[initialement publié sur random]

15 janvier 2023
__________

Je vais ENCORE parler de Rudy parce que c'est comme ça  Ü  (grand sourire)

On a passé un total de trois heures et demie en tête à tête ce week-end (on a covoituré pour aller à un stage de sonorisation). Du coup il y a plein de nouveautés !

Pendant notre premier trajet, il m'a posé des tas de questions plus ou moins personnelles, sur mon point de vue sur l'école de musique, le groupe, et puis sur ma famille, mes cours, comment je fonctionne. J'étais tellement heureux d'avoir l'occasion de lui faire découvrir de nouvelles couches de ma personnalité que je n'ai pas hésité à détailler et à parler de tout un tas de trucs qui ressortent de l'intimité de mon cerveau. Je lui ai parlé de mes pensées qui font n'importe quoi, de ce qui se passait dans ma tête l'année dernière, de mon père, de mon frère. Je ne lui ai pas dit que petit-Arlo le prend pour son papa, par contre.

Pendant notre second trajet, c'était son tour de s'ouvrir un peu, ou du moins de donner l'illusion qu'il s'ouvrait. Il est resté côté pro, il m'a parlé des galères du début de l'école de musique. Il a effleuré un peu ses années lycée, ses recherches et sa confusion, il m'a parlé un peu de sa famille avec ses parents divorcés et ses demi-frères qui pourraient être ses enfants.

Pendant notre troisième trajet, on a beaucoup parlé musique : le groupe, les ressentis différents, comment il fonctionne musicalement, comment ça marche chez moi. On a un peu reparlé cerveau aussi, j'ai eu l'impression que ça l'avait travaillé pendant la nuit, alors j'ai essayé de clarifier et d'alléger un peu, je me suis retenu de parler de ce qui me provoque des pensées suicidaires – j'y étais allé un peu fort la veille en parlant du lycée.

Et pendant notre quatrième et dernier trajet, on a à nouveau parlé musique, mais plutôt côté école de musique et ses projets actuels. J'ai éprouvé un plaisir malsain en apprenant qu'il préfère être prof de groupe plutôt que prof individuel, ce qui signifie qu'il préfère les répètes avec mon groupe plutôt que les cours qu'il donne à E (méchant Arlo qui va devoir bosser un peu sur sa rancœur on dirait). Ensuite on a dévié sur les voitures hybrides et les énergies renouvelables ou pas, bref, il m'a expliqué des tas de trucs.

En résumé, il est vachement doué pour faire la conversation, tellement doué que ça compensait complètement mon non-talent dans ce domaine.

Et puis les journées qu'on a passées en formation ensemble étaient extraordinairement instructives. Déjà d'un côté sono, j'ai appris un milliard de nouvelles choses, ça m'a énormément stimulé intellectuellement et ça m'a fait un bien fou de réfléchir. Je pourrais m'étaler sur la pratique, comment on a placé des micros sur chaque tom de la batterie, des overhead pour les cymbales, et puis comment ensuite on a joué sur les fréquences pour faire des trucs géniaux sur le son – mais ce n'est pas le bon endroit pour raconter tout ça, et puis sans une console sous les yeux vous n'y comprendriez rien.

J'ai aussi appris une demi-tonne de choses sur Rudy, la personne qu'il est au quotidien. Voici donc une liste non exhaustive de choses que j'ai notées mentalement :

• Il boit du thé au thym. Il en a pris deux matins sur deux, et il utilise son sachet de thé jusqu'au bout en rajoutant de l'eau dans sa tasse jusqu'à ce que ça n'infuse plus bien.

• Il pose énormément de questions. Il cherche à tout comprendre, à faire des liens partout, à creuser à chaque fois qu'il est intrigué. Il est curieux de tout. Par contre il a peur de gêner parce qu'il n'arrêtait pas de s'excuser de poser des questions.

• Il a six fois plus de points communs (positifs) avec mon père que ce que j'avais évalué. Ça, c'était perturbant. Des expressions, des gestes, des regards et des sourires, une façon de me poser des questions pour être sûr que j'ai bien suivi. Et puis cette manière tellement unique de répéter le bruit de la batterie... On bidouillait sur la console, et puis je l'ai entendu chanter machinalement, et pendant un quart de seconde j'ai cru que c'était vraiment mon père qui était là. J'ai dû lui lancer le regard de quelqu'un qui a vu un spectre x)

• Il a un côté geek, comme il dit. Il aime bien tout ce qui est informatique et qui regorge de fonctionnalités à explorer, de choses à tripatouiller pour voir ce que ça donne ensuite. Pof, un point commun.

• Il est terriblement amoureux d'Elise, la mère de leurs trois filles, et ça c'est très adorable, et ça fait chaud au cœur de voir un couple qui fonctionne. Et puis, Elise est tellement fantastique qu'ils vont ultra bien ensemble, ils se méritent tous les deux.

• Il aime être papa. Vous auriez vu son sourire quand on a effleuré le sujet...

• Il aime aussi son métier. Chaque fois qu'on en parlait, il était enflammé, je sentais bien que ça le faisait kiffer d'avoir ce job. Il s'y épanouit, c'est beau à voir.

• À part la sonorisation (métier d'ingé son), il s'intéresse aussi aux lumières !! Incroyable puisque moi aussi hehe, il était surpris dans le bon sens du terme quand je le lui ai dit. Il avait l'air étonné et content à chaque fois qu'on découvrait un intérêt qu'on a en commun.

• Il a aussi des points communs avec Lou (ouioui toi), et là j'avoue que je ne l'avais pas vu venir. Ça arrive surtout dans la façon de parler, de raconter des choses. Ça m'a fait très bizarre de réaliser ça, mais c'est chouette parce que c'est quelque chose que j'aime chez Lou alors ça me fait un truc de plus à aimer chez Rudy aussi.

Voilà pour cette liste, j'y reviendrai peut-être un de ces jours si je conscientise une nouvelle particularité qu'il a.

J'ai l'impression que la surexcitation de l'avoir dans mon entourage se calme maintenant que l'espèce de mystère qui l'entourait se dissipe. Maintenant que j'en sais plus, son piédestal s'amoindrit et il revient parmi les humains normaux (pas normal au sens pas bizarre mais normal au sens humain mortel). Ce n'est pas plus mal, mon niveau émotionnel est plus stable à présent. Par contre il y a encore plus de choses que j'aime chez lui – plus j'en découvre, plus j'en aime, c'est logique –, et c'est bien d'un côté parce que ce n'est plus une admiration démesurée mais une relation amicale qui s'installe ; mais d'un autre côté, il faut que je fasse vraiment gaffe à ne pas imaginer que cette relation va dans les deux sens.

Je m'explique.
Notre bout de discussion sur mon rapport à l'amitié m'a permis de me rendre compte que pour que j'intègre quelqu'un à la catégorie "amis", j'ai besoin de me sentir unique, donc irremplaçable.

Sauf que pour Rudy, je suis ce gars qui fait de la basse et dans la tête de qui c'est le foutoir. Quand je partirai du groupe pour X raison, quelqu'un d'autre prendra ma place et Rudy vivra très bien comme ça, il m'oubliera et pof c'est plié. Donc il faut que je fasse vraiment attention à ne pas me croire moins remplaçable que je ne le suis à ses yeux, parce que si je fais ça et que je finis par être remplacé, mon estime de moi va chuter plus vite que ma moyenne en physique et ça va refaire comme avec Diane (hou ça date).

Ohla ça devient plus complexe que prévu, je vais m'arrêter là je crois... Futur Arlo, j'espère que j'ai noté suffisamment de détails pour satisfaire ton besoin de souvenirs nettement écrits.

Et vous, cher·es lecteurs·ices, je vous souhaite une bonne vie et de rencontrer des gens aussi extraordinaires que Rudy :)
(et bravo d'être arrivé·e au bout de ces 1300 mots rédigés sur un homme que vous ne connaissez pas !)

Bonus : 16 janvier 2023
__________

Ça y est, je suis dans la phase où je me repasse le week-end en boucle pour me persuader que Rudy me hait maintenant. Un regard, une inflexion de la bouche, tous les prétextes plus ou moins bancals nourrissent la voix et martèlent « tu es tellement nul comme humain qu'il te déteste maintenant : chapeau ».

Ça passera.

Vendredi, quand je le reverrai au groupe, je chercherai à confirmer le fait qu'il me hait, sauf que je n'aurai pas cette confirmation, alors cette pensée irrationnelle s'effacera doucement. Et puis je reprendrai ce rôle du gamin qui est relou parce qu'il veut sortir du lot pour contenter son stupide besoin de se sentir unique. Je crois que je me lasse de mes propres mécanismes de pensée.