Chapitre (30)
PDV de Zayn.
Flashback.
Après avoir reçu les nombreux appels de ma mère et une dizaine de messages, j'étais enfin devant la maison. J'ignorais quelle était cette affaire si importante et si urgente qui a perturbé ma séance de massage au sauna mais j'espérais que ce n'était pas l'une des crises de ma mère à propos de l'une de ses collections ratées. Cela faisait une semaine qu'elle était venue à la maison pour assister à une réunion et c'est déjà la galère chez nous.
Je soufflai d'exaspération et franchis le seuil de la porte principal qui menait vers le salon. En effet, ma mère y était, assise confortablement sur l'un des fauteuils, un verre de vin rouge à la main.
« Te voilà enfin. »
Elle déposa son verre sur la table basse et me fit signe de m'installer près d'elle, ce que je fis aussitôt. Je devinai à partir de ses expressions faciales que le sujet devait être très important. Ma mère croisa les bras et plongea son regard sombre dans le mien.
« Nous avons un sérieux problème. » fit-elle en levant un sourcil vers le haut, ce qui avait l'habitude de m'effrayer lorsque j'étais enfant.
De toutes façons, depuis que ma mère a fait sa visite imprévue ici, les problèmes ne cessent de s'accumuler.
« Je viens de découvrir que la fille d'Ethan est enceinte. » Elle marqua une pause avant de continuer. « De toi. »
Je me levai, détachant mes yeux de ceux de ma mères et un rire nerveux s'échappa de mes lèvres. C'était impossible.
« On en a parlé toutes les deux, et on s'est mis d'accord sur une solution, je vais l'envoyer quelque part en France, loin d'ici et je lui donnerais la somme d'argent suffisante pour elle et son bébé. »
« Tu crois que c'est facile? » m'écriais-je presque. « Et son père, tu crois qu'il va la laisser partir? »
« C'est pourquoi on va faire croire qu'elle s'est suicidée, on va feindre sa mort. Elle a déjà écrit sa lettre plus qu'à choisir le lieu. » dit-elle. « Estime-toi heureux qu'elle ait accepté ma proposition, le sujet est clos. N'en parle à personne. »
Elle se leva, reprit son verre et me tourna le dos. Faisait-elle ceci pour mon propre intérêt ou juste pour sauver la réputation de la famille? En tout cas, l'idée de faire fuir une adolescente de seize ans et faire croire au monde entier qu'elle avait commis un acte suicidaire ne semblait pas la gêner. C'était clair, je ne me voyais pas père à cet âge-ci mais j'imaginais la peine de ses proches après avoir lu la lettre.
« Oh Zayn, rends-toi au club de plongée de cette idiote et récupère ses affaires discrètement, le code de son casier est ta date d'anniversaire, à cette heure il n'y a personne là-bas, fais en sortes de passer inaperçu. »
Je secouai la tête en guise de oui et décidai d'y aller seul, sans chauffeur. En même temps, ce dernier était le père de Lydia et lui demander de me déposer là-bas réveillerait ses soupçons.
Pourquoi, entre toutes les filles avec qui j'ai couché, il a fallu que ce soit Lydia Styles qui tombe enceinte?
Le trajet jusqu'au club de plongée ne fut pas long. Je pénétrai discrètement à l'intérieur et me dirigeai sans aucun problème vers les casiers et retrouvai celui de Lydia quelques minutes après. Son mot de passe était réellement la date de mon anniversaire.
Mon téléphone se mit à vibrer et je répondis rapidement par peur que quelqu'un me surprenne.
« Alors? Tu les a trouvées? »
La voix aigüe de ma mère résonna à l'autre bout du combiné.
« Pourquoi une fille qui va se suicider voudrait récupérer ses affaires? C'est pas plutôt un flingue dont elle aura besoin tu ne..? »
J'arrêtai de parler lorsque mon regard croisa les beaux yeux bleus d'un visage familier, celui d'Ashley Payne. Je raccrochai au téléphone et marchai vers elle.
« Je peux tout t'expliquer. »
Ashley refusa toute discussion avec moi, s'empara d'un sac qui se trouvait au fond de la pièce et couru vers la sortie.
Merde.
J'envoyai un message à ma mère pour l'avertir, et vidai le casier de Lydia dans un sac avant de sortir à mon tour.
Le reste de la journée fut normal. J'invitai quelques gens du lycée à la maison et nous passâmes la soirée à jouer, boire, nager. Ma mère avait dit que c'était une merveilleuse idée. Je savais parfaitement pourquoi. Elle, qui ne supportait pas que l'on me visite alors qu'elle est à la maison, avait accepté d'accueillir mes amis et avait même proposé de commander des plats mexicains. Ça ne lui ressemblait pas. Elle voulait juste que personne ne sache que j'étais impliqué dans l'histoire de Lydia. Tant mieux, je ne le souhaitais pas non plus.
Je n'étais pas sérieux et je l'assumais complètement. Les relations qui durent, les promesses tenues, les mots doux, ça ne me connaissaient pas. J'aimais les plans d'une nuit, les plans d'une journée et tout le monde le savait y compris Lydia. Les gens disaient que je n'avais pas reçu assez d'amour pour pouvoir en donner, mais pourquoi en donner? pourquoi prendre le risque de s'attacher et donc de souffrir alors que je peux juste désactiver cette part de moi qui éprouve des sentiments?
Les personnes de mon entourage ne me croiraient pas si je venais à dire, que j'ai aimé quelqu'un une fois, surtout qu'il s'agit d'un amour d'enfance. Une jeune fille, telle une princesse, qui a complètement chamboulé ma vie de petit garçon parfait, unique, dont les parents se préoccupent tant. J'étais seul, vulnérable, toujours mis à l'écart. Mais elle? Elle était libre, joyeuse, et rayonnante. Jessie Parker était la seule personne qui me donnait l'envie de me réveiller et aller à l'école. Elle hantait tellement mes pensées que j'en oubliais ma solitude et mon chagrin. Ainsi, en pensant à elle, j'ai pu éviter ces cauchemars terrifiants qui me volait des heures de mon sommeil. Je la voyais, dans sa jolie robe blanche, sautillant telle une princesse auprès de ses amies et mon angoisse disparaissait comme par magie. Je n'avais que son prénom au bout des lèvres, son image dans la tête. Grâce à elle, j'ai apprécié le chemin d'allée jusqu'à l'école et cela avait fait plaisir aux domestiques qui devaient fournir d'énormes efforts pour que j'obéisse aux ordres de mes parents, habitant à l'autre bout du monde. Mon changement d'humeur et de comportement ému ma grand mère également, la seule personne qui ne m'a pas laissée tomber. Je nous revois, le jour de mon anniversaire, que je fêtais en sa compagnie ainsi que des gens qui prennent soin de moi à la maison. De sa voix douce, elle m'avait demandé de faire un voeu avant d'éteindre mes sept bougies. J'avais fermé les yeux, inspiré un bonne bouchée d'air et prononçai cette phrase: "Je veux épouser Jessie Parker". Ma grand mère m'avait entendu. Toute heureuse, elle m'avait demandé de prendre soin de cette fille, que si je la traitais correctement, elle m'aimerait. "L'amour est précieux, si tu le trouves, ne le laisse pas s'échapper, promis?" avait-t-elle répété une dizaine de fois. L'idée que l'amour soit à l'origine de mon bonheur lui avait mis les larmes aux yeux. Elle était si contente qu'elle m'avait proposé d'inviter Jessie chez moi. Chose qui ne s'est jamais produit. Ma grand mère avait quitté ce monde le lendemain.
Je l'aimais beaucoup plus que ma mère et ses tartes aux framboises était plus délicieux que les plats mexicains que ma mère nous avait acheté ce soir-là.
Une fois la fête finie, je m'allongeai au sol, près de la piscine, la tête ailleurs. J'allais avoir un fils, un fils privé d'amour paternel, tout comme moi. L'absence d'affection était héréditaire dans la famille. Qu'aurait pensé ma grand mère? Je savais qu'elle ne serait pas fière de moi, qu'elle aurait voulu que son petit fils trouve l'amour, le vrai, celui qui remplira le vide qu'ont laissé mes parents.
Mon moment de raisonnement et de calme fut perturbé par voix que je connaissais parfaitement, celle de Lydia.
« Zayn? » avait-elle prononcé d'une voix lourde et décomposée.
Je me levai pour lui faire face et lui demander ce qu'elle venait chercher ici mais en voyant son état minable, je me contentais de la fixer du regard. Des cernes noires et horribles avait entourées ces yeux rouges et gonflées qui avaient tendance à briller. Ses longs cheveux étaient décoiffés et des mèches s'échappaient de partout comme si elle venait de se réveiller. Ce qui est sûr, c'est qu'elle avait pleuré.
« C'est dur. » me confia-t-elle avant de verser quelques larmes. « Très dur. »
Je ne fis rien. Je ne la pris pas dans mes bras. Je ne prononçai aucun mot. Je fus moi-même surpris de ma froideur.
« Je le fais pour notre fils, Zayn. Il grandira peut-être sans l'amour d'un père, mais il aura à ses côtés une mère qui l'aime plus que tout. Il ne sera pas comme toi, si ça peut te rassurer. »
Elle essuya les perles salées qui dégoulinait sur ses joues roses et continua:
« Je t'aime, et je ne cesserais de croire que derrière ce masque que tu t'es habitué à porter, il y'a quelqu'un de bien. C'est ce que je dirais à notre enfant. Je lui dirais que son père cuisine les meilleurs lasagnes au monde, qu'il collectionne les vestes en cuir et qu'il organise les meilleurs fêtes du lycée. »
Un sourire illumina son visage éteint pendant un court instant. Je jetai un regard sur son ventre qui n'avait toujours pas grossi. Les symptômes de grossesse n'étaient pas visibles sur son corps pour le moment.
« Je ne t'oublierais pas. »
Elle s'approcha vers moi et enroula ses bras autour de mon torse pour m'enlacer. Le câlin dura quelques secondes avant qu'elle ne s'en aille. Pour toujours.
Fin du Flashback.
Si jamais les Styles apprenaient que Lydia ne s'était pas suicidée, ma famille risquait d'énormes problèmes. Cela ne pouvait pas se produire, pas parce que Jessie le voulait. Elle avait beau être la fille qui m'a séduite depuis notre plus jeune âge et qui m'a fait perdre la tête pendant un moment, je ne la laisserais pas s'en sortir comme ça.
Adossé contre ma voiture, je fixais le vide à côté d'Ashley, la seule personne -à part ma mère- qui était au courant de tout. Pour la faire taire, ma génitrice s'est chargée de payer les frais d'hospitalisation d'un vieil homme que la jeune blonde avait heurté en roulant. L'occasion s'était présentée au parfait moment, et ma mère ne pouvait qu'en profiter. Ashley, angoissée, avait demandé de l'aide auprès d'elle en échange de son silence.
« Si jamais Jessie découvre que je suis au courant de tout ça, elle ne me pardonnera jamais. » fit Ashley. « Il faut faire quelque chose. »
« Ils ne peuvent rien faire tant qu'elle est à l'autre bout du monde et que tu gardes le silence. »
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