Chapitre 10: Nan j'rigooole!
- Nan j'rigooole!
Très sérieusement, à cet instant précis, je n'avais qu'une envie: étrangler ce sale c..! Pardonnez le vocabulaire. Mon interlocuteur baissa son arme, mort de rire.
- Oh man, t'aurais vu ta tête! Énorme, j'ai cru t'allais faire dans ton froc!
- Shu, me tente pas!
Laissez moi clarifier la situation: devant moi se tient Shinonome Shuji, 28 ans, beau gosse, et accessoirement, un informateur de la mafia. On peut dire que c'était mon Jarvis version japonaise. Là, je sais ce que vous pensez tous. Il y a à peine un chapitre, je vous disais qu'il ne serait pas content de me voir, et là, je vous le présente comme un frère. Vous êtes embrouillés, c'est de ma faute, je me suis mal exprimé. Dans l'hypothèse où il aurait appuyé sur la gâchette, Shuji ne m'aurait pas tué parce que je suis un traître à la mafia, que je n'avais pas le droit de me retirer, blablabla,ou le genre de conneries pour lesquelles mon ex-patron voudrait me faire la peau. Étant un outsider, ce type se fiche pas mal de mes problèmes avec les yakuzas. Non, il m'aurait tué parce que je l'avais bel et bien abandonné, il y a trois ans, le laissant de débrouiller avec son deuil et le tri de mes affaires. En plus, j'étais un bordélique de première.
Néanmoins, malgré ça, il était bien une des seules personnes sur qui je pouvait entièrement compter de tout Tokyo. Shu, toujours l'arme au poing, s'affala sur son fauteuil, tout en saisissant une télécommande. Il appuya négligemment sur un bouton, et tous les volets se baissèrent automatiquement, ne laissant filtrer que quelques rayons de lumière. La flamme d'un briquet brilla dans la pénombre, et l'odeur âcre de la nicotine me chatouilla les narines.
- Alors, comme ça, t'es pas mort?
- Visiblement non, rétorquais-je, mais tu le savais déjà.
Il émit un petit rire.
- J'étais le meilleurs hacker de tous les temps, l'informateur principal des yakuzas. D'ailleurs, je ne leur ai rien dit, tu devrais me remercier.
- "Étais"? notais-je, ignorant le reste de sa phrase. Je savais pertinemment que Shu ne leur aurait de toute façon jamais rien dit. Il aurait trop tenu au privilège de pouvoir m'étrangler de ses propres mains.
Mon ex-camarade soupira, expirant une grande bouffée de fumée.
- L'eau a coulé sous les ponts, de nouvelles têtes ont percées, et comme j'étais bien trop occupé à me faire à l'idée que je ne reverrais plus, je me suis laissé doubler.
- Ne rejette pas la faute sur moi s'il-te-plaît! rétorquais-je sèchement. Si tu tenais tant à ta position, tu n'avais qu'à te secouer les puces.
- Toujours aussi aimable, quoique je gardais un souvenir de toi saturé de mauvaises blagues. Vois-tu, soupira-t-il, ma présence chez les yakuzas n'avait de sens que parce que tu étais là. Toi mort,
cela n'avait plus aucun intérêt.
- Me voilà touché, raillais-je,arrête, je vais pleurer!
Shuji claqua de la langue, agacé.
- Qu'est-ce que tu veux? Je suppose que tu n'es pas là pour prendre le thé non?
- ça dépend, tu prépare toujours le thé spécial Shuji? Si c'est le cas, j'en veux bien une tasse, ça fait faire des lustres que je rêve d'en boire à nouveau.
- Si c'est le cas, fallait rester mon pote!
Je fichait mon regard dans le sien.
- Tu sais très bien que je ne pouvais pas.
Je n'avais pas pu empêcher ma voix de trembler. Il me regarda d'un air étrange. Soudain, il se leva, et, se dirigeant vers une petite cuisine que je n'avais pas remarqué jusqu'alors, il commença à préparer le thé.
- En fait, commença-t-il, le dos tourné, je ne sais absolument pas pourquoi tu es parti. Tu n'a jamais rien dit, et, quand tu es mort, c'était trop tard pour te demander.
J'eus un ricanement amer. Il apporta un plateau, le thé infusant doucement dans une magnifique théière aux motif d'argent, sur lequel reposait deux tasses assorties. Je soufflais, agacé, lorsque je m'aperçus qu'il fuyait mon regard. D'un mouvement brusque, je pris son menton et l'obligeais à me fixer droit dans les yeux.
- Ok, faisons un échange, déclarais-je d'un ton dur. Je te raconte tout de A à Z, de pourquoi je suis parti à comment j'ai fait pour disparaître, et en échange, tu me dis tout ce que je veux savoir, Ok?
Il hocha lentement la tête.
- Bah voilà, c'est pas compliqué. Je sais pas trop par où commencer, mais d'abord, c'est quoi ce bordel?
D'un ample mouvement de bras je désignais le décor environnant, dont la vétusté n'était plus à prouver. Je continuais sur ma lancée.
- Même si tu n'es plus leur numéro 1, je ne peux pas croire qu'ils aient coupés tout lien avec toi. Tu étais le meilleur.
- Est-ce que tu m'as au moins écouté tout à l'heure? S'agaça Shuji, avec un mouvement impatient de la tête.
- Nope.
- Tu es désespérant! râla-t-il. Puis reprenant son sérieux, il déclara: Comme je te l'ai annoncé précédemment, de nouvelles têtes on émergés, des hackers de talents exceptionnels, dont un en particulier, qui s'est démarqué de la masse. On l'appelle ROUGE, et, comparé à lui, je fais office de second couteau, et tu sais à quel point j'ai confiance en mon habilité.
J'émis un long sifflement admiratif.
- Sérieusement? Moi qui pensais qu'on ne pouvait pas fabriquer pire que toi.
- Nick, ce n'est pas un jeu, ce gars a réussi à pirater la NASA! Il est très sollicité par les mafia du monde entier. Mais il n'accepte pas tout les contrats. A vrai dire, je pense qu'il n'en a accepté que quelque uns jusqu'à présent: 2 pour les triades, 1 pour les yakuzas et encore 2 pour les italiens. Il a essayé de coopérer avec la mafia russe, mais ça n'a pas fonctionné entre eux, et ils ont mis sa tête à prix.
- Oh, oh, et il est toujours en vie? Impressionnant!
- Pas tant que ça. Il n'a jamais montré son visage à personne, et tout ce que l'on peut en tirer, ce sont des images floues, à chaque fois différentes.
- Avec des gars comme ça qui sillonnent la toile, pas étonnant que tu sois sur le carreau, me moquais-je.
- Pas besoin de remuer le couteau dans la plaie. Quelles sont tes autres requêtes Nick?
- On parlait de russes tout à l'heure, commençais-je, tout en me servant une tasse de thé -je marquais une pause, savourant le délicieux breuvage-, et bien je veux des informations sur l'un d'entre eux. Mickhail Amitroff, une tête dans le trafic humain, ça te dis quelque chose?
Shuji bondit.
- Qu'est-ce que tu as à voir avec lui?!
- C'est mon business, et je n'ai jamais promit de t'expliquer quoi que ce soit. Je pose les questions, tu répond, c'est le deal, répondis-je d'une voix froide.
- Nick, tu as quitté les yakuzas, et tu vas fourrer ton nez chez un mafieux? Sois logique, tu ne peux pas...
Lorsqu'il m'avait enguirlandé, Jarvis avait eut le bon goût de ne pas prononcer ces mots et ce n'était pas pour rien. Ma voix se réfrigéra à un niveau que je ne pensais pas pouvoir atteindre, et tous mes muscles se contractèrent.
- Un conseil Shinonome, n'essaie pas de me dire ce que je peux ou ne peux pas faire, si tu tiens au peu de cervelle qu'il te reste. Mêles toi de tes affaires, et reste loin des miennes d'accord? Alors, ces info?
Shuji serra les dents et détourna le regard, sachant pertinemment qu'il était inutile, voire dangereux d'insister. Il se rencogna dans le canapé.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise? Il est riche, et doué, assez pour que personne n'aie pu l'accuser de quoique ce soit, bien que son nom soit connu de tous les services de renseignements. Il adore parader dans les soirées organisées par la haute société, et c'est un coureur invétéré. Il partage son temps entre Los Angeles, New York et Moscou, et réside en ce moment à la capitale russe, où il devrait bientôt paraître lors d'une soirée. Il aime le bon alcool, lire, vendre des humains, et est proxénète à ses heures perdu. Il pense sérieusement à se lancer dans le trafic d'organes. Ta curiosité est-elle satisfaite?
Je restais perdu dans mes pensées. J'avais sa location, ce qui n'était déjà pas mal. J'avais encore des contact utiles dans les hautes sphères, peut-être que...
- Tu pourrais me faire un planning des soirées auxquelles il assiste? J'aimerais aussi que tu me dégote un plan de chacune de ses résidences, que tu me les place sur une carte, et que tu m'en fournisse un rendu visuel.
- Ce sera tout? ironisa-t-il. Je te prépare ça tout de suite. Je n'ai pas besoin de te dire de te mettre à l'aise.
Je ne répondit pas, me plongeant de nouveau dans mes pensées. Maintenant que j'avais une ébauche de plan, je n'avais plus qu'à la soumettre aux autres et à demander des informations complémentaires à Red. Petite note à votre intention: nous savons tous que cette petite est un super hacker, alors vous vous demandez peut-être pourquoi est-ce que j'étais allé voir un autre hacker? Tout simplement parce que je savais que Shuji était entré plusieurs fois en contact avec Mickhail, que ce soit pour le travail ou dans la vie privée. Je pensais donc qu'il saurait me rendre un compte rendu plus précis de son caractère, et puis, je préférais mélanger mes sources, ce que je trouvais plus sûr. Note terminée.
Mon esprit libéré du soucis nommé Amitroff, je me permit de m'attaquer à un sujet qui m'intriguais. A moins d'être un peu lent, il était évident que, dans notre groupe, personne ne se faisait réellement confiance, à part Red peut-être. Sous cet angle, il était évident que la crise d'angoisse de Kyô me posait question. Je ne croyais pas en une simple phobie de l'avion, c'était bien trop facile. Vu la façon dont il avait réagi, un traumatisme était plus probable. J'hésitais à en parler à Shuji, je n'aimais pas faire dépendre trop de réponse d'une même personne. Car, même s'il était presque comme un frère, je n'oubliais pas qu'il était toujours dans le milieu, et qu'un mot de lui pouvait faire de ma vie un enfer. Face à cette pensée indubitablement positive, je décidais immédiatement de demander à Red le plus tôt possible. Soudain, une liasse de papiers atterrit sous mes yeux.
- Fini!
Shuji s'assit, et plongea son regard dans le mien.
- J'ai rempli ma part du contrat. A toi de remplir la tienne.
Et voilà, maintenant on va savoir pourquoi Nick est mort mais qu'il est toujours vivant! Merci de me lire et n'hésitez pas à me laisser des commentaires pour que je puisse progresser ou même discuter de l'histoire avec vous!^^
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