❁ 6
De retour à la maison, je ne pensais plus qu'à une seule chose : le lit.
Jimin m'avertit qu'il partait dans la salle de bain et je n'opposai aucune résistance, assommé par la fatigue. Sans prendre la peine d'allumer la lumière du couloir, je tâtonnai les murs pour m'aider à ne pas me cogner et à trouver la porte de la chambre. Veine tentative puisque mes genoux percutèrent le pied du lit. Une vive douleur se répandit dans mes jambes. Je dus mordre mes lèvres pour éviter d'alerter Jimin, parvins malgré tout à contourner le matelas à l'aveuglette pour trouver la lampe qui manqua de se renverser, cliquai sur l'interrupteur et soufflai sur les cheveux qui me barraient la vue.
Je suspendis la bretelle de mon sac sur la chaise du bureau, retirai ma veste et la déposai également dessus avec précaution. Elle m'avait étouffé durant le trajet du retour à cause de la chaleur, mais je n'avais pas voulu l'abîmer en la retirant n'importe comment. Poppy et Leticia m'avaient aidé en retouchant le costume, je souhaitais avoir l'occasion de le porter à l'avenir. Je me souvins que Leticia avait piqué ma peau de ses aiguilles lorsqu'elle avait retouché mon pantalon, un peu trop ample au niveau de ma taille. Je m'étais plaint mais Poppy m'avait fait taire en assénant que je devais être présentable pour les mariés, et accessoirement, pour Jimin. Elles aimaient énormément Jimin. Peut-être un petit trop.
L'alcool me donnait chaud. J'ouvris la fenêtre pour profiter un moment de la brise nocturne avant de m'asseoir sur le lit. Je n'avais pas mal à la tête, je craignais seulement m'endormir soudainement tant mes paupières pesaient lourd. Je m'approchai de la lampe et laissai mon dos reposer sur la tête de lit, pour patienter que Jimin ne termine. Il était hors de question que je me couche sans prendre une douche.
Le sommeil m'appelait. Ma tête retombait et je reprenais conscience à intervalles réguliers. J'espérais ne pas m'endormir dans la salle de bain ou je risquais d'avoir des courbatures au réveil. Et moi, je n'adhérais qu'aux courbatures si elles provenaient d'une activité physique. Dormir n'était hélas guère une activité physique.
Je revins à la réalité en sentant une légère secousse.
« Mmh...
- Je comprends pourquoi je n'ai reçu aucune réponse. »
Jimin m'offrit son aide en attrapant mon menton pour que nous nous regardions. Je papillonnai des paupières et secouai la tête, à présent bien plus intéressé par lui que par le sommeil imminent. Il avait l'air d'attendre que je reprenne mes esprits, c'était néanmoins une tâche compliquée.
« Ce n'est pas un signe que la soirée t'a ennuyé, pas vrai ? me demanda-t-il.
- Pas du tout non... mais j'ai un peu abusé sur le vin. Trois verres m'ont achevé.
- Te voir boire autant m'a étonné, toi qui préfères les confiseries. »
J'émis un grognement offensé en guise de réponse. Je n'avais pas réellement de répartie, n'étais pas en état de me défendre non plus.
« C'était pour... le rôle d'homme alpha. » finis-je par marmonner.
Jimin éclata de rire.
« Je trouve que ce rôle ne te va pas si bien, minauda-t-il en glissant sa main dans mes cheveux. Au fond, tu es un gros marshmallow.
- Comment ça... gros marshmallow... hey, ne t'arrête pas.
- C'est à cause de tes biceps, je ne peux nier leur existence. Hey, tu as les cheveux tout emmêlés aussi.
- Toi et mes biceps...
- Toute une histoire d'amour. »
Il démêlait mes mèches doucement, une à une, avec une patience infinie. Cette occupation si particulière paraissait lui plaire, alors je le laissais faire. J'étais secrètement friand de ses caresses qu'il s'amusait à me donner.
« Tu n'es plus nerveux, remarquai-je en effleurant ses cuisses.
- Je pense que mon corps n'a pas supporté tant de joie. Il fallait que je l'exprime et évidemment, j'ai stressé. Mais je suis tellement heureux pour ces deux-là, Jungkook. J'aime tellement les voir sourire, tu as vu, ils n'ont pas arrêté !
- Tu as raison. D'ailleurs je suis certain que mes photos sont superbes. On était tous ensemble, on a bien mangé, tout s'est bien passé, c'était vraiment une bonne journée. Je suis content d'avoir été là.
- Je le suis aussi, chuchota-t-il. Vraiment beaucoup. »
Je relevai le regard sur Jimin pour la première fois. Je n'avais pas réellement fait attention, mais il était proche de moi. Ses cheveux étaient en bataille, ses yeux fixaient un point précis, sa langue tirée sur le côté prouvait qu'il se concentrait : il me faisait une tresse. Un élastique noir était enroulé autour de son annulaire, il y avait pensé cette fois-ci. Je gardai le silence pour ne pas le déranger, tournai légèrement la tête pour qu'il termine sa petite œuvre et faillis m'étouffer.
Mes sens endormis parurent s'éveiller subitement lorsque je pris conscience de la position de Jimin. Et de la tenue de Jimin. Jimin tout court, en fait.
Il s'était assis à califourchon sur mes cuisses, ses jambes nues, joliment recouvertes par sa chemise un peu trop grande. Les trois premiers boutons détachés, son col laissait apercevoir à merveille le grain de sa peau, éclairé par la lampe de chevet. Sa perle noire scintillait, posée au creux de son torse.
Comment avais-je pu ignorer tant de détails qui propulsèrent en flèche la température de mon corps ? Et si m'étais-je endormi sans me rendre compte que ce petit ange se tenait devant mes yeux, si magnifique par sa simple présence ? Plus jamais je ne boirai de vin, plus jamais.
« Jimin ? » bafouillai-je.
Il m'intima de continuer, occupé à serrer l'élastique.
« Pourquoi tu ne portes pas ton pantalon ? »
Je voulus m'infliger une claque mentale. De toutes les questions qui tourbillonnaient dans mon esprit, ce fut celle-ci qui sortit de ma bouche.
« Je t'ai appelé mais comme tu ne me répondais pas, je suis venu, répondit-il en relâchant la tresse.
- Tu n'as... pas froid ? La fenêtre est ouverte, tu veux que j'aille la fermer ?
- Non, je suis bien là. »
Jimin effleura ma joue de la pulpe des doigts. Il ne le savait pas, mais il était quelqu'un de très expressif, et dès qu'il posait ses yeux sur moi, c'était comme s'il m'invitait à comprendre ce qu'il ressentait, intimidé à l'idée de poser des mots sur ses sentiments. Pourtant, Jimin y parvenait à la perfection. Il y parvenait par les mots, et par les gestes. Et là, il me scrutait, avec une lueur amoureuse, brillante et si puissante.
J'avais l'impression d'être précieux à ses yeux.
Son pouce caressa mes lèvres, les redessinant délicatement. Il dévia lentement sur ma mâchoire, Jimin m'observait simplement, c'était aussi déroutant qu'ensorcelant. Je le laissais faire, perdu, curieux.
« Tu voulais un massage tout à l'heure, murmurai-je. Tu le veux maintenant, avant d'aller dormir ? »
Un sourire peignit ses lèvres. Sa main retomba sur mon torse, au niveau de mon cœur.
« Tu n'as plus à te faire pardonner.
- Je ne peux même pas t'en faire un ? Un tout petit ? »
Petite moue au visage, j'élevai mes mains pour presser sa nuque. Jimin soupira d'aise un instant, puis retira mes bras pour les reposer sur ses cuisses.
« Je veux t'embrasser, Jungkook. Je veux t'embrasser partout, partout. Absolument, partout. » précisa-t-il, le sourire taquin.
Mes doigts agrippèrent machinalement sa taille.
« Tout ce que tu voudras, cutie. »
Jimin haussa les sourcils en me sentant, positionna mes mains sur le bas de son dos et se pencha pour m'embrasser. J'aimais Jimin, j'aimais tellement Jimin qu'à chaque baiser, mon cœur s'affolait comme la première fois où nous nous étions rapprochés, un soir d'été chez moi, la tempête effarouchant les vagues, et lui dans mes bras, pour se rassurer, se conforter, se découvrir, se chérir. Les frissons picotaient mon dos, et lui me disait souvent que son ventre s'entortillait.
Je me sentais bien, quand il était là.
Jimin se détacha en laissant ses mains appuyées sur mon torse. Il était si séduisant, les lèvres rouges, le souffle saccadé. Son allure innocente contrastait avec le regard brûlant qu'il m'adressait. Je n'allais pas tenir longtemps, il était bien trop loin, ainsi.
« Not cutie. I'm sexy. » prononça-t-il doucement.
L'accent de Jimin couplé à sa voix timide risquait de me faire perdre la raison. J'avais envie de le retourner sur ce matelas pour l'embrasser partout, partout, tout d'un coup.
« Cutie, sexy, lovely, corrigeai-je en parcourant les lignes de son dos.
- No, no, no. Just sexy.
- Just fort me? » le questionnai-je en le pointant lui, puis en me pointant moi-même.
Jimin hocha la tête. Je pliai soudainement les jambes pour le faire glisser en avant et il retomba sur mon bassin.
Confus, il me frappa le bras.
« Arrête d'être trop impatient.
- Pardon, je suis trop amoureux.
- Oh. »
Il survola mon cou de ses lèvres. Il embrassait délicatement ma peau, mon corps réagissant aussitôt en frissonnant. Je serrai ses hanches, entourées par mes mains, tandis qu'il déviait peu à peu sur ma clavicule, en déboutonnant lentement ma chemise. Jimin s'amusa avec la lanière de mon collier, comme captivé, je le contemplai, fasciné. Mes muscles se détendaient au fur et à mesure de son avancée, je sentais mon corps glisser peu à peu le long du lit.
J'étais à sa merci. Jimin s'attela à retirer mon haut pour se focaliser sur mon ventre, puis ma taille. Parfois, il revenait à ma hauteur pour accrocher ses yeux aux miens, à chaque fois, je me redressai pour lui voler un baiser. Ses mains posées sur l'oreiller se perdaient dans ma chevelure, puis Jimin semblait revenir à la réalité et repartait à l'assaut en infligeant à ma peau le plus doux des maux. D'agréables brûlures délaissées par sa tendresse parcouraient mes joues, mes lèvres, mon torse, mon ventre.
Il n'y avait qu'avec Jimin que je me laissais tant faire. Je n'avais jamais laissé personne me toucher si intimement, je préférais donner, penser à mon partenaire plutôt qu'à moi. J'aimais par-dessus tout offrir mon attention, et les rares fois où Jimin parvenait à me faire chanceler, j'étais toujours heureux que ce soit pour lui, et seulement lui.
Il posa ses lèvres sur mon nez et se redressa.
« Tu as l'air plus détendu, dit-il. Tu pourras bien dormir dans mes bras cette nuit.
- Je ne l'étais pas ?
- Non, ne pas danser avec moi t'a énervé, tu étais tout crispé. »
Je ricanai. Je ne savais pas pour quelle raison Jimin s'était occupé ainsi de moi. Il devait être fatigué par cette journée riche en émotions, mais avait voulu que je me sente bien.
« Merci, cutie. J'ai beaucoup aimé.
- Je t'ai dit que je ne suis pas cutie aujourd'hui.
- Baby?
- Baby it's you. »
Jimin comprenait et parlait de mieux en mieux l'anglais. S'il continuait dans cette voie, il était clairement capable de se débrouiller bientôt seul. Il ne voulait pas l'admettre, mais il commençait à s'imprégner de cette langue qui, je l'avais deviné, lui paraissait plutôt difficile. Pourtant il faisait de gros progrès, lui qui pensait ne jamais pourvoir apprendre une autre langue à cause de la dyslexie qui le ralentissait un peu.
Mais Jimin surmontait tous les obstacles. Ce n'était pas l'anglais qui lui poserait des problèmes. Inconsciemment, il apprenait grâce aux musiques, et j'avais d'ailleurs vu un manuel posé sur son bureau. Et dans ses lettres également, il avait de temps à autre griffonné de petits mots.
« Le jour où j'accepterai que tu m'appelles baby ou même bébé n'est pas près d'arriver, réfutai-je.
- Ta mémoire te fait défaut... »
Il couvrit son rire de sa petite main tout en se relevant. Je fouillai dans mes souvenirs, à la recherche d'un possible moment de faiblesse que je retrouvai : c'était en Australie.
« Ça ne comptait pas ! J'étais fatigué et je ne savais pas ce que je racontais !
- Tu l'as toi-même assuré, Jungkookie, chantonna Jimin en caracolant, tout fier de lui. Tu es mon bébé ! Je suis si content de te faire entendre raison lors de tes instants de faiblesse. Tu n'es raisonnable qu'à ces moments-là... »
Je croisai les bras, bougon. Je n'étais pas un bébé.
◌ ◌ ◌ ◌ ◌
surprise !
une nouvelle fois cette partie devait être rattachée au chapitre précédent mais je me suis emballée... alors encore un moment câlin 🤭
c'est un petit bonus pour la fin du week-end on dira !
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