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Nous n'étions pas rentrés très tard. Quand bien même Namjoon travaillait chez lui le lendemain, nous n'avions pas voulu abuser de sa gentillesse. Après nous avoir préparé un bon repas, il m'avait posé plusieurs questions sur mon université pour me conseiller tout en m'informant du déroulement de l'année. Il m'avait ensuite fait visiter l'appartement, réservant la chambre pour la fin. Elle me plaisait vraiment bien. Située au dernier étage de l'immeuble, sa fenêtre donnait sur le ciel de Séoul et Jimin m'avait chuchoté que c'était indéniablement le point fort de la chambre. À présent, j'avais encore plus envie d'emménager chez Namjoon, que je considérais de plus en plus comme un merveilleux hyung.
Je clignai des paupières. La vive lumière produite par la télévision me brûlait la rétine et j'attrapai la télécommande pour l'éteindre. Jimin l'avait allumée pour que je ne m'ennuie pas trop sans lui pendant qu'il prenait sa douche. Il avait essayé de me persuader qu'il fallait mieux que je le rejoigne car je risquais de trop lui manquer en l'attendant, mais j'avais refusé.
Si nous nous retrouvions dans sa salle de bain ensemble, nous risquions de gâcher plus d'eau qu'autre chose.
Je secouai la tête pour chasser les vilaines images qui envahissaient déjà mon esprit. Mes yeux se perdirent alors sur la photographie exposée à la lumière de l'abat-jour, qui éclairait le salon. Elle représentait sa famille : Jimin et son air d'adolescent, son frère qui le tenait par l'épaule, et ses parents, grand sourire aux lèvres. Ils avaient les pieds fourrés dans le sable, la mer en arrière-plan. Ils étaient à Busan. Ils étaient heureux.
Jimin m'avait dit qu'il reprenait peu à peu contact avec ses parents. Je croisais les doigts pour qu'il réussisse à reparler à son frère, parce que cette situation le peinait réellement. Jimin était fort, il était capable de surpasser cet énième obstacle, mais j'espérais sincèrement qu'il puisse renouer avec sa famille.
Je reportai mon attention sur un autre cadre photo. Il s'agissait de Hoseok et Jimin, leur diplôme en main. Leurs traits n'avaient pas changé, ils avaient simplement tous deux les cheveux noirs et des larmes de joie dans les yeux. Curieux, je me levai pour observer les autres photographies disposées dans la pièce. Sur la commode où s'entassaient des cassettes et des bouquins, je vis Yongsun et Jimin dans leur tenue de scène, de nouveau Yongsun et Hoseok, accompagnés par Seokjin et Namjoon, qui tenaient chacun un verre dans les mains, les parents de Jimin, puis moi.
Mes lèvres s'entrouvrirent. Je crus halluciner en me voyant avec tout ce monde, qu'il connaissait depuis bien plus longtemps, avec qui il avait passé bien plus de temps. Pourtant, il m'avait accordé une place. C'était une photographie que Hoseok avait prise avec son appareil jetable après l'un de nos cours de surf. Jimin avait noué un bras autour de mes épaules, l'air minuscule à côté de nos planches. Quant à moi, je souriais de toutes mes dents comme l'idiot heureux que j'étais.
Je frappai ma bouche en me rendant compte que je souriais comme un idiot heureux. Jimin avait trop d'influence sur moi, cela deviendrait grave s'il en prenait conscience. Je devais faire attention à ce petit diable ou il utiliserait cet avantage pour arriver à ses fins.
En me redressant, je remarquai que le mur du couloir était également décoré de photographies. La plupart était des paysages ou des danseurs que je ne reconnaissais pas. Je marchai jusqu'au fond de l'appartement pour me stopper devant l'unique chambre.
J'entrai et cliquai sur l'interrupteur. Je piochai les premières affaires qui me passaient sous la main, rangées dans ses tiroirs, me retournai et me stoppai devant le bureau de Jimin.
Il y avait d'autres photographies. J'avais oublié leur existence depuis le temps, mais les revoir firent émerger un tas de souvenirs. Il y avait la cascade où j'avais emmené Jimin, et où il m'avait pris en photo avec une fleur rose dans les cheveux. Il y avait l'océan, simplement l'océan à perte de vue. Il y avait ce portrait qui me gênait horriblement, où je regardais la caméra pour que Jimin puisse garder un aperçu de ma tête, s'il le souhaitait. Je n'aimais pas être devant l'objectif, je préférais bien plus capturer de jolis moments, de jolis paysages, de jolies personnes et Jimin avait clairement choisi la pire photographie pour l'afficher devant son bureau.
J'avais envie de l'arracher pour la remplacer par un cliché de lui. Je fronçai les sourcils en pesant le pour et le contre, puis Jimin entra dans la chambre au même moment.
« Ne fais pas cette moue ou je vais te pincer la joue. » dit-il en croisant les bras.
Je lui lançai un coup d'œil.
« Pourquoi tu l'as gardée ? Je me demande encore pourquoi je te l'ai donnée, je ne rends pas bien du tout sur les photos...
- Arrête de dire n'importe quoi. »
Je m'apprêtais à répliquer avant de le voir sautiller pour tirer un album d'une étagère un peu trop haute pour lui. Une fois dans les mains, il le posa sur la table pour l'ouvrir et me laisser le découvrir.
« Jimin...
- C'est mon album dédié à l'Australie, avec toutes les photos que tu m'as données. » répondit-il.
Jimin avait annoté chacune d'entre elles. Il avait écrit la date, l'endroit et son ressenti à chaque fois. Je me l'imaginais sans peine se concentrer au maximum pour écrire avec des caractères qui lui conviendraient, le bout de sa langue tirée sur le côté.
« Il me manque ces trois-là parce que je voulais vraiment les avoir sous le nez tous les jours... elles me rappelaient que je n'avais pas rêvé. Que tu étais là. Que tu es là. »
J'abandonnai mes affaires sur la chaise pour le tirer contre moi. Surpris, Jimin lâcha un petit rire, puis répondit à mon étreinte en me serrant contre lui. J'embrassai longuement son front, peut-être un peu trop longtemps.
« Merci...
- Qu'est-ce que tu croyais ? demanda-t-il en se détachant de moi, un air faussement suspicieux. Que j'avais tout jeté ?
- Non, non mais... simplement gardé l'enveloppe.
- Alors toi. »
Il tapota mon torse de son petit index.
« Les autres photos que tu m'as envoyées sont dans des albums aussi, tu sais ? Ce que l'on me donne Jungkook, je le garde précieusement.
- Est-ce que tu réserves le même traitement vis-à-vis de mon cœur ? »
Jimin se figea suite à mes mots, puis soudainement, claqua son malheureux ventre. Je ne comprenais pas pourquoi s'entêtait-il à le punir de la sorte, parce qu'il avait l'air de toujours recommencer.
« Tu peux au moins une fois dans ta vie arrêter d'être aussi imprévisible ? me sermonna-t-il, un peu déstabilisé.
- Je disais la vérité.
- Justement ! Je vais m'évanouir à force.
- Parce que je dis la vérité ? » le taquinai-je.
À court de répartie, Jimin se tourna vers l'album. Il feuilleta nerveusement les pages et je le regardais, amusé. Je ne lui cachais jamais ce que je pensais, mais parfois, Jimin semblait étonné que je sois si direct. C'était dans ma nature et je me demandais souvent si c'était un défaut plus qu'une qualité.
Jimin, qui m'entendait sans doute penser trop fort, attrapa le bout de ma manche pour m'inciter à fixer la photographie qu'il pointait du doigt.
« Tu as pris ta guitare avec toi ? » me demanda-t-il, l'espoir plein les yeux.
Je soufflai sur les mèches qui me chatouillaient les cils.
« Je suis déçu, cutie, grommelai-je. Tu n'as vraiment fait attention à rien lundi soir. »
Jimin se gratta la nuque, le regard perdu dans le vide. Je claquai ma langue contre mon palais et sortis pour rejoindre la porte de l'appartement. J'avais rangé l'étui de ma guitare derrière le porte-manteau pour ne pas prendre de place, et il n'avait rien vu du tout. En revenant dans la chambre, l'air confus de Jimin se mua en une expression si pure que j'étais prêt à tout pour le voir ainsi le restant de sa vie. Tel un enfant, Jimin tendit les bras vers moi et je lui confiai sans crainte mon instrument, qu'il se dépêcha de cajoler comme s'il s'agissait d'un trésor. Il s'assit sur le bord de son lit et dézippa l'étui pour dévoiler la guitare, qu'il installa sur ses cuisses. Jimin effleura les cordes et je m'approchai de lui pour chercher le médiator que je gardais dans l'une des poches de l'étui. Je le lui donnai. Il me remercia, tout content. La guitare n'était pas réellement accordée, mais Jimin s'en importait peu.
Mon médiator était toujours accompagné par sa cassette audio. Lorsque je la pris, Jimin la reconnut immédiatement et croisa mon regard.
« Tu l'as gardée.
- Quand tu me manquais trop, je l'écoutais. »
Promesse m'avait rappelé ce que nous nous étions promis, Jimin et moi. Ce n'était peut-être qu'un banal cadeau pour les autres, mais il m'avait fait tant plaisir. J'aimais beaucoup la voix de Jimin, ses paroles étaient très belles et cette chanson était également liée à Namjoon, qui l'avait composée, et Seokjin, qui l'avait jouée. Grâce à Jimin, j'avais également gardé un souvenir d'eux.
« Tu peux la mettre sur l'étagère à côté des cactus, me proposa-t-il, ce qui me sortit de mes pensées. Comme ça, tu pourras la voir.
- Vraiment ?
- Bien sûr. »
Un énorme sourire étira mes lèvres. Je me retournai et visualisai aussitôt l'étagère en question, au-dessus des photographies collées sur le mur. Je décalai précautionneusement les petites plantes et déposai la cassette, en mettant en évidence l'écriture de Jimin qui laissait apparaître Promesse.
« Jungkook ?
- Mh ?
- C'est ton appareil ? »
Jimin donna un coup de menton vers un sac noir que j'avais déposé près de l'étui. Sans lui répondre, je m'accroupis pour dévoiler mon appareil photo et le lui montrer. Jimin sourit, puis reprit la parole :
« Tu peux aussi le mettre là-bas.
- J'ai l'impression que tu m'installes dans ta décoration, fis-je en riant, et en l'écoutant.
- Pas du tout. » réfuta-t-il en baissant le menton sur la guitare.
Mon appareil était relativement petit, et, la cassette calée contre lui, je lui trouvai une place à côté des cactus de l'étagère bleue de Jimin.
J'aimais bien cette idée.
Jimin se focalisa sur l'instrument et je décidai de m'éclipser pour me doucher. Peut-être serait-il frappé d'un éclair de génie en mon absence et deviendrait un guitariste de renommée. Je pouffai de rire suite à cette pensée et verrouillai la porte de la salle de bain.
D'habitude, je passais une heure entière sous le jet d'eau chaude. Depuis que je connaissais Jimin, et notamment lorsque nous étions sous le même toit, je réduisais le délai par deux, ou trois, voire quatre. Après m'être habillé, je me lavai les dents et tentai de dompter ma chevelure trempée qui me retombait sur la figure. Parfois, l'attacher me démangeait réellement, mais je me connaissais : vu mon côté perfectionniste, je ne sortirais de la salle de bain qu'après avoir trouvé la coiffure parfaite. Et ce n'était pas ma priorité.
Jimin m'ensorcelait. Il n'avait qu'à chanter pour que je sois sous son emprise. Alors en l'écoutant fredonner Promesse tout en la jouant à la guitare, je sus à cet instant que j'étais un homme fini.
Et il me suffit d'une seconde pour que je sois un homme comblé. Péniblement éclairé par la lampe de chevet, Jimin chantonnait, assis sur son lit, les jambes croisées, le buste penché sur la guitare, le col de son t-shirt qui retombait sur son épaule. Il essayait de trouver les bonnes notes en déplaçant ses doigts sur les cordes, reprenant depuis le début dès que sa nouvelle trouvaille ne lui plaisait pas. Son chant s'élevait et s'échouait au rythme de la mélodie qu'il créait.
En silence, je me dirigeai sur le côté de son lit pour m'installer à mon tour. Sans le déranger, je m'assis derrière lui en passant mes jambes de chaque côté de son corps. Je glissai ma main gauche sous son bras pour guider la sienne et déposai l'autre sur son épaule. Jimin laissa son dos reposer contre mon torse. D'un clin d'œil, je l'encourageai à gratter une nouvelle note et il m'écouta. Je réaccordai la guitare. Satisfait par le son qu'elle produisait, il fredonna Promesse, sa voix devenue plus timide. Je ne pus m'empêcher de l'accompagner, emporté par notre moment. Je me concentrai sur la guitare comme je le pouvais, mais Jimin était tellement captivant. Il murmurait les paroles, apprenait mes gestes et m'observait.
Ses yeux ressemblaient à des croissants de lune dès qu'il les posait sur moi.
Peu à peu, Jimin ne participa plus. Il me laissait jouer tout seul et m'écoutait en me fixant. J'avais envie de me tourner vers lui et de l'embrasser, mais je me retenais.
Peut-être aurais-je dû attaquer en premier, en effet. Jimin était délicat et pouvait se montrer imprévisible. Je n'avais rien vu venir.
Je pensais qu'il s'était endormi. Son visage s'était retrouvé niché au creux de mon cou et Jimin s'amusait désormais à me torturer de ses lèvres. Il embrassait ma peau et souriait contre elle en sentant les frissons qui la parcouraient. C'était un cercle-vicieux, je parvenais de moins en moins à enchaîner les notes d'une de mes chansons préférées, À travers la nuit. Peu de facteurs me déstabilisait, hélas, Jimin en faisait partie. Et il l'avait très bien compris.
« Jungkook ? »
Ma fin s'annonçait. Ses baisers papillon se tournaient de plus en plus insistants. Je n'allais pas tenir.
« Oui, Jimin-ssi ? »
J'avais deux réelles faiblesses physiques : la taille et les cheveux. Lorsque Jimin sortait son côté mignon, il s'attaquait à moi en me caressant les cheveux. Lorsque Jimin sortait son côté joueur, il m'attrapait la taille sans prévenir.
Je sursautai en sentant sa main frôler ma peau. Je poussai ma joue de ma langue en m'avouant vaincu et le fixai.
« J'ai gagné. » chuchota-t-il en haussant les sourcils.
Je me décalai subitement de lui, mes pieds retombant sur le sol. Je n'avais pas envie de malencontreusement casser ma guitare en n'oubliant le reste du monde à cause de Jimin, alors je la posai sur la chaise de son bureau.
Parce que j'allais clairement oublier le reste du monde à l'instant où je toucherais Jimin.
« Tu n'as rien gagné du tout. » rétorquai-je finalement.
Je m'assis en face de lui et Jimin releva le regard. Son t-shirt dévoilait toujours son épaule et je ne résistais pas à l'envie de l'embrasser. Étonné, il glissa une main dans mes cheveux mouillés pour protester, mais nous savions tous les deux que c'était trop tard.
« C'est pas juste... »
Je retins un rire en me pinçant les lèvres et reposai ma tempe contre son épaule. Son parfum acidulé me rappelait l'Australie, l'océan, notre aventure. C'était réconfortant car il était lié à nos souvenirs un peu insouciants, lorsque nous avions appris à nous connaître sans penser au lendemain, en profitant seulement de l'instant présent.
« Pas juste de quoi, cutie ?
- C'est à moi de t'embrasser partout, partout et-- »
Je ne m'étais pas retenu de caresser ses jolies clavicules pendant qu'il me répondait. Mon manège faisait son petit effet et Jimin me le fit savoir en attrapant ma mâchoire d'une main. Je me laissais faire, l'air béat, totalement heureux, et il roula des yeux avant de m'embrasser.
C'était marrant comme nous pouvions être faibles pour l'un l'autre.
« Mais moi aussi j'ai envie de t'embrasser partout, partout..., minaudai-je.
- Alors enlève-moi ce fichu t-shirt, qu'on en finisse. »
Je l'écoutais sans broncher et lançai son haut quelque part derrière moi. Doucement, je poussai son torse et il se laissa tomber sur son oreiller. Impatient qu'il était, Jimin agrippa ma cuisse à l'aide de ses chevilles et je me retrouvai au-dessus de son corps, hypnotisé. Ses cheveux blonds foncés façonnaient son allure angélique. Ses yeux en amande renfermaient tous les sentiments qu'il avait dû cacher durant tant d'années, qui ne demandaient qu'à être libérés. Parfois, je me demandais ce que j'avais pu faire dans ma vie antérieure pour le mériter. Il avait certes, quelques plumes noires. Mais qui n'en avait pas ? Jimin était sans doute la réincarnation d'un ange dans une enveloppe humaine. Doté de quelques tendances démoniaques, mais également d'un cœur pur.
Il n'avait demandé qu'à être un tout petit peu aimé après avoir tant donné.
« Tu veux déjà en finir alors qu'on n'a à peine commencé ? » lançai-je.
Jimin tripota l'une de mes boucles avec son petit auriculaire.
« Avec toi, je m'impatiente trop.
- Tu vas devoir tenir bon alors, parce que je compte prendre tout mon temps.
- Jungkook ? »
Jimin me scrutait.
« Tu vas vraiment rester à Séoul pour étudier ? »
Je caressai sa joue, m'égarant sur ses taches de rousseurs.
« Mon cursus doit encore durer quatre ans.
- Bon sang, je réalise tout juste que tu es là, alors savoir tu le seras pendant quatre ans...
- Je compte t'embêter bien plus longtemps. »
Jimin enroula ses bras autour de mon cou et m'embrassa. Je n'avais pas voulu lui donner de faux espoirs auparavant et à présent, j'en étais certain. Je m'installerais à Séoul pour finir mes études et rester auprès de mes proches. Si tout se passait bien, j'emménagerais chez Namjoon les jours qui suivraient et regagnerais le chemin de l'université peu après. Ma famille m'aiderait, j'avais Jimin, les hyung et Yongsun à mes côtés.
Oui, tout se passerait bien.
◌ ◌ ◌ ◌ ◌
instant confession :
ce chapitre n'était pas censé exister parce que cette partie était initialement rattachée au précédent... j'ai préféré découpé de cette façon pour que ce ne soit pas interminable (7100 mots environ) et donc avoir un chapitre rien que pour les deux (encore oui). mais promis il y aura d'autres scènes que des câlins dans cette histoire 😅
je profite de cette note pour vous prévenir que je compte poster au moins une fois par semaine, tous les mercredis soir. c'est un peu difficile pour moi de tenir le rythme de deux chapitres, mais ça n'exclut pas la possibilité que ça puisse arriver de temps à autre !
sur ce, prenez soin de vous ♡
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