un photographe prêt à nous prendre en flagrant délit à chaque instant.

Bref. Un plaisir.

Autant vous dire que l'ambiance de notre fin de week-end n'avait pas été celle espérée.

Quand finalement était venue l'heure de rendre les clés de la petite maison, c'est triste à dire, mais ça avait presque été un soulagement. Pour lui comme pour moi. La seule différence, c'est que lui, il ne s'était pas caché pour le montrer, et c'était un tantinet vexant. Je voulais bien que ces histoires de média lui pèsent sur le système, mais tout de même, il pourrait essayer de ne pas me faire subir à ce point sa mauvaise humeur. Si je lui faisais la gueule à chaque fois que j'avais la moindre petite contrariété, on ne serait pas rendus.

Toujours est-il que là, assis à côté de lui dans sa voiture dans laquelle il régnait un silence de mort parce qu'il avait refusé de mettre de la musique, j'étais irrité, moi aussi. Triste et agacé. J'avais envie de parler avec lui, de profiter un maximum du temps qui nous restait tranquille, mais à côté, ses sourcils froncés et son air concentré sur la route m'en dissuadaient. Je crois que ça me soûlait d'autant plus que dès demain matin, il repartirait bosser, et que je ne ferais à nouveau que le croiser en coup de vent le soir. J'avais hâte qu'il termine enfin son film.

D'une main incertaine, je la posais contre sa cuisse, et il me décrocha un petit coup d'oeil avant de réorienter son attention sur la route sans rien dire. Voyant que ce ne serait pas lui qui amorcerait une tentative de discussion, je lâchai finalement :

— Ça va ?

Question rhétorique. J'espérais juste qu'il la saisisse pour s'ouvrir un peu et arrêter de ruminer tout seul sa mauvaise humeur.

— Hm.

... Bon. Vraisemblablement, je me fichai un doigt dans l'œil.

— Tu commences à bosser à quelle heure, demain ?

— Dix heures.

— C'est cool, c'est pas trop tôt. Tu voudras qu'on se regarde un film ce soir ?

— Je sais pas. On verra.

À sa nouvelle réponse froide, je ne pus m'empêcher de lâcher un petit soupir agacé. Il ne passa pas inaperçu, puisque Taehyung tourna un instant la tête vers moi pour demander :

— Quoi ?

— Quoi, quoi ?

— Pourquoi tu soupires comme ça ?

— Parce que tu fais la gueule depuis hier soir, et que c'est plutôt pénible.

Ses mains se crispèrent un peu autour du volant.

— Je ne fais pas la gueule, répliqua-t-il.

Non, bien sûr. Et moi j'étais la reine d'Angleterre.

Devant mon silence éloquent, il soupira à son tour, et rajouta finalement :

— Écoute Kook, c'est pas contre toi ok ? Je suis juste fatigué. Ces histoires de paparazzis me pompent l'air et j'ai besoin de me reposer.

— Se reposer, c'était un peu le but de nos vacances... maugréai-je en guise de réponse, les bras croisés contre ma poitrine.

— Sauf que je ne peux pas me détendre avec toi quand je sais qu'on nous épie comme ça. Ce n'est pas ça, se reposer.

Cette fois-ci, je lâchai un petit rire jaune. Je ne sais pas s'il se rendait compte d'à quel point sa phrase pouvait être blessante.

— Alors quoi ? répliquai-je. Tu aurais préféré profiter de tes jours de congé sans moi ?

— Kook...

— Laisse tomber.

Je portais mon regard derrière la fenêtre, vexé. J'étais ravi de voir à quel point il semblait heureux d'être avec moi. À croire que j'étais le seul à être si content de nos vacances. Apparemment, il suffisait d'un paparazzi pénible pour que ma présence soit une gêne. Super.

— Jungkook, s'il te plaît, tu sais très bien que ce n'est pas ce que je voulais dire...

Je l'ignorai, blessé. Le fait que je ne daigne même pas lui adresser un regard lui arracha un soupir, et après quelques minutes à rouler dans le silence, il quitta l'autoroute pour s'arrêter à une aire. Il gara la voiture, et se retourna totalement vers moi.

Ce fut sa main contre ma joue qui m'incita à retourner la tête vers lui, et je fis alors face à son visage désolé. Après un rapide tour de regard autour de nous – évidemment –, il posa ses lèvres contre les miennes, puis me lança doucement :

— Aller, arrête de bouder Kook. Tu sais bien que ce n'est pas toi le problème.

Et oui, je savais. Je ne pouvais pas le nier. Techniquement, je savais très bien ce que Taehyung avait voulu sous-entendre en disant ça, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'être blessé quand même. Ou surtout dégoûté, en fait. Dire que sa prétendue relation avec son amie actrice était censée nous permettre de passer du temps ensemble en ayant moins peur des journalistes... Tout ce que je constatais, c'est que ça ne changeait rien à son comportement. Il était toujours aussi désagréable après la moindre fuite de photo.

Ok, c'était pénible, ok, ça faisait chier ; mais il n'y avait rien eu de compromettant et je trouvais qu'il avait franchement abusé en pourrissant notre dernière journée comme ça alors que les spéculations sur un potentiel couple entre nous étaient censées s'être étouffées avec sa stratégie. J'avais la désagréable impression d'avoir pris sur moi pour rien.

— Tu vas tirer la tête encore longtemps ?

— C'est bon, maugréai-je. Ça va, je t'en veux pas.

Je ne sais pas si c'était tout à fait vrai. Mais je n'avais pas envie de me disputer avec lui, et contrairement à d'autres, je voulais juste profiter un maximum du temps qu'on avait ensemble. Alors, pour terminer de le convaincre, je lui flanquai un petit baiser sur ses lèvres à mon tour, lui souriant doucement.

— Repartons. On va arriver tard, sinon.

Il hocha légèrement la tête, et m'adressa un sourire lui aussi qui ne parvint pas à faire taire mon amertume. Il redémarra la voiture, avant de la relancer sur l'autoroute sans attendre.

— Dis, Tae.

— Ouais ?

— On peut vraiment pas mettre de la musique ?

Il y eut un petit silence, puis il me dit que « si, bien sûr » et sortit son téléphone pour le connecter à la voiture. Je lui pris des mains pour qu'il puisse pleinement se concentrer sur la route, et choisissais la première musique que je croisais, montant le volume assez fort pour étouffer nos voix. Le regard rivé sur le paysage qui défilait derrière la fenêtre, le cœur lourd et l'humeur maussade, je n'attendais qu'à revoir notre canapé pour me vautrer dedans.

Je n'avais pas envie de parler.

__________

Nous étions de retour dans notre grand appartement de Séoul, et déjà, en songeant aux heures que j'y passerai seul, je regrettais la chaleur du petit Airbnb de Daegu. Il n'y avait même pas les petits jappements de Yeontan pour nous accueillir comme d'habitude : le petit chien avait été confié à Yoongi le temps de nos minuscules vacances, et il faudrait que j'aille le chercher demain. En attendant, il n'y avait que la froideur des murs blancs et de tout le reste parfaitement rangé. Si d'habitude la présence de Taehyung suffisait à me faire oublier la décoration clairement pas à mon goût, cette fois-ci, j'avais bien du mal à passer outre.

Allongé sur notre grand lit pendant qu'il faisait la vaisselle en bas, je trainais sur mon téléphone, tentant de trouver un truc à faire cette semaine quand que mon copain sera – encore – absent. Je tentai de proposer à Namjoon de se voir le lendemain, mais il me dit que ça risquait d'être compliqué, et qu'il avait des horaires pas très pratiques. Mina était rentrée de sa famille, mais elle avait l'anniversaire d'une copine de la fac, et je connaissais bien trop peu cette dernière pour m'incruster à sa fête. Quant à Minhyunk et Seojoon, il était déjà prévu que je les vois le week-end prochain. Et Jimin, je ne voulais même pas y penser.

Après avoir donc épluché tous mes messages, j'allais traîner dans mes mails ; très mauvaise idée. Je tombais sur la réponse à un entretien d'embauche que j'avais passé plus tôt dans le mois, et qui était, sans surprise après autant de temps, négative. Ça me gonflait. Toute cette longue journée me gonflait.

C'est dans ce moment où je commençais à désespérer que je reçus un message, qui m'éblouit presque par son enthousiasme et tant il tombait à pic. C'était Yeonjun, qui était rentré de ses shootings, et qui me proposait qu'on se voit – avec beaucoup trop de points d'exclamation, mais c'était agréable. Je lui répondis rapidement que c'était avec plaisir, et on fixa un rendez-vous le lendemain en fin de soirée, après que j'ai récupéré Yeontan.

Taehyung rentra dans la pièce en même temps que je validais le rendez-vous, et il demanda en retirant son tee-shirt :

— Tu parles à qui ?

— Yeonjun.

Je levai la tête vers lui, l'observant se mettre en tenue de sommeil avant de me rejoindre.

— Il est rentré sur Séoul, alors on va se prendre un petit café demain.

— Cool.

En vérité, Taehyung ne connaissait quasiment pas mon cadet. C'était une connaissance du lycée, et si j'avais tenté au début de notre relation de l'introduire à Namjoon et à Jimin, je n'avais jamais été assez proche de Yeonjun pour vouloir lui présenter l'acteur, qui acceptait déjà de rencontrer mes amis à reculons à cause de sa célébrité.

Taehyung s'allongea dans mon dos, et passa un bras autour de ma taille par automatisme.

— Tu passeras le bonjour à Yoongi et à Minjee pour moi, demain, murmura-t-il doucement.

— Hm. Il ne vient pas bosser ?

— Non. Sa fille est malade, donc il préfère rester avec elle.

— Professionnalisme, tu parles... lançai-je pour l'embêter. Tu resterais à la maison si j'étais malade ?

Taehyung pouffa légèrement, et me retourna sur le dos pour pouvoir me faire face, adossé contre son avant bras.

— Tu n'as plus 1 an, Kook.

— Dommage.

Je haussai simplement les épaules, pas d'humeur à aller plus loin dans les taquineries ce soir. On s'échangea un petit baiser, puis j'éteignis la lumière, et nous nous couchèrent en attendant que le sommeil vienne nous cueillir.

Finalement, nous n'avions pas regardé de film.

__________

— Eunha, repose ça !

— Ga !

— Yoongi ! Va récupérer ce bouchon avant que ta fille ne le gobe !

— J'y vais, j'y vais...

Ça, c'était la situation à peine quelques secondes après que je sois arrivé chez le réalisateur – aka le meilleur ami de mon mec – et sa compagne pour récupérer Yeontan. Leur petite fille d'un an et des poussières venait d'apprendre à se hisser sur ses pieds, et vraisemblablement, elle en profitait déjà pour faire des bêtises. Confus, je regardai Yoongi accourir jusqu'à la gamine pour lui arracher l'objet dangereusement petit qu'elle tentait maintenant d'avaler, puis je l'observai se mettre à pleurer excessivement fort parce qu'on l'avait privée de son jouet.

— Je croyais que Eunha était malade ? hasardai-je à Minjee, qui était venue m'ouvrir la porte.

— Elle va mieux depuis ce matin. Elle court partout, à croire qu'elle compense toute l'énergie qu'elle n'a pas pu dépenser.

Minjee était une jeune femme franchement sympa, que Yoongi connaissait depuis un moment mais avec qui il s'était mis en couple seulement quelques mois après Taehyung et moi. Je me demandais toujours comment elle faisait pour supporter le tempérament franchement discutable du réalisateur, mais ils semblaient heureux, et ça me touchait de les voir construire leur petite famille avec leur fille. Ils étaient mignons, tous les trois.

Aux pleurs de la petite Eunha vint alors se rajouter le jappement excité de Yeontan qui venait sautiller à mes pieds après avoir reconnu mon odeur, et je m'accroupis pour lui faire une petite caresse.

— Salut toi.

Il m'y répondit par un petit aboiement, et je passais mes mains sous son ventre tout poilu pour le soulever et le prendre dans mes bras.

— Bonjour à toi aussi, Jungkook, fit alors la voix aigrie de Yoongi tandis qu'il berçait – vainement – sa fille pour tenter de la calmer.

Je levai les yeux au ciel, amusé, et m'avançais dans la pièce après un petit sourire échangé avec Minjee.

— Bonjour Yoongi. Et coucou Eunha, t'as bien grandi dis donc depuis la dernière fois !

En m'apercevant, la petite fille cessa net de pleurer, et s'accrocha fermement à son papa en me regardant fixement avec un regard méfiant. Soit. Je vois. Elle avait encore oublié mon existence en quelques semaines. Je ne m'en formalisai pas plus que ça et lui envoyai un beau sourire, tandis que cet aigri de Yoongi râlai :

— Il faut vraiment que Taehyung et toi cessiez avec cette manie vexante de saluer le chien avant moi. Je vais finir par être vraiment blessé.

Pour toute réponse, je lui tirai gaminement la langue, et il sembla profondément me juger. Eunha sourit dans ses bras et me tira la langue à son tour en faisant des bruits bizarres. La joie de sa petite fille ellipsa directement sa contrariété ; trop facile. Il était devenu bien moins effrayant depuis qu'il était papa.

Minjee arriva derrière moi, et proposa gentiment :

— Tu veux boire un truc ?

— C'est gentil, mais je vais pas traîner. J'ai un ami qui m'attend pour aller boire un verre.

— Pas de soucis. On se posera un autre jour.

Je lui souris, reconnaissant, et demandai tandis que la bête se mettait à gigoter dans mes bras :

— Ça s'est bien passé avec Yeontan ?

— Très bien ! Eunha s'entend à merveille avec lui, rigola Minjee.

Yoongi étant Yoongi, il ne put s'empêcher de râler en rajoutant :

— Très bien, si on oublie que ce chien a pissé sur le tapis de la salle de bain.

— Bien joué Yeontan, chuchotai-je à la petite boule de poils qui s'agitait dans tous les sens contre moi.

— Eh !

Minjee rit, tandis que Yoongi me jetait un regard d'avertissement tout en reposant sa fille au sol, qui n'attendit pas une seconde avant d'aller marcher et rejoindre les figurines qui reposaient dans un coin. Je la suivis du regard avec une certaine tendresse, puis lançai au réalisateur :

— Au fait, Tae te passe le bonjour. Et à toi aussi, Minjee.

— Tu lui rendra, sourit la jeune femme. Attends, je vais te chercher toutes les affaires de Yeontan.

Je hochai la tête, la remerciant du regard, et reposais finalement le petit chien qui se débattait comme un beau diable. Il trottina sans attendre jusqu'à Eunha, qui perdit l'équilibre et tomba sur ses fesses dans un petit « boum », qui heureusement pour mes oreilles, ne lui arracha aucun pleurs. Elle se contenta d'articuler des syllabes sommaires en jouant avec les poils de Yeontan. Et d'ailleurs, ce dernier était étonnement agréable. Habituellement, il était plutôt du genre snob, à te regarder de haut avec un air jugeur et à t'ignorer quand tu réclames un peu d'affection.

Ils étaient mignons, tous les deux. J'avais un sourire niais sur le visage rien qu'à les regarder.

— Alors, ces vacances ? me demanda Yoongi en couvant lui aussi sa fille d'un regard tendre. Ça s'est bien passé ?

— Ça peut aller. Le premier jour était cool, mais des journalistes ont fait fuiter des photos et ça a mis Tae de mauvaise humeur jusqu'à la fin du séjour...

— Je sais. C'était pour ça que je demandais.

Je haussai les épaules. Je n'avais jamais été très proche de Yoongi, bien que nos relations se soient drastiquement améliorées comparées au début, quand j'avais commencé à côtoyer l'acteur. Maintenant, on s'entendait bien et on ne tirait plus la gueule quand l'un était dans la même pièce que l'autre, et c'était tout ce qui comptait. C'est juste que ce n'était pas quelqu'un à qui je me sentais de me confier. Il était trop proche de Taehyung, trop fusionnel avec lui, et j'aurais l'impression que le moindre de mes mots remonterait aux oreilles de mon copain.

Je préférai donc ne pas rentrer dans les détails quant à mon ressenti sur nos vacances.

Minjee arriva quelques minutes plus tard avec la litière, les croquettes et la gamelle, et je la remerciais en mettant le tout dans mon sac à dos. Je passais les cinq minutes suivantes à courir après Yeontan pour lui passer la laisse sous le regard rieur de Eunha qui semblait bien s'amuser de cette sale bête qui me faisait tourner en bourrique. Puis quand enfin je pus récupérer le petit chien, je saluai toute la petite famille, leur disant à bientôt. Je me doutais bien que je les reverrai dans pas trop longtemps ; Taehyung se démerdait toujours pour organiser des petites soirées avec son meilleur ami et sa famille, il était totalement gaga de la petite.

Finalement, quand je quittai leur appartement, il ne me restait qu'une petite heure avant mon rendez-vous avec Yeonjun, et le temps de repasser chez moi pour y déposer Yeontan, je ne risquai pas d'être en avance.

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Coucou tout le monde, voici la suite ! 〜⁠(⁠꒪⁠꒳⁠꒪⁠)⁠〜

C'est un petit chapitre de transition très court, alors le chapitre 10 arrivera exceptionnellement dès mercredi ;D

En attendant, c'est un peu tendu du côté du taekook, et oui, Yoongi est maintenant papa dans ce tome 2 ! :3

J'espère que ce chapitre court vous aura plu quand même, n'hésitez pas à donner votre avis ^^ Ce n'est pas celui dont je suis le plus fière, mais bon :')

Et du coup, je vous dis à dans trois jours pour la suite ᕦ⁠ʕ⁠ ⁠•⁠ᴥ⁠•⁠ʔ⁠ᕤ

( Un grand merci à Anevy_de_Girondif et à __un_cafe_ pour la correction de ce chapitre !  ♡♡ )