11 juillet 2023 (dans l'après-midi)
__________

J'aimerais que tu ressentes ce qu'on ressent, nous les gens qui s'effacent. Ceux qui ne sont pas assez fantastiques pour être remarqués au milieu d'un groupe, ceux qui te regardent avec un vague sourire aux lèvres et une douce amertume au cœur. Ceux qui ne seront jamais assez, ceux qui savent qu'ils n'auront jamais cette place pour toi.

J'ai l'impression que c'est une joute permanente pour savoir qui aura ton attention. Il n'y a pas de rivalité, juste une course effrénée à qui titillera sa curiosité, qui le fera rire, qui lui tirera des félicitations, qui gagnera son réconfort. C'est épuisant d'être cette personne déjà un peu à côté du groupe, qui ne sait pas comment se faire remarquer. C'est toujours les autres qui me font gagner ton regard sur moi, ils te parlent d'un truc qu'ils ont fait avec moi et l'espace d'un court instant, il y a ces yeux dans les miens.

Hier soir j'ai appris que ton regard pouvait être plein de colère, aussi. C'était marrant avec du recul, parce que la colère des autres réveille ma colère à moi, et une petite part de moi riait en sachant qu'elle était dans sa zone de confort si ça partait en explosion.

Sauf que tu es un adulte qui se comporte comme un adulte (si si, ça existe !) et que tu as maîtrisé ta colère, l'as exprimée et expliquée de manière très saine, et tout est redevenu calme. C'était mieux comme ça, évidemment.

Il y a eu la déception dans ton regard, aussi, hier. « Putain, même Arlo ». Elle m'a giflé, cette phrase. J'ai eu un souvenir d'une prof de français qui avait dit la même chose. Et une colère encore, celle qui s'indigne de voir qu'on nous a pris pour quelqu'un qu'on n'est pas. Oui, bien sûr que je peux être un gamin con, bien sûr que je peux rire comme un abruti et me comporter comme un enfant – et tant mieux, punaise, sinon quand est-ce que je me sentirais joyeux sans rien d'autre en moi ?

Ça m'a fait tout drôle de voir que tu utilisais ces phrases de profs. Il y a eu « je ne fais pas ça pour moi, hein » qui a été comme une claque aussi. Ça t'a fait chuter dans mon estime, j'avoue. Franchement, tu le sais, que ces expressions blessent autant qu'elles exaspèrent. Tu le sais et elles sont sorties sous le coup de la colère, je comprends, m'enfin fais un effort, quand même.

Brefons, je digresse.