Pour le coup, la Morue avait réussi à me surprendre. Mickhail Amitroff, le type le plus puissant de la Russie, rien que ça! C'est donc tout naturellement que, après le choc passé, je lui ai répondu:

- Pas question.

Ce à quoi miss canapé a rétorqué.

-Parce que tu crois que t'as le choix?

Je l'ai toisée d'un oeil mauvais.

- Plutôt ouais, parce que tu ne veux pas savoir ce qu'il va t'arriver si tu me force à faire quoi que ce soit.

- Et tu peux me dire comment tu vas faire avec les mains liées dans le dos, gros malin? répliqua-t-elle d'un ton sarcastique.

Quel ne fut pas mon plaisir de voir cette bêcheuse au bord de l'apoplexie lorsque je me défi d'un coup de mes liens, un couteau à la main.

- Je suis un ex des yakuzas, raillai-je, tu penses vraiment que c'est un fouet qui va m'arrêter? A d'autres ma jolie.

C'est alors que la dénommée Lize crut bon d'intervenir. Me scrutant d'un regard approbateur, elle se tourna vers la morue en disant.

- Tu nous a sélectionné un morceau de choix, il ferait un parfait 4e membre.

- Je le sais très bien, c'est pourquoi j'aimerais, avant que vous ne lui sautiez à la gorge, essayer de le convaincre d'abord.

J'émis un petit rire rauque.

- Me convaincre de quoi? De détruire Amitroff pour vous? Non merci, c'est pas mon truc de jouer la chaire à canon.

- On ne vous envoi pas au sacrifice, s'exclama M, scandalisé.

- Ah ouais? Ben ça y ressemble vachement! Ce type détient un pouvoir monstrueux sur les affaires de la maffia. Le tuer, ou même penser à l'approcher, revient à jouer à la roulette russe avec six balles, sans mauvais jeu de mot.

-Croyez vous vraiment que nous vous jetterions dans la gueule du loup comme ça, sans aucune préparation ni rien?

"Ben justement, oui" faillis-je lui répondre. La morue continua.

- Si vous acceptez, nous vous mettrons en main tous les moyens nécessaires pour réussir. Armes et matériel de pointe, ainsi que trois équipiers, chacun spécialisés dans un domaine particulier.

- Et en bonus, votre carte pokémon préférée! Vous voulez pas me mettre tout ça dans un papier cadeau tant que vous y êtes?

Lize claqua la langue agacée.

- Vous ne pourriez pas être un peu sérieux? On parle de démanteler une organisation criminelle là!

- Ouais, on parle même de ma mort certaine aussi! rétorquais-je sèchement. Pour quoi m'avoir choisi moi plutôt qu'un autre? N'importe quel tueur aurait fait l'affaire.

- Nous avons déjà ce qu'il nous faut de ce côté là, répondit M. Ce que nous n'avons pas en revanche, c'est un homme qui a déjà traité avec Mickhail, un homme qui sait comment fonctionne le monde mafieux, un homme qui y a des relations de qualité. Vous êtes le seul capable de nous offrir cela.

- Désolé, mais je n'évolue plus dans le milieu depuis longtemps. Trouvez quelqu'un d'autre.

- Vous serez payé. Cher. De quoi couvrir votre part de loyer pendant des années.

- Vous essayez l'appât du gain, maintenant que toutes vos cartes sont tombées? ricanai-je. Mais la réponse reste toujours non. Je n'aime pas ne pas savoir pour qui je travaille.

- Pour une organisation inter-gouvernementale, me renseigna obligeamment M. Après tout, quelle autre raison aurions-nous, sinon, de faire tomber la maffia?

- Je ne sais pas, peut-être que vous êtes un tordu, un psychopathe. Je me demande ce que vous ferez, une fois que vous aurez compris que je ne compte pas accepter votre job.

Le visage de M la morue se ferma.

- Eh bien, dit-il, le regard dur, il me semble que vous êtes très attaché à votre colocataire, qui est, pour ainsi dire, la seule personne vraiment importante à vos yeux. Si vous vous obstinez je pourrais, disons, lui envoyer un de mes agents, peut-être un tueur.

J'éclatai d'un rire démentiel.

- Allez-y, m'étouffai-je entre deux hoquets, envoyez lui un de vos chiots, peut-être qu'il leur offrira du thé et des cookies. J'en ai totalement rien à cirer!

Lize me jeta un regard dégoûté.

- Tu serais prêt à laisser ton compagnon souffrir entre nos mains sans bouger le petit doigt? C'est pitoyable!

Je la regardais, un grand sourire me barrant le visage.

- Je crois qu'on s'est mal compris vous et moi, rétorquais-je d'un ton mielleux.

- Au contraire, me coupa-t-elle, d'une voix suintant le mépris, j'ai parfaitement compris que vous n'êtes qu'un salopard qui laisse mourir ses alliés!

Mon sourire s'agrandit. Avec un regard carnassier, je la regardai droit dans les yeux et déclarai doucement.

- Mais madame, mon coloc' est un tueur à gages.

Voilà deuxième chapitre finis, bien que je craigne qu'il soit un peu court.