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La bague

Accoudé à la table, Raphaël observait sa copine en train de faire la cuisine. Après avoir épluché les pommes de terre pour le gratin, il ne savait plus comment aider la jeune femme. Tout en surveillant ce qu'il y avait sur le feu, elle mélangea les ingrédients du cake et demanda :

‑ Donc, ton patron veut arrêter ton contrat à la fin du mois d'avril ?

‑ Oui, c'est ce qui était plus ou moins prévu. Il m'a dit qu'il essayerait de pousser jusqu'à mi-mai seulement, à ce stade-là, ce serait me payer à rien foutre. J'étais censé assister l'assistante jusqu'à ce qu'elle prenne ses marques. C'est chose faite, elle se débrouille.

‑ Ils étaient quand même très contents de t'avoir le jour de leur voyage d'affaires.

‑ M'en parle pas ! Enfin, ce sont les chefs qui ont tout fait.

Le portable de Romi sonna, le prénom de Damien s'afficha sur l'écran.

‑ Tu réponds ? J'ai les mains prises, fit la fille.

Raphaël soupira et s'exécuta.

‑ Allô ?

‑ Tiens, Romi a avalé un bol de testostérone, ce matin ?

‑ Viens-en au fait, tu veux ?

‑ Vous nous avez demandé de l'aide pour le théâtre alors c'est le moment de rembourser votre dette. Nous avons été appelés sur une affaire. Ces derniers mois, plusieurs personnes se sont faites voler sur un chemin de campagne au milieu des champs, elles affirment toutes que ce n'était pas l'œuvre d'un humain. Étant dans une impasse, la mairie a décidé de faire appel à nous et on est allé sur place. On y a trouvé une multitude de petits esprits, ce sont eux les coupables. On a commencé à faire le ménage mais ils sont nombreux et rapides. Comme c'est plutôt long, j'ai directement pensé à votre renard qui pourrait nous être utile.

‑ Je peux refuser ?

‑ Non. Prenez un filet à papillons si vous en avez, ça aide.

Damien raccrocha et Raphaël répéta tout à Romi.

‑ On a un de filet dans le jardin.

La fille reçut un SMS de Damien avec les coordonnées, Raphaël se leva et alla chercher le fameux filet qu'il mit dans la voiture de sa copine. Ils finirent tranquillement ce qu'ils avaient à faire avant de partir de chez eux. Lorsqu'ils arrivèrent sur place, Damien les attendait.

‑ C'est pas trop tôt ! lança-t-il une fois qu'ils furent sortis du véhicule.

‑ C'est dimanche aujourd'hui et on travaille six jours sur sept, alors laisse-nous du temps, dit Raphaël.

Comme à son habitude, Damien l'ignora.

‑ Ma mère et mon frère sont partis en face, Raphaël tu viens avec moi, Romi tu vas partir du côté des champs.

‑ Pourquoi tu nous donnes des ordres ? Pourquoi tu nous sépares ?

‑ Je n'ai rien, tu as un filet, Romi à un renard. Ne crois pas que je suis content de faire équipe avec toi.

Raphaël fit la moue et Romi partie de son côté. Les deux jeunes hommes, suivis d'Aki et de Mei, l'esprit de Damien, s'enfoncèrent dans les hautes herbes.

‑ Ils se planquent, expliqua le chasseur. Ils nous connaissent. Ils n'ont pas besoin de nous voir pour savoir qu'on est là, ils sentent notre énergie, ça leur suffit.

‑ Je t'ai pas demandé tout à l'heure au téléphone, il s'est passé quoi au théâtre après notre départ ?

‑ On a retrouvé une dizaine d'esprits enfermés, on a vérifié qu'ils n'étaient pas dangereux et on les a libérés.

‑ Et les mecs ?

Damien haussa les épaules.

‑ D'autres s'en sont occupés, les humains ne sont pas du ressort de notre famille.

‑ Vous n'effectuez que des tâches ingrates, lança Aki, vous êtes tombé bien bas ces quelques vingt dernières années.

‑ Ne crois pas que ma famille n'est plus influente !

‑ Oh ! Elle l'est, mais moins qu'à l'époque de votre grand-mère, alors combien de temps est-ce que ça va encore durer ? Vous n'avez plus les moyens et plus personne pour redorer votre blason.

Damien claqua sa langue contre son palais, le tanuki continua :

‑ Tout repose sur les épaules de Valens. A ce rythme, vous allez finir comme Raphaël à travailler dans une entreprise.

‑ Qu'est-ce que tu as contre mon boulot ?

‑ Chut ! Vous avez entendu ? fit Damien.

Les deux jeunes hommes s'arrêtèrent de marcher et firent silence. Dans un bosquet sur leur droite, ils purent entendre des sortes de petits couinements. Damien fit un signe de tête, il s'approcha doucement des buissons et se pencha pour voir ce qu'il y avait derrière.

‑ Ouah ! cria-t-il lorsqu'une nuée de petits êtres translucides s'échappa des broussailles.

Les esprits foncèrent sur Raphaël. Celui-ci ne tenta rien, il ferma la bouche, les yeux et se protégea le visage de ses bras. Ils lui tournèrent autour quelques instants et le jeune homme sentit quelque chose glisser sur l'un de ses doigts. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il remarqua que les êtres translucides essayaient de voler la bague qui lui permettait de voir les esprits. Il ferma le poing mais c'était trop tard, il vit les esprits s'en aller avec sa bague et disparaître sous ses yeux.

Il se tourna vers Damien. Mei et Aki n'étaient plus qu'un contour, seulement deux ombres qui pouvaient à tout moment échapper à son regard.

‑ Ils m'ont volé ma bague !

Le tanuki s'approcha de lui. Sa voix lui parvint tel un écho :

‑ Tu m'entends encore ?

Raphaël hocha imperceptiblement la tête.

‑ Il faut la récupérer, j'y tiens énormément !

Le jeune homme commença à courir dans une direction. Damien le retint par le poignet.

‑ Ils ne sont plus là, ils sont trop rapides, ça ne sert à rien de leur courir après.

Raphaël pesta. A ça s'ajoutait qu'il était maintenant incapable de voir leurs cibles, seuls les esprits les plus forts étaient encore perceptibles. Il devait laisser Damien faire.

‑ Ils sont allés en direction de Romi, suivons-les tranquillement.

Ils se mirent en route. Ils marchèrent en silence, Damien les mains dans les poches, Raphaël à l'affût. Au bout de quelques minutes, le chasseur s'arrêta, le nez levé. Il posa son doigt sur sa bouche et murmura :

‑ Tiens-toi prêt.

Raphaël en conclut que les esprits devaient se trouver dans les arbres.

‑ Maintenant !

Aki déboula devant Raphaël, le jeune homme agita son filet dans le vent et se stoppa.

‑ Qu'est-ce que tu fiches ? Tu les as tous laissés passer.

‑ Rien.

Damien plissa les yeux. Ils continuèrent leur chemin. A côté de lui, Aki fit un mouvement étrange, il sembla retenir Raphaël par la manche. Il put entendre :

‑ Devant toi.

C'était trop tard. Le chasseur s'arrêta et eut un rictus.

‑ Tu ne vois pas les esprits.

‑ Je vois Aki et Mei.

‑ Je viens d'invoquer l'un des miens, tu l'as traversé.

Raphaël pinça les lèvres. Il ne voyait pas ce qu'il pouvait dire pour se défendre, il n'y avait rien à dire. Damien s'approcha de lui.

‑ Ma mère avait des doutes. Romi est puissante, elle m'a dit que toi tu ne l'étais pas assez pour les voir. Voilà pourquoi Romi ne s'entoure pas d'esprits faibles, Aki, le renard, le parchemin... Ce ne sont pas n'importe qui.

Le jeune homme ne savait pas quelle réaction voulait provoquer Damien chez lui, peut-être la colère ou le déni. Raphaël soupira et le fixa.

‑ Ouais, ta mère a raison, je ne peux pas les voir. Dans la vie, c'est encore Romi qui a plus souffert que moi. Je devrais m'estimer heureux, non ? Ça évite certains problèmes.

Damien ne répondit pas. Ils se fixèrent jusqu'à ce que Aki dise :

‑ Il y a Romi derrière vous.

Raphaël se tourna, sa copine se trouvait loin sur une colline et leur faisait de grands gestes de bras pour les saluer, le jeune homme l'imita.

‑ Rejoignons-la, fit Damien. On ne peut pas faire grand-chose avec quelqu'un qui ne voit pas les esprits.

Damien passa devant. Une fois à hauteur de Romi, le chasseur demanda :

‑ Ça se passe comment ?

‑ Yui en a attrapé quelques-uns mais c'est pas simple de les avoir. Par contre, il réussit à sentir leur trace, elle va dans les bois.

Raphaël s'approcha de la fille et lui montra sa main.

‑ Ils ont volé ma bague.

‑ Quoi ?!

‑ Je vois vite fait Aki, Yui et Mei mais pas les autres.

Romi regarda l'esprit qui se tenait à côté de Damien et qui flottait à un centimètre du sol. Il était assez grand, entièrement noir, il était muni de deux yeux blancs et ronds et deux petits bras partaient de chaque côté de son corps. Sa queue, semblable à celle d'un fantôme, était une flamme en mouvement. Damien observa l'endroit désigné par Yuilhan.

‑ Ils doivent avoir leur nid par là-bas. Allons-y.

Ils descendirent la colline dans un quasi-silence. Après avoir traversé une petite plaine d'herbes hautes, ils arrivèrent dans un lieu où les arbres étaient clairsemés. Ils n'avaient pas fait un pas que tout à coup, Romi et Damien crièrent et se protégèrent le visage de leurs bras. Yui sautait de partout pour essayer d'attraper les esprits qui étaient en train de les attaquer. Raphaël les observa. Lui qui ne pouvait rien voir, il trouvait ce spectacle étrange, et s'il n'avait pas vécu la même chose quelques minutes plus tôt, il n'aurait pas su ce à quoi ces deux compagnons faisaient face.

Il comprenait maintenant comment les personnes extérieures à eux les voyaient, il comprenait pourquoi Romi avait toujours été évitée.

‑ Tu vois les nids à la cime des arbres ? lui demanda Aki.

Raphaël se secoua et regarda le feuillage naissant.

‑ Je les vois.

‑ Ta bague est quelque part là-dedans.

‑ J'irai bien mais...

‑ Raphaël, attrape !

Le jeune homme se tourna vers Damien et intercepta le sac qu'il lui avait lancé pile au moment où il allait se le prendre au visage. Il l'abaissa pour protester mais les mots moururent dans sa bouche lorsqu'il remarqua Romi accroupis, les mains sur sa tête.

‑ T'es le seul qui puisse le faire sans problème, cria le chasseur. Prends le pentacle que j'ai dessiné, mets le au sol et place les pots au milieu !

Raphaël s'exécuta. Il ouvrit le sac, déplia le pentacle qui faisait bien deux mètres sur deux et mit des pots en verre au milieu. Il y en avait six. Une fois fait, Damien se déplaça jusqu'au pentacle et, jambes écartées, yeux fermés et, bras balayant l'air autour de lui pour avoir la paix, se concentra. Il entama une litanie en latin, autour d'eux, le vent se leva. Ça ne dura que quelques secondes. Le chasseur ouvrit les yeux et se rua sur les pots pour tous les fermer. Romi se releva en soupirant d'aise.

‑ Tu les as enfermés ? demanda Raphaël à Damien.

‑ Scellé est le mot exact.

‑ Il n'y avait pas d'autres solutions ?

‑ Ce sont des voleurs. Nous aurions pu les faire partir mais que ce soit ici ou ailleurs, ils auraient continué.

‑ Raphaël, ta bague, fit Aki.

Le jeune homme se tourna vers le tanuki.

‑ Idiot, va la chercher !

Damien cria :

‑ Fynn, va prendre la bague !

Les deux esprits entamèrent une course. Ce fut l'esprit de Damien le plus rapide. Il redescendit de l'arbre et donna la bague à son maître qui la saisit en souriant. Il sortit son portable et appela sa mère.

‑ On en a fini ici, je ne sais pas s'ils sont tous scellés, je pense qu'on peut s'arrêter là pour aujourd'hui et revenir demain... A la voiture ? OK, on arrive.

Raphaël, les mains dans les poches, suivit Damien l'air bougon. Romi s'accrocha à son bras et lui offrit un sourire réconfortant ce qui apaisa quelque peu le jeune homme.

Une fois parvenus sur le chemin où ils avaient laissé leurs véhicules, les trois compagnons attendirent le retour de Valens et sa mère. Ils montrèrent le bout de leur nez une dizaine de minutes plus tard. Damien s'approcha de la femme, lui donna la bague et expliqua :

‑ Elle appartient à Raphaël. Tu avais raison, il ne peut pas voir les esprits sans ça.

Sa mère observa le bijou et eut un sourire nostalgique.

‑ C'est donc ça... Je ne l'avais pas revu d'aussi près depuis bien longtemps. Les esprits te l'ont offert, Romi ? Je pensais qu'ils allaient la garder à la mort de ton grand-père.

‑ Vous les connaissiez ? demanda la fille.

‑ Bien sûr, comment ne pas connaître Madeleine ? Nous ne nous entendions pas très bien, ceci dit. J'étais jeune, elle connaissait davantage ma mère. Raphaël !

Le jeune homme la regarda.

‑ Prends en soin, elle est précieuse. Tu as de la chance, le code des chasseurs ne t'interdit pas de la porter, mais fait attention à ce qu'elle ne tombe pas entre de mauvaises mains. On rentre.

La femme rendit la bague au jeune homme et regagna sa voiture.

Les deux jeunes gens attendirent que les chasseurs soient partis pour monter dans leur propre véhicule. Raphaël remit la bague à son doigt et put de nouveau voir Aki et Yuilhan. Alors que Romi démarrait, le jeune homme demanda :

‑ Pourquoi je pouvais vous voir et vous entendre sans la bague ? Enfin, vos silhouettes, du moins.

‑ Parce qu'à force de la porter, répondit Aki, ton énergie s'est accrue. C'est un phénomène naturel quand tu passes du temps dans ce monde.

‑ Alors un jour, je pourrais tous vous voir sans avoir besoin de cette bague ?

‑ C'est improbable, mais tu peux toujours rêver.

Raphaël s'accouda à la portière et regarda le paysage défiler à travers la vitre. Cela faisait longtemps qu'il l'avait réalisé sans l'admettre, il ne faisait pas partie de ce monde, il était loin de Romi et Damien. Très loin. Il s'en était aperçu ce soir, contrairement à eux, il n'était pas né dans ce monde invisible, et contrairement à eux, il pouvait le quitter à tout moment. Il ne faisait que jouer là où les autres essayaient de s'en sortir.

S'en était plutôt effrayant.

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