6. À Serpentard, comme à la guerre 🌹
Chaque Maison possédait sa propre Salle Commune et ses dortoirs. Les Serpentard ne résidaient pas dans des tours comme les autres Gryffondors ou les Serdaigle, mais dans les cachots de Poudlard. Rose trouvait ça très excitant de descendre de sombres escaliers et de prendre trente six-milles couloirs plus obscurs les uns que les autres alors que la température baissait au point d'en avoir la chair de poule... Mais ça n'était que son avis. Elle se demandait tout de même comment elle allait faire pour mémoriser tout ce chemin, en plus du mot de passe à donner à ce tableau hautain...
Rose découvrit un dortoir luxueux. Un lit à baldaquin, un bureau, des édredons, une couette et des couvertures. Bien plus confortable que chez les Dursley, à n'en pas douter. Rose choisit le lit tout au fond et découvrit que sa malle y était déjà. Comme par magie.
- Alors tu es vraiment la sœur d'Harry Potter ?, fit une fille derrière elle.
- Hum, non, mon prénom c'est Rose, répliqua-t-elle, un peu irritée.
On n'allait de tout de même pas la réduire à « la sœur d'Harry Potter » ?
- Donc tu es la sœur d'Harry Potter ?
Rose soupira et se retourna, un sourcil arqué par l'irritation croissante qui l'envahissait.
- Comment tu t'appelles, déjà ?, s'enquit-elle mielleusement.
- Ismelda, fit la fille.
Elle avait un long cou et des pommettes osseuses, ses cheveux filasses collés à son crâne. Elle lui faisait un peu penser à Pétunia. Un peu plus charmante, il fallait se l'avouer.
- D'accord, fille de dortoir n°2, fous moi la paix, trancha Rose en la mitraillant du regard.
Elle s'emmitoufla sous ses couvertures et s'impressionnant du matelas moelleux et confortable sous son dos. Il fallait dire que les dortoirs à Poudlard, c'était vraiment du luxe comparé au placard à balais des Dursley : lit à baldaquin, bureau, édredon, couette, couvertures...). Rose ferma les yeux, essayant de se remémorer mentalement le trajet allant de son dortoir à la Grande Salle. Il était hors de question qu'elle rate le petit-déjeuner ! Les repas à Poudlard avait vraiment l'air succulent. Rose étendit les bras et les jambes. Elle n'avait jamais pu étendre les bras et les jambes dans son lit. Même lorsqu'elle ne le partageait pas avec Harry, l'espace était trop petit.
Harry... Ils avaient toujours dormis ensemble, dans un petit placard exigu étouffant de sciure. Rose trouvait ça si agréable, d'avoir tant d'espace pour elle-même. D'avoir son espace à elle. C'était comme une bouffée d'oxygène. De ne pas devoir passer une nuit avec lui. Elle espérait que ça n'allait pas trop le perturber. Harry était plus sensible qu'elle. Mais peut-être que ces nouvelles libertés allaient lui faire du bien, à lui aussi. Du moins elle l'espérait. C'était comme ça. Elle, elle avait toujours eu besoin d'espace.
- Bonne nuit, Rose, fit Pansy, qui était dans le lit d'en face.
Elle s'enfonça dans sa couette et lui sourit dans son oreiller. Jusque-là recroquevillée sur le côté, Rose lui sourit et s'allongea sur le ventre.
- J'éteins la lumière ?, demanda Daphné Greengass, postée près de l'interrupteur.
C'était une grande blonde platine au visage austère, mais en réalité très gentille. Du moins, pour l'instant. Rose s'était déjà liée d'amitiés avec deux personnes, alors elle ne voulait pas spécialement approcher les autres. Aussi elle espérait que les autres ne s'approcheraient pas trop d'elle.
- Vas-y, éteins, dit la fille n°2.
Celle-là, elle n'avait pas pris la peine de se souvenir de son nom.
*
Assise face au miroir, Rose réfléchissait. C'était son premier matin à Poudlard et elle se cassait déjà la tête. Rose aimait bien se complaire dans son reflet. Quand on était beau il fallait savoir en profiter. Mais tien de l'obnubilait ce matin dans son visage. Elle était... Comment dire ? Dans une impasse ?
Rose soupira et zieuta avec curiosité l'objet complexe qui accablait ses mains depuis une bonne quinzaine de minutes..
Alors voilà.
Rose ne comprenait pas comment se servir de cette brosse.
Elle essayait démêler ses cheveux depuis tout à l'heure, mais des petits nœuds douloureux se cachaient encore oar-ci, par-là, là-bas ou ici. D'habitude, c'était Harry qui s'occupait de démêler sa masse ondulée et bouclée. Elle s'était dit qu'on ne verrait pas les nœuds lorsqu'elle se ferait ses chignons. Puis elle s'était rappelé que c'était Harry, qui faisait ses chignons. Rose inspira un bon coup pour se calmer, les joues gonflées, et lança un regard mi-courroucé mi-déterminé à la brosse.
Elle eut alors une pensée pour cette pauvre Hermione Granger. Ses cheveux ne devaient pas lui rendre la vie facile. Ses joues se dégonflèrent et Rose abaissa ses épaules. Après tout, son sort n'était pas si terrible. Elle savait bien qu'elle n'y arriverait pas si facilement, alors elle s'était levée tôt. Elle avait les mêmes chignons depuis toute petite. C'était comme un lien. Entre Harry et elle. Mais d'habitude, c'était Harry qui les lui faisaient.
Une voix s'éleva de derrière la porte de la salle-de-bain alors qu'on toquait :
- Rooose ? Je peux entrer ?, demanda Pansy.
Sa réponse ne devait pas lui importer puisqu'elle entra sans plus de cérémonie. Elle la dévisagea avec perplexité et s'écria :
- Bah t'es prête ? Pourquoi tu viens pas ?
Rose secoua piteusement sa brosse à cheveux.
- J'arrive pas à me coiffer, avoua-t-elle, ces quatre mots arrachant sa langue.
Pansy voulut retenir son rire, mais ses yeux brillants l'avaient trahies. Elle éclata en s'asseyant à ses côtés, ne lui laissant plus qu'un petit bout sur le tabouret-poubelle - n'avait trouvé que le tabouret-poubelle comme support, et alors ?-, et s'empara de la brosse de Rose. Le libre arbitre, Pansy, le libre arbitre, punaise, songea Rose, de plus en plus frustrée par cette situation.
- C'est pour ça que tu mets autant de temps ?, ria-t-elle.
Rose roula des yeux et croisa les bras sans répondre. Pansy pouffa et s'attaqua à ses cheveux, une main posée sur le haut de son crâne pour le maintenir immobile. Impassible, elle abattait la brosse sur ses petits -énormes- nœuds.
- Ça doit faire trente minutes qu'on t'attend avec les garçons, commenta Pansy. Alors, qu'est-ce que je fais ?
Rose arqua un sourcil, intéressée. Alors comme ça on l'attendait ?
- Les mêmes chignons qu'hier. Tu dois faire des couettes, puis des tresses, puis les chignons.
Rose n'aurait pas cru qu'on l'attendrait.
Pansy divisa ses cheveux en deux parties qui devinrent rapidement des couettes. Elle les tressa et acheva les chignons en moins de deux. Rose était assez impressionnée par la dextérité des geste de Pansy. Elle vaut des doigts de fée... Pansy sauta sur ses pieds en une exclamation victorieuse, les bras levés :
- TADAAA ! C'est pas réussi ça ?
Rose se scruta dans le miroir, un petit sourire naissant sur ses lèvres. C'était bien. C'était parfait.
C'était... Tristement mieux qu'Harry.
- Ça peut aller, la taquina-t-elle, une lueur espiègle dans les yeux.
- Tu devrais les laisser détacher, ça t'irait bien, fit remarquer Pansy alors qu'elles sortaient des dortoirs.
- Tellement bien que vous tomberiez tous comme des mouches, rétorqua Rose avec vanité avant d'ajouter plus sobrement :
- Raisons techniques, ils me gêneraient autrement.
Les deux filles débarquèrent nez à nez avec Blaise, le garçon aux yeux de huskie, qui, Rose l'avait appris par le biais de Pansy, s'appelait Théodore Not, et malheureusement... Malefoy.
- Oooh ! Une revenante !, s'exclama Blaise.
Rose lui lança un regard blasé.
- On a eu un petit problème, fit Pansy en lui donnant un coup de coude.
- Tout petit problème, renchérit-elle lui rendant.
Les garçons semblèrent un instant interdit, mais Malefoy brisa le silence de sa voix nasillarde:
- Mais encore ? On fera mieux de se grouiller, avant que le petit problème de Potter ne nous mette à la bourre.
- Alors arrête de nous retarder, Malefoy, riposta Rose, sous-entendant qu'il était le petit problème en question.
Pansy et Blaise gloussèrent. Chez les Dursley, on n'entendait jamais rien d'autres que leurs rires gras de cochons. Malefoy la fusilla du regard et tourna les talons. Il sembla pressé d'échapper à cette humiliation.
- Eh, attends nous Drago !, s'écria Pansy en courant immédiatement après lui.
Pansy était vraiment collée à lui, alors. Rose et Blaise s'échangèrent un regard et haussèrent des épaules.
Ils n'avaient plus qu'à courir.
*
La table des Serpentard, comme toutes les autres, était recouverte de nourriture alléchante. Puisque Rose n'avait pas beaucoup mangé la veille, son ventre ne tarda pas à manifester son intérêt par des gargouillements bruyants. Pétunia était une bien piètre cuisinière, se dit-elle mesquinement, plus par revanche que réalité, en enfournant dans sa bouche la moitié d'un muffin chocolaté. Oh, elle savait cuisiner sans que ça ne soit infecte, c'était vrai.
Rose leva la tête pour apercevoir son frère à la table des Gryffondors, mais il n'y était pas. Elle notifia seulement Hermione Granger, et les deux jumeaux Weasley.
Un sourire aux lèvres, elle s'empressa d'être remplir son assiette jusqu'à ce qu'elle en déborde. C'était comme si elle craignait que la nourriture disparaisse d'un coup. Il fallait dire que chez les Dursley, elle n'avait pas souvent l'occasion de manger à sa faim. Elle entama son assiette avec bon humeur. Blaise, à sa gauche, dévorait voracement une part de cake au fruit tout en remplissant son verre de jus d'orange.
- Tu ch'en cheux ?, lui proposa-t-il en lui tendant la cruche, les yeux brillants et du gâteau plein la bouche.
Rose ne put s'empêcher de rire. Il avait une sacré bouille comme ça. Adorable. Blaise la questionna d*une mimique et Rose secoua la tête :
- Nan, rien, fit-elle en prenant la cruche.
Elle en versa dans son verre, presque à ras-bord -Rose aimait vraiment le jus d'orange-, et le bus goulûment. Harry et Ron venait justement d'entrer dans la Grande Salle, et discutaient joyeusement ensemble.
- Tu aimes le jus de citrouille ?, demanda avec curiosité Blaise.
Il ne l'avait même pas regardé... Les yeux de Rose s'écarquillent alors que le goût emplissant sa bouche. Du jus de citrouille ?
- T'aimes pas ?!, s'affola Blaise d'un air catastrophé, remarquant son arrêt sur image.
Pansy tapota son dos avec compassion en se rendant compte que Rose s'étouffait. Elle avala la moitié de sa gorgée et recracha l'autre dans son verre en toussant. Son frère ne daignait donc pas lui adresser un seul regard ?
- C'est im-mon-de, grogna-t-elle entre deux quintes de toux.
Malefoy la jaugea en fronçant du nez.
- Immonde, tu dis ?
- Oui, oui, immonde, on peut prendre comme synonyme Malefoy aussi, répondit naturellement Rose en s'essuyant la bouche du revers de sa manche.
- Tu es grotesque, murmura Malefoy, les yeux plissés.
- Oh, grotesque ! Un autre synonyme de Malefoy !, s'écria avec la joie d'un luron Rose.
Le petit déjeuner se termina sur les piques insupportables que se lançaient Rose et Malefoy, et le premier cours de la matinée, ainsi que de l'année, ne tarda pas à commencer. Il était en commun avec les Gryffondors et dispensé par le professeur McGonagall, la grande sorcière qui les avait accueilli la veille. Rose eut un frisson d'excitation en regardant son emploi du temps.
« Métamorphose »
Rien que le mot l'impatientait !
Rose sautillait sur place lorsque la porte s'ouvrît sur la haute silhouette du professeur, qui les fit entrer sous son regard attentif. À peine assis à leurs pupitres que les élèves se ployaient au climat sage et silencieux de la classe, qui semblait très rurale. Un peu comme tout Poudlard, elle n'était faite que de pierres, de torches, et meublée pour les cours. Rose voulut aller s'asseoir au premier rang, mais Pansy et Blaise tirèrent instantanément sa manche avec une moue boudeuse et suppliante.
- Au deuxième alors, négocia-t-elle, intransigeante même face à eux.
Pansy afficha un sourire ravie et Blaise bougonna dans son coin. Ils prièrent places et sortirent leurs affaires : une plume, un encrier, un rouleau de parchemin et leur petit cahier, puis le cours débuta assez rapidement après une rapide introduction du professeur McGonagall. Très vite, ils eurent besoin de recopier, car elle marquait leur première leçon au tableau.
« Qu'est-ce que la métamorphose ? », s'appliqua à écrire Rose de son poignet le plus souple.
- Tu écris super bien !, souffla Blaise, qui avait déjà taché sa feuille.
Rose souffla du nez, amusée.
- La métamorphose ne touche pas seulement les objets, les animaux, mais aussi les êtres vivants. Je vais vous faire une rapide démonstration et vous copierez ensuite ce qu'il y a au tableau, expliqua McGonagall de sa voix forte.
Sous les grands yeux d'une Rose abasourdie, elle se transforma. En chat. Sa professeur de métamorphose s'était transformée en chat. Un beau chat gris au pelage tigré. Même sous cette forme, son regard impérieux dissuadait tout chuchotement.
- Waaw, s'émerveilla Rose.
Elle voulait définitivement pouvoir se transformer en chat. Et en zèbre. Mieux ! En crapaud. Pétunia avait sainte horreur des crapauds ! Avec entrain, Rose écrivit, heureuse de simplement se servir d'une plume. Et puis, elle avait tout compris et même, elle trouvait ça simple. Entre nous, qui ça étonnait vraiment ?
Cependant Rose ne tarda pas être distraite, son regard ne cessant de dévier vers les bancs des Gryffondors. Deux places vides la préoccupaient. Rectification : une place vide l'inquiétait, celle de son frère, non mais parce que Ron... Ils étaient absents et pourtant, Rose les avais vu entrer dans la Grande Salle pour petit-déjeuner. Et il n'avait même pas cherché à la regarder. Harry n'avait pas intérêt à sécher les cours dès la rentrée ou ça allait. Il vaudrait mieux pour lui qu'il soit en retard. Si il se faisait renvoyé et qu'elle était obligée de rentrer chez les Dursley ? Quelle horreur... Mais ça n'était pas le genre de sécher d'Harry. Plus celui de Rose, enfaite. Il devait s'être perdu. Et ce n'était pas ce Ron qui allait l'aider.
Ses inquiétudes s'envolèrent lorsque la porte claqua. Harry et Rose venaient d'entrer, et pas dans la plus grande discrétion. Les pauvres étaient rouges et essoufflés, ce qui confondit Rose dans sa théorie « Ces imbéciles sont incapables de se retrouver dans Poudlard ». Hermione dévisagea avec dédain les nouveaux arrivants, ce qui agaça un peu Rose, et Malefoy avec moquerie, ce qui agaça beaucoup Rose. Elle était furieuse. Harry commençait très mal l'année.
Et même essoufflé, Ron parvint à sortir une débilité :
- Ouf, on y est... Imagine la tête de la vieille McGonagall si on était arrivé en retard !
Rose plaqua une main sur sa bouche pour réprimer un rire qui secoua tout son corps et Blaise pouffa à côté d'elle. Ils étaient dans un sacré pétrin, et Rose sauta pieds joins dedans en internant.
- Vous êtes en retard, fit-elle remarquer.
Pansy lui fit les yeux ronds, et tenta de lui frapper le tibia de son pied -décidément c'était son dada-, mais son coup toucha Blaise, qui glapit de douleur. La bouche en cœur, Rose papillona des paupières avec innocence. Elle qui ne voulait pas tout de suite se faire remarquer.
McGonagall, le chat, bondit de son bureau, et lorsqu'elle atterrit au sol, elle était redevenue McGonagall, l'humaine. Elle les dévisagea un à un, plus austère que jamais, mais Rose était persuadée de l'avoir amusée. Si Harry et Ron se prirent la honte de leur vie, la "vieille" McGonagall ne manquait pas de cachet. Rose ne perdit qu'un point pour avoir perturber le cours, ce qui généra quelques grognements chez les Serpentards et de nombreux regards noirs. Rose gloussa. Pour ce genre de réaction elle pourrait faire perdre des millions de point à sa maison. Et en gagner deux fois plus par la suite.
Rose Potter faisait ce qu'elle voulait, après tout.
Quand les cloches sonnèrent et que McGonagall les relâcha, Blaise se précipita vers Rose, ébahi :
- T'es une folle toi !
Rose ricana et lui fit un clin d'œil malicieux.
- Il parait...
- C'était chaud quand même, fit Pansy.
- J'ai cru que McGonagall allait te démolir !, ajouta Blaise.
- Mais non !, sourit Rose, qui ne comprenait pas la peur irrationnelle de ses camardes. Elle m'adore déjà !
Malefoy leva les yeux au ciel et Théodore arbora un air sceptique, une des rares expressions qu'il leur offrit de la matinée. Le sourire de se Rose se fana en remarquant Harry et Ron. Ils avaient des choses à se dire, sauf qu'il l'évitait continuellement. Mais c'était à lui de venir lui parler. Rose n'avait rien fait de mal. Les règles entre frères et sœurs pouvaient paraître complexes, mais elles étaient évidentes. En outre les jumeaux étaient tous deux très têtus et Rose avait son quota d'orgueil bien à elle. Ça allait mettre du temps. Rose redressa sa sacoche sur son épaule et dépassa son frère la tête haute, alors que ses amis trottinaient derrière elle. Elle n'arrivait pas à croire qu'il soit assez débile pour écouter ce Ronald Weasley
- Bah, qu'est-ce qu'elle a ?, chuchota Blaise dans ce qui était tout sauf chuchotement .
- Laisse, c'est un autre caprice de sa Majesté la Reine, répliqua Malefoy suffisamment fort pour qu'elle entende sa petite remarque.
Et dire que ce bouffon se prenait pour un Roi.
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