Tout était noir. On ne descellait rien. Pas la moindre nuance de gris, pas la plus infime des lueurs. Rien. Un vide total. Pire encore qu'en enfer. C'était le néant.

L'air était sec. Plat. On avait beau tendre son nez, feindre l'oreille, aucun souffle ne venait. C'était une atmosphère sans saveur, sans émotion. Une humeur dénuée de toute pulsion de vie. Le manque qui gonflait cruellement ses poumons.

La masse gisait. Misérable et pathétique. Recroquevillée sur elle-même, le corps caché sous des toges innommables. Elle ne remuait pas. Peut-être était-elle morte ? Avait-elle seulement déjà été en vie ?

Sa surface était froide. Râpeuse. Pas de tension, pas de battement, aucun mouvement. On aurait pu croire à une poupée de chiffon. Forgée de haillons, dénuée de rêves et d'envies. Un simple automate. Sans désir ni espoir. Créature plate et insignifiante, portée par les flots et les dérives. Plus rien ne la portait à présent. Seul ce sol, sale, poussiéreux. Lui aussi menaçait de s'effondrer. Alors elle sombrerait, tout à fait. La poupée disparaitrait dans les limbes, englouti par l'inutile, le rien, le surplus d'absence.

Ce n'était qu'une question de temps.

Avant d'enfin pouvoir fuir. Partir. S'arrêter.

Comme d'autres.

Comme tant d'autres.

Ce n'était qu'une question de temps.