Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

La scène

La nuit de Romi fut longue et paradoxalement courte. Elle eut du mal à s'endormir et à rester endormie. Elle s'était réveillée environ toutes les demi-heures et dès que le jour avait commencé à se voir contre la fenêtre, elle n'avait plus réussi à fermer l'œil. C'était tôt, elle n'avait pas d'obligation mais elle décida de suivre le lever du soleil. Elle quitta le lit, s'habilla et ouvrit la fenêtre pour aérer la chambre.

La brume s'était installée et cachait la cime des arbres. Dans la cour, elle vit Erick, il était habillé d'une tenue de sport noir, il était quelque peu essoufflé et enlevait ses écouteurs de ses oreilles. Comme s'il se savait observé, il leva la tête et croisa le regard de Romi. Il sourit, lui fit un signe de la main et articula :

- J'arrive.

Lorsque l'homme mit un pied dans le couloir, la porte de Romi était grande ouverte. N'ayant rien d'autre à faire, elle l'attendait contre le battant. Quand il se présenta devant elle, il avait l'air sacrément en forme, ce qui fatigua la jeune femme.

- Tu te lèves tôt, fit-il.

- C'est exceptionnel, je n'arrive pas à dormir, aujourd'hui.

- Alors toi aussi ? J'ai du mal à dormir et ce n'est jamais exceptionnel.

Il fit quelques pas dans le couloir puis se retourna vers Romi.

- J'allais partir mais tu as quelque chose à dire ? Des questions ?

- Je crois, oui.

- Très bien. Je reviens, je vais me doucher, va prendre le petit-déj en attendant. Fouille dans les placards, il doit y avoir quelque chose. S'il y a un nom dessus, évidemment, tu ne prends pas.

Erick rejoignit sa chambre et Romi décida de suivre son conseil. Elle ferma sa porte et se rendit dans le chalet d'à côté. Elle monta les quelques marches qui composaient le bâtiment et ouvrit la porte. L'intérieur lui fit penser à un saloon, un comptoir muni de tabourets était sur sa gauche, plusieurs tables rondes étaient placées ici et là et au fond se trouvait un escalier. Il y avait deux personnes, un homme au bar et une femme à une table.

- Salut, lança l'homme, sers-toi, si tu veux.

Romi s'approcha du comptoir ou quelqu'un avait laissé plusieurs sacs issus d'une boulangerie. Elle prit un croissant et un pain au chocolat en remerciant l'homme.

- Tu prends pas de café ? Ah oui, tu ne dois pas avoir de tasse...

- Si tu vas dans une des boutiques de souvenirs, tu devrais t'en dénicher une, ajouta la femme.

- Merci, répéta une Romi quelque peu mal à l'aise.

Elle mangea dans le silence et rejoignit l'hôtel tout de suite après avoir terminé le petit-déjeuner. Elle retrouva Erick adossé au mur à côté de sa porte, bras croisés, en train de taper ses pieds en rythme sur le sol. Il sentait bon le frais.

- Te voilà ! Viens, j'ai quelque chose à te montrer.

Erick la prit brièvement par le poignet et l'embarqua dans l'escalier. Il allait vite, Romi eut du mal à le suivre. Ils sortirent de l'hôtel et descendirent le sentier qui menait aux chalets. L'homme la dirigea au milieu du parc abandonné, sous la lumière du jour, Romi découvrit les lieux. Elle avait vu beaucoup de vidéos d'urbex mais c'était différent de le vivre en vrai. Elle avait un parc pour elle toute seule, elle regardait de partout pour être sûr de ne louper aucun détail et de s'en souvenir, elle avait hâte de tout explorer.

Ils arrivèrent en vue d'un bâtiment coloré de rouge passé et bien plus décoré que les autres. Erick enjamba la file d'attente et ouvrit la porte. Il passa à droite du comptoir sans s'arrêter, s'éclipsa deux minutes pour allumer les lumières et poussa deux portes battantes. Ils s'engouffrèrent dans la pièce et débouchèrent en haut de gradins d'une salle de spectacle. Erick écarta les bras.

- Alors ? C'est pas magnifique ?

Il descendit les marches quatre à quatre et monta sur scène. Il réussit à l'envahir juste de sa présence.

- Regarde-moi ça ! Qu'est-ce que tu en dis ? Viens ! C'est mieux de ce côté.

Romi le rejoignit tranquillement et se mit face aux sièges, comme lui.

- Ce n'est pas génial ? C'est mon endroit préféré. Il y avait des décos pour gamins, avant, j'ai tout enlevé. Tu t'imagines ici ? Les gens qui t'écoutent, qui rigolent, qui applaudissent...

Erick fit la révérence.

- Tu voulais être sur scène ? demanda Romi.

- Je n'y ai jamais pensé sérieusement, après tout, je ne suis ni humoriste, ni chanteur et le théâtre m'ennuie. Et c'est trop tard pour que je devienne acteur.

- Tu peux faire de la magie avec les esprits, Raphaël en a déjà vu un.

- Oui, c'est vrai ! Il y en a beaucoup qui le font. Reste ici, ne bouge pas, d'accord ?

Erick descendit de la scène. Il alla s'asseoir au milieu du quatrième rang tout en prenant appui sur les sièges de devant.

- Qu'est-ce que tu voulais me dire ? demanda-t-il.

- On devrait pas échanger ? C'est toi qui vas parler.

- Tu as raison, mais maintenant que je suis là...

Romi prit une inspiration tout en détournant le regard.

- Je me disais... je suis curieuse, je me demandais comment s'est passée ton enfance.

- Si ça t'intéresse. Mes années primaires ont été les pires de ma vie. Tu dois t'imaginer ce qui s'est passé, je voyais des choses invisibles, on se moquait de moi, on riait. J'étais bizarre et on n'hésitait pas à me dénoncer pour rien. Le pire, c'était à la maison.

Erick sembla hésiter avant de reprendre :

- Je n'en ai jamais vraiment parlé mais disons que je ne m'entendais pas du tout avec mes parents. Je les embêtais. J'étais... surexcité et on me le reprochait.

- Tu l'es toujours.

- C'est vrai ! Mais les adultes que je côtoie sont moins cons et on me le reproche moins. De toute façon, c'est ce que je suis, je ne peux pas faire autrement. Paradoxalement, ce sont les chasseurs d'esprits qui m'ont sauvé. Je les ai connus grâce à ma sœur, parce que oui, j'ai une grande sœur qui voit et un petit frère qui ne voit pas. Les écoles pour chasseurs ont un internat, j'étais trop content d'y aller et mes parents trop contents de se débarrasser de moi. Après on me prenait toujours pour quelqu'un de bizarre mais pas parce que je voyais les esprits.

- Tu parles beaucoup.

- Ça aussi, on me le dit souvent. Tu vois...

Il quitta sa place et descendit les quelques marches des gradins en tournant ses doigts autour de sa tête.

- J'ai plein de pensées qui viennent à la seconde et elles ne sont pas toujours joyeuses. C'est vers mes vingt-cinq ans que j'ai réalisé que ce que je prenais comme normal ne l'était pas forcément pour tout le monde, c'est d'ailleurs à ce moment que j'ai commencé à douter des chasseurs alors que je faisais partie d'eux. Ils me promettaient un brillant avenir, tu sais ! Bah tient, quand je te parlais de mes pensées... c'est comme un arbre, une phrase va créer plusieurs branches, qui vont en créer d'autres... Je peux en venir à des sujets complètement différents de l'idée de base. Je m'y retrouve toujours, hein ! Sauf quand je suis fatigué. Ça t'arrive ?

- De temps en temps, quand j'ai beaucoup de choses à faire dans la journée ou beaucoup de choses à penser.

Il y eut un silence. Erick monta de nouveau sur scène et glissa une mèche derrière l'oreille de Romi. Elle n'osa pas bouger.

- J'ai quarante ans, Romi. Tu sais ce que ça veut dire ?

La jeune femme fit un bref calcul.

- Que tu avais quinze ans que je suis née ?

- Ha, ha ! Bonne réponse mais ce n'est pas celle que j'attendais.

- Je n'ai aucune idée.

- Ça veut dire que pour certains, je suis vieux. A quarante ans, t'imagines ? On échange ? Va t'asseoir.

Romi s'installa au premier rang. Erick devint tout à coup sérieux.

- Pourquoi tu m'as rejoint ? Ne me dis pas que c'est parce que je te l'ai demandé.

- Je te crains, j'ai peur de ce que tu peux faire pour m'avoir. Mais je te l'ai dit, je suis aussi curieuse. Par contre, ne crois pas que je t'aiderais, surtout si ce que tu fais ne me plaît pas.

- Tant que tu es avec moi et que tu ne me trahis pas, peu m'importe. Enfin, je dis ça... Et toi, alors ? Comment s'est passée ton enfance ?

- Mal. Très mal à partir de mes douze ans, ma grand-mère est morte et elle était la seule à me croire.

- Moi c'était mon grand-père, il a cessé de voir vers la quarantaine, justement, mais il savait. D'ailleurs, on dit toujours que ce sont les filles qui ont le plus de chances d'être doté de la vision, je doute. C'était peut-être le cas il y a quelques générations mais comme tout le reste sur cette terre quand l'homme ne s'en mêle pas, tout s'équilibre. Et maintenant ? Ça va comment ?

- Mal depuis ce que tu as fait au restaurant. J'ai fui ici, je savais que j'allais être plus tranquille.

- Ça, pour l'être, tu vas l'être.

- Autre chose ?

- Non, pas pour l'instant. Tu veux voir les loges ? Ce n'est pas très impressionnant.

Ils passèrent derrière la scène et parcoururent plusieurs couloirs que Romi ne trouva effectivement pas très intéressant. Ils sortirent du bâtiment. Romi en profita :

- On m'a dit qu'il y avait des boutiques de souvenirs... ?

Erick fit un grand sourire.

- Si tu savais tout ce qui reste ! C'est impressionnant. Je t'y emmène.

Ils s'y rendirent donc. L'homme expliqua :

- Il y en a plusieurs dans tout le parc, je vais t'emmener à la plus proche. Il y en a une qui a les vitres brisées, si tu veux des peluches n'y va pas, elles sont presque toutes fichues.

- Je n'en veux pas.

Romi savait qu'il ne fallait jamais rien prendre en urbex, seulement, elle n'était pas en train d'en faire et savait qu'elle ne pourrait pas résister. Les deux compagnons passèrent à côté d'un carrousel, non loin de la grande roue, et débouchèrent sur une petite rue bordée de plusieurs restaurants et boutiques. Ils s'arrêtèrent devant la première où Erick regarda sa montre.

- Déjà ? Je vais devoir te laisser, j'ai quelque chose à faire et le temps de remonter... ça va prendre longtemps, on risque de ne pas se voir avant demain. Au fait ! Même si le parc est entouré de murs fait attention quand tu es proche de la route, à certains endroits les voitures peuvent te voir. A bientôt !

Erick s'en alla, les mains dans les poches. Romi se sentit soulagée et en même temps, elle sentit aussi un vide. Tout ceci ne dura pas longtemps, son excitation prit le dessus, elle se sentait comme une gamine. Elle ouvrit prudemment la porte de la boutique et entra. Il y avait de la poussière, quelques objets étaient tombés et certains emplacements étaient vides mais ça n'enlevait en rien à ce qu'elle ressentait.

Elle fit vite le tour, la boutique était petite, elle prit deux tasses et un porte-clefs avant de changer de magasin. Dans le suivant, elle prit quelques stylos, deux carnets pour enfants et des autocollants. Commençant à être encombrée, elle prit un sac de toile pour tout ranger. En passant devant la caisse, elle vit plusieurs flyers dont le plan du parc qu'elle prit également.

En sortant de la boutique, elle décida de faire un petit tour et commença à prendre quelques photos en se disant qu'elle avait encore tout le temps de le faire.

En revenant vers l'hôtel, elle croisa trois voitures qui, sortant du petit sentier, roulaient sur l'allée principale, celle par laquelle elle était arrivée la veille. Erick se trouvait sans doute dans l'une d'entre elles.

Romi s'occupa comme elle put toute la matinée et toute l'après-midi. A midi et au dîner, la cuisine soudainement envahit, la jeune femme fit quelques rencontres plutôt sympathiques, ceux qui lui parlèrent semblèrent comprendre qu'elle avait du mal avec les humains, après tout, ils étaient tous un peu comme elle. Ils réussirent à la mettre en confiance et discutèrent de tout et de rien.

Épuisée par la journée, elle décida de se coucher tôt.

Elle fut réveillée quelques heures plus tard par le bruit d'une voiture sur le gravier puis par des voix. Elle ouvrit le store et se pencha par la fenêtre. Dans la cour, elle vit Marc, l'homme qui l'avait emmené ici, ouvrir le coffre d'une voiture et Erick sortir par la porte du conducteur. Ils étaient accompagnés de deux femmes. Marc et l'une des femmes prirent des sacs de courses remplies et se dirigèrent vers le restaurant. Erick pianota sur son portable et leva les yeux vers l'hôtel pour faire un signe de main à quelqu'un que Romi ne pouvait voir. Automatiquement, il jeta un coup d'œil sur sa fenêtre et sourit. Il leva deux doigts et articula :

- Attends deux secondes.

Erick rangea son portable et mit sa main dans le dos de la femme qui l'accompagnait sans la toucher. Il la mena dans le hall de l'hôtel. Romi ferma sa fenêtre, mit une veste par-dessus son pyjama et ouvrit la porte de sa chambre. Elle entendit la porte de l'ascenseur et des voix. En ne voyant personne arrivée, elle traversa le couloir et jeta un coup d'œil dans l'autre.

La femme qu'accompagnait Erick était très belle. Elle avait un visage parfait et elle ne portait pas de maquillage, du moins il lui semblait que c'était le cas. Ses longs cils donnaient à ses yeux bleu ciel une certaine profondeur, ils étaient captivants. Ses longs cheveux blonds étaient attachés en une queue de cheval, une mèche ondulée tombait sur sa joue gauche, elle faisait dix centimètres de moins qu'Erick qui était plutôt grand et son corps, ni mince, ni imposant, possédait de belles formes. Si quelqu'un demandait à Romi sa définition de la femme parfaite, elle désignerait sûrement celle qu'elle avait actuellement sous les yeux.

Erick ouvrit l'une des chambres de l'étage pour la nouvelle venue, il lui expliqua tout le nécessaire, lui conseilla de se reposer, ferma la porte et s'approcha de Romi.

- Elle s'appelle Cathia, fit-il en raccompagnant la jeune femme jusqu'à sa chambre. Il faut que je te raconte !

Erick avait l'air fatigué et comme à son habitude, excité.

- Nous sommes allés libérer ceux qui avaient été enfermés suite à ce qui s'est passé au restaurant. Crois-moi ou non, mais lorsqu'on est entré dans le centre, Cathia essayait d'en sortir ! Quelle coïncidence. Après réflexion, c'est une trop belle coïncidence, non ? Elle m'a dit qu'elle avait été enfermée par ce qu'elle possédait plus de trois esprits et qu'elle s'est opposée aux chasseurs. Elle m'a avoué à demi-mot qu'elle avait séduit l'un des gardes pour sortir. Vu son physique, ça tient, mais elle n'avait qu'une carte sur elle, pas de code pour la porte d'entrée, aucune idée d'où se situaient les caméras et aucun plan pour sortir du bâtiment...

Il y eut quelques secondes de silence ou Erick, tout comme Romi, se demandait si cette Cathia était désespérée ou juste stupide.

- Enfin ! reprit-il. Le plus intéressant vient après. On a réussi à n'en libérer que deux, il y a eu des problèmes, on s'est vite fait repérer et on n'a pas tenté d'en faire plus. La sortie était... chaotique. Heureusement, on a tous réussi à rejoindre les voitures. C'est alors que s'en est suivi une course poursuite. Tu te rends compte ? C'était génial ! Nos trois voitures se sont séparées. Au bout d'un quart d'heure, alors qu'on nous avait perdus de vue, j'ai rejoint une autre voiture, Marc et moi avons changé de véhicule deux fois en tout avant que les chasseurs perdent notre piste et suivent une autre voiture en croyant que j'étais dedans. Aux dernières nouvelles, l'un des véhicule a rejoint une planque et l'autre est toujours poursuivi. J'espère que tout va bien se passer, sinon je suis prêt pour une nuit blanche.

Romi ne sut quoi répondre. Elle ne cautionnait pas cet acte mais le comprenait parfaitement. Si Raphaël avait été dans une position semblable, la jeune femme aurait tout fait pour le sortir de là, quitte à se mettre tout le monde à dos. Elle réalisa qu'Erick supportait beaucoup de choses pour ses épaules.

- Dis-moi, fit-elle pour changer de sujet, il y a une barrière autour de l'hôtel ?

- Il y en a un peu de partout mais elles sont faibles, il faut qu'on puisse faire appel à nos esprits si jamais il y a un problème. Pourquoi ?

- Je me disais juste que j'avais pas vu beaucoup d'esprits depuis que j'étais ici.

Erick hocha la tête. Il tourna les talons et refit demi-tour. Il ouvrait la bouche lorsque son portable sonna. Il soupira et haussa les épaules. Romi ne le quitta pas des yeux jusqu'à ce qu'il s'enferme dans sa chambre.


Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro