35. Comment osons-nous vivre ?
DRAMAMA RAMAMA RAMAMA HEY ;)
À part une cheville un peu douloureuse et de nouveaux cauchemars, je n'avais pas grand chose. Le trio de Gryffondor n'avait pas eu à me rendre visite bien souvent, puisque je quittai l'infirmerie dans la journée même et me retrouvai dans mon dortoir, recroquevillée sous mes couvertures. Des mots tournaient dans ma tête. Ils se murmuraient et commémoraient au creux de mon oreille en un souffle vicieux et froid. Les images surgissaient sous mes paupières puis s'emmêlaient comme deux cordes pendues à un arbre, malmenées par le vent, entortillées par la peine de la Mort. La Mort souffrait-elle seulement de son ravage ? Toutes ces informations assaillaient mon esprit et le troublaient, le piquaient de noir et le tachaient de flou.
Voldemort voulait tuer Harry.
Voldemort avait tuer mes parents.
Voldemort aurait pu tuer Harry cette nuit.
Si il l'aurait pu, c'était qu'il était là, à Poudlard.
Je pressai un peu plus mes genoux contre ma poitrine et frissonnai.
C'était Quirell.
Quirell qui avait tenté de voler la pierre philosophale.
Quirell qui avait tenté d'éliminer Harry.
Quirell n'était peut-être qu'une couverture. Peut-être que le professeur Quirell n'avait jamais existé. Peut-être qu'il n'était qu'un déguisement, une simple apparence décadente et faible, qui couvrait un pouvoir noir et puissant. Mais je devais vérifier les dates. M'assurer que ça coïncide. Si un certain Quirell avait disparu en telle ou telle année. Quand avait-il été engagé. Avant, ou après, le meurtre de Lily et James Potter. Et combien de temps il aurait fallu à Voldemort pour acquérir suffisamment de puissance afin de posséder un corps. Était-ce seulement possible ?
Il y avait quelqu'un qui pourrait répondre à mes questions.
Et j'en avais tellement.
*
- Professeur Rogue, fis-je en entrant silencieusement dans la pièce qu'il se réservait pour produire ses potions.
Il continua sa préparation sans broncher, mais ses gestes se firent plus lents et je sus qu'il me portait attention. Est-ce que mon bref séjour à l'infirmerie l'avait inquiété ? Il n'avait jamais réagi ainsi auparavant.
- J'ai des questions à vous poser.
Il soupira avec agacement et je vins me jucher sur un bout d'un des plans de travail.
- Vous saviez que quelqu'un se nourrit de sang de licorne à Poudlard ?
- Les informations se colportent mieux avec des scandales, Miss.Potter, répliqua Rogue.
Il était donc au courant pour mon évanouissement. Je lui jetai un regard noir, balançant mes jambes, cognant dans un bruit répétitif et agaçant dans le bois. S'il était agacé, il réfléchirait moins à ce qu'il dirait. Du moins, je l'espérais. Ce genre de bruits agacerait n'importe qui qui voulait se concentrer. Mais Rogue n'était pas n'importe qui...
- Vous aimez les scandales, Professeur ? Vous avez un point commun avec Pansy alors..., relevai-je, les sourcils haussés.
Il grogna, seule et unique réponse d'un homme contrarié.
- Vous savez aussi que Quirell cherche à voler la pierre philosopha...
Le reste de ma phrase resta suspendue dans le vide. Oui, Rogue le savait. Mais quand était-il de Dumbledore ? S'il l'était, comment pourrait-il laisser Quirell se balader ainsi dans le château ? Comment Dumbledore pouvait-il ignorer la situation ainsi ?
- Pourquoi ne pas l'avoir dit à Dumbledore ?, demandai-je, mes jambes se figeant. C'est vrai ça, il ne laisserait pas un disciple de Voldemort se balader dans les couloirs...
Rogue se figea. Le temps se figea. Il me sembla qu'un instant, cette puissance infinie qui avait façonnée la Terre et la faisait tourner depuis des milliards d'années en quelques pichenettes, avait posée sa main sur cet orne bleu.
Puis, tout reparti au quart de tour.
- Alors quoi, vous en êtes un aussi ? Vous pouvez retourner votre veste à tout moment dans cette situation, observai-je, portant une main à ma baguette. Si la pierre est volée, vous pouvez vous en tirer face à Voldemort, parce que vous n'aurez rien dit à Dumbledore, et si on ne veut pas de vous, vous pourrez dire que vous avez tout fait pour empêcher le vol. Vous pourrez aussi vous en attribuer toute la gloire.
Au fur et à mesure que les mots sortaient de ma bouche, je comprenais qu'il touchait un point important chez le professeur Rogue. Mais je ne pouvais pas imaginer qu'il m'ait trahis. Il était froid. Froid, distant, désagréable, apathique, même, antipathique. Mais c'était lui qui m'apprenait l'occlumancie, la legilimencie, c'était lui qui m'apprenait à exploiter mes dons en potions. C'était vers lui que Dumbledore m'avait tourné lorsque j'avais accepté sans mot qu'on m'apporte l'aide. M'apporter de l'aide.
Personne n'avait jamais rien fait de tel pour moi avant.
Ce serait trop dur, d'accepter que c'était par intérêt, que c'était dans le but d'une trahison.
Non, ce serait trop dur. Ce serait injuste.
Ce serait trop injuste.
Trop injuste qu'on me donne enfin un père et qu'il se révèle être un nouveau poignard planté dans mon dos.
- La situation est compliquée, Rose, articula Rogue après un long silence.
- Est-ce que... Vous êtes... Un mangemort ?, l'interrogeai-je, ma voix s'effilochant en une douce supplique.
Il suffisait qu'il dise non, et je le croirai. Je le croirai, comme une enfant d'11 ans se devait d'être naïve et bête quand j'étais une enfant d'11 ans, qui essayait de survivre depuis son plus jeune jour. Comme l'enfant qui avait survécu.
Mais ses épaules se tendirent, premiers rouages d'un embrayage au tic-tac retentissant d'une vérité brisante, et ses muscles se retrouvèrent contractés.
- Mais... gémis-je, et je ne m'étais jamais autant haïs qu'à cette instant. Vous ne pouvez pas en être vraiment un ?
Le professeur Rogue ne répondit pas.
Une fiole se brisa.
- Vous... Vous êtes un mangemort ?
Un mangemort, un partisan de Voldemort. Un de ceux qui avaient supportés un monstre et ses crimes, un de ceux qui avaient laissé mes parents mourrir.
- Mais... Mais... Mais..., gémis-je, les yeux brûlants. Vous ne pouvez pas être un mangemort !, hoquetai-Je.
L'eau de son chaudron éclata en cloques.
- Parce que... Sinon... Vous auriez tué mes parents... Vous...
Trois. Trois fioles explosèrent.
- Vous auriez tué mes parents... Vous... Vous avez... Vous avez tué mes parents...
Et Rogue ne répondit pas. Rogue ne contesta pas. Il était là, pâle et rouillé, mais je n'avais rien vu de plus laid de toute ma vie. Rogue était un monstre. Rogue était répugnant. Je haïssais Rogue. Rogue devait mourir. Rogue devait...
- Vous avez tué mes parents et maintenant vous pourrissez la vie d'Harry ?
Tuer deux innocents n'était-il pas suffisant ?
Le bois des établis craqua.
- Rose...
Sa voix n'était pas celle d'un meurtrier pourtant. Il l'était.
- COMMENT OSEZ-VOUS VIVRE ?, hurlai-je, bondissant sur mes pieds.
Quelque chose vint sur ma joue, glissa, parcourut sa rondeur et y répandit un froid glacial qui engourdit mon cœur. Ce quelque chose s'écrasa au sol.
- Vous pensez que j'aurais tué Lily ?, se révolta Rogue, relevant enfin son visage.
- NE PRONONCEZ PAS SON NOM !
Assassin. Assassin. Assassin.
Pourquoi ?
- VOUS PENSEZ QUE J'AURAIS TUÉ MA DOUCE LILY ?, hurla Rogue, qui parcourut les mètres nous séparant de larges pas.
Il m'empoigna par le col et je me retrouvai plaquée contre la pierre, les os vrillant.
- LÂCHEZ-MOI LÂCHEZ-MOI LÂCHEZ-MOI !, hurlai-je en une litanie aigu qui n'eut aucun écho chez Rogue.
Il me dévisageait me débatte et me tortiller, il dévisageait mes yeux rouges et mon nez humide, et il y avait tant de haine dans son regard...
- VOUS PENSEZ QUE J'AURAIS TUÉ... Ma Lily ?, fit-il dans ce qu'un rugissement ne fut plus que chair à vif.
- Vous pensez... Que j'ai voulu de cette vie, Miss. Potter ?
Un hoquet s'échappa de mes lèvres lorsqu'il me dévoila la peau pâle de son avant-bras gauche, marqué à jamais de son péché, ultime preuve de sa culpabilité. La marque des Ténèbres.
- Lâchez-moi, lâchez-moi, lâchez-moi... le suppliai-je.
Je ne voulais pas qu'il me touche, je ne voulais pas qu'il m'approche.
- Pourquoi l'aurais-je tué, après avoir tant essayé de la protéger ?
- Je sais pas, je sais pas, sanglotai-je, tentant de me dégager de sa poigne.
Je voulais juste partir. Loin d'ici. Et loin de lui. Je voulais qu'il disparaisse et qu'il n'ait jamais existé. Comme ça, peut-être que les parents seraient en vie.
- Si elle serait restée avec moi, si elle n'aurait pas choisi cette incapable de Potter, elle serait toujours là, elle serait toujours en vie... Si elle serait restée avec moi, elle ne serait pas morte !
- Taisez-vous ! Taisez-vous !
Je ne voulais pas en entendre plus. Je ne voulais plus rien savoir. Je voulais être bête et naïve et croire qu'un jour, je rendrai le monde meilleur, quand je n'étais qu'une de ses pourritures.
- Mais elle l'a choisi ! Elle s'est condamnée toute seule ! Ce n'est pas ma faute !
Un cri aigu s'échappa de mes lèvres et les yeux de Rogue se raccrochèrent enfin les miens, me dévoilant la folie qui hantait depuis trop longtemps un homme et grandissait en lui comme le Mal se surpassait chaque jour. Soudain, je pus enfin respirer, et je n'attendis pas plus.
Je détalai, comme une proie, comme ces animaux trop faibles pour se défendre et qui ne seraient toujours que gibier destiné à courir, courir, et mourir.
Au final, le loup m'avait attrapé, et il me déchiquetait de ses dents goûteuses.
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