11. Choisir son camps
- Donc tu es tombé sur le professeur Landru au plein milieu de la nuit ?, demanda à voix basse Théodore, penché vers elle.
Ils avaient trouvé un petit étang très sympathique où ils s'étaient installés avec Harry. Depuis que Ron l'avait lâché, Rose préférait rester avec lui. C'était une question de soutien mental. Et là où Rose allait, Théodore allait. L'enquête n'attendait pas. Ils étaient calés à l'ombre de deux arbres, des bouquins autour d'eux. C'était en partie parce qu'ils révisaient. Et en partie pour faire semblant de réviser pendant qu'ils papotaient de l'enquête. Harry et Neville, le pantalon retroussé, lançaient distraitement des galets à la surface de l'étang. Parce que oui, Neville les aidait sous le conseille du professeur Maugrey, et il lisait d'ailleurs un livre prêté par celui-ci. Le garçon maladroit s'exclama, émerveillé :
- Incroyable... Incroyable !
- Neville... Tu recommences, fit Harry d'un ton réprobateur.
- Oui, excusez-moi.
Parce que oui, Neville leur faisait le même coup depuis une bonne heure déjà. C'était pas que ça agaçait Rose, mais ça commençait sérieusement à lui courir sur la baguette. Rose lui jeta un regard blasé puis reprit ses messes basses avec Théodore.
- C'est le seul professeur qui reste suspect, j'ai trouvé aucune info sur lui. Je sais juste qu'il est arrivé assez récemment et qu'il vient du nord de la France. Et les élèves sont trop occupées à se pâmer sous son look pour remarquer quoi que ce soit de bizarre.
- C'est vrai que c'est étrange, et qu'il est très... séducteur avec ses élèves, mais peut-être qu'il aime vraiment le jardinage... Quant à Karkaroff, j'ai réuni très peu d'informations sur lui. Depuis qu'il est devenu directeur de Durmstrang, il n'a pas l'air d'avoir bouger. Il paraît cependant qu'ils pratiquent des sortilèges pas très réglo là-bas...
- Enquêtons sur Croûton alors. Sirius nous a dit qu'il avait fait emprisonner son propre fils à Azkaban...
- Barty Croupton Junior ?, s'étonna Théodore. Oui, ça avait fait la une de la presse à l'époque et...
Des feuilles craquèrent derrière eux. Quelqu'un approchait. Rose referma son libre en voyant Neville saluer les nouveaux arrivant et se leva, un air grognon sur le visage. Théodore ne bougea pas et se replongea dans sa lecture. Ça n'était pas ses affaires. Ron arrivait, renfrogné, et Hermione semblait s'égosiller contre lui. Harry se posta au côté de Rose et ils firent face aux nouveaux arrivants. Ron chuchota quelque chose à Hermione, qui s'avança vers eux :
- Ronald, aimerait que je te dise que Seamus lui a dit que... Dean a appris par Parvarti qu'on voulait que tu te rendes aux Petits Bois, acheva Hermione, désespérée et désapprobatrice.
Rose avait de bonnes neurones, mais même elle eut besoin de se concentrer pour comprendre la phrase d'Hermione. Elle arqua un sourcil, perplexe.
- Vraiment !, s'enflamma Harry, prêt à se défendre avec sauvagerie à l'entente du nom de Ron, avant de se figer. QUOI ?
Hermione semblait mortifiée. Ce qu'elle disait lui semblait assez invraisemblable et au vue de l'espoir dans les yeux de Ron, il y était pour quelque chose. Il n'aurait pas inventé une histoire aussi tordue si ? Hermione retourna auprès du garçon et dit quelque chose. Le visage du roux se plissa et il leur jeta un regard de chien battu alors qu'Hermione revenait vers eux :
- Dean a appris par Parvati que... Ne m'oblige pas à le redire, va aux Petits Bois, se plaignit-elle, comme au bord des larmes.
Pauvre bichette. Elle fit volte-face et un goût amer se répandit dans la bouche de Rose. Pour une fois, ce fut Harry qui l'ouvrît en premier.
- Et bien tu peux dire à Ronald...
Hermione les regarda, comme furieuse, et s'écria :
- Je ne suis pas un hibou !
Harry se tut, mais Rose sentit son sang bouillir. Alors comme ça elle n'était pas un hibou ? Quelle hypocrite.
- Pour faire passer les messages de Ron y'a pas de problème mais quand c'est Harry..., lanca-t-elle d'une voix glaciale, les poings sur ses hanches. Ai la décence de reconnaître que tu as choisi ton camp, petite chouette, la tança-t-elle.
Ce qu'Hermione venait de faire n'était pas juste. Elle était retourné vers Ron pour améliorer sa situation... Mais pour Harry elle n'avait pas de temps à perdre. Elle avait beau continué de lui parler, ce n'était pas juste. Les yeux de Ron s'élargirent et Hermione détourna ses yeux marrons sur elle, médusée, la bouche ouverte. Elle pinça les lèvres et s'en alla d'un pas fulminant.
- T'as rien à répliquer parce que c'est la vérité Granger et t'es même pas foutue de l'admettre, cracha Rose en lui envoyant un galet.
Elle ne l'avait pas visé directement, mais c'était pas passé loin. Ron les dévisagea une dernière fois, comme à regret et s'en alla. Rose remarqua alors les yeux humides d'Harry et passa un bras autour de ses épaules :
- Oublie ça d'accord, dit-elle avec douceur mais fermeté.
Ce qu'elle avait dit n'améliorait pas la situation d'Harry. Elle se mordit la langue jusqu'à ce que le sang se répande dans sa bouche. La vérité faisait mal à entendre, et elle avait fait mal à Harry. Dorénavant, elle ferait attention à ce qu'elle dirait devant lui.
Enfin, seulement devant lui.
*
Les Petits Bois étaient... de petits bois aux arbres graciles et fins. Ils s'y rendirent le soir-même, la cape d'invisibilité sur leur dos. Rose ne comprenait pas ce qu'il venait faire aux Petits Bois, mais en apercevant la silhouette étirée de Mrs.Maxime quelques mètres plus loins, elle se dit que ça devait être intéressant. Les jumeaux passèrent le petit portail en ferraille qui marquait l'entrée des bois et pénétrèrent dans la forêt. Le brouillard retombait lugubrement au sol, une chouette hululait. La seule lumière qui les guidait était celle de la lanterne de Mrs.Maxime, qui marchait vraiment très vite. Le manque de visibilité les amena à souvent se marcher sur les pieds, et Harry trébucha même une fois. Sur le chemin, ils entendirent un long mugissement. Les jumeaux Potter se figèrent et s'échangèrent un regard. Ce bruit... leur disait vaguement quelque chose.
- Ça devient interessant, glissa-t-elle à l'oreille de son frère en se frottant les mains.
- Ne marche pas trop vite !, la réprimanda-t-il.
- Dépêche-toi sinon on va perdre de vue Mrs.Maxime, rétorqua Rose.
Ils suivirent d'encore plus près la directrice, se rapprochant des mugissements. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, des tremblements dans la terre se faisaient, toujours plus intenses. Harry sortit sa baguette, juste au cas où. Rose l'avait déjà sortie. Enfin Mrs.Maxime débarqua dans une carrière, et les jumeaux s'arrêtèrent à une lignée de buisson. Le spectacle qui se présentait à eux les clouait sur place de toute manière. Des souffles de feu gigantesques s'échappaient de grandes cages à la forme octogonale, dont les barreaux semblaient prêts à céder à n'importe quel moment. Des hommes se débattaient pour contenir les créatures en cage. Il n'y avait vraiment que des dragons pour faire ça. Rose se laissa aller au sol, fascinée par le spectacle. Harry enleva momentanément sa cape, Mrs.Maxime en pleine conversation avec un des dresseurs :
- Des dragons !? C'est la première tâche !?, s'écria son frère, scandalisé. C'est une blague !?
- Allons Harry, les dragons sont des créatures incomprises !, sourit Rose pour cacher son inquiétude, un éclat de malice dans les yeux.
Un des dragons fit tomber les plaques de bois qui protégeaient sa cage. De fines pointes s'étendaient depuis sa tête jusqu'à sa queue, espacées de quelques centimètres. Il rugissait et soufflait des flammes bien colériques. Rose reconnut le Magyar à pointe. C'était un dragon au sale caractère, tout simplement. Elle ne savait pas si il y avait d'autres races, mais elle espérait que son frère ne tomberait pas sur lui lors du Tournoi.
- Rapprochons-nous, dit-elle en donnant un coup de coude à son frère pour l'entraîner avec elle.
- T'es complément folle, protesta Harry qui la suivit pourtant.
Accroupis, ils se rapprochèrent de Mrs.Maxime et du dresseur, un homme aux muscles saillants et aux sourcils broussailleux. Rose reconnut à son accent qu'il n'était pas de France ou d'Angleterre. Peut-être... la Roumanie. Un homme cria des instructions et plusieurs autres coururent vers le Magyar à pointes qui se débattaient sauvagement. Il y avait un garçon à la chevelure rousse qui ne trompait pas...
- Regarde, c'est Charlie Weasley !, fit Rose en le pointant du doigt
- Ce Magyar à pointe est une vraie saleté, disait-il, la baguette braquée sur le dragon. Mon frère a faillit tourner de l'œil en le voyant.
Les hommes autour de lui ricanèrent et Rose plaqua une main sur sa bouche. Ouuh. Harry se figea, une colère sourde et une déception immense le traversant.
- Ron est venu ici ?
- Ça fait sens, son frère travaille en Roumanie avec des dragons. Il a dû avoir l'info de lui.
La phrase tordue de Ron avait donc pour seul but de leur montrer la première épreuve qui attendait Harry ? Ce type était stupide. Il avait vraiment cru qu'Harry comprendrait ça ? Enfin, on parlait d'Harry ? Rose secoua la tête. Ce type était stupide, stupide, stupide.
- Il ne nous a rien dit du tout, souffla Harry avec colère.
- C'est ce que font les lâches la plupart du temps, renifla Rose dédaigneusement.
Le Magyar projeta un jet de flammes et se dressa sur ses pattes dans le peu d'espace dont il disposait, poussant un rugissement furieux.
Sans mauvais jeu de mot, la première tâche allait être du feu de dieu.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro