Je passe le torchon sur la table humide, et frotte mes mains sur mon tablier blanc, couvert de tâche de tout type d'alcool. Je ferme les yeux, et respire longuement. Mes ampoules me font souffrir. Je sais que je saigne des pieds à cause des escarpins que je suis obligée de porter pour mon service. Je termine dans une heure. Mon dos me fais me tordre sur moi même. Je tire sur ma nuque, et replace mes cheveux correctement.

« Roxanne ! La table quatre voudrait huit bières blondes ! Et pas dans trois heures ! » Me crie Vince le barman du Night Club.

J'attrape mon plateau sous mon bras et me débrouille pour arriver - sur mes talons - sans tomber jusqu'au comptoir où sont posées les huit boissons.

Mes pieds me font grimacer. Ma chaire ouverte est sanglante. Elle s'enfonce dans la matière de ma chaussure, et c'est, malheureusement la fois de trop. Je tombe à genoux sur le béton froid, et m'ouvre le haut des tibias. Les bouteilles ont explosé dans leurs chutes et les éclats de verre s'enfonce dans mes paumes de mains.

« Tout va bien ? » Me demande un grand jeune homme, dont j'aperçois juste les bottes noirs. « Voulez vous de l'aide ? » Continu-t-il en me tendant une main chaleureusement.

Les larmes coulent de mes yeux. Je viens de me ridiculiser devant tout le monde. Il n'y a plus un bruit et je fixe le sol. Mes nerfs lâchent. Le jeune homme m'aide à me relever, mais je me débarrasse de son aide et passe mes mains sur mon tablier, il est maintenant taché de sang. Je ne le vois même pas, mes yeux sont pleins de larmes. Sans un mot, je sors du bar en courant et claque la porte de service.

Qu'ils aillent tous se faire foutre.