35. La troisième marche
Tw/avertissement : viol
Rose se réveilla avec un mal de tête carabiné et le noeud dans son estomac plus serré que jamais. Elle avait l'impression que sa semaine se résumait à ça. Dormir, se réveiller. Plus tôt dans la matinée, elle s'était réveillée et avait ressorti la moitié des médicaments de l'infirmière sur le sol. Elle avait vraisemblablement été ravie de ramasser son vomi à 4h du matin, et Rose s'était décidée à lui rendre la vie un peu plus facile en prenant les autres médicaments sans protestation. Sa petite virée la nuit dernière n'avait pas amélioré son état, et il semblerait qu'elle soit fiévreuse. Une petite fièvre, qui ne l'empêcherait pas d'assister à la troisième tâche, merci Morgane.
Elle resta à l'infirmerie jusqu'au midi, où on la libéra enfin pour qu'elle puisse manger avec les autres. Rose s'installa entre Blaise et Pansy, qui l'accueillirent avec des cris de joie. Après cinq jours sans contact humain, elle se laissa materner par son amie et discuta joyeusement avec Blaise. Elle échangea même quelques piques avec Malefoy, et se rendit compte d'à quel point ça lui avait manqué de se foutre sur la gueule avec lui. Seul Théodore ne sembla pas vouloir lui parler, et, pour être honnête, elle était étonnée qu'il lui en veuille encore. Elle aurait voulu pouvoir lui expliquer. Elle l'aurait vraiment voulu. Mais il était là à quelques mètres d'elle. Au cours du repas, Rose jeta plusieurs coups d'œil au professeur Désiré Landru, assis à la able des professeurs. Il était vêtu de son habituel costume trois-pièce, frais comme un gardon, et discutait avec entrain avec le professeur à sa droite. Il ne l'avait pas regardé depuis qu'elle était entrée, mais elle avait l'étrange impression qu'il avait une conscience aiguë de sa présence. Rose sourit, mais c'était un sourire retenu. La troisième tâche n'allait pas tarder.
Et toujours personne ne savait.
La question commençait à s'insinuer dans la tête de Rose, alors que l'alarme sonnait doucement.
Elle, ou son frère ?
*
Rose inspira profondément pour se calmer, mais ça n'eut aucun effet. Ça y est. C'était là moment. La grande, l'ultime, troisième tâche. Elle avait mal à la gorge tant elle était serrée, le nœud dans l'estomac et le cœur oppressé par l'angoisse. Elle, où son frère ? Sa mort ou la sienne ? La tête de Rose tourna. C'était la fièvre qui rendait son corps malade. Ou peut-être était-ce ce pressentiment qui la prenait aux tripes. Barty Croupton Junior et Désiré Landru devaient forcément préparer quelque chose. Le retour de Voldemort. Mais comment ? Est-ce que ce serait ce soir?
- Ma cicatrice, grimaça-t-il, une main sur son front. Ça me brûle.
Rose elle-même avait des douleurs au bas des reins, mais rien d'insurmontable.
- Ce n'est pas la première fois ?
- Pas comme ça.
- Tu devrais aller à l'infirmerie.
- C'est un avertissement, expliqua Harry. Un danger nous menace.
Aujourd'hui encore, c'était vrai, réalisa Rose. Un danger les menaçait. Harry lui adressa un pâle sourire qu'elle eut de la peine à lui rendre. Depuis tout à l'heure, elle le voyait gratter sa cicatrice. Elle la démangeait. C'était un signe. Elle avait vu le professeur Rogue se tenir le bras gauche tout à l'heure. C'était un geste rapide et furtif. Mais suffisant pour qu'elle sache. Le retour de Voldemort était plus imminent que jamais. Et elle n'avait toujours rien dit. Rose se sentait pitoyable. Rose se sentait terrible. Elle n'avait pas vraiment été surprise d'apprendre que la troisième tâche aurait de nouveau lieu en extérieur, mais elle ne s'attendait certainement pas à se retrouver en face d'un mur de haies. Elle entendait la foule. Déjà, elle tapait dans ses mains et acclamait les héros du tournoi. Rose songea que c'était affreux.
Comme si eux aussi, ils voulaient leur mort.
Elle rentra les épaules à l'entente de la fanfare de Poudlard. Ils voulaient leur porter la poisse ou quoi ? Sur le coup, elle trouva leur air aussi sinistre que joyeux. Elle ignorait que plus tard, elle aurait envie de leur faire bouffer leur fanfare. Elle ignorait beaucoup de plus tard. Rose était focalisée sur le présent, tourmentée. Qu'est-ce qu'elle était sensée faire ? Elle remarqua le père de Cédric. Il semblait si fier de son fils. Son amère jalousie, une vieille amie, vint goûter ses papilles. Elle, ne verrait jamais son père comme ça. D'ailleurs, si elle aurait eut un père ou une mère... Elle n'aurait peut-être pas eu à endurer tout ça. Peut-être qu'ils l'auraient protégé. Dumbledore posa sa main sur l'épaule d'Harry alors qu'il faisait son entrée et le sentiment d'un danger imminent se fit plus intense.
Elle n'avait pas peur, pas pour elle. Elle avait peur pour Harry. Elle aurait voulu pouvoir attraper sa main et s'enfuir loin de toutes ces conneries. Rose lui adressa un sourire, ses bras serrés défensivement contre sa poitrine. Son plus faux sourire, mais il le méritait. Il méritait de croire que tout irait bien pour l'instant. Harry sourit en retour. Malgré tout, Poudlard l'acclamait. Quelqu'un siffla, chez les Serpentard, et le coin de ses lèvres frémirent.
Ça avait le goût d'un dernier adieu.
Son cœur voulut s'affoler, mais étrangement, il ralentit. Les sons s'auscultaient, à ses oreilles. Quand Dumbledore lança un sonorus sur sa voix et qu'il prit parole, Rose eut l'impression d'être plongée sous l'eau.
C'était comme si le monde de Rose venait de disjoncter. Le son et l'image avait sauté. Ses oreilles se retrouvèrent couper de tout son et le paysage devint un vaste bleu d'une clarté déconcertante. Elle sentit ses os vibrer jusqu'à la moelle. On aurait dit que son estomac essayait de remonter dans son œsophage, et son œsophage dans sa bouche... La force du choc la propulsa à plusieurs mètres de la surface sans qu'elle ne puisse rien y faire, la main d'Harry fermement serrée dans la sienne. Son corps lui faisait mal. Ses poumons étaient prêts à exploser...
Rose suffoquait. Elle asphyxiait. Elle ressentait l'eau glacée s' insinuer dans ses poumons, forcer le passage en s'engouffrant dans sa trachée, son nez. La fanfare déchanta, puis se tut complément.
- Cet après-midi, le Professeur Maugrey a placé le Trophée des Trois Sorciers au centre du labyrinthe, déclara Dumbledore.
Il n'y avait plus un bruit dans tout le stade. Le nœud dans son estomac était à présent une corde passée autour de son cou. Le professeur Maugrey ? C'était mauvais. Très mauvais. Bordel. Elle aurait bien besoin d'un fil d'Arianne, là, tout de suite, histoire de le glisser discrètement à Harry.
- Lui seul connaît l'endroit exact.
De mieux en mieux. Son regard survola la foule sans vraiment la voir, mais il finit par s'accrocher avec celui de son ennemi juré. Ses yeux étaient d'un gris intransigeant. Sans aucune émotion. Elle se rattacha à ce regard, le confronta.
- Vu que, Mr.Diggory...
Acclamations des Poufsouffle. Le père de Diggory obligea Cédric à lever le bras.
- Et... Mr.Potter...
Acclamations des Gryffondor, on n'entendait qu'Hermione et leur groupe d'amis le plus proche, ce qui donna un peu plus le sourire à Harry.
-...sont ex æquo à la première place, ils entreront les premiers dans le labyrinthe...
Rose retint une grimace, rompant le contact visuel avec Malefoy. Elle aurait préféré qu'Harry soit dernier.
- Suivi de Mr.Krum...
Acclamations de ces bulgares encouragés par cet imbécilité de Karkaroff.
- Et de Miss.Delacour...
Acclamations très discrète de Beauxbâtons. Aussi délicates que des fleurs, huh ?
Le professeur Maugrey émergea du labyrinthe en lançant un sale regard à Karkaroff. Il se posa ensuite sur Rose, qui le soutint sans sourciller.
- Le premier qui touchera le Trophée aura gagné.
Ils applaudirent tous.
- J'ai demandé aux professeur de patrouiller autour du périmètre. Si à un moment quelconque un concurrent souhaite abandonner...
Rose espérait qu'Harry écoutait. C'était le moment ou jamais de sauver ses fesses.
- ...Il ou elle n'aura qu'à envoyer des étincelles rouges avec sa baguette.
Dumbledore se tourna vers les concurrents :
- Concurrents ! Venez, dépêchons, ordonna-t-il en descendant de son estrade.
Ils se rassemblèrent tous autour de lui et il les entoura de ses bras. Il murmura quelque chose que Rose n'entendît pas de là où elle était.
- Champions, préparez-vous !
Le père de Cédric prit son fils dans ses bras, et Rose se précipita vers son frère. Maugrey était posté à quelques mètres d'eux, mais elle refoula ses frissons.
- Ne te perds pas en chemin, murmura-t-elle.
- Je sais que tu me retrouveras, sourit son frère.
La main de Rose ébouriffa la chevelure d'Harry, un stupide réflexe, avant qu'elle ne s'éloigne, le cœur lourd. Elle le retrouvera. Bien sûr, qu'elle le retrouvera, mais dans quel état ? Harry adressa un signe de tête à Cédric, et Rose put ressentir son stress.
- Attention, à trois... Un...
Le canon partit. Là, son rythme cardiaque vola comme une flèche. La fanfare s'emballa de plus belle avec la foule alors qu'Harry se tournait vers le labyrinthe. Il suffit à Rose un seul regard pour analyser la situation. Les gradins étaient en feu, Maugrey ne devait pas quitter le terrain. C'était l'occasion ou jamais de s'éclipser. Elle vit le professeur s'avancer vers son frère. Tant pis, elle raterait le départ d'Harry. Elle regarda Théodore, et Théodore la regarda. Puis il hocha de la tête. Il n'en fallait pas plus pour Rose, qui se tourna brusquement et bouscula la foule de ses frêles épaules. Théodore regarda son amie partir sans un mot. Ce soir-là, il choisit rester là où il était, et de veiller sur son frère plutôt que sur elle. Plus tard, quand il comprendrait réellement tous les évènements de cette nuit, ça deviendrait un de ses plus grand regrets.
Rose rentra dans le château au pas de course et se rendit sans attendre vers le bureau du professeur Maugrey. Elle avait coincé une épingle dans ses chignons cette après-midi. Un geste tout à fait anodin. Elle ne perdit pas une seconde, une fois sûre que l'endroit était désert, pour s'atteler sur la première serrure du coffre géant. C'était étrange, d'être dans le château lorsqu'il était vide. C'était inanimé. Glauque... Rose ne le sentit pas immédiatement.
Sa présence, dans son dos.
C'était comme si tout avait été calculé à l'avance pour la faire perdre.
Il y eut un cliquetis et la serrure sauta. Rose allait sauter au plafond, le poing levé en un signe de victoire. Elle allait. Avant de l'entendre.
- Madmoiselle Potter, quand cesserez-vous de mettre votre nez dans les affaires qui ne vous regarde pas ?, s'enquit l'homme qui l'observait silencieusement depuis quelques minutes, un sourire dans la voix.
Rose sursauta en faisant volte-face, plus blême que jamais. Elle répondit pourtant bravement :
- Quand les affaires qui ne me regardent pas cesseront de garder un œil sur moi.
Le professeur Désiré Landru eut un rictus, baissant la tête avec dérision vers le sol.
- Vous êtes si divertissante... Croupton Jr m'a prévenu, pour hier soir. Nous savions que vous n'en resteriez pas là.
Évidemment. Rose se rendit compte qu'elle n'y avait même pas pensé. Elle n'avait même pas regardé où était le professeur Désiré Landru avant de quitter le stade. Elle avait juste... Foncé, poussée par la panique. Elle avait été stupide.
- Oh, j'adore ce regard. Vous savez que vous avez perdu, n'est-ce pas ? Vous savez que c'est fini, et vous commencez doucement à paniquer...
Effectivement, Rose commençait doucement à paniquer. Heureusement pour elle, tant pis pour le professeur, elle avait déjà fait le tour des lieux pas plus tard que la veille. Elle savait qu'à sa droite se trouvait une lampe de bureau au bois conséquent, et à porté de main. Elle décida de ne pas bouger. De le laisser venir à elle avant de décamper. Elle avait bien sa baguette et Evans, mais elle sortait de 5 jours sans manger ni boire, et restait épuisée et fiévreuse.
- Paniquer ne fait pas parti de mon vocabulaire, Professeur Désiré Landru, répondit Rose.
Elle mentait. Et elle mentait bien, cette peste. Le sourire du professeur s'agrandit et il soupira :
- Ah, Rose, t'ai-je déjà dit que tu étais ma préférée ?, dit-il en faisant un pas de prédateur en avant.
Il gardait ses yeux fixés sur sa proie, se délectant de chacune de ses expressions. Il ne savait pas que Rose était une bonne actrice. Et l'orgueil de Rose préférait ne pas savoir qu'elle n'usait aucune de ses compétences à ce moment là.
- Vous l'avez mentionné auparavant, murmura-t-elle alors qu'il faisait un autre pas vers elle.
- Laissez-moi le répéter, alors.
Un autre pas.
- Vous êtes vraiment ma préféré. Votre dialogue...
Et un autre.
- Votre voix...
Un picotement démangea le bout de ses doigts.
- Votre délicat visage...
Bientôt..., s'intima Rose en luttant contre le besoin urgent de s'échapper.
- Et votre corps si fragile... On a envie de le briser en mille et une pièces, Mademoiselle Potter.
Maintenant. Il était à présent si près qu'elle pouvait sentir son haleine mentholée. Rose attrapa la lampe de bureau d'un geste vif et visa la tempe de son professeur. Il poussa un cri, portant les mains à son visage, alors qu'elle lui filait sous le bras, mais il se reprit bien vite et la rattrapa. Rose sut qu'elle était foutue des l'instant où ses mains s'agrippèrent à sa cape.
Elle lutta quand même.
Jusqu'au bout.
C'était une des rares choses dont elle se rappelait.
Le professeur Désiré la balança au sol avec fureur et attrapa ses cheveux alors qu'elle se débattait. Rose ne laissa pas échapper un couinement alors qu'il la tirait jusqu'au bureau. Il la posa dessus avec brusquerie, le choc résonnant dans sa moelle épinière. La douleur ne l'empêcha pas d'envoyer ses poings et ses pieds un peu partout dans tout les sens, avec le seul espoir de le toucher et d'avoir une deuxième chance.
C'était tout ce qu'avait demandé Rose.
Une deuxième chance.
Il l'attrapa par les hanches et la colla contre son bassin, la bloquant de ses cuisses. Il dégagea le bureau d'un bras, débarrassant Rose de toute arme improvisée.
- Vous n'auriez pas dû faire ça, Mademoiselle Potter, souffla avec colère le professeur.
Elle ne répondit pas. Elle le regarda mutinement, droit dans les yeux. Elle entendait la boucle de sa ceinture alors qu'il la défaisait. Elle le sentait contre elle. Mais elle ne regarda que ses yeux, ses yeux bleus. Non, elle n'aurait pas dû faire ça. Non, non, non. Il fit claquer la ceinture contre le bureau et lui attrapa fermement la mâchoire :
- Chacune de nos conversations étaient passionnantes. Chacun de vos mots, chacun de vos regards... Vous avez attisé un feu en moi, Madmoiselle Potter, que ni Sophie, ni Marie, ni Camille, n'ont su éteindre, raconta-t-il en parlant à voix basse.
Il passa la ceinture autour du cou de Rose et l'armoire de la pièce bascula au sol. Elle n'arrivait pas... Elle n'arrivait pas à le viser elle ne... Le professeur attrapa ses deux mains, la plaquant contre le bureau, et remonta sa robe. Rose commença à décrocher à ce moment-là. Elle se rappelait que les objets valsaient dans la pièce, tourbillonnaient, mais que rien ne semblait pouvoir atteindre le professeur Désire Landru. Parfois, il tirait sur la ceinture, et elle suffoquait silencieusement, jusqu'à ce qu'il décide qu'il s'était assez amusé. Au début, elle le fixait, mais en se rendant compte que ça ne rendait que plus fervent ses coups de reins, son regard se perdit au plafond et s'accrocha à un point insignifiant. Elle se rappelait que chaque coup faisait mal. Que chaque contact brûlait sa peau. Calomniait son corps. Il avait arraché les élastiques de ses chignons et la prise ferme de ses doigts dans sa chevelure brûlait son crâne.
Elle se rappelait s'être dit que ce n'était pas juste.
Elle se rappelait aussi s'être dit que le professeur Désiré Landru aurait beau brisé son corps, il ne la brisera jamais elle. Cette pensée s'envola bien vite. Chaque éclat qui composait Rose se retrouva émietté, broyé, souillé.
À un autre moment, le professeur Désiré Landru passa de l'autre côté du bureau et tira la tête de Rose en arrière. Elle ferma les yeux, et garda les lèvres fermées, mais il se fraya un passage de force. Il lui sembla qu'elle vomit, mais elle n'en était pas sûre. Elle sortit de sa transe lorsqu'elle entendit de nouveau le cliquetis de la ceinture, qu'il remettait. Il respirait fort et chaque souffle était une torture à son oreille. Rose n'osa pas bouger. Elle n'avait pas l'impression de voir. Elle n'avait pas l'impression que son corps lui appartenait, qu'il lui répondrait, qu'elle le contrôlerait. La pièce était un bordel sans nom. Les meubles gisaient au sol avec les fournitures, et seuls la glace à ennemi et la malle étaient encore à leur place initiale. Le professeur Désiré Landru se pencha, et déposa un doux baiser sur ses lèvres. Il l'avait embrassé violemment, possessivement, s'était emparé de sa bouche, de sa langue. Mais ce baiser était doux, lent. Ce baiser fit remonter une bile acide dans sa gorge douloureuse et les yeux de Rose la piquèrent.
Rose n'avait jamais embrassé personne.
- Ah Mademoiselle Potter... Vous étiez aussi bonne que je l'avais imaginé. Vous voulez savoir le plus intéressant ?, dit-il en reboutonnant les boutons du col de sa chemise. Vous n'aviez aucune raison de venir ici. Vous n'aviez aucune raison de vous taire. Vous avez rompu la malédiction de vous même, ce qui veut dire que vous n'aviez même pas besoin de moi. Vous voyez, fit-il en gardant son visage en coupe entre ses mains, il y a des choses plus puissantes que la magie en ce monde, et c'est quelque chose que des hommes comme Croupton Junior ont du mal à réaliser.
Il colla son front à elle, et Rose poussa un petit couinement plaintif. Elle fermait les yeux si forts que sa peau la tirait, mais elle refusait obstinément de croiser son regard.
- La seule et unique raison pour laquelle vous avez décidé de vous taire, mademoiselle Potter... C'est parce que vous aviez peur. Vous êtes la seule responsable de votre situation.
Rose hoqueta. Elle ne voulait pas pleurer, pas encore, mais elle sentait que les larmes n'allaient pas tarder à couler le long de ses joues sans qu'elle ne puisse rien y faire. La peur... Elle avait cédé à la peur et tout ça pour quoi ? Maintenant Harry était en danger et c'était de sa faute. C'était de sa faute.
- Mais j'aurais au moins profité de ces derniers instants d'une très agréable compagnie, vous ne pensez pas ?
Une larme coula le long de la joue de Rose.
Une erreur.
Il avait suffit d'une erreur.
Le professeur Désiré Landru laissa ses doigts glisser le long de ses cheveux, et replaça quelques mèches noires collées à ses joues. Il jeta un coup d'œil à son montre à gousset et passa une main dans sa chevelure rebelle.
- Pile à l'heure. Bien, Mademoiselle Potter, vous voulez bien me tenir ça ?, s'enquit le professeur Désiré Landru en lui tendant un livre des plus banales.
Rose revenait lentement à elle. Elle attrapa le livre de ses deux mains, prête à l'utiliser pour assommer le professeur si jamais il se rapprochait d'elle, et une lueur bleutée s'en échappa avant qu'elle ne se sente aspirée vers l'objet. Rose atterrit contre un sol dur, l'air se retrouvant expulsé de sa poitrine, et elle resta ainsi, pantelante et désorientée, la joue face contre terre. Un portoloin. Il lui avait fait utiliser un portoloin...
La coupe.
Rose se redressa, prise de panique. Elle toussa, un goût de sang dans la bouche, les membres tremblants. Au moment même, Harry et Cédric apparurent devant elle, leurs mains accrochées au trophée du Tournoi des Trois Sorciers. Il roula à quelques mètres d'eux.
- Rose ?, fit son frère en découvrant sa sœur.
Elle était décoiffée, recouverte de sueur, et ses vêtements étaient de travers. Elle semblait... Elle semblait être tout sauf Rose. Ses yeux étaient rouges et ses joues brillaient. La dernière fois qu'Harry avait vu sa sœur pleurer... Et bien, il n'était même pas sûr de s'en rappeler.
- Comment est-ce que tu...
Rose sembla revenir à elle-même. Le portoloin. Voilà ce qu'avait trafiqué Barty Croupton Junior avec. Et pourquoi les envoyer ici si ce n'était pour qu'ils rencontrent le Seigneur des Ténèbres en personne ? Son regard fit un tour alors qu'une quinte de toux la secouait en deux, et elle réalisa qu'ils étaient dans un cimetière. Un cimetière. Harry ne rêvait-il pas d'un cimetière ? Des pierres tombales se dressaient un peu partout dans la plaine , le brouillard à ras du sol, la nuit s'installant lentement. Un corbeau volait de tombe en tombe avec morgue. On discernait au loin une maison et sa cabane de jardin. Et puis, il y avait devant elle la Mort qui se dressait, les ailes déployées et statufiée avec sa faux. Il n'y avait qu'une inscription dessus, qui lui glaça le sang.
« Tom Jedusor »
- Le trophée, dit-elle fébrilement en essuyant ses mains tachées de sang.
Ce putain de fou les avait ramené dans son cimetière.
- Quoi ? Rose, qu'est-ce que tu fais là ? Où est-ce qu'on est ?, demanda Cédric.
Il avait peur, lui aussi. Il y avait aussi une autre tombe au nom des Jedusor. Son père.
- Je suis déjà venu ici, se rappela Harry.
- C'est un Portoloin. Harry, le Trophée est un portoloin !, s'extasia Cédric.
Rose leva les yeux au ciel avec un manque d'air flagrant. Elle se sentait vide et...
- Le trophée, il faut... répéta-t-elle.
Elle réalisa qu'elle parlait si bas qu'elle s'entendait à peine. Sa voix craquait et sa gorge lui faisait mal.
- Je suis déjà venu ici, en rêve, s'affola son frère. Tom Jedusor... ? lut-il. Il faut retourner au trophée, vite !
Cédric releva un regard inquiet sur eux. Rose aussi était inquiète. Elle voulait se rapprocher du trophée, mais elle ne pouvait pas. Il y avait Harry et Cédric à quelques mètres de la coupe et, et, elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait... La Mort tournait dans le dos d'Harry, ouvrant ses bras à son corps. Elle écarquilla les yeux sans pouvoir dire un mot.
- Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
La douleur explosa alors dans ses reins et Rose se retrouva tétanisée. Harry tomba au sol, criant sa douleur. Un homme sortit de derrière un arche. Un homme hideux. C'était un gros rat, un bébé rat joufflu qui avait dans ses bras une autre créature hideuse, un bébé squelettique dont il semblait impensable de l'imaginer humain. Harry hurlait. Cédric accourait vers eux et le cœur de Rose s'emballa :
- Non !, s'écria-t-elle avec un pas de recul.
Elle trébucha, et Cédric la rattrapa dans un bras, l'autre occupé de sa baguette brandie. Elle fut incapable de bouger, le souffle coupé. Il ne devait pas... Elle se sentait... Il... Pas... Non... Un feu s'embrasa, un feu, mettant la lumière sur un chaudron que Rose n'avait pas remarqué jusque-là.
- Rose ?! Harry ?! Qu'est-ce qu'il y'a ?
- Retourne au Trophée !, cria Harry.
Le bébé... Rose émit une gazouillement misérable. Elle voulait... Il devait... La lâcher... La lâcher, il devait...
- Pars !, insista Harry.
Le bébé... C'était Voldemort.
Peter Pettigrow s'avança, le fœtus du mage noir le plus immonde de tout les temps entre les bras.
- Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?, demanda Cédric avec fermeté malgré sa peur.
Rose allait vomir s'il continuait à la tenir contre lui.
- Tue l'autre !, ordonna Voldemort d'une voix étonnamment puissante, bien que chevrotante.
- Avada Kedavra !, lança Queudver sans état d'âme.
Un éclair vert fusa droit sur eux...
- NOOON !, hurla Harry.
...Et frappa de plein fouet Cédric pour s'enrouler autour de lui. Il tomba au sol, raide, la tête rejetée en arrière, loin de Rose qui se retrouva de nouveau face contre terre, ses yeux face à son regard vitreux. Elle fut horrifiée par le soulagement qui l'envahit, seulement un bref moment. Parce qu'au moins, au moins, il ne la touchait plus. Cédric était mort, et il ne la touchait plus.
Une révélation s'imposa à Rose, qui dévisageait le corps en face d'elle sans émotion.
En une nuit, elle avait perdu Cédric, et elle s'était perdue elle-même.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro