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Parmi les habitations traditionnelles du quartier, la maison devant laquelle je me tenais ressemblait à une petite chaumière construite ici un peu par hasard. Le toit croulait sous l'épaisse couche de neige qui étouffait la fumée, produite par le feu de cheminée, et les marches qui menaient à la porte d'entrée brillaient sous le rayon glacial du soleil couchant. Modestes, les fenêtres tremblaient après chaque bourrasque, tandis que les flocons se déposaient avec plus de douceur sur l'herbe gelée. Le ciel nuageux s'assombrissait, le verglas menaçait mon avancée, le vent attaquait la moindre parcelle de peau découverte. Peu m'importait.

J'étais chez Jimin. Venir le chercher n'était pas prévu, mais il me manquait trop. Je n'avais jamais autant attendu le jour du réveillon, pas même lorsque j'étais enfant. Pour la première fois depuis des années, je fêtais Noël à Busan, en plein hiver, la neige comme invitée. Et elle n'était pas seule : Jimin était également convié.

Le son du carillon m'accueillit. Accroché devant la porte d'entrée, les tubes en bois tintaient au gré de la brise marine. Jimin m'avait raconté que ses grands-parents possédaient cet instrument autrefois, alors peut-être était-ce un souvenir qu'ils avaient laissé à la famille. Je savais simplement qu'il y était très attaché.

Je reportai mon attention sur la porte, puis toquai. Mes mains emmitouflées par de gros gants peinaient à bouger, mon corps n'avait plus l'habitude de supporter des températures aussi rudes. Plusieurs couches de vêtements me recouvraient, j'avais l'impression de ressembler à un ours polaire et c'était ce que les passagers du bus m'avaient fait comprendre, leur sourire amusé à moitié dissimulé par leur écharpe ou leur manteau. Ma mère m'avait bien trop emmailloté avant de partir, et je m'étais laissé faire tel l'enfant sage que j'étais.

Jimin apparut. Il fronça des sourcils, étonné, et je pointai le bout de mon nez. Il devina aussitôt que je grelottais en entendant mes dents claquer, et m'attrapa le bras pour que la chaleur de sa maison ne m'enveloppe. Je sentis l'odeur du feu de bois, qui crépitait dans le salon, mêlé à la chanson qui passait sur la télévision. J'entendis des bruits de pas dans la cuisine, où la lumière était allumée et imaginai l'un des parents de Jimin qui cuisinait.

Jimin qui me regardait, la tête penchée.

« Je suis en retard, c'est ça ? » soupira-t-il en m'aidant à me dévêtir.

Je retirai mes bottes trempées par la boue mélangée à la neige.

« Non pas du tout, le rassurai-je. Attendre devenait trop long, plutôt.

- Petit impatient. »

Il m'embrassa. J'attendais ce moment depuis si longtemps que j'oubliai tout le reste, happé par cette douce caresse. Le mois de décembre annonçait une série d'examens qui m'avaient complétement épuisé. Le stress emmagasiné durant les deux semaines d'épreuves s'était évaporé lorsque j'avais rendu ma dernière copie, néanmoins, mon éloignement physique avec Jimin m'avait pesé. Il m'avait appelé la veille de chaque épreuve, clamant que j'étais le plus fort de tous les étudiants de cette planète avec Yubin, et que nous allions dégommer tous les autres de la promotion. Il laissait à peine la place aux hyung, aux noona et à ma famille qui m'avaient supporté avec la même ferveur, tout comme Namjoon s'était assuré que je me sente bien. J'étais si bien entouré, si reconnaissant de les avoir et je ne ressentais plus ce manque lorsque j'étais loin d'eux, parce que d'une manière ils étaient toujours là.

Jimin aussi était toujours là, mais l'année passée loin de lui m'avait sans doute rendu impatient. Et je l'étais peut-être un petit peu trop. Il le savait, je le devinais à son sourire contre ma peau, qu'il câlinait d'attention.

« Je suis désolé ? fis-je en cherchant ses hanches à tâtons.

- D'être accro à moi ? Ne t'en fais pas Gyu, je sais que le sentiment est impossible à réprimer.

- Mais quel désinvolte. »

Il haussa les sourcils d'une manière suggestive, je lui tirai la langue. S'il continuait, je ne tiendrais pas jusqu'au repas de Noël.

Jimin finit par éclater de rire, puis reprit de son sérieux en m'invitant à le suivre. Sa mère lui demanda au même moment qui s'était présenté à leur porte, et il se faufila derrière mon dos de façon à me pousser dans la cuisine.

Haebin m'offrit un tendre sourire.

« Bonjour Jungkook, ça faisait longtemps !

- Bonjour Haebin-ssi, la saluai-je en m'inclinant. Je ne vous dérange pas ?

- Pas du tout. Jimin tournait en rond depuis un moment parce que je ne veux pas qu'il approche la cuisine.

- Maman..., bougonna-t-il en posant son menton sur mon épaule.

- Vous savez, il se débrouille plutôt bien maintenant.

- Il n'a jamais brûlé les fourneaux ?

- Une seule fois. »

Jimin me pinça la côte face à mon aveu spontané.

« Mais c'était en Australie ! renchéris-je. Donc il y a bientôt deux ans et c'était la première fois que Jimin cuisinait ce plat.

- Ah mon garçon... tu ne me feras pas changer d'avis, je vois ce que mon fils te fait. Vous êtes aveuglés par l'amour et incapables d'être objectifs. Toi Jungkook, tu penses bien faire en affirmant que c'est bon. Toi Jimin, tu le crois sur parole. »

Je ne pouvais pas croire que mon copain était si nul en cuisine. Mes parents avaient aimé ce qu'il leur avait préparé, j'étais certain qu'il s'était amélioré depuis qu'il avait quitté le cocon familial. C'était ce que je croyais, en tout cas.

Mon regard croisa la mine vexée de Jimin.

« Tu as juste des goûts de diva. » lança-t-il.

Le père de Jimin apparut au même moment du couloir, de la neige encore agrippée au bonnet qu'il n'avait pas retiré.

« Bonjour Jungkook. Excuse-moi, je pensais que Minho était arrivé. »

Haebin marqua un temps d'arrêt.

« Il a appelé à l'instant... finalement, il viendra plus tard. »

J'entendis un soupir à mes côtés. Instinctivement, je me rapprochai de Jimin.

« Il sait que Jimin est à la maison ?

- Oui, mais il m'a promis de se dépêcher ! Il peut arriver à n'importe quel moment.

- Laissez tomber, déclara Jimin. Je ne veux pas qu'on arrive en retard chez les parents de Jungkook en attendant qu'il daigne venir. Maman, tu peux rappeler hyung en lui disant qu'on est partis, ça vous évitera d'attendre aussi.

- Mon chéri... »

Jimin offrit un petit sourire à sa mère, qui finit par sceller ses lèvres. Sunghyun observait la scène, ennuyé, mais ne tenta pas de nous convaincre de rester encore un peu. Il menait sans doute un combat intérieur, tout comme Haebin retraçait nerveusement les plis de son tablier, sans savoir quoi faire.

Elle se souvint de ma présence. Tandis que Jimin chaussait ses bottes à l'entrée, elle me remercia une nouvelle fois pour l'invitation, certaine que son fils passerait une bonne soirée.

« Je suis content de lui faire découvrir le Noël à l'australienne, répondis-je dans l'optique de détendre l'atmosphère.

- Oh ! C'est vrai, ça doit être totalement différent entre les deux pays. Comment c'est là-bas ?

- Je serais incapable de tout vous décrire ! Je pense qu'il faudrait que je vous montre l'année prochaine. »

Haebin cligna des paupières, surprise par ma réponse.

« Et Jimin pourra vous prouver qu'il s'est amélioré en cuisine, poursuivis-je sans me rendre compte que le concerné paniquait de son côté.

- On y va !

- Hein ? Mais je n'ai pas termi--

- Passez une bonne soirée les parents ! »

Sous la mine amusée de Sunghyun qui nous saluait d'un signe de main, Jimin ferma brutalement la porte de sa maison. Je me retrouvai en chaussettes par moins dix degrés sur le palier, sans manteau, sans bonnet, livré à moi-même. Jimin avait prévu le coup puisqu'il se hâta à me couvrir de la tête aux pieds sans me laisser placer ne serait-ce qu'un mot, me bâillonnant par la même occasion de mon écharpe.

Je l'observai, troublé.

« Tu serais pas tombé sur la tête ? marmonnai-je en crachotant des fils de laine.

- Vois qui parle ! » s'écria Jimin en enroulant ses doigts autour de mon poignet.

Dans sa précipitation, il manqua de glisser sur les marches. Rien ne stoppait son avancée néanmoins, et il tituba à moitié sur le trottoir où son Impreza nous attendait. Ses mains se rattrapèrent au capot, il contourna prudemment sa voiture vêtue de blanc, s'emmêla les pinceaux en cherchant les bonnes clés dans les nombreuses poches de son manteau, puis parvint à s'installer à l'intérieur. Je l'imitai et refermai vite la porte, toujours aussi perdu.

Le ronronnement du moteur brisa l'étrange silence qui nous enveloppait. Je tirai sur mon écharpe pour me délivrer, tandis que Jimin pianotait sur le volant.

« J'ai dit quelque chose de mal ? » m'inquiétai-je.

Il s'enfonça dans son siège.

« Tu t'es projeté dans l'avenir avec moi, dit-il d'une petite voix.

- Est-ce qu'on a besoin de se marier pour que je puisse songer au prochain Noël sans étonner personne ? »

Jimin écarquilla les yeux face à mon sourire en coin.

« Si ce n'est que ça, je peux repartir et le leur annoncer.

- Bon sang Jungkook, tu vas finir par me tuer. »

Je lui claquai un baiser sur la joue.

« Mh, t'es tout froid.

- Embrasse-moi autre part alors. » minauda-t-il en tapotant ses lèvres.

Je ne me fis pas prier deux fois.

Détendu, Jimin s'engagea sur la route. Le quartier était tranquille et nous ne croisâmes que quelques voitures, qui roulaient lentement à travers les flaques de boue. La météo avait annoncé qu'il neigerait en début de soirée, et les flocons ne leur donnèrent guère l'opportunité de mentir : une pluie nacrée se déposa sur le parebrise de l'Impreza durant notre trajet. Les ballades qui défilaient à la radio l'accompagna également, et je reconnus quelques classiques que j'écoutais à la même période en Australie.

Noël était avant tout une fête religieuse, alors ma famille se réunissait dans notre ancienne maison pour partager repas et présents. Il s'agissait des rares occasions où Seungkwan et moi revoyions nos grands-parents, qui vivaient à l'autre bout du pays, dans une petite ville au nord-est proche de la Grande Barrière de corail. Perth se situait au sud-ouest, nous étions diamétralement opposés. Malgré la distance, ils étaient toujours venus. En grandissant, nous nous étions éloignés et mes derniers Noël s'étaient résumés en une soirée organisée par Ashley, puisque mes parents et mon hyung étaient retournés en Corée du Sud bien avant moi.

Hormis lors de mon service militaire, je n'avais plus fêté Noël dans mon pays natal depuis mes huit ans. Habitué au trente degrés environnants, au repas sur la plage derrière les chants de Noël entonnés à travers la ville, je me retrouvai immergé dans les premiers souvenirs qui berçaient mon enfance : un mois de décembre paré de son manteau blanc. Les traditions coréennes différaient des coutumes australiennes, mais honnêtement, j'avais toujours préféré ouvrir mes cadeaux auprès du feu de cheminée. Et pour mon retour, mes parents avaient tout prévu. Ils étaient tout aussi heureux de le partager avec Jimin.

Je battis des paupières, conscient que je somnolais contre la vitre froide de sa voiture. Je le regardai et devinai qu'il m'avait vu, sa main posée sur ma cuisse.

« On se retrouve enfin seuls et la première chose que tu fais, c'est dormir.

- Je ne dormais pas.

- Tu as la frimousse bouffie. Laisse-moi donc en douter. »

Je lui tournai le dos, il s'esclaffa. J'étais très déçu qu'il me pense une telle chose possible de ma part alors que nous nous retrouvions tous les deux seuls, comme il l'avait dit. Nous avions brodé une routine à Séoul, octobre et novembre avaient filé à toute allure entre ses entraînements, ses prestations, ses spectacles et mes cours, le sport, mon nouveau travail ; décembre m'avait exclusivement réservé aux examens. D'un côté, je me sentais rassuré d'avoir un quotidien si banal, je connaissais mes repères, j'étais au même niveau que les étudiants de mon groupe désormais, ils me laissaient en paix ou du moins, je les ignorais en me concentrant sur Yubin.

Pourtant, les doutes persistaient, me criant que quelque chose me manquait.

Mon souffle s'échoua sur la vitre, qui s'embua un peu plus. Je dessinai aussitôt une étoile dessus jusqu'à ce que la place me manque. Je frottai ma manche dessus, prêt à réitérer avant que mes yeux ne perçoivent les ondes au loin. Les vagues d'humeur fougueuses fouettaient le sable d'une force murmurée par les bourrasques du vent. Pas une âme n'errait sur la plage déserte, où l'écume traçait la frontière entre terre et mer.

« J'ai vu qu'on avait le temps de faire un détour par ce chemin. » me confia Jimin.

Je saisis sa main. Une pensée folle me traversa l'esprit.

« Imagine si on s'est déjà croisés sur cette plage quand on était petits... »

L'Impreza longea la mer un long moment, puis Jimin la gara sur le bas-côté. Je n'eus besoin de me retourner que je sentis son menton s'appuyer sur mon épaule, ses yeux à présents ancrés dans les flots marins.

« Si c'est le cas, le destin fait décidemment bien les choses. » chuchota-t-il à mon oreille.

Je n'aurais jamais cru revivre un moment pareil de sitôt : Jimin, moi et la mer à nos côtés. Elle dévoilait son tempérament impétueux ce jour-là, mais j'avais conscience qu'au même moment, l'océan effleurait le sable chaud d'Australie.

Jimin me caressa les cheveux et accapara toute mon attention. Si proche, son nez chatouillait le mien. Il se contentait de me regarder, et je me sentis apaisé.

L'Impreza s'abrita dans le garage que mes parents avaient laissé ouvert quelques minutes après. Le moteur se tut, je détachai ma ceinture. Jimin ne réagit pas. Il me demanda timidement si je le trouvais bien habillé, lui qui ignorait quels codes vestimentaires fallait-il respecter à Noël. La fête s'était implantée en Corée depuis quelques années, mais ne revêtait pas les mêmes traditions. La majorité de la population ne s'offrait pas d'énormes cadeaux. Dans les faits, ils profitaient du moment en couple plutôt qu'en famille. Et le sapin n'était pas non plus leur priorité.

J'avais expliqué à Jimin qu'une tenue décontractée lui suffirait. Sous ses nombreuses couches de vêtements, il avait choisi une chemise blanche et un pantalon beige. De toute façon, il aurait été le plus beau de la soirée même sans la surprise qui l'attendait dans ma chambre.

Après avoir fermé le garage, je me dirigeai vers la porte de la maison, ornée d'une couronne de Noël. Déverrouillée, je la poussai d'une épaule en invitant Jimin à s'y réfugier. Il se débarrassa de ses affaires en trop plus rapidement que moi, et je dus l'emprisonner de mes bras pour que sa curiosité ne l'entraîne pas trop loin. Il parut comprendre mon manège lorsque je lui couvris les yeux de mes mains. En passant devant le salon, je remarquai que mes parents avaient fini de tout décorer. Ils étaient sans doute en train de se préparer, Seungkwan et sa petite-amie arriveraient sous peu, et je ne perdis pas plus de temps.

Une fois à l'étage, je permis à Jimin de rouvrir les yeux. Je l'attendais devant ma chambre, lui indiquant d'entrer en premier. Suspicieux, il plissa les paupières en s'engageant d'un pas lent vers la pièce.

Il poussa un cri d'exclamation. Aussitôt, je glissai à ses côtés pour me poster face au lit, ravi.

« Tadam ! »

Jimin frôla le tissu du bout des doigts, émerveillé. Je scrutai la moindre de ses réactions, excité d'avoir son avis. Il redessina les coutures rouges du pantalon, dériva sur les boutons dorés, s'échoua sur le col de la veste en velours.

« C'est pour moi ? demanda Jimin, la voix hésitante.

- Poppy et Leticia voulaient absolument t'offrir une tenue sur mesure. Elles sont vraiment douées !

- Sur mesure ? Mais comment... »

Je me frottai la nuque.

« Mh... dans la mesure où je passe ma vie chez toi, j'ai facilement accès à ton armoire alors... je suis leur complice ? »

Les lèvres tremblotantes, il ne retint plus le sourire qui illumina son visage. Ses bras s'enroulèrent autour de mon cou, puis il m'embrassa, me soufflant ses remerciements entre deux baisers. Il semblait apprécier l'attention, j'en étais comblé.

Jimin se détacha afin de se concentrer sur la tenue, qu'il aplatit avec délicatesse contre son corps. Il tirait une manche d'une main, l'autre retenant la veste à sa hauteur, et je l'imaginais déjà éblouir ma famille par sa prestance.

« Tu as le droit de ne pas aimer, tu sais ? murmurai-je. Ce n'est pas une tenue très discrète.

- Franchement Gyu, je crois ne jamais avoir fait dans le discret. Elle ne pouvait pas mieux me correspondre ! »

Il la reposa sur le lit.

« Une jolie couleur rouge, un tissu aussi doux que du velours...

- Je commence à douter justement, lui confiai-je. Plus je les regardais, plus je me disais qu'elles ont réellement utilisé du velours.

- Tu les regardais ? » répéta Jimin.

Je lui dévoilai la seconde tenue, que je cachais dans mon armoire jusque-là. Je n'avais pas prévu d'être en harmonie avec Jimin pour cette soirée, mais Poppy et Leticia avaient tellement aimé le résultat qu'elles s'étaient dépêchées de coudre un costume à ma taille. Quelle ne fût ma surprise en découvrant deux vestes et deux pantalons lorsque j'avais reçu le colis tout droit venu d'Australie. Je pensais qu'elles avaient prévu des vêtements de rechange au cas où les mesures que je leur avais envoyées s'avéraient erronées, mais Leticia m'avait assuré qu'ils m'étaient destinés.

Jimin parut encore plus heureux.

« On va être assortis ?

- Seulement si tu le veux. »

Il hocha la tête, j'attrapai alors mon propre costume. Je n'avais pas pensé à l'essayer au préalable puisque Poppy et Leticia avaient déjà retouché la tenue que j'avais porté au mariage de Sooyoung et Hoseok, je savais qu'il m'irait. J'avais bien plus hâte de voir Jimin dedans, en fait.

Jimin, qui m'observait retirer mon pull sans bouger.

« Tu peux m'indiquer où est la salle de bain, s'il te plaît ?

- Tu ne veux pas te changer dans ma chambre ?

- Ça ne te dérange pas ? »

Je cherchai tranquillement une chemise blanche dans un tiroir. Jimin me fixait.

« Si je ne peux même pas profiter de pouvoir me déshabiller devant la seule personne avec qui je ne stresse pas...

- N'en dis pas plus ou je n'aurai plus d'yeux que pour toi.

- Ce n'est pas déjà le cas ? » ripostai-je en déboutonnant mon pantalon cargo.

Improvisais-je un striptease au milieu de ma chambre, la veille de Noël, Jimin installé sur mon lit, qui me dévorait du regard ? Tout à fait.

Il finit par se changer, le costume épousant peu à peu les lignes de son corps. Il m'imita en ajustant sa chemise blanche au niveau de son pantalon, et je trouvai que le rouge lui allait à ravir. Prêts, je lui tendis la main, il la saisit et nous descendîmes les escaliers, où Seungkwan et Chaewon se tenaient.

« Hyung ? Noona ? »

Les deux amoureux me cherchèrent immédiatement du regard, à peine débarrassés de leur manteau.

« Woah Kookie, t'envoies du lourd ! me répondit Seungkwan en haussant des sourcils.

- Espèce de jaloux ! »

Nous nous enlaçâmes, mon frère profitant de la position pour ébouriffer mes cheveux. Je gigotai en tentant de fuir, mais il avait réussi à ruiner ma belle coiffure. Fier de lui, il me tapota la tête, puis salua Jimin avec tout autant d'entrain. En retrait, Chaewon apparut dans sa jolie robe blanche, qui rappelait le costume que portait Seungkwan. Elle rectifia aussitôt sa bêtise en démêlant mes cheveux avec douceur, pendant que je la tenais par les épaules, heureux de la revoir.

« Tes tresses sont adorables.

- C'est l'œuvre de Jimin. »

Leur regard se croisèrent. Formel, Jimin la salua en courbant le dos et timide, elle lui répondit en l'imitant. Seungkwan la présenta comme sa petite-amie, ce que Jimin ignorait jusque-là, mais qu'il avait sans doute deviné. Il parut néanmoins hésiter à répondre qui il représentait pour moi, et mon frère lui assura que Chaewon savait déjà.

Nous la connaissions depuis notre plus tendre enfance. Malgré une éducation traditionnelle, mais loin d'être stricte, Chaewon était dotée d'un esprit libre, guidé par la curiosité et la tolérance. Seungkwan avait appris pour Jimin et moi l'année dernière, et il s'était dépêché de l'annoncer à Chaewon quelques jours après, incapable de garder le secret pour lui. Elle m'avait ensuite appelé pour demander tous les détails.

Jimin s'apprêtait à engager la conversation lorsqu'il fut interrompu par mes parents :

« Seungie, Kookie ? Vous êtes arrivés en avance ?

- On était censés vous recevoir ! » ajouta mon père.

Ils débarquèrent du couloir, effarés à l'idée d'être en retard. Cependant, leur expression se radoucit en nous voyant tous les quatre réunis, Jimin compris, vêtus de nos plus beaux vêtements. Mon père nous salua tous chaleureusement, tandis que ma mère leva le pouce en l'air en pointant ma tenue du doigt, puis celle de mon copain. Elle gardait contact avec Poppy et Leticia à travers de nombreuses correspondances, elle savait ce que nous préparions.

Mon père nous guida fièrement vers le salon. Je ne manquais pas la réaction de Jimin, qui balaya la pièce de son regard époustouflé. La table était nappée de blanc, garnie de bougies rouges, dressée pour six. Illuminée par des centaines de lumières, ces dernières se déployaient sur les murs, entre les chaussettes rouges accrochées devant le feu de cheminée, derrière le tourne-disque qui chantonnait une douce mélodie, autour de l'énorme sapin décoré par mes soins. Jimin, les bras ballants, ne savait plus quoi regarder. Je posai une main sur le bas de son dos, il sursauta, délaissant l'étoile trônant en haut du sapin.

« Je pensais que ça n'existait que dans les films..., chuchota-t-il, un peu honteux.

- Les Américains aiment faire tout en grand, ils décorent même leur jardin, lui accordai-je. À côté nous c'est pas grand-chose.

- Votre décoration est la plus belle. »

Attendri, je pressai mes lèvres sur sa joue. Mes parents étaient partis chercher l'entrée dans la cuisine, alors seul Seungkwan vit mon action, qu'il réitéra soudainement avec Chaewon. Focalisée sur la musique, elle faillit tomber à la renverse.

« Arrête de copier le maître, fis-je en lui décochant un coup de coude, une fois assis auprès de lui.

- T'es trop niais pour moi de toute façon, rétorqua-t-il.

- Moi j'aime bien. »

Je lançai un baiser volant à Jimin, Chaewon se moqua de l'air faussement dégoûté de mon hyung.

Le dîner se déroula à merveille. Je savais que Seungkwan entamerait la discussion pour inciter tout le monde à le rejoindre, mais je n'aurais jamais pensé que Jimin le battrait sur son propre terrain. Entouré par ma famille, il s'exprimait si bien que je me retenais de fondre en larmes. Mon hyung était le plus extraverti, il discutait sans problème et mon père les rejoignit rapidement. Néanmoins, entendre Chaewon parler à Jimin après seulement quelques minutes me combla de joie. D'habitude réservée, elle étudiait la situation avant de se lancer et prendre de plus en plus confiance, comme elle s'y était prise avec moi, puis avec mes parents. Face à Jimin, elle riait sans crainte. Et ma mère s'ouvrit également au fur et à mesure de la conversation. Jimin les incitait à partager leur avis, leur point de vue, une simple remarque. Il écoutait et tout le monde l'écoutait.

La vie paraissait si simple, parfois.

Il s'extasia sur tous les repas que mon père lui présenta. Du plateau de fruits de mer jusqu'à la dinde enveloppée de sa sauce à la canneberge, Jimin avalait tout. C'était la première fois que je voyais quelqu'un si excité à l'idée de reprendre des pommes de terre à Noël. Puis, après quelques verres du vin conseillé par Seungkwan, il retira sa veste qu'il accrocha à sa chaise, sans pour autant montrer le moindre signe d'ivresse --- il tenait bien mieux l'alcool que moi. Ce qu'il préféra malgré tout fut le dessert préparé par ma mère, qui se composait du Pavlova, dont elle tenait la recette secrète par Poppy. Il s'agissait d'un gâteau à la meringue typiquement australien (et néo-zélandais) que je raffolais grâce à sa crème fouettée. Je vis Jimin reprendre une part de l'autre gâteau également, celui au chocolat, recouvert d'une succulente crème anglaise.

Jimin était heureux de découvrir une toute autre culture, qu'il accueillait à bras ouverts.

Mon père nous ordonna de nous installer sur le canapé car il refusait que nous les aidions à débarrasser la table. Mon hyung et Chaewon ne l'écoutèrent guère et se retrouvèrent à batailler dans la cuisine, nous laissant Jimin et moi seuls. Il tapotait son ventre en se plaignant d'avoir trop mangé, ce qui me fit sourire. Au même moment, ma mère parvint à s'échapper de la cuisine, deux cannes à sucre à la main. Elle jeta un regard suspicieux derrière elle, puis s'approcha de nous en nous tendant les sucreries.

« T'es la meilleure, mom.

- Cachez-les vite. »

Je fourrai les cannes à sucre dans les poches de ma veste, puis regardait Jimin.

« Elles sont difficiles à trouver ici et Seungkwan les adore, à tel point qu'il ne nous en laisse aucune, lui expliquai-je. Et Chaewon s'est rangée de son côté. »

Jimin rit aux éclats, sa petite main couvrant sa bouche. Son action dévoila un peu plus son torse, découvert par le col qu'il avait déboutonné pour mieux respirer au cours du dîner. Son collier contrastait avec la peau de son torse, la perle noire illuminée par les petites lumières qui embellissaient le salon.

« Les garçons... je voulais m'excuser une nouvelle fois. »

Je reportai mon attention sur ma mère, étonné par sa prise de parole.

« Eunjung-ssi, vraiment n'y pensez plus, lui répondit Jimin, sur un ton sérieux. Vous m'avez invité chez vous pour partager un tel moment et je me sens bien. Et Jungkook se sent bien aussi, alors tout va bien. »

Ma mère hocha la tête, écoutant ses mots.

« J'ai tout de suite vu que tu portais ce collier, poursuivit-elle. Je sais au combien il est représentatif dans la famille. Chaewon porte un bracelet orné d'une perle, comme celui de mon fils et j'ai tout de suite compris que Seungkwan l'aimait. Et je vois que Jungkook t'aime de tout son cœur aussi. »

Elle saisit nos mains, les entrelaçant ensemble.

« Jimin, sache que tu fais tout autant partie de la famille. »

Il hoqueta. Je n'en menais pas large, ma vue se brouillant de larmes.

Seungkwan hurla sa victoire des sucres d'orge à plein poumon sous les cris de protestation de mon père.

« Bon courage pour supporter les Jeon ! s'exclama ma mère. Malheureusement, on n'est pas tous aussi sages que Kookie. »

Elle me lança un clin d'œil, puis partit à la rescousse de mon père. Jimin la fixa un moment, puis se détourna sur moi. Une lueur d'espoir brillait au fond de son regard.

« Ça te dit que je t'appelle mon petit mari ? » lui demandai-je.

Pour la première fois, il accepta d'être le plus petit de nous deux. Sa tête nichée dans le creux de mon cou, il serrait mon corps contre le sien, son dos que je caressais distraitement, mes pensées concentrées sur ses murmures.

« My lil husband works too.

­- Tais-toi ou je vais finir par manquer d'air.

- Vite du bouche-à-bouche ! »

Mes mains enveloppèrent son visage avec douceur, tout comme mes lèvres retrouvèrent les siennes. Je ne m'étais pas encore remis des paroles prononcées par ma mère, alors je n'imaginais pas le torrent de sentiments que ressentait Jimin à cet instant.

« C'est le plus beau cadeau que vous pouviez m'offrir... comment pourrais-je tous vous remercier ? »

Une musique résonna à travers le salon. Les premières notes au piano nous enveloppèrent d'une étreinte timide, puis la voix grave de Tony Bennett chantonna les premiers mots d'une chanson que j'aimais énormément : The Way You Look Tonight. Intrigué, je cherchai l'auteur de cette manigance, c'est-à-dire mon frère, soutenu par ses trois complices, qui nous indiquaient la place qui nous était réservée devant le sapin.

Mes joues rougirent brusquement d'embarras.

« Une danse ! Une danse ! » déclama Seungkwan en montant le volume du tourne-disque.

Jimin comprit également ce qu'ils attendaient de nous. Les mains toujours entrelacées, il m'observa, une once de désir dans le regard. Mettant de côté les encouragements proférés par mon hyung, je hochai la tête et Jimin m'invita à danser.

Lui si serein dans de tels moments, je décelais une certaine timidité dans ses gestes. Aussitôt, je tournai le dos aux spectateurs pour le cacher de leurs yeux bien curieux, eux qui rouspétèrent. Peine perdue, je ne voyais que Jimin, qui noua avec délicatesse ses bras autour de mon cou, mes mains posées sur ses hanches.

Et nous dansions. Bien que sa famille soit présente, je me sentais capable de suivre les pas de Jimin, qui menait notre danse. Nous nous balancions au rythme de la chanson, doucement, yeux dans les yeux, perdus dans notre monde. Je me sentais si bien que je laissais ma voix accompagner celle de Tony Bennett :

« With your smile so warm. »

Parce que le sourire de Jimin me réconfortait comme aucun autre.

« And your cheeks so soft. »

C'était banal, après tout. Apprécier les petites choses du quotidien, chanter les paroles qui lui correspondaient, passer Noël ensemble. J'avais l'impression de le connaître depuis toujours tant cette impression me suivait. Seungkwan et Chaewon, bien plus dissipés, caracolaient autour de nous. Mes parents immortalisaient le moment avec mon appareil photo.

« And that laugh, that wrinkles your nose. »

La voix de Jimin provoqua des millions de frissons qui picotèrent ma peau. Il fredonnait les paroles de sa voix rauque, à quelques centimètres de mes lèvres arrondies par la surprise. Son clin d'œil mêlé à son attitude innocente me persuada que Seungkwan l'avait mis dans la confidence.

Son chant était magnifique.

« J'adore ta voix, lui chuchotai-je.

- Tu danses tout aussi bien, rétorqua-t-il en plongeant ses mains dans mes cheveux.

- J'ai besoin de reprendre des cours pour être à ta hauteur...

- Tu voudrais apprendre à danser sur Roméo et Juliette avec moi ? C'est la seule prestation que tu n'as pas vue.

- Et pourquoi pas Psyché et Éros ? C'est la seule histoire qui finit bien, je n'aime pas les fins tristes.

- Je sais mais... Juliette te va mieux.

- Très bien, Roméo. Tout ce que tu voudras. »

Je reçus un baiser passionné en guise de remerciement, puis nous poursuivîmes notre danse. Les flocons voletaient dans le ciel, le feu crépitait, mes parents sautillaient comme des fous à nos côtés tandis que Seungkwan et Chaewon se moquaient d'eux, vautrés sur le canapé. Je me reposais un peu sur Jimin, qui chantonnait.

Il y a deux ans, nous nous étions rencontrés sur la plage. Il y a deux ans, je n'aurais jamais pensé que ma vie changerait tant après sa rencontre. Jimin m'avait ouvert les portes de son univers, que je ne souhaitais plus quitter. Une chose importait désormais : lui donner l'amour qu'il méritait. J'avais toujours envie de lui donner plus, lui me rendait tant en retour, moi qui le réconfortais, lui qui m'encourageait. Je n'avais jamais connu telle relation, où nous cherchions constamment le bonheur de l'autre, je voulais tout découvrir, tout affronter, tout vivre à ses côtés. Deux ans que nos chemins s'étaient croisés, entremêlés, pourvus d'une destination à présent conciliée. J'étais prêt à le suivre n'importe où il me mènerait.

J'ignorais jusqu'à présent qu'il partageait les mêmes pensées.

« Je te promets qu'on y retournera. »

Je secouai la tête, mon attention tournée sur Jimin.

« Si tu repars en Australie, je te suivrai, renchérit-il.

- Mais ta vie est ici, cutie.

- Tu fais partie de ma vie. Et je sais que tu es plus heureux là-bas.

- Tout va bien, je t'assure.

- Je sais que tu vas bien, je le sens. Mais je veux te voir pleinement épanoui, et tu l'es déjà en Australie.

- Non, Jimin...

- Tu penses que c'est un sacrifice ? Jungkook, j'adore l'Australie. Alors oui, j'ai un terrible vocabulaire en anglais, mais avec toi, je me sens capable de tout. »

Jimin accrocha son auriculaire au mien, élevant alors nos doigts liés ensemble, signe d'une promesse.

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