Sincèrement, péter un câble sur la morue m'avais fait un bien fou. J'étais beaucoup plus détendu, maintenant que j'avais exprimé toute ma colère quant au fait d'avoir été jeté dans la fosse aux lions. C'est donc l'esprit en paix que je parti explorer mon nouvel habitat. Comme le building était immense, je vais vous la faire courte:

- 1er étage: des bureaux, de la paperasse, et un tas de fonctionnaires ennuyeux.

- 2eme étage: Les archives. Le plus gros tas de dossiers que j'ai jamais vu. J'ai été tenté de sortir mon briquet, mais j'ai senti que la documentaliste et les deux pandas qui lui servaient de gardes du corps n'allaient pas apprécier. Ils nous ont laissé feuilleter quelques dossiers, mais avec l'interdiction formelle d'en prendre des photos (j'ai vu Red le faire en douce, mais je me suis dit que la documentaliste était une vraie peau de vache, ça a calmé mes scrupules inexistants).

- 3eme étage: ça a été la salle préférée de Red: tout un endroit exclusivement dédié à l'informatique et à l'électronique. C'est aussi à cet étage que j'ai eut l'occasion de constater que les gentilles filles avec de grands sourires comme elle, eh bien il valait mieux ne pas les mettre en colère. Vous voulez que je vous explique? Bien, soit.

Quelques heures plus tôt...

Red était aux anges. Elle tourbillonna sur elle-même et éclata de rire.

- Bon sang, je vais m'éclater dans cet endroit!

Le tout en chantonnant. On aurait presque pu voir les papillons roses et les arcs-en-ciel se balader tout autour. Écœurant. A mes côtés, Kyô et Violet l'observaient, avec le même air ennuyé peint sur la figure. Je me retins de soupirer. Avec deux coincés pareils, il n'y avait bien que Red que j'appréciais vraiment, quoique sa déclaration de psychopathe de tout à l'heure m'ait bien fait flipper tant elle était sérieuse. Parlant de l'intéressée, elle venait de se plonger dans une grande discussion avec un informaticien, qui n'avait pas l'air plus enchanté que ça. Soit sa requête était particulièrement indécente, soit elle demandait la lune. Mes deux hypothèses furent rejetées, lorsque, après avoir obtenu gain de cause, elle revint vers nous et nous annonça.

- On fait une pause! Je dois absolument étrenner leur système, et voir comment tous ces appareils marchent!

- Tu ne pourrais pas faire ça plus tard? Râla miss canapé (je n'avais pas renoncé au surnom, d'autant qu'elle m'appelait lila maintenant).

- Et tu n'avais pas dit que tu utilisais ton propre matériel? interrogea Kyô en levant un sourcil.

- Bien sûr que, d'habitude, j'utilise mon matos, je n'ai pas confiance en un ordinateur inconnu. Mais cet équipement informatique, c'est vraiment de la pointe, et s'il s'avère qu'il est plus efficace que le mien, dans l'intérêt général, je contreviendrais à mes règles, rétorqua Red en levant les yeux au ciel. Et ensuite, non je ne peux pas reporter ça. Moins de temps je passerai dans ce trou à rat, mieux se sera.

Je fronçai les sourcils. Trou à rats? L'immeuble était pourtant loin d'être laid. Quelque chose dans son ton me titillait, et je n'arrivais pas à mettre la main dessus, ce qui m'agaçais du plus haut point. Je remisai soigneusement l'information dans un coin de mon esprit, et me concentrais Red. Elle sortait de sa sacoche tout un enchevêtrement de fils et de câbles, ainsi qu'un ordinateur compact au logo argenté. Je l'observai avec intérêt. Plus de petite fille insouciante, mais une informaticienne (ou une hacker, je n'avais toujours pas abandonné l'idée) redoutable. La suite me le confirma. Red venait tout juste de relier son ordinateur avec le système de l'immeuble lorsque son expression changea du tout au tout. Ses traits se crispèrent brutalement, et elle se jeta sur les câbles de connections, qu'elle arracha violemment de leur prise. Elle se mit alors à pianoter furieusement sur son clavier, démarrant des logiciels dont plusieurs marqués nettoyage. Finalement, son écran devint totalement noir, et des mètres de codes s'affichèrent à l'écran défilant à toute vitesse, puis plus rien. Mais la demoiselle n'en avait pas finit. L'informaticien qui arriva en fit les frais.

- Qu'est-ce que c'est que tout ce...

La gifle que lui assena Red faillit lui arracher la tête.

- Je préviens toutes les grenouilles de labo qui sont ici, hurla-t-elle, que la prochaine qui tente ne serait-ce que de m'envoyer un autre logiciel espion, je l'éviscère et je suspens ses entrailles dans mon appart en guise de décoration de noël, c'est clair?!!!!

Le pire, c'est que je la croyais tout à fait capable de genre de trucs.                                                               Tout comme je l'avais fait avant elle, sa colère retomba juste après que nous soyons sorti. Enfin presque.

- Comprends moi bien, avait-elle assené à Kyô, d'un ton glacial, lorsque celui-ci avait eut le malheur d'émettre un commentaire. Avec moi, c'est pas compliqué: tu pénètre mon ordi, t'es mort. T'essaie de me hacker, t'es mort. T'essaie de me pigeonner, t'es mort. C'est une question de fierté, et t'as pas idée du nombre de logiciels dangereux qui traînent sur mon PC. Et, vu que tu n'es pas informaticien, je dirais que tu n'as aucun commentaire à faire, donc tu la boucle agent Pink!

Après, ça, plus personne n'a osé parle ni à Red, ni à Kyô, mortellement vexé. Une ambiance topissime, qui s'est dissoute lorsque nous sommes arrivés là où nous nous trouvons actuellement, le 4eme étage: celui de l'armement. Je dois préciser que notre visite s'est arrêtée là, puisque nous n'avions pas accès aux étages supérieurs. Kyô s'est tout de suite trouvé dans son élément, même s'il essayait de le dissimuler. Rien qu'à la façon dont il a pris en main le glock qu'on lui tendait, j'ai su que ce type était un tueur né, capable d'atteindre une cible à plus de cent mètre. Aptitude qui s'est confirmée dès les premières cibles. Miss Canapé et moi n'avons pas été en reste cependant. Même si je m'appliquais à rater la cible et à ne pas viser la tête à chaque fois. Bien que j'ai liquidé assez de types dans ma vie, que ce soit pour sauver ma peau ou celle de Jarvis, pour que Kyô passe pour un débutant, je préférais éviter de leur montrer de quoi je étais réellement capable. J'aurais eut trop peur de les effrayer. Notre dernière coéquipière, c'est à dire Red, s'est par contre révélée totalement inapte à tenir correctement un revolver. Kyô eut beau essayer pendant une demie-heure, elle ratait la cible à chaque fois. Alors qu'elle en était au moins à son trente millième essai, elle jeta son arme par terre en pestant.

- C'est mort les mecs, j'y arrive pas!

- Tout n'est qu'une question de volonté, commença Kyô, il faut juste que tu te concentre.

- Je t'ai dit que je n'y arriverai pas! aboya Red, alors c'est pas la peine d'insister!

- Tu dois y réussir, rétorqua calmement miss canapé, on va forcément être confronté à une fusillade ou quelque chose du genre, et si tu n'es pas prête, tu vas te faire descendre.

- Je suis plus à l'aise avec un couteau, je n'aime pas ses engins...

- Alors va pour le couteau! embraya immédiatement Kyô.

Il se dirigea vers l'armoire, et en sorti, une impressionnante arme blanche à la Crocodile Dundee (un film qu'il faut regarder, rien que pour voir le type scalper les crocodile et l'actrice courir pied nu dans un métro new-yorkais). Se plantant fermement devant Red, il la lui tendit, et désigna la cible du menton. La jeune femme fit le dos rond.

- Sinon, ça vous dirait un petit apéro chez Nick ce soir?

Cette fille avait décidément l'art et la manière de sortir les phrases les plus inattendues dans les circonstance les plus sérieuses.

- Pourquoi chez moi? m'offusquai-je, on est quatre que je sache, et je n'ai pas le souvenir de vous avoir invité à squatter!

- Parce que, répliqua patiemment Red en levant les yeux aux ciel, ta maison est la seule disponible! Kyô et Violet ne nous laisserons jamais savoir où ils habitent, et je vis en coloc avec une pommée envahissante, dans un trois pièces déjà bien trop petit pour deux!

- Mais je veux pas voir la sale tronche de miss canapé toute la soirée moi! geignis-je.

- Ben moi non plus figure toi! rétorqua-t-elle d'un ton acerbe, mais, juste pour te contrarier, j'accepte ton invitation Red.

- Parfait, s'exclama celle-ci en tapant des mains, et toi Kyô?

- Je refuse, ce n'est pas une bonne idée de savoir où vivent les uns et les autres.

- Tu ne nous fais pas confiance? se vexa Red.

- J'avoue, renchéris-je, et je te signale que je suis parfaitement capable de me défendre, et mon coloc aussi!

- Parce que tu as un coloc? Raison de plus pour dire non!

- Franchement, t'as vraiment aucun de soucis à te faire pour lui, intervint miss canapé, si des psychopathes se mettaient en tête de nous liquider, il serait certainement le premier à tirer!

Kyô haussa un sourcil. En ce moment, dans son esprit, Jarvis devait lui apparaître comme un taré de la gâchette, bien que je sois reconnaissant à miss canapé de n'avoir pas dévoilé son métier. ça aurais jeté un froid de savoir qu'on allait prendre l'apéro chez un tueur.                                                                Kyô hésitait toujours. Red finit par dégainer le grand jeu.

- Tu sais quoi? dit-elle, on va faire un deal. Si je touche trois fois la cible avec ce couteau tu seras forcé de venir.

- Ok, accepta-t-il en croisant les bras, mais seulement si tu touche trois fois le centre de la tête.

Et vous savez quoi? Red n'a raté aucun tir.

L'agent Pink s'était fait rouler.

Chapitre 6 fini! en espérant qu'il vous plaira! Et je vous réserve une soirée entre collègues, avec cette sale folle de Red et le retour de Jarvis pour la prochain.