11 juillet 2023 (dans la nuit)
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On a parlé, Zia et moi. De Rudy et d'émotions.
J'ai la nausée maintenant, et la boule au ventre.
J'ai pas envie de revivre la même chose qu'avec mon père.

Je n'ai pas envie d'avoir ces stratégies en tête, ces calculs, toujours à me demander à quel point il a besoin de moi pour savoir jusqu'où je peux dire non. Pas trop pour qu'il ne se rabatte pas sur quelqu'un d'autre, mais suffisamment pour que ça l'intrigue et que la dépendance aille dans les deux sens, que chacun de nous tire sur la corde de temps en temps pour mieux sentir ce lien.

Ce n'est pas sain, bien sûr. C'est terriblement pervers et malsain et destructeur et dangereux. N'empêche que j'ai cette niaque, cette espèce de colère excitée, cet amour entrelacé de haine, qui me poussent à continuer, encore et encore et encore, jusqu'à ce que j'aie trop mal pour continuer ou bien que je fasse un pas de travers et qu'il change de cible. Jusqu'à la fin, en fait. Jusqu'à un point de rupture.

Pourquoi j'aime jouer avec ces gens ? Pourquoi je cherche la merde ? Pourquoi il faut toujours que je choisisse la personne la moins saine, celle qui me détruira avec mon consentement, et pourquoi est-ce que je suis aussi content de faire ça ?

Ça a peut-être à faire avec le constat qui est que l'humain est fait pour s'autodétruire. Je suis peut-être juste humain, au fond.

Rudy chope les gens tendres, ceux qui sont malléables, ceux dont l'entrée est facile à forcer. Il y a la période de « séduction », où il se laisse désirer, il attend que ses micro touches d'attention prennent racine en l'autre. Une fois que c'est planté, il propose de nouvelles occasions, du bricolage à l'école, un plan lumières, tous les moyens sont bons pour passer plus de temps avec l'autre, aller plus profond en lui, arracher ses couches, le mettre à nu, tout prendre en lui.

Ensuite il continue, tout simplement. Il continue à multiplier les moments passés ensemble jusqu'à un rythme de croisière, et il continue encore. Jusqu'à... quoi, jusqu'à ce que la vie les sépare ? Jusqu'à ce que l'enfant parte faire ses études, probablement. C'est ça qui s'est passé avec Zia et Alicia, même s'il a encore bien le grappin sur Zia. M'enfin il sent qu'elle va lui échapper, c'est pour ça que je suis là, je prends la relève.

J'aimerais être détaché de tout ça, mais je n'y parviens pas pour l'instant. Ça viendra, soyons patient avec nous-même. C'est difficile de se défaire de lui maintenant qu'il a une place aussi énorme.

Ça me rend triste de savoir que son indifférence n'est pas qu'une façade. Tout lui est égal. Peut-être même qu'il se nourrit du mal des autres, que c'est donc lui qui est comme mon père...