Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

V- Tia


Je retrouve Adlyne qui est en compagnie d'autres filles à peine réveillées. L'une d'elles à les cheveux noirs aussi raides que des piquets et de jolis yeux marrons bridés dus à ses origines, tandis qu'une autre est blonde aux magnifiques yeux bleu-océan et à la carrure frêle.

— Les filles, je vous présente Tia, ma meilleure amie, s'exclame Adlyne.

— Enchantée, me confie la brune avec un sourire.

— Ravie de te connaître, m'intime timidement la belle blonde, comme mal à l'aise.

— Moi aussi. Comment vous appelez-vous ?

— Chiao Mai Wong, se présente la brune.

— Krystal Barnett, enchaine la blonde.

— Le réveil n'a pas été trop dur ? demandais-je.

— Une bosse sur la tête mais rien de grave, annonce Chiao Mai.

— Tu as l'air de bien prendre le fait que nous sommes échouées sur cette île, dis-je.

— Je pense que ça ne sert à rien de s'apitoyer sur son sort.

— C'est une philosophie, pensais-je en regardant ma meilleure amie, les yeux grand ouverts d'étonnement. Adlyne je peux te parler une seconde ?

Je la prends par le bras et l'emmène à l'écart des deux filles. Je suis sidérée par le manque de tristesse de Chiao Mai : elle vient tout de même de se faire enlever et de s'être échouée sur une île avec seize autres filles et tout ce qu'elle trouve à dire, c'est « Je pense que ça ne sert à rien de s'apitoyer sur son sort. ». Il n'y a pas un seul instant que je passe ici sans me demander ce que peut bien faire mon père, s'il s'est lancé à notre recherche ou s'il s'est fait prendre en volant à notre place. À cette pensée, je ne peux empêcher mes yeux de s'humidifier. Il faut que je reste forte ! Ma situation pourrait être pire, j'aurais pu être seule, sans Adlyne. Je ne comprends pas l'absence de sentiments chez certaine d'entres elles, même si c'est peut-être du déni de leur part pour mieux accepter la situation ou alors un calme de façade pour montrer leur force au groupe.

— Qu'est-ce que tu penses de ces deux-là ? demandé-je sérieusement.

— Chiao Mai est un peu froide et Krystal super timide, elle me fait un peu de peine d'ailleurs...

— Je suis d'accord avec toi.

— C'est pas pour rien qu'on est meilleures amies, plaisante-t-elle.

— Comment tu peux être positive alors que nous sommes sur une île déserte sans aucun moyen de partir ? m'exclamé-je choquée.

— Je me dit que nous allons bientôt quitter cet endroit, déclare-t-elle tristement.

— J'ai bien peur qu'on ne quitte pas cette île de si tôt...

— Heureusement que tu es là Tia ! Je ne sais pas comment j'aurais fais sans toi.

— Moi non plus Adlyne, moi non plus, songé-je les yeux rivés sur l'écume de mer caressant le sable. Krystal à l'air un peu fragile, dis-je de but en blanc.

— Oui c'est vrai.

— Je sens qu'elle a besoin d'aide pour s'intégrer, expliqué-je en me tournant de nouveau vers elle.

— Tu crois que ces filles seraient capables de lui faire du mal ?

— Je crois surtout que l'on est près à tout pour sauver sa vie, quitte même à prendre celle des autres, dis-je. Rappelles-toi cet homme au métro.

Je l'entends déglutir à ce souvenir. Ce jour-là, nous profitions de la foule dense du métro pour faire les poches des passants lorsqu'un homme avait commencé à se battre avec un autre parce qu'il avait pris les derniers déchets de la seule poubelle de la station. Cette scène n'avait rien d'anormale, tout le monde serait près à tuer pour quelques miettes de pain dans notre quartier. À cette époque, cette bagarre nous avait fournie une assez grande distraction pour alléger les passagers d'une dizaine de billets. Mais la lutte acharnée s'était mal terminée lorsque le premier homme avait sorti un couteau et qu'il avait poignardé son adversaire. Le sang avait coulé a flot ce jour-là, inutilement. J'ai compris à ce moment-là que les privilégiés profitaient de la vie et s'enrichissaient sur le dos des pauvres gens comme nous, obligés de lutter pour quelques restes. Ils rient devant notre misère. Nous ne sommes que des distractions. Me remémorer ce souvenir est le seul moyen que j'ai trouvé pour essayer de m'habituer à ce nouvel environnement. Je ne veux pas oublier d'où nous venons ni ce que nous avons vécu. Adlyne et moi avons plus de chances que toutes ces filles de nous en sortir.

Mes chaussures s'enfoncent dans le sable un peu plus à chaque pas. Nous rejoignons Chiao Mai et Krystal qui n'ont pas bougé depuis notre première discussion. Au loin nous apercevons les autres filles se diriger vers la clairière, formant un attroupement.

— Allez-y, dis-je à Adlyne et Chiao Mai. Je voudrais parler un peu à Krystal seule à seule.

Krystal ne cache pas sa surprise...et sa peur. Adlyne hoche la tête. Elle et moi savons parfaitement comment nous adapter dans un nouvel environnement hostile. Créer des liens, des affinités fait partie de la survie dans ce genre de situation. Or je ne suis pas sûre que Krystal soit coutumière de ces situations. Chiao Mai se contente de suivre ma meilleure amie d'un pas précipité.

— Ne t'inquiète pas Krystal, je ne te veux aucun mal, commençais-je devant son air dubitatif. Tu m'as l'air assez réservée et je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose sur cette île. Toutes ces filles là-bas, dis-je en les montrant du doigts, elles savent peut-être se battre, attaquer. Elles risquent de former des groupes et elles se déclareront surement la guerre un jour au moindre petit soucis et...je veux juste t'éviter d'être au centre de cette guerre si ça arrive. Je voudrais juste te prévenir au cas où.

Elle hoche la tête doucement. Ses yeux bleus font l'aller-retour entre mon visage et le reste du groupe qui semble en pleine discussion. Elle m'a l'air si fragile : ses bras ne sont que des os entourés d'une fine couche de chair rosé, ses pommettes et sa mâchoire sont saillantes tandis que ses vêtements semblent trop grands pour elle.

— Très bien, dit-elle enfin. Je pourrais rester avec toi et Adlyne pour l'instant, propose-t-elle d'une voix mesurée et calme. Je te remercie de ta mise en garde Tia, c'est vrai que je n'ai pas un don naturel pour m'imposer.

— Je pense tout de même que ta discrétion peut-être un atout, avouais-je pour la mettre en confiance alors que je l'invite à se diriger vers la clairière. Où habites-tu ?

— Je vis à Portland avec mon beau-père et mon petit frère depuis que ma mère est morte l'année dernière, dit-elle tristement.

Il y autre chose dans son regard clair mais je ne parvient pas à identifier de quoi il s'agit.

— Je suis désolée. J'ai moi aussi perdu ma mère et j'imagine que ce doit être encore plus douloureux lorsqu'on l'a bien connu...

— C'est vrai...mais cela veut dire que tu n'as pas connu ta mère ? me questionne-t-elle prudemment.

— Non, confié-je.

J'écourte la discussion. Je ne veux pas que quelqu'un d'autre qu'Adlyne me connaisse. Connaisse mes faiblesses. Nous sommes arrivées dans la clairière. Le sol est constitué de sable fin qui se mélange peu à peu à la terre noire parsemée de pierre et de branches de la forêt. Le reste du chemin disparaît derrière les fougères et les hautes herbes. La malle désigne le centre du petit espace que chaque fille entoure. Nous sommes cernées de très grands arbres qui pourraient certainement nous abriter pour la nuit. J'aperçois Adlyne et me dirige instinctivement vers elle -Krystal sur mes talons- sous les regards curieux d'autres filles. Je constate rapidement que chacune d'elles tient une petite barquette en aluminium semblable à celles des plats cuisinés que nous volons avec ma meilleure amie au supermarché. Pourquoi procéder maintenant à la distribution des vivres alors qu'il manque encore deux personnes ? Je montre mon incompréhension à Adlyne par un froncement de sourcil qu'elle comprend immédiatement. Ses yeux orientent directement les miens sur trois filles, elles s'occupent de la fin de la distribution. La première est brune aux longs cheveux détachés, sa peau dorée démontrant de ses origines du sud. La seconde a un physique plus saisissant : cheveux bruns ondulés, yeux clairs, nez long, mâchoire carrée et lèvres charnues. Elle paraît sûre d'elle et de ses choix pourtant je suis convaincue qu'elle font toutes une erreur. La troisième est petite, brune aux traits fins et gracieux qui ont surement dû lui accorder le titre de reine du lycée. Je ne suis pas surprise de constater que Victory -alias la petite fille pourrie gâtée- se charge du discours qu'elle a dû probablement préparé toute sa vie.

— Prenez chacune votre ration, récite-elle. (Adlyne me glisse la mienne qu'elle a préalablement gardé pour moi.) Nous ne savons pas encore pour combien de temps nous allons pouvoir manger à notre fin et c'est donc pour cela qu'il faut se nourrir suffisamment maintenant pour pouvoir ensuite tenir en période sèche...

—Ou alors justement ne pas les manger maintenant pour ne s'en servir qu'en cas d'extrême urgence, la coupais-je en me frayant un chemin entre des filles pour rejoindre le centre du cercle. (Toutes me regardent attentivement, je repère facilement Brianna -et sa chevelure rousse- qui m'observe, ses doigts s'agitant doucement sur son menton.) Il se peut que les réserves soit limitées et que contez-vous faire lorsqu'il n'y aura plus de nourriture ? Vous battre pour obtenir le dernier repas ? Qui que soient les gens qui nous ont amenés ici, c'est exactement ce qu'ils veulent : nous voir nous entre-tuer pour ce que nous convoitons toutes.

Les trois filles chargées de la distribution s'arrêtent. Aucune n'ose ouvrir la bouche, pas même Victory qui me toise d'un air mauvais. Cette situation m'arrache un sourire malgré moi. La fille à la peau dorée s'approche de moi.

— Et qu'est-ce que tu suggères alors ? me demande-t-elle d'un air de défi.

— Il faudrait d'abord explorer l'île, évaluer son ampleur et ses ressources, cueillir des fruits et des plantes comestibles et pourquoi pas chasser s'il y a des animaux...

— Quelqu'un ici saurait-il chasser ? me coupe La-Fille-Du-Sud en fixant le groupe. (Les secondes s'écoulent et un nouveau silence s'abat sur nous.)

— Moi, s'écrie une fille derrière Chiao Mai à qui je ne distingue que sa main levée au dessus des têtes surprises.

La jeune fille qui s'avance à de long cheveux bruns ramenés en queue-de-cheval qui encadrent deux grands yeux profonds. Ses lèvres charnues accentuent le caractère chaleureux de ses pommettes hautes et de sa peau caramel. Le filet de sang séché le long de sa tempe, lui, est tout sauf chaleureux.

— Je m'appelle Bhavani, continue-t-elle une fois à coté de nous. Je sais chassé le gibier, le poisson et vider les carcasses, je le fais tous les jours pour ma famille, explique-t-elle alors que sa voix flanche -une seconde seulement.

— Bien, dis-je en me tournant vers La-Fille-Du-Sud, la question de la chasse est réglée. Il faudra seulement confectionner des instruments de chasse mais je pense que Bhavani doit savoir le faire. (L'intéressée hoche la tête.)

— Il va aussi falloir établir un camp, ajoute Adlyne assez fort pour que la petite assemblée l'entende.

— Mais, s'interpose Victory, un camp ne servira à rien ! Les secours viendront nous sauver, il ne reste plus qu'à les attendre jusque là, s'indigne-t-elle.

— Personne ne viendra nous sauver, avouais-je à contre-coeur. Nous sommes perdues sur une île sauvage éloignée de toute civilisation, seuls les personnes qui nous ont enlevées savent où nous nous trouvons et nos familles n'auront jamais le moyen de nous retrouver... Ils va falloir partir d'ici nous-même, déclarais-je.

— Mon père viendra, s'écrie Victory, l'argent n'est pas un problème pour lui, contrairement à vous. (Son air supérieur me donne envie de la frapper en plein visage mais Adlyne me retient d'un simple geste imperceptible du bras.) Jamais il ne me laisserait ici !

La petite fille riche commence à comprendre que tout l'argent du pays ne lui servira à rien ici. Je perçoit le tremblement frénétique de ses mains lorsqu'elle gesticule dans tous les sens. Contre toute attente, la reine du lycée s'approche de Victory et entoure ses épaules de son bras.

— Calme-toi Victory, lui intime-t-elle d'une voix aiguë.

— Oh lâches-moi Ruth, s'exclame cette dernière en se dégageant de son étreinte.

Un sourire étire mes lèvres et un regard vers le groupe m'apprend que je ne suis pas la seule. Cette scène ridicule me permet d'apprendre que la reine-du-lycée se nomme donc Ruth et quelle est assez naïve pour croire qu'elle pourra devenir l'amie de cette peste de Victory.

— Et de combien de repas disposons-nous encore ? veut savoir une brune et je devine dans son regard vert toute la détermination dont elle sera prête à faire preuve pour partir d'ici vivante.

Je jette un regard où point la même question à la personne la plus proche de la malle, soit une fille aux cheveux courts aussi noirs que la nuit et aux yeux bleus apeurés. Elle baisse immédiatement les yeux sur la malle et se met à fouiller à l'intérieur. Ses lèvres remuent à une vitesse surprenante et pourtant aucun son ne les franchit. Elle réfléchit.

— Alors ? s'impatiente celle-ci même qui a poser la question quelques minutes auparavant.

— Il y a un bidon de dix litres d'eau, cinq paquets de dix gâteaux secs chacun, trente-quatre barres énergétiques et dix-sept conserves...

— Et de repas cuisinés ? demande Chiao Mai, visiblement inquiète. (La jeune fille aux cheveux courts parcourt le groupe du regard -ou plutôt les mains de chacune- avant de déclarer :)

— Il y en a exactement seize.

— Mais nous sommes dix-sept, s'exclame la fille trop sûre d'elle lors de la distribution -alias Madame-je-sais-tout.

— Tu as dû mal compter Hope, tente Bhavani -ce qui me permet de mettre un nom sur la calculatrice.

— Je ne me trompe jamais dans mes calculs, affirme Hope en déglutissant.

— Et combien de temps crois-tu que nous allons tenir avec ces ressources ? lui demande sèchement la Fille-du-Sud.

— Pour ce qui est de l'eau, une journée. La nourriture quant-à-elle ne durera que deux jours...(Des exclamations de surprise accueillent ses paroles tandis que son ton reste froid, contrôlé, scientifique.)

— À moins que nous ne nous mettions à chasser, cueillir des fruits et établir un camp, finis-je.

De nouveau, toutes les filles me fixent. Je vois de la frayeur dans les yeux de certaines, de l'approbation dans les yeux d'autres et enfin de la confiance chez quelques-unes. À ce moment, je me dis que je vais me battre, survivre, pour faire payer à ceux qui nous ont fait ça !

— Le soleil est encore haut dans le ciel, ce qui nous laisse assez de temps pour nous organiser, remarque la Fille-du-Sud.

— Est-ce que l'une d'entre vous sait faire du feu ? interroge prudemment Brianna.

— Je sais, intervient la brune aux yeux verts en avançant d'un pas.

— Quel est ton nom ? veut savoir la Fille-du-Sud.

— Je pourrais te retourner la question, lâche-t-elle en la toisant de haut en bas avec mépris. (Je réprime un sourire : j'adore cette fille.)

— Gale Suarez, annonce fièrement la Fille-du-Sud.

— Lisbeth Wise.

Les deux filles s'observent en chien de faïence. Aucune des deux ne veux baisser la garde devant l'autre. Soudain Lisbeth sourit à Gale pour mieux la bousculer d'un coup d'épaule en la dépassant.

— Je vais chercher de petites brindilles et de plus gros morceaux de bois dans la forêt, décrète la spécialiste du feu.

— Je t'accompagne, décrète une grande brune aux cheveux courts décolorés. Je suis Melody, se présente-elle, enchantée.

Lisbeth lui répond d'un air amusé. Toutes les deux déposent leur barquette de nourriture dans la malle avant de s'enfoncer dans la forêt. J'espère pour elle qu'elles n'iront pas trop loin. Très vite, chacune choisi une tâche, repose le repas empaqueté dans la malle pour partir en groupe avec d'autres filles. Brianna, Gale, Chiao Mai et Madame-je-sais-tout partent à la recherche de fruits à la lisière de la forêt tandis que Bhavani -accompagnée d'une certaine Skyler- va ramasser du bois et des pierres pour confectionner de quoi chasser. Adlyne, Krystal et moi décidons de rester à la clairière pour organiser le camp avec trois autres filles que je ne connais pas. L'une d'elles est grande, je remarque que ses longs cheveux bruns sont d'une brillance surprenante et que sa frange est d'un alignement presque professionnel. Sa carrure élancée m'indique que son apparence doit beaucoup compter pour elle, cependant ses joues et son nez ronds ne font que rehausser son regard bleu aux nuances de gris. En d'autres termes, elle représente tout ce que je ne suis pas : gracieuse et élégante. La seconde fille est assez petite mais possède une présence étonnamment chaleureuse. Je perçois une lueur pétillante lorsque mes yeux croisent les siens une seconde. Ses traits sont si fins et délicats qu'elle me fait penser à une de ces belles poupées de porcelaine que j'apercevais dans les vitrines des magasins de jouets de Brooklyn quand j'étais petite. Mais mon pied n'a jamais foulé le carrelage luisant de ces magasins et mes doigts n'ont jamais caressé les merveilleuses robes en soie de ces figures du raffinement féminin. À cette époque, je passais mon chemin, jour après jour, jusqu'à ne plus y prêter un seul regard. Les courts cheveux blond-doré de la troisième fille lui tombent sur le haut des épaules. Ses yeux d'un marron translucide sont perdus dans le vague alors qu'elle est adossée à un tronc d'arbre. Adlyne me prend par le bras pour nous rapprocher d'elles.

— Je suis Adlyne et voici Tia et Krystal, nous présente-elle avec un grand sourire que je trouve inapproprié vu la situation.

— Autumn Walker, sourit la fille élancée et je ne peux que remarquer que son sourire est éclatant.

— Faith, indique la poupée et je hausse un sourcil à l'entente de ce prénom.

— Odessa, ajoute la blonde qui pose enfin le regard sur nous.

— Et bien, commence Krystal, par quoi est-ce qu'on commence ?

— Je pense qu'il va nous falloir des lits pour cette nuit, propose ma meilleure amie.

— On peut peut-être couper des branches d'arbres pour les poser en guise de matelas, suggère Faith d'un air sérieux.

— Allons-y, lâchais-je, il nous faut de quoi faire dix-sept matelas !

Adlyne prend la tête du groupe. Je tourne la tête vers la malle et constate que Victory, Ruth et Hope gardent un oeil dessus. Nous nous enfonçons dans la multitude d'arbres qui nous surplombent d'une bonne dizaine de mètres. L'air est frais, pure. Des brindilles craquent sous mes pieds à chaque pas. Plus nous nous éloignons de la clairière et plus les arbres semblent se resserrer. Je n'ai jamais vu d'endroit comme celui-ci. Ici, le calme est seulement perturbé par les piaillements des oiseaux perchés au-dessus de nos têtes. Nous sommes loin des cris de Brooklyn et du tumulte du marché de la ville où chaque négociant cherche à attirer le plus de clients possible près de ses étales. Je trouve presque inutile de préciser qu'il est aussi très facile de voler là-bas. Les fougères fouettent mes mollets à chaque foulée et j'accélère la cadence. En levant la tête, j'aperçois les rayons du soleil jouer sur chaque feuille de chaque arbre et tamiser la lumière en un millier de petites tâches sur nos vêtements et nos visages. Je dépasse les filles, devant nous se trouve une butée couverte de terre et de feuilles brunies parsemée de rochers. De là où je suis je ne peux pas apercevoir l'autre coté de la colline mais ça ne saurait tarder. La pente est abrupte mais pas infranchissable.

— Je pense que l'on est assez loin, déclare ma meilleure amie et je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que cet avertissement m'est destiné.

Je rebrousse chemin. Je vois Faith casser quelques branches particulièrement feuillues à un arbre et étrangement, un sentiment de culpabilité m'envahit. Une infime part de moi ne veut pas détruire ce paradis. Un paradis qui pourrait nous être fatal. Je casse une branche à mon tour. De petits insectes s'envolent lorsque nous brisons leur perchoir. Un cri strident m'arrête net.

— Ah ! Enlevez-moi ça du bras tout de suite ! crie Autumn en gesticulant dans tous les sens si bien que j'imagine que le reste du groupe à dû l'entendre à l'autre bout de la forêt.

Son visage est déformé par la peur, pourtant je ne vois qu'une minuscule tâche sur son bras. Faith et Odessa se précipitent vers elle alors que Krystal ne bouge même pas. Adlyne lève les yeux au ciel et je l'imite.

— Mais enfin Autumn, ce n'est qu'une fourmi, calme-toi, tente de la rassurer Odessa avant de chasser la petite bête d'un coup de main.

— Pour quelqu'un qui porte le nom d'une saison, tu ne sembles pas vraiment aimé la nature, remarquais-je.

— Non en effet, concède-t-elle après avoir repris une respiration normale.

Nous continuons à ramasser des branchages jusqu'à ce que nos bras ne soient pus visibles sous la quantité de bois. Nous retournons ainsi à la butte cinq fois de suite. Je lâche les branches que je tenais dans les bras dans le sable de la clairière, non sans souffler bruyamment. J'enlève ma veste qui devient insupportable sous cette chaleur étouffante. Devant moi, Lisbeth s'active à faire du feu en frottant un bout de bois vertical contre un autre horizontal. Je la regarde faire avec attention pour pouvoir reproduire ses gestes un jour. Je me demande bien comment elle a apprit à faire du feu, d'ailleurs. Melody, la fille qui a demandé à l'accompagner, l'observe aussi. Je reconnais que je ne sais pas à quoi m'attendre de sa part. Elle me paraît assez spontanée étant donné la manière dont elle s'est portée volontaire mais son visage ne m'inspire aucun autre trait de sa personnalité. Des exclamations de joies me parviennent mais mes yeux cherchent en vain une faille dans le sourire de Melody. En effet, de petites flammes orangées émergent discrètement de la paille que Lisbeth à disposé autour du bois. Bhavani et Skyler nous rejoignent autour du brasier. Chacune d'elle tient une lance taillée dans le bois.

— C'est formidable d'avoir réussi le feu, non ? me demande Krystal qui vient de se planter à côté de moi.

— Oui, marmonnais-je désintéressée, c'est formidable.

Sans un mot de plus, je m'empare d'une branche du tas que j'ai cueilli pour en arracher seulement les brindilles les plus feuillues que j'étale sur le sol caillouteux. Nous avons décidé de disposer les matelas de fortune en cercle autour de foyer pour être au chaud cette nuit. À quelques pas de là, Adlyne termine sa dernière paillasse. Je m'empresse de terminer mon travail pour la rejoindre à l'écart du groupe, derrière un arbre.

— Dis donc Tia, tes paillasses m'ont l'air moins réussies que les miennes, plaisante-elle.

— J'ai décidé de ne pas gaspiller mon énergie, surtout pour des filles comme Victory Jones, m'agaçais-je devant le sourire de mon amie. De toute façon, nous n'allons pas rester ici indéfiniment...

— Tu veux que nous quittions le groupe, en conclut-elle avec surprise.

— Exactement. Je suis sûre qu'à nous deux nous pourrions réussir à partir d'ici, continuais-je à voix basse devant son air sceptique. Tu veux vraiment rester avec elles ? dis-je en désignant les filles devant le feu d'un geste du menton.

— Je pense que nous pouvons apprendre plus de choses et surtout affronter les obstacles qu'impose la survie ensemble.

— Et toi, tu veux rester avec ces filles qui se déchireront au moindre problème, m'énervais-je. La solution la plus sûre est de partir...

— Chacune d'entre-nous est douée pour quelque chose et chaque qualité nous sera indispensable pour rester en vie, affirme-t-elle avec cette lueur convaincue dans les yeux qui lui a toujours valu d'avoir raison.

Ses paroles planent au-dessus de nous et je réfléchis, pèse le pour et le contre.

— D'accord. Mais promets-moi qu'à la moindre menace de conflit, nous partirons.

— Promis, jure-t-elle avec un clin d'oeil.

Du bruit provenant de la clairière attire notre attention. Le groupe chargé de cueillir des fruits est de retour. Je ne suis pas étonnée de constater que Gale -ou la Fille-du-Sud- est en tête de file suivie de près par Madame-je-sais-tout, Chiao Mai et Brianna. Toute tiennent un tas de feuilles dans leurs mains où l'ont peu apercevoir une multitude de baies et de petits fruits violets et rouges. Presque aussitôt, un attroupement se forme autour d'elles.

— Qu'est-ce que vous avez trouvé ? questionne Ruth avec un intérêt subit pour la nourriture.

— On ne sait pas trop, avoue Chiao Mai, imperturbable en montrant sa récolte.

— Mais comment savoir si certaines baies ne sont pas empoisonnées ? questionne Autumn naïvement.

— Tu n'as qu'à les essayer et on verra ensuite ce qu'il se passe, se moque Skyler devant le visage faussement amusé de « l'amie des bêtes ». De toute façon on va toutes mourrir sur cette maudite île, donc la seule question est de savoir qui y passera en premier, continue-t-elle avec un rire mauvais.

— Je reconnais ces baies, déclare Hope d'une voix calme, je les ai étudiées dans un de mes manuels. Ces baies-là sont des myrtilles sauvages, explique-t-elle en saisissant un petit fruit bleu et rond. Il y a aussi des fraises des bois...

Adlyne me donne un coup de coude dans les côtes en souriant, signe qu'elle avait raison de vouloir que nous restions. J'inspire bruyamment en levant une fois de plus les yeux au ciel. C'est vrai que je dois bien admettre que les connaissances de Hope en matière de végétation nous sont très utiles.

— Celles-ci en revanche sont toxiques et rendent malade, dit-elle en nous désignant deux petites billes rouges et brillantes, ce sont des baies de sureau rouge. (Les quatre cueilleuses s'empressent alors de jeter toutes les baies écarlates sur le sol.)

— Rassurant, ajoute Skyler avant que toutes les filles ne se retournent pour lui lancer un regard lourd de sous-entendu alors qu'elle s'empresse de lever les mains en l'air en signe d'innocence.

Skyler semble ne pas avoir froid aux yeux et j'aime ça. À première vu, son physique pourrait nous faire penser à une jeune fille sage de bonne famille avec ses longs cheveux bruns, ses yeux de la même couleur et ses traits espiègles mais en réalité, c'est tout l'opposé. Je remarque un hématome sur sa pommette droite, seul indice de notre situation et de la violence de notre enlèvement. J'imagine que ceux qui se sont occupés d'elle ne devaient pas être très patients pour lui laisser une telle marque. Je quitte le groupe et m'assois sur une paillasse où le feuillage me semble être le plus fourni. J'observe les flammes danser et onduler autour des tronçons de bois que Lisbeth s'acharne à jeter au feu toutes les cinq minutes. Je peux déjà sentir la chaleur émaner du foyer. Je suis bientôt rejointe par Adlyne à ma gauche, Krystal à ma droite et chaque fille se choisit un matelas. Pile en face de moi, de l'autre côté des flammes, se trouve Victory et ses airs supérieurs déformés par les ondulations de l'air chaud. Je la trouve presque mieux comme ça. Les quatre corbeilles à fruits commencent à passer de mains en mains et à s'alléger à chaque passage. Je prends bien soin de nettoyer chaque baie sur mon débardeur avant de les avaler. Le soleil continue sa descente dans le ciel jusqu'à atteindre l'horizon, véritable ligne imperturbable au loin. Les vagues s'entrechoquent toujours pour poursuivre leurs allers et venues sur le sable de la plage dans un bruit aussi apaisant que sinistre.

— Je me demande bien comment se passera la journée de demain, lance Brianna, le regard perdu dans les flammes qui ravivent la couleur flamboyante de ses cheveux.

— Je suppose que l'on va recommencer, suggère Madame-je-sais-tout en avalant une myrtille.

— Je croyais que nous allions explorer l'île, s'exclame Chiao Mai avec surprise, comme l'a dit Tia tout à l'heure. (Les yeux se braquent sur moi, une fois encore.)

— Je continue de croire que c'est la meilleure solution, déclaré-je. Nous pourrons chercher d'autres fruits, un coin de chasse et même une source d'eau potable. (J'indique la malle d'un geste du bras.) Comme Hope nous l'a si bien dit, nous n'avons de l'eau que pour une journée.

Je laisse planer le doute sur ces derniers mots en mordant dans une fraise. Je sens que les filles sont confrontées à un dilemme intérieur. Rester ici et mourir de soif dans quelques jours ou explorer l'île et survivre. Pour ma part, le choix est tout fait.

— Elle a raison, tranche fermement Bhavani. Je pourrais chasser avec les lances que nous avons faites avec Skyler.

— Mais c'est du délire, s'insurge Victory comme à son habitude. Nous pouvons nous perdre dans la forêt ou nous faire attaquer à tout moment ! Et comment va faire mon père pour me retrouver si je m'en vais ?

— S'il te cherche !

— Skyler ! la réprimande Faith avec de gros yeux.

— Quoi ? réplique cette dernière avec un haussement d'épaule. Il ne faut pas qu'elle se fasse de faux espoirs, si ?

— Parfois l'espoir à du bon, renchérit Adlyne à mon plus grand étonnement.

— Que celles qui sont pour l'idée de Tia lèvent la main, invite Krystal de sa voix douce. (Toutes les filles lèvent la main à part Victory et Ruth.) Alors la question est réglée : nous partons demain.

— Je crois que toi et Ruth seriez bien seules ici si nous ne revenions pas demain, fais-je remarqué à cette peste. Sans eau ni nourriture, je ne donne pas cher de votre peau dans trois jours...

Je la vois se tendre immédiatement et je souris. Quel plaisir de la regarder enrager, je crois que je ne m'en lasserais jamais.

— Trois jours, répète tristement Melody. J'espère toujours être en vie dans trois jours...

— Nous le serons si nous nous entraidons et que nous restons soudées, affirme Lisbeth d'une voix forte.

— Plus facile à dire qu'à faire, ajoute Gale avec dédain.

Plus personne n'ose parler. La lumière du jour décline rapidement et nous plonge dans une obscurité oppressante. L'air frai est accueillit avec joie sur chaque parcelle de mon visage. De la clairière, nous pouvons entendre les cris des animaux éveillés en pleine chasse. Et même si cela m'apprend qu'il y a bien des bêtes à chasser derrière ces arbres, je ne peux m'empêcher de me dire que nous pourrions bien devenir les proies cette nuit. Mes yeux cherchent instinctivement les lances de Bhavani et je les aperçoit à côté de sa paillasse, prêtes à servir. Il n'a pas été convenue de monter la garde mais je décide de m'en charger. Le sommeil ne viendra pas me chercher ce soir, j'en suis certaine. Les filles s'allongent sur leur lit de feuillage et tardent toutes à s'endormir. Je suppose qu'elles ruminent chacune les récents évènements avec peur, colère ou nostalgie. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi nous avons été envoyées sur cette île. Il est clair que nous n'avons rien en commun mis à part le fait que nous avons toutes à peu près le même âge et que nous venons toutes du Royaume d'Amérique. Et surtout, à quoi servirait cette expérience pour ceux qui nous ont enlevé ?

Je quitte la clairière pour me rendre sur la plage. Le vent est plus fort ici. Je m'assoie dans le sable et ramène mes jambes contre moi comme j'ai l'habitude de le faire tous les soirs dans mon lit lorsqu'Adlyne dort. J'observe les alentours comme me l'a appris mon père. La mer s'échoue sans répit contre le rivage et pour la première fois, je remarque que la plage est en fait une baie encadrée de falaises immenses où les vagues s'écrasent avec violence. J'imagine que nous devons avoir une vue imprenable sur l'île de là-haut. L'embrun me caresse le visage et je ferme les yeux. J'espère que tout va bien pour mon père. D'aussi loin que je me souvienne, il n'a jamais été inquiet pour quoi que ce soit...hormis moi. Même lorsqu'un jour, alors que mon père nous avait emmenées au marché avec Adlyne pour nous apprendre à voler les passants et que je m'étais écrié : « Et les gens ne sentent pas tes mains dans leurs poches quand tu les voles ? ». Un grand silence s'était abattu sur la place ce jour-là et mon père avait rit en détournant l'attention, en prétendant même ne pas me connaître. Même Adlyne avait tenue sa langue alors que nous avions toutes les deux sept ans. Quelle imbécile j'étais ! J'en ris seule à présent alors que je ne m'étais jamais sentie aussi honteuse en rentrant à la maison cette journée-là. C'est sûr qu'Adlyne à toujours eut l'étoffe d'une voleuse contrairement à moi.

— Alors ? Tu ne dors pas ? me demande une voix que je reconnais derrière moi.

— Comme tu le vois, dis-je alors que Lisbeth vient s'assoir à côté de moi.

Aucune de nous deux ne parle plus, nous nous contentons de fixer l'horizon.

— J'allais m'assoupir un peu lorsque je t'ai vu toute seule ici.

— Je préfère rester éveillée, expliquais-je en tournant la tête vers elle qui scrute encore le large.

Je remarque que son visage est tâché par la suie. Elle n'a pas dû arrêter de s'occuper du feu depuis tout à l'heure.

— Je peux surveiller le feu pendant que tu dors, continuais-je. (Elle acquiesce d'un signe de tête.) Demain, nous partons en excursion, il faut te reposer. (Je me re-concentre sur la mer agitée.)

— Je pourrais te dire la même chose, objecte-elle.

— Je suis habituée à ne pas dormir, argué-je.

— Moi aussi.

Je me tourne vers elle, étonnée. Je vois un sourire étirer un coin de sa bouche malgré la noirceur de la nuit. Elle reprend pourtant la parole :

— Je me suis enfuie de chez moi à quinze ans. Mes parents ne pouvaient plus s'occuper de moi, ils ont été détruits après la disparition de ma sœur. Ils ne voulaient pas qu'elle se marie avec un garçon sous prétexte qu'il n'était pas assez bien pour elle. Une nuit, elle est venue dans ma chambre et m'a dit qu'elle partait pour ne plus jamais revenir. J'ai essayer de la retenir mais elle disait qu'elle devait me quitter pour vivre l'amour...(Sa voix s'enroue comme si elle avait crié pourtant ses paroles ne sont que des murmures.) L'amour, ricane-t-elle. L'amour n'existe pas. Ma soeur serait restée si elle m'aimait vraiment. Enfin...sa fuite à rendu mes parents complètement fous d'inquiétude. À chaque fois qu'ils me regardaient, ils la voyaient elle. Je n'existais plus pour eux, je n'étais plus que la pâle copie de ma sœur. J'ai attendue d'être assez grande pour partir, comme elle. J'ai errer de ville en ville jusqu'à trouver une hutte abandonnée près d'une forêt comme celle-ci, dit-elle en désignant l'île. Je m'y suis installée et c'est là que j'ai appris à faire du feu. J'allais dans la ville la plus proche pour acheter la nourriture et l'eau contre le peu d'argent que je gagnais en accomplissant de petites tâches pour quelques habitants.

» Et puis un jour, ces hommes en noirs sont venus me chercher. J'ai cru pendant un instant qu'ils avaient été engagés par mes parents mais j'ai vite compris que non, continue-t-elle avec un rire amer. Et comme par magie, je me suis réveillée ici...

— Et est-ce que tes parents te manquent parfois ? demandais-je doucement, ce qui la rend sérieuse de nouveau.

— Les parents qu'ils étaient lorsque ma sœur était encore là me manquent chaque jours depuis huit ans. Mais ils ont disparu avec elle.

Un silence s'abat de nouveau sur nous que seuls les clapotis de l'eau interrompent. Lisbeth se lève, je la vois essuyer une larme mais ne dis rien. Elle commence à s'éloigner lorsque je l'interpelle :

— Au fait, j'ai aimé la façon dont tu as défié Gale tout à l'heure, souriais-je. (Elle rit faiblement mais assez pour reprendre un sourire vainqueur.)

— Merci.

Elle s'en va et je me retrouve de nouveau seule. Cela me rappèle que face à cette île, nous sommes toutes désespérément seules. L'histoire de Lisbeth ne fait que me conforter dans l'idée que nous n'avons strictement rien en commun les unes avec les autres. Et si son histoire était fausse ? Si son seul but était d'obtenir ma confiance, la lui accorderais-je ?


 Mais dans ce cas, à qui pourrais-je faire confiance sur cette île ?


(Lisbeth en multimédia) Bonjour à toutes et à tous ! Voilà le nouveau chapitre de Royal Island ! J'espère qu'il aura comblé vos attentes car je me suis remise à écrire cette histoire il y a peu. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé surtout et à relire l'histoire depuis le début car le lapse de temps entre les premiers chapitres et celui-ci à été très long...

WhiteFeather04

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro