Chapitre 4
Ma chambre d'enfant s'étend sous mes yeux et rien n'a bougé d'un iota. Évidemment elle a forcément dû être lavée et dépoussiérée en sept ans mais tout est à sa place. C'en est presque...flippant.
Je me retrouve projetée des années en arrière dans mon univers de gamine.
Au centre de la grande pièce circulaire un lit à baldaquin de princesse est recouvert par des draps et des oreillers dans toutes les nuances du rose.
La moustiquaire qui recouvre le meuble est de la même couleur...comme presque tout le reste de la chambre : la banquette de fenêtre, le petit bureau, l'armoire, le tapis pelucheux, les étagères de livres, et les peluches qui les surplombent...tout est rose. Mince ! Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer devant ce spectacle.
J'avais oublié mon ancienne obsession pour cette couleur. Pourtant ma vieille valise Charlotte au fraise aurait du me mettre la puce à l'oreille. Mis à part l'étrange sensation d'être plongé dans l'univers de Barbie, je me sens immédiatement apaisée.
Une odeur familière flotte dans la pièce. Un parfum d'enfance mélangé à celui des bonbons nounours et du bois.
La zone circulaire de la pièce dans laquelle se trouvent le lit, la fenêtre et la commode est légèrement surélevée et j'y accède par une volée de marches.
Je m'étends sur le lit dont le matelas moelleux m'arrache un soupire de contentement et découvre avec un nouveau frisson de plaisir le plafond recouvert de photos et de mes dessins. Je ne me débrouillais pas si mal pour une gamine. La plupart de ces croquis représentent la plage, Nathan ou Archibald, mes trois modèles préférés de l'époque.
Je sors mon portable de ma poche et tape un message.
Moi : suis arrivé. C'est bizarre.
La réponse de mon meilleur ami ne se fait pas attendre :
Nathan : Alors ? La maison a pas trop changé ?
Moi : Si. Mais ma chambre n'a pas bougée :D
Nathan : Sérieux ?! Rose ?
Moi : rose.
Je prend rapidement une photo de la pièce et l'envoie.
Nathan : Ah ouais, quand même! Ça va ?
Moi : oui. J'aimerais que tu sois là.
Nathan : moi aussi. Coincé chez mon père pour tout l'été.
Moi : ton père n'est pas si mal.
Nathan : :/
Nathan : dis bonjour à Chris. On s'appelle ce soir ?
Moi : ok ! :D
Avec un soupir je me décide à vider ma valise dans le dressing. Je suis à nouveau surprise d'y trouver mes vêtements d'été de fillette. Ne sachant pas quoi en faire, je me contente de les déplacer dans les étages du bas pour faire de la place.
Une fois cette tâche achevée, je prend une douche rapide dans la salle de bain attenante à la chambre qui- Dieu merci- n'est pas rose mais dans des teintes de bois.
Après m'être rafraîchie, j'enfile en quatrième vitesse un t-shirt bleu léger et un short en jean et redescends dans la cour.
Je ne vois Chris nulle part , d'ailleurs sa voiture, enfin celle avec laquelle il est venu me chercher à l'aéroport, n'est plus garée devant la maison. Il est peut-être parti. Après tout je ne suis pas une enfant et il est libre de ses mouvements.
Je m'approche du pré et me demande un instant si mon oncle serait d'accord pour que j'y entre mais je l'ai bien entendu dire tout à l'heure que je pourrais revenir après avoir rangé mes affaires.
Sans plus de tergiversations, j'escalade la barrière en bois qui doit bien faire deux mètres de haut. Je balance une jambe par-dessus et me retrouve assise à califourchon avant de sauter de l'autre côté.
J'atterris en douceur dans l'herbe et quelques chevaux me jettent des coups d'œil peu intéressés avant de vaquer aussitôt à leurs occupations.
Je souris bêtement et m'approche du jeune à l'étoile. Il pointe les oreilles dans ma direction en me voyant venir puis se détourne et s'éloigne en prenant conscience que je n'ai aucune gourmandise dans les mains.
Mais je connais les chevaux par cœur. Dallas disait que j'avais un don avec ces bêtes et que, dans une autre vie, j'avais moi même été un cheval. Je sais parfaitement que je pourrais le suivre pendant des heures sans qu'il ne me laisse l'approcher.
Alors je fais la chose qui me paraît le plus logique.
Je m'allonge par terre dans l'herbe. Si un employé ou Chris décide de passer à côté du pré maintenant, j'aurais l'air franchement intelligente. Tant pis.
Le cheval me jette un regard presque humain. Il a l'air agacé.
Je t'embête mon ange?
Je ris doucement et me détourne de lui pour regarder les autres. Je sais très bien que cela va l'embêter, Archibald réagissait de la même manière.
Pour m'occuper, je détache un bracelet brésilien bleu et mauve à moitié terminé de mon poignet et entreprend de continuer de tresser les fils colorés.
J'ai presque achevé ma tâche quand je sens le yearling avancer avec un mélange de réticence et de curiosité. Je me force à ne pas poser les yeux sur lui, même quand ses sabots s'arrêtent à quelques centimètres de ma tête, même quand il incline l'encolure vers moi.
L'herbe rendue un peu sèche par la chaleur de l'été picote mes jambes nues mais je m'oblige à rester immobile. Je pense que je pourrais même battre une statue à ce jeu là. Je ferme les yeux au moment où il renifle mon visage. Les petits poils doux sur ses naseaux me chatouillent le front mais je sais que si je ris c'en est fini de ce moment alors je serre les dents.
Finalement j'ouvre les yeux et croise son regard chocolat.
Il esquisse un pas en arrière mais s'arrête là. Je lui présente ma main, paume vers le ciel dans un geste exagérément lent.
Au bout d'une minute qui me paraît une heure il y pose le museau et me laisse caresser l'étoile sur sa tête. Il ne bouge presque pas quand je me relève en douceur. Alors seulement je sors le morceau de sucre que j'ai chapardé dans la salle des employés en redescendant. Un éclat de joie allume ses prunelles douces et il ne se fait pas prier pour avaler la friandise.
Après une dernière caresse sur l'encolure, je me décide à ressortir du pré. Chris ne devrait pas tarder, où qu'il soit. Le soleil est en train de se coucher. Archibald junior- c'est comme ça que je l'appelle en attendant de connaître son nom- m'emboîte le pas jusqu'à la barrière. Je me suis fait un copain, tient.
- Je reviens très vite mon grand, je lui murmure une fois de l'autre côté de l'enclos.
Je me penche vers lui et embrasse l'étoile sur son front sans tenir compte de son mouvement de recul, simple sursaut de fierté masculine, supposé-je.
C'est en me retournant pour rentrer à la maison que je le vois.
Le bel inconnu, même si ça m'embête de l'appeler ainsi.
Il est adossé au bâtiment des employés et me regarde l'air impénétrable, les bras croisés sur son torse de super-héros et une jambe pliée de telle sorte que son pied s'appuie sur le mur.
Il ressemble à un de ces types des années soixante sur les photos en noir et blanc. Je suis trop loin pour distinguer son expression masquée par l'ombre de la toiture. Mais de toute façon je crois qu'il n'en a aucune.
Il se contente de me regarder sans la moindre once de réaction. Même à cette distance je n'arrive pas à soutenir son regard. Alors que je baisse les yeux vers son menton, intimidée malgré moi, il se détourne et entre dans le bâtiment derrière lui sans un regard en arrière.
Mince mais qui est cet homme ?
* Voilà c'est tout pour ce chapitre. N'oubliez pas de voter et de commenter si ça vous a plu ! 😉 *
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