Alerte: ce chapitre est dans la continuité du précédent, et se situe donc toujours dans le passé de Red, du point de vue d'Alessio.

Quand Alessio l'aperçut, entrant dans un bar où elle n'avait rien à faire, cela lui fit un choc. Cela faisait deux ans qu'il n'avait plus recroisé Rebecca Vanozza, mais son souvenir était resté profondément ancré dans sa mémoire.

- Stop! ordonna-t-il à son chauffeur.

Il s'était à peine arrêté qu'il jaillissait déjà de la voiture. Il avait un mauvais pressentiment. Talonné de près par Ethan, il s'engouffra dans la bar, d'apparence tous ce qu'il y avait de plus réglo. Dommage que la prostitution et trafique de stupéfiants y côtoient la vente d'alcool. Rebecca n'aurait jamais dû avoir à y entrer. Lui non plus d'ailleurs, à voir l'air renfrogné du barmen. Mais il était vrai qu'il faisait plutôt tâche avec son costume. Il ne voyait plus Rebecca. Ethan, la repéra avant lui.

- Porte du fond, lui chuchota-t-il.

Bien sûr, l'arrière boutique. Sûrement par là qu'on accédait à la réserve de marchandise spéciale. Il évalua rapidement la situation. Impossible de s'y diriger comme si de rien était, personne ne serait assez bête pour le laisser passer.

- On sort, indiqua-t-il à Ethan.

Attendre était encore la meilleure des solutions. Il retrouva son chauffeur garé quelques emplacements plus loin. Il se laissa glisser sur son siège et croisa les bras. Il ne savait pas pourquoi il était aussi nerveux. Il jeta un énième regard vers l'entrée du bar. Elle ne sortaient toujours pas. Un discret soupir attira son attention.

- Je ne vous demande pas pourquoi tout cela semble autant te tenir à coeur, murmura Ethan du bout des lèvres, n'ayant aucune envie que le chauffeur n'en entende plus que nécessaire.

- Non, parce que j'ignore la réponse. tout ce que je sais, c'est que ça me déplaît. Ce bar appartient à Tian Lou. Elle doit avoir de sacré problèmes pour se jeter dans la gueule du loup comme ça.

- Elle ne se souvient peut-être même pas de nous.

- Si tu savais comme je m'en fiche.

- Tu prends cela beaucoup trop à coeur.

- Elle est sortie! s'exclama Alessio.

Et il s'éclipsa, s'épargnant la lourde tâche de répondre à Ethan. Plus Alessio s'approchait, plus ses sourcils se fronçaient. Elle avait changé. Quelle était cette expression si étrange peinte sur ses traits?

'Il est peu probable qu'elle ne finisse pas aspirée par la noirceur de son monde.'

Une phrase qu'il avait lui même prononcée et qui lui laissait un arrière goût amer.

- Heureux de te rencontrer de nouveau jeune fille, lui murmura-t-il alors qu'il arrivait à sa hauteur.

Elle sursauta, volta brusquement sur ses pieds, les poings levés. Alessio, émit un petit rire, masquant sa surprise face à une réaction aussi agressive.

- Calme toi, je ne vais pas de manger.

Ses traits se détendirent quand elle le reconnut. Elle baissa les poings, un souriant malgré elle. Alessio eut un pincement au coeur. Même son sourire avait changé. De brillant et lumineux, il était passé à triste et crispé, comme si elle avait perdu l'habitude. Cependant, ses yeux plus que son expression montraient à quel point elle était heureuse de le voir, presque soulagée. Cela le surpris. Il ignorait être devenu quelqu'un de si important pour elle.

C'est l'hôpital qui se fout de la charité.

- Alessio! s'exclama-t-elle. ça faisait si longtemps.

Elle amorça un mouvement, comme pour lui sauter dans les bras, puis se ravisa. Elle devait sûrement se demander si ce n'était pas exagéré. Après tout, elle ne l'avait rencontré qu'une fois, et se préparait à l'accueillir comme un ami perdu de vue depuis longtemps.

- Heureux de voir que tu ne m'as pas oublié, sourit-il, content malgré lui.

- ça aurait été difficile, plaisanta-t-elle. Tous les journaux ne parlent que de l'ascension fulgurante dans la société d'Alessio Bartolozzi. Salut Ethan!

Le garde du corps sourit.

- Cela faisait longtemps. Content de voir que tu n'as pas perdu le sourire.

Et paf! songea Alessio. Ethan venait de frapper là où cela faisait mal. Aussitôt, le visage de Rebecca s'assombrit, et c'est avec un tout nouvel oeil qu'elle les observa. L'avaient-ils vu entrer dans le bar? Et, ce point surpris Alessio, que pensaient-ils d'elle si c'était le cas?

- Alessio, l'interpella Ethan en le prenant doucement par le bras, il faut qu'on y aille.

Doucement, il le força à entrer dans la voiture.

- Tu ne devrait pas trop te rendre seule dans ce genre d'endroit, ajouta-t-il à l'intention de la jeune fille. Les propriétés de Tian Lou ne sont pas réputées pour leur bon accueil.

- Je sais! répondit-elle d'une voix étranglée alors que la portière claquait sur eux.

Alessio tourna brusquement la tête. Le ronronnement que fit la voiture en démarrant l'empêcha d'en sortir une nouvelle fois. Il jeta un regard à Ethan, abandonnant suffisamment longtemps son masque impassible pour que son compagnon remarque son air choqué.

Il se pencha, faisant semblant d'attraper une pile de dossiers face à lui.

- Tout ira bien.

Non, tout n'irait pas bien, songea Alessio. Il redoutait d'apprendre ce qui avait amené Rebecca dans ce bar. Tout au long des semaines suivantes, il laissa traîner ses oreilles du côté du secteur. Les rumeurs dont lui firent part se subordonnés lui glacèrent le sang. Les subordonnés de Tian Lou avaient apparemment trouvé un nouveau passe-temps. Une jeune fille, l'enfant d'un de leur consommateur. Visiblement, son géniteur avait rarement de quoi payer ses consommations et son goût prononcé pour le jeu. Les membres du groupe avaient visiblement trouvé assez divertissant de la faire payer en nature chaque nouvelle demande chaque prolongement de délai qu'elle demandait pour payer les dettes de son père.

Une fois la nouvelle digérée, Alessio sentit la colère monter en lui. Il ne savait même pas pourquoi. Il était sûr que c'était arrivé à beaucoup d'autres filles, à l'intérieur même de son propre cartel. Mais la colère ne le quittait pas. Une colère irrationnelle, qu'il ne voulait même plus chercher à raisonner. Les mois suivants, il se dit un malin plaisir à contrarier les affaires de tian Lou, avec une subtilité et une habileté qui faisait grincer des dents son adversaire. Alessio était bien trop malin pour que qui que ce soit puisse l'accuser d'un quelconque abus. L'italien le savait et il en jouait.
Tian Lou allait définitivement payer pour avoir fané son soleil.

Hellllooooo les poulets! (Je sais, il y a une dominante féminine parmi vous, mais qui sait? Ça se trouve il y a un garçon parmi nous et du coup on se fait avoir par la grammaire). Je m'excuse de l'énooorme laps de temps entre la publication du dernier chapitre et celui-ci, qui sait, ça se trouve vous attendiez la suite avec impatience! Bref, je sais pas si je vous l'ai dit dans un autre chapitre mais la motivation est pas au rendez-vous donc c'était un peu galère d'écrire ce chapitre mais j'espère tout de même qu'il vous a plu!
Passez une bonne journée, nuit etccc.....!