Le lendemain même tout le château était en ébullition, révolté à l'idée qu'un élève de 14 ans participe tout de même au Tournoi. Rose pensait que cette rancoeur venait beaucoup du fait qu'Harry était Harry. Harry Potter, celui qui avait survécu à Voldemort. Harry Potter, celui qui s'était infiltré dans les cachots en première année, Harry Potter, Harry, Potter, toujours et encore Harry. Voilà ce que c'était : de la jalousie. Et ce mal avait aussi touché Ron, qui s'était disputé avec Harry, persuadé qu'il avait mis son nom dans la Coupe de Feu. Si Rose se mettait à la place de Ron, ça ne devait pas être facile. Toujours dans l'ombre d'Harry, le grand bêta pas très dégourdi... Sauf que Rose se mettait à sa place de sœur. Et pour elle, il avait juste tourné le dos à Harry au moment où il en avait le plus besoin. Une trahison ni plus ni moins. Ça ne l'étonnait pas le moins du monde. Mais ça la dégoûtait quand même.

- Même Ron pense qu'Harry a mis son nom dans la Coupe de Feu, confia Rose à Théodore.

Ils se baladaient à pas lent sous les préaux de l'école, discutant à voix basse. L'endroit restait désert, mais Rose préférait éviter les oreilles égarées.

- Ton frère ne l'a pas mise ?, demanda tout de même Théodore.

Rose lui jeta un regard inquisiteur.

- Bien sûr qu'il ne l'a pas mise.

- Ça veut dire que quelqu'un d'autre l'a fait à sa place.

- Je sais, fit Rose en détournant le regard. Fol'Œil a dit que seul un puissant sortilège de confusion aurait pu faire en sorte que la Coupe accepte le nom d'Harry.

Théodore ferma les yeux un instant. Les y revoilà. Encore et toujours.

- Tu comptes enquêter ?

- Tu me prends pour qui ? Bien sûr que je vais enquêter !

- Et Dumbledore, qu'est-ce qu'il en dit ?

- On s'en moque. Un peu. Il ne veut pas j'enquête mais il peut se fourrer son doigt où je pense. Alors, tu veux connaître nos principaux suspects ?

Théodore hocha simplement de la tête, et Rose sourit.

- Premièrement, toutes les nouvelles têtes d'ici. Les professeurs de Beauxbâtons, sa directrice, et surtout le directeur de Durmstrang.

- Karkaroff ? C'est un mangemort, dit Théodore.

- Je sais, fit Rose en balayant l'information de la main comme si elle ne l'avait pas appris la veille. Ensuite, Crouton.

Théodore la fixa d'un air mutin.

- Barty Croupton, rectifia-t-elle en levant les yeux au ciel. À la coupe de Quidditch, il nous a accusé d'avoir fait apparaître la marque des ténèbres... Et maintenant on le retrouve à Poudlard. On dirait que ce type nous suit partout.

- Parce que tu étais à la coupe de Quidditch ?, s'enquit Théodore.

Rose se rendit compte qu'elle ne lui avait rien dit. À propos... à propos du cadavre.

- Oui, les Weasley nous y avaient invité, expliqua-t-elle.

- Croupton est une piste intéressante. Le ministère nie les faits en affirmant que les mangemorts n'étaient pas liés à l'émeute, poursuivit-il en remarquant le léger malaise de Rose.

Ils en parleraient plus tard. Quand elle sera prête.

- Donc, Croupton, Karkaroff, et les autres professeurs, résuma Rose.

- C'est un ancien auror très respecté mais on devrait peut-être ajouté Fol-Œil, fit Théodore.

Rose considéra la chose avec surprise mais, après le petit spectacle que leur avait fait Fol-Œil en classe...

- Tu as raison. Il a l'air complément fou. Et les professeurs de défense contre les forces du mal nous réservent toujours une bonne surprise à la fin de l'année. Mais Dumbledore lui fait confiance. J'ai entendu dire que c'est lui qui lui a demandé de venir.

- Ce n'est pas une piste sérieuse, seulement à envisager, tempéra Théodore. Tu vas enquêter sur les professeurs de Beauxbâtons et sa directrice. Pendant ce temps j'enquêterais sur Karkaroff.

- Et pourquoi pas l'inverse ? Tu as le plus gros morceau !, protesta Rose.

Théodore lui glissa un regard narquois.

- Tu ne viens pas d'une famille qui adule le Seigneur des Ténèbres.

- Effectivement, je suis tombée sur pire que ça, grogna Rose, l'image furtif des Dursley traversant son esprit.

Elle était prête à parier qu'ils espéraient se débarrasser d'elle en l'envoyant en France. En remarquant le regard de Théodore posé sur elle, elle leva les bras au ciel avec exaspération et céda :

- Très bien, je te laisse le gros morceau !

Elle jurerait avoir vu une lueur de satisfaction briller dans les yeux de son ami.