"J'aurais aimé pouvoir rédiger une déclaration à la hauteur des attentes que j'aurais personnellement, en grand romantique et amoureux, mais le temps me manque, alors ça sera ce torchon mal rédigé mais plein de sincérité, je le jure.

Il y a un moment, j'ai reçu une lettre, une lettre un peu maladroite mais qui m'a touché, vraiment. Et il y a un truc que son auteur ne sait pas, c'est que je connais son identité, la vraie. Eh oui, je pense que si je pouvais vous donner un conseil, chers lecteurs, ça serait de ne pas vous essayer à la conception d'un mot d'amour dans un cahier de cours, à bon entendeur.

Mais il y a un truc que j'ai su plus tard, ce mec en aimait une autre, il en aimait une autre pendant que moi je tombais vraiment fou amoureux, au point où j'en ai chialé dans sa salle de bain en l'apprenant. Ouais à ce point-là. Je sais pas à quelle moment j'ai l'air de la meilleure proie pour une mauvaise blague de ce goût, mais parfaitement visé, tu m'as eu.
J'écris ça sans trop penser à la honte que j'aurais le jour où il découvrira ces mots, et je sais pas si c'est la meilleure idée du monde, mais il fallait juste que ça sorte.

Je pense que tu liras ça, et tu seras obligé de te reconnaître. J'sais pas ce que tu ressentiras en lisant ces mots, je te jure que j'ai honte, que c'était dur, parce que je sais que tu ne m'aimes pas comme ça... Je le sais, mais toi, ce que tu devrais savoir, c'est que, t'avoir dans ma vie, quand t'es aussi beau, quand je pense à toi même quand je ne le devrais pas, c'est pas facile à la longue.

Il y a mille façons de déclarer son amour, mais je sais pas, j'ai pas l'impression que l'une d'entre elle soit assez équivoque, qu'elle représente l'ampleur du torrent de choses que je ressens pour toi. Alors je vais faire concis, je t'aime. Vu, revu, mais sache que ce "t'", c'est toi, ton odeur, celle de ton shampoing et de ton mauvais déodorant, c'est ta manie de me comparer à un rongeur, c'est quand tu te tiens trop près de moi pour accrocher ces foutues sangles, c'est aussi ton intelligence un peu trop préoccupante parfois, c'est ta franchise, c'est tes cuisses, c'est l'art de ta rhétorique, ô grand maître du sarcasme, puis c'est aussi tes petites mains toutes boudinées, c'est beaucoup de choses en fait, plein encore.

Maintenant que j'ai eu ce courage, viens juste t'excuser, j'accepterais les plus minables excuses, les plus merdiques des justifications, juste pour essayer de passer à autre chose. T'entendre dire de vive voix qu'il n'y a rien et qu'il n'y aura jamais rien, c'est ce dont j'ai besoin pour passer à autre chose. Alors sois conciliant et donne moi ça, et si j'en pleure, fais moi une mauvaise blague, ça marche toujours avec moi.

J'avoue que, j'aime bien tes airs de mauvais bad boy, moi aussi ;)
Respectueusement, quelqu'un."

Voilà ce qui était apparu sur tous les journaux de leur lycée ce lundi, sur la dernière page, comme d'habitude, là où on trouvait les déclarations de la rubrique phare signée Han Jisung. Ce qui avait valu à l'adolescent la pire nuit de sa vie le dimanche soir. Il avait pensé à demander à ce qu'on annule ce numéro, à ce qu'il vole tous les journaux qu'ils avaient durement travaillé, à les mettre au feu. Sur le moment, seul derrière son écran, ça avait plus simple de se confier, que tout le monde puisse accéder à ses sentiments les plus profonds le mettaient dans tout ses états. Enfin, pour eux, il s'agirait seulement d'une déclaration anonyme, mais bien-sûr la réaction qu'il anticipait le plus était celle du premier concerné.

Samedi après-midi, Jisung s'était mêlé aux amis de son aîné afin d'aller voir un film d'horreur au cinéma, tous les quatre. Minho et lui avaient été les plus intimidés, tout du long, Jisung nierait la fois où il avait failli hurler dans la salle, mais évidemment, ça avait été bien réel. Côte à côte, ils finissaient toujours par éclater de rire, sous les regards mauvais des gens de devant, en tentant d'être silencieux quand ils venaient d'être pris d'une grande frayeur, ça avait été une bonne après-midi en perspective. Le soir, ils avaient même mangé tous les deux chez Minho, lorsque sa mère était attribuée au service de la nuit pour ce jour.

En perspective, il avait bien profité. Lors de leur repas du midi, il avait même innocemment demandé avec un enthousiasme simulé si ça avançait avec sa crush, Changbin avait gloussé en haussant les épaules, avant d'affirmer qu'il n'était pas certain de la réponse. Jisung n'avait pas trop su interpréter cette rétorque, alors il avait feint un sourire en opinant. Minho avait été cramoisi derrière son ice-tea, ce que n'avait pas manqué Jisung, ce qui avait créé ce sentiment désagréable dans son ventre, inexplicable, celui de se sentir minable.

En arrivant dans sa classe le matin, il avait dégluti en prenant une inspiration de courage lorsqu'il passa la porte de sa classe. Son cœur était lourd, un noeud nouait son estomac, et même si il n'avait jamais dévoilé son identité, il avait le sentiment d'avoir sur lui tous les regards, d'être la risée de tous, c'était ce sentiment qu'il avait, lorsqu'en réalité, pas tant que ça. Il avait déposé son sac à ses pieds, et immédiatement Heesung avait déposé son journal sur la table, montrant de l'index une déclaration que connaissait bien Jisung, il l'avait rédigé.

« - Tu sais c'est de qui ? Il questionna avec opiniâtreté, c'était toujours le premier à vouloir entendre les histoires des autres, Jisung s'empressa d'hocher négativement la tête. C'était dans votre boîte minable ? Ce bordel devient trop romantique... Il souffla, l'air songeur. Ce mec s'est déclaré à un autre mec, ce genre de courage légendaire. Il souffla alors finalement, sous l'air absolument tendu du blondinet à côté. C'est toi qui publie ce machin, parle un peu !

- J'ai rien à dire, je fais que publier moi. Il marmonna, en commençant à sortir ses affaires, afin de faire comprendre à son voisin qu'il n'était absolument pas enclin à parler. »

Minju avait légèrement incliné sa tête vers l'arrière, en offrant un très léger sourire à Jisung, celui-ci l'avait réciproqué, un peu maladroitement. Quelques instants plus tard, la sonnerie avait retentit, et Jisung se demandait si Minho allait être absent, il commençait à l'espérer. Mais il était apparu, avec quelques secondes de retard, en s'avançant vers son bureau en lâchant un sourire au blondinet qui lui avait rendu, avec une nervosité notoire.

Les cours de la matinée avaient été d'une longueur monstre pour le blondinet, tant qu'il avait pensé à aller à l'infirmerie avant de faire un malaise. Mais dés midi, son voisin de devant s'était retourné vers lui, en appuyant ses avant-bras sur le dossier de sa chaise.

« - Tu manges avec Hyunjin et moi ? Et rougissant, Jisung avait juste vivement opiné, sans oser articuler quoi que ce soit. »

Il l'avait alors suivi, en déglutissant afin de faire passer l'angoisse qui formait une boule dans sa gorge. Minho lui parlait de tout et de rien, alors que le plus petit était juste silencieux, il ne savait pas à cet instant si il comptait lui en parler d'un instant ou un autre ou s'il ne l'avait pas encore vu, ou peut-être qu'il ne le verrait jamais, c'était une bonne option d'après lui.

Arrivés dans le self, là où ils avaient rejoint Hyunjin, Jisung commençait peu à peu a relâcher le poids de son stress, Minho n'avait pas l'air au courant le moins du monde, ou peut-être qu'il ne se sentait pas concerné peut-être que depuis le début, il n'avait même pas écrit cette lettre-

« - Eh Minho, entreprit soudainement son demi-frère cadet en déglutissant ce qu'il mangeait, en affichant un sourire en coin discret. T'as vu un peu l'actualité et tout ce mois-ci..? Il lâcha avant de se racler la gorge, quand le concerné avait relevé un sourcil. »

Jisung avait cru que son cœur avait arrêté de battre, il l'avait fixé les yeux écarquillés, faites que ce ne soit pas ce qu'il croyait. Si pour tout le monde, cette déclaration était anonyme, parce que Minho ne côtoyait pas vraiment de gens du lycée, Hyunjin était forcément au courant, et ce n'était pas une réalisation qui le réjouissait. Il l'avait fait afin que Minho connaisse la nature de ses sentiments, mais maintenant, il craignait trop sa réaction pour oser le confronter à ce sujet.

- L'actualité ? Non et franchement je m'en fous.  Pourquoi ? Il ricana, en continuant son repas, Jisung lançait un regard de détresse, s'il avait pu, il aurait mis le temps en pause.

- Laisse-tomber... Il souffla finalement, en lançant un très prompt regard en biais vers le blondinet à sa table, qui se sentit enfin respirer quand il lâcha sa réponse.

- On va rentrer en guerre ? Pouffa le lycéen habillé d'une veste en cuir, la bouche à moitié pleine, son homologue avait levé les yeux au ciel.

- Franchement y'a moyen tu sortes les armes. Il se pinça les lèvres pour s'empêcher de rire, pour lui, la situation était si risible et cocasse que ça en devenait compliqué.

- Putain développe Jinnie ! T'es chelou là. Il maugréa et sur le côté, Jisung semblait à deux doigts de faire un malaise, le surnommé prit alors la sage décision de rester silencieux sur le sujet. »

Toute l'après-midi, Jisung s'était dit qu'il haïssait Hwang Hyunjin, Lee Hyunjin, peu importait, il le détestait. Peut-être qu'il parlait d'autre chose, il ne voulait pas savoir, il avait failli faire cesser les battements de son cœur. Sa journée de cours s'était résumé à penser à ça, sous l'avalanche de messages de sa bande d'amis, et sous les discussions des gens passionnés par cette révélation digne d'une romance Netflix.

Jisung n'avait fait que sentir des sueurs froides glisser le long de son échine quand Minho était sorti l'après-midi pour fumer sa cigarette habituelle. Qu'est-ce qu'il pourrait lire dans ses yeux s'il revenait en étant tombé sur cette page ? Page qui lui était ostensiblement destinée. Il ne voulait pas le savoir, alors, quand il était rerentré, il s'était concentré sur son cours, enfin, il avait fait mine de. Malheureusement, son cœur avait cessé de battre quand son aîné l'avait apostrophé.

« - Eh Jisung, ma mère est encore de nuit ce soir, si t'as envie de venir manger. Il lui sourit en se retournant de sa chaise, le susnommé déglutit, les yeux faiblement écarquillés, il commençait à se demander s'il avait juste décider d'ignorer sa déclaration à ce stade.

- N-nan désolé. Il rétorqua rapidement, juste avant que la sonnerie ne retentisse. Je dois... Je dois faire le devoir de géo...

- On peut le faire ens-

- Minho tourne toi, le cours reprend. Coupa avec aigreur leur professeur d'anglais qui avait déposé sa tasse de café fumante sur son bureau, le forçant à s'exécuter en lâchant un sourire désolé à son homologue qui lui rendit, dix fois plus tendu et nerveux peut-être. »

Le soir en rentrant, Jisung se fit une réflexion. Ce fut la journée la plus longue de sa vie. À son terme, c'était sûr, soit il l'avait vu et l'avait ignoré, soit au grand jamais il n'allait en découvrir son contenu. Il priait les divinités en lesquelles il n'avait jamais cru pour que ça penche vers la seconde option. La troisième option lui faisait peur, peut-être qu'il ne l'avait pas encore vu, et que dans un futur proche, il allait la vivre cette confrontation d'une humiliation sans précédents.

Il avait pris sa douche, avait approximativement réalisé le devoir qu'il devait faire en attendant ses parents pour le repas, l'esprit qui s'allégeait au fil des minutes, quand soudain, son téléphone vibra sur son bureau. Sans considération pour son travail, il s'en saisit immédiatement pour prendre connaissance de la notification.

Bill Gates
J'suis dans ta rue
Reçu à 19:27
Descends genre, vite
Reçu à 19:27
J'crois qu'on a des trucs à se dire

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je pensais que vous méritiez la double update pour compenser ma semaine de "disparition" qui se présage ( tt ça c grâce à yaoiste27 la vérité vraie )

et pck je vous ai assez torturée aussi 😄
je suis super fatiguée alors j'ai l'impression le chapitre est éclatée sm, ça me foutrait le seum mais ça arrive ralala 😺😺