Rosa

" Tu devrais arrêter de t'évanouir tout le temps Rosie... "  Je me redresse lentement de l'herbe sur laquelle je suis allongée, le regard embrumé. Une jeune femme blonde se tient devant moi, l'air légèrement inquiète, ses yeux noisette rivés aux miens. Je souris en reconnaissant ces nuances de dorés que j'ai si souvent vues dans les miens.

" Ne t'inquiètes pas Maman. " Je pose ma main sur la sienne, et me relève. " Je vais bien. " Elle soupire, et me prend dans ses bras, posant sa tête sur mon épaule.

" J'aimerai profiter un peu plus de ma fille sans que tu sois dans un mauvais état... Et puis c'est troublant de te voir aussi jeune... "  J'enfouis mon visage dans sa chevelure dont le parfum me fait monter les larmes aux yeux. Elle m'as tellement manqué depuis la dernière fois. Elle pose des mains sur mes épaules et me repousse légèrement, ses yeux observant mon corps, mon visage, mes vêtements, avant de revenir à mes yeux. " Ton père veut te parler. Je ne pourrais pas nous maintenir ici tous les deux. Je vais donc lui laisser la place. " Je ravale difficilement mes larmes, et hoche la tête.

" D'accord. Mais tu reviendras me voir? " Elle sourit tandis que sa peau palit a vue d'oeil, comme un dessin dont on augmenterait la transparence.

" Bien sur que oui. Tant que tu le souhaites, je peux revenir. " Je souris, et lâche des doigts, tandis qu'elle finit par totalement disparaître, me laissant seule dans cette immense prairie ou on voit seulement un arbre, dont les immenses branches me protègent des rayons d'un soleil que je sais artificiel. Deux mains sur mes épaules me tirent de ma contemplation. Mais je ne bouges pas pour autant. Nous restons un long moment comme ca, immobiles, silencieux, appréciant la présence de l'autre. Il finit par briser le silence de sa voix rauque.

" Alors tu as finalement ce tatouage... fais attention à ne pas le dévoiler. Sengoku est au courant pour la malédiction et le tatouage. Si quelqu'un le voit, ou que la Marine est au courant, tu peux dire adieu à ton anonymat. " Je soupire.

" Les pouvoirs, je veux bien, mais la... c'est un peu comme si ils voulaient imposer leur lignée... Et pourtant, ce n'est pas quelque chose dont il faut se venter si on veux rester en vie...

- Je sais. C'est une des chose qui m'as convaincu de garder ma chemise... En plus du fait que ta mère préférait me l'enlever... " Je sens mes joues se mettre à brûler.

" Papa... s'il te plaît " Il rougit à son tour. Chose assez rare , d'ailleurs...

" Désolé... " Il secoue la tête pour reprendre contenance, et reprends. " Pour tes pouvoirs... tu as du déjà en remarquer quelques particularités... " Je hoche la tête, et m'assois en tailleur face à mon père qui en fait de même. " L'une des principales choses à savoir, c'est que tu peux le mélanger à tes trois fluides. Le perceptif te permettra de voir tout ce qui est tiré du Kairoseki dans la zone de perception de ton fluide. Notamment le granit marin, ou encore le Kairoseki présent dans l'air. Le fluide combatif sera encore renforcé par ton pouvoir, et le fluide Royal... tu peux y mêler du kairoseki, ce qui te permettra de toucher, en plus des personnes que tu touchais déjà avant, toute personne possédant un fruit du démon, quelle que soit la nature du fruit.

- Je le savais déjà dans les grandes lignes. " J'hésite un peu, puis reprend. " Barbe Blanche est au courant.

- Newgate? Il savait aussi pour moi. Il a vu ton tatouage? " J'acquiesce " ce type est intelligent... Maintenant, passons aux choses sérieuses. Tu as réussi à te servir instinctivement de ton pouvoir, mais il y a certains sorts, notamment ceux qui ont un rapport avec les quatres grandes magies que tu ne pourras pas inventer.

- Les quatre grandes magies? " Il hoche la tête, et se lève lentement, Me faisant signe de faire de meme. Il pose ses mains sur mes epaules, avant de fermer les yeux. Une lueur bleue nous entour, faisant voler nos cheveux et ma robe, et je sens une grande puissance m'envahir. Il rouvre les yeux, plantant des prunelles noires dans les miennes.

" Tu as à présent accès à tous les sorts créés par tous nos ancêtres. Du plus basique au plus compliqué. " Je ferme les yeux alors que les formules résonnent sous mon crâne. Il me lâche et se détourne, se retrouvant dos à moi. " Il n'y a que deux sort qui ne sont pas compris dans cet héritage. Le Tempay Fuzetsu, et Ryusei Gun

- Tempay Fuzetsu. " Je murmure, impressionnée.

" Exact. Celui la ne possède pas de formule exacte. C'est à chacun d'inventer la sienne. C'est le sort le plus puissant que tu puisses contrôler. Et il n'est pas sans conséquences. Il te permet de contrôler tous les pouvoirs des fruits du démon autour de toi. Mais la quantité d'énergie demandée est telle que tu risques de tuer ces personnes. Et toi au passage. Alors ne l'utilises qu'en dernier recours. " Je hoche la tête, et il poursuis. " Quant au Ryusei Gun... Son nom signifie pluie d'étoile filante. Il te permet de priver toute personne possédant un fruit du démon de son pouvoir. Mais il est aussi très difficile à maîtriser. Et pour la formule... Elle existe, mais c'est à toi de la trouver.

- Pourquoi?

- Parce que si nous savons que le sort existe, personne n'as jamais réussi à trouver la formule.

- Sérieusement? " Je soupire. " Ben ça va pas être facile alors... Enfin bon. Je vais essayer. " Il se retourne vers moi et sourit.

" Tu peux aussi essayer de l'inventer. Mais c'est moins sur. " Je me met à rire, mais m'arrête quand ma vision se trouble, et que mon père commence à disparaître, signe de la fin de notre entrevue. Je me jette dans ses bras pour un dernier câlin avant de perdre à nouveau connaissance.

Je me réveille dans ce qui ressemble à une cabine, avec l'impression d'avoir un dictionnaire entier dans la tête. Je grogne et me redresse en position assise, tandis que la pièce autour de moi semble avoir décidé que rester droite, c'était trop compliqué. Je finis par abandonner, et me laisse retomber sur mon matelas, en repensant à tout ce que j'ai appris. Les mots se bousculent dans ma tête et, malgré tous mes efforts, tout s'embrouille, et je n'arrive pas à remettre en ordre les formules, ou leurs différents usages. Argh, quelle horreur... Ils pouvaient pas inventer moins de formules? C'est à moi de tout gérer après...

" Qui ça ils? " Je me rend compte que j'ai parlé à haute voix, et referme la bouche.

" Oh, euh... Personne. " Je me redresse lentement, et cette fois mon corps accepte de suivre le mouvement, et je me retrouve adossée au mur, la couverture sur mes genoux, face à mon frère, assis sur une chaise, dont les yeux me fixent d'un air impassible. Je soupire. " Sérieux Ace, je t'ai déjà dit que c'était pas de ma faute. Et en plus...

- Tu le savais depuis combien de temps? " Je lève les yeux au ciel. décidément, dès qu'on parle de notre père, Ace se braque.

" Je viens de te dire que je savais pas pour le tatouage. Pour les pouvoirs... " J'hésite un peu avant de reprendre. " Papa m'en as parlé avant que je vienne. " Les poings de mon frère se crispent, et il daigne enfin abandonner son air impassible, laissant la surprise se refléter sur ses traits.

" Tu lui as parlé? " La note d'hésitation dans sa voix me coupe dans ma réplique, et je me contente d'esquiver la question.

" Tu sais, si tu ne peux pas le voir, c'est tout simplement parce que tu ne le veux pas Ace... Et je peux le comprendre. " Il ouvre la bouche, mais je le coupe, et reprends. " Mais laisse lui une chance. " Son regard se ferme. Je soupire. " Fais un effort Ace! Tu ne peux pas le laisser comme ça alors qu'il n'attends qu'une seule chose, que tu acceptes de le voir! " Il se retourne, et donne un coup de poing dans le mur, me faisant sursauter.

" Je ne veux pas le voir! Bordel Rosa, c'est lui qui à détruit ma vie! " Je me redresse d'un bond.

" Tu ne peux pas dire ça. C'est toi qui as choisi de vivre ça comme une honte. Regarde moi. J'ai les mêmes parents que toi, et pourtant je peux vivre la vie que je veux. " Je reprends ma respiration, tentant de me calmer. " Il suffit de ne rien dire Ace. Les gens qui t'entourent ne le savent pas forcément, et te considèrent comme une personne normale. C'est ton choix, et... " Ses yeux noirs semblent s'enflammer, et il se met à fumer, tandis qu'il se retourne vers moi, l'air fou de rage.

" C'est à cause de moi peut être que Maman est morte? " Je me fige sur place. La douleur dans ses yeux est bien trop réelle pour qu'il puisse réaliser ce qu'il vient de dire. Je me lève, et me rapproche de lui. La gifle part toute seule, nous choquant tous les deux.

" Comment... comment tu peux dire ça ! " Il détourne la tête, en serrant les dents. " Tu n'as aucune idée de tout ce qu'il s'est passé autour! Tu ne peux pas dire qu'elle est morte à cause de lui! Elle... " il me coupe, un éclair de rage dans ses yeux onyx.

" Elle est morte parce qu'il s'est fait prendre par la Marine. Elle est morte parce que...

- Elle est morte pour nous protéger! " Mon cri a au moins le mérite de le faire taire. Je refoule mes larmes en secouant la tête. " Tu te comportes vraiment comme un sale égoïste des fois Ace. " Je me dresse sur la pointe des pieds, et pose mes deux mains sur ses tempes, en fermant les yeux. Il y a peu de temps, j'ai apris a déclencher mes visions, même si je ne peux toujours pas les empêcher. Ace ecarquille les yeux sous l'afflux d'images, avant de les fermer pour se concentrer sur ce qui défile sous ses yeux. Ensemble, nous revoyons la rencontre de nos parents. Leur premier rendez-vous, leur pseudo-mariage, le départ de notre père, son retour, tous ces épisodes de la vie de mes parents que j'ai découvert au fil des années. Puis nous arrivons aux épisodes plus tristes. Cela commence par les nombreuses crises de Papa, sa décision lorsqu'il apprend sa maladie, puis celle de maman. Et enfin... Leurs adieux, l'exécution du roi des pirates, la réaction de maman, son combat contre le temps. Quand enfin la dernière scène s'imprime dans nos esprits, je me met à trembler, a deux doigts de fondre en larmes. Notre mère, allongée dans son lit, ses deux enfants dans les bras, et des derniers mots. Je laisse mes mains retomber le long de mon corps, et tente de maîtriser les tremblements qui secouent mes épaules. Le silence s'installe, et je me laisse tomber sur le lit, la tête entre les mains.

Décidément, cette journée est un véritable fiasco... Je commence par m'evanouir dans la cale d'un bateau, dont je suis sortie de force par un hystérique coiffé comme un ananas, avant de me faire traiter de gamine par un ̂géant. Puis on se fait attaquer par des abrutis, ce qui fait que mes deux couvertures sautent, avant que tout le monde découvre mon lien avec Roger, pour finir par m'engueuler avec mon frère que je n'ai pas vu depuis plus de 6 ans, et duquel j'étais venu fêter l'anniversaire, me forçant à revivre mes pires visions ... Oui, décidément, aujourd'hui est une journée parfaite...

" Euh... Rosa? " Ace me regarde d'un air étonné, brisant le silence. " t'as vraiment trouvé cette journée si horrible que ca? " Je me rend alors compte que j'ai parlé à haute voix, ce qui fait qu'il m'as parfaitement entendu. Je hausse les épaules.

" Franchement, j'ai déjà vu mieux...

- Tant que t'as pas vu pire... " Je redresse la tête. Le regard d'Ace est rive sur son bureau, et il semble plus fragile que jamais. Je baisse la voix.

" Bien sur que si j'ai vu pire. " Je secoue la tête " On a tous vu pire Ace. On est des pirates. " Il se retourne vers moi. " Et le Gouverement Mondial n'est pas tendre avec les pirates. " Je me met à sourire " Sûrement une des raisons pour laquelle les équipages comme le mien ou le tiennent tellement les uns aux autres d'ailleurs...

- Je veux bien essayer. " Ace se tient debout face à moi, ses yeux alternant entre fixer les miens ou la porte. Je le regarde, interloquée. " Je veux bien essayer d'apprendre à le connaître. " J'ecarquille les yeux. Il parle vraiment de... " Mais que ce soit clair Rosa. Mon seul père est Barbe Blanche. " J'acquiesce lentement, me retenant de me mettre à pleurer de soulagement. Au lieu de quoi je me met à sourire, avant de me lever et de me jeter au coup de mon frère.

" Il comprendra Ace. " Je le serre contre moi. " Merci. "

Au final, cette journée ne s'est peut être pas si mal passée que ça. On pourrais même dire que l'équilibre entre les bonnes et mauvaises choses à été explosé. En une phrase. Et alors que je craque et me libère enfin de toute la tension de cette journée interminable, je me dis que je connais quelqu'un qui sera vachement content.