Violet (ou miss canapé):

Lorsque je rentrais à l'hôtel, je cru que j'allais m'arracher les cheveux. Red, Kyô et Nick, que j'avais passé des heures à chercher, étaient tous trois sagement assis autour de la table, dégustant des plats en boîtes, commandées au resto du coin.

- Pitié, ouvrez-moi cette fenêtre que je m'y jette!

- Comme tu veux le canapé, s'exclama Nick, tes désirs sont des ordres!

- Où étais-tu? me demanda Kyô, impassible, pendant que Red éclatait de rire.

- Je vous cherchais, figurez-vous! rétorquais-je avec mauvaise humeur.

Trois paires d'yeux incrédules se braquèrent sur moi.

- Mais t'es bête ou tu le fais exprès? laissa échapper Nick.

- Tokyo compte près de 35 millions d'habitants, comment espérais-tu retrouver trois paumés au milieu d'une foule pareille? renchérit Red.

- Je suis bien obligé de leur donner raison, m'asséna Kyô en un final magistral, c'était complètement stupide.

Je m'assénais une claque mentale. Mais bien sûr! Mon rêve devait m'avoir tellement perturbée que je n'avais pas réfléchit. La fenêtre ne m'en parut qu'encore plus attrayante. Je soupirais.

- Il y a quoi à manger? demandais-je, dans une piètre tentative de changer de sujet. Ton contact s'est révélé efficace Lila?

- Étouffes-toi avec tes sushis! me rétorqua-t-il. Et, pour répondre tout de même à ta question, cela ne s'est pas révélé aussi fructueux que je ne l'aurais souhaité. Red aurait pu me donner les infos elle-même. Le seul point sur lequel je suis un peu plus éclairé, c'est sa personnalité. Et, à partir de là, je crois que j'ai trouvé un plan. Jusqu'à quel point êtes-vous prêt à prendre des risques?

- Du temps qu'on ne meure pas, je te suis jusqu'au bout du monde Nick! s'exclama joyeusement Red.

Ce fut d'ailleurs la seule à le faire. Kyô observa longuement le lila.

- Peut-être que si tu t'explique, commença-t-il prudemment, je serais partant...

Nous écoutâmes patiemment son plan. Lorsqu'il eut finit, j'écarquillai les yeux.

- ça me fait mal de l'admettre, mais c'est une bonne idée, acquiesçais-je, de plus, je peux nous apporter une aide précieuse. Nous allons à Moscou, et la soirée se passe chez Amitroff même. Il nous faudra des invitations.

Je me redressais sur mon siège, en espérant que mon sourire ne paraîtrait pas trop triste.

- Ma petite sœur sera ravie de nous aider dans notre entreprise!

Red fronça les sourcils.

- Des invitations à des partouzes mondaines ne sont pas accessible à n'importe qui. Comment ça se fait que tu aies des relations aussi haut placées?

- Des partouzes mondaines?! s'exclama Kyô, scandalisé, on parle d'une oeuvre de bienfaisance, dont les profits seront versés à une association pour les jeunes artistes montants! ça n'a rien à voir avec...

- Franchement, ce genre de soirées où des gens friqués ne participent que pour se donner bonne conscience, ça me donne la gerbe, un peu comme les partouzes tu vois, donc c'est une partouze mondaine.

- C'est marrant, fit remarquer Nick, alors que Kyo s'apprêtait à répliquer, j'aurais plutôt eu tendance à penser que ce genre de pratiques -les partouzes je veux dire- t'attiraient.

- Franchement, je ne vois aucun intérêt à aller s'envoyer en l'air avec des tas de gens que tu ne connais pas, et encore moins si tu es en couple. T'imagine voir ton copain coincé entre deux nanas alors que t'es en face? Berk!

- Il pourrait être coincé entre deux mecs, pour ce que t'en sais, fit Nick en haussant les épaules.

- On pourrait parler d'autre chose? demanda Kyô d'un ton geignard. C'est pas vrai, mais comment a-t-on put dériver dans ces eaux-là?

- Aucune idée! rétorqua Red, alors Violet? T'espérait quand même pas que j'avais oublié ma question de départ?

En fait, si. Je soupirais et répondis.

- Ma soeur est mariée à un éminent homme d'affaire italien, ce genre de "partouzes mondaines", elle en mange à longueur de temps.

- Comment a-t-elle pu se faire remarquer?

- La beauté fais bien des miracles, c'est un interrogatoire ou quoi?

Red haussa les épaules.

- J'aime bien savoir d'où proviennent mes aides, c'est tout.

- Dis la femme qui est assise en ce moment même avec des gens qu'elle n'a rencontré il y a à peine quelques jours.

Elle haussa de nouveau les épaules. La conversation était finie, elle ne voyait pas l'intérêt de la poursuivre. Je grinçais des dents. J'avais l'impression que plus j'avançais dans notre périple, plus j'en dévoilais sur moi-même, et qu'inversement, le mystère planant sur mes compagnons s'épaississait. Ironiquement, c'était sur Nick que j'en savais le plus, bien que M ne m'aie rien dit sur la façon dont il s'était échappé de la mafia, et quelle place il occupait en son sein. Il avait repéré Red pour son incroyable talent d'informaticienne, une petite perle qu'avait découverte notre service informatique. Kyô n'avait plus à faire ses preuves dans le domaine des tueurs, bien qu'il exerçât uniquement au Japon avant cette entreprise. J'étais son meilleur agent, il m'avait donc embauchée.

Nick frappa des mains.

- Le plan n'en sera que meilleur! Autant vous prévenir tout de suite, ajouta-t-il, nous allons rester ici encore quelques jours avant de reprendre l'avion pour Moscou.

- Pourquoi ? interrogea Kyô.

- On est vraiment obligés de prendre l'avion? demanda Red.

Nick sourit.

- J'ai encore deux-trois détails à régler ici, notamment avec ma source. Et pourquoi l'avion te dérange-t-il Red?

- A vrai dire, ce n'est pas pour moi, mais pour Kyô que je te fais cette requête.

Ce dernier sursauta.

- Je n'ai rien demandé, rétorqua-t-il d'une voix sèche.

Red leva les yeux aux ciel avec agacement.

- Tu veux bien arrêter de jouer les gros durs s'il-te-plaît?! Il est évident que tu souffre d'une phobie poussée de l'avion! J'essaie de t'épargner un peu, alors dis merci au lieu de me rembarrer sèchement! Ou peut-être veux-tu nous remettre ta crise d'angoisse de l'autre fois à l'aéroport?

Kyô se renfrogna. J'observais la jeune femme à la dérobé. Red faisait parfois preuve d'une dureté effrayante. Nick rompit l'atmosphère pesante qui s'était installée.

- Bon bah on prendra le bateau et on traversera la Chine en train. ça risque de prendre plus de temps que prévu, mais on fera avec.

- Attends! coupa Kyô, je ne veux surtout pas être un poids pour...

- Te bile pas! lui dis-je, le plan de Nick nous laisse environ 1 semaine et plus, donc rien ne presse. Et si ça peut t'éviter des émotions inutiles, eh bien tant mieux!

Le japonais se tu, et, bien qu'il affiche un air contrit, on le sentait soulagé. Je me passais une main sur le visage. La journée avait été longue, et malgré le décalage horaire, il fallait que je dorme. Je souhaitais bonne nuit et allais me coucher.

Nick (un énorme crétin intersidéral):

Kyô ne tarda pas à suivre Violet, et je retrouvais seul avec Red, qui avait sortit son ordinateur, et surfais maintenant dans les sombres abysses du web. Un point me tracassais depuis mon entrevue avec Shuji: ROUGE, le hacker. Son nom me disais quelque chose, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Je décidais d'en parler à Red.

Moi qui pensais qu'elle s'adonnait à diverses activités illégales et tout aussi excitantes, j'en fut pour mes frais. Les écouteur vissés sur le crâne, mademoiselle regardait le Roi lion. Je n'en croyais pas mes yeux. Lui retirant son casque, je la regardai droit dans les yeux.

- T'es sérieuse là?! Tu regarde un Disney?

- Mais l'histoire est teeeellement bien, pleurnicha-t-elle. En plus, tu m'as coupée juste au moment où Simba découvre que Mufasa est mort, ajouta-t-elle en essuyant les larmes qui perlaient à ses yeux.

A cet instant, mes yeux étaient sur le point de sortir de ma tête.

- Ah d'accord, alors toi t'es capable de tuer un homme au couteau, mais tu pleure quand Mufasa se fait écraser par des centaines de buffles en furie?

- C'est pas pareil! Et ce sont des gnous, pas des buffles!

Je soupirais et renonçais à comprendre. Cette fille était chelou, personne n'y pourrait rien. Je me laissais tomber à côté d'elle.

- Tout à l'heure, ma source a mentionné un hacker, ROUGE, et ça me dit quelque chose. Vu que tu peux trouver à peut près n'importe quoi sur n'importe qui, je me demandais si tu savais quelque chose?

Je vis Red se tendre.

- C'est un pirate de renom.

- Mais encore?

- Tu dois le connaître de par son autre fonction, continua Red sans tenir compte de mon intervention. Car, en dehors d'être un informaticien remarquable, c'est un tueur, tout aussi remarquable d'ailleurs. Il a fait un carnage à Saint-Pétersbourg, lorsque son contrat avec les russes n'a pas marché. Note bien qu'il n'y a pas un seul survivant pour piapiater à ce sujet. A ce qu'on dit la scène de crime était d'une barbarie effrayante, le type leur à tous transpercé le crâne, sauf à un, qu'il a éviscéré.

- Beurk, épargne moi les détails s'il-te-plaît, m'empressais-je de lui demander. Et c'est tout?

- C'est tout? C'est déjà bien assez je trouve! Il a réussi à pirater la NASA et d'autres des plus grand systèmes de protections au monde tu sais?

- A t'entendre, c'est un dieu vivant!

- Un dieu de l'informatique ouais! Si je savais qui c'est, je lui enverrais des fleurs!

- Euh, le type est un hacker quand même, ce qu'il fait n'est rien qui puisse être félicité.

- Pff, un outsider comme toi ne peut rien comprendre au génie d'un homme comme lui!

- Je croyais qu'on ne savait pas qui il était? m'étonnais-je.

- Oh, ce n'est qu'une conjecture personnelle. C'est à dire qu'il y a plus de chance que ce soit un homme qu'une femme, puisque, statistiquement parlant, la gente masculine est plus présente sur les fonds insondables de la toile que la gente féminine, bien que la tendance soit en train de s'équilibrer. Et puis, ça ferait trop de mal à certains de savoir qu'une femme a damné le pion à des centaines de gouvernement, une question d'ego.

J'éclatais d'un rire discret, puis tendit l'oreille. Pas un bruit, hormis le souffle régulier de deux respirations indiquant que Violet et Kyô dormaient. Je me penchais vers Red, et, avec un regard vers la porte du japonais, je lui chuchotais.

- Au fait, concernant Kyô, c'est plus qu'une phobie de l'avion n'est-ce pas?

- Ben en fait, pendant que tu étais avec ta connaissance...

L'histoire qu'elle me raconta me fit de la peine. Je savais tout le mal qu'une blessure pareille pouvait engendrer. ça me donnait envie de vomir. Je fut bien content lorsque Red me proposa de finir le Roi lion avec elle. A la fin, comme nous n'avions sommeil ni l'un ni l'autre, nous enchaînâmes sur La Belle et la Bête, puis sur Simbad le marin, et Azur et Asmar, et... au final nous nous sommes endormis devant Kirikou.

Le lendemain, Kyô et Violet nous ont trouvés allongés par terre, bras dessus bras dessous, dans un fouillis de couvertures et de coussins kawaii.

Bonjour bonjour, ou bonsoir d'ailleurs! Si vous en avez marre de savoir pourquoi Kyô a peur de l'avion, on devrait le savoir dans les prochains chapitres. Le plan se met en place, et Amitroff va bientôt entrer en scène! Merci de me lire et pleins de bisous (oui, je suis de bonne humeur aujourd'hui^^)