Prologue
Rose se réceptionna durement sur ses genoux, sa main glissant contre le tronc de l'arbre dont elle venait de sauter pour garder un semblant d'équilibre. Elle épousseta les petits cailloux et la terre qui s'étaient collés à ses jambes, découvrant de nouveaux bleus sur sa peau, doucement égratignée par les ronces disséminées ci et là dans les champs qui bordaient les alentours de Londres. Elle avait commencé à s'aventurer un peu plus loin qu'au quartier de Privet Drive au début de l'été et ses expéditions répétées l'avaient menées ici, dans des champs de blés qui se perdaient dans l'infinité du monde. Il y avait quelques mètres plus loins une aire de jeu où les gamins y passaient leurs vacances et riaient avec insouciance jusqu'à ce que leurs parents leur annoncent qu'ils étaient l'heure de rentrer. Personne n'avait jamais dit à Rose qu'il était l'heure de rentrer. On s'en moquait bien qu'elle rentre à l'heure, parce qu'on ne l'avait jamais amené à une aire de jeux. Parce qu'on en avait rien à faire, d'elle. Rose Potter était un poids depuis son enfance aux yeux des Dursley. Et cet été elle avait décidé de devenir un véritable boulet.
De la mousse épilatoire dans le shampoing de Vernon à la coloration verte vomie de Pétunia, passant de la rayure qui faisait le tour de la carrosserie au marqueur indélébile qui était tombé entre les mains de Rose et dont le capuchon avait étrangement sauté au-dessus du front de Dudley... Le pauvre s'était trimballé toute une semaine avec un « JE SUIS BHÊÊÊÊÊÊÊTE » sur le front. Enfin, le pauvre. Pauvre d'esprit oui. Elle ne s'était pas arrêtée là. Rose s'était montrée particulièrement maladroite et avait cassé pas moins de 8 assiettes en une semaine en plus d'avoir déraciné quelques rosiers dans le jardin... En pure maladresse, une nouvelle fois. Un véritable boulet, mais un boulet intouchable.
Vernon avait beau eu crié, Pétunia avait beau eu hurlé, les mains avaient beau eu volé, il restait cette toute nouvelle carte que Rose ne possédait il y a encore quelques mois. Une carte qui créait un véritable mur entre elle, sa tante, son oncle et leurs envies de meurtre grandissantes.
Son parrain, Sirius Black.
Elle, elle le savait innocent. Pas les moldus. Pour eux c'était juste un vieux fou détraqué qui s'était échappé d'un asile. Un dangereux criminel. Maintenant imaginez un vieux fou détraqué sorcier criminel. Et oui, Vernon et Pétunia avaient manqué défaillir en l'apprenant. Un moment assez épique, quand elle y repensait. Rose ne manquait pas d'exploiter la terrible réputation, bien que fausse, de Sirius, tout à son avantage. Elle était prête à parier qu'il trouverait ça hilarant.
Rose inspira profondément la brise qui passait, soulevant ses petits cheveux noués en deux chignons lâches, réchauffant ses épaules froides d'un rayon de soleil miel. Au loin, l'horizon se teintait d'un feu brutal et vif, presque apaisant dans son envolé de pastel. Le crépuscule tombait et dans une heure ou deux la nuit aurait changé le paysage chaleureux en un monde mystérieux et obscur. Oui, la terre était différente lorsque la lumière la quittait. Il était sans doute 18h. Elle n'en savait trop rien. Rose n'avait pas de montre. Pas de montre, pas de parents, pas de vêtements à sa taille, mais des tuteurs affreux, un frère un peu naïf, et le plus grand mage noir de tous les temps voulait la tuer. Quelle vie franchement, elle n'aurait pas pu rêver mieux.
Un sourire amer ponctua son petit rire. Elle en était même réduite à ça. À rire seule, au milieu d'un champ de blé. Elle aurait voulut pouvoir au moins écrire à Théodore, mais elle trouvait cela trop risqué, et ça n'était pas comme si elle souhaitait utiliser la chouette d'Harry. On aurait pu penser que les événements qui s'étaient déroulés vers la fin de leur troisième année les auraient rapprochés mais ça avait été tout le phénomène contraire qui s'était produit. Rose se montrait plus distante, plus froide, même si elle essayait de sauver les apparences. Ils avaient découvert au cours d'une nuit sensationnel que le meurtrier qui s'était échappé d'Azkaban pour les tuer était enfaite leur parrain, qu'il ne voulait pas les tuer eux mais un homme qui l'avait fait accusé pour ses crimes, et pas des moindres. Il avait, pour sa liberté, tué une dizaine de passants dans la mise en scène macabre de sa mort, et s'était échappé en prenant sa forme d'animagi, un rat. Ça le représentait bien. Sous sa forme animal, il avait vécu pendant 12 ans, 12 ans chez les Weasley. Il avait été choyé, aimé, quelques fois (sans doute pas assez puisqu'il y avait survécu) maltraité par Fred et Georges. Mais il avait eu une vie paisible. Oh, Rose se moquait bien de la vie de quelques innocents. Ça n'était pas le pire crime que cet homme ait commis. Non. Il avait trahi ses parents, trahi leur confiance, et dévoilé à Voldemort où ils se réfugiaient durant la guerre. Et c'était comme ça que la nuit du 31 Octobre 1981, James et Lily Potter étaient morts, et que Rose et Harry étaient devenus orphelins.
Cet homme, c'était Peter Pettigrow.
Et elle allait le tuer.
Rose avait enfin trouvé une autre personne à blâmer, un autre personne à haïr. Elle ne comptait plus se détester, du moins plus autant. Parce que c'était lui. C'était lui qui avait tout gâché. Et dire que le Ministère l'avait laissé s'échapper.... La mâchoire de Rose serra alors que ses poings se contractaient inconsciemment, ses longs ongles perçant la paume de ses mains. Pettigrow avait mis feu à cette petite étincelle ravageuse qui sommeillait au fond de Rose. Maintenant les flammes se consumaient lentement en quelque chose de plus dangereux. D'insatiable. Elles criaient pour le sang et la vengeance, car c'était la seule chose qui les réduirait au silence. Et Rose comptait bien leur donner du sang. Elle était tellement... Tellement...
Une onde de choc plaqua au sol sur plusieurs mètres les hautes herbes qui chatouillaient ses jambes et la terre gronda, agitée de tremblements. L'arbre s'était déraciné et gisait tristement au sol, carcasse inanimée. Un espace vide s'était creusé autour de Rose, comme si un poing géant avait frappé là où elle se tenait, retournant les entrailles de la terre, dévoilant ses roches brisées. Le monde aussi avait ses blessures.
Rose exhala un souffle tremblotant, et resta quelques instants pantelante à admirer le carnage. Elle aurait pu être effrayée. Mais ça la fascinait. Elle avait découvert quelque chose plus qu'intéressant cet été, qui l'avait menée à s'entraîner encore plus dur.
La Trace ne détectait pas Evans.
Et ça voulait dire qu'elle pouvait en faire tout ce qu'elle en voulait.
Où elle voulait.
Quand elle voulait.
Et s'en servir contre qui elle voulait.
*
Alors, premières impressions ?
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