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Mistral

Quand le vent soufflait depuis le Nord, c'était Mistral qui venait avec lui.

C'est arrivé une seule fois, lors de sa naissance.

Mistral, c'est la souffrance, la terreur et les tourments. C'est la dévastation, l'horreur et la destruction.

Personne ne peut décemment souhaiter que le vent souffle depuis le Nord, pas même Mistral elle-même.

C'est la seule pensée cohérente qu'elle peut formuler dans son esprit détruit par le chaos.
Mistral, elle vit dans le passé.

La drogue et tout autre moyen d'oublier est le seul échappatoire de Mistral. C'est à cause d'elle qu'Amont en ressent toujours une envie si pressante, si insoutenable. Mistral se soulage grâce à la douleur des autres.
Mais Mistral ne veut pas être soulagée, pas si cela implique de la souffrance pour autrui.

Alors elle revit éternellement les mêmes souvenirs atroces.

Elle n'est pas faite pour haïr les responsables de ses tourments mais simplement pour éviter qu'Amont, Aval et Foehn ne se souviennent. Elle ne vit que pour cela, pour elles. Amont, la gentille Amont. Aval, la protectrice et Foehn... Elle voudrait ne jamais voir le sourire de l'adorable Foehn se faner. Jamais.

Pourtant, elle aurait pu haïr mais ce n'est pas dans sa nature.

Elle aurait pu haïr leur mère qui a toujours fermé les yeux à cause de sa faiblesse mais elle en a pitié, pitié de cette femme brisée qui s'est laissée piétiner.

Elle aurait pu haïr ces enfants qui, jeune, l'ont tant tourmentée mais elle n'y parvient pas. Elle les excuse : les dérives de la jeunesse.

Et surtout elle aurait pu haïr leur père, oh oui elle aurait pu mais elle préfère ne pas y penser.
Car c'est son visage qu'elle revoit encore et encore dans un cycle éternel.
C'est de son regard méchant et vide à la fois qu'elle essaie de protéger les autres.
Ce sont ses coups qui ont laissé des marques éternelles dans son dos, sur ses jambes et ses bras.

Il a toujours pris soin d'épargner le visage.

Et c'est lui qui leur a arraché la seule personne au monde à laquelle Elles tenaient :
Anaïs.

Anaïs elle était vaillante, même dans les moments les plus durs elle souriait.
Elle souriait pour apaiser ses blessures.
Et c'était comme un bon feu de cheminée en plein milieu de l'Antarctique pour Elles.
Indispensable.

Anaïs elle avait des cheveux châtains qui reflétaient le soleil et lorsqu'elle riait, le monde semblait s'illuminer.
Anaïs elle avait des yeux foncés, noirs et rassurants. Un regard affûté et apaisant.
Anaïs elle avait un cœur immense qui aurait pu accueillir le monde entier et il y aurait eu encore de la place.
Anaïs elle avait des petits doigts fins et fragiles qui courraient sur le piano lorsqu'elle avait la chance d'en trouver un.
Anaïs elle avait des mains douces qui tournaient délicatement les pages des livres pour ne pas les déchirer.
Anaïs elle était jolie.
En tout point.

Elle avait beau être très gentille, elle ne se laissait pas faire. Mistral se souvient que les filles de sa classe la jalousaient.
Elles n'étaient pas ouvertement méchantes mais le quotidien d'Anaïs était truffé de petites remarques mesquines.
Et c'est comme ça que son cœur a commencé à se fissurer, que la colère a commencé à monter.

Anaïs elle trouvait la vie injuste mais elle ne le disait jamais ouvertement, cela aurait rendu cette vérité trop réelle.
Amont, Aval et Foehn ressemblent chacune différemment à Anaïs. Mistral veut les préserver à défaut d'avoir pu le faire pour l'original.

Anaïs aussi elle avait des marques dans le dos, les jambes et les mains. Anaïs c'était leur petite sœur.

D'habitude elle endurait les coups sans rien dire mais son regard exprimait tout. Lorsque son père la frappait, elle le regardait. Droit dans les yeux.
Mistral n'aurait pas aimé croiser son regard accusateur.

Mais un jour elle avait ouvert la bouche. Et les mots étaient sortis tous seuls. Ils s'étaient comme déroulés dans l'espace, enveloppant toute la pièce, poignardant les uns après les autres ce bourreau qui avait brisé leur famille.

Les yeux rendus vitreux par l'alcool, il avait frappé plus fort et plus fort encore, pour la faire taire.
Rose s'était alors interposée mais Anaïs lui avait crié de sortir de la pièce, d'un ton auquel on ne désobéit pas.

Leur père avait terminé en prison.
Mais sa condamnation n'a jamais fait revenir Anaïs.
C'est lorsqu'Elles ont appris le drame qu'Elles sont nées. D'une seule Elles sont devenues quatre pour mieux faire face à la désolation qu'était leur vie.

Mistral a pris tous les souvenirs, tous.
Et depuis elle rêve éternellement des mêmes scènes atroces.

Mais ce jour là, Mistral sent quelque chose de différent.
À travers le brouillard de son esprit, elle lève la tête vers la girouette qui indique la direction du vent et lentement, elle la voit pivoter pour indiquer le Sud.
Le vent vient du Nord.

Et Mistral revient à la vie.

Aussitôt, elle hurle pour évacuer toute la souffrance qui l'envahit. Vivre est tellement plus difficile, tellement plus douloureux. Recroquevillée au sol, elle tente de reprendre son souffle et elle aperçoit ce qui l'a fait revenir.

Une photo.
D'Anaïs.

Sans un regard pour sa mère qui s'est redressée pour la contempler, éberluée, elle se lève et elle court.
Elle a besoin d'air, d'air frais qui ne soit pas contaminé par ces relents d'alcool qui lui donnent envie de vomir.

Elle court dans les rues au hasard, vivre est tellement atroce, elle bouscule des passants et finalement elle s'arrête, essoufflée.

Devant elle, les grilles du cimetière la surplombent.
Lentement, elle entre.

Elle sait où aller.

Sa sœur a été incinérée, la mise en terre coûtait trop cher.

Quelle ironie de savoir qu'un si grand cœur est enfermé dans une si petite boîte.
Quelle ironie...

Sa tête tourne, elle revoit des éclats du passé. Anaïs lui paraît alors si... vivante.
Sans qu'elle s'en rende réellement compte, les larmes coulent.
Son cœur est noir, elle a si mal.

-Rose ?

Elle se retourne, sur la défensive. Elle a envie de déchaîner toute sa colère pour évacuer sa tristesse, elle a envie de cesser de vivre.
C'est trop.

Mais des images surgissent dans sa tête. Elle se rappelle sans jamais l'avoir rencontrée qui se tient devant elle.

-Émilie ?

Elle sent alors Amont qui écoute, intéressée, Foehn et sa joie innocente et même Aval malgré sa méfiance.

La jeune femme la fait s'asseoir auprès d'elle, doucement. Elle ne dit rien mais pour la première depuis le début de son existence, Mistral se sent un peu apaisée.

-Merci.

-C'est normal, allez viens contre moi.

Mistral pose sa tête contre l'épaule d'Émilie. Elle a l'impression d'entrer dans une bulle de vide, une bulle où les murmures du passé ne la font plus souffrir.

-Tu n'es pas seule.

Alors Mistral expire, soufflant toute sa souffrance et sa peine. Et comme elle est arrivée, elle se retire pour laisser la place à Amont. Le vent du Nord s'est apaisé, elle se sent plus légère.

-Merci Mistral, lui chuchote Aval, il était temps qu'On se libère de ce poids.

Mistral sourit délicatement, comme si elle ne savait pas comment faire. C'est la première fois que cela lui arrive.

Elle ne se sent plus comme le Mistral froid, dévastateur et détruit mais comme la Brise légère qui laisse présager qu'un autre monde est possible. Et peut-être est-ce le cas.

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