❁ 33
Hoseok m'aidait à débarrasser la table. Elle s'était garnie d'encas, boissons et petits plats au fur et à mesure que les invités se présentèrent devant la porte de l'appartement, improvisant ainsi une soirée qui avait ravi Jimin.
Jimin fêtait ses vingt-sept ans. Contrairement à ce qu'il aimait préparer pour ses amis, il avait refusé que nous organisions une immense fête sous prétexte que ce n'était pas si important que cela. Peut-être que son anniversaire tombait un mardi, mais les hyung et les noona s'étaient tous libérés afin de passer la soirée en sa compagnie. Nous étions apparus à la file indienne sous ses yeux ébahis, gâteau et cadeaux en mains, et Jimin n'avait pas résisté longtemps. Son regard suspicieux me dévisagea durant un long moment, avant que Sooyoung lui change l'esprit en lui confiant Manwol et Jimin n'avait plus lâché son invité de marque depuis.
Je revins de la cuisine en me frottant les mains. Seokjin avait terminé de nettoyer la table puisqu'il n'était plus dans le salon. Bora s'était en allée il y a peu, me promettant de raccompagner Namjoon chez nous, qui malgré toute la volonté du monde, avait capitulé face au rhume qu'il couvait. Il n'avait pas voulu mettre en danger Manwol non plus, alors il ne s'en était pas trop voulu de partir plus tôt.
Nous avions couru un peu partout à travers la capitale, notamment Yongsun qui s'était chargée d'occuper Jimin tout l'après-midi. Finalement, nous avions réussi notre coup. J'étais même parvenu à faire un détour à l'appartement, de façon à me faire tout beau. Mon baume à lèvres rouge semblait plaire à Jimin, il s'était amusé à me dérober de doux baisers tout au long de la soirée.
Il tenait Manwol dans ses bras, l'auriculaire enveloppé par la petite main de l'enfant, qui l'observait de ses grands yeux curieux. Jimin conversait avec Sooyoung, également installée sur le canapé, mais leur attention était tournée sur sa fille. Née il y a un mois, elle grandissait déjà si vite. Je la voyais souvent grâce aux visites que je leur rendais les week-ends et le temps paraissait filer à toute allure.
Je savourais le moment. Je n'étais pas celui qui participait le plus aux conversations, cependant, je ne me sentais pas à l'écart. Nous étions simplement ensemble, chez Jimin, à profiter de l'instant présent. À vrai dire, c'était assez nouveau pour moi. Je ne participais guère à énormément d'anniversaires, et lorsque c'était le cas, j'étais toujours catégorisé comme le garçon timide dans le coin de la pièce. Cela ne m'avait pas réellement aidé à aller de l'avant durant l'adolescence.
Ici, j'étais serein. C'était étrange comme sentiment, et à la fois apaisant. Être entouré par mes amis en les écoutant parler de la pluie et du beau temps, et chose plus fabuleuse encore : être aux côtés de l'homme que j'aimais. Notre relation était tellement différente de mes deux précédents amours. Jimin était extraverti tout comme l'avais été ma deuxième copine, mais j'avais l'impression qu'il m'avait mieux cerné. J'avais rencontré ses amis peu à peu, et je ne m'étais jamais senti mal à l'aise.
Je me sentais à ma place.
La voix de Jimin berçait Manwol. Hoseok m'avait élu chanteur principal, mais j'avais poussé Jimin à m'accompagner lorsque nous étions ensemble. Timide, il fredonnait simplement la mélodie de Promesse, comme s'il chuchotait le plus tendre des secrets à la petite Manwol. Elle était très réceptive aux sons qui l'entouraient d'ailleurs, alors ce léger souffle lui suffisait. Ses paupières papillonnaient au fil des couplets, elle s'apaisait dans le cocon que Jimin confectionnait. Sooyoung les observait avec toute la tendresse du monde, il était si attentif au bien-être de sa fille. Habillé de mon sweat gris à capuche dans lequel il nageait, ses mains recouvertes par les manches, je ne pus m'empêcher de comparer Jimin à un papa koala.
Il endossait le rôle de père à la perfection.
Mon cœur rata un battement, puis reprit de plus belle. Confus, je posai une main sur mon torse en sentant une douce chaleur la parcourir, se propager le long de ma peau, picoter mon dos d'agréables frissons.
« Jimin a un don avec eux. »
Hoseok empoigna doucement mes avant-bras à la recherche d'un appui, puis délivra mes cheveux de la petite pince rose qui dégageait mon front. Durant une bonne heure, Jimin voulut lui enseigner l'art de la coiffure et j'avais naturellement servi de cobaye. La seule raison qui m'avait persuadé de rester tranquille était de savoir que Manwol ne souffrirait pas trop plus tard, son père s'étant entraîné à tresser ma chevelure avant de lui faire subir le même sort. Elle serait sans doute plus chanceuse si sa mère reprenait le flambeau, car il m'avait semblé que Jimin avait profité de sa situation de mentor pour me torturer sans pitié, se goinfrant de ses snacks aux crevettes préférés (que j'avais spécialement achetés) par la même occasion.
La pince dans la main, Hoseok posa son menton sur mon épaule. J'avais découvert qu'il était très câlin et j'aimais les câlins qu'il me donnait. Mon hyung l'avait compris, et j'adorais me blottir contre ses étreintes chaleureuses depuis quelques temps. Après tout, je l'avais connu au même moment que Jimin et il avait été le premier à savoir pour nous. Il raffolait apercevoir mes rougeurs lorsqu'il s'amusait à nous narguer de remarques espiègles, mais je l'aimais trop pour lui en vouloir.
Jimin disait que j'étais trop gentil, je lui avais rétorqué qu'il paraissait très ennuyé par les taquineries de Hoseok alors que dans le fond, notre hyung avait raison. Il avait boudé pendant toute une semaine, résigné.
Je secouai la tête, le chassant de mes pensées. Mon regard chercha celui de Hoseok, qui considérait d'un air tranquille la vision que nous offrait ces trois-là. Il le sentit et délaissa son observation, à présent concentré sur mes yeux interrogateurs.
« Quand on étudiait, il gagnait un peu d'argent en gardant des enfants, poursuivit Hoseok. J'ai essayé de l'accompagner une fois, mais les mômes qu'il surveillait m'ont achevé. Je ne sais pas comment il s'y prenait, il devait sûrement les ensorceler d'une manière à les rendre sages et mignons.
- Ça ne m'étonnerait pas. »
Jimin réussirait sans doute à rendre le criminel le plus recherché de la planète sage et mignon.
« Avec tout l'amour qu'il a à donner, il sera un merveilleux père. » déclara Hoseok.
J'écarquillai les yeux, étonné par les mots de mon hyung. Il les avait prononcés comme s'il était certain que Jimin aurait des enfants malgré la situation dans laquelle nous vivions.
« Tu penses qu'on pourra adopter, un jour ? »
Hoseok resserra gentiment son emprise en acquiesçant. Il paraissait comprendre que je ne faisais pas seulement référence à nous deux, mais plutôt à toutes les personnes qui attendaient que leur pays le leur permette pour accueillir un enfant au sein de leur famille.
« J'en suis certain, Jungkookie. La société évolue constamment, elle commence enfin à comprendre qu'une famille nécessite simplement de personnes qui s'aiment. Je pense qu'en Corée ce sera encore long, mais qui sait, peut-être en Australie ?
- Je demanderai à Taehyung, il devrait savoir.
- Oh, tu veux déjà déposer un dossier ? » minauda Hoseok en haussant les sourcils.
Mes oreilles fourmillèrent.
« Hein ? Non je... quoi ? C'est juste pour savoir... je veux dire que...
- Bonne chance, Jimin a l'air d'être aussi gentil que strict ! »
Il sautilla jusqu'au salon en chantonnant d'un air innocent. Sooyoung rit aux éclats en le voyant faire, tandis que Jimin lui lança un coussin pile dans le visage, de peur que son manège ne réveille Manwol, qui s'était assoupie.
Hoseok nous imaginait-il en tant que parents ? C'était impossible, j'étais trop jeune, moi-même je me considérais encore comme un petit enfant, quelles responsabilités nous incomberaient-elles, avions-nous la place pour un enfant, serais-je assez fort face à la petite bouille larmoyante qu'il emploierait après avoir commis une bêtise ?
« Gyu ? »
Je relevai le menton à l'entente de mon nom. Sooyoung bordait Manwol dans sa poussette pendant que Hoseok, qui se tenait derrière le guidon, me lançait des exclamations silencieuses, le pouce en l'air. Jimin ne le voyait pas, dos à lui, concentré sur ma mine déboussolée.
Il remarqua que j'avais repris mes esprits, me sourit puis se dirigea vers Sooyoung qui enfilait son manteau. Je l'imitai sans pour autant m'approcher de Hoseok, et Seokjin apparut comme par magie sur ma gauche. Il me salua d'un clin d'œil et je le remerciai pour son encouragement. Il savait ce que je préparais à Jimin. Quant à Yongsun, elle se posta en face de moi, recoiffa mes cheveux et épousseta les légers plis de ma chemise.
« Impressionne-le. » clama-t-elle dans un murmure.
Je serrai les poings et hochai vivement le menton, pourtant quelque peu hésitant. Suite à la conversation de Hoseok, mes pensées embrumées menaçaient de confondre toutes les étapes du plan que nous avions préparé. Je devais me reprendre ou je ne tiendrais pas sous la pression que m'imposait la volonté de faire plaisir à Jimin.
« Merci pour tout, noona. »
Yongsun me répondit en comprimant mon corps contre le sien dans le câlin le plus musclé que je n'aie jamais connu.
« Je ferai tout pour mon petit couple préféré. » fredonna-t-elle.
Elle me tapota la joue et rejoignit Seokjin, qui l'attendait avec Jimin. Je lui emboîtai le pas et m'appuyai contre le mur, saluant par la même occasion Sooyoung et Hoseok qui partaient. Jimin conversa un moment avec Yongsun, tirée par Seokjin qui la raccompagnait en voiture et ils finirent par se séparer.
La porte claqua, il laissa ses bras retomber le long de son corps, le silence enveloppa l'appartement d'une simple quiétude.
Jimin rebroussa chemin, le sourire aux lèvres. Il était heureux, alors je l'étais aussi. Ses doigts atterrirent sur les manches de ma chemise, affairés à retracer les lignes qui la façonnaient, et ses dents mordillaient sa lèvre inférieure. Je relevai son menton en tapotant sa bouche de mon index, et Jimin stoppa.
« Excuse-moi, j'étais perdu dans mes pensées... vous êtes tous tellement gentils d'être venus, même si mes menaces n'ont pas fonctionné.
- Tu pensais pouvoir tenir face à nous huit ? fis-je en effleurant sa joue.
- J'ai cédé parce qu'il y avait Manwol, rien de plus. »
Nos regards s'ancrèrent l'un à l'autre.
« Pourquoi tu t'entêtes à éviter les fêtes ?
- Seulement cette année, avoua Jimin tout bas. Je savais que vous resteriez longtemps.
- Tu as peur d'être fatigué demain matin ? »
Jimin répondit par la négative, une lueur malicieuse au fond du regard.
« Non, mais avec tout ça on n'a pas pu aller au cinéma. Tu te rends compte ? Depuis qu'on est ensemble, on n'y est jamais allé. Et moi je veux te faire des câlins durant tout le film. »
Jimin était adorable et mon cœur n'était que marshmallow face à son air coupable.
« On pourra y aller après.
- Après ?
- Après ma surprise. »
La curiosité était un vilain défaut, Jimin le savait, mais il se laissa emporter par la tentation. Main dans la main, je le guidai vers sa chambre dans laquelle il n'avait pas posé le pied depuis des heures, me permettant ainsi de conserver la surprise qui l'attendait. À tâtons, je cliquai sur l'interrupteur de la lampe de chevet, Jimin m'observait faire, je m'emparai de ma guitare. Je m'assis face à lui, au bout du lit et muni de mon médiator bleu, je grattai les notes du Cygne Noir. Je mettais de côté le léger stress que je ressentais, effrayé à l'idée de décevoir Jimin.
Peu à peu, l'assurance me poussa à me détacher de ma guitare. Jimin ne bougeait pas, sans doute étonné par le choix de la chanson. Il ne semblait pas contrarié, alors je lui souris avec confiance. Ses doigts agrippèrent la lanière de son collier, qu'il serra entre ses mains, comme enchanté. La musique choisie pour accompagner la chorégraphie du Cygne Noir était complexe, mais j'étais parvenu à la retenir et à la jouer sans accroc. La partie qui suivrait s'avérait bien plus périlleuse.
Je lançai un coup de menton vers le lecteur cassette posé sur le bureau. Jimin suivit mon mouvement et remarqua d'emblée qu'il était sur pause. Il enclencha le lecteur, et ce dernier se mit en route, reprenant la mélodie là où je l'avais arrêtée. J'avais anticipé la situation en répétant le scénario une centaine de fois dans ma tête, alors la musique reprit quelques secondes plus tôt.
Le temps que j'invite Jimin à danser.
Ma guitare délaissée sur le lit, je lui tendis la main. Jimin parut deviner ce que je manigançais, car il hésita à glisser ses doigts jusqu'à moi. J'acquiesçai, nos mains se frôlèrent et je me plaçai comme Yongsun me l'avait indiqué. Jimin fronça les sourcils, fixa de nouveau le lecteur cassette qui tournait puis se positionna derrière moi en attendant que je commence.
Et nous dansions. À ses côtés, j'avais plutôt l'impression de m'emmêler les pieds tout en essayant de me remémorer le pas que j'effectuais, mais Jimin était si merveilleux. Yongsun avait choisi le début de la chorégraphie, au moment où elle dansait avec son partenaire, puis enchaînait avec les tissus. Je gardais souvent la même position tandis que Jimin voletait allégrement autour de mon corps, pieds nus sur le parquet, son sweat camouflant la précision de ses mouvements, sans pour autant le démunir de son élégance. Ses rires attendris muaient ses yeux en croissants de lune, toujours rivés sur le moindre de mes gestes. Je ne me sentais pas ridicule lorsqu'il me regardait, alors qu'il avait toutes les raisons de se moquer. Il grimpait sur le lit pour me faire tourner sur moi-même, repassait devant moi pour effleurer mes lèvres, dansait avec légèreté pour me captiver.
Je reconnus les dernières notes sur lesquelles je m'étais entraîné. Heureux d'avoir tenu le rythme, je me figeai devant le bureau, de la même manière que j'avais commencé. Jimin apparut et s'immobilisa également, le souffle saccadé, le regard nébuleux. Il caressa mes cheveux en bataille, replaça une mèche derrière mon oreille, puis entrouvrit les lèvres. Je posai une main sur sa hanche, il sursauta et je profitai de son moment d'égarement pour attraper l'enveloppe que j'avais cachée derrière le lecteur cassette. Je baissai le son, me redressai et la secouai entre nos visages, avant de me laisser tomber sur le lit.
Je l'invitai à m'imiter, Jimin s'assit sur mes cuisses tout en ouvrant l'enveloppe, j'enroulai mes bras autour de sa taille. J'embrassai sa nuque avant de caler mon menton sur son épaule. Les mains de Jimin tremblaient un peu, sûrement à cause de sa respiration saccadée que je sentais vibrer contre mon torse, et l'excitation, peut-être.
« J'ai essayé de me rattraper ces trois derniers mois. » chuchotai-je à son oreille.
Il effleura la première photographie du bout des doigts. Comment aurais-je pu inaugurer sans le paysage que nous offrait Busan ? La mer se déployait à perte de vue, se confondait avec le ciel limpide et parcourait l'étendue du cliché. En Corée comme en Australie, elle avait toujours été présente.
Il y avait le road trip que nous avions partagé. Jimin souriait à l'objectif, la guitare sur ses genoux, puis les montagnes en arrière-plan et leurs villages perchés, l'immense pont que nous avions traversé, la nuit blanche, sous les étoiles, que nous avions passée.
Il y avait cette nuit du premier septembre, une nuit inoubliable où Jimin s'était dévoilé. Il m'avait confié tout ce qu'il ressentait, tout ce qu'il souhaitait, à quel point il m'aimait. Namjoon avait immortalisé la plupart des doux moments que nous avions passés tous ensemble, du début à la fin. Mon moment préféré était notre danse sur Pied Piper, la venue de Seungkwan et notre photographie de famille. Peut-être ressentis-je un léger embarras lorsque Jimin détailla le cliché où je pleurais dans ses bras, la cassette de Serendipity entre les doigts.
Il y avait la soirée d'anniversaire de Namjoon, qu'il partageait à présent avec Manwol. Jimin et moi-même étions partis racheter un second gâteau le lendemain, puis nous avions pu rendre visite à Sooyoung, toujours aussi ravissante à travers l'objectif.
Il y avait la prestation de Psyché et Éros. Yongsun et Jimin étaient incroyables sur les photographies, j'étais fier d'être parvenu à leur montrer de quelle manière je les voyais. Entre leurs pas, j'avais glissé un cliché de Bora et moi à côté des bouquets qu'elle avait préparés, parce qu'elle était tout aussi importante.
Il y avait une photographie que j'avais prise plus tôt dans la journée. Il s'agissait d'une simple peluche jaune déposée sur la chaise de sa chambre, moi à côté, abordant un petit air fier. Jimin rapprocha le cliché comme s'il rêvait, je retins un rire, et il retourna le papier. Un petit mot était marqué.
Je te présente Minie. Je trouvais ça injuste que Cooky me tienne compagnie et que tu restes seul de ton côté. Quand je l'ai vu, j'ai tout de suite pensé à toi.
« Minie ? répéta Jimin à voix-haute.
- Le prénom lui va bien, tu ne trouves pas ? »
Il cligna des paupières, puis chercha Minie que j'avais dissimulé au fond de la chambre. Ainsi installé, le petit poussin pourrait veiller sur Jimin tout comme Cooky veillait sur moi.
« Joyeux anniversaire, sweetie. »
Jimin se releva, reposa l'enveloppe et ses photographies sur le bureau et sortit de la chambre. Je tournai la tête vers son réveil qui affichait 21h24, puis vers le ciel nocturne de Séoul.
Clic.
À peine revenu, appuyé sur l'embrasure de la porte, Jimin tenait mon appareil dans les mains, qu'il était parti chercher dans le salon. Il abaissa l'objectif et je perçus une lueur mystérieuse illuminer son regard. Sans me lâcher des yeux, il délaissa mon appareil pour se faufiler entre mes jambes et nouer ses bras autour de mon cou. Hypnotisé, je m'accrochai à sa taille tandis qu'il caressait ma nuque.
« Pourquoi une photo de moi ? demandai-je.
- Je voulais immortaliser ce moment. »
Il m'embrassa. Un gémissement m'échappa et je sentis Jimin sourire contre mes lèvres, qu'il picorait avec tendresse. Mes mains grimpèrent jusqu'à son dos, il se rapprocha, j'approfondis notre baiser. Mon cœur s'emballait férocement comme pour l'alerter qu'il n'y avait rien de mieux, si heureux que Jimin prenne soin de lui. Je ne pouvais guère le contenir et ne voulais de toute façon pas. Qu'il batte à tout rompre, que Jimin le devine, je ne souhaitais rien lui cacher. Et Jimin sentait mon cœur vibrer contre le sien.
Ses doigts plongés dans ma chevelure, il m'incita à reculer, j'abandonnai à regret les caresses que je lui infligeais. Je me rattrapai maladroitement sur le matelas lorsque Jimin posa les genoux dessus. Nous ne voulions pas nous lâcher, à part pour reprendre notre souffle durant d'interminables secondes, que nous rattrapions peu après d'une manière plus passionnée encore. Jimin me guida, je rampai non sans difficulté jusqu'au fond du lit, occupé à câliner ces joues parsemées par ses touches de rousseurs qui me rendaient fou, il dévoila son rire attendri, et je me laissai tomber sur les oreillers, la respiration entrecoupée par de légers soupirs.
Jimin dégagea ma vue, frôlant ma peau de petites attentions, mes cheveux à présent replacés sur le côté. Il me laissait détailler le moindre de ses gestes, de son bras qu'il posa sur le lit, à côté de ma taille, du mouvement qu'il entreprenait pour me recoiffer, la manche de son sweat recouvrant sa main, du soubresaut qu'il eut, provoqué par mes hanches.
Il écarquilla les yeux, subjugué par mon attaque surprise et je haussai les sourcils, malicieux. Jimin n'aimait pas être taquiné de la sorte et parvint à arracher mon sourire narquois, ses lèvres de nouveau pressées contre les miennes. Je m'avouais vaincu en hochant la tête, mais il poursuivit sa douce torture à travers ma gorge, qu'il mordilla, mes clavicules, qu'il retraça, puis mon épaule, qu'il cajola.
Ses caresses me chatouillaient, me détendaient, m'enivraient, en bref, m'accablaient d'affection. Il n'y avait qu'avec Jimin que je m'abandonnais en toute confiance, que je me perdais dans un torrent d'amour. Il était le seul devant qui ma timidité se taisait, l'appelant plutôt à l'apprivoiser pour qu'il découvre ce qu'elle dissimulait. Et Jimin avait fini par découvrir qui j'étais. Allongé sur son lit, emplis de sincérité, à la merci de son regard amoureux, je me laissais aller sans crainte. Il dévoilait mon corps d'une atroce lenteur, à la recherche de quelques parcelles de peau laissées à l'abandon pour les câliner, et je voulais plus, je voulais encore plus.
Un souffle chaud taquina mon ventre. Un soupir s'échoua sur le bord de mes lèvres, Jimin titilla cet endroit si sensible un moment, puis redessina les lignes de mon torse de la pulpe des doigts, si délicat. Néanmoins, je nous trouvais loin l'un de l'autre depuis trop longtemps. Mes yeux cherchèrent les siens, et je dus retenir une exclamation admirative. Enveloppé par l'obscurité de la nuit, Jimin avait tout l'air d'un ange. Sa chevelure blonde contrastait avec ses lèvres rouge velours, emplies d'amour ; son regard brillait d'une curiosité désireuse, tandis que son allure, noyée dans ce vêtement si grand, ne m'avait jamais semblée aussi gracieuse.
À cet instant, j'avais l'impression qu'un océan de beauté me contemplait.
« Jimin... si tu continues, on va rater la séance de cinéma. »
Jimin couvrit son rire de sa main, puis s'installa avec légèreté sur mon bassin.
« Ce n'est pas si grave, dit-il en triturant son collier. On aura plein d'autres occasions pour y aller, mais pas ce soir. »
Je m'apprêtais à répliquer lorsqu'il serra ma main dans la sienne.
« Je veux te faire ressentir tout ce que tu m'as donné la première fois. »
Personne, jamais personne ne m'avait autant impressionné que Jimin. Les mots qu'il susurraient étaient si forts que je sentis mon cœur s'affoler en imaginant toutes les sensations et les émotions que Jimin me procurerait. Sa voix était assurée et timide à la fois, ma réaction le tourmentait car imprévisible. Nous ne cessions de nous découvrir, mais je ne m'étais pas encore penché sur cette idée depuis que nous nous étions rencontrés. Jimin était nerveux, son emprise se relâcha un peu tandis que ses dents mordillaient sa lèvre inférieure. Il ne savait pas ce que j'en pensais.
Je jetai un furtif coup d'œil sur ma droite. Je reportai d'emblée mon regard sur Jimin, qui cligna des paupières sans remarquer ce que je cherchais sur la table de chevet. Déposé tout au bout du meuble, je parvins à agripper le baume à lèvres que j'ouvris. Je me redressai tout juste assez après l'avoir ouvert, pour déposer sur les lèvres de Jimin, sa douce et scintillante texture. Il glissa ses mains sous ma chemise à moitié déboutonnée, et je me laissai une nouvelle fois tomber en arrière, l'emportant avec moi. Quelques centimètres séparaient nos visages, j'entendis le baume chuter contre le sol, mais je m'en emportais peu, concentré sur le regard que me portait Jimin. D'humeur taquine, je tapotai doucement sa bouche, puis ma joue, mon cou, puis tout le reste.
« Je le veux aussi. » assurai-je.
Il me scrutait, je languissais de désir.
« Cette nuit Jungkook, je te montre mon côté sweetie. »
J'éclatai de rire.
« Tu n'es pas censé être cutie, sexy, lovely ?
- Je l'ai ajouté, chantonna Jimin en s'humidifiant les lèvres. Tu m'appelles toujours sweetie, alors je lui dois une place. »
Ma peau brillait d'une fine poussière d'étoile. J'ignorais qu'une telle sensation puisse être si étourdissante, mais ressentir, puis apercevoir les baisers de Jimin retracer les courbes de mon corps avait quelque chose d'ensorcelant.
« Ce n'est pas équitable. » ronchonnai-je.
Jimin releva la tête, intrigué, délaissant le tendre assaut qu'il menait à mon épaule. Je rassemblai le peu de bon sens qu'il me restait pour continuer :
« J'aurais voulu t'offrir quelque chose d'un peu mieux quand même. Je me suis dit que les photos te feraient plaisir, je ne me suis pas montré très original...
- Hey. »
Il releva mon menton pour que nous nous regardions.
« Ta simple présence est un cadeau inestimable. Je n'aurais jamais pensé vivre un anniversaire comme celui-ci, moi à tes côtés.
- Oui mais...
- Pas de mais, m'interrompit-il en tapotant mon torse de son index. J'adore tes photos, je rends toujours bien dessus parce que je suis ton modèle principal et, j'aime bien l'idée de pouvoir savoir à quoi je ressemble à travers tes yeux. Et puis Minie est trop mignon. »
Il sourit.
« Tu as surpassé tout ce que je pouvais imaginer, Gyu. Tu as dansé pour moi et je ne sais pas si tu te rends compte à quel point tu m'as touché. Bon sang, je ne m'y attendais pas... et tu es tellement beau, la danse te va tellement bien... mes deux passions réunies le jour de mon anniversaire, non mais tu imagines comme tu malmènes mon pauvre cœur ? »
Je l'embrassai en guise de pardon, il nous fit à nouveau basculer sur son lit, lui sur moi, moi contre lui. Il se détacha aussitôt, comme s'il sentait qu'il ne pourrait bientôt plus s'arrêter.
Jimin était si beau.
« Laisse-moi te montrer au combien je t'aime. »
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