❁ 27
Les gouttes de pluie s'écrasaient contre les vitres de l'appartement ce soir-là. Je m'en importais peu, focalisé sur le repas que je préparais. Tout portait à croire que j'avais la situation en mains, que mon esprit était tranquille, et que j'attendais sereinement que la cuisson ne s'achève pour passer à table. Je me disais que si je ne laissais rien transparaître, tout se passerait bien.
Le silence de mes parents m'affectait. Ils n'avaient pas essayé de m'appeler durant la semaine et Seungkwan n'était guère parvenu à les contacter. Bien qu'ils habitent dans la même ville, mon hyung était très pris par son travail et voyait rarement nos parents. Il avait fait sa vie, après tout. Régler les problèmes de son petit-frère ne devait pas être une priorité, mais il était têtu. Aussi têtu qu'attachant. Il m'avait déclaré au téléphone qu'il tiendrait sa promesse, et que de mon côté, je ne devais pas m'en faire. Pour lui, ce n'était pas à moi de supplier les parents de me répondre. J'étais un peu perdu, Yubin l'avait remarqué lorsque nous nous étions retrouvés à la bibliothèque pour réviser, Namjoon à la maison aussi, Jimin encore plus.
Je dus le persuader de maintenir le dîner plusieurs fois. Il était effrayé à l'idée de trop m'imposer, je lui avais assuré que je ne me forçais pas. Lui avait dû assister au désastre de la fois dernière, c'était plutôt à moi de m'excuser de lui avoir infligé un tel moment.
J'entendis de légers pas derrière mon dos, puis des bras m'enserrèrent tendrement la taille.
« C'est bientôt prêt, dis-je en déposant le couvercle sur la casserole.
- Ça sent bon. »
Je me retournai, délaissant les fourneaux pour l'admirer. Vêtu d'une manière sobre comme à l'accoutumée, Jimin captivait mon regard sur ses moindres détails. Le col de sa chemise découvrait une partie de son torse afin que son collier soit mis en valeur. Je ne pus m'empêcher de l'effleurer du bout des doigts, grimpant ensuite doucement vers son cou pour finalement caresser sa joue.
« Merci, sweetie. J'espère que le goût le sera tout autant.
- Tu es un véritable petit chef, m'assura-t-il le menton levé. Presque capable de concurrencer le grand Seokjin !
- N'en dis pas plus ou je sentirai trop de pression sur mes épaules ! »
Ses yeux disparurent sous son sourire.
« On a encore le temps d'annuler si jamais. J'inviterais mes parents au restaurant à la place.
- Non, je veux vraiment le faire. Je veux les rencontrer et je suis certain qu'on passera un bon moment. »
Une petite moue retroussa sa lèvre inférieure, signe qu'il n'avait plus de réparties. Je ne lui mentais néanmoins pas, mes parents étaient venus il y a tout juste une semaine, j'avais eu le temps de digérer leur réaction. Je ne n'étais pas passé à autre chose, j'avais encore mal, mais Jimin pouvait rétablir la complicité qui le liait avec sa famille, alors je me sentais intouchable.
« Ils arriveront d'une minute à l'autre, répondit finalement Jimin. Je prends le relais si tu veux.
- Est-ce que tu aurais une chemise à me prêter ? »
Il fronça les sourcils.
« Tu n'es pas obligé, tu sais ? Mes parents ne prêtent pas d'importance à l'apparence.
- J'ai froid aux bras..., précisai-je en me frottant la peau. Je suis frileux quand il pleut.
- Oh ! Alors oui, tu peux en prendre une qui est de ton côté du tiroir. Elle est trop grande pour moi, je pense qu'elle t'ira. »
Je pressai mes lèvres sur son front en guise de remerciement, puis rejoignis sa chambre. Jimin avait laissé la lampe de chevet allumée, alors je me dirigeai sans peine vers l'armoire. Les nuages noirs grondaient dans le ciel, voilaient la capitale d'un reflet sombre mais rafraîchissaient l'air ambiant grâce à la pluie diluvienne, qui inondait Séoul depuis la veille. J'avais envie de faire plaisir à Jimin en portant l'une de ses chemises, mais je devenais également frileux lorsque les températures baissaient drastiquement. Porter son haut me permettait de faire une pierre deux coups.
J'aperçus une chemise bleu nuit blottie au fond du tiroir. En la dépliant, je devinais sans mal que j'avais mis la main sur ce que je cherchais : elle paraissait même trop large pour moi. Je troquai mon t-shirt contre la chemise en m'imaginant Jimin disparaître sous son tissu, ses manches dissimulant sans doute ses petites mains. Après un rapide coup d'œil vers le miroir pour bien la boutonner, j'enfilai ensuite le seul pantalon fluide que j'avais ramené de chez moi.
« Jungkook ? Tu prenais du temps alors j'ai cru que tu ne l'avais pas trouvée mais... »
Je sursautai en entendant la voix de Jimin. Debout en plein milieu du couloir, il me regardait si intensément que je sentis mes oreilles fourmiller.
« C'est bizarre ? » le questionnai-je.
Il secoua la tête en s'humectant les lèvres et se rapprocha.
« J'ai l'impression de te revoir en Australie, lorsque tu es venu me voir danser.
- Je portais la chemise noire, pas vrai ?
- Celle avec les paillettes. »
Je me souvenais de cette soirée comme si c'était hier. J'avais couru dans tout Perth pour trouver un bouquet à la hauteur de Jimin, déambulé à travers toutes les rues pour échapper aux bouchons, oublié mon appareil photo dans la Capri pour m'en rendre compte une quinzaine de minutes après, dérangé toute une rangée de spectateurs pour rejoindre ma place, soupiré de soulagement en apprenant que sa troupe n'était pas encore passée. Apercevoir Jimin et Yongsun m'avait fait oublier toutes les mésaventures de la journée, c'était à ce moment précis que j'avais compris à quel point la danse comptait pour eux, à quel point elle était importante à leurs yeux.
À la fin de la prestation, j'avais rejoint Jimin dans sa loge et il m'avait demandé de sortir avec lui. Il avait fait le premier pas en mettant des mots sur notre relation. Je ne pouvais tout simplement pas oublier tout ce qui s'était déroulé durant cette si belle soirée.
« Mais ma chemise te va tout autant, confirma-t-il en cajolant ma taille. J'ai l'impression qu'elle t'affine ici alors qu'elle laisse aussi entrevoir la largeur de ton dos. Bon sang je vais te dévorer. Tu sais que je vais te dévorer ?
- Il faut d'abord que tu finisses le dîner, fredonnai-je.
- Deal?
- Je trouve que tu prends un peu trop tes aises en anglais, Jimin-ssi.
- Dans la mesure où tu ne veux pas me traduire ce que tu grognes quand on fait--
- Hey ! »
Jimin couvrit son rire de sa petite main, puis s'éloigna. Je tentai de le retenir par les hanches mais il fut plus habile, et s'éclipsa en caracolant.
Pourquoi m'entêtais-je à le comparer à un ange ? Il était diabolique.
Je sortis de la chambre, bougon. Si j'avais eu quelques minutes en plus devant moi, j'aurais pu faire payer Jimin de son audace, mais la sonnerie de l'appartement m'en empêcha. Je me dirigeai vers le salon tandis qu'il ressortait dans la cuisine en toute hâte. Je l'encourageai du regard, car il resta un moment immobile devant la porte, puis ouvrit à ses parents.
Je restai en retrait tout en observant la scène. Mme Park entra la première et enlaça affectueusement son fils. Elle se décala sur le côté pour laisser M. Park réitérer son geste, un peu plus timidement malgré tout. Jimin leur demanda comment s'était déroulé le trajet, sa mère lui raconta que la pluie les avait suivis depuis Busan, son père acquiesça simplement pour confirmer ses dires.
« Minho n'a pas pu venir ? » demanda Jimin, une pointe d'espoir dans la voix.
Ses parents s'échangèrent un regard embarrassé, puis Mme Park lui offrit un sourire.
« Il a beaucoup de travail. » finit-elle par dire.
Jimin lâcha un soupir en refermant la porte derrière eux. J'imaginais que son hyung n'avait pas beaucoup de travail, et même si c'était le cas, il n'aurait pas fait d'effort pour venir voir son petit-frère. Minho était buté sur ses idées, depuis que Jimin avait confié à sa famille qu'il aimait les garçons plutôt que les filles, ils ne s'étaient jamais reparlés. Presque trois ans qu'il attendait que son hyung l'accepte tel qu'il l'était, mais Minho ne semblait rien vouloir entendre.
Leurs parents le savaient. Mme Park ne souhaitait pas attrister son fils, je la comprenais d'un côté. C'était la réalité dans laquelle Jimin devait vivre, dans laquelle ils devaient vivre, et moi aussi d'ailleurs. Je chassai l'image de mes propres parents de mon esprit pour me concentrer sur ceux de Jimin, qui désormais m'observaient.
Jimin se posta aussitôt à mes côtés, une certaine sérénité retrouvée, et posa sa main sur le bas de mon dos.
« Tant pis, il n'aura pas la chance de faire connaissance avec Jungkook. »
J'inclinai instinctivement le buste pour les saluer, ne sachant quoi faire d'autre, ni même quoi dire.
« Ton petit-ami ?
- Oui papa. Le garçon que j'ai rencontré en Australie, Jungkook. »
J'eus peur d'apercevoir leur mine troublée, voire désabusée. Jimin n'avait pas à revivre ce moment une fois de plus dans sa vie, je ne pouvais pas le supporter. Je pris alors mon courage en main, me redressant vivement, prêt à affronter leur regard.
M. Park ne laissait rien transparaître, il gardait son expression tranquille qui ne semblait pas le quitter. La mère de Jimin quant à elle, hésita un moment avant de s'avancer et poser ses mains sur mes épaules.
« Mon fils a donc hérité de mes goûts pour les jolis garçons, déclara-t-elle en me tapotant gentiment les épaules.
- Maman..., marmonna Jimin.
- N'aies pas honte de ta mère. »
Elle reporta son attention sur moi.
« Si ça ne te dérange pas, je préfère que tu m'appelles Haebin plutôt que Mme Park ou belle-maman. J'ai l'impression que ça me vieillit.
- Bon sang maman tais-toi je t'en prie. » la supplia Jimin en l'entraînant vers le salon.
Mme Park, ou devrais-je dire Haebin, rit aux éclats, plutôt fière de mettre mal à l'aise son fils. J'avais cru voir ses joues s'empourprer, mais il était déjà trop loin pour que j'en sois sûr. Je tournai alors la tête vers M. Park qui se gratta la nuque, comme s'il ne savait pas réellement agir devant moi. Je ne décelais aucune animosité dans son comportement, en fait c'était plus un petit malaise. Il s'approcha malgré tout de quelques pas, observa ma main puis me tendit la sienne. Ravi, je la serrai doucement en me penchant à nouveau en avant.
« Sunghyun. » se présenta-t-il tout bas.
Je hochai la tête et l'invitai à me suivre vers le salon. Haebin était déjà assise et apostropha vivement son mari pour qu'il s'installe vite à ses côtés. Il obtempéra sans broncher pendant que Jimin m'incita à l'accompagner jusqu'à la cuisine.
« Comment tu te sens ? » m'enquis-je une fois seuls.
Jimin s'appuya sur l'évier de cuisine, les jambes croisées.
« Je m'attendais à ce que Minho ne vienne pas et... mes parents n'ont toujours pas l'air de croire que tu sois vraiment là, mais je ne suis pas étonné.
- Tu penses ? »
Il me tendit les bras, je lui offris aussitôt mon étreinte.
« Je crois que tu étais un peu comme un mythe pour eux, avoua-t-il en souriant. Mon amoureux, comme le dit souvent mon père. Je leur ai parlé de toi en faisant de petites allusions, mais mes parents ont dû mal à le croire sans le voir. En plus c'est la première fois que je leur présente quelqu'un.
- Est-ce qu'ils vont vérifier si je suis bien là en chair et en os ?
- Mon père se tiendra tranquille. Pour ma mère, c'est une autre histoire... je te préviens, elle est du genre démonstratif.
- Si je peux bien m'entendre avec tes parents, tout me va. »
Le regard de Jimin brilla de bonheur. Il me vola un baiser puis nous nous concentrâmes sur le dîner que nous avions préparé. Haebin nous félicita tout du long et Jimin lui confia que j'avais préparé la majorité du repas. Elle paraissait impressionnée et me remercia de si bien nourrir son fils, qui aborda une expression choquée. Sa mère s'excusa en lui promettant qu'elle ne souhaitait pas le vexer, elle était simplement soucieuse quant à la maladresse dont Jimin était pourvu en cuisine. Il chercha l'aide de son père, qui se résigna à secouer négativement de la tête sous les éclairs lancés par les yeux de sa femme.
Les parents de Jimin étaient comme le jour et la nuit. Haebin était confiante, franche, pétillante ; Sunghyun était calme, silencieux, tranquille. Il n'était pas pour autant effacé, seulement discret et je devinais qu'il était une personne qui observait énormément, parlait peu. Je retrouvais Jimin en eux, dans le sens où Haebin avait besoin de s'exprimer par les paroles, tandis que Sunghyun se manifestait par les gestes. Jimin lui, ressentait ce besoin, mais n'avait jamais su de quelle manière le poser sur des mots. La danse avait alors été son échappatoire.
« Et toi Jungkook, tu sais danser ? me questionna subitement Haebin. Je parle beaucoup de Jimin, mais j'ai envie de te connaître aussi. Moi je suis très maladroite, à chaque fois j'écrase les pieds de Sunghyun.
- Je n'ai jamais essayé en fait, prétendis-je en mettant de côté mes cours avec Yongsun. Je dirais que suis plutôt chanteur que danseur.
- Vous le verriez, poursuivit Jimin. Il fredonne tout le temps.
- Ah bon ?
- Tu ne t'en rends pas compte ? Je crois que je dois t'entendre chanter 8h par jour au moins. Mais je ne me plains pas, tu as une jolie voix.
- Un chanteur et un danseur ensemble, ça c'est un couple ! » déclama la mère de Jimin en croisant les bras.
Sunghyun sourit. Il semblait du même avis.
« Oh mais ce n'est pas du tout mon métier, précisai-je. Je suis encore étudiant, le chant est un passe-temps.
- Tu es dans les sciences si je me souviens bien ? »
J'étais surpris que Haebin s'intéresse autant à moi. Elle me posait des questions certes, mais se remémorait tout ce que Jimin leur avait raconté. Et au fil du temps, je pris conscience qu'il leur avait parlé de moi à plusieurs reprises. Il n'était pas du tout gêné, il participait toujours autant à la conversation en ajoutant des détails sur quelques-uns de nos souvenirs.
Je me sentais bien. Je me sentais à ma place. C'était comme si les parents de Jimin m'accueillaient. Le malaise s'était mué en une atmosphère agréable, paisible qui enveloppait notre discussion joviale, plaisante. Sunghyun s'ouvrit un peu plus, ce qui me fit plaisir parce que je doutais qu'il était timide, au fond. Bien plus que moi. D'une certaine manière, je voyais le reflet de ma personnalité alors qu'il était plus âgé. Je me demandais si j'étais tout aussi réservé, surtout dans les yeux de Jimin.
« Les garçons, rappelez-moi... où se trouve l'Australie, déjà ?
- À l'ouest de la Nouvelle-Zélande, répondit Jimin, un sourire narquois aux lèvres.
- Merci, ça m'aide beaucoup. »
Haebin chercha une réponse sérieuse en posant ses yeux interrogateurs sur moi.
« Tout au bout de l'hémisphère sud, lui expliquai-je. Mais là où j'habitais, on avait presque le même fuseau horaire qu'en Corée. C'était plutôt pratique pour parler avec Jimin au téléphone.
- C'est vrai que les saisons sont différentes ? »
La curiosité de Haebin était touchante. J'avais l'impression qu'elle adorait en apprendre, elle n'en avait simplement pas eu l'occasion lorsqu'elle était plus jeune.
« Oui ! En décembre l'été commence chez nous.
- Incroyable... dire que je prenais Jimin pour un fou à vouloir se baigner en hiver.
- Hey !
- Pardon mon chéri. Au final tu avais raison.
- Jimin a souvent raison. » chuchota Sunghyun.
Jimin remercia chaudement son père du soutien qu'il lui apportait. Sa mère les lorgna et indiqua qu'elle quittait la table, trahie. Jimin la suivit en débarrassant avec elle, et ne resta plus que Sunghyun en face de moi. Ils avaient emporté toutes les assiettes, à part les verres il ne restait pas grand-chose sur la table, alors nous nous observâmes en silence.
J'avais envie d'entamer la conversation, mais rien ne me venait évidemment. Lorsque je me mettais trop la pression pour converser, mon esprit se vidait complétement. Je pouvais me réfugier dans la cuisine, mais ce n'était pas poli de laisser le père de Jimin seul.
Il remarqua mon embarras et prit les devants. Sunghyun se leva pour se diriger vers le canapé, je le suivis machinalement. Nous entendions le rire de Jimin couplé à la voix de sa mère qui semblaient gentiment se chamailler, et je me demandai quelle fut leur idée d'abandonner les deux personnes les plus timides à leur sort.
« Tu es resté longtemps en Australie ? » me demanda le père de Jimin.
Mes paupières papillonnèrent sous la surprise avant que je ne me reprenne.
« Mes parents ont décidé de s'y installer quand j'avais huit ans, déclarai-je en jouant avec la perle de mon collier.
- Tu as vécu là-bas seize ans. » compléta Sunghyun.
Les parents de Jimin me surprenaient de plus en plus.
« Oui, tout compte fait j'ai passé plus de temps en Australie qu'ici.
- C'est une bonne chose. »
Je le regardai sans comprendre.
« Tu as été imprégné par deux cultures, reprit-il. Ça ouvre l'esprit. Et c'est important, surtout pour les enfants. Ils grandissent avec une vision plus détachée de leur propre pays. Enfin pas pour tous bien sûr, mais c'est un coup de pouce en plus. »
Je n'avais jamais perçu mon enfance sous cet angle. Je ne m'étais jamais demandé à quoi aurait ressemblé ma vie si j'avais seulement vécu en Corée du Sud, ou uniquement en Australie. Certains traits de caractères sont innés, néanmoins, l'environnement dans lequel un enfant grandissait l'impactait pour le reste de sa vie.
« Jimin n'a jamais été fermé d'esprit. Il a toujours cherché à comprendre plus loin. Il a toujours voulu savoir ce qu'il y avait au-delà de la mer. Il nous a fait très peur les premières fois où il s'est enfui sur la plage et on a pris du temps à comprendre que notre fils souffrait. Il essayait de toucher les étoiles comme les autres, sauf qu'il ne pouvait pas.
» Quand je l'ai vu danser, j'ai compris. J'ai compris qu'on devait aider notre fils pour qu'il puisse toucher les étoiles, lui aussi. Et tu le sais, il a réussi. Il a même découvert ce qui se cachait derrière la mer. »
Il opina en me tapotant le genou.
« Minho l'a toujours supporté, affirma-t-il. Mais il n'est pas aussi curieux que Jimin, il aime la routine et n'aime pas que tout soit chamboulé... et l'aveu de son petit-frère l'a beaucoup chamboulé. »
Sunghyun fronça les sourcils.
« J'étais chamboulé aussi. Je sais qu'on a blessé Jimin et Jimin nous a pardonné. Il n'est pas rancunier, ça non. Minho lui, ne veut rien savoir. Il ne cherche pas à comprendre. Je me dis que c'est de notre faute, parce qu'on n'a jamais poussé Minho à chercher ce qu'il se cachait derrière la mer.
- Vous ne pouvez pas rejeter la faute sur vous, Sunghyun-ssi. Minho est un adulte, vous n'avez pas à chercher de coupable.
- Je sais mon garçon... »
Un petit sourire étira ses lèvres.
« Tu es gentil. Je suis content que Jimin t'ait rencontré. »
Je sentis les larmes picoter mes paupières. Le discours de Sunghyun m'avait touché, mais s'il commençait sur ce terrain là également, je ne pourrais pas les retenir de couler. J'avais eu raison de penser que le père de Jimin était observateur, parce que c'est de cette manière qu'il agissait. Il montrait l'amour qu'il portait à ses fils en cherchant à les comprendre, les encourager, les entendre. Jimin m'avait confié qu'il lui avait répété au combien il était fier de lui, pour tous ses efforts, à travers ses études comme sa passion.
À cet instant, ma raison se cala au rythme de mon cœur. Je me retrouvai à serrer le père de Jimin dans mes bras. C'était un geste timide et pourtant nécessaire.
« Merci pour Jimin, bredouillai-je. Merci d'être là depuis le début. »
Alors que je pensais avoir mal agi, je sentis une main se poser sur le haut de mon dos avec légèreté. Soulagé, je me détachai et tombai sur le sourire sincère de Sunghyun.
Jimin avait le même sourire que son père.
« Sunghyun ? »
Je pivotai la tête vers la mère de Jimin, qui reluquait son mari en plissant des paupières. Jimin semblait moins septique, mais il me regardait curieusement.
« C'est un gentil garçon, dit simplement Sunghyun. Vous avez besoin d'aide ?
- Oui. Viens dans la cuisine s'il te plaît. »
Haebin lui chuchota quelque chose avant qu'ils ne disparaissent dans le couloir. Jimin resta un moment statique, les yeux perdus dans le vide, puis se dépêcha de s'asseoir à la place qu'occupait son père.
« Tu vas bien ? Tu as l'air ailleurs... »
Je haussai les épaules.
« Je crois que j'ai l'approbation de ton père pour demander ta main. »
Jimin frôla le décrochement de la mâchoire suite à mes mots. Je ne pus m'empêcher de rire et il me frappa l'épaule en comprenant que je le taquinais. Je lui avouai que j'étais simplement soulagé et heureux que ses parents nous poussent à aller de l'avant. Jimin avait le droit d'être heureux et pour cela, il devait garder le contact avec sa famille. Et sa famille était finalement revenue vers lui en comprenant que rien n'avait changé, qu'il était lui-même, que ses sentiments façonnaient qui il était et qu'il ne les combattrait certainement pas.
« J'aurais voulu que ton frère soit là malgré tout.
- Jungkook. »
Il attrapa doucement mon menton pour que nos regards s'ancrent l'un à l'autre.
« Je ne peux plus me permettre de penser à lui ou je serai triste pour le restant de ma vie, chuchota-t-il. Mais je ne pense pas que tout soit perdu pour tes parents. Crois-moi, ce que je veux le plus maintenant, c'est qu'ils reviennent vers toi. Et je ferai tout pour. »
Je retirai mes précédentes paroles. Jimin était un ange, un ange qui veillait sur moi comme personne ne l'avait fait auparavant.
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