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Chapitre 122

- Attends... tu... Tu croyais que j'allais voir Royce?

Le contenu de mon estomac - à savoir une bonne quinzaine de chocolats - remue dangereusement. Je n'ai pas encore décidé si je dois rire ou pleurer alors je me contente d'un air ahuri. Chris plisse les yeux, méfiant.

- Pourquoi, tu sors avec un autre de mes employés?

D'accord. Ce serait plutôt pleurer, je tranche avec lassitude.

- Je ne sors pas avec Royce ! Et je n'avais pas du tout l'intention d'aller... le retrouver! Je ne savais même pas qu'il est encore là, je lâche en songeant que le concours de circonstance qui a fait que je ne puisse pas sortir ce soir m'a enfin de compte sauvé la mise. D'ailleurs, qu'est-ce qu'il fait encore chez nous à cette heure-ci?

- Il bosse.

- Je ne savais pas que c'était permis. De faire travailler ses employés jusqu'à une heure du matin, je veux dire.

- Et moi, je ne savais pas que t'étais du syndicat. Alors, qui est-ce que tu veux aller voir en douce comme ça si c'est pas Walters? demande Chris en posant un bras sur le dossier du canapé, pivotant légèrement dans ma direction.

Il a l'air de vouloir discuter et discuter peut aussi vouloir dire négocier. Je fais donc un effort et m'assieds en tailleurs face à lui, la joue appuyée sur la housse du sofa.

- Je ne sortais pas en douce puisque j'ai dix-huit ans, l'âge de la majorité, je lui rappelle juste au cas où...

- Quinn? propose Chris sans faire attention à ma mini rébellion.

- Quoi, Jace? Eurk! Non! Pas du tout mon genre.

Je comprends ma bourde avec une micro seconde de retard. Encore ce sourcil blond qui s'arque légèrement sur l'œil gauche de mon oncle, à croire qu'il cherche à se rebeller contre l'impassibilité de son jumeau.

- Ah. Et c'est quoi ton genre ?

Aïe! Demi-tour, demi-tour!

Sans surprise, le visage d'un certain mécanicien s'imprime au centre du capharnaüm qui me sert pour le moment de cervelle. Curieusement, malgré le brouillard de fatigue qui enrobe cette dernière, c'est avec une netteté surprenante que les traits taillés à la serpe de Royce m'apparaissent. Je connais chacun des angles, chacune des ombres qui meublent son visage. Son nom figure à présent sur la liste très sélective des personnes que je peux reproduire au crayon les yeux fermés.

Sur la liste...

Ce dernier mot s'inscrit au fer rouge dans mon esprit et y résonne plusieurs longues secondes à l'instar d'un écho maléfique. Je secoue discrètement la tête pour l'en chasser.

- Waneta, je réponds finalement en fermant les yeux un instant, le temps de me reprendre.

- Je n'ai aucun employé qui porte ce n...

- Je te parle de l'étalon. Celui qui ne supporte pas la lumière. C'est lui que j'allais voir.

Chris parait d'abord soulagé alors que les zones d'ombres de notre petite dispute prennent leur sens mais cela ne dure toutefois pas longtemps. Quand l'information lui parvient complètement, il écarquille les yeux et blêmit d'un seul coup.

- Tu plaisantes? Lily, dis-moi que tu plaisantes et que tu ne sortais pas réellement seule en pleine nuit rendre visite à un cheval à moitié fou!

Finalement, j'aurais peut-être mieux fait d'acquiescer quand il m'a demandé si Jace me plaisait. Cette idée me tire aussitôt un fou rire irrépressible et démesuré. Je roule sur le côté, les larmes aux yeux et Chris me rattrape juste à temps pour m'éviter une chute douloureuse.

- Lily, je suis sérieux!

Non! Je ne l'aurais pas deviné! Je cligne des yeux mais peine à focaliser mon regard.

- Je sais. On dirais que la veine sur ton front va exploser, je glousse en tendant la main pour effleurer du bout de l'index le vaisseau en question.

Chris reste muet pendant un moment et me dévisage, l'air perplexe.

- Tu te sens bien?

Maintenant qu'il en parle... pas vraiment.

- Non. J'ai mal au cœur.

Mon oncle fronce les sourcils, l'air inquiet et je déglutis en détournant le regard. Son air inquiet le fait beaucoup trop ressembler à papa. Je crois que je préfère presque quand il me crie dessus. Presque, j'ai dit.

- Tu m'étonnes, avec tous les chocolats que tu viens de t'enfiler, souffle-t-il en s'emparant du couvercle de la boîte.

Ce n'est qu'à ce moment que je remarque le post-it. Je bats plusieurs fois des paupières pour essayer décrypter l'écriture fine.

" C'est toujours un plaisir de travailler avec toi. Jane. xx"

Jane? J'ouvre la bouche en même temps que Chris.

- Merde, jure-t-il.

- C'est qui, Jane?

- C'est de la liqueur.

- Euh... ça ressemble plus à un prénom de femme...

- Les chocolats que tu as mangé, coupe-t-il en me dévisageant, l'air presque consterné. Ils sont alcoolisés, il y a de la liqueur dedans.

Oh. Oh! Tout s'explique. Je hoche la tête plusieurs fois sous le regard attentif de mon oncle, puis...

- Tu m'as soulée avec du chocolat, je m'exclame avant de partir dans un nouveau fou rire.

- Je ne t'ai pas demandé d'en manger seize.

Il a compté.

- En tout cas, puisque je suis sous l'emprise de l'alcool, je décline toute responsabilité pour ce que j'ai pu dire ce soir et toi, tu devras tout oublier demain sinon je considèrerais que tu as abusé de ma faiblesse passagère, je débite en le pointant d'un doigt accusateur. Alors, c'est qui Jane?

- Une partenaire de travail.

Mouais. Et moi je suis la reine d'Angleterre. J'en ai le prénom après tout, c'est plausible. Allongée sur le canapé, les yeux rivés au plafonnier qui tourbillonne très légèrement, je ne peux pas m'empêcher de repenser aux propos de Jace concernant la vie... amoureuse de mon oncle.

"Tu le trouverais moins sexy si tu voyais le nombre de meufs différentes qu'il ramène à la maison et je te parle pas de rencards. Bon en ce moment il le fait plus trop parce qu'y a Lily".

J'imagine que je représente déjà un paquet de responsabilités pour Chris, un homme plutôt solitaire peu habitué à rendre de comptes à qui que ce soit d'autre que lui-même et qui, du jour au lendemain, s'est retrouvé avec une adolescente à charge. Je ne veux même pas penser au nombre de voyages d'affaire qu'il a dû repousser à cause de moi. Et j'ai beau me répéter que c'est lui qui m'a invitée, l'idée d'endosser le rôle de la gamine pesante qui balaye sa routine comme un enfant met un coup de pied dans un château de cartes... me met très mal à l'aise. J'aimerais qu'il sache qu'il en fait assez en m'acceptant ici, qu'il n'a pas besoin de changer son mode de vie pour moi.

Oh non! Ne vas surtout pas sur ce terrain-là, tu m'entends? Lily? Lily!

- Je n'ai jamais vu de "xx" sur une note de travail, je souligne bêtement en continuant de fixer le plafond. Ce que je veux dire, c'est que si c'est ta petite amie...

Mais chut, bon sang!

- Ça ne l'est pas, coupe mon oncle sur un ton catégorique.

Les hommes et leurs problèmes de sémantique... pourquoi faut-il qu'ils soient aussi longs à percuter ?

Et c'est toi qui dit ça...

- Je sais, j'essayais juste d'être polie, je râle à mi-voix. C'est seulement que tu... enfin... J'essaye juste de te dire que... c'est chez toi ici, donc, tu peux faire ce que tu veux. Voilà.

- D'accord...

Chris a lâché ça en étirant la dernière syllabe, signe universel pour signifier qu'il n'a rien compris. En effet, quand je m'autorise un bref coup d'œil dans sa direction, il est en train de me dévisager avec un air intrigué.

Ça n'a rien d'intriguant, bon sang! C'est embarrassant!

- Je sais que tu... que tu... Non, laisse tomber.

J'abandonne.

- Crache le morceau, ordonne mon oncle.

Je prends une grande inspiration et prie les quelques grammes de liqueur que j'ai dans le sang de me donner le courage nécessaire.

- Ok, mais je te préviens c'est super méga gênant et vu que je suis en ce moment même sous l'emprise de l'alcool, je tiens juste à te rappeler que tu devras faire comme si cette conversation n'avait jamais eu lieu. D'accord ?

Mon oncle hoche la tête et cette fois, je suis certaine - disons à 97,52% - qu'il réprime un sourire amusé.

- Jace a dit...

Lily!

Oh la boulette! Je me reprends illico.

- Je ne parle pas de Jace ton employé, hein? C'est un autre Jace! Enfin bref, je voulais juste que tu saches que... ça-ne-me-dérange-pas-si-tu-ramènes-tes-conquêtes-ici-parce-que-c'est-chez-toi-et-que-tu-es-libre-de-faire-ce-que-tu-veux, je lâche d'une seule traite.

Puis je m'empare de la télécommande, augmente le volume de plusieurs barres et fais mine de me concentrer sur l'épisode South Park qui se déroule à l'écran bien que j'aie ce dessin-animé en horreur.

Est-ce que tu viens vraiment d'employer le mot "conquête"? 

Achevez-moi.

Deux secondes et demi plus tard - autrement dit, pas assez longtemps pour que mes oreilles refroidissent- , Chris me prend la zapette des mains et coupe le son.

- Quand on lance une conversation, on la termine, lâche-t-il.

Moi et ma trop grande bouche.

- C'est tout ce que je voulais dire.

- Quinn devrait apprendre à tenir sa langue, soupire mon oncle avant de concéder. C'est vrai que tant que tu vis avec moi, je préfère éviter d'inviter des femmes ici si ce n'est pas sérieux, pour éviter de te donner le mauvais exemple. Mais c'est quand même gentil de ta part de t'inquiéter à propos de mes... activités extra-professionnelles.

Le parquet de ce salon a-t-il toujours été aussi rutilant? Un beau bois brun foncé, lustré et impeccable de propreté.

- Mais puisqu'on en est à parler de trucs "super méga gênants", à propos de ce qu'a dit Walters, tout à l'heure...

Hein?

Il n'est pas en train d'évoquer ma virginité, non, impossible. Machinalement, je passe la main sur ma nuque pour rabattre ma capuche sur ma tête et disparaitre, avant de me rappeler que je ne porte pas de sweat-shirt. Dommage, je me serais bien étranglée avec les lacets. À la place, je m'affaisse contre le dossier du canapé en espérant de tout cœur passer au travers.

- Je veux juste m'assurer que j'ai pas besoin de te faire de topo, poursuit Chris. Tu sais, sur ce que tu es censée faire dans certaines situations.

La liqueur ne m'est plus d'aucun secours. On pourrait cuir des œufs au plat sur mes joues tellement elles chauffent et je ressens l'envie pressante de décéder.

- Tu n'es pas en train de parler de ce dont je crois que tu es en train de parler, je chuchote en fixant mes orteils qui s'agitent comme de minuscules poissons.

- Je te parle de contraception, Lily.

- Ok! Sur ce, bonne nuit, je vais me coucher, je m'exclame en sautant précipitamment sur mes pieds.

C'est sans compter mon équilibre qui a filé avec les seize escargots alcoolisés que j'ai mangés et je me mets à tanguer comme un navire en mer. Pour la troisième fois de la soirée, Chris me retient et m'oblige à me rassoir.

- Lily...

- Je n'entends rien de ce que tu dis ! je m'écrie en plaquant mes deux mains sur mes oreilles avec une grande maturité.

Mon oncle saisit mes poignets et les écarte sans la moindre difficulté.

- J'ai juste besoin que tu me dises que ta mère s'en est déjà chargée et je te laisse tranquille.

Un minuscule rire nerveux m'échappe. Ma mère? Je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà abordé un tel sujet avec elle. Enfin à part pour lui parler de... la "sordide affaire", je songe en réveillant une nausée qui n'a plus rien à voir avec l'alcool.

- Ma prof de bio s'en est chargée, je lâche d'une voix blanche.

Chris hoche la tête, l'air rassuré.

- Ok, je préférais être certain. Qu'on s'entende bien, ce n'est pas une invitation à...

- Chris! je m'écrie, horrifiée.

- C'est bon, j'arrête. Je ne pensais pas avoir à me préoccuper de ce genre de choses, mais après-hier soir...

Il laisse sa phrase en suspens mais nous savons tous les deux à quoi il fait allusion bien que j'ignore le degré de précision des informations qu'il détient. Très faible si j'ai de la chance, ce qui est rarement le cas. En tout cas, il sait que je lui ai menti. Et que Dallas lui a menti. Oh mon dieu!

- Chris, il faut que tu saches que j'ai supplié Dallas de me couvrir et qu'il ne voulait pas du tout alors il n'a rien avoir avec tout ça, d'accord? C'est entièrement de ma faute! Je te le promets! Dallas est un employé modèle, alors tu ne peux pas... tu ne vas pas...

- Lily.

- Oui?

- Respire. Je ne vais pas renvoyer Dallas ou... je ne sais pas trop ce que tu imagines. C'est un de mes plus fidèles employés.

- Non, il est plus. Il est plus que ça pour moi.

- Je sais. Comme je sais très bien qu'il ne peut pas te résister. Quand il s'agit de toi, il n'est plus du tout rationnel. Je n'aurais pas dû l'obliger à choisir.

- Pourquoi tu ne l'as pas renvoyé?

- Je viens de te dire que...

- Je te parle de Royce, je souffle comme si prononcer son prénom à haute voix risquait de m'écorcher la langue.

- Tu veux que je le renvoie?

- Non!

Et avec un peu moins d'émotion, c'était pas possible? râle la Lily rationnelle qui me fusille du regard avec une moue excédée.

- Alors le problème est clos, tranche fermement mon oncle.

C'est à ce moment-là que je comprends que la vraie problématique n'est pas pourquoi mon oncle n'a pas renvoyé Royce mais plutôt, pour quelle raison il l'a embauché.

- Comment tu l'as su?

La question m'a échappée mais je n'en peux plus de la ressasser en permanence. Je suis sur le point de devenir folle à force de ne pas savoir. De ne rien savoir. Mais Chris n'a pas l'air sur le point d'abréger mon calvaire mental. Il soupire et se rencogne dans le fauteuil, bras croisé sur le torse.

- Ça n'a pas d'importance, lâche-t-il mâchoires serrées et regard lointain.

- Ça en a pour moi!

Mon oncle hésite une seconde, puis:

- On m'a envoyé des photos.

Ma vue se trouble sous l'effet du choc et je palis alors que mon cœur se déchaine contre mes côtes. Ses battements paniqués se répercutent dans tous mon corps. Je ne sens plus rien d'autre.

- Je peux les voir ?

- Lily... non.

- S'il-te-plait.

Chris me dévisage l'air préoccupé, se passe une main sur la barbe de trois jours qui assombrit sa mâchoire, soupire alors que je retiens ma respiration. Je la retiens encore quand il cède et se saisit de son téléphone portable. C'est dans un silence absolu seulement perturbé par le travail acharné de la pompe au creux de ma poitrine que je le regarde tripoter l'écran de son téléphone. Je ne respire toujours pas quand il me tend l'appareil.

Le cœur et l'estomac en vrac, la lèvre inferieure fermement coincée entre mes dents pour ne pas craquer, je fais défiler du pouce les images. Des images d'un moment que je croyais m'appartenir, des images d'une fin de soirée volée qui perd brusquement toute sa saveur pour se transformer en souvenir indigeste.

Les photos ne sont pas très claires à cause de l'obscurité et un inconnu ne distinguerait rien d'autre que les silhouettes de deux personnes qui s'embrassent dans le sable. Mais c'est moi sur ces clichés et Chris n'est pas un inconnu. Mes doigts se crispent sur son portable à m'en faire mal alors que je jette un œil au nom de l'expéditeur. Mais ce dernier n'est visiblement pas enregistré dans les contacts de mon oncle parce que seul un numéro inconnu s'affiche.

Respire, Lily. Inutile de sauter aux pires conclusions. Cela pourrait être n'importe qui voulant te faire une mauvaise blague. Il y a probablement un monde fou qui connait le numéro de Chris sur cette île.

Pourquoi est-ce que j'ai si peur, dans ce cas?

Sans réfléchir, je presse la touche d'appel. Chris sursaute et essaye aussitôt de récupérer son téléphone mais je suis plus rapide. Je plonge de côté, passe par-dessus l'accoudoir et me casse superbement la figure. Je ne perds pas de temps et me redresse péniblement malgré l'instabilité passagère du sol.

- Lily, qu'est-ce que tu fiches? Rends-moi mon portable immédiatement.

Mon oncle s'est relevé et me fusille du regard, main tendue et paume ouverte pour réclamer son dû. Je contourne le canapé pour l'éviter alors que sonne la troisième tonalité.

- Allô?

La voix m'est désagréablement familière. Le cœur proche de l'implosion, je colle l'appareil à mon oreille.

- Le cachet d'aspirine vous emmerde. Qu'est-ce que vous voulez? râle Michael à l'autre bout du fil.

Le souffle coupé, muette de stupéfaction, je ne réagis pas quand Chris m'arrache son bien des main et raccroche d'un geste rageur. Son sermon me parvient comme de très loin et je n'en saisis pas un mot. Je reste tétanisée alors que mon cerveau se charge d'établir des connexions , de faire les liens, de parvenir à la conclusion qui s'impose.

C'est Michael qui a pris ces photos. Michael qui les a envoyées à mon oncle. Michael était sur cette plage en même temps que nous et cela ne peut en aucun cas être une coïncidence. Michael savait que l'on y serait. Mais Michael n'a aucune raison personnelle de faire une chose pareille. Michael est l'ami de Royce.

Royce...

Au fond de moi, je m'en doutais déjà mais cela ne fait pas moins mal pour autant. Est-ce qu'un cœur peut se briser plusieurs fois?

- Lily, tu m'écoutes? Ne t'avise plus jamais de... Lily?

J'émerge de ce cauchemar quand mon oncle me prend fermement par les épaules et s'incline vers moi pour m'obliger à le regarder.

- Lily, pourquoi est-ce que tu pleures? demande-t-il sur un ton consterné alors que son regard exceptionnellement désemparé fouille le mien.

Je m'essuie les joues d'un brusque revers de bras, prends une inspiration tremblante pour me contenir et essaye de me dégager de sa prise. Mais il tient bon.

- Hé, il a supprimé ces photos, je m'en suis assuré. Et je vais aussi les effacer, ok?

Comme pour s'assurer que je le crois, mon oncle réactive son portable, sélectionne les clichés sous mes yeux et presse le petit symbole en forme de poubelle.

- Comme ça, c'est mieux?

Je ne saurais expliquer ce qui me prend alors. C'est peut-être les effets de la liqueur, le contre-coup du cauchemar éveillé que je suis en train de vivre, le chagrin qui me colle à la peau avec la détermination d'une sangsue ou la sollicitude inattendue de mon oncle qui semble réveiller en moi un besoin de réconfort que je n'ai pas osé éprouver depuis des années. Quoi qu'il en soit, je me jette dans ses bras.

Chris se fige. Il lui faut un bon moment pour se détendre et encore plus de temps pour me rendre mon étreinte mais après une minute un peu embarrassante, il finit pas passer ses bras autour de moi, une main callée derrière ma tête. Il n'a pas la même odeur que mon père et même sa façon d'enlacer - un peu raide et incertaine - est différente. Parce qu'il n'est pas mon père. Mais là, en étouffant mes derniers sanglots contre sa chemise impeccable, je réalise que je l'aime malgré tout. Malgré ses défauts, sa froideur, ses zones d'ombre. Malgré le fait qu'il ne soit pas son frère.

En cet instant, je me félicite d'être revenue sur cette île, d'être rentrée à la maison. Parce que j'y ai retrouvé quelque chose d'extrêmement précieux, un bien dont j'avais depuis longtemps oublié la valeur. Une famille. Avec de vrais gens pour lesquels je compte, qui tiennent à moi et me protègent à leur façon. Et je pense que si je le voulais... si j'essayais vraiment... je pourrais réellement être à nouveau heureuse. Ici.

Je crois que c'est là, dans les bras fermes de mon oncle, le cerveau embrouillé par quelques grammes d'alcool et de peine et le cœur en miettes que je renonce définitivement à Royce.


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